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 [L'Herbe Folle] La jeune fille et la Mort. {Jhaelomon}

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Salomon Grass
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[L'Herbe Folle] La jeune fille et la Mort. {Jhaelomon} C282d010

"Amants du beau,
nous sommes tous des bannis
et quelle joie quand on rencontre
un compatriote sur cette terre d'exil."

Gustave Flaubert

Les gens pressés sont le mal de ce siècle. Ordinateur, téléphone, fibres et satellites, tout doit se hâter, tout doit aller vite. L'information fane à peine arrivé sur les écrans de télévision, obsolète, dépassée. Le monde vit sans attendre. Et pourtant, le cerveau se nourrit de la flânerie, il s’épanouit dans l'oisiveté. Prendre le temps, consciemment de savourer chaque chose, et l'instant qui passe, sans le gober goulûment, en ouvrant la bouche pour bâfrer du suivant.
Les humains passent  le plus souvent à coté du grandiose, impatient d'en finir.

Moi j'ai tout mon temps.
Je laisse fleurir la beauté à sa guise. A l'abri de cette échoppe de pierres brutes et de bois mansardés, j'écoute la vie qui croît sous la pulpe de mes doigts. Certes, les papillons grouillent en plein jour, défiant les lois naturelles de cet univers. Psychopompes ténébreux, ils se repaissent des chairs défuntes tels des charognards. Une de leurs victimes repose actuellement dans mon laboratoire, disséquée, étudiée, analysée sous toutes ses fibres. Dysderie à son chevet, consigne et note. Mon instinct devine que se cache là des enjeux qui échappent aux règles établies par la raison et la science. Mon esprit n'en est que plus tendu vers l'appel inconnu des sirènes du savoir.

Pour autant, j'ai tout mon temps.

En cette heure matinale et propice aux épiphanies, je nourris mes enfants de lumière et d'engrais. Je pétrie l'humus, chemise fleurie en soie légère retroussée aux coudes, pantalon de lin vert-d'eau et pieds humblement nus. Le printemps est à nos portes et qu'importe que l'indicible se dissimule dans la brume. Je suis à l'écoute de ma propre cadence et nul ne saura la perturber...
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Jhælynra Korobæl
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Pas de caméra.
Pas de communication.
Pas d'écran.
Pas d'appel.
Même pas de parole à donner.

Aujourd'hui, c'était son jour à elle. Celui pour lequel elle voulait qu'on la laisse se recueillir correctement sur la tombe de sa mère, toute la journée s'il le fallait. Ses gardes du corps étaient en poste et cela la fatiguait déjà. Elle voulait être totalement seule, mais ce n'était pas l'existence que l'on avait choisit pour elle. Alors elle ne prit que quelques affaires, le minimum, pour sortir. Une robe patineuse bleu nuit, en gros coton, avec un col Claudine blanc, rehaussé de deux perles blanches, rondes et nacrées. Des collants noirs et ses bottines basses de la même couleur, mais tout aussi chics que la robe. Ses longs cheveux bouclés furent coiffés en tresse serrée, de manière à qu'aucun brin ne dépasse. Comme à son habitude, elle devait être impeccable, disposée à être vue du grand public. Elle savait que certains la haïssaient et que d'autre l'adoraient mais elle n'y pouvait rien.

Jhælynra trouva alors le soleil, avec quelques nuages, paver les rues de Tir Nà Nog. Un léger vent bien que froid, vint la faire complètement fermer son manteau de la même longueur que sa robe « Bonjour messieurs. » Un bonjour respectueux et une courbette s'en suivit, pour répondre à l'honneur que leur faisait l'Agneau, de s'adresser à eux. Le sourire aux lèvres elle dit « La Solénacée a fermé cet été. C'est pour quoi je vous emmène chez un nouveau fleuriste, très bien noté sur Internet, dont la boutique est un écrin de paradis ! En route. » Elle joignit ses mains quand elle dit ça, heureuse de pouvoir découvrir autre chose. Et vu les petites photos, ça avait l'air tellement appréciable. Alors elle guida les gentlemen à travers la ville, tournant dans des petites rues avant d'arriver dans un pseudo cul-de-sac, où la devanture était aussi mignonne que dans ses souvenirs « C'est ici. Attendez-moi devant. »

La belle poussa la porte de la boutique doucement, et la referma de la même manière. Elle prononça un « Bonjour. » qui se perdit, faute de tenancier ou tenancière, en vue. Alors elle se mit à observer les fleurs en exposition, les sentir, les comparer, voir les différents bouquets... Et se sentir à son aise. Elle posa son manteau sur une chaise d'attente, et évolua dans ce carré de pensées, tulipes, géranium et autres glaïeuls. Elle sentit les différentes fragrances, piquant le nez mais complètement différentes de ce qu'elle peut sentir au quotidien. Elle aimerait se prendre des plantes pour chez elle, ce serait bien... Mais il faudrait que ce soit approuvé par le haut-conseil.  
Jhæ' tourna, vira, dans ces minces allées, cueillant de son nez quelques pistils poudreux, avant de venir se faire couronné par des tombantes. Au plafond, une rangée de pots, avec fleurs de toutes les couleurs, venaient jeter le lest de leurs graines fleuries, en corolle autour de sa tête. Elle ne toucha jamais rien de ses doigts, de peur de faire faner ces beautés, préférant danser au milieu de toutes ces plantes qui n'avaient d'yeux que pour elle...
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Salomon Grass
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La clochette de la boutique tintinnabule, annonçant une présence étrangère qui s'invite dans l'écrin de verdure de ma boutique. « Bonjour. » Je passe un revers machinal de la main sur ma joue, la maculant de terre par inadvertance. J'abandonne mes filles à regret. Je me dirige sans hâte vers la source fluette de voix.

Il est étrange comme certaines images se plaisent à s'accrocher à vos rétines pour l'éternité. "Le Beau est la splendeur du Vrai" assurait Platon. Je ne pourrais lui donner plus raison que ce jour, lors de cette rencontre.

Là, entre le ciselé mauve des oeillets et les larmes crémeuses des agapanthus, s'épanouit une toute jeune fille. Elle s'adonne à un ballet étrange, gracieux entrechats entre mes allées de dalhias, de cymbindiums et de calas, offrant à chacune de mes compositions, un chaste baiser, une caresse volubile. Sa chevelure rousse qui languit le long de son dos a quelque chose d'hypnotique. Son visage exprime une joie simple, enfantine, et profondément désarmante. Une bulle d'oxygène dont je n'ose déchirer la fine membrane d'une vulgaire respiration. Moi et mes doigts sales, mes ongles souillés de terre, tâché jusqu’à mes pieds sans souliers. Regard de crapaud, laid et inquisiteur.
Alors je retiens mon souffle.
Muet.
Figé.


Qui es-tu innocente et féerique créature ?

Et l'instant suspendu se brise comme une boule de verre lorsqu'elle découvre ma présence.

- Bonjour, Damoiselle. Puis-je vous être d'une aide quelconque ?
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Jhælynra Korobæl
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La paix et le calme, elle n'aspirait à rien d'autre.
Jhaelynra restait sereine dans ce paradis venu d'un autre monde. Elle adorait le contact des fleurs, la façon dont certaines poussaient et elle les regarda toutes une par une. La jeune fille se perdit là pendant plusieurs minutes, ne sentant aucune présence venir jusqu'à elle. Ne pensant même pas que, de l'autre côté de cette pièce, un jardinier se tenait là, ébahit par cette douce danse.
Alors quand la voix de se dernier retentit, elle étouffa un cri de surprise, se tournant vers la source des paroles. Un peu haletante sous la crainte de l'instant, elle balbutia timidement :

« Je... Je... » Une main passa sur son buste alors qu'elle s'éclaircissait la gorge « Bonjour, pardonnez-moi je ne vous avais pas entendu. »

Le sourire reprit sur ses traits. Jhae' regarda l'homme qui se tenait en face d'elle. Elle s’écarta des rayons fleuris pour s'approcher de lui. Il était habillé des plus simplement et nu-pieds. Ces derniers étaient sales de terre et d'humus, comme ses mains, encore noires de terreau. Pourtant, contrairement à la boutique de fleurs où elle avait l'habitude d'aller avant cela, il n'était pas âgé. Voir des hommes d'un certain âge remuer le sol ne lui paraissait pas plus audacieux que cela mais rencontrer un jeune homme, au charme rare, l'accueillir dans cette tenue aussi... simple. Cela fit faire un bond au cœur de la petite, qui ne cessa de le regarder, quelque part émerveillée, d'autre part admirative. Il fallut qu'elle se remémore alors sa voix pour se rappeler qu'il lui avait posé une question.

« Oh euh... C'est la première fois que je viens ici et je dois dire que cet écrin de paradis est magnifique. Vous avez de très belles créations ! » Un sourire à pleine dents « Aujourd'hui est l'anniversaire du décès de ma mère. Un jour triste mais que je tente de célébrer avec entrain pour lui rappeler que je ne gâche pas la vie qu'elle m'a offerte. La boutique où je me rendais d'habitude a fermé et elle n'avait qu'un type de bouquet pour les tombes. Serait-il possible d'en composer un autre monsieur le Jardinier... ? » Elle mit une mèche volante derrière son oreille, les joues un peu roses, ses tâches de rousseur pleine de gaieté « Le chrysanthème ne va pas à ma mère... »

Changer. Changer pour profiter de fleurs et d'autres pétales qui permettraient alors à sa mémoire de perdurer. Elle voulait vivre sans s'alourdir de fardeau et le décès de sa mère ne devait pas en être un. Bien que cette dernière ne fut prompt à un bon rétablissement, elle ne pouvait la négliger.
Cependant, en disant ça, la rouquine regarda un peu ailleurs, avant de revenir sur l'homme blond en face d'elle. Elle regarda ses mains avec la farouche envie d'y toucher, comme si elle souhaitait s'imprégner de la texture de la terre fraîche sur sa peau. Mais elle n'en fit rien, préférant ses bonnes manières à son instinct joyeux, positif et... un peu bizarre.

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Salomon Grass
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- Je... Je... Bonjour, pardonnez-moi je ne vous avais pas entendu.
- Ne vous excusez en rien, c'est moi, qui me conduis en malotru en vous prenant au dépourvu. Je ne souhaitais pas vous effrayer.


Continue de danser comme un poème, petit rameau d'érable. Tu égaies mes rétines de ta beauté immuable. Il y a chez toi, enfant, quelque chose qui tient de la fleur, de cette créature pure et innocente qui ne fait toute sa vie que quêter l'attention solaire. Bénie soit la mutation du gène récepteur de la mélanocortine qui donne à tes cuivre des accents de feu.
Mon myocarde opère une étrange arythmie. Il faudra que je prenne mon pouls tout à l'heure.

- Oh euh... C'est la première fois que je viens ici et je dois dire que cet écrin de paradis est magnifique. Vous avez de très belles créations !
- Merci pour vos compliments, ils atteignent mon cœur avec la précision des meilleurs archers.
Je m'essuie les mains sur mon tablier. Je suis également herboriste : vous pouvez jouir du comptoir tisanier, de baumes médicinaux et d'huiles essentielles que je fabrique moi-même. Puis-je vous offrir un thé de ma composition, afin de me faire pardonner de vous accueillir dans une pareille tenue.
- Aujourd'hui est l'anniversaire du décès de ma mère. Un jour triste mais que je tente de célébrer avec entrain pour lui rappeler que je ne gâche pas la vie qu'elle m'a offerte.
- Voilà qui est d'une grande sagesse pour votre jeune âge. Bossuet avait coutume de dire : "La vie humaine est semblable à un chemin dont l'issue est fatale. On nous en avertit dès le premier pas, mais la loi de la nature nous dicte d'avancer toujours."
- La boutique où je me rendais d'habitude a fermé et elle n'avait qu'un type de bouquet pour les tombes. Serait-il possible d'en composer un autre monsieur le Jardinier... ? Le chrysanthème ne va pas à ma mère...


Un sourire  bourgeonne sur ma face blême et tâchée. J'éprouve une forme d'excitation nerveuse troublante et inédite.

- Le Chrysanthème vous sied davantage... Je réalise le saugrenue de mon intervention et balbutie soudain. Je.. O.. On galvaude le plus souvent la portée symbolique du chrysanthème. Avant de signifier la Mort, il exprime surtout l'Amour, sous toutes ses formes. Diantre, je me donne l'impression de marivauder ! J.. J'entends par là que ses couleurs vives sont autant de nuances pour ce sentiment puissant. Je toussote, tentant de reprendre l'assise de mon éloquence et de mon aplomb. L'association avec les pierres tombales est une pratique récente qui date de la seconde guerre mondiale...

Mes joues cuisent. Peut-être suis-je en proie à une sorte de fièvre maligne. Allons-bon.. Le démon des Maladies, attrapant un rhume. On va se gausser de moi !

- Les fleurs ont toujours eu un langage bien à elle, le plus souvent poétique. Elle symbolise des élans de  l'esprit et des émotions concrètes qui ont valeur de titres dans leurs bals mondains. Si votre offrande doit incarner un hommage personnalisé à votre mère, alors composons une création à son image en faisant fi des codes et des étiquettes. Au diable les convenances ! Parlez-moi d'elle, brossez-moi son tableau, et je vous servirais de fervent traducteur.

Voilà qui me ressemble bien plus. Avec un petit soupir de soulagement discret, je tends la main vers la charmante danseuse à la chevelure chrysanthème.

- Venez avec moi...
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Jhælynra Korobæl
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A cet instant, il n'y avait rien d'autre de plus précieux que ces allées de fleurs chantantes. La petite rousse s'émerveillait de ces beautés, autant que l'on avait l'impression qu'elle s'éveillait au monde. Elle se sentait un peu comme une Vénus sortie des Eaux, à la différence qu'elle avait tout à envier à la déesse Grecque qui hantait les rêves des hommes les plus fous. Et qu'ici, les remous étaient remplacés par de délicieuses fragrances florales.
Jhaelynra se frotta un œil du bout de ses doigts, avant d'être captée par l'homme et tenancier de ces lieux. Elle le regarda, le scruta, curieuse mais sans méchanceté ou médisance. C'était comme un petit écureuil qui sortait de son nid, découvrant les curiosités de ce monde, à commencer par ses pairs. Il semblait d'ailleurs timide, peut être un peu gauche, mais très à l'aise dans son environnement. Mais outre ses pieds nus et son balbutiement touchant, une chose la percuta plus que les autres : il ne se jeta pas à ses pieds. Ou au contraire, l'invectiva de mille mots abjects. Comme si... Il ne savait pas qui elle était et qu'il la traitait comme il traiterait une cliente normale.

Et tout cela lui plut.

Le doux Agneau comprit qu'elle n'avait pas à jouer un rôle exagéré, même si son éducation et sa formation étaient devenus sa propre personnalité. Personne n'avait connu la vraie Jhaelynra, même pas elle. Alors elle se laissa un peu plus aller, bien que ce fut quand même plein de retenue, de bienveillance et de sourires.
Sourire qu'elle offrit au grand monsieur aux cheveux d'or, écoutant son discours avec attention. Quelques fois elle haussa les sourcils, intriguée, alors que d'autres elle mit sa main devant ses lèvres pour étouffer un petit gloussement. Mais ses yeux, rieurs, la trahissaient. La petite appréciait l'élégance du Jardinier. Ce n'était pas la terre ou les pieds nus qu'elle retint non, c'était sa façon de s'exprimer, de bouger, de la regarder. Il avait comme gardé des manières et un vocabulaire d'avant guerre ce qui, finalement, résonnait dans le cœur de la jeune fille.

« ...surtout l'Amour, sous toutes ses formes. », « L'Amour ? » En voilà une originalité ! Fleur macabre que l'on associait volontiers au trépas des humains... Était en fait un symbole beaucoup plus romantique qu'il n'y paraissait. Alors qu'il continuait d'expliquer, elle adopta une expression mêlant surprise, curiosité et intérêt, qui rehaussa ses pommettes rosies et ouvrit grand ses yeux en amande, couleur prairie. D'aucun serait certainement tombé en pâmoison devant un tel visage mais ici, il n'était aucunement question de s’assujettir l'un à l'autre.

« L'association avec les pierres tombales est une pratique récente qui date de la seconde guerre mondiale... », « Le chrysanthème pousse-t-il facilement et rapidement ? Peut-être que nous avons cru bon de nous en servir lorsque tout ces braves Hommes sont tombés, faute de fleurs aussi... vivaces sur l'instant ? Ou tout du moins aussi prolifiques ? » Autant de tombes à creuser, autant de morts à célébrer, il fallait des quantités astronomiques de fleurs, de terre, de mains d'oeuvre et de pierres taillées... A cette pensée, le visage de la rouquine se terni un peu, mais ce ne fut que de courte durée. En effet, elle glissa naïvement sa main dans celle de l'homme, sentant sous sa peau lisse les grains de la terre et du terreau, la chaleur de doigts qui venaient de toucher la vie. Elle le suivie sans se poser de questions, sans prendre garde à ce qu'il aurait pu lui arriver. Elle n'était pas méfiante, elle ne l'avait jamais été. Elle n'avait pas peur non plus, pourquoi faire ? Pourquoi voudrait-on lui faire du mal ? Les hommes qui attendaient devant la porte n'étaient rien d'autres que des dispositions au cas où mais elle doutait qu'ils n'aient à lever le petit doigt en cet instant.

« Ma mère était quelqu'un qui adorait communiquer, transmettre. Elle était malade vers la fin, mais elle m'a toujours protégé et aimé. Dans sa jeunesse, c'était quelqu'un d'autoritaire avec un talent de leadership, qui s'est adoucis drastiquement quand elle m'a eut. Je peux dire sans mal qu'elle m'a dédié sa vie et je regrette de ne pas l'avoir connu plus qu'une quinzaine d'années... » C'était toujours un peu difficile pour Jhae de parler de sa mère. Elle ne pleura pas, mais sa voix finie par se faire muette, son esprit perdu dans quelques souvenirs.

Le tenancier l'emmena dans un espace où il confectionnait les bouquets et taillait les fleurs. Il y avait un peu de bazar, mais l'endroit était particulièrement chaleureux. Cependant, dans un premier temps, Jhaelynra ne fut pas réceptive à l'ambiance ici présente. En effet, elle se laissa tomber sur une chaise, appuyant son coude sur son genoux, la mine un peu boudeuse, pensive, sa frange lui tombant sur le front « Je... Je crois que j'aurai aimé ne pas connaître de mère, plutôt que d'avoir eu à subir sa perte. Ce n'est peut-être pas digne d'une fille de dire quelque chose d'aussi cruel, mais je regrette tellement son absence. Vous avez de la famille monsieur le Jardinier ? » Demanda-t-elle, ingénue, ses petites joues pleines de tendresse.

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Salomon Grass
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Que cette demoiselle est vive d'esprit ! Sa curiosité mène à des hypothèses rafraîchissante, déductions rares chez les représentants de son âge - et particulièrement de cette génération, soyons honnête. A sa question sur les caractéristiques du chrysanthème, je m'empresse de répondre en scientifique chevronné :

- C'est une remarque tout à fait pertinente. Le Chrysanthemum appartient à la famille des Asteracées, communément appelées marguerites, ce sont des plantes vivaces voir annuelle. Leur floraison tardive mais longue, de juin à novembre, fait que les fleurs tiennent presque toute l'année et ce même en hiver. On a coutume de l'appeler "la fleur de l'automne" au Japon, bien que celle-ci ait vu le jour en Corée. Par ailleurs, le chrysanthème est doté de remarquables capacités d'adaptations : quelque soit le sol, en pot comme dans un jardin, il s'épanouit malgré tout. En cela, sans doute, il symbolise une forme d'éternité.

Je m'aperçois alors que je souris radieusement, bien malgré moi. Et cette exaltation s’accroît brusquement alors qu'elle glisse sa main menue dans la mienne. Sa peau est douce et sans le moindre défaut.


Pourquoi suis-je assailli par l'envie brusque de valser avec elle ?
Billevesées saugrenues !

Je réprime cette effarante pulsion pour me concentrer sur le portrait de sa génitrice, une femme qui fut visiblement d'importance tant dans son existence que dans celle des autres. Alors que je l'invite à prendre place dans un fauteuil en osier surplombé de de terrariums suspendus et de composition de succulente sous cloches, la demoiselle adopte une posture enfantine.

-  Je... Je crois que j'aurai aimé ne pas connaître de mère, plutôt que d'avoir eu à subir sa perte. Ce n'est peut-être pas digne d'une fille de dire quelque chose d'aussi cruel, mais je regrette tellement son absence.

Je suis foudroyé par ses mots, alors que je me lave les mains et que je prépare l'eau à bouillir.

- Vous avez de la famille monsieur le Jardinier ?
- J'ai eu un frère que j'ai follement aimé
, dis-je soudain dans un souffle. Je l'ai tué. Je l'ai perdu, il y a quelques temps déjà.

Un silence. Qu'ai-je donc aujourd'hui ? Félicité et chagrin soudain, toutes ces émotions qui m'assaillent me troublent. J'ai définitivement contracté quelques vilains virus. Inconsciemment, me voilà près d'elle, genou à terre. Je repousse délicatement une mèche de ses cheveux roux derrière son oreille.

- Les gens vous transforment, aussi fugace soit le temps qu'ils passent à vos côtés. Vous ne seriez pas la même sans avoir connu votre mère. Et, pour rien au monde, je ne regrette d'avoir été le cadet de cet homme formidable. Bien que l’absence soit une blessure qui ne se referme jamais totalement, le temps la rend moins douloureuse. J'effleure sa joue avant de me redresser. La vie m'a par ailleurs offert, à défaut de parents que je puisse connaitre, deux autres aînés : un frère et une soeur. Je ne suis heureusement pas seul en ce haut-monde.

Si j'aime profondément Asmodée, j'éprouve des réserves quand à "Jack". Cependant, je ne peux m'empêcher de voir entre elle et moi une sorte de parenté.

- Que diriez vous d'iris ? C'est une fleur incroyable, d'une profonde majesté. Elle évoque l'éloquence, l’intelligence et un profond respect. Certes ce n'est pas la saison, mais il s'avère que j'arrive à  faire pousser toutes sortes de variétés et ce toute l'année.
Un sourire fleurit à nouveau sur mes lèvres. Appelez-moi Salomon, si vous voulez bien...
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Jhælynra Korobæl
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La description du Chrysanthème eu pour effet de faire relever le nez à la petite douceur, qui se fit tout à coup attentive. Elle entendit une définition des plus complètes et dont elle comprit chaque mot. C'était un fleuriste bien maître dans son art, avec autant de connaissances aussi pointues...

Alors il lui parle brièvement de son frère, et la fleur se fane légèrement en murmurant une parole sincère et profondément désolée. Oui, désolé, elle l'était. Surtout quand nous aimions l'être cher que nous avons perdu. Cependant elle ne pipa mot, préférant laisser ce silence solennel prendre place. Les souvenirs de sa mère lui revinrent alors, jaillissant comme un torrent qu'elle ne pouvait stopper. Tout ce qu'elle souhaitait, c'était de ne pas pleurer, surtout pas...

L'homme se mit à genoux et ce fut sa main blanche et fraîche qui vint effleurer le visage de l'Agneau. Elle sursauta. Jhælynra n'avait pas l'habitude qu'on l'approche en dehors des heures d'office, mais elle ne craignait pas le contact. Ici, elle ne s'y attendait juste pas et pourtant, ce n'était pas désagréable. Il avait cette peau de velours qui venait caliner sa joue tendrement. Elle soupira, lasse tout à coup, frottant presque imperceptiblement son visage de poupée contre cette paume chaude Moins... douloureuse ? Surement... J'ai toujours l’âpreté de son absence... mais je vous crois. La rouquine redressa la tête, avant de dire Je suis seule pour ma part. A part le Seigneur, personne ne peuple ma vie quotidienne. Je suis heureuse de savoir que vous ne restez donc pas seul, sage Jardinier. Ma mère me disait que la richesse était dans les liens que nous entretenons avec nos semblables... Mais de part ma position, je ne peux en entretenir aucun, mis à part avec le Seigneur. Alors je pense que, parfois, cette situation renforce le manque...
Et comment lui en vouloir ! Agneau divin qui ne devait surtout pas s'attacher, surtout pas rester seul au risque de se faire agresser. Elle passait le plus clair de son temps à lire, assister aux offices, faire les prières aux heures canoniales et aider les plus démunis à croire en elle, encore et encore.

Le nom de la fleur la fit revenir sur Terre et elle acquiesça L'iris sera parfait. Vous n'avez pas usurpé votre identité, Salomon. Un sourire revint sur ses lèvres Je me nomme Jhælynra et je suis enchantée de faire votre connaissance. Elle avait reprit un plus de contenance, ce qui lui permis de lui offrir un sourire sincère, tout en posant sa main sur la sienne, comme un geste de réconfort.
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Salomon Grass
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Sa joue se coule dans ma paume avec le velouté d'une pêche. On y croquerait avec gourmandise. Elle est si douce, elle sent si bon. Les humains puent, c’est un fait. Il ne sont que le produit d'une chair qui suppure sa constante mécanique, ils sont la somme de fluides disgracieux et sudorifères. Mon délicieux chrysanthème n'est que beauté et parfums.
Je déglutis, me sachant assailli par de bien iconoclastes pensées.

Méfiance.
Une telle perfection ne peut-être que piégeuse.
Sans doute est-ce pour cela que mes constantes s'affolent.

- Je suis seule pour ma part. A part le Seigneur, personne ne peuple ma vie quotidienne.
-.... Le Seigneur....
Fais-je avec un timbre creux.
- Je suis heureuse de savoir que vous ne restez donc pas seul, sage Jardinier. Ma mère me disait que la richesse était dans les liens que nous entretenons avec nos semblables... Mais de part ma position, je ne peux en entretenir aucun, mis à part avec le Seigneur.
- Le Seigneur...
que je répète avec un froncement de sourcils.

Lequel ?
Oh ! Sans doute le fameux juif galiléen qui aimait offrir ses joues et saigner en public. A la réflexion, il aimait aussi se faire laver les pieds en public. J'imagine qu'il faut un certain gout pour l'exhibitionnisme pour se proclamer prophète. Et un art raffiné de l'entrée en scène. D'ailleurs le fameux public bat le rappel depuis deux bibles et quelques siècles sans obtenir son retour. Une sacrée bête de scène ce Jésus.

- L'iris sera parfait. Vous n'avez pas usurpé votre identité, Salomon. Je me nomme Jhælynra et je suis enchantée de faire votre connaissance.
- Jhælynra ... Jhælynra... Jhæeeeelynra...
Je fais danser les syllabes sur ma langue. Je laisse s'échapper un gloussement attendri. Quel prénom adorable. On dirait celui d'une fée... Il vous va comme un gant !

Satané coeur qui bat trop vite, je n'entends que ta ruée !
Tais-toi, mais tais-toi donc !

- Cependant, je trouve cela affreux , voir néfaste, de vous reclure ainsi. La spiritualité est, certes, une noble chose, mais les humains ont besoin de se lier entre eux, de se toucher, de se mélanger. C'est une necessité aussi vitale que le soleil et l'eau pour n'importe quelle plante. Sans ce tissage de lien, vous fanerez...Et.... Et ce serait si regrettable...

J'attrape soudain ses mains et la fait se lever, sans doute un peu trop vivement puisqu'elle bascule contre mon torse. Je m’en trouve troublé, perdu loin de  l'emphase première de ma tirade.

- Je.. Je suis un homme de science plus que de foi, Jhælynra, poursuis-je tout bas.  Il existe une corrélation très forte entre chimie et bonheur. Je prends sa main, paume vers le ciel et avec un vertueux respect, m'octroie le droit de lui caresser le plat du bras. Sentez-vous ces minuscules corpuscules tactiles qui réceptionnent mon contact et transmettent directement à votre cœur l'information suivante : "C’est agréable", "Cela m'apaise...".

Je me sens rosir sans parvenir à comprendre pourquoi. Cette carcasse a besoin d'une sérieuse remise à neuf !

- Saviez-vous qu'une étreinte affectueuse, une poignée de main amicale, un geste de proximité bienveillante libère une hormone qui se nomme ocytocine et qui va avoir pour effet de vous détendre, de vous faire sentir heureuse, protégée. C'est l'hormone de l'empathie, de l'amour et... du désir....

Je réalise pleinement la teneur grivoise de mon discours. Diantre je ne fais jamais attention à ce fichu sous-texte ! Je rompts le contact quelque peu vivement, je ne souhaite pas passer pour un malotru...

- Tout cela pour dire que votre "Seigneur" seul, ne contribuera pas à votre plein épanouissement. Vous avez besoin de vos semblables...

Et, si j'osais,
de moi aussi.
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Jhælynra Korobæl
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Cette magnifique muse avait les joues rosies, grisée par le plaisir de cette nouvelle rencontre qui la touchait en plein coeur. Elle aimait voir la bouche de Salomon s'agiter sous ses mots élaborés et presque, parfois, techniques. C'était étrange, peu de monde lui avait déjà procuré ce sentiment, mais c'était si agréable. Elle ne se lassait pas de l'entendre parler !
Alors tout aussi étrangement... Elle se laissa faire, se laissa porter.

Un petit rire cristallin et timide sortit de la bouche de la rouquine quand il fit des vocalises avec son prénom. Oui il n'était pas courant et parfois un peu spécial à prononcer mais elle l'aimait bien. Et puis il roulait différemment sous la langue de ce jardinier aux mille facettes.

Merci beaucoup, je n'ai pas d'ailes lumineuses mais ça aurait été un honneur de réaliser un de vos vœux !

Le sourire dévorait son visage, la faisant rayonner. Jhælynra ne s'attendit pas au sermon et au geste brusque de l'inconnu. Elle étouffa un cri de surprise, se mettant droite sur ses jambes sans que son cerveau ne comprenne le mouvement. Alors elle s'effondra légèrement contre le corps anguleux de ce grand homme, les joues couleur pivoine. Elle... Elle touchait un homme. Elle était contre sa chemise et dessous elle pouvait presque en sentir le grain de sa peau et les battements de cœur.
Le discours du Jardinier fut alors vague, flou, emmêlé, tant son esprit était tout à coup focalisé ailleurs, comme un malaise.
Vivre pour soi ? Elle vivait déjà pour elle. Du moins le lui semblait-il.

"C’est agréable", "Cela m'apaise...".

Agréable ? Elle qui était si gênée et si mal à l'aise, pouvait-elle dire que c'en était agréable ? Elle ne savait pas, son cerveau paniquait, ses sens étaient en alerte. Il y avait une forme d'intrusion mais ce n'était pas ça qui la dérangeait le plus non... C'était le regard du Seigneur sur elle. Qu'allait-il dire ? Qu'allait-il penser d'elle ? Il la voyait en ce moment même comme elle voyait parfaitement Salomon. Elle était en train de céder au péché, comme Eve avec Adam.
Cette caresse sur la peau était tout sauf agréable pour sa petite tête trop rempli de textes et principes religieux.
Mais l'affreux continuait !
Il susurrait des mots doucereux. Avant de se déchirer.
Chacun s'éloigna, plus par son impulsion à lui qu'à elle. Jhae était comme paralysée... Elle le regardait bêtement, comme un poisson hors de l'eau, à la fois horrifiée et confuse. Que venait-il de se passer...? Une seconde, deux secondes... trois secondes. Au bout de la cinquième elle remua légèrement la tête.

Je... Je ne suis pas faite pour éprouver du... du... dé... désir... Elle se cacha le visage de ses mains Je suis là pour panser le mal des gens et soulager leurs plus grandes douleurs. Ils viennent se recueillir près de moi pour apaiser leur cœur. Je ne suis ni femme, ni mère, ni amante en ce moment là je suis simplement la main réconfortante du Seigneur. Je... Je ne suis pas là pour me rapprocher de... de qui que ce soit... Elle redressa sa tête, écartant à peine ses doigts, honteuse Et si mes pensées dévient, alors je ne serai plus digne. Ni de Lui, ni de l'Institut, ni de mon rôle. Je ne suis pas née pour moi. Je suis née pour eux, eux tous qui ont besoin de moi et je tire toute ma satisfaction de ça et c'est suffisant.

Jardinier outrancier.
Jhælynra se frotta les joues avant de remettre ses vêtements et sa petite écharpe, confuse des mots de Salomon.

Je suis désolée, loin de moi l'idée de vous presser mais mon temps libre est bientôt terminé, je vais devoir partir dans quelques minutes...

Elle était tel un automate, à ne pas vraiment comprendre la situation dans laquelle elle était et à simplement réciter une phrase qu'elle avait l'habitude de dire. Voilà tout.




Si jamais ça ne te plait pas je peux changer Wink
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Salomon Grass
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Son trouble ne fait qu'ajouter à mon sentiment de malaise. Un malaise sirupeux et aussi délicieux que de l'Ambroisie.

Pourquoi suis-je à ce point sensible à son parfum ?
Ce ne sont que de simples humeurs corporelles après tout...

- Je... Je ne suis pas faite pour éprouver du... du... dé... désir...
- Permettez moi de réfuter la biochimie de votre corps est ainsi faite qu'elle...
- Je suis là pour panser le mal des gens et soulager leurs plus grandes douleurs.


Elle dissimule son adorable minois derrière ses phalanges fragiles. Je l'en écarte avec tant de douceur que de stupeur.

- V.. Vous aussi ?

Serait-elle magicienne ? Une guérisseuse comme moi-même ?

Mon myocarde s'affole un peu plus.
Cette tachycardie est inquiétante.

- Ils viennent se recueillir près de moi pour apaiser leur cœur. Je ne suis ni femme, ni mère, ni amante en ce moment là je suis simplement la main réconfortante du Seigneur.
- Oh...
- Je... Je ne suis pas là pour me rapprocher de... de qui que ce soit...
- En êtes vous certaine ?
fais-je avec une hardiesse que je ne me connais pas. Je pétris ses paumes avec une fièvre doucereuse.  Votre Seigneur prône pourtant le partage et l'amour, ce me semble. N'est-ce pas là la définition du mot "rapprochement" ?
- Et si mes pensées dévient, alors je ne serai plus digne. Ni de Lui, ni de l'Institut, ni de mon rôle. Je ne suis pas née pour moi.
- Absurde !
- Je suis née pour eux, eux tous qui ont besoin de moi et je tire toute ma satisfaction de ça et c'est suffisant.
- Jhælynra, votre vie n'appartient qu'à vous ! Nul ne doit et ne peux vous dépouiller ainsi de votre humanité. Ce n'est pas votre Dieu qui se montre ainsi égoïste et avare, ce sont les instances qui s’enorgueillissent d'interpréter ses paroles. Et ces institutions -croyez-en ma vaste expérience-sont guidées par des calculs bien humains.
Je presse ses mains contre mon torse. Personne ne devrait soustraire son libre-arbitre à un être humain! C'est ce qui rend vo.. Notre race si fascinante et prolifique ! Vos bienfaits sont le produit de votre grandeur d'âme et de nulle autre ! Vous ne pouvez pas vous décréter satisfaite d'une vie qui ne vous appartient plus et que l'on a soigneusement gardée sous serres !

Elle recule, échappe à ma présence et se soustrait à l'évidence de mon discours. Sa politesse froide, soliloque de poupée creuse, fait pression sur mon plexus. J'ai l'impression que mes organes vitaux se décrochent comme des fruits trop mûrs, ensuqués et pourris.
Je la rattrape, mu par une intrépidité neuve. Je l'attire à moi et la contraint à subir notre contact rapproché. Je musèle l'envie brutale de coller mes lèvres aux siennes.


Quel étrange besoin que voilà...
Si peu hygiénique.

- Jhælynra ... Ne partez pas... Votre temps n'appartient qu'à vous ! Vous n'êtes pas en geôle !
et d'une voix plus tendre, j'ajoute : Laissez-moi offrir l'oxygène de mes jardins à vos poumons qui s'oxydent. A force de vous convaincre que vous n'êtes pas digne de respirer sans l'accord de vos maitres, vous finirez asphyxiée... Je ne peux permettre cela, Jhaelynra. Vous êtes une fleur qui nécessite du grand air, de vastes prairies, et un ciel ouvert et radieux pour s'épanouir. Je caresse sa joue, sincèrement touché par la détresse de son horrible situation. Je ne supporterais pas de vous voir faner. Vous êtes ... Vous êtes beaucoup trop merveilleuse...

Je suis moi-même surpris par ma ferveur lyrique.
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Jhælynra Korobæl
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Ce moment avait démarré doux et délicat. Jhaelynra l’appréciait à sa juste valeur et lorsque son regard se portait sur le jardinier, elle s’imaginait combien sa serre devait être luxuriante et particulièrement reposante. Loin du tumulte de la vie, de la religion, des caméras et des obligations. Rien ne la dérangeait dans ce mode de vie, mais le concept même de « souffler » n’était pas envisageable. Sa mère l’avait laissé, seule et elle devait maintenant accomplir son destin. Mais parfois, des êtres différents, coupés du monde, lui rappelaient combien il devait être bon d’avoir son propre rythme. Et puis il suffit d’un geste, d’une attention, d’un mot de trop pour que tout parte à la dérive. Mentalement, elle resta prostrée, mortifiée à l’idée d’échanger des sentiments interdits, qui plus était avec un inconnu. C’était si naturel… et pourtant si offensant. Elle se sentait plus mal à l’aise que jamais, si bien que ses mots buttaient en sortant de sa bouche. Combien de temps était-elle restée ici ? Trop longtemps. Elle devait fuir. Fuir avant de se transformer en l’Eve répudiée.

Des doigts fins et blancs, légèrement rosés au bout, cachant un minois déjà trop cramoisi. Salomon n’en fut pas froissé, il outrepassa cette barrière pour la regarder. Alors elle hocha la tête, s’arrêtant sur le vous aussi ? qu’il lui susurra. Ses orbes émeraude se levèrent doucement pour le regarder. Le visage de cet homme (ou de ce garçon, elle ne savait lui donner d’âge) était haut en couleur. Il avait une certaine aise à laisser filtrer ses émotions, si bien qu’elle pouvait presque les lire à ses expressions. Dans un autre contexte, ça l’aurait amusé.

-En êtes vous certaine ?
« Oui… je crois. »

Accompagné d’un autre hochement de tête, alors que ses mains descendaient en même temps. Elle n’avait pas conscience qu’elles étaient restées dans celles de Salomon, jusqu’à ce que le discours ne s’emporte et qu’il les pétrisse avec ardeur. Le joli blond se laissa submerger. Il était révolté de toute cette intolérance ! Et quiconque aurait trouvé ça légitime, mais la belle rousse était trop aveugle pour voir le problème. Cependant, ça ne l’empêcha en rien de boire ses paroles, telle une initiée.
Elle voulut l’interrompre, lui dire qu’il se trompait, mais elle fut surprise par ce qu’elle considérait comme un manque de tact. Salomon plaqua ses paumes sur son torse. Elle sentit tout à coup le battement d’un autre cœur, qui avait le rythme d’une tempête en haute mer. Elle prit conscience qu’elle touchait l’impensable et elle ne put alors que chuchoter, sous le choc :

« Seigneur ! »

C’était l’apothéose. Le poète, le jardinier, dont chaque vers, d’une prose parfaite, s’emmêlait dorénavant sous sa nervosité, son excitation. Il avait le souffle plus saccadé, plus puissant, elle le sentait. Ses yeux à elle, s’écarquillèrent, ses sourcils se relevèrent, sa bouche de fraise s’entrouvrit, mû par une certaine peur. La situation échappait à son contrôle. Pourtant, elle ne pouvait croire qu’il était une sorte d’âme égarée, perdue, comme elle pouvait avoir à faire dans la rue. Ces personnes qui se jettent sur elle tantôt avec envie, tantôt avec violence, recelant en eux la perfidie humaine. Non, il n’avait en lui que d’autres discours, plus scientifiques, auxquels il croyait dur comme fer et elle n’avait pas envie de lui en vouloir, de le convertir à sa propre pensée. Pourquoi ? Elle ne savait pas. Pas immédiatement en tout cas. Jhaelynra avait perçu également qu’il n’avait pas la même perception des barrières de la politesse et des codes sociaux, bien qu’elle ne puisse dire à quel point. Mais elle dut partir de cette proximité qui emportait les cœurs. Alors elle fit quelques pas en arrière dans la boutique, regardant Salomon avec déchirement. Elle aurait aimé l’écouter encore et encore, qu’il lui parle de fleurs et de cœurs, mais il suffisait maintenant.

« Je… J’ai une mission à accomplir et je ne peux décevoir personne… J’entends votre chant, maître Jardinier mais, contrairement à Alice, je n’ai pas de satisfaction à me créer un monde de merveilles. On m’a éduqué, on m’a dépourvu de certains sens et autres sentiments pour atteindre la pureté que le Seigneur attend de moi. Si mes pensées dévient, alors l’Institut me punira en son nom. Et je… je ne veux pas… »

Finalement, qu’est-ce qui la maintenait ? Sa foi ou sa peur ? De toutes évidences sa foi, elle ne dira jamais le contraire. Peur de quoi ? Elle était irréprochable… Mais les mots de Salomon se bousculaient encore, si bien que devant l’incompréhension elle n’avait qu’une envie : fuir.

« L’Humain est fascinant, non moi. Et je… » Elle eut un léger hoquet, sous l’émotion « Je dois… Pardonnez-moi… »

Incapable de finir ses phrases elle se contenta de s’excuser. S’excuser d’écourter le séjour dans cette demeure fleurie.
Mais le volte-face était interdit.
Le carcan dans lequel Salomon l’enferma la fit pâlir. Si proche d’un homme… C’était différent des fois où elle apportait aux âmes en peine le réconfort de ses genoux. Différent de quand elle caressait leur tête lourde ou leur donnait l’Ostie à même la bouche. Elle n’était pas maîtresse de ses actes et bien que les gardes du corps fussent dehors, elle ne poussa aucun cri pour les appeler. Car elle était bêtement hypnotisée par les orbes naïfs de cet homme convaincu. Il ne lui voulait pas de mal. Elle n’en était pas sûre, elle n’était plus sûre de grand-chose, mais elle s’en persuadait. Sa voix était redevenue douce, la suppliant de ne pas partir, de ne pas lui échapper. Que madame la Fée reste un peu plus longtemps, apaiser ses maux à lui aussi.
Alors sa frimousse se détendit, s’adoucit, sans pour autant faire partir l’état de gêne qui alarmait ses sens. La langue d’Adam fit son office sur cette nouvelle Eve. Ses muscles se relâchèrent et ses mains, qui étaient crispées contre la chemise de son torse, se desserrèrent sans bouger.

« Ou… Oui… »

S’il ne fallait que ça pour l’apaiser. Car n’était-ce pas sa mission ?
Mais Jhaelynra ne s’était jamais retrouvé dans pareille situation. Les priants avaient un protocole, aucun n’était imprévisibles de la sorte. Ici, elle était face à l’inconnu d’une situation qui mêlait en elle des pics de panique, au milieu de sentiments doucereux.
Rien que l’étreinte. Elle ne réfléchit pas à ces bras qui l’entouraient, juste à la chaleur qu’ils dégageaient et malgré le malaise, un coin de son cerveau appréciait cela. Bien évidemment elle l’annhila, mais cette émotion impure avait mis le pied dans la porte avant que celle-ci ne se referme.

« S…Salomon… »

Et la rouquine ne sut pas pourquoi il y eut ces doigts. Cette main curieuse remplie de doigts ! Acte incontrôlé qui la jetterait dans les flammes de l’Enfer. Mais en cet instant, c’était le dernier de ses soucis. Car Salomon avait ce doux prénom qu’elle aimait prononcer et ce brin de terre qui lui restait sur la mâchoire et qu’elle eut le culot d’enlever. Caresser cette peau d’albâtre pour dégager cette tâche terreuse. Le contact l’électrisa et elle eut un léger sursaut. Son regard n’avait pas quitté cet endroit d’ailleurs, décrivant mentalement la force de ses lèvres fermées et de son menton rond. Quand ils remontèrent pour se planter dans ceux de l’homme, sa voix plus douce et feutrée argua alors :

« D’accord… Prendre l’air me fera du bien… »

C’était intense. Si profond et déstabilisant que ça la paralysait.
Son cœur battait la chamade, son sang circulait à toute allure (elle le sentait presque), son souffle avait du mal à sortir tant elle le retenait et son cerveau envoyait toute l’incompréhension qu’il pouvait, tant ses yeux hallucinaient de la situation présente. Un joyeux bazar dont elle n’arriva pas à se défaire au contraire. Machinalement, son pouce et son index jouaient (tic nerveux très certainement) avec le bouton de la chemise.
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Salomon Grass
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- Je… J’ai une mission à accomplir et je ne peux décevoir personne…
- Est-ce là ce que vous craignez ? La déception d'autrui ?

J'ai du mal à cerner en quoi cette créature de perfection pourrait faire déchanter qui que ce soit.

- J’entends votre chant, maître Jardinier mais, contrairement à Alice, je n’ai pas de satisfaction à me créer un monde de merveilles.
- Je ne suis pas une sirène, Jhaelynra. Il n'ya aucune "tentation" dans mon chant, aucune promesse de perdition. Du simple bon sens, assurément. Votre esprit n'a-t-il jamais une seule fois succombé au pouvoir de l'imaginaire ? L'être humain a besoin de projection fantasmagorique pour construire sa psychée, expliquer l'inexplicable... Les rêves sont par ailleurs, la manière pour le cerveau de régler les problèmes irrésolus du monde conscient. Cela a été prouvé mainte et mainte fois !
- On m’a éduquée, on m’a dépourvue de certains sens et autres sentiments pour atteindre la pureté que le Seigneur attend de moi. Si mes pensées dévient, alors l’Institut me punira en son nom. Et je… je ne veux pas…


Cette fois je prends un air sincèrement horrifié.

- Quelle barbarie ! Je l’attrape par ses épaules menues et si délicates. Ma pauvre et délicieuse enfant, que vous ont-il fait subir ? Vous arracher ainsi les ailes, sciemment, pour que jamais vous ne puissiez voler de votre propre essor. Les émotions ne peuvent s'amputer comme on le ferrait d'une jambe gangrenée ! C’est absurde! Si la chose était aussi simple, j'aurais solutionné maintes pathologies et ce depuis des lustres. Le coeur n'est pas qu'un muscle. Il y a à l'oeuvre bien trop d’occurrences pour être totalement démêlés : un sentiment n'est pas qu'une affaire de phéromones, de pulsations électriques neuronales ou de chimie corporelle. Croyez-moi, j’étudie ce drôle de phénomène depuis longtemps. Il y a une forme de magie inexplicable qui en appelle au vécu, à l'expérience, à l'inconnu tout bonnement ! Pourquoi croyez-vous que les artistes, les poètes, les chanteurs, les écrivains, s'emparent ainsi de ces sujets ? C'est parce que l'imagination se doit de mettre des mots sur ce qui ne s'explique pas, pour en justifier l'existence !

Culte stupide, d'ignares et de cyniques! Je sens monter en moi une colère indélébile. Oser s'en prendre à l'innocence et la beauté personnifiée... Quelle infamie ! Et ces pourceaux s'imaginent servir le divin ?! Sottises.

- La pureté est une notion absconse. La biochimie d'un corps impose la présence de bactéries, de microbiotes et d'impuretés par définition. C'est à ce genre d'autorité que vous confiez votre lumineuse existence ? Quel terrible gâchis...


Peut-être suis-je allé trop loin ?
Peut-être ai-je manqué de retenu?

Je sens la jeune femme défaillir et se perdre. Je la retiens contre moi, pour ne pas la voir choir sur le carrelage de mon officine.

- S…Salomon…

Il me semble soudain que le temps est suspendu au bon vouloir arachnéen d'un destin facétieux. La pulpe de ses doigts, si douce contre le grain de ma peau est irradiant. La chaleur envahit promptement tout mon être, transformant mon réseau sanguin en torrent de lave.

- Ah.. euh... O.. oui ? Fais-je, bègue et démuni.
- D'accord … Prendre l’air me fera du bien… Ses lèvres remuent, purpurines, sucrées, fruit défendu que je me prends à vouloir croquer.

Tu t'égares, Salomon...

- Oui, bien évidemment ! dis-je avec empressement.

Lui entourant les épaules tout en lui tenant la main, je la conduis dans l'arrière boutique qui donne sur mon jardin personnel. Un petit coin de paradis terrestre, à l'abri des regards et entouré de murailles de vieilles pierres. Malgré sa situation en centre-ville, l'endroit semble épargné par les bruits de la cité et sa pollution. Un boudoir végétal aux alcôves multiples, foisonnant, surprenant, et merveilleux. Au fond de ce jardin figure une serre dont le dôme surgit parmi les cimes des arbres fruitiers qui l'entourent.
Je fais quelques pas au milieux des parterres éternellement en fleurs, avec elle à mon bras.

- Prenez une grande inspiration Jhaelynra.
Je caresse sa joue qui rosit de nouveau. Ah... Vous reprenez des couleurs. J'en suis soulagé. Pardonnez-moi de m'être ainsi emporté, c'est bien peu dans ma nature d'être aussi démonstratif. Votre.. Votre situation me touche et votre bien être m'importe....

Quel curieux état de fait. Après tout nous ne sommes que des inconnus l'un pour l'autre?

- J'ignore pourquoi...
fais-je en toute sincérité. ... Mais c'est la vérité.
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Jhælynra Korobæl
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Il y avait tellement de choses à dire, tellement de portes à ouvrir. Les deux êtres qui se faisaient face parlaient le même langage, mais il y avait comme une barrière qui déformait leurs mots dès qu'ils franchissaient leurs lèvres. La rouquine refusait que cette situation finisse comme une tragédie grecque, sans une issue positive ou ne serait-ce que l'espoir d'un quelconque chemin de jouvence. Alors quand l'artisan l'attrapa par les épaules, fermement convaincu de ses dires, elle sursauta en s'accrochant à ses bras, comme un réflexe. On ne la touchait jamais à l'improviste ou sans un consentement quelconque et depuis qu'elle se trouvait dans cette boutique, tout la surprenait. Et le discours engagé du jardinier la laissa muette. Jamais on ne s'était opposé si farouchement à l'Institut ou même à ses pratiques. Toute sa vie on lui avait dit qu'elle faisait ce qu'il y avait de meilleur et qu'elle n'avait pas à s'en détacher, qu'elle n'avait pas à regarder ailleurs. Qu'elle n'était pas là pour éprouver de l'amour mais simplement une compassion qui lui ferait prendre le parfait rôle de l'Agneau et ainsi, accueillir les âmes en peine.
Mais tout ces mots l’assommèrent. Sa vision était aussi large que son étroitesse d'esprit et Jhælynra n'avait aucun moyen d'écarter les œillères qu'on lui avait imposé toute sa vie. En avait-elle, en fait, seulement conscience ? Ou était-ce une fois de plus du déni ?
Salomon ne la laissa pas seule. Elle qui souhaitait simplement acheter un bouquet, s'était retrouvée dans une situation des plus rocambolesque. Il lui avait fait autant de compliments que d'affronts et elle ne prenait la mesure d'aucune deux deux notions.

Le cœur... était fait pour éprouver. Au nom de la spontanéité et du lâcher prise, cette euphorie qui mettait parfois en émois ou, au contraire, qui ne faisait que ressentir la terrible peine et tristesse. Si elle ne ressentait pas l'un elle ne ressentait pas l'autre, cela paraissait logique, mais en fait plus compliqué que cela. Cependant, il n'y avait pas matière à débattre car elle n'avait aucune arme. Là, immédiatement, elle se laissa guider aveuglément sur un chemin qui, elle espérait, mènerait à une fin radieuse et non douloureuse.

Une fois la porte de derrière passée, la rouquine se perdit dans la contemplation. Elle exécuta le conseil de Salomon qui fut de respirer un grand bol d'air. Et quel air ! S'y mêlait tant d'odeurs florales tantôt sucrées, tantôt amères. La beauté était également visuelle. Des couleurs, des formes, des harmonies, des alliances... Elle n'était pas certaine de connaître toutes les espèces. Dieu nous a mit sur la route de l'autre. se disait-elle, naïve.

« L'Eden. Vous avez réussit à refaire l'Eden... »

Elle était époustouflée et se sentait... terriblement bien. Le sourire qu'elle servit à son hôte n'avait rien d'empreint à un certain rôle religieux non... c'était elle, l'humaine, derrière cette facette policée qu'elle s'obligeait à avoir. Sans mot dire, elle dénoua son bras de celui du maître Jardinier et fit quelques pas avec la plus grande des attentions, entre les allées où il semblait évident qu'elle pouvait marcher. Ce n'était pas très grand, mais c'était à l’abri de tout. Dans un premier temps elle s'accroupie pour regarder de plus près certaines espèces chatoyantes. Puis elle posa ses mains sur la terre pour regarder un peu plus en profondeur, derrière, sur les côtés, avec une délicatesse qui faisait partie d'elle. Quand elle se redressa, elle se frotta les mains et les regarda avant de tourner le dos à Salomon pour observer les arbres fruitiers. Quelques secondes plus tard, la voilà au pied de certains, les mains derrière le dos pour s'empêcher de toucher de curiosité. Elle passa un moment comme ça à prendre en compte toute la substance et l'atmosphère que dégageait cet endroit. Elle l'aimait tellement.
D'une voix joyeuse, spontanée, elle énonça :

« C'est magnifique. J'aimerai vivre ici toute ma vie ! »

Ce monde là, c'était son monde des merveilles. Elle n'avait pas pu avoir autant de fleurs qu'elle voulait, chez elle à l'ICV, alors elle avait surtout des plantes vertes. Mais ce qu'elle aimait c'était tout ça. Ça demandait pourtant énormément de travail, elle en était consciente.
Quand ils se retrouvèrent proche l'un de l'autre, Jhælynra se tourna vers le jeune homme.

« Salomon... Vous m'avez donné matière à réfléchir. » Elle mit sa main sur son cœur « Et vos mots me touchent. J'espère pouvoir vous revoir bientôt... si mes supérieurs le veuillent bien. En attendant... » Elle tourna la tête pour regarder autour d'elle « Je serai ravie que vous me décriviez toutes ces fleurs. Elles sont si belles et vos compositions sont pleines de sens. »

La rouquine glissa ses mains encore un peu terreuse dans celles de Salomon. Ses doigts fins et doux, en temps normal, vinrent doucement tourner les membres pour qu'elle puisse observer ses paumes de ses yeux verts. Elle en suivit certaines lignes de ses pouces, sans réfléchir, se laissant guider par un instinct nouveau, grisant, affolant. Puis elle finit par relever son petit nez, son grand sourire chaleureux et bienveillant collé à ses traits.

« On m'avait dit que certains avait de l'or dans les mains et j'avais peine à le croire. Mais en voyant tout cela je ne peux que me rendre à l'évidence. Cette maxime est on ne peut plus vrai maintenant que je vous connais, maître Jardinier. »

Et si elle s'attendait à ce que son minois ne laisse de marbre, alors elle se trompait. Sur toute la ligne.
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