I know you do

La musique, résonne lancinante, entre les quatre murs du loft.
Des anneaux de serpent sinuant à vos tympans.
Langueur d'anguille, poisseuses de souffre.
Déhanchés, subtiles et tortueux.

Clope au bec, une bouteille à la main, je danse pieds nus sur les tapis. Je n'ai qu'un vieux jean troué sur le cul : la flemme de compléter.  Je continue de tournoyer. Deux bouffées de nicotine, une gorgée de vodka, trois pas à rouler mes os sous cette cette peau trop fine.

Transe extatique osmotique.
Solitude indolente, en attente...
Personne pour admirer mon show.
Vesper -ou sa cousine en squat, je suis perdu à force- bosse. Asmodée est accaparé par Malsheem. Elie ronronne avec Kaelig. Cristian aime se faire oublier. Mes leçons de de sorcellerie avec Earl sont au point mort. Tout le monde a une vie bien plus remplie que la mienne et se fout bien de savoir à quoi je m'innocupe.

Je suis la personnification de l'errance.
Languide, doucereuse, empoisonnée.
Sexy en diable mais enfermée dans une boite.
Je suis une putain de femme au foyer délaissée.

Vieux rire pour moi même.
Pathétique.
Un peu bourré.

Ce corps là a besoin de s'exténuer mais l'univers piétine au ralenti : les chasses, les investigations, le monde  entier a pris cette couleur de brouillard qui rend tout statique. Même le sexe sauvage avec des inconnus n'a plus rien d'exaltant.

Je veux pouvoir être utile.
Je veux pouvoir accomplir des choses.
Mais c'est bien plus dur de sédentariser que de perpétuellement courir.  On s'aperçoit que l'on n'a rien construit, tien qui ne soit qu'à nous.

Gorgée de Vodka. La bouteille est terminée. Je la jette sur le canapé, continuant à délayer l'ivresse, bras levée. Courbes sinusoïdales de mes vertèbres. Fluide. Yeux mi-clos sur la fin de solo.
Quand je bas des paupières je me rends compte que je suis observé.

-  Salut... que je fais avec un sourire vaporeux à Asmodée. Tu veux danser ?

Il a pas la gueule à vouloir. Il a se petit plissement de front d'adulte qui va me gronder. ça me fait glousser.

- Tant pis pour toi...

Je remets la musique encore une fois.
Une boucle qui dure depuis des heures...

Ciulin est en train de boire dans le salon, pied nus, torse nu... Ca sent la vodka d'ici. Les choses ont dérapées à un moment, je sais pas bien pourquoi. Il y a une effervescence palpable partout et je vois Ciulin s'écarte du monde, regarder le manège. Et rager parce qu'il tourne sans lui. Je l'observe faire, inquiet. un chouia agacé après le message de Kaelig, aussi, faut l'avouer.

-Salut...
-Salut.
-Tu veux danser?
-Non. Pas vraiment, Asti min.
-Tant pis pour toi...

Je l'écoute se marrer et j'avoue que ça me fait monter la pression. Un peu. Ca serait comme avoir du poil à gratter dans le pull, c'est irritant. La musique repart et je jure sur Odin que si je l'écoute encore une fois en entier, je fous le feu à ce loft.

-Asti min...

Ciulin danse sans vraiment prêter attention. Je coupe la musique et je fais en sorte de lui faire face.

-Ciulin. Stop. Qu'est-ce qui se passe, putain? Tu veux pas, je sais pas moi, me parler un peu?

Parce que t'es muet comme une carpe depuis des jours et qu'en plus de ça tu donnes de nouvelles à personne et sincèrement, ça commence à m'angoisser. Ta nonchalance feinte face à tout ça me donne envie de te secouer comme un prunier. Je suis mort d'inquiétude.

-On t'a attendu... Avec Simone et Amon. Un truc s'est pas passé comme prévu?

Dis moi que tu t'en souviens... Parce que sinon ça veut vraiment dire que tu vas mal...

AAAh... Il a ce petit air pincé des grands jours de daronnade. Ces rares moments de tirage de gueule qui me donne encore plus la sensation crasseuse d'être un irrécupérable petit con. J'ai pas envie de la voir cette expression là.

Pas aujourd'hui.

La musique est guillotinée brutalement. Adieu musique.

- Pourquoi t'as éteiiint !??? protestation un peu molle.
- Ciulin. Stop. Qu'est-ce qui se passe, putain?
- J'adore cette zik...
- Tu veux pas, je sais pas moi, me parler un peu?

Je te regarde, une expression d'incrédulité avinée sur la face.

- Ben on parle, là... nan?
- On t'a attendu... Avec Simone et Amon.
- ...Quoi?!

J'ai failli m'étouffer avec ma fumée de cigarette et un début de ricanement. Je suis en train de me faire passer un savon parce que j'étais pas à une réunion de Malsheem dont j'étais même pas au courant ?
Meilleure blague du millénaire !
Je tousse un peu avant de tirer une nouvelle latte. Je regrette d'avoir fini l'herbe de mon frère. Là, je ne serais pas contre me rouler un joint.

- Un truc s'est pas passé comme prévu?
- Un truc ?... Je sens bien un truc qui bouillonne en moi et qui monte en ébullition petit à petit. Je sais pas moi, : une adresse, un horaire, un jour... T'es con ou bien ?!

Cette fois-ci, je me tiens droite devant lui. Je ne ris plus.

- Fais pas genre que j'étais désiré alors que t'as même pas pris le temps de me spécifier la moindre information à ce sujet ! Ma voix monte crescendo de volume. Je demandais pas un carton d'invitation, un post-it sur le frigo aurait suffit ! RAHAT! ON VIT ENSEMBLE MAIS CHUIS PAS TÉLÉPATHE !

Reniflement, lippes pincées.

-  Chuis télékinesiste... et encore, pas un très bon. Putain... Et puis merde! Si c'est pour m'faire engueuler tu peux retourner magouiller avec tes potos de Malsheem. Allez bien vous faire foutre !

J'écrase ma clope dans le cendrier et je tourne casaque, en quête d'un autre truc à boire.

Ca part en couille en littéralement trois secondes. Ma tentative d'y aller doucement se fait pulvériser par la fureur de Ciulin. Ca me fout les nerfs en pelotte. J'admets ne pas avoir été précis sur cette rencontre.

-Une adresse, un horaire, un jour... T'es con ou bien?!

J'écoute. Iel est en train de s'enerver tout.e seul.e.

-Fais pas genre que j'étais désiré alors que t'as même pas pris le temps de me spécifier la moindre information à ce sujet !
-Que je fasse pas genre?! T'es sérieux, là?
-Je demandais pas un carton d'invitation, un post-it sur le frigo aurait suffit!

Je hausse les sourcils assez haut pour sentir mes muscles frétiller.

-RAHAT! ON VIT ENSEMBLE MAIS CHUIS PAS TELEPATHE !
-Non mais tu m'vois tous les jours. T'aurais aussi juste pu poser la question, si ça te tenait à coeur.

Les muscles de ma mâchoire se contractent malgré moi. Putain, iel est en train de me gonfler, sérieusement.

-Chui télékinesiste... et encore, pas très bon. Putain... Et puis merde! Si c'est pour m'faire engueuler tu peux retourner magouiller avec tes potos de Malsheem. Allez bien vous faire foutre !

Je prends sur moi pour ne pas me mettre à hurler.

-Avec mes potos de Malsheem?

Je secoue la tête. J'en crois pas mes oreilles.

-Va falloir grandir un peu, Ciulin. Tu veux être traiter comme un membre à part entière de Malsheem. AGIS COMME TEL. Malsheem est un réseau secret, Ciulin. SECRET. La vie des gens qui nous font confiance dépend de ça. tu captes ou je te l'écris sur un post-it? Et j'en ai rien à foutre, que ça soit tes potes. Tu les fous en danger, autant que nos membres mais hey, j'vais retourner magouiller. Et aller me faire foutre pendant que tu bois pour étouffer la solitude dans laquelle tu t'enfermes tout seul. Oh attends, est-ce que ça aussi, c'est ma faute?

Je m'éloigne pour sortir prendre l'air, je me sens crépiter. Je me sens perdre le contrôler. j'inspire un grand bol d'air frais, je me concentre dessus pour reprendre le contrôle un minimum. C'est en train de partir en couille.

- Mais voilàààà on tient la veritéééé : Pour toi chuis juste un sale gosse qui se paie un p'tit caprice ? Hein ? MOI ET MON IMMATURITE ON T'ENCULE A SEC AVEC DES GRAVIERS ! T'ENTENDS?!
- Malsheem est un réseau secret, Ciulin. SECRET. La vie des gens qui nous font confiance dépend de ça. tu captes ou je te l'écris sur un post-it?
- VA TE FAIRE FOUTRE ! Tu crois que je balance tout ce que chais au premier venu ! TU ME PRENDS VRAIMENT POUR UNE BURNE !!!?

Je suis outré, d'autant que je ne sais pas à quoi il fait allusion. L'accusation est injuste  et injustifiée!

- J'en ai rien à foutre, que ça soit tes potes. Tu les fous en danger, autant que nos membres mais hey, j'vais retourner magouiller. Et aller me faire foutre pendant que tu bois pour étouffer la solitude dans laquelle tu t'enfermes tout seul. Oh attends, est-ce que ça aussi, c'est ma faute?

Épiphanie.
Il parle de Earl ? C'est le seul à qui je m'en suis confié. L'enfoiré, il parle de Earl... C'EST MON FRERE ! MA FAMILLE ! UN GARS SUR. Et il m'écoute, lui.
Tu me fuis et ça me fout dans une rage incommensurable.

- ME TOURNE PAS LE DOS ASMODEE !

J’attrape la première bouteille qui me passe sous la main et je la balance. Elle vient s'écraser contre la vitre du balcon, badigeonnant la surface transparente d'un jus mordoré. Whisky. J’espère que c'était ton préféré.

- Regarde moi dans les yeux quand tu m'accuses !

Je suis à deux doigt de lui foutre mon poing sur la gueule.
J'ai une brusque et terrifiante envie de chialer en même temps.

- Donc on en est là... à se rejeter la faute comme un vieux couple à chier. La vérité c’est que tu communiques que dalle, que tu es tellement habitué à agir en solo que tu sais plus  comment faire pour partager ! Simone a eu 200 d'entrainement pour devancer tes désirs et Amon est UN ENCULE DE DJINN MASTERMIND! MERDE ! Chuis un pauvre être humain de même pas trente piges qui arrive à peine à ce gérer!!! Mais c'est ça ! Joue-la toi Boomer de mes couilles QUE J'AI PAS ! Méprise-moi du haut de ta longue expérience. T'as bien raison, Ass, je sais rien... de rien.

J'ai un vieux rire qui grince et j'ai les yeux qui s'embuent.
Oui, je suis un pauvre gamin insignifiant.
Merci de mettre le doigt dessus, j'avais pas vraiment compris...

- Et voilà... Odin t'a uni a un magnifique déchet : immature, alcoolique, à la ramasse et inutile. Chuis incapable de garder un taf, interdite de réintégration dans ma Ligue, infoutu d'encaisser le TDI magique de ma meuf et, avec un super pouvoir aléatoire que je n'arrive PAS A MAÎTRISER qui m'fait pousser des RONCES MAGIQUE SUR L'CUL ! Alors, ouais.. vas-y... accuse-moi d'être une balance tant qu'on y est. Chuis pas à un peu plus ou un peu moins sur ma liste de ratés.

A mon tour de te tourner le dos. Je veux pas que tu les vois mes larmes. Ca ne ferait que te donner raison. Je dégoupille un rhum douze ans d'âge pour les diluer au goulot.

- Je devrais peut-être retourner faire la pute... au moins, pour ça, je suis doué.

- ME TOURNE PAS LE DOS ASMODEE !

Une bouteille éclate sur la baie vitrée. Bénis soient les vitres blindées... J'ai pas du tout envie de repayer une baie vitrée, non pas que j'ai pas les moyens.

-Regarde moi dans les yeux quand tu m'accuses !

Je me retourne pour lui faire face, machoire serrées, transformation au bout de la chair - jugulée-.

Je me prends une tempête de reproche dans laquelle est balayé Simone, Amon et mon incapacité à partager quoique ce soit. Encore elle. Si vous la connaissiez pas, maintenant vous savez. Elle existe, elle est là et c'est la cause de tout les soucis de la planète. Sa tête est mise à prix.
J'encaisse la rage avec les dents, j'encaisse les accusations, l'impression que tout est de ma faute et que je ne fais jamais assez d'effort.

-Et voilà... Odin t'a uni à un magnifique déchet.
-Putain! Mais c'est pas vrai!

J'écoute sa tirade et regarde Ciulin se détourner.

-Alors, ouais... vas-y accuse-moi d'être une balance tant qu'on y est. Chuis pas à un peu plus ou un peu moins sur ma liste de ratés.

Aaaaaaaaaaaaaaaaah MAIS FAITES LE TAIRE! C'est pas possible d'être aussi débilement violent avec soi-même! Même moi j'atteint pas ces sommets là! Putain!
J'empêche pas un long rale agacé de se promener le long de ma gorge.

-Personne. Mais alors PERSONNE t'a demandé d'encaisser quoique ce soit. j'crois que j't'ai jamais demander de te trouver ou de garder un taf - parce que soyons honnête, j'm'en fous,du moment que t'es heureux de comment tu vis. Ta Ligue, j'suis désolé et si j'peux agiter mes contacts pour te faire rentrer, tu sais que je le ferais, tu m'as juste jamais demandé. Encore heureux que t'encaisse pas le TDI magique de Vesper, pourquoi tu devrais? Personne t'as demandé d'être un surhumain, Ciulin. Personne!

Je secoue la tête en ricanant, tout ça me fout HORS de moi.

-J't'ai pas accusé d'être une balance, Ciulin. Arrête de prendre tout au premier degrés comme si j'étais là pour t'agresser constamment. J'm'en fous que t'ai pas trente piges! Y a une différence entre être jeune et être immature! Tu veux que je partage : respecte la SEULE règle de Malsheem que j'impose à TOUT LE MONDE. PERSONNE ne parle de Malsheem sans que j'en sois informé. PERSONNE. Pas toi, pas Simone, pas Amon. PERSONNE. Et que tu lui fasses confiance, qu'il soit muet comme une tombe ne change RIEN. Tu vas faire quoi, Ciulin? Quand des gens viendront s'attaquer au réseau? Et qu'ils vont tomber sur Earl - ABSOLUMENT PAS CACHER- et qu'il va se faire ARRACHER les informations de FORCE par un télépathe ou un mange souvenir? Tu réfléchis pas! Tu t'es juste dit que Earl, c'était un gars sur! Et j'apprends PAR TON PERE que Earl lui en parle tranquillement? Sérieusement?

Je grimace sous la pression de ma forme démoniaque que je jugule.

- J'fais des efforts et t'attend de moi une perfection, une pureté que j'ai pas! Tu t'attendais à quoi? A ce que  j'apprenne à partager d'un coup d'un seul? A ce que je pense à absolument tout? Putain, Ciulin. IL SUFFISAIT D'ENVOYER UN MESSAGE OU DE ME DIRE! Et j'ai du MÉPRIS POUR TOI? TU RIGOLES?

-Je devrais peut-être retourner faire la pute... au moins, pour ça, je suis doué.

Ca m'arrête net. Je sais juste plus quoi répondre. Qu'est-ce que je peux bien répondre, exactement?

-Qu'est-ce que tu racontes...? bordel... C'est pas vrai...

Je secoue la tête et je pousse un long soupire épuisé. J'suis épuisé. Epuisé parce que tout ce que je fais ou dis se déforme dans la tête de Ciulin - à tort ou à raison - et que je sais pas quoi y faire. Chaque tentatives d'amélioration est considéré comme normal, chaque oublis, échecs est considérés comme une volonté d'être un gros connard solo, une volonté de l'évincer. J'aimerais pouvoir changer à la vitesse de la lumière, j'aimerais. Mais c'est pas comme ça que ça se passe et j'ai l'impression qu'on fait que s'abraser l'un l'autre ces derniers temps. Je me passe la main sur le visage.

-J'suis sensé dire quoi, exactement. Sincèrement? Que t'es doué pour d'autre chose? Tu l'sais déjà, j'passe mon temps à te le dire. Que t'es pas un raté? Tu m'écoutes pas et tout ce que je fais de travers, tout ce que je dis de potentiellement négatif est soigneusement inscrit sur la liste de "pourquoi Ciulin est nulle" alors que j'ai jamais dit ça. J'peux pas non plus te dire que parler à Earl, c'était inconscient et que t'as trahi la seule règle que je t'ai demandé de respecter concernant le travail de toute ma vie, sans me prendre une volée d'insultes et des "de toutes façon tu me juges du haut de ton éternité" alors que, clairement, j'ai jamais fait ça. Jamais.

Je hausse les épaules.

-J'ai jamais dénigré ou nié tout ce qui se passait pour toi. J'ai même cru que je t'épaulais au mieux de ce que je pouvais faire. Pas parfait, ok. Mais là quand même. J'te reproche rien : ni ta jeunesse, ni tes insécurités, ni tes problèmes.

J'observe son dos.

-Jamais. Mais que tu prennes tout ça comme excuses pour partir en couilles sans essayer quoique ce soit pour t'en sortir. Parce que 'chui comme ça' et pas autrement.... Non. Je serais là pour te faire rendre des comptes. Parce que c'est aussi ça être partenaires, Ciulin, c'est accepter qu'on a des choses à faire pour évoluer - que ça soit toi ou moi. C'est foutre le nez de l'autre dans la merde pour qu'il agisse et veiller à ce qu'il fasse. Tu le fais avec moi. Je le fais avec toi. C'est comme ça qu'on avance et c'est comme ça qu'on progresse. Mais ça, là. C'est pas progresser, c'est pas s'expliquer. C'est juste toi qui vomis ton mal-être.

Je m'approche et le retourne.

-Parce que j't'ai jamais demandé d'autre. JAMAIS. Que d'être toi. Que d'être humain. Mais si tu trouves que c'est du mépris de ma part que de te dire que là t'as dépassé les bornes. Bah, Ciulin, on a plus rien à se dire. Parce que j'ai beaucoup de choses, pour toi, mais certainement pas du mépris, ni de la condescendance et je ne peux pas lutter contre toi pour toi si t'y mets pas du tien. Parce que t'as décidé de trouver toutes les preuves qui s'accordent avec ta vérité profonde que "tout ça, c'est trop beau pour être vrai. Forcément, que je suis inférieur à tout les gens autour de lui." et tout ce qui peut te donner raison, tu l'ajoutes à ta petite pile.

Je hausse les épaules.

-Quand y a besoin d'aider n'importe qui pour Malsheem, c'est toi que j'appelle parce que je sais que tu seras capable de gérer et que les gens seront rassurés. J'essaie de te parler de tout au fur et à mesure et peut-être que y a des ratés, mais j'essaie. Je t'ai donné les clés de L'eden, du Before et des autres clubs. Tu as libre accès a mon bureau. Libre accès partout dans ma vie. Je t'ai parlé de Rafney, de Kolbeinn. Je t'ai montré mon pays, introduit auprès d'êtres qui font parti de mon jardin secret. J'ai proposé et suis en train de faire les démarches pour t'introniser dans Malsheem au même titre que moi, Amon ou Simone...

J'ai un sourire exténué.

-Et malgré ça... Tu me dis que je te méprise, que je ne te veux pas vraiment là. Je ne peux pas faire plus, Ciulin. tu me demandes beaucoup plus que ce que je suis capable de donner. Et j'aimerais pouvoir faire plus. Mais je ne peux pas me battre contre ton mal-être alors que je découvre qu'apparemment j'en suis l'un des moteurs.

Je le regarde, passe la main dans ses cheveux et je m'écarte pour retourner vers la baie vitrée. Je m'affaisse sur une chaise et je regarde dehors.

Je contiens comme je peux tout cet océan qui veut foutre le camp par mes yeux. Tout à dérapé et je continue de dériver sur le sol gelé. Je ne sais pas comment on va faire pour s'arrêter avec que la glace ne craque et pète.

M'abandonne pas...

Tout son laïus est sensé. Une bonne part de moi le sait sincère et désemparé par mon attitude, un autre est dans le déni. Et ce morceaux là est prêt à se faire flamber avec la baraque. Je suis complètement con. Un cas désespérant et désespéré.
Lorsque je me confronte à son regard fatigué, à sa tristesse impuissante, je mange au centuple les coups que j'ai distribué.
Je suis en train de tout détruire.
De le détruire.
Bêtement.

- ...  Je ne peux pas faire plus, Ciulin. Uppercut en plein cœur. Tu me demandes beaucoup plus que ce que je suis capable de donner. Victoire par K.O.

Les sanglots réprimés percent mes défenses. C'est foutu. Plié. J'ai gagné mon sabordage. Après tout, ça n'était pas un peu ce que je voulais ? Qu'il finisse par baisser les bras, pour me prouver que j'avais raison ? Je suis une imbécile. La caresse dans mes cheveux est aussi douce que douloureuse. Il faudrait que je m'excuse, que je lui hurle que je suis désolé, que j'implore peut-être à genoux pour me faire pardonner. Mais je reste là,  figé, dans un état de sidération dramatique.

Me laisse pas, steplait...

- Et j'aimerais pouvoir faire plus. Mais je ne peux pas me battre contre ton mal-être alors que je découvre qu'apparemment j'en suis l'un des moteurs.

Tu t'éloignes. Trop d'énergie dépensée et perdue. Trop de dommages pour si peu. Je ne te mérite pas Asmodée. Je suis une putain de minable, immature et ingrate. Tu es en droit de me tourner le dos. Je m’effondre sur le carrelage, recroquevillé, dans l'ombre de ta position affligée. Je chiale. J’enchaîne les hoquets salés à m'en étouffer. Je répands toute ma flotte par terre. Jusqu'à me sentir sec.
Vide.
Essorée.

- Ce pouvoir... c'est le sien... que je balbutie après ce long moment de chagrin muet. Je suis terrifiée... Terrifiée à l'idée d'être comme ma mère.

Erratique, instable, dangereuse. Incapable d'aimer sans détruire.
Je me lève finalement et m'approche de toi. Une main sur ta joue, sur ce poil qui me picore le tendre de la paume. Expression désolée.

- T'y es pour rien.

Je pose un baiser délicat sur tes lèvres.

- Je t'aime.

Front à front, mon menton tremble un peu, mais les inondations sont belles et bien terminées.

- Je vais prendre des affaires et dormir chez Earl quelque temps. Prends soin de Vesper en attendant, ok ? ... J'embrasse ta tempe une dernière fois avant de m'éloigner vers la chambre pour faire ma valise.

Avant que ma détermination ne s’effrite.

Tu t'éffondres en larmes et je l'entends, tu sais. Malgré tes tentatives pour rester silencieuse, malgré le sang qui bat dans mes oreilles et le sifflement constant qui s'en échappe. J't'entends toujours quand tu pleures. C'est comme ça.
Affalé et gagné par l'épuisement, je te laisse dégorger. Je ne m'interpose pas, j'ai pas la force, tu vois. J'ai besoin de souffler deux secondes. Je passe la main sur mes yeux puis sur ma gueule en entière comme si je pouvais me débarasser de la fatigue, de l'impression collante d'être une machine à tout briser.

-Ce pouvoir... C'est le sien...

Je me tourne un peu pour l'observer, au sol, éffondrer. J'ai pas besoin de chercher qui. Je sais déjà qui. Sa mère.

-Je suis terrifiée... Terrifiée à l'idée d'être comme ma mère.
-T'as rien à voir avec elle. Pouvoir ou pas.

Iel se lève, s'approche de moi. Iel titube un peu fatigue et alcool mélangé, ajoutez à ça une engueulade du tonnerre et voilà.

-T'y es pour rien.

Sa main sur ma joue, je l'y laisse. Je l'observe. Iel m'embrasse. Je rends le baiser.

-Je t'aime.
-Moi aussi.

Son front contre le mien, je ferme les yeux.

-Je vais prendre des affaires et dormir chez Earl quelque temps.
-... Quoi?
-Prends soin de Vesper en attendant, ok ?...

Je mets un léger temps à procéder à l'intrégration complète de l'information puis je me relève pour l'attraper par le bras.

-Non. Arrête de fuir, Ciulin. S'il te plait. Ca rime à quoi?

Je ne comprends pas ce besoin de s'enfuir alors qu'on pourrait trouver des solutions ensemble, régler la situation. Mais est-ce que je suis vraiment bien placé pour lui dire quoique ce soit...? Est-ce que c'est la bonne solution pour aider Ciulin. Est-ce qu'il ne serait pas mieux que n'importe qui que moi gère ça?

-... Ecoute... Je... C'est comme tu veux. On a pas besoin que tu t'en ailles pour que ça aille mieux. J'aimerais que... Tu agisses pour aller mieux, toi. Et... Je crois qu'aller chez Earl c'est pas la solution. C'est juste... fuir en avant. Ciulin. Asti min.

Je prends son visage entre mes mains.

-Il faut que tu arrêtes de te fuir, ok? T'as besoin de faire face à ce qu'il y a à l'intérieur de toi parce que c'est pas aussi monstrueux que tu crois. C'est en train de te bouffer et c'est pas une fatalité, d'accord? J'peux pas choisir à ta place. Donc. Si tu penses que c'est mieux chez Earl, vas-y...

Mais j'espère sincèrement que tu décideras de rester ici.

-Non. Arrête de fuir, Ciulin. S'il te plait. Ça rime à quoi?
- J'fuis pas.. je....
-... Ecoute... Je... C'est comme tu veux. On a pas besoin que tu t'en ailles pour que ça aille mieux. J'aimerais que... Tu agisses pour aller mieux, toi. Et... Je crois qu'aller chez Earl c'est pas la solution. C'est juste... fuir en avant. Ciulin. Asti min.
-J'fuis pas...J'veux juste te protéger d'moi... Putain de voix qui repart en trémolo. R'garde toi ! T'as l'air plus défait qu'si t'avait passé une semaine dans l'Brouillard....J'te tue plus sûrement qu'une lame de Chamunda!

Me voilà reparti.
Foutu robinet qui fuit !

- J'en ai marre d'te faire du mal et d'te décevoir... J'veux pas que ça r'commence comme avec... avec...

Il sait très bien avec qui.
C’est toujours là quelque part.
Plaie qui a du mal à cicatriser.

-Il faut que tu arrêtes de te fuir, ok? T'as besoin de faire face à ce qu'il y a à l'intérieur de toi parce que c'est pas aussi monstrueux que tu crois. C'est en train de te bouffer et c'est pas une fatalité, d'accord? J'peux pas choisir à ta place. Donc. Si tu penses que c'est mieux chez Earl, vas-y...

J'agrippe tes manches, je froisse le tissus du costume haute-couture.

- C... Chais pu où j'en suis, Ass... ça se déverse encore et encore. Tant de flotte dans cette carcasse squelettique. Aberrant. Chuis paumé... Complètement paumé...

Je m’effondre contre lui. J'ai besoin de sa chaleur, de son contact, là, tout de suite. C'est aussi vital que de retrouver mon souffle. Je mets une poignée de secondes à recouvrir l'usage de  la parole. Je murmure dans le creux de son cou, tout contre le col de sa chemise.

- J'ai reçu un coup de fil de la WWE en réponse à ma requête de come back. Il ne veulent plus bosser avec moi. Mon ex-coach a balancé des preuves de dopage imaginaire et il a également laissé courir le bruit que si j'avais mis ma carrière de catcheur en hiatus c'était pour couvrir le fait que je me prostituais. J'ai zéro moyen de rattraper le coup. C'est juste... la vérité...

Je renifle sur un ricanement sinistre.

- C'est naze, chais bien, mais ça a juste.... fait péter les digues. J'voulais pas m'en prendre à toi...

J'essaie de m’essuyer les yeux , mais je suis trempé des sourcils au menton.

- Chais pas qui chuis, Ass.. Comment on peut s'fuir quand on a même pas d'point départ.... Débâcle nasale et rire épuisé. P'tain chuis vraiment une insupportable chialeuse quand j'picole...

-J'fuis pas...J'veux juste te protéger d'moi... R'garde toi ! T'as l'air plus défait qu'si t'avait passé une semaine dans l'Brouillard....J'te tue plus sûrement qu'une lame de Chamunda!
-Arrête, t'as pas besoin de me protéger de toi, Asti min.

Iel se remet à pleurer. Je l'embrasse sur le front.

-J'en ai marre d'te faire du mal et d'te décevoir...
-Tu m'déçois pas.
-J'veux pas que ça r'commence comme avec... avec...
-C'est pour ça que je pense pas que partir soit une bonne solution; Asti min...

Iel se remet à pleurer, encore et encore. Ca s'arrête pas. Je le laisse se presser contre moi, s'aggriper.

-Chais pu où j'en suis, Ass...

Son corps se fracasse contre le mien à force de sanglots. Je sais que tu sais plus.

-Chui paumé... Complètement paumé...

Ciulin s'écroule et je lea rattrape, je nous dépose doucement au sol. Je presse sa caracasse contre moi. Je lea laisse s'enfouir autant qu'iel a besoin. Mes mains accompagnent le mouvement avec douceur.

-J'ai reçu un coup de fil de la WWE en réponse à ma requête de come back. Ils ne veulent plus bosser avec moi.
-Ah bon? Pourquoi?
-Mon ex-coach a balancé des preuves de dopage imaginaire et il a également laissé courir le bruit que si j'avais mis ma carrière de catcheur en hiatus c'était pour couvrir le fait que je me prostituais. J'ai zéro moyen de rattraper le coup. C'est juste... La vérité...
-... hmm... C'est aussi le monde du show biz et du business tout court... Rien que mon équipe de com et mes avocats pourront pas régler, j'pense....
Je réfléchis un peu à voix haute.
Je colle ta tête contre le creux de mon épaule.

-C'est naze, chai bien, mais ça a juste... fait péter les digues.
-C'est normal.
-J'voulais pas m'en prendre à toi...
-Je sais bien, Asti min... Je sais bien...

J'entreprends de sécher ce visage baigné de larmes.

-Chai pas qui chuis, Ass.. Comment on peut s'fuir quand on a même pas d'point départ....
-Bah, en buvant, en faisant la fête et en baisant à tout va... En s'noyant dans mille trucs pour pas avoir à s'confronter avec ses inquiétudes là. Cela dit, tu sais pas qui tu es mais tu sais déjà qui tu es pas : pas un Sang Coureur, pas ta mère ni ton père, pas binaire, pas monoamoureuxeuse, pas exclusif... Ca fait partie de ce qui te définit.
-P'tain chuis vraiment une insupportable chialeuse quand j'picole.
-Arrête de te dénigrer. T'as l'droit d'etre mal et perdu. T'es pas une insupportable chialeuse. Tu chiales parce que ça va pas. C'est ok.

Je reste silencieux un moment avant de t'embrasser sur le front.

-Asti min... T'as besoin d'aide et de temps pour te trouver. T'as une maison, une situation stable et je ferais ce que je peux avec Simone pour te rendre le catch, si tu veux bien. Profite de cette occasion pour te découvrir et te soigner, d'accord?

Je t'embrasse tout court.

-J'vais nulle part et si tu veux et que tu te sens d'attaque pour ça. On regardera les professionnels qui peuvent t'aider et t'accompagner pour ça. Ok?

- Bah, en buvant, en faisant la fête et en baisant à tout va... En s'noyant dans mille trucs pour pas avoir à s'confronter avec ses inquiétudes là. Cela dit, tu sais pas qui tu es mais tu sais déjà qui tu es pas : pas un Sang Coureur, pas ta mère ni ton père, pas binaire, pas monoamoureuxeuse, pas exclusif... Ça fait partie de ce qui te définit. Arrête de te dénigrer. T'as l'droit d'etre mal et perdu. T'es pas une insupportable chialeuse. Tu chiales parce que ça va pas. C'est ok.

Je te regarde droit dans les yeux.
Tu m'as l'air encore plus beau qu'avant, encore plus admirable, encore plus...
Est-ce que c'est possible d'aimer quelqu'un au point d'avoir le cœur en purée de chou-fleur, ou je suis seulement un putain d'artichaut sentimental ?
Je veux juste te faire honneur, tu sais...

- J'ai tellement l'impression d'être un bébé...
- Asti min... T'as besoin d'aide et de temps pour te trouver. T'as une maison, une situation stable et je ferais ce que je peux avec Simone pour te rendre le catch, si tu veux bien.
- On va oublier le catch pour le moment, hein... Honnêtement j'ai pas super envie d'revenir côtoyer des gens qui sont prêts à tout pour m'foutre en l'air.
- Profite de cette occasion pour te découvrir et te soigner, d'accord?
- Me soigner ?

Ton baiser me prend de court. Il a un tel effet lénifiant sur moi que j'en oublie presque ma question. J'ai juste envie que tu laisses ta langue dans ma bouche plus longtemps. C’est chaud et réconfortant.

- J'vais nulle part et si tu veux et que tu te sens d'attaque pour ça. On regardera les professionnels qui peuvent t'aider et t'accompagner pour ça. Ok?
- Pour... Pour me soigner ? Je fronce les sourcils. Chuis pas malade, Ass...

J'ai pas de blessures.
Je pige pas.
Je pige rien ce soir.
J'ai trop bu de toute façon et presque autant chialé... Je percute.

- .... Tu.. Tu insinues que je suis dépressif ?

Un soupçon de panique m'agite.

- Lavinia... ça a commencé comme ça... les médocs, et tout...  Et ça a tout déréglé... Putain.. On y revient toujours à cette foutue famille de merde ! Je me frotte le visage avec mes deux mains. Et brusquement je lève la tête et  j’enchaîne sur un : Earl aimerait te rencontrer.

Je suis moi même surprise parce que je viens de sortir. Je bafouille une explication.

- C'est euh.. j'ai pensé à famille... et donc à Earl , parce que c’est lui que j'ai choisi. C'est ma vraie famille. Et... J'voulais qu'y sache juste qui était mon "mari"... Tu comprends ? Je me rappelle brusquement des mots échangés : Mon père cause avec Earl et il continue de te taper la discut' ?Vous êtes tous... copains ?

Je suis dans la quatrième dimension.

Je me doutais bien qu'on rentrait dans un truc compliqué là...

-...Tu... Tu insinues que je suis dépressif.
-Non. Ecoute m-
-Lavinia... Ca a commencé comme ça... les médocs, et tout... Et ça a tout déréglé... Putain... On y revient toujours à cette foutue famille de merde !

Je l'attire contre moi, je l'enlace. C'est la panique à bord, je vois bien. On va y aller doucement.

-Earl aimerait te rencontrer.
-On verra ça plus tard. Asti min, tu-
-C'est eu... j'ai pensé à famille... Et donc à Earl, parce que c'est lui que j'ai choisi. C'est ma vrai famille. Et... J'voulais juste qu'y sache qui était mon "mari"... Tu comprends ? Mon père cause avec Earl et il contiue de te taper la discut'? Vous êtes tous...Copains.

Je pouffe un peu de rire. Iel est si mignon.ne quand iel est surprise. Je l'embrasse à nouveau. Une caresse sur sa nuque avant de dire.

-Ok. Alors, reprenons les choses dans le bon sens, ok?

Je frotte doucement mon nez contre son épaule.

- Petit un : il n'est pas question de te filer des medocs, ni même du fait que tu sois potentiellement dépressif. Mais, Asti min, t'as pas eu la vie facile, t'en chie et t'as besoin d'un interlocuteur capable de travailler avec toi - en discutant -  sur tout ça. Ni plus, ni moins. Tu recrées pas le schéma de ta mère. Il faut juste... mieux te comprendre toi-même. C'est tout. Je te demande juste d'essayer une séance. On cherchera ensemble, ok?

Caresse dans les cheveux.

-Petit deux : je comprends que tu veuilles parler de moi. Et j'admettrais ne pas avoir été très clair sur certaines choses. En dehors des gens que je connais de près et à qui j'ai donné moi-même le nom d'Asmodée, tout le monde me connait sous le nom de Baltasar. J'entends que Earl soit ta famille et qu'il soit digne de confiance. Parler de notre mariage est une chose. Parler de Malsheem s'en est une autre. Tu vas avoir un rôle important à jouer, Asti min. Et ça implique de ne pas parler de Malsheem. Malsheem existe sur un fil. C'est pour le bien des Malsheeméens autant que pour le bien des personnes à qui tu fais confiance. Mais je comprends pourquoi tu l'as fait.

Bisou sur la joue.

-Kaelig et moi sommes liés par nos accords mutuels dûs à nos positions de chefs respectifs... Sans parler qu'Elie y est attachée et qu'il reste et beh... De ta famille... Les relations étant ce qu'ils sont, disons que, de mon coté, j'ai opté pour de communication éclairée  histoire de pas enchainer les situations à la con.

Bon et je l'apprécie pour certaines raisons.

-Et je le déteste pas complètement. En tout cas, tant qu'il te traite bien et qu'il respecte les limites que tu lui fixes...

Parce que sinon, j'hésiterais pas à le défoncer. t'es plus important que tout.

-C'est plus clair?

Je t'embrasse doucement.

J'écoute tes explications qui se veulent posées, rassurantes. Soyons honnête, ça me fait complémentent flipper. J'ai pas spécialement envie qu'on me confirme mes névroses. Je les connais. Ce sont de vieilles compagnes. Je me contente de hocher la tête, toujours tendu.

-Petit deux : je comprends que tu veuilles parler de moi. Et j'admettrais ne pas avoir été très clair sur certaines choses. En dehors des gens que je connais de près et à qui j'ai donné moi-même le nom d'Asmodée, tout le monde me connait sous le nom de Baltasar. J'entends que Earl soit ta famille et qu'il soit digne de confiance. Parler de notre mariage est une chose. Parler de Malsheem s'en est une autre.
- J'lui ai jamais causé de Malsheem! Juste de toi ! Du "vrai" toi....Juste pour qu'il sache à qui je m'étais lié.
- Tu vas avoir un rôle important à jouer, Asti min. Je lève le pif vers toi. Même après toute cette démonstration catastrophique de ma puérilité, tu persistes à me faire confiance. Et ça implique de ne pas parler de Malsheem. Malsheem existe sur un fil. C'est pour le bien des Malsheeméens autant que pour le bien des personnes à qui tu fais confiance. Mais je comprends pourquoi tu l'as fait.
- Je t'assure que j'ai pas évoqué Malsheem, Ass... Mais ça sonne comme une mauvaise excuse, visiblement.
- Kaelig et moi sommes liés par nos accords mutuels dûs à nos positions de chefs respectifs... Sans parler qu'Elie y est attachée
- C'est ma belle-maman, oui chais bien. Petit sourire amusé.
- ...et qu'il reste ...et beh... De ta famille... Les relations étant ce qu'ils sont, disons que, de mon coté, j'ai opté pour de communication éclairée  histoire de pas enchaîner les situations à la con. C'est plus clair?
- Ouais... Ouais j'crois que ouais.

J'échange un long baiser avec toi. Toute la pression accumulée retombe, me laissant mollement alanguie.

- Tu sais, Earl, il ferait un bon candidat pour Malsheem. Il vient en aide à plusieurs sorciers, à des créatures, à des chasseurs, sans faire de distinctions. Il a quitté son coven pour choisir d'être renégat et de vivre en paix avec les autres. Faut qu'tu le rencontres....

Je joue maladroitement avec les poils de ton menton, dodelinant contre toi. Je me sens bercé par ta voix, tes bras. Et j'ai l'impression de redécouvrir ton odeur.

- Tu sens bon.... C'est dingue comme tu sens bon.... Je pourrais respirer ça des heures...

Je me bouine un peu plus contre ton torse, une partie de ma cervelle me certifiant que je ne suis pas du tout beurré.

-J't'assure que j'ai pas évoqué Malsheem, Ass...
-D'accord mais le vrai moi, Asmodée Hallsonar, le démon renégat, le viking appuyé par ses dieux... C'est Malsheem, Ciulin. Mon nom, dit au mauvais endroit, au mauvais moment et tombant dans la mauvaise oreille, peut entrainer la chute de tout le réseau.

J'essaie de te faire comprendre et j'envisage que ça soit super abstrait. Aucune question de jeunesse, là-dedans. T'as jamais vu le pandemonium, t'as jamais vu comment tout va beaucoup plus vite, beaucoup plus violemment. T'as pas encore eu l'occasion d'être assez dans les dossiers Malsheem pour ça. Ca viendra sans doute.

-C'est ma belle-maman, oui chais bien.

Je buggue en affiliant le mot "belle-maman" à Elie. Je cligne des yeux.

-Putain de merde. Ca d'vient chelou. Chui son oncle et son beau-beau fils.

Je ris un peu avant de t'embrasser doucement.

-Tu sais, Earl, il ferait un bon candidat pour Malsheem. Il vient en aide à plusieurs sorciers, à des créatures, à des chasseurs, sans faire de distinctions.

Earl, c'est le même Earl dont Simone m'a parlé. Il faudra que j'étudie les informations que Simone m'a fourni plus précisément.

-Il a quitté son coven pour choisir d'être renégat.
-Emeraude, je suppose?
-Et de vivre en paix avec les autres. Faut qu'tu le rencontres...
-Contacte le et planifions ça alors.

Je te laisse jouer tranquillement et te garde contre moi. L'engueulade aurait pu partir beaucoup plus loin et beaucoup plus fort... Une chance qu'on est parvenu tout les deux à se calmer.

-Tu sens bon...
-Hein?
-C'est dingue comme tu sens bon...
-T'es pas mal non plus.
-Je pourrais respirer ça des heures.
- Ca tombe bien, j'ai rien d'prévu, là.

Je souris pendant que tu plaques ton pif à mon torse pour respirer. Ca me fait rigoler et j'te laisse faire avec mes bras autour de toi.

-T'sais que j'suis pas un vrai coussin, hein? J'imite bien, je sais.

Je lea laisse faire tranquillement avant de lea sentir se détendre.

Ciulin dort... Je plisse les yeux et d'un petit coup de telekinesie et on est sous un plaid. Parce que j'ai pas fermé la fenetre, et il fait froid.