Nightcrawler || ft. Anton

Date d'inscription : 26/03/2019

Pump
PUMP
PUMP
Boum tchika tchika
BOUUUM.
Zwiiiiiish !

La piste est enfer sous mes pieds, les corps se déhanchent et se disloquent sous les battements des tambours électriques. La boîte se remplit de couleurs vives, nous nous gorgeons de lumières et de baisers trempés d'alcool fort, de corps qui se frôlent, de rires remplis d'affection provisoire. C'est ainsi que nous jouons, nous, les enfants de la Nuit.

Et celle-ci est mienne !!

Je bouge, frénétique, agite, ondule sous le son des rythmes frappant, décadent, secs au possible. Ma bouche a soif. Elle attrape à la volée les lèvres fraîches d'une fille peinturée de néons flashy. Je ne la connais pas, elle non plus. Et ? C'est loin d'avoir envie de m'arrêter. Je papillonne, corps en cœurs, flattant croupes de tout poils qui se présentent à moi.

Je suis bien, là. Mon élément me porte plus haut que le ciel que je toise au quotidien, grandeur et décadence du jeune chasseur en perdition. Le beau bonimenteur qui s'est retrouvé les pattes pleines de sang. On ne fait que pleurer, depuis mon retour. J'en ai marre de mes yeux gonflés. J'en ai marre de ces crises paniques dés que je fous un pied hors de la fête foraine. J'en ai marre de cette façon qu'à grand-mère de regarder si négativement vers l'avenir.

Il faut VIVRE, que diable !

Aria reviendra. On fait tout pour ça. Je le sais. Je le souhaite. Alors ça marchera, pas vrai ?
Penser, pleurer, tout ça n'aide en rien.
En attendant, la vie continue.

Je me détourne des douleurs pour aller grappiller quelques amours, me nourrir des monceaux de vies insouciantes qui peuplent cette satanée ville. D'autres baisers pleuvent de bouches luminescentes, lumières diffuses sous les projecteurs, trempant ma peau. Ah ! On se sent revigoré, tout de suite !
Ne manque plus que de quoi désaltérer pleinement ma belle gorge aride. Je fraye un chemin parmi les sirènes, glisse une main dans mes cheveux quand je cligne d'un œil aguicheur le barman affairé.

« Hola aubergiste ! Un Blue Lagoon, pétillant comme tes beaux yeux ! »

Mon verre glisse vers moi, un numéro de téléphone griffonné sous le sous-verre. Bingo. J'empoche le gros lot, fixe les muscles qui s'occupent de rompre des glaçons pour les futurs cocktails. Le mien glisse entre mes lèvres, acidule ma soirée. Rapide œillade vers le reste des ombres dansantes. Ma langue s'amuse à titiller le bord du verre, insatiable.

Prenez gardes, mes jolis
Gardez vos cœurs à l'abri,
Renard est de sortie !

Date d'inscription : 26/03/2019

❝ baby keep this energy inside.
let the beat control your body. ❞
☾ ☾ -- ft. nardus

A la chasse. Un dernier regard porté sur le miroir d'où resplendit ma silhouette, et je suis prêt voler jusqu'à la fête nocturne. On m'attends là-bas, les affaires ne s'arrêtent jamais avec moi. Je me tourne, me détourne, sous toutes les coutures, et passe finalement une main dans mes boucles blondes, encore plus satisfait de mon allure. Le choix de cette chemise noire et rouge soyeuse porte ses fruits. Le slim ténébreux ne fait qu'accentuer le style, et je ne parlerai même pas des magnifiques bottines en cuir qui poursuivent la ligne. Un blazer de la même couleur et ce sera parfait. Oh, j'oubliais. Mon auriculaire caresse majestueusement une crème orangée que je tapote légèrement sur mes paupières. L'effet final est époustouflant, je dois dire. Mon regard bleu acier contrasté me donnerait presque envie de coucher avec moi-même, mais cela étant possible, je trouverai bien un délice pour cette nuit après le travail. En parlant de ce dernier, il est temps d'y aller, l'horloge sonne minuit.

Tic tac.

L'heure que les mortels choisissent pour se dévergonder, se vider l'esprit et s'abîmer quelques neurones. C'est à cette heure qu'ils laissent tomber leur garde, qu'ils sont les plus influençables et imprudents. Je ferme la porte de mon appartement, un petit sourire au coin des lèvres qui ne me quitte pas durant tout le chemin. Mon Uber m'attend tranquillement devant le bloc et je lui tends l'adresse sans vraiment prendre conscience de sa présence. Il est là pour m'emmener là où je le souhaite, je n'ai aucun compte à lui rendre. Il essaye par intermittence de lancer une ou deux remarques, mais voit bien que c'est peine perdu. Ta gueule chéri et conduis. Je garde ma salive pour quelqu'un d'autre, si tu vois ce que je veux dire. J'ai envie de lui fermer le clapet, mais c'est un grand garçon, il comprend rapidement. Je laisse donc reposer mes doigts affinés sur ma cuisse et l'accoudoir tout en contemplant le paysage. On change de quartier pour s'enfoncer dans des rues beaucoup plus populaires et dynamiques. C'est un euphémisme, car, déjà, mon chauffeur attitré doit contourner les groupes complètement largués par l'alcool. Please people, get your shit together. Ils ont beaux être jeunes, ils me font pitié à boire jusqu'à vomir dans un caniveau dégueulasse à côté. Leur vie doit être assez merdique pour qu'ils collectionnent les bad trip. Heureusement, le trajet s'arrête tout juste devant la boîte de nuit, je n'ai donc qu'à enjamber la chaussée, faire trois pas et je suis entré. Les videurs, ici, ne sont pas très regardeurs, mais mieux vaut être bien sapé lors de la chasse.

A l'intérieur du bâtiment, la musique vrombit de toute part et fait bondir les cœurs et les corps déchainés. Les lumières, quant à elles, viennent saturer les beaux visages de toutes les couleurs au rythme de la musique. Rouge, vert, blanc, mes préférés. Je me détends rapidement, alors que quelques mains effleurent déjà mon dos le temps de deux secondes, pas plus. Je souris parce que cet endroit vibre de bonnes ondes. La chasse va être bonne, je le sens. J'en frissonne. Je ne compte définitivement pas trouver de belles créatures vierges ici, mais plusieurs chevelures blondes ont déjà capté mon attention. Pour l'instant, je ne m'approche pas. Je hume le terrain, je me repère. Quoi de mieux que de le faire du haut de la rambarde du deuxième étage qui donne une vue saisissante sur la piste de danse. De ma tour, j'observe minutieusement, je profite des vibrations et de l'odeur de la sueur et du désir qui parcourent l'air. Mes prunelles de reptile passent de tête en tête, parfois les lumières me trompant sur la nature de la chevelure. La traque est difficile cette nuit, car aucun ne vaut grand chose, rien qu'à les regarder se dandiner et se prélasser. J'ai besoin d'une énergie spontanée et taquine. Pas trop intelligente pour ne pas qu'elle me file entre les doigts.

Puis, c'est comme si le destin l'a mis devant mes yeux. Ce jeune homme à la chevelure longue qui reflète des mèches dorées. Il s'amuse, il profite de la vie, il danse comme un fidèle pour son Dieu, il cueille le fruit interdis du bout de ses lèvres. Jeunesse inconsciente. Ma bouche se déforme dans un petit rictus amusé. Trouvé. J'aurais préféré qu'il vienne à moi, qu'il me remarque du haut de la rambarde, mais la populace empêche le contact visuel. Je vais devoir aller le chercher moi-même, n'est-ce pas plus amusant ? Et après l'avoir touché, qu'est-ce que je compte faire ? Comme d'habitude, le revoir un autre soir, un autre jour, l'attirer dans ma petite bulle puis l'avoir à mes côtés quand il le faudra. Easy peasy. Je descends en prenant tout mon temps, ne le laissant pas s'échapper de ma vue. Je le vois qui se dirige vers le comptoir du bar et qui commande à boire. Plus je m'approche, plus il m'intrigue ce blondinet. Je reste un moment en retrait avant de me décider. J'arrive bellâtre, tiens toi prêt. Mes bottines claquent au sol sans qu'on puisse les entendre, je me glisse à ses côtés, apercevant le mot glissé par le serveur. Il est doué avec ça, un vrai charmeur. Je m'accoude et plante mes prunelles dans celles du bartender. Je fais parti de ces gens-là qui n'ont pas besoin de se frayer un passage jusqu'au bar et de se faire remarquer. Le blond à mes côtés aussi.
« Le même cocktail, s'il vous plait. »
Obligé de lever la voix pour se faire entendre, cela fait parti du jeu. Une fois la commande passée, je détourne la tête et fixe ma proie de ce soir. Mignon mais sûrement un peu idiot. Cependant, je sens qu'il fera l'affaire. Il y a quelque chose en lui qui m'appelle. Son aura sûrement. Elle m'a transcendé d'en haut, cela doit bien signifier quelque chose.
« Alors, on a de la chance ce soir ? », dis-je en hochant du menton vers sa poche.
Il sait ce qu'il s'y trouve. Il comprendra. Mon verre arrive aussi, quelques secondes plus et je le fais tourner dans ma main filiforme en souriant au jeune homme. Une bouchée discrète du nectar bleu et mes papilles se libèrent.
« Merveilleux choix, il y a bien pire, je le crains. »
On pourrait dire que je viens d'un autre monde, beaucoup plus ancien, mais la vérité est que je ne me prélasse jamais dans ce genre de boîte. J'y traque juste mes proies. C'est au chianti et à la San Pellegrino que je dédis la douceur et la distinction de mon palais. Je sirote à nouveau, me laissant porter par l'instinct, les yeux rivés sur le visage angélique et les boucles du blond. Que sera, sera.

Date d'inscription : 26/03/2019

La fête bat son plein dans les mines sublimés, dans les rythmes réjouissants des basses. Vague d'énergie qui soulève les corps autour de moi, autour de celui qui ne danse plus, qui se contente d'observer sa cour. On dirait un Sabbat moderne, plaisant de stupre dans les recoins.

Ce qui resterait, sous mes yeux fauves, des sorcières que la Nuit n'a pas traquée.

Accoudé au bar, dos contre celui-ci, mon regard balaie les silhouettes découpées dans les stroboscopes erratiques. Jolies, anonymes, fugaces. Tandis que je mordille le bout de ma paille, une voix s'élève tout près, sucrée et pétillante comme de raison dans un lieu pareil. J'incline la tête par curiosité, laissant les mèches rebelles retomber contre le col de ma chemise. Flegmatisme contrôlé. Les détails du copieur alcoolisé ne manquent pas de m'échapper. L'allure blonde et gracile, les traits appuyés et francs du prédateur amusé. On dirait que monsieur ne m'imite pas seulement dans le choix de boisson, nous avons d'autres minuscules points en communs.

Mais je reste le meilleur, évidemment.

Je reste silencieux sous ses perches tendues, un coin de sourire venant les saisir après quelques secondes, magnanime que je suis. Il fait des efforts pour établir le contact, c'est mignon. Et il est curieux, le double-en-moins-bien. Soit, papotons un peu. Une petite pause ne fait jamais de mal avant de retourner à la chasse.

« C'est pas de la chance, darling, juste une question de talent. Continue d'apprendre et tu comprendras peut-être un jour.~ »

Épaules haussées dans une expression renarde, la lagon glisse délicieusement du plastique à ma gorge. Vrai que la prise est douée pour les mélanges. Ce garçon est un créatif, ça promet pour la suite. Je lui jette une œillade coquine à la dérobée quand il sert un groupe de filles près de moi, et il ne manque pas de la rendre. Bien, ça, c'est fait. Je saurais quoi faire à sa prochaine pause, mon emploi du temps est bouclé-serré, sortez les préservatifs et le romantisme sauvage d'une backroom de discothèque, YIPEEE !

Quand Jean-Bertrand retourne piler ses glaçons, je jette de nouveau un coup d'oeil à Sir Bouclette qui dandyse à mes côtés. Autant être honnête à propos de ce « merveilleux choix » : ça reste un produit de qualité médiocre, une proie beaucoup trop simple à ferrer dans ce genre de lieu. Se taper un-e barman-maid dans un endroit pareil, c'est un échauffement banal avant la suite du repas. Une entrée légère pour mon marathon.

« Il fera l'affaire le temps d'un quart d'heure, oh allez, max une demi-heure si je suis conciliant, histoire de démarrer tranquillement. Le prince charmant est encore loin, je le crains. »

Rire gras qui s'échappe de mon beau gosier. Air so dramatic de diva bafouée par les autres mecs qui ne sont que des connards, après tout, et même que j'aimerais plus jaaaaamais, d'aboooord. Je lorgne vers l'inconnu, ricanant toujours un peu. Peut-être qu'il y croit pour de vrai, lui. C'est même pour ça qu'il est venu me parler, à n'en pas douter ! Qui pourrait le blâmer. Non, vraiment, qui ?

« Et toi, alors ? T'es venu chercher l'amour éphémère des toilettes, ou juste dandiner du popotin sur la piste pour oublier ta vie chiante en espérant tomber par hasard sur un coup d'enfer qui te fera grimper aux projos ? »

Tourné complètement vers lui, le sourire ne se déloge pas. Je sirote bruyamment mon cocktail azur et fixe ses yeux, dans l'attente d'une réponse. Et qu'elle soit amusante, par pitié. C'est fou comme on s'ennuie quand les muscles sont au repos.
Allez Pompadour, on a tout notre temps. La Nuit ne fait que commencer.

Date d'inscription : 26/03/2019

Les lumières claires jaillissent et éblouissent encore plus sa belle chevelure blonde. J'en suis ravie d'avoir trouvé une telle bête. Et qui plus est encore, elle m'a tout l'air d'être coquine à souhait. Pourrai-je m'amuser avec elle, ne serait-ce un instant, pendant que je la garde près de moi, me l'approprie et me rendre indispensable à ses yeux ? Ce serait joué avec le feu, ce serait trop dangereux. Je pourrai la voir glisser entre mes doigts et la perdre. Oh, rien qu'une fois. La beauté de son visage me rend le sourire alors que je m'imagine des choses hors du commun des mortels. Attention Anton, il t'est si facile de croire que les humains te sont faibles. Pourtant, à chaque fois, ce sont eux qui m'ont mis à terre. C'est vrai, j'ai quelques défauts, aussi superficiels et minimalistes soient-ils. Je me laisse facilement entraîner par la beauté que la Nature nous offre, j'en oublie souvent qu'elle est en général dotée d'épines.
Je refrène donc mes ardeurs et mets mon anticipation et mon envie sur le compte de l'énergie qui doit parcourir ses veines. J'ai besoin de ressources comme lui, je les collectionne comme on collectionne des timbres. Parce qu'il faut bien que je couve mes pouvoirs dans cette ville où le danger ne fait que s'intensifier. Où que j'aille, il me faudra des sources énergétiques dans lesquelles je pourrais puiser à convenance.
Il n'y a qu'ainsi que je serai en sécurité, moi et mes frères et sœurs. Les siphons de la nuit.

J'en attends trop des humains, je pense. Et celui-ci s'avère être un numéro raté. Je le sais dès sa première phrase prononcée en ma direction. Le genre de phrase qui scelle le lien entre deux personnes. Son visage ne retranscrit en rien sa désinvolture crachée du bout de ses lèvres. Par Lilith, sur qui suis-je encore tombé ? La déception est sûrement visible deux petites secondes, je ne vais pas le nier. Je m'attendais à mieux comme réparti, comme cause à effet. Moi qui pensais pouvoir l'obnubiler par ma seule présence (ce qui fonctionne généralement à merveille), mes plans tombent à l'eau. Je ne m'attendais pas à découvrir une personnalité aussi drama queen derrière un si beau corps altier. Clairement, il ne mérite pas sa chevelure extraordinaire qui m'a attiré jusqu'à lui.
Je ne dis rien, mais je n'en pense pas plus. Chaque mot qu'il prononce est un calvaire et marque au fer rouge la tromperie dans laquelle je me suis moi-même fourré. Mais quelle vulgarité... quelle insolence... Le jeune homme a tout l'air d'avoir le feu aux fesses ce soir qu'il en fait référence à chaque occasion ? C'est si différent des livres de Stendhal et de Jane Austen que j'ai dévoré à mes vingt ans. C'est si... peu romantique, si peu passionnant. Il n'y a aucun jeu, aucun désir à plaire et faire de sa conquête le roi de la nuit. Aucune intimité. Finalement, à la fin de cette soirée, il devra se sentir bien seul. Retour à la case zéro.

Pourquoi ?

Je repose mon verre avec une grimace puis la masque sous un visage serein quoique légèrement inquiet et condescendant.
« Terminer à forniquer dans la pisse, à moitié bourré, n'est pas spécialement ce que j'appellerai une soirée réussie. On ne doit pas avoir les même valeurs. », je réponds en claquant la langue au palais.
La désillusion me reste encore au creux de la gorge. Je n'arrive pas à l'avaler complètement, et cela me rend quelque peu agressif. Mais je ne me fais pas de chagrin pour le jeunot. Il a l'air d'être un grand parolier. Fut une autre situation que cela m'aurait sûrement amusé. Malheureusement, il était mon gibier tant attendu de la soirée, et me voilà fâché d'avoir été aussi facilement berné. Si je parle, autant lui apprendre un peu les bonnes manières.
« Comme tu dis, le prince charmant semble s'être perdu en chemin. C'est dommage, vraiment, de ne pas pouvoir savourer les choses à leur juste valeur. »
Un hasard que nos routes se rencontrent donc ? Je ne pense pas. Et je suis d'humeur à remettre la tête de ce blondinet sur ses épaules, quitte à lui faire apprendre le sens de la vie cette nuit. L'Amour ne doit pas être éphémère, mais éternel. S'il a la chance de m'avoir à ses côtés un jour, il en comprendrait alors la signification. Parce qu'il n'y a rien de plus grisant que d'être lié éternellement à certaines personnes, d'assoir une influence sur eux, et d'être de même cadenassé à leur petite existence.
« Alors dis-moi, qu'est-ce qui te taraude au point de te rendre si fiévreux ce soir ? »
Un sourire bienveillant quoiqu'un peu piquant persiste sur mes lèvres alors que je m'approche et tende une main délicate vers ses mèches blondes.
De quoi es-tu fais ? Je me demande si le jeune homme peut être sauvé de ses démons qui, clairement, le rendent insatiable et inconscient.
« Quelle est ton histoire ? », je murmure dans un souffle curieux, laissant ses cheveux émoustiller la peau de mes doigts.
La réponse est immédiate et puissante. J'ai l'impression d'être absorbé par son énergie au lieu du contraire. C'est impressionnant... mais pas à portée de main malheureusement. Fut-il quelqu'un d'autre, avec un caractère plus conciliant que la chasse aurait été déjà terminée et qu'il goûterait à la douceur du satin des draps de mon lit ou à un message soigneusement envoyé et demandant à se voir. Ç’aurait-il été trop facile ? Sûrement.
Qui es-tu donc petit futé ? La chasse continue ce soir jusqu'à ce qu'il n'y ait plus d'espoir, plus d'entrain, ni d'envie. Tu veux jouer ? Jouons.

Date d'inscription : 26/03/2019

Ça me fait rire tout ça. Parce qu'au fond ce n'est pas vrai. C'est que de la gueule et du babillement de gars trash en soirée. J'attache à ma frimousse parfaite le sourire du vainqueur. Mon petit numéro a choqué sa royal présence bouclée qui me fixe avec cet air si tordant des noblions brusqués. J'adore cette décomposition qui se lit sur ses lèvres fines, tordues dans une expression de dégoût contenu. Faudrait voir à pas vomir sur tes gracieuses louboutins hein ? Attends, tu n'as encore rien vu, mon chou.

« A qui le dis-tu, Pompadour. A qui l'dis-tu. »

Je dépose le surnom après une lampée de cocktail. Rapide et électrisante, comme un chargement d'un millier de volt. Je carbure tel une source inépuisable, repue allègrement. On est tous comme ça, ici. On déborde d'énergie pour ne pas penser à autre chose qu'à boire et danser.

Et c'est pas si mal, finalement.

Blondino me regarde et s'intéresse. C'est marrant, j'aurai juré qu'il serait comme de ceux qui abandonnent à la moindre provocation, mais à croire qu'il est un peu plus coriace. Le gars s'accroche et c'est pas pour me déplaire. Ce serait presque une opportunité de s'amuser autrement qu'à coups de reins bien visés. Hm.

J'ai cependant pas le temps de piquer une réplique à mon carnet de punchlines qu'un geste me paralyse. Sa main. Toute proche de mon visage, à toucher mes cheveux.
J'aurai habituellement rien dit, si je n'avais pas senti quelque chose. Une force, une aura, un truc indescriptible. Une onde. Je crois. Je sais pas. Mais c'était là. Et ce n'est pas normal.

L'instinct est chaviré.
La foudre a frappé d'un coup, sans amour,
Juste une guerre à déclarer.

Il me faut quelques secondes pour me remettre et atterrir. Mine de rien, je reprend, souriant.

« Mon histoire ? Pourquoi qu'une seule ? J'en ai des tonnes à te proposer. »

Rire volatile. Vrai que peu savent. Vrai que c'est rare quand on en vient à des conversations intimes, les cibles et moi. J'ai tout un tas de scénari à exploiter, des scènes qu'Ash Wilson, le dernier moi en date, n'a même pas eu l'occasion de jouer. Tout pour se cacher, c'est le crédo des Renards. Et on s’accommode bien de ne jamais rien révéler aux non-initiés.

Mais pas ce soir. Bien heureusement, Tir Nà Nog est moins compliquée que Los Angeles, Dubai ou Trouville. Au moins ici, on est quasiment certain de serrer la main à un compère ou un ennemi à chaque coin de rue.

Alors pas la peine de tergiverser. Arrêtons les frais.

Je saisis son poignet, mes doigts entourant sa manche. Si c'est le peau à peau qui a déclenché ça, autant miser sur la prudence. Le geste est suave, cependant. Pas la peine d'alerter les passants. Le message apparent est un : On se drague, cassez-vous.

Et je fixe ses yeux, longuement. Je caresse un repli de tissus quand je m'approche à mon tour, plus près encore.

« Mais raconte-moi plutôt la tienne, joli coeur. J'suis curieux. »

La voix se confond en murmure velouté qui tombe dans son oreille. La prise se fait plus ferme.

« … Curieux de savoir quel genre de créature j'ai entre les mains. »

D'un air presque complice, je scrute sa réaction. C'est bien ça qui déterminera le reste de la soirée.
Jouer ou chasser ?
Voyons voir sur quel pied nous allons danser.

Date d'inscription : 26/03/2019

L'onde résiste, fluctue, serpente chaque fibre de votre corps. Vous la ressentez tous les deux, cela ne sert donc rien de tenter de la cacher. Quelque chose se passe, et l'ange démon qui te fait face en a pleinement conscience. Interdis quelques secondes, il semble se réveiller lorsqu'un sourire apparaît enfin sur son visage. Il ne part pas en courant, c'est déjà ça. Certains, à sa place, seraient terrifiés de pouvoir ressentir une telle chose. C'est comme si tu touchais l'essence de leur âme. La capacité, à elle seule, peut sembler trop puissante pour un seul homme. Heureusement, celui que tu as en face est soit bien accroché, soit trop bourré pour s'inquiéter. Une histoire serait en effet trop courte pour raconter la vie d'un jeune en quête d'une sale baise dans un pub en effervescence.
« Des tonnes ? Rien que ça... tu sais attiser les curiosités toi. »
Autant être franc avec lui, car il n'a pas l'air de mâcher ses mots. Parlons dans sa langue pour qu'il n'y ait pas d'incompréhension. Mais attention, ça ne va pas dire que tu iras te frotter aux murs des toilettes pour tenter de l'emprisonner dans tes toiles. Tu as du talents et des aspirations pour des jeunes gens comme lui, à la chevelure de soleil, mais tu n'iras pas t'abaisser à de tels comportements. C'est contraire à tes valeurs, et Lilith sait combien elles te sont chères et vitales. Pourquoi se froisser avec soi-même lorsqu'on est le capitaine de son navire ?
La mèche entre tes doigts bougent alors que tu continues de la toucher et de la caresser. C'est si doux, si précieux. Le reste de sa belle frousse te donne envie d'y enfoncer ta main dedans, mais le contact serait probablement mal vu. Et mal placé. Il faut être prudent avec ses victimes, surtout une aussi fringale et libertine. Tu as d'ailleurs vu juste puisque le blond retire le contact en écartant ton poignée près de son visage. A-t-il peur ça y est ? Rien dans ses pupilles n'en atteste pourtant. Alors qu'est-ce qu'il fabrique, à quoi il pense ?
La question qui doit se poser ici est plutôt la suivante : que veut-il ? Car son regard est beaucoup trop inquisiteur pour quelqu'un qui ne se doute de rien. Es-tu si évident à percer à jour ? Tu le tenais par le bout de la langue, mais voilà que les rôles viennent de s'inverser. C'est lui, à présent, qui tient le bon bout. Il y est presque, mais pas tout à fait. Effrayant de savoir que ta proie en sait beaucoup plus que d'autres ? Ou au contraire appétissant ? L'adrénaline te fait frissonner sous ton blazer. Il ne perd pas de temps, le futé. Mais il te reste un avantage.
« Une créature... t'es mignon. », lui lances-tu dans un sourire bienveillant et débonnaire.
Évidemment, ton histoire contient également beaucoup de chapitres à son actif, certains que tu aimes garder secret, du moins à l'intention d'un inconnu comme lui.
« Quand on est né avec ce qu'on a, il n'y a finalement rien d'étrange à être ce qu'on est. »
Mais le débat t'ennuie rien que d'y penser. Il n'est pas le premier avec lequel tu parlementeras sur l'ordre naturel des choses. Et cela ne fait pas parti de tes plans ce soir.
« Ma vie serait trop longue à te la narrer, tu t'endormirai probablement dans ton Blue Lagoon avant que je n’aie commencé. »
Provocation.
« Mais si tu t'y accroches vraiment, on peut se trouver un endroit tranquille pour en parler. Juste... oublie les toilettes. »
Tu attrapes donc de ta main libre son poignet, inversant les rôles, et l'attires pour l'entraîner vers le balcon du pub d'où la musique et les lumières sont moins bruyantes.
« Je me demande ce que tu as dans le sang pour que tu pulses autant sous mon toucher. »
Tu lui fais bien comprendre qu'il est à tes yeux autant créature que tu ne l'es pour lui. A chacun sa vision du monde.

RP

Nightcrawler || ft. Anton