Oui, ça fait un putain de bail maintenant. Mais je m'en souviens comme si c'était hier de cette nana. Une femme (si on peut l'appeler ainsi) relativement hors du commun : androgyne, brutale, agressive, provocante ...

Tu l'as compris, elle me plaisait bien !

"Ce soir, tu assures la sécurité. Interdiction de te barrer de ton poste comme la dernière fois !"

Je hausse les épaules et commence à m'appuyer nonchalamment contre l'encadrement de l'hôtel. Je déteste cette règle tacite qui dit qu'il faut à tout prix se faire passer pour un être humain. Sérieusement, à quoi bon ? Mon collègue me fusille du regard et cela me fait sourire. Sérieusement ? Il pense vraiment me soumettre ainsi ? Ce regard inquisiteur et supérieur finissent de me convaincre. Dès qu'il a le dos tourné, j'en profite pour m’éclipser dans la rue et aller marcher tranquillement.

Mon bon vieux Baphomet, ce n'est certainement pas ainsi que tu gardera un quelconque job.
Cette simple idée me fait sourire, une si longue vie et une si courte expérience avec le monde du travail. Il faudrait que je sois mon propre patron, en fait, je n'ai pas le choix, c'est ma nature qui veut ça ! Je lève les yeux pour contempler l'hôtel que je suis supposé garder. J'aimerais bien être viré de ce travail avec perte et fracas, pour une fois, et non pas pour simple insubordination comme un jeune élève.

Je réfléchis à ce que je pourrais faire de vraiment sympa quand mes pieds se prennent dans quelque chose qui traîne sur le trottoir. Je manque de trébucher et de sortir mes ailes pour garder l'équilibre.

"Merde !"

Alors que je remarque qu'il s'agit des jambes d'une personne. Derrière mes lunettes, je la détaille malgré moi mais ce que je vois ne me renseigne absolument pas sur ce qu'elle peut-être.

"Désolé, je ne t'ai pas fait mal ?"

Après tout, ce n'était pas parce qu'on remet la totalité de notre existence en question qu'il fallait être impolis, si ?

@Thaïs Gelosia

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Where have you been?

Je traînais ma jeune carcasse de gauche à droite, paumée autant que blasée.
Depuis aussi longtemps que je me souvienne, la génitrice m'avait toujours dit:

"Tu seras jamais libre, petite conne. Tu m'as arraché le bide, et je te l'arracherais si tu te casse."

J'y avais toujours cru: elle était tarée, et manquait pas un jour pour le faire remarquer. Si les marques restaient, elle semblait pas s'en préoccuper: Je ne sortais pas, personne ne savait mon existence, personne ne verrais rien. Jamais. Même les mecs qui lui prenaient sa thune pour de la came ne remarquaient pas mes yeux gris posés sur eux, où tout du moins ne montraient pas leur attention. Je ne me faisais jamais voir, et jamais tabasser pour ça.

Et pourtant, elle aimait ça, la génitrice. ça partait de rien, souvent juste de voir ma gueule bouclée sortir du cadre de la porte qui menait à sa salle. Son pied me roulait sur les tibias, puis c'était les cris, les poing, et comme un point final à l'humiliation, elle laissait la marque circulaire de sa sale clope sur ma cheville.

Mais ce jour là, rien de tout ça. Elle a vu ma gueule bouclée fouiner pour trouver de quoi grailler dans ce qui nous servais de frigo, et avec les yeux vitreux, elle a soufflé:

"Casses-toi."

Je me suis tournée, plus morte que vivante, totalement désemparée par ce qu'elle venait de dire, et devant son visage inexpressif, je recula à petit pas jusqu'à la porte que je n'avais jamais franchie. J'avais trop peur de sa fureur pour ne pas prendre la sentence au pied de la lettre.

Mais voilà, de la ville je ne connaissais que les toits qui dépassaient des velux, des escaliers je ne connaissais que le bruit. Je me suis pétée la gueule deux fois dans les marches  avant de me remettre sur pied pour descendre les onze étages de l'immeuble.

Dehors, il faisait froid, et je remarquais que les gens portaient des manteaux, quand je ne portais qu'un t-shirt crasseux. Les reflets de miroir s'accrochaient sur ma silhouette plus qu'amaigrie, et je frôlais les murs, toujours invisible.

La journée avait finie par devenir la soirée, puis la nuit, et je n'avais toujours rien trouvé pour me nourrir, et je crevais littéralement la dalle. Ce n'est que tard que je me laissa tomber contre un mur pisseux coloré au néon d'un hôtel proche, persuadée que je mourrais ici, transie de froid et de faim. J'en ai ris doucement, puis les bruits de la ville ont masqués mes imprécations contre la ville et le monde.

Je m'assoupis de mon dernier sommeil, impatiente et curieuse de la suite.

ç' aurait été ça si une paire de bottes m'avait pas atterrie contre les jambes, me faisant les replier contre moi instantanément.
Le mec se retourna vers moi, et je m'en voulu d'avoir apparu au monde.
Est-ce qu'il allait me frapper aussi? Vu le gabarit, peut être que je pourrait me défendre. Peut-être.

Mais au lieu de l'agression attendue, c'est une voix qui a pris le dessus, m'estomaquant.
On me demandais si j'avais mal. Je le regardais comme un extraterrestre.
Évidemment que j'avais mal. C'était ma condition naturelle. Mais qu'est ce qu'il voulait entendre?

"Qu'est ce que ça peut te foutre?"

ça avait coulé de source, et je m'en voulait presque d'avoir répondu et pas dégagé au plus vite.

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Ma réaction est instantanée...

Mes sourcils se lèvent devant cette réponse aussi violente qu’inattendue, et j'éclate de rire. On dirait presque un moi en version humaine, peut-être l'agressivité en plus, si je l'enrôle, elle ferait la fierté de mes paires, sans aucun doute ! Normalement, j'aurais du avoir deux réactions : la réprimande si chère aux yeux des démons, ou l'indifférence qui me caractérise. Cependant sa voix cache une détresse que j'ai du mal à ne pas entendre. Bon, ça, je m'en fiche un peu, mais je dois admettre que j'ai réellement besoin de distraction ce soir. L'aider ne sera qu'un petit plaisir de plus, totalement égoïste.

"Je sais pas... t'aurais pu hurler ou te défouler sur moi, voire même demander réparation. J'suis pas hostile à l'idée."

Je me demande si cela fait longtemps qu'elle traîne dans la rue. Toujours est-il qu'elle a du en voir de vraiment pas marrantes. L'idée de la convertir me tente bien, cet esprit rebelle sera un chalenge vraiment très intéressant. Au pire, j'aurais passé une soirée plus amusante qu'espérée.

Pendant un instant, je me demande de quoi elle peut avoir besoin là tout de suite. Il ne faut vraiment pas être devin pour le comprendre. Je désigne l'enseigne de l'hôtel d'un coup de tête et lui demande :

"Tu ne préfères pas dormir au chaud ? Je fais pas ça pour être gentil, rassure toi, j'ai juste besoin de faire un peu chier mon boss... Si cela peut te dépanner pour la nuit, sinon je vais chercher mes clodos un peu plus loin, c'toi qui voit."

Lui demandant cela, je lui tend la main pour l'aider à se relever. De toutes façon, elle ne va pas pouvoir dormir ici. D'ici une heure ou deux, elle va se faire dégager soit par les croustiputes du quartier, soit par quelques dealeurs de drogue, soit par la police qui aura sagement attendu que les deux catégories sociales du dessus aient déjà fait leur œuvres et qui voudront quand même épingler quelques têtes de suspects. Sans doute que je n'aurais pas été aussi insistant si j'étais convaincu de pouvoir la retrouver le lendemain, mais rien n'était moins certain.

@Thaïs Gelosia

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Sa colère est magnifique à contempler. Elles sont rares, les jeunes femmes de cette trempe, et heureusement d'ailleurs ...

Un instant, je me demande si c'est mon aura qui la fait parler ainsi mais je me dis que sa nature profonde est de toutes façon déjà pas mal corrompue. Je pense sincèrement qu'aucune entité démoniaque n'aura jamais rien à lui apprendre. Alors d'où vient-elle ? Comment cela se fait que je ne l'avais jamais vu auparavant ? Si elle vient de débarquer, alors je suis vraiment verni d'être tombé sur elle avant que d'autres ne s'en chargent.

"Tu préférerais quoi ? Que j'ai envie de te baiser ou que tu me fasses pitié ?"

Je la regarde des pieds à la tête. Définitivement, une des deux réponses prend le pas sur l'autre, et pas celle qui m'aidera à me racheter une âme.

Sa main dans la mienne se glisse et je m'étonne. Sous ses air colérique se cache une fille pas farouche, qui a énormément confiance en elle. Quand elle formule sa menace, je ne peux m'empêcher un nouveau ricanement, à présent qu'elle est proche de moi, je baisse la voix pour lui glisser dans l'oreille :

"J'aime beaucoup cette menace... Je pourrais te rendre les morsures ou je serais obligé de te museler ?"

Alors que nous marchons jusqu'à l'entrée qui n'est absolument pas gardée (mais que fait le gardien ?) je regarde son profil de temps en temps. Quoi qu'il advienne, je sais que vais passer une nuit intéressante.

Nous passons devant le réceptionniste qui me jette un regard totalement blasé sans même essayer de m'arrêter. Il jauge un peu ma compagne et je vois bien qu'il n'approuve pas mais ne dit strictement rien. Lui non plus n'aime pas son job. Lui aussi a déjà fait ce genre de plan. Je m'arrête devant l'ascenseur avant de l'appeler d'une pression du doigt.

Je sais très exactement quelle sera LA chambre, une du quatrième étage, celle des suites. Ce n'est ni la plus grande, ni la plus luxueuse mais elle a l'avantage d'être vide pour la nuit et d'avoir une ambiance un peu plus sombre que les autres. Finalement, je me glisse dans l'ascenseur.

"Alors, tu viens ?"

@Thaïs Gelosia

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Where have you been?

La question me donne envie de lui cracher au visage, mais là encore, la texture du lit propre me fait calmer mes ardeurs. J'arrache ma main de la sienne d'un air hautain et rétorque:

"On se rentre ou je me casse?"

Il doit avoir de mauvaises intention, mais je suis trop dans la détresse pour penser aux conséquences de mes choix. Cependant, son ricanement puis son sifflement au creux de l'oreille me colle un frisson qui me renfrogne.

"Tu mets encore tes lèvres contre mon oreille et je t'arraches la tienne avec les dents, c'est clair? "

Nous nous mettons en marche et je reste concentrée sur mon objectif: Manger. Dormir.

La porte est sans gardien, et un poids décolle de mes épaules déjà trop stressées. Mais l'accueil n'est pas vide, lui, et je me colle derrière le rouquin à l'allure sûre, baissant le regard pour redevenir la femme qui n'existe pas.

La réception ne bronche pas, et je souris, cachée par mes boucles.

Finalement, nous entrons dans l'ascenseur et je pousse un petit soupir de soulagement: on était rentrés, j'allais pouvoir me reposer.

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La femme semble rester dans son envie de ne surtout pas être approchée. Elle me suit docilement tout en montrant les dents, mélange étrange, intéressant. Une fois les deux dans l’ascenseur, je pousse le bouton du quatrième étage. Je remarque avec étonnement qu'elle semble visiblement soulagée de se retrouver seule avec un total inconnu dans un espace aussi réduit.

Il y a quelque chose d'assez spécial avec elle. Maintenant que j'y réfléchis, j'aurais du passer mon chemin après sa toute première provocation et passer mon chemin. On va tabler sur le fait que mon instinct le plus profond ne m'a jamais menti sur l'intérêt des gens et que même s'il ne s'agit que de cette nuit, la dame pourra être intéressante.

"Je m'appelle Azraël au fait. Suis-je autorisé à te demander ton nom ou encore une fois, tu vas me menacer ?"

Nous entrons finalement dans la chambre d'un gris anthracite où trône un magnifique lit king size. Dans la cheminée qui lui fait face, le feu s'allume immédiatement et je me maudis d'avoir toujours ce réflexe idiot même en présence d'humains. Peu importe, au moins, ça chauffera un peu la pièce.

"Je nous fait monter un truc à manger ?"

Je me demande comment apprivoiser cette sauvage des rues. Comment abaisser ses barrières sans utiliser mes pouvoirs ? J'espère juste un truc : qu'elle ne va pas me virer de la chambre tout de suite, avoir fait tout cela juste pour énerver mon boss me paraît soudainement bien fade.

@Thaïs Gelosia

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Aller me faire foutre ? Clair, net et précis. Je n'en demande pas tant et je n'avais pas l'intention de donner le mien de toutes façons. La méfiance de ma compagne semble se diluer un peu dans une reconnaissance qui a du mal à affluer. Bien plus facilement qu'avant, elle accepte mon invitation à dîner. C'est bien, on avance !

Elle ne me donne pas d'indications sur ce qu'elle préfèrerait manger. Ce sera plus simple ainsi étant donné l'heure tardive. Après avoir hoché la tête, je sors mon cellulaire.

"Terry ? Tu montes un repas-bienvenue à la 412 ? Merci. Ouais, pour deux. A tout de suite."

Je sais que ce ne sera pas long à venir. Ils sont préparés d'avance à la chaîne et réchauffés à la commande. Je m’assois dans l'un des fauteuils qui fait face au feu de la cheminée et invite la sauvage à me rejoindre dans celui d'à côté. Pendant un moment, mes yeux se perdent dans la danse des flammes. Toujours les yeux dans le vague, je souris et m'adresse à Thaïs :

"Du coup, qu'est ce que j'ai le droit de savoir sur toi qui ne me mettrait pas mon intégrité corporelle en danger ?"

Autant qu'elle me livre elle-même les informations qu'elle désire. Mes yeux se lèvent vers elle et je me laisse aller à la sonder.
Alors, petite femme des rues, de quoi tu as besoin ? Quelle affaire pourrions-nous conclure ensemble ?

@Thaïs Gelosia

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Where have you been?

Ma réponse plus sympathique a l'air de lui convenir, puisque la seconde d'après le repas est commandé. L'intonation et les mots utilisés m'intrigue, et je demande, curieuse:

" Vous avez l'air de vous connaître. Tu travailles ici?  "

C'est sûrement pour a que je n'ai pas eu d'ennuis. Après tout, on ne pouvais pas faire rentrer les clochards si facilement, si ?
De toute façon, j'y connaissais rien. J'étais sans domicile depuis seulement quelques heures (si seulement on pouvait dire que j'avais eu un foyer un jour) et n'avais ressenti le froid extérieur que le même temps. Pas comme s'il faisait chaud dans le taudis de la génitrice, mais au moins parfois elle allumait le chauffage centrale dans sa pièce, ce qui réchauffait les autres automatiquement. Pour la faim par contre...

Le rouquin se pose dans un des fauteuils contre la cheminée, et m'indique un second. J'acquiesce et m'installe prudemment. ça me fait chier d'être comme je suis à cet instant, sachant que je salirais les beaux textiles. J'avais envie de me laver, soudainement dégoutée de ma condition. L'eau était un accès restreint à la maison de la génitrice. On pouvait boire au compte goutte, alors pour se laver...

"Je voudrais prendre une douche, c'est possible?"

Dommage, je ne pourrait pas me débarrasser de mes vêtements de merde. Tant pis, je me doucherais habillée, puis nue, ça décrasserais un peu. Les vêtement sècheront devant le feu. Plus propre que jamais.

Je reste un moment hypnotisée par les flammes à la suite de sa question. Qu'est ce qu'il y avait à savoir sur moi? Rien. J'avais été enfermé longtemps, trop longtemps. Je ne savais même pas quelle jour on était. Je savais ma date de naissance, étant tombée sur les papiers sans faire exprès (j'avais reçu une tabassée pour ça), mais pour le reste, il n'y avait rien d'intéressant à savoir.

"Qu'est ce que ça peut te foutre, qui je suis?"

Le caractère de merde refaisait son apparition, et même pas pour une bonne raison. Pouvait-on réellement se fâcher parce qu'on avait rien à dire sur soi-même?

"Chui personne, j'ai pas de passé, sûrement aucun avenir. Je viens de nul part, et je ne vais nul part non plus. Tout ce qui existe pour moi, c'est ici, et maintenant. Y a que le présent qui existe."

Je croyais ces mots, durs comme fer.
De toute façon, combien de fois la génitrice me l'avait dit, que je n'existais pas, ni pour elle, ni pour les autres?
Il n'y avait que ce rouquin flegmatique qui pouvait penser que j'existe.

"Et toi, qu'est ce que tu as à m'apprendre sur toi?"

Si il me faisait exister, alors j'avais certainement le droit de lui poser des questions, moi aussi.

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La voix de la femme se fait presque normale quand elle me pose une question. Cela m'intrigue et je répond très franchement.

"Oui, je suis le type à l'entrée supposé éviter que des gens ne viennent squatter les chambres vides. Pour ma part, j'aime pas le gâchis."

Ce qui est certain est qu'en travaillant au milieu d'une équipe, je finis toujours par donner une volonté de rébellion à l'ensemble de mes collègues. Tôt ou tard, à mon contact, tous finissent par désobéir et remettre en question leur patron. Je sais que je n'en ai plus pour longtemps à travailler ici, cela se comptera sans doute en mois ou en semaines. Ais-je la capacité de ranger mon aura sur le temps de travail ? Parfaitement. Est-ce que je vais le faire un jour ? Naaah !

Sa voix me sort de mes réflexion. La question est si étrange, est-ce qu'elle veut que je sorte ? Je me remémore la chambre et fini par répondre en secouant la tête.

"Il n'y a pas de douche ici. Par contre, il y a une grande baignoire dans la salle de bain, il y a des peignoirs... Bref, fais comme chez toi, Thaïs."

Moi, je sais que je ne bougerai pas d'ici. Elle est trop intéressante.

Je la regarde attentivement, peser le pour et le contre sur ses révélations. Finalement, la nature profonde parle à travers elle et elle m'envoie à nouveau chier bien proprement. Je ne peux réprimer un sourire. Finalement, elle m'apporte un peu plus de précisions. Quelqu'un qui vit dans l'instant présent et qui n'a aucun compte à rendre à personne ? De mieux en mieux... Je la vois déjà être mes yeux et mes oreilles dans la rue, pour le compte de Malsheem. Son adorable caractère sera parfait.

Le soucis est que s'il était évident qu'elle pourrait m'être plus qu'utile, je ne sais toujours pas ce que moi-même je pourrais lui apporter. Je plisse un instant les yeux alors qu'elle me demande des précisions sur moi-même. Juste retour des choses, j'imagine ...

"Hé bien, je travaille ici, je n'aime pas cela mais il faut bien manger et se loger, j'imagine. J'ai excessivement mauvaise réputation donc si tu entends des saloperies sur moi à mesure de tes vagabondages, c'est parfaitement normal."

Sans rire, même parmi mes pairs démoniaque, j'avais très rarement la cote à part comme fouteur de merde en chef. Je conclue en écartant les bras :

"Pour le reste, je suis libre comme l'air !" Je me lève du siège en disant "Va te laver, je vais voir où en est le repas."

C'est vrai qu'après tous, les humains ont sans doute besoin d'un peu d'intimité. Et si mon invitée peut-être ne serait-ce qu'à peine plus détendue pour le reste de la soirée, je n'allais pas cracher dessus.

@Thaïs Gelosia

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"Bien joué, Sherlock..."

Je ne peux rien ajouter d'autre qu'elle me reproche presque de l'avoir pris elle plutôt que quelqu'un d'autre. Je hausse les sourcils sous mes lunettes de soleil avant de pouvoir retenir un rire d'incrédulité. Quelle fougue, je suis impressionné !

"Je te l'ai dis, je ne tiens pas à mon job. Donc on va appeler ça de l'altruisme..." Quant à 'pourquoi elle', je suis amusé de voir que la réponse n'est à ce point pas évidente à ses yeux. Cela rappelle mon sourire sur mon visage. "Parce que quelque chose me dit qu'on en aura pas fini après cette nuit, toi et moi."

Qu'elle comprenne ce qu'elle veuille de cette phrase, il y a bien longtemps que j'ai arrêté d'être gentil avec les gens juste par plaisir. Si elle peut se sentir redevable envers moi, ce n'est certainement pas moi qui vais la contredire. C'est peut-être d'ailleurs ça qui la met hors d'elle une phrase sur deux, elle tient sans doute à sa liberté elle aussi, heureusement que la demoiselle est tombée sur moi, du coup.

"Mais tu vas arrêter d'être aussi agressive ? J'étais juste étonné que tu poses la question auparavant sans te servir allégrement. Tu n'as pas l'air d'être du genre d'attendre la permission."

Une fois levé, j’entends son rire sur ma réputation. Ce rire à l'air sincère malgré tout et ce qu'elle dit me laisse entendre que nous avons beaucoup plus en commun que nos apparences et nos origines le laissent supposer.

Étrangement, pas de nouvelle provocations ou phrase négative à mon encontre alors que je sors de la chambre. Étrange... Aurais-je fini par trouver un moyen de l'apprivoiser ? Si elle m'est similaire, je sais d'avance que c'est peine perdue. Ce serait comme d'espérer me soumettre ou de me domestiquer, juste l'idée est risible. Je pense qu'avec Thaïs, si je veux garder cette nature farouche intacte, mais la garder auprès de moi, je vais devoir ruser.

Dans la cuisine, les commentaires graveleux se succèdent sur mon compte. Ils sont pas sensés travailler, ceux là ? Moi aussi, remarque. Certes ... Le chef me donne finalement mon plateau avec un clin d’œil complice : poulet rôti, pomme de terre et une petite bouteille de vin rouge. Je dois dire que l'odeur est particulièrement alléchante. Je remercie en partant et reçois une nouvelle vague de blagues salaces qui ne m'atteignent pas spécialement.

De nouveau dans la chambre, je pose le plateau près du feu et entend que Thaïs est toujours dans la salle de bain. Je frappe doucement à la porte.

"Princesse, t'as bientôt fini ?"

@Thaïs Gelosia

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Where have you been?

Pas fini cette nuit?

"Je comprend pas ce que tu veux me dire, et ça me fais chier. Explicites-toi, sinon j'explicite mes pompes dans tes lunettes."

S'il croit qu'il va me retourner dans cette chambre, il va pas être déçu: si il y a bien une chose demeurée intacte en moi, c'est bien ma virginité, et je compte bien la garder, quitte à lui casser quelques dents.

Sa remarque sur mon agressivité me surprend, et j’écarquille les yeux avant de pointer un doigt rageur vers son torse:

"Mec, je viens de perdre l'endroit où j'ai toujours vécu, et voilà qu'un type qui me marche dessus m'offre une nuit à l'hôtel, tu crois pas que c'est un peu suspect? Laisse mon agressivité où elle est, ça te permettra de te foutre au cul tes commentaire dessus."

Les insultes, où la meilleure armes pour se faire casser la gueule... Mais c'était plus fort que moi. J'allais tout de même pas lui dire: Oh, désolée, je suis confuse, c'est que c'est ma seule défense en ce monde alors je l'utilise à fond! tel la dernière des abruties.

Une fois arrivée à la salle d'eau, je ferme la porte à clé plus arrête de respirer. Les bruits de pas se succèdent jusqu'à la porte feutrées non loin, qui se referme avec un bruit mat de bois frotté.
Enfin seule, libre... et en sécurité.

Cette soudaine liberté me ait peur, mais je fait succéder les choses par ordre:

J'ouvre le robinet, et l'eau chauffe si rapidement que j'en suis éblouie. L'eau de la génitrice prenait si longtemps qu'il était rare de sentir la différence entre le froid et le tiède que le résultat donnait, et là... Ma main aurait fondue si je ne l'avais pas mise à l'abri.

Après de longues minutes de remplissage, je coupe une première fois l'eau. Ne voulant pas tout gâcher, je me décide à enlever mes vêtement un à un, puis les glisser à la surface de l'eau.
Le résultat ne se fait pas attendre, et la crasse descend au fond tel des poussières de cendre dans le ciel. je n'y touche pas et regarde le mouvement un moment, avant de claquer mon t-shirt contre l'eau. L'effet soudain mélange le tout, et l'eau devient grise.
Je met du savon avec parcimonie, puis m'attèle à la tâche: je frotte comme une forcenée tout les textiles qui retrouve une couleur d'origine que je n'ai jamais connu, et au bout du compte les essore pour les passer contre le radiateur de bain qui chauffe plein pot (encore quelque chose d'inconnu au bataillon de Géni...).

Je change l'eau cendrée et la baignoire retrouve sa couleur d'origine.
C'est à moi, et je prend tous le temps qu'il faut pour m'allonger dans l'eau maintenant transparente.
Si j'avais pu, j'aurais certainement bandé.

Je me mouille intégralement, même derrière les oreilles, et remarque que l'eau là aussi devient grisâtre. Je frotte l'épiderme, nettoie les cuticules, gratte le troupeau capillaire.
Je recommence avec le savon qui rajoute du gris au gris de l'eau, et refais plusieurs fois le tour de mon corps au savon jusqu'à ce qu'il apparaisse comme immaculé.

Après ce temps d'allégresse pur, je m'assois sur le tapis de bain devant le chauffage, comme assommée par le moment.
Si la génitrice me voyait, elle serait certainement transie de rage.

Je en sais pas combien de temps je reste ainsi, mais assez pour qu'on toque à la porte.
Surprise, et dans al peur qu'on m'oblige à sortir, je m'entortille dans une serviette et entrouvre la porte pour ne faire passer que mon visage.

Ce n'est pas un membre du staff, mais bel et bien le rouquin, chargé par un plateau dont les odeurs me font pâlir immédiatement.

Mmes cheveux encore mouillés me goutte dessus, et j'exprime ma confusion par un bégaiement:

"Merci... J'arrive, je m'habille et j'arrive."

Je referme la porte derrière moi, et me remet au séchage au pas de charge, et finalement je reviens dans un peignoir mis tant bien que mal, voulant finalement laisser mes vêtements là où il sécherait le mieux: davant le chauffage.

"Je ne t'ai pas trop fait attendre?"

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Visiblement, miss n'aime pas être dans l'incertitude. Une qualité, sans doute, quand on côtoie quelqu'un comme moi. Dommage, j'aurais aimé la laisser un peu dans le flou mais c'est sans compter sur son franc parlé visiblement. Je hausse les épaules, cela n'a strictement aucune importance.

"Laisse mes lunettes tranquilles... On ne va rien faire de mal, ne t'inquiètes pas."

C'est dommage, il ne lui manque pas grand chose pour que ses menaces fassent mouches. Il y a cependant cette peur latente derrière. J'aime beaucoup sa férocité et je ne vais rien faire pour l'apaiser, c'est certain.

"Bien sur que je considérerais cela comme étant vraiment très suspect ! Toi aussi, visiblement... et pourtant, tu es là."


Je suis surpris de constater qu'elle m'ouvre la porte sans même me répondre ou m'envoyer chier. Ses yeux semble même être rassurés de voir qu'il ne s'agit que de moi. A présent, il y a une très forte odeur de savon qui flotte dans l'air, je me demande ce qu'elle a essayé d'effacer avec tant d'acharnement.

A deux doigts de lâcher ma propre mâchoire du bas quand j’entends se formuler une marque de reconnaissance dans sa bouche, je réponds avec une douceur qui ne me ressemble absolument pas.

"Je t'en prie."

Je m'installe alors à nouveau au coin du feu et met le peu de couvert qui peut être mis. Thaïs revient à peine quelques minutes après, propre, bien plus détendue, et surtout polie. On dirait que ce bain a entamé la carapace qu'elle a du mettre des années à construire. Pour mon plus grand bonheur, elle n'est enveloppée que d'un des peignoirs de l'hôtel.

L'invitant à s'installer, je lui fais un sourire qui, pour une fois, n'a rien de moqueur. Après la fascination et l’intérêt que j'ai pour elle, une certaine estime s'est invitée. Si elle a vraiment du tout quitter ce soir, je ne veux pas trop la malmener. Aussi, je lui sert une généreuse assiette de nourriture.

"Cela te va ? Je n'ai pas eu le choix du menu pour ce soir."

Un visage détendu lui va vraiment bien, elle est agréable et étonnante à regarder. Sous mes lunettes, je la détaille et cela se devine plus que cela ne se voit. La verrais-je aussi passionné ce soir ? Je pense que mes chances sont minces, surtout si je ne veux pas forcer les choses même si l'idée est particulièrement alléchante.

Cependant, je ne veux rien faire pour briser cette femme, au contraire, je veux renforcer ce caractère farouche. D'un autre côté, elle m'a aussi avoué qu'elle vivait au jour le jour, voire d'heure en heure. Peut-être alors ?

"Dis-moi, je suppose que tu recherches un job toi aussi... Quels sont tes capacité ? Je te demande ça juste par curiosité, je n'ai rien à offrir."

... Pour le moment, du moins.

@Thaïs Gelosia

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Where have you been?

Il avait raison. J'étais là. Je l'avais suivi ici, et j'en étais plutôt satisfaite en plus. En plus on parlait, plus je me calmais.
Etait-ce le fais de la discutions, une aura certaine venant de sa part, ou tout simplement le fait que s'il avait voulu quelque chose de moi, avec mon poids et ma corpulence, il aurait déjà pu l'obtenir en forçant les choses au lieu de s'asseoir et de chercher à avoir des renseignements sur moi.
Non, il était certain qu'il y avait plus que le sexe dans son geste de m'emmener ici.

"Alors... Que veux-tu de moi exactement?"


La douceur de son ton me colle un frisson. Un homme qui vous sauve de la rue et vous parle ainsi, sans aucune demande de sa part.. Soit c'est un ange, soit c'est un dérivé de ça.

Nous nous installons dans le salon, et je me met en tailleur sur ma chaise, plus détendue que jamais, et surtout morte de faim.
L'odeur me titille les narines, et je me précipiterais sur la bouffe si je n'avais pas une once de dignité pour me laisser gentiment assise à regarder mon sauveur mettre la table.

Il me sert même, et je commence à saliver beaucoup plus que de raison en voyant la portion.

"C'est plus que je ne pouvais espéré dans une première nuit sans domicile. Je ne comprend pas encore tes intérêts, mais merci."

Je prend ma fourchette calmement, mais la faim prend le dessus pour le reste: je mange à une rapidité affolante, et finie l'assiette en moins de cinq minutes avec l'espoir de pouvoir en reprendre. Mais je n'ose pas interrompre les pensées de l'homme qui m'observe silencieusement.

Finalement, la question du boulot se pose.
Est-ce pour ça qu'il m'a emmené ici?

J'essaye de réfléchir à autre chose que ma satiété, un boulot, ou quelque chose qui y ressemble, mais rien ne me vient.

"Je n'ai jamais pu travailler. Je ne sais pas ce que tu entend par capacité. La seule chose que je peux te dire, c'est que je sais me débrouiller, et j'apprends vite. Et si tu n'as pas de boulot pour moi... Pourquoi cette question?"

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"Ce que tu seras prête à m'offrir."

Visiblement, la nourriture est toujours un langage familier pour la totalité des animaux sauvages que l'on veut apprivoiser. Je la regarde saliver devant la nourriture et sa question, juste avant de se jeter dessus me fait réfléchir.

Comment lui expliquer ce sentiment qui m'anime ? Très franchement, je veux juste me distraire ce soir, rien de plus. J'ai renoncé à l'enrôler parmi les miens parce que ce serait un gâchis monumental. Elle est étrange, totalement hors norme, si c'était possible et pas simplement du suicide, j'en collectionnerais plein des comme elles. Sauf qu'il n'y en a pas deux comme elle...

Sans me laisser le temps de répondre, voilà qu'elle englouti littéralement toute son assiette en quelques minutes. Pour ma part, je n'ai même pas eu le temps de m'installer pour commencer mon propre repas.

"Je te l'ai dit, simple curiosité... De toutes façon, travailler avec moi n'est jamais spécialement conseillé quel que soit le job."

Enfin, sauf s'il s'agit d'être sous mes ordres. Après tout, elle sait se débrouiller, peut-être qu'elle pourrait être une excellente source de renseignements... Mais j'imagine qu'un autre de mes congénère peut lui tomber dessus. Tous son assez rudes en ce qui concerne le retrait des informations.

Je commence à manger distraitement avant de lui dire :

"Ressers-toi allégrement ! Je te l'ai dit, je n'aime pas le gâchis."

Baphomet, la dame t'a posé une question ... Il est plus que temps de lui répondre même si cela ne va certainement pas lui plaire. Je doute qu'elle comprenne même ce besoin que j'ai de faire ce genre de choses totalement illogique.

"Le fait est que je m'emmerde dans la vie, je m'emmerdais ce soir, et puis je suis tombé sur toi, littéralement. Tu m'as parue intéressante alors je t'ai invitée, ce n'est pas plus compliqué. Très franchement, croire que je peux avoir un plan derrière la tête avant d'agir, c'est assez mal me connaître."

Je sais très bien de quoi ça a l'air, et j'admets que l'idée peut être particulièrement insultante. Je m'attend donc à mon lot d'insultes. Enfin, au moins elle saura la vérité et elle en fera ce qu'elle en voudra.

@Thaïs Gelosia

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Where have you been?

Je ne fais pas répéter l'homme une deuxième fois: s'il ne fallait rien gâcher, je voulais bien me sacrifier!
Le remplissement de ventre du départ devient un vrai plaisir gustatif à la seconde assiette. Mes papilles se réveillent d'avoir si peu manger, et souvent seulement pour ne pas crever et pas pour la saveur, et sans m'en rendre compte mes yeux commence à pleurer. Je ne suis pas une chialeuse (la génitrice me tabasserai pour ça), et lorsque l'humidité de mes joues m'indiquent que mes larmes coulent, je m'empresse de les cacher, puis les détruire d'une coup de paume bien placée.

Je garde le silence.  Ainsi donc, l'ennui profond le rendais presque altruiste? Je secoue la tête presque inconsciemment avant d'ajouter:

"Tu t'es trompé alors. Il n'y a rien à savoir sur moi, et je n'ai pas l'ombre d'un intérêt. Cependant, c'est assez flatteur que tu ais cru voir quelque chose... J'imagine que je ne suis pas tout à fait foutue alors."

Je laisse mes yeux planer un moment hors de mon assiette pour le regarder. Des yeux vifs, une barbe naissante, une posture flegmatique au bord de l'ennui, une silhouette mince sans être maigre. Un bel homme finalement, avec ses cheveux de feu et son regard de braises.

J'essaye de ne pas trop m'attarder, et fini par baisser mon regard sur mon assiette, un peu confuse.

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Je remarque une certaine émotion quand elle se ressert. Pour peu, j'aurais presque levé les yeux au ciel mais je me rappelle d'à qui j'ai à faire. Je suppose qu'on peut se permettre une petite faiblesse pour ce soir, elle a du vivre des choses pas marrantes et à l'échelle humaine, je sais que cela doit peser pas mal sur le cœur. Finalement, se laver aura sans doute plus entamé sa carapace que je ne l'aurais cru, amusant !

"Peut-être que je me suis trompé. Peut-être que tu es quelqu'un de parfaitement et désespéramment normale qui a fugué loin de chez elle et qui est à présent en quête d'un mari plein aux as pour couvrir tout ses p'tits besoins ..." je la regarde et lui décoche un sourire. "... Mais très franchement, j'en doute. Je pense que tu es sois plus intéressante que tu ne veux bien le laisser croire, soit que tu n'en as simplement pas conscience encore."

La femme me toise sans s'attarder plus que nécessaire avant de revenir à la nourriture. Je mange aussi, distraitement, et nous gardons le silence un moment, le regard plongé dans les flammes. Ce serait si décevant si je m'étais effectivement trompé sur son compte. Bon, au moins j'aurais fait chier mon patron pour ce soir.

Je fini mon assiette et la repose sur le plateau, un peu dépité par la tournure de la situation. Visiblement, ma présence la dérange, peut-être même mon aura. De toutes façon, si Thaïs ne s'ouvre pas un peu plus, ce n'est certainement pas moi qui vais forcer les choses.

"Du coup, je suppose que tu préfères que je te laisse tranquille pour la nuit ?"

Très sincèrement, cela m'étonnerait qu'elle révise son jugement et veuille un compagnon pour la nuit. Si c'est le cas, alors j'avais raison sur son compte, sinon, je suis parti pour une nuit en solitaire.

@Thaïs Gelosia

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Where have you been?

Réparant les dégâts de mon enfance de merde, je ne remarque pas l'air exaspéré de mon hôte. Ce 'est que lorsqu'il me déblatère ses conneries sur le mariage que j'arme mon poing du couteau est l'enfonce d'un coup dans le bois de la table à quelques centimètre de son poignet.

"Je ne suis pas un vagin à vendre, si ce que t'essaye d'insinuer. Je peux faire tout les boulots, je m'en tape royalement, mais si tu penses que je ne suis qu'un clébard en manque de thune t'es tombé sur la mauvaise clocharde. Et maintenant, je peux terminer mon repas sans entendre ce genre de débilité, ou je doit vraiment t'enfoncer ma fourchette dans l'œil?"

Avec la génitrice, c'est moi qui me serai tue. Même tabassée ou attachée comme ça pouvait l'être, j'aurais fermé ma gueule jusqu'à la mort.
Mais la nourriture était bonne, le lieu luxueux, et l'homme pas ma génitrice.

Nous voilà donc dans un de ces repas silencieux, le rouquin ayant finalement décidé que le silence était d'or, et je finis jusqu'à la dernière miette avant de formuler après sa question:

"Au risque de te surprendre... Je n'ai jamais dormi seule. Et je serais ravie que ce soit le cas aujourd'hui. Si tu sort, je serais contente. Si tu reste, je dormirais quand même. Si tu sort puis rentre ou si t'essaye un truc, je te plante sans aucune hésitation."

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Je regarde la lame du couteau qui vibre encore. Le message est manifeste, elle est persuadée que je veux procréer avec elle ce soir... Ce n'est absolument pas le cas ! Enfin, si, j'aimerais bien, mais m'en faire accuser toutes les cinq minutes m'a un peu passé l'envie. Je soupire.

"J'ai justement dit que tu n'étais pas comme ça, Thaïs ..."

Je la regarde finir son repas. Une fois que son assiette a été plus qu’impeccablement nettoyée et replacée sur le plateau, je le prend et me lève pour le rapporter. C'est sans doute partie pour une petite séance de moquerie sur ma sois disant partie de jambes en l'air. En fait, tout le monde a l'air d'insinuer que cela peut (et doit) se faire ainsi. Pour ma part, j'y aurais bien ajouté un peu plus de sacralité qu'un simple "passe temps amusant".

Je me lève donc, chargé de mon plateau.

"Soit alors... Je te laisse tranquille. Bonne nuit gamine."

@Thaïs Gelosia

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Where have you been?

Finalement, le type s'en va sans demander son reste, et je me retrouve seule, un peu comme une conne.
Je tourne en rond dans ma chambre de princesse, testant les draps de soie sous ma peau qui ne le mérite clairement pas, me vautrant même sur la moquette, ivresse de vie puérile pour combler le stress, l'angoisse et aussi l'ennui.

Et finalement, à poil dans le fauteuil de cuir, le manque vient.
ça fait des heures que j'ai pas tiré sur une clope.

La fumée.
ça aussi, ça m'était interdit.
Mais là où je vivais, la cigarette était partout, tous le temps la. La génitrice fumait, ses mecs fumaient, et l'appart ressemblait à une fête où tout le brouillard du monde était convié.
Dégoutée de prime abord, j'avais finalement pris l'habitude de l'odeur, jusqu'à l'apprécier. Puis, lorsque je fut assez grande, je piquait les briquets oubliés pour tirer sur les dernières lattes des mégots de chacun.
J'avais toujours fumé presque, et toujours de cette manière, ou presque.
Parfois, quand la matriarche dormait, torchée, je lui en avait piqué dans ses affaires, ou celles de ses mecs. Elle se souvenait jamais du nombre qu'il lui en restait, tant qu'il en restait. Celles que je volais étaient précieuses, parce que c'est la seule chose que je raquais qui était entier.
Et maintenant, le besoin tapait à ma porte.

Alors je passe sur le balcon, et le vent me glace les os.
J'ai pas de clope en réserve, mais en dessous de moi, je reconnait les mèches rousses de mon sauveteur.
Alors je lui crie:

"Hé, Azrael! Tu viens?"

Autant pas lui dire que je le fais monter pour une clope. Au meilleur des cas, on discutera en plus, dans le pire il dira d'aller me faire foutre.

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"Mais quand je vous dit que je n'ai rien fait avec elle !"

Le chef lève les yeux au ciel alors que l'un des autres agents de sécurité se moque ouvertement. Je dépose le plateau avant de m'éloigner. Après tout, la nuit m'attend toujours...

C'est alors que j'entends derrière moi :

"Si t'es infoutu de lui faire quoi que ce soit, moi j'y vais !"

Immédiatement, j'attrape le type qui est infiniment plus costaud que moi pour le coller contre un mur en le tenant par le col uniquement. A travers mes lunettes, je le fusille du regard mais je garde le silence.

Les humains, dans leur idée de récompenses/paiement sont finalement les candidats parfait pour les démons de tout bords, pas étonnant qu'ils se fassent aussi souvent avoir. Pourquoi ne pas simplement user son libre arbitre pour faire des choses sans queue ni tête ? Être toujours en quête d'une quelconque rétribution était vraiment un passe-temps ridicule.

J'envisage donc de frapper purement et simplement ce visage qui me fait face et qui passe de l’hilarité à une certaine panique. Je pense aussi à lui dire ses quatre vérités et à me défouler sur lui une bonne partie de la nuit. Pendant un temps, j'envisage aussi de le laisser aller retrouver la fille... l'imaginer se faire recevoir par un couteau acéré serait certainement quelque chose de très amusant à regarder.

Finalement, après délibération, je le lâche. Il retombe au sol et reprend des couleurs petit à petit alors que je comprend que je lui ai serré sans doute un peu trop la gorge. Bon, au moins j'ai acheté son silence sur cette nuit, ou je me suis offert un joli licenciement, au choix.

Pour ma part, je sors sans un regard en arrière. L'homme ne me répond même pas, ou n'est peut-être plus en état, j'en sais rien, je m'en fiche royalement. Dehors, l'air frais me fais du bien. Je me demande où je vais aller à présent quand j'entends une fenêtre s'ouvrir derrière moi, en haut. Je me retourne et je vois Thaïs qui m'interpelle. Je suis perplexe, aurait-elle besoin de moi ? Je souris, se sentirait-elle seule, finalement ?

"Je viens."

Je retourne donc dans le hall. L'agent de sécurité me voit et se protège instinctivement avec ses bras et des gestes pitoyables. Je continue mon chemin sans le regarder et appelle directement l'ascenseur qui monte jusqu'au quatrième étage.

Devant la porte, je frappe et demande :

"Tu te languis déjà de moi, princesse ?"

Visiblement, la nuit attendra.

@Thaïs Gelosia

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Where have you been?

Son regard se braque sur moi, et je remarque son petit sourire.
Il me répond comme s'il s'y attendait, et après quelques minutes le voilà derrière ma porte.
Et maintenant?

Plusieurs options s'offrait à moi, et je n'avais pas assez de temps pour les étudier toutes, bien que certaines, fugaces, m'ait traversé l'esprit.

Je pourrais d'abord le tuer, lui voler ses clopes, peut être des clés de voiture (toujours pratique dans une ville), ou d'appartement, et possiblement un portefeuille.
Cependant, je me ferais certainement prendre, et en plus malgré tout, ça me ferais sacrément chier de le tuer.

Deuxième option, coucher avec. Si l'idée de faire du sexe ne me tentais pas plus que ça, au moins je savait que la plupart des hommes y succombaient (C'était l'arme principale de ma génitrice pour éviter de payer ses consommations dans à peut près tous les domaines), et je savait que sa la ferait profondément chier: Si elle avait bien préservé quelque chose de moi, c'était bien ma virginité. à quel dessein? J'espérais jamais le découvrir. Peut être seulement parce qu'elle ne voulait pas que je lui vole "ses" hommes, ou qu'elle ne voulait pas que je tombe enceinte. Ou les deux.

Sinon, il y avait encore la demande cash, lui prendre une clope malgré son dépit, et refermer. Ou l'inviter à discuter un peu. Entre le cul et la mort, ça semblait être le moyen le plus diplomate.

Sa question espiègle me ramène à la réalité, mais la seule chose qui coince dans mon esprit, c'est "princesse".
Je ne pouvait certainement pas tuer quelqu'un qui m'appelait avec un si joli dénominatif, moi qui n'était clairement pas belle, si?
A moins que ce soit du foutage de gueule.

J'ouvre la porte et demande:

"La princesse n'est pas dupe. Elle veut seulement un peu de compagnie, et surtout de quoi fumer. ça fait des heures qu'elle s'est pas faite son lot de fumée."

J'ouvre plus grand la porte pour le laisser entrer, glissant le couteau dans mon peignoir. L'avenir nous dira si j'en ai besoin, ou si le crapaud cache vraiment une princesse.

Codage par Libella sur Graphiorum

Je sens comme une hésitation. Que prépare-t-elle ?

La porte s'ouvre sur une Thaïs toujours en peignoir. Je me sens à nouveau sourire à sa phrase. De la compagnie, n'est-ce pas ? Cela me va. De quoi fumer, par contre...  Je ne peux malheureusement rien faire pour elle, j'ai horreur de la cigarette, d'autant plus ces derniers temps que l'image du fumeur revêt aussi une image de prisonnier. Bien malheureusement pour moi, je ne vais pas pouvoir la satisfaire et je m'apprête à le lui dire quand je me souviens que c'est pour cette précise aversion que j'avais substitué un paquet à l'un de mes collègue.

Dois-je la laisser fumer ici ? Après tout, c'est totalement interdit ...

Avec cette perspective, je sors le paquet dans lequel il ne reste plus que six de ces machins. Je me demande d'ailleurs si ce sont des cigarettes normales ou améliorées. Je sais juste que ça faisait bien chier le propriétaire de les avoir "perdues". Finalement, j'en sors une de son paquet pour la tendre à Thaïs.

"Je pensais que toi et la dépendance, ça faisait deux..."

J'entre dans la chambre et saute sur le lit déjà déjà défais. Ce truc est si immense qu'on pourrait dormir à trois sans problèmes, ou a deux dont un avec les ailes déployées. Je devrais sans doute me pouvoir de l'un de ces machins chez moi.

"Alors, de quelle genre de compagnie tu as besoin ? J'ai toujours du mal à comprendre les intentions des gens." mes yeux se lèvent vers mon invitée. "Presque autant qu'ils ont du mal à interpréter les miennes, d'ailleurs."

@Thaïs Gelosia

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