La fin d’une quête

|| @Baphomet & Sam

Les bougies éclairaient une fois de plus la petite chambre noire, observant le sorcier dans ce rituel qu’il finissait par connaître par cœur. Elles étaient grandes quand il avait commencé et voilà qu’elles arrivaient à la fin de leur existence, elles auraient pu vivre des années, ne servant que pour quelques rares occasions mais elles avaient été choisies par un sorcier obstiné, un cambion à la recherche de son père damné.
La magie est à l’œuvre et les entourent, gravitant autour de l’homme tel un cyclone dont il serait l’œil. La fin approche alors que les paroles du sorcier emplissent l’air, faisant  danser frénétiquement le pendule qu’il tient. Tout s’emballe et s’accélèrent, les flammes grandissent, brûlant d’avantage les chandelles et répandant la cire. Les premières bougies s’éteignent alors, laissant leurs sœurs endeuillées alors que leur tour approche, consumée trop vite par ce feu surnaturel. Il n’en reste bientôt plus qu’une. Elle tente de tenir bon, s’accroche à cette existence mais le feu est plus puissant. La nuit tombe alors sur la pièce en même temps que le silence.

Un crépitement discret se fit entendre alors que des braises apparaissaient. Tenant quelques charbons ardents au creux de sa main, Samaël repris son souffle, hors d’haleine. La faible lueur éclairait son visage donc les yeux, d’une couleur ambre, luisaient dans la pénombre. Il l’avait senti cette fois, il l’avait éprouvé jusque dans sa chair. Il n’avait pas seulement localisé son père, il l’avait effleuré de sa magie.
Il n’y avait pas de temps à perdre.
Le sorcier prit juste le temps de bruler la sauge purificatrice et se rhabilla pour filer là où sa magie lui avait donné rendez-vous. Pas le temps de prendre une douche pour effacer les sigles, sa veste cacherait ses bras.

Il n’aurait su comment décrire la sensation qui lui nouait l’estomac. Il savait que cette fois était la bonne, qu’il allait enfin retrouver son père. Cette inflexible certitude ne le quitta pas durant tout le trajet, du moins jusqu’à ce qu’il arrêtât sa voiture devant les grandes portes de l’église. À cet instant le doute s’empara de lui : comment était son père ? Allait-il seulement accepter cette réalité ?
Puis la crainte commença à se frayer un chemin. Que se passerait-il si son père se sentait offensé ? Après tout, il n’était qu’un simple sorcier face à un démon. D’ailleurs… que fait-il dans une église ? Tenterait-il de pervertir de fidèles croyants ?
Prenant son courage, Samaël respira profondément et se regarda un instant dans le rétroviseur. Sa marque de sorcier était toujours présente, il décida donc de mettre ses lunettes de soleil afin de les dissimuler et sortit.

Il poussa la porte de l’église et avança vers l’autel, observant les lieux. Il avait toujours la sensation de faire un blasphème en pénétrant dans les lieux sacrés. Son regard se posa alors vers deux hommes qui semblaient avoir une discussion animée. Fronçant les sourcils, il observa le plus grand des deux qui semblaient s’amuser de la situation quand une paires d’ailes noires surgirent soudainement. La réaction de l’homme en face ne se fit pas attendre alors qu’il s’enfuyait en courant, bousculant Samaël au passage. Mais ce dernier n’y fit pas attention car il était sous le choc de ce qu’il venait de voir. Ces ailes noires… Il les avait déjà vues auparavant, lors d’une soirée déguisée d’un des bars les plus branchés de la ville. Elles lui avaient semblé extrêmement réelles, maintenant il comprenait pourquoi.

Le démon posa alors son regard sur lui, le figeant. Son cœur battait sous le tourbillon d’émotions. Il finit par sortir de sa torpeur quand le démon parlant. C’était des plus troublants… et il devait reconnaître qu’il ne s’attendait pas à une telle apparence. Samaël avait toujours pensé qu’il devait sa carrure massive à ses origines paternelles, mais en le voyant, il dût reconnaître qu’il était plutôt mince, bien que grand. Cependant, le sorcier finit par se ressaisir et décrocha quelques mots. Il avait réfléchi à la formulation et décida de prendre toutes les précautions et politesses pour éviter de s’attirer les foudres de cet être puissant.

– Bonsoir, noble seigneur. Je vous prie de pardonner mon intrusion mais j’ai une faveur à vous demander.

Il retira ses lunettes, révélant son regard ambré, que le démon comprenne qu’il avait face à lui un sorcier. Il se doutait qu’il avait senti son empreinte magique au moment du rituel.

– Je m’appelle Samaël Branfubh et j’aimerai savoir si vous êtes bien celui qui a fréquenté ma mère avant ma naissance.

Le moment de vérité était-il enfin arrivé ? Si son sort ne se trompait pas – et il n’en doutait pas – sa recherche de plusieurs années allait enfin se concrétiser. Il avait demandé directement, sans tourner autour du pot, lui-même détestait quand les questions s’éternisaient.

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La fin d’une quête

|| @Baphomet & Sam

Durant un court instant, Samaël s’était figé, osant à peine respirer alors que le démon semblait interdit, comme s’il avait dit quelque chose qu’il ne fallait pas. Il déglutit légèrement, attendant une réaction. Cela lui sembla une éternité et pourtant, seulement quelques secondes s’étaient écoulées.
À son grand soulagement, le démon ne sembla pas offensé, au contraire : toute son attention est à présent sur le sorcier. Il ignorait s’il devait se sentir soulagé ou mal à l’aise alors que celui qu’il pensait être son père dévoilait à son tour son regard tout en rangeant ses ailes.
Ce regard… Il avait l’impression qu’à cet instant, ils avaient le même… Était-ce prétentieux de sa part d’avoir une telle pensée ? Il espérait que non…

Des paroles arrivèrent enfin, le questionnant sur sa mère. Samaël eut l’impression de respirer pour la première fois depuis plusieurs minutes, soulagé : le démon acceptait de l’écouter.
Cependant, un poids persistait sur son cœur : il allait devoir parler de sa mère… Que pouvait-il bien dire… il n’était qu’un jeune enfant quand il l’avait perdue. Sans le savoir, le démon venait de rouvrir une plaie qui refusait de cicatriser quand il demanda si elle était toujours là.

Il aurait voulu garder un visage impassible mais c’était impossible et il serra instinctivement les poings pour contrôler cette colère et cette révolte qui bouillonnaient en lui. Cette vision de ce corps inerte qui vieillissait, rattaché artificiellement à la vie par des tuyaux et une machine l’empêchait de dormir.
Il ferma un instant les yeux et se concentra sur le seul souvenir heureux qu’il gardait d’elle. Un piano… des notes de musique… Un rire cristallin… Le sourire sur le visage de sa mère, encadré par une chevelure rousse.

– Elle avait un rire… Semblable à un carillon dans la brise du matin… Elle m’a appris à jouer du piano… Enfin les bases, j’ai dû apprendre le reste par moi-même.

Il se focalisa sur ce souvenir alors qu’il cherchait dans sa veste son portefeuille et en sortait une photo. Il observa un instant cette image figée du temps révolu où il était heureux avec sa mère… Elle ne le quittait pas et trônait à côté d’une photo de son Andy.
Il tendit la photo au démon, afin qu’il puisse la voir, souriante alors qu’elle était penchée pour serrer son fils de cinq ans dans ses bras. Il ne put s’empêcher de guetter les réactions du démon, cherchant la moindre information qui lui indiquerait s’il était bien son père… et si sa mère avait eu un quelconque intérêt à ses yeux.

– Elle était malade… J’avais 7 ans quand elle a sombré dans le coma. Je vais la voir de temps en temps mais… Je sais qu’elle n’est plus là.

Samaël parvint, sans réellement savoir comment, à garder la voix clair et posée. Pourtant, parler d’elle n’est pas une chose aisée. Mais si ce démon était vraiment son père, il devait savoir. Et pour Samaël, c’était important d’entendre la vérité, ce fut pourquoi il osa poser cette question qui lui brulait les lèvres.

– A-t-elle représenté quelque chose pour vous ?

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|| @Baphomet & Sam

Samaël n’aimait pas l’image qu’il renvoyait à cet instant, aussi fragile… qu’un enfant… Il n’arrivait pas à faire son deuil et il en voulait à ses grands-parents pour ça. Pourquoi ne pas la laisser partir paisiblement et accepter la réalité, tourner la page ? Il s’attendait à ce que le démon se détourne de lui, se moquant de cet humain si fragile mais non… Était-ce de l’empathie qu’il montrait ? Beaucoup de choses se bousculèrent dans son esprit alors qu’il prenait conscience que ce qu’il pensait savoir des démons étaient encore loin de la réalité.

Il l’observa attentivement, le cœur au bord des lèvres alors qu’il avait à présent la certitude d’avoir son père en face de lui… Enfin, après tant d’années à se questionner, il avait la réponse et en plus la possibilité d’apprendre à le connaître. Il n’avait pas de doute quant à la sincérité de son père quand il parla de sa mère. Il eut un léger soupir de soulagement : elle avait compté, qu’importe comment mais elle avait compté et il n’était pas le résultat d’une expérience bizarre d’un démon ou un simple coup d’un soir. Les rares histoires de sa mère sur son père étaient donc vraies.

– On ira la voir ensemble.

S’il avait pu imaginer qu’un jour ce moment arriverait, il n’y aurait jamais cru. Il aurait aimé être porteur de meilleures nouvelles et lui promettre de véritables retrouvailles. C’était mieux que rien.
Les paroles de son père le troublèrent et il percuta qu’il ignorait son nom : chaque fois que sa mère lui parlait de son père, il se rappelait qu’un de ses grands-parents intervenait, lui sommant d’oublier toutes ces sornettes.

– Je pense que je vais avoir de sacrés comptes à régler avec mes grands-parents… J’ai comme l’impression qu’ils ont bien foutu leur merde… et je pense avoir bien fait de leur cacher mes… « talents ».

Le père afficha alors un large sourire au fils, qui comprit qu’il était temps de passer à autre chose et lui proposa d’aller se saouler. Au contact de sa main sur son épaule, le trouble de Samaël s’accentua un peu plus, ne s’y attendant pas. Il laissa cependant vite l’idée se faire un chemin et il afficha un grand sourire à son tour.

– Je vais avoir 30 ans en novembre… Et je n’ai pas attendu d’avoir l’âge pour me taper une biture.

Ses paroles étaient sorties d’elles-mêmes, soudainement détendues face à l’attitude du démon. Il n’aurait su dire si c’était un simple effet de sa façon d’être ou si son aura était à l’œuvre. Cela lui donna cependant du courage pour oser une question.

– Ma mère a tenté plus d’une fois de m’en apprendre plus sur mes origines mais… A chaque fois mes grands-parents l’en empêchaient. J’ai honte d’oser dire ça mais… J’ignore jusqu’à ton nom.

Le tutoiement était, lui aussi, venu naturellement, alors qu’ils se dirigeaient vers la sortie de l’église pour aller prendre cette fameuse cuite. D’ailleurs… un démon pouvait-il se bourrer la gueule jusqu’à plus soif ?

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|| @Baphomet & Sam

« Charmantes personnes » Samaël n’avait pas manqué le moment d’hésitation pour désigner ses grands-parents. Visiblement son père ne les portait pas dans son cœur et cela venait confirmer ses doutes : ils n’étaient pas étrangers au fait qu’il eût dû grandir sans père. A cette pensée, une vague de colère le submergea, le forçant à serrer poings et mâchoire. Voilà des années à présent que l’image parfaite de ses grands-parents se détérioraient et quand il pensait avoir fait le tour, il en apprenait encore, le poussant un peu plus à détester ceux qui l’avaient élevé. Il repensait à toutes ces années et une pensée revenait : jusqu’où avaient-ils bien pu aller dans le mensonge pour garder la normalité de leur vie de parfaits chrétiens ?
Tous ces sermons et ces dimanches à l’église l’avaient poussé à garder le secret sur sa magie. S’étaient-ils rendus compte un seul instant que leur petit-fils n’était pas « normal » ou se gargarisaient-ils secrètement d’avoir réussi à effacer toute trace de démon en lui ?
Il finirait bien par le savoir. L’heure des comptes approchait et personne, pas même Samaël, ne se doutait du cataclysme qui allait s’abattre prochainement. Pour le moment, il se réjouissait simplement d’avoir enfin retrouvé son père, bien qu’il voyait déjà les inquiétudes de sa douce moitié lorsqu’elle apprendrait la nouvelle de ces retrouvailles.

– Quelque chose me dit qu’ils seront loin d’être ravis de savoir que je t’ai retrouvé. Mais je dois avouer que je me fous royalement de leur avis.

Il lui adressa un sourire pour lui signaler qu’il n’avait plus d’attache particulière avec ces personnes de sa famille. Après tout, on ne les choisissait pas, mais quelque chose lui disait qu’il n’allait pas regretter de connaître son père.
Père qui révéla alors son identité : Azraël Baphomet. Il ne fallut pas longtemps pour que Samaël le reconnaisse comme le démon du libre-arbitre ; il avait fait bien des recherches sur les démons lors de la quête de ses origines.
Il comprenait un peu mieux son attitude, et sa réticence à se faire appeler « Seigneur ». Son intuition lui murmurait au creux de l’oreille que cette rencontre serait une anecdote amusante quand ils se connaîtraient davantage.

Alors qu’ils sortaient de l’église, Baphomet l’appela « fiston », ce qui surprit Samaël sur le coup. Puis l’idée fit son chemin et il se dit que la sensation d’avoir un père n’était pas désagréable. Il le regarda un instant et réfléchit à la destination possible.

– Il y a un bar dans le centre où j’aime bien aller, ce n’est pas très loin d’ici. Sauf si tu as un lieu de prédilection que tu veux me faire découvrir.

A cet instant il était curieux de découvrir le monde de son père qu’il avait imaginé bien des fois. Un monde qui lui semblait à la fois mystérieux et familier tandis qu’il sentait en lui l’ombre s’éveiller, comme sentant son créateur à ses côtés. C’était une sensation étrange pour le cambion, d’ordinaire elle ne se manifestait que lorsqu’il était en proie à une émotion intense.

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|| @Baphomet & Sam

C’était étrange… passé les premiers instants et une fois qu’il avait eu la confirmation que Baphomet était bien son père, Samaël se sentait mieux, plus à l’aise, comme si l’évidence les réunissait définitivement. Son père lui proposa de commencer par le bar avant d’aller lui montrer un de ses lieux fétiches.
Il était difficile de dire quelle émotion était la plus forte entre la curiosité ou l’appréhension. Devait-il avoir peur d’atterrir dans un lieu qui lui vaudrait quelques années de thérapie ? Une petite voix se fit alors dans son esprit, lui demandant s’il était bien placé pour avoir ce genre d’appréhensions alors que lui-même pouvait trainer dans des endroits qu’il se gardait de révéler à Andy.

Samaël décida de laisser sa voiture sur le parking de l’église : le bar n’était pas loin à pied et c’était une véritable galère pour trouver de la place. En plus… s’il devait picoler, il valait mieux qu’il laisse sa voiture quelque part.
Alors qu’ils marchaient, son père lui posa d’autres questions et il percuta qu’avec l’émotion, il avait oublié de lui dire quel don il avait hérité.
Il allait lui répondre quand la seconde question le désarçonna et il sut en regardant son père que la question était sincère. Il réfléchit un instant avant de répondre.

– Maman était géniale. Les vieux ont fait ce qu’ils ont pu quand elle n’était plus là et je pense que dans l’ensemble ça a été. Ils n’ont jamais capté mes pouvoirs et j’ai trouvé des personnes pour m’aider à les contrôler, d’ailleurs en parlant de ça…

Il s’arrêta, regarda autour d’eux pour s’assurer que le rue était déserte, et agita les doigts de sa main droite alors qu’il faisait venir la magie à lui. Ses yeux, qui avaient repris leur vert habituel, se teinta à nouveau d’ambre et une fumée noire entoura légèrement sa main alors qu’il la tendait vers le ciel, l’index pointé comme une arme. Il projeta une boule de cendres enflammée dans les airs qui monta à quelques mètres et il serra la main, la faisant exploser et rependant un léger nuage de cendres et de flammes. Un autre geste de sa main et les flammes moururent, ne laissant qu’une légère pluie de cendres froides.

C’était clairement de la frime et un petit tour de passe-passe plus tape à l’œil que réellement puissant. Il était capable de faire beaucoup plus impressionnant et dangereux.

– Mon pouvoir repose sur les cendres que je peux enflammer comme je l’entends. A partir de là, je peux contrôler les flammes générées et je peux en imprégner des objets. J’ai beaucoup les grosses chaines pour ça. Mais si j’y vais trop fort, ça peut m’épuiser jusqu’à perdre connaissance.

Il regardait son père, curieux de savoir ce qu’il penserait de son pouvoir. Il se doutait que ce n’était probablement pas grand-chose à côté des capacités d’un démon qui avait plusieurs centaines d’années.

– L’Ordre de Salzen m’a recueilli et formé. Mais j’ai été congédié juste avant que l’Ordre d’Émeraude les assimile. Pour ma propre sécurité au vu de ma nature et des idées du nouvel Ordre.

Cela faisait un temps maintenant qu’il était sans coven, devant prendre ses précautions pour la haute magie, mais il était plutôt fier de lui : il avait réussi à retrouver son père sans aide extérieure.

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|| @Baphomet & Sam

Il avait un peu appréhendé la réaction de son père face à son pouvoir, mais il se félicita d’avoir mis l’accent sur le côté artistique. Il soupira intérieurement, soulagé, un fardeau en moins sur ses épaules. Il avait réussi à retrouver son père et ce dernier lui montrait déjà de l’affection et de la fierté. L’ombre se faisait galvanisée par ce regain d’assurance, plus légitime que jamais alors que Samaël se redressait fièrement.

– Merci. Mais je crois que j’ai de qui tenir.

Il adressa un sourire au coin à Baphomet alors que ce dernier montrait à son tour ses capacités. Il regarda la flamme devenir phœnix et s’envoler gracieusement, splendide, avant de mourir et de disparaître dans les airs. Il ne put retenir un sifflement d’admiration. Une lueur étrange brillait dans son regard alors qu’il enviait un peu cette puissance et cette précision. Il écouta les conseils de son père et se promis de les suivre. Il voulait atteindre ce niveau de perfection. La démonstration était belle et inutile, mais elle cachait la puissance dévastatrice qui se trouvait derrière, tout comme lui-même avait caché sa force de frappe derrière sa prestation.

– Je m’incline… Et j’espère pouvoir bénéficier de l’aide d’un expert en la matière.

Il s’en était douté, mais avoir la confirmation qu’il était lié à son père jusque dans son don lui donna une grande satisfaction. Depuis qu’il connaissait sa nature, il n’avait eu qu’une aspiration : accroître son pouvoir et devenir un puissant démon. Entre temps, il avait rencontré son adorée, mais il se disait que l’un n’empêchait pas l’autre. Restait à savoir comment le devenir. Il demanderait à son père mais plus tard. Ils allaient d’abord boire quelques verres pour fêter leurs retrouvailles.

Quelques minutes plus tard, ils étaient attablés. L’entrée de Baphomet fut des plus remarquées et Samaël ne douta pas un instant que c’était dans sa nature. Après tout, il ne l’avait pas manqué lors de la soirée déguisée. Il trouvait qu’il avait une sorte d’aura magnétique et il se doutait de ce qui avait pu plaire à sa mère. Mais… qu’est-ce qu’un démon de sa puissance avait pu trouver à sa mère ? Il le saurait bien un jour, mais là, il préférait éviter de le bombarder de questions.
Baphomet n’avait pas l’air de vouloir s’envoler de sitôt donc autant en profiter. Saisissant son verre, il préféra trinquer.

– À nos retrouvailles, P’pa.

C’était sorti naturellement et il ne se sentit nullement mal à l’aise, juste heureux de pouvoir enfin le dire. Ces retrouvailles étaient à des années lumières de ce qu’il avait pu imaginer mais il ne pouvait pas en être plus heureux. Et dire qu’Andy s’inquiétait à cette idée…

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|| @Baphomet & Sam

Les mots réconfortants d’un père… Une chose qu’il désespérait de pouvoir connaître un jour. Et pourtant il était là, lui promettant de rester auprès de lui à présent qu’il avait connaissance de son existence. Certes, c’était un démon, mais il sentait au plus profond de lui-même qu’il pouvait lui faire confiance. L’ombre était de plus en plus présente à cet instant. Mais ce n’était pas comme d’habitude, quand il avait l’impression qu’elle cherchait à l’influencer, à prendre le dessus. Il sentait une forme d’apaisement, d’harmonie dans tout son être.

Tous deux étaient à présent installés dans l’ambiance chaleureuse du pub. Et les questions commencèrent à pleuvoir, ce qui provoqua un léger sourire. Une véritable bienveillance se ressentait à cet instant et ça le perturbait un peu, surtout venant d’un démon. Il ne s’attendait pas à ce genre de retrouvailles mais il en était heureux et ne put que répondre à ses attentes.

– Par quoi commencer… Il y a du bon dans ma vie, même si tu n’es pas encore grand-père. Mais mon Andr’héïa est vraiment ma lumière. C’est simple, elle est tout ce que je ne suis pas et me rend meilleur.

Il s’arrêta un instant, songeant à sa bien-aimée avec une grande tendresse. Où était-elle à cet instant ? Il espérait qu’elle ne s’attirait pas d’ennuis. Il hésita cependant un instant à confier certaines choses à son père. Devait-il lui confier ses travers ? Sa folie qui le dévorait de l’intérieur, le forçant à prendre des traitements… et elle était probablement liée à sa nature. Il leva son regard vers son père : il avait l’air tellement jovial. Garder cette partie pour plus tard valait mieux, quand le moment des choses douloureuses sera venu.

– Pour le moment je n’ai pas d’ennemis. Mais ne t’en fais pas, en cas de besoin je te ferais signe. Je suis ma petite vie comme je peux avec le merdier que provoque le brouillard. Je suis photographe et illustrateur indépendant.

Il chercha un moment mais ne sut quoi rajouter d’autre, tout se mêlait dans son esprit et il était impossible pour lui de faire un tri à cet instant précis.

– J’avoue ne pas savoir quoi dire d’autres, il y a eu tant de choses dans ma vie.

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