Through the darkness
Through the night
O you lost and lonely souls

Miss Quiry, dans sa jupe de velours côtelé sage, écoute le témoignage de la victime du crime (insérer une musique dramatique). Elle bat des cils au dessus de sa tasse de thé fleurie, y trempant ses lèvres avec un minois de chaton lapant du lait. Ses carreaux de lunettes à plusieurs foyers s'embuent de vapeur tandis que Sasha, rampant hors du thermos accroché à sa ceinture, tel un glaire goudronneux, fait un sort à la part de tarte appétissante. Pour l'occasion, Beitris a sorti de son chandail informe en mailles bleues, une énorme loupe et un deerstalker qu'elle compte bien mettre sur sa petite tête rousse. Être détective, c'est avant tout se munir des artefacts indispensables à son identification. Magnanime, elle laissera la pipe à son compagnon d'investigations.
Une fois le vieux Gaffney parti, elle se tourne vers l'homme qui lui servira d'acolyte pour cette enquête de premier plan. Ils sont les meilleurs de ce qu'il reste, et sans équivoque les plus désœuvrés. Une équipe de choc, donc ! Si Baphomet ignore certainement qui elle est, la rouquine aux allure de grenouillette sait tout de l'identité du démon.

- Es-tu prêt à écrire cette histoire, Mr Baphomet ? Je connais mes classiques ! Tout Sherlock Holmes a besoin d'un Watson et tout Poirot nécessite son Hastings. Quoique je pense avoir plus de points commun avec Miss Marple. Haussement d'épaules. Tu seras mon ballotin fidèle de tricot en ce cas !

Le timbre de Miss Quiry dénote sauvagement avec sa dégaine de bibliothécaire mal fagotée : sa voix sulfureuse, de miel suave, promesse de délice délictueux, siérait bien mieux à une des maitresses de donjon que le démon employait naguère.

- Selon toi, joli corbeau, par où tout bon détective doit commencer ? susurre-t-elle de ses inflexions de stupre.

- Pourquoi pas Robin pour Batman tant que tu y es ?
- Très mauvaise idée ! Quelques soient les versions, le destin de Robin est toujours tragique. Je n'ai pas très envie que tu meures, Baphychou ! déclare Miss Quiry en lui pinçant la joue.

Comment connait-elle son nom ?
Elle lui adresse un large sourire qui fait rebondir ses joues et les énormes culs-de-bouteilles qui lui mangent la moitié du visage.

- Je suis bien placé pour savoir que l'apparence n'est qu'une donnée futile : ne jamais juger un livre sur sa couverture ! Elle bat des cils derrière les carreaux épais de ses lunettes. Soit Alfred si tu as envie. Rien ne t'empêche de porter une queue de pie ! fait-elle soudain comme pour répondre à sa remarque informulée.

L'aura-t-elle lue dans sa tête ?

- Selon toi, joli corbeau, par où tout bon détective doit commencer ?
- C'est plus toi qui prends les devants, maîtresse Innocence ?

Beitris glousse devant ce sobriquet incongru.

- Moi je te proposerais bien qu'on essaie de trouver l'autre corbeau. J'ai deux trois questions pour lui.
- Excellente suggestion : toujours interroger les témoins potentiels ! Mais avant Monsieur le Maitre du Donjon, remplume-toi. Tu as clairement besoin de te sustenter davantage! Tu es tout pâlichon. Qu'est-ce qui te coupe l'appétit comme ça, hum ?

Miss Quiry s'amuse follement. Certes, il n'incarne pas la folie comme son petit glaire diabolique de thermos, mais il a de l'esprit, comme Fletcher, et ses tentatives pour générer des idées tapissant son crâne d'images incongrues sont rafraichissantes. Décidément, les démons sont les êtres les plus marrants qu'elle côtoie!

- J'ai pas hyper la dalle, en ce moment. Et pour ce qui me coupe l'appétit...J'ai perdu mon chien...

Le menton de Beitris tremble, ses yeux s'embuent, pour une raison infiniment mystérieuse, elle semble compatir à la détresse de cet être spolié de présence canine. Elle le gratifie d'un câlin aussi brusque qu'inopiné.

- Mon pauvre chéri d'amour ! C'est affreux ! s'épouvante-t-elle de son timbre de stupre. Perdre son chien c'est la chose la plus abominafreuse du monde ! J'en avais trois -Vanille, Chocolat et Caramel- et ils ont disparu eux aussi. Les chiens sont les créations les plus merveilleuses de tout l'univers ! Maman a Lucien ! Un chien qui parle pour gérer son royaume! N'est-ce pas la preuve de ce que je dis ?

Elle reflue et essuie une petite larmichette sincère. Miss Quiry n'a jamais éprouvé de compassion pour personne, pas plus qu'elle n'éprouve de peur ou de chagrin, mais parlez lui de canis lupus familiaris et son humanité reviendra au galop.

- Et toi alors, t'es qui, et t'es quoi ?
- Moi, je suis l'Imagination mais tu peux m'appeler Beitris. Je suis la fille de Délire, que tu connais sous le nom de Léviathan, je crois.

Battement de cils roux.

- T'as vu vers où a filé ce corbac ?
- Non, mais je n'ai qu'à remonter le fil de l'Histoire !

Miss Quiry se lève subitement et pose le couvre-chef "deerstalker" sur le sommet de son crâne. Elle lui prend la main d'un côté et tient sa grosse loupe de l'autre. Le démon goudronneux du nom de Sasha rase ce qu'il reste de tarte et de glace dans les assiettes avant de retourner à l'abri du thermos rose bonbon qu'elle porte en bandoulière.

- En avant mon fidèle Baphy ! Nous avons un crime à résoudre ! Sus au corbeau !

- Ouais, les chiens sont géniaux... Mais je doute que j'en reprendrai un maintenant.
- Oh ? Pourquoi donc ? s'enquiert Miss Quiry avec une moue de petite souris déçue. Quand on est tout déprimé comme toi, avoir un cabot ça fait grand bien au moral ! Les chiens ça aime sans se poser de questions, tu sais. Il en faut un certain courage pour aimer ainsi de toute son âme au risque de la perdre. Désespoir est vilaine, elle s'insinue dans la moindre fissure. Ce n'est pas franchement la tatie que j'apprécie le plus.

La main de Baphomet est grande et englobe sa menotte fine au poignet cassant comme un père enrobe celle de son enfant. D'ailleurs n'a-t-elle pas l'air plus juvénile tout d'un coup avec ses grand yeux et ses joues rebondies ? Imagination est versatile et parfois son apparence s'en ressent un peu.
Telle mère, telle fille...

Le démon pile brusquement et Beitris effectue une pirouette qui fait virevolter sa jupe.

- ...dis-moi que tu sais qui est ton père...
- Pas du tout ! C'est important que je sache ? demande-t-elle avec une grande ingénuité. Je préfère me l'imaginer. Parfois, il est grand, beau et fort ; d'autres, il est mystérieux et sexy ; le plus souvent, il est juste super rigolo. Mais à chaque fois, il fait du catch ! Parce que c'est un peu les tournois de chevalerie des temps modernes, le catch !

Miss Quiry glousse avec un pétillement solaire puis elle se penche vers son acolyte et lui glisse sur le ton de la confidence.

- J'ai eu des parents humains, tu sais, mais je ne me sentais pas liée à eux. J'étais comme un petit bout de quelque chose flottant à la surface de leur existence. Ils étaient tout grisouille, de vrais petits cumulonimbus mais qui n'éclatent jamais. L'orage les grignotait en dedans. Ils ont vécu comme des ombres et sont morts tout pareil : "ennuyeux à mourir".

Elle hausse les épaules.

- Et puis j'ai rencontré Maman dans le Rêve et là, j'ai su. C'était évident. Un peu comme pour toi, finalement ! Je t'ai choisi comme partenaire d'enquête, parce que je sens que nos cerveaux fonctionnent au diapason.

Elle se hisse sur la pointe de ses souliers et tapote le crâne de Baphomet avec un sourire aussi désarmant que sa conviction joyeuse. La rouquine se fige soudain, son regard fixant un point que nul ne peut voir. Ses prunelles s'étrécissent comme un chat dont les instincts de prédateur ont été chatouillés.

- Le fil rouge du récit ! Souffle-t-elle soudain à son comparse. Il est là ! Nous allons pouvoir le rattraper dans cinq, quatre, trois, deux, un....

Un croassement sonore se fait entendre au sommet du toit de la grange à fourrage. Un volatile noir zèbre le ciel et fonce vers l'orée du bois.

- C'est notre témoin ! Vite ! Poursuivons-le !!!

Elle attrape de nouveau la main de son compagnon et s'élance.

Pourquoi n'en reprendrais-je pas un ? La réponse est simple.

"Parce qu'aucun chien n'est aussi bon et fidèle que lui..."

... encore que tout est relatif. Mais bon, je lui avais laissé sa liberté. À moi d'assumer maintenant. Il a fait un travail impeccable, et je me suis laissé berner par son assiduité, essayant d'y voir quelque chose de "plus" qu'une association. Hé oui, je suis stupide, parfois (souvent).

Mais ouais, j'l'aime bien, cette gamine.

Et puis elle me rappelle sa mère.

Quoiqu'avec un petit truc en plus.

Un truc qui m'est familier.

"Du catch ?... Du catch."

J'ai quelques costumes de catch dans ma réserve. Si ce n'est pas un sport qui me tient en halène plus que cela, je dois admettre que je le trouve très agréable à regarder. Cela fait des soirées particulières.

Elle me raconte sa vie avec ses parents humains. Je me sens plus que triste pour elle, presque en détresse. Je sais ce que cela fait de ne pas pouvoir être celui (ou celle) qu'on aimerait.

"Ils sont stupides, s'ils n'ont pas vu quelle fille formidable tu es."

Ah oui, sa mère. Il faudra que nous parlions, elle et moi ! Et puis elle me parle de moi et elle, et j'ai un frisson, non pas de crainte, mais d'envie. Ouais, j'ai envie d'être avec elle, j'ai envie d'être quelqu'un qu'elle pourra être fière de connaître et de côtoyer.

"A ton service, fillette."

Et puis nous nous mettons à courir juste derrière un corbeau. Le fil rouge n'est pas simple à suivre. Là, je devrais décrire une course-poursuite épique à travers les bois, mais en réalité, je me suis arrêté pour hisser Beitris sur mon dos pour pouvoir aller plus vite. Je ne sais pas si elle court vite, en réalité, mais je ne voulais pas qu'elle se fatigue.

Au bout d'un moment, je tends le bras pour arrêter l'oiseau en plein vol. Il essaie de s'extirper de mon emprise, sans succès. Oui, je te tiens bien, le piaf.

"Allez, Sherlock, va l'interroger !"

Miss Quiry trouve Mr Baphomet trop mignon dans sa volonté de la réconforter d'une peine qui a fini par la déserter -croit-elle. Elle se félicite de l'avoir choisi comme acolyte.

- Ils sont stupides, s'ils n'ont pas vu quelle fille formidable tu es.
- Oh oui ! fait-elle en haussant les épaules.Ils étaient insignifiants et bêtes comme beaucoup d'humains. Des gens très gris et très oubliables. Quand j'étais petite j'ai souvent souhaité qu'ils disparaissent tant ils étaient ennuyeux. Et puis un jour c'est ce qu'ils ont fait. Je ne les ai pas pleurés. Je n'ai pas su faire... On me l'a beaucoup reproché à leur enterrement. Il parait que cela est très inconvenant de n'éprouver aucun chagrin pour ses parents. Du coup, j'en ai naturellement déduit qu'ils ne devaient pas l'être ! Crois-moique si j'avais eu un papa comme toi par exemple, j'aurais été inconsolable !  affirme-t-elle d'un ton léger.

Soudain, l'enquête prend le pas sur la discussion. Le dialogue passe en second-plan du récit. Il est temps de donner libre cour à une scène d'action rocambolesque. La course-poursuite démarre et Baphomet y joue un rôle déterminant en tant que monture et assistant dévoué.

- YOUHOUUUU!!! exulte la jeune détective à l'assaut de cette grande aventure.

Une fois le corbeau prisonnier du pouvoir du démon, elle saute des épaules de celui-ci et se casque de son couvre-chef iconique.

- Halte là, mécréant ! lâche-t-elle avec une théâtralité consommée. Nous avons quelques questions à vous poser.

Crôaaa ?!
Mes ailes ! Sorcellerie !
Rendez liberté !
HUMAIN !?! CRÔA !!! NID !!! AU SECOURS !
Même Rat et Chien !!!
Bipèdes stupides font mal !*

- Il m'a tout l'air coupable... déclare Beitris en se grattant le menton. Qu'en pensez-vous mon cher Watson ? Mais n'allons pas trop vite en besogne : Où étiez-vous ce matin au moment où le point de ravitaillement du Haras Gaffney s'est fait vandalisé ? Nous avons les moyens de vous faire parler... Elle se tourne vers Baphomet. Hihi ! J'ai toujours eu envie de dire ça !

A moi ! CROA !
Eux qui vandalisent !!!*

*En langue animale uniquement

Elle passe de la petite fille à la miss maniérée qui a l'air d'avoir aucun regret. J'ai un sourire devant son écoulement impeccable de logique et mon sourire se fige.

"Oh... hé bien... Merci... ?"

Je me suis connu plus loquace.

"T'inquiètes, fillette. J'ai pas l'intention de disparaître tout de suite. Je ferais tout pour que tu ne sois pas inconsolable."

Je n'ai pas le temps de me demander pourquoi cette promesse a l'air d'être faite avec le cœur et que ce n'était pas des paroles en l'air que je me retrouve à porter Beitris pour que nous puissions poursuivre l'oiseau. Celui-ci est arrêté en plein vol et je laisse ma partenaire faire l'interrogatoire avec un regard affectueux.

Ah putain, c'est le corbac de l'autre !

Il avait déjà voulu m'attaquer une fois, cet enf... cet... ce... BREF !

Je me pose, dos à un arbre, et commence à avoir envie de me boucher les oreilles. Mais bon, il est notre unique témoin ET il amuse Beitris, alors bon.

"Sherlock ? Demande-lui qui a vandalisé le ravitaillement. Visiblement, il sait quelque chose. Et s'il ne peut pas nous le dire..." je me gratte le menton "Dis lui qu'on peut éventuellement le libérer s'il nous mène à cette ou à ces personnes."

Je déteste ce corbeau. Non seulement il a essayé de m'attaquer pour défendre son maître, mais en plus, il a ce regard condescendant envers moi, comme attendait quelque chose de moi. Un corbeau ne devrait pas avoir de maître, jamais. Un corbeau avec un maître, c'est conneries sur conneries assurées.

...Et puis un corbac blanc se fait toujours maltraiter par ses pairs…

"Tu fais ça très bien, en tout cas. Je suis fier de toi. Vas-y, tu peux continuer l'interrogatoire. S'il est coupable de quelque chose, il n'aura qu'à bien se tenir devant tant de fougue."

...Mais là, aujourd'hui, j'ai décidé que la fourberie naturelle de mon pair ne m'atteindrait pas le moins du monde. En fait, heureusement que c'est lui ! J'ai moins de mal à ne pas compatir à son sort si la miss décide qu'il pourrait facilement remplacer une partie du garde-manger.

"Bon, après, difficile de croire que ses petites serres et son petit bec ait pu porter atteinte au verrou. Seul quelqu'un de fort pourrait y parvenir."

Oui, je fais craquer mes phalanges. Moi aussi j'aime bien jouer, finalement.

- Sherlock ? Demande-lui qui a vandalisé le ravitaillement. Visiblement, il sait quelque chose.
- AH ! Je le savais !

Bipèdes Fous !
Stupides ! Cruels !

- Et s'il ne veut pas nous le dire...
- J'utilise ma Voix pour le contraindre ?
- Dis lui qu'on peut éventuellement le libérer s'il nous mène à cette ou à ces personnes.
- Oh ! Oui... Tu as raison, Watson, on en va pas abattre tous nos atouts d'un seul coup. Tu entends, corbeau ? Nous t'offrons l'honneur de nous servir d'indic. Dis-nous tout et nous te libérons ! Sinon... Sinon je transforme ta cervelle d'oiseau en fondue servile !

Miss Quiry redresse son couvre chef sur sa tête et tourne une mine réjouie en quête d'assentiment vers Baphomet.

CRÔAAAA !
HUMAIN !
DANGER !!
MENACE !!!
A MÔAAAA! CRÔAAAA !!!

- Je me débrouille comment ? Il se met à table ?
- Tu fais ça très bien, en tout cas. Je suis fier de toi.
- Personne n'a jamais été fier de moi ! s'exclame-t-elle toute heureuse de cette  reconnaissance inattendue.
- Vas-y, tu peux continuer l'interrogatoire. S'il est coupable de quelque chose, il n'aura qu'à bien se tenir devant tant de fougue. Bon, après, difficile de croire que ses petites serres et son petit bec ait pu porter atteinte au verrou. Seul quelqu'un de fort pourrait y parvenir.
- Pas si il s'agit d'un homme-corbeau , une sorte de fae métamorphe mi-homme, mi-oiseau ! rétorque la rouquine. Es-tu un fae ? Un sidhe ?

QUÔAAA ?
Pas fae !
PAS FAE !!!
Juste Cobeau ! Corbeau simple !
Rendez liberté,  stupide bipèdes crétins !

Beitris fait la moue et commence à fatiguer de voir le volatile s'égosiller sans rien y comprendre.

- SILENCE, lâche-t-elle brusquement de sa Voix qui transforme les Histoires, de celle qui en impose les tournures. Tu n'es plus drôle et tes croassements me cassent les oreilles.

Terrifié, le corbeau ouvre le bec mais plus aucun son n'en sort. Ses yeux écarquillés vont de Beitris à Baphomet. On a pétrifié ses ailes et désormais ont le prive de parole. Qui sont donc ces horribles tortionnaires ? Où est son compagnon Humain quand il a besoin de lui ?

- Marcus ? questionne brusquement la Miraculeuse qui l'a rendu muet, comme si elle lisait ses pensées. Il ne fait pas partie de cette histoire, je regrette. Maintenant, cesse de renâcler et joue ton rôle, d'accord ? Tu es sensé nous donner des indices, alors fait le.

Indices ?

Interloqué par le son retrouvé de son propre timbre, le corbeau fixe tour à tour les deux enquêteurs.

Vous.
Bipèdes dangereux.
Pas Humain.
Pas comme mien.
Rien vu...
Juste entendu...

Le corvidé laisse s'étirer une pause dans sa longueur.

Moi dire, si liberté.
Rien si non.

- Que dit-il ? fait Beitris à Baphomet, reprenant sa posture de simple actrice du récit qui ne comprend pas la langue des oiseaux.

Hé bien, elle le fait parler, le piaf. Je souris, attendris. Je devrais être horrifié et essayer de défendre mon pair, mais ces piafs menteurs m'ont bien fait comprendre que je ne faisais pas partie de leur bande. Et puis entre les mains de Beitris, qu'est-ce qui pourrait bien lui arriver ? Mon sourire se perd un peu quand je vois qu'elle arrive aussi à le faire taire. C'est... un véritable repos pour les oreilles, mais c'est un peu effrayant. Un tout petit peu.

Quand le volatile me prend visuellement à témoin, je ne fais qu'hausser les épaules. Par contre, je suis étonné que la miss connaisse l'existence de Marcus. Et puis cette pensée disparaît, comme si elle n'avait pas sa place ici. Soit. Je... suis plus à ça près.

Je pense que ma proximité avec cette jeune personne va un tantinet bouleverser mon existence, un peu comme quand j'ai rencontré sa maman et que j'avais la sensation que plus rien n'était réel.

"Il dit qu'il n'a rien vu, mais qu'il a entendu. Les corbacs sont doués pour rendre les sons et les voix. Il va tout nous dire, si on lui rend la liberté."

Je claque des doigts pour dissiper le blocage. Ça sert à rien, mais c'est un peu classe. Immédiatement, ses ailes se remettent à bouger comme il le souhaite, quoiqu'un peu raides dûe à la tension.

"N'est-ce pas que tu vas tout nous dire ?"

Allez, le piaf... Prouve-nous que t'es moins con que la plupart de tes pairs. Bon, les corbacs sont plutôt intelligents. On va dire moins vicelard.

"T'es douée à ce petit jeu là. Je le redis, je suis fier de toi."

J'ébouriffe les cheveux de Beitris. Voilà... Définitivement, je me suis attaché à elle et je vais être un gros lourd dans sa vie. J'espère que t'es fière de toi, fillette. Tu viens d'adopter un démon malgré toi ! Tu vas y gagner un allié fidèle et loyal ce que tu vas perdre en tranquillité et en denrées alimentaires quand je viendrai squatter chez toi quand tu auras un chez-toi.