Jhælynra psalmodiait quelques psaumes et prières en faisant tourner son chapelet entre ses doigts. Le sien était en perles de vrai nacre. Sa robe à manche longue et au col rond était étalé sur le petit rebord molletonné sur lesquels se petits genoux roses reposaient sagement. Seize heures cinq sonnèrent et elle releva la tête, achevant la dernière perle. Elle connaissait les phrases par cœur. Elle s'imprégnait de chaque mot pour respirer alors à nouveau, tandis que sa nuque lui tirait légèrement.
Le bel Agneau prit le temps de se redresser, achevant par là même, son propre office. Elle rangea le chapelet ainsi que la chaise du monastère. Alors qu'elle était sur le point de repartir, un homme la héla, l'appelant par son prénom. La douce se retourna et vit les gardes du corps, toujours en place plus loin, vers l'entrée. Il devait certainement avoir les autorisations nécessaires, de ce fait.

Oh ! Bonjour monsieur White, je ne m'attendais pas à votre visite.

Le sourire radieux apparut sur ses lèvres. Sincère et pur. Les paroles douces et suaves prononcés de sa voix de velours. Ils prirent alors place sur deux des nombreuses assises.

Je dois vous avouer que votre visite est pour le moins étonnante. Je n'ai que peu de réclamations et celles que je peux avoir, sont toujours adressé à un de mes supérieurs directs. Rares sont les fois où j'ai même vu La Domination venir ici.

Elle était trop sage. Sa posture assise, l'emplacement de ses mains avec à peine les index croisés, le tout sur ses jambes serrées. Cette fille avait été plus qu'éduquée, elle avait été dressée.

Sachez cependant que votre venue m'honore et bien que je n'ai pas de requête présentement, si je peux faire quoi que ce soit pour vous, n'hésitez pas, ce sera un plaisir.

Balthazar... Il ne venait jamais ici ou presque. La belle avait même presque oublié son existence. Et plus elle parlait, plus il la regardait. Jhælynra avait également l'impression qu'il se rapprochait. Présentement, il ne lui faisait pas peur, mais elle était particulièrement mal à l'aise. Elle baissa alors quelques fois les yeux, mais pas trop longtemps, car il était impoli de ne pas regarder son interlocuteur dans les yeux. Comme ça l'était de trop le fixer. Sauf que cet homme n'en avait cure, il ne la lâchait pas du regard.

La position inconfortable, bien que droite, dans laquelle elle se mit pour essayer de garder un minimum de distance, faillit la faire se lever. Il pourrait trouver cela offensant, alors elle ne fit que se mouvoir à peine, comme pour changer ses appuis et relever alors la tête.
Sa mine fut beaucoup plus curieuse et ses petites oreilles se dressèrent.

Que dites-vous ? La Domination, Joseph White, va donc être remplacée ? Je n'en savais rien... La rouquine mit pudiquement sa main devant sa bouche, surprise de cette nouvelle, se demandant qui il y aurait à la tête, car les seules Dominations étaient choisies de Dieu lui-même. Et n'importe qui ne pouvait pas être touché par la grâce Divine. Souvent on le savait à sa naissance, parfois on ne le savait que plus tard une fois l'âge adulte atteint. Ses pensées lui firent mal à la tête. Quelque chose de ténu, mais présent, et elle se dit qu'il allait falloir qu'elle se repose si elle ne voulait pas que ça se transforme en migraine.

Je comprends mieux la nécessité de votre présence ici. Il est souvent bon de profiter de changement pour faire un point et parfois même, restructurer. C'e... Un BOUM alla de son cerveau jusqu'à son front, et elle porta machinalement la main à ce dernier P... Pardonnez-moi. Ma journée a été un peu longue... Elle en profita pour se redresser et s'éloigner un petit peu. Ce fracas assourdissant ne resta qu'une dizaine de secondes, puis partit comme il était venu. Elle se redressa complètement et marcha jusqu'à l'autel où un petit bac d'eau reposait sur un guéridon. Elle se mouilla le visage, le front et s'épongea le tout avec un linge qu'elle mit immédiatement par terre Il semblerait que je sois un peu lasse, ce qui est pourtant rare à cette heure-ci. Ses pas feutrés la ramenèrent du fils de Joseph Je ne veux, également, que le bien de l'Institut. Si j'ai besoin de quoi que ce soit, je vous le ferai savoir. Par quelle voie puis-je vous contacter ? Mes supérieurs ont à faire seulement à votre père, il me semble. Le sourire affiché sur ses lèvres était un peu timide, mais sincère. Elle était même ravie de savoir que Balthazar participait dorénavant à la restructuration de l'ICV, ça allait être une bonne chose !

Quand elle se rapprocha de Balthazar elle sentit une grappe migraineuse rester en fond, comme un résidu, sans y prêter attention.

Oh... Je vois, c'est seulement la politique de gestion. En quoi sera-t-elle donc différente ? Serai-je impactée ?

Jhaelynra réfléchit, faisant alors quelques pas dans l'allée centrale. Dans ce cas là ça changeait bien des choses. Si rien ne lui était venu à l'esprit en premier lieu, elle prit le temps de se dire que peut-être qu'elle pourrait demander plus de liberté.

Je n'ai pas de demande particulière pour mes fonctions en tant que telles mais effectivement, j'aurai aimé revoir mon planning de sorties ainsi que les moments où on m'enregistre chez moi. Peut-être avoir des plages horaires qui me permettraient d'être un peu plus à l'aise. D'après un des médecins, je commencerai à développer une sorte de stress... Assez minime mais présent.

Et il ne vaudrait mieux pas que ça amplifie, au risque de la voir changer totalement. Mais heureusement, Balthazar était là pour l'aider à se développer et, pourquoi pas, à peut-être respirer un peu plus.

Y aura-t-il des modifications dans les infrastructures aussi ?