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 La Mer qu'on voit danser...

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Nathan Brunelle
Nathan Brunelle
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◈المد العالي◈
"Marée haute"
As we are floating in the blue
I am softly watching you
Oh boy your eyes betray what burns inside you


La salle de classe bruisse unanimement des pages de cahier que l'on tourne. La voix du professeur reprend sa lecture, litanie musicale aux intonation gorgées de chaleur. Amon a une voix pénétrante qui berce votre cervelle de savoirs mystérieux. Si d'ordinaire, je bois ses paroles comptant les splendeurs d'une civilisation que je découvre à peine, aujourd'hui je guerroie pour rester concentré.


J'ai l’impression que toute l'eau
qui me constitue écume d'agitation
à chaque fois que mon regard se pose sur lui.

La lumière d'un soleil d'hiver radieux baigne la salle de classe au parquet boisé. Les pupitres sont neufs mais les moulures du plafond et la marqueterie des murs témoignent de l'ancienneté du manoir. Le pavillon des gardes-chasses a été transformé en dortoirs tandis que les repas, les cours et les entraînements se déroulent dans l'enceinte de la bâtisse principale. Nous sommes une dizaine de djinn disparates, sans famille, sans racine, sans bagage. Nous sommes là pour mieux saisir notre nature, mieux la maîtriser et sans doute recréer la cohésion d'un clan dont nous ne disposons pas.

Amon passe une main dans ses boucles brunes et je me surprends à imaginer la sensation de sa chevelure de jais effleurant le derme de ma paume. Je déglutis, le regard fixé sur les reflets mordorés dans ses prunelles sombres, parcourant les lignes d'un très vieux manuscrit.

- Arrête d'le r'garder comme ça, c'trop l'malaise ! me souffle Roxane, assise juste à côté de moi.

Roxane est écossaise. Son anglais déformé par un accent imbitable est fleuri d'un argot qui lui est propre. C’est de loin la plus vieille d'entre nous malgré ses seize ans apparents. Une sylphe qui a vécu dans les rues de Glasgow en tant que SDF. Telle une enfant perdue kidnappée par Peter pan, sa croissance s'est arrêtée à l'âge où elle a fugué, il y a bien une quarantaine d'années de cela.

- Sérieux ! On dirait qu'tu veux l'piner, j'te jure !
- Quoi ?! Mais non !
Fais-je un peu trop fort, le visage cramoisi.
- Limite si tu r'mues pas d'la queue à chaque oeillade ! Une chance qu'la table tressaute pas avec !
- T'es vraiment dégueulasse !
fais-je en m'efforçant de chuchoter, offusqué au plus profond de moi.


Sans doute, parce qu'elle n'a pas tout à fait tord.

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Amon El-Hadji
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L'Hiver resplendit au-dehors. Le soleil couvre l'ovale des visages de mes élèves d'une lumière réconfortante. La température se rafraîchit de plus en plus mais le froid n'ose pas passer les portes du manoir. Comme un havre de paix et de chaleur que moi et les professeurs tentons de garder campé sur ses fondations. S'il y a bien un endroit où je n'ai pas peur, où je ne ressens pas les affres de ma faiblesse s'emparer de mes résolutions, c'est bien ici. Et en face d'Eux.

Ma raison de continuer. Si ce n'est pas pour moi, ce sera pour les Autres que je me battrais.

Au cœur de la salle de cours, je laisse le temps aller à son gré en lisant la leçon du jour, illustrée par un manuscrit de la période antique du tout premier Consul Maritin. J'ai fais des pieds et des mains pour l'obtenir auprès de Maître Gulzar, l'un des seuls à soutenir mon initiative d'école hors-caste. Il est un peu comme mon mécène secret du monde Djinn pour l'imigré que je suis. Ironiquement, la leçon d'aujourd'hui concerne l'historique et le mode de formation du Majlis Altalath, ce cher Conseil des Trois. Bien que leur avis me concernant soit un tantinet... biaisé, je ne peux soustraire cette partie fondamental de l'éducation de mes élèves. Tout simplement car politiquement parlant, c'est un peu comme oublier sciemment de mentionner l'existence d'un conseil présidentiel lors d'une leçon d'éducation civique à cause d'une divergence d'opinion avec le pouvoir en place. Ce serait malvenu de ma part de ne pas jouer fair-play.

Tout en récitant le patrimoine culturel que je tiens précautionneusement entre mes doigts, mon esprit est toutefois légèrement perturbé par les récents évènements. Impossible de m'ôter de la tête tout ce qui est en train de se passer. Que cela concerne Malsheem, Tir Nà Nog, Enyo, Nadim... et Nathan.

Nathan... 

Assis à sa place habituelle, celle qui accueille le plus de lumière en son sein. Les rayons découpent sa peau pâle et contraste ses ombres naturelles comme une toile du Caravage. Je me force à ne pas le fixer pour préserver la fluidité de mon récit. Et ma distance légitime en tant qu'enseignant. Et ma dignité sage qui ne peut se résoudre à flancher. Et... tout un tas de choses que je me répète en boucle comme une mélodie vaillante depuis son installation chez moi.

… Pourtant...


Quelques écheveaux d’œillades croisées parviennent à se trouver avant de se dérober.
Je ne sais quoi en penser...
Mais rien de sa timidité ne parvient à m'échapper.
Je saisis ses regards, de temps à autre, tout en sachant que je ne devrais pas.

Et mon Eau n'a que faire de ma Raison. Primaire et Instinctive. Hélas.

Cependant, je reste encore maître de la situation. Et de ce que je vois, Roxane et lui ont mieux à faire que de m'écouter. Bien, professeur El-Hadji va devoir corriger ceci.

« On dirait que mon cours provoquent quelques émois par ici ! »


Mon ton est fermement allègre mais je n'ai pas terminé. Ni une ni deux, un claquement de doigt léger provoque une goutte sur le bout du nez de l'écossaise et du jeune français. Un retour à la réalité pour ces chuchoteurs relativement peu discrets. Leur expression en réaction déclenche un petit sourire de ma part au coin de ma bouche. Je suis d'humeur taquine, je ne peux le nier.

« Roxane, Nathan, puisque vous avez l'air aussi impliqués, est-ce que l'un de vous deux peut me répéter ce que je viens de dire ? »
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Nathan Brunelle
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Je bougonne, ce qui ne fait qu’accroître le sentiment que je ne suis qu'un gamin puérile et, surtout, qu'Amon ne me voit que comme tel. "En même temps, Nath', il a quoi.. 600 ballets?" Information apprise au détour d'un petit déjeuner gargantuesque et chaleureux qui m'avait laissé pourtant sur ma faim. "T'es un bébé à ses yeux." J'ai déjà assez de Roxane pour se moquer fielleusement de moi, je ne souhaite être en plus raillé par ma Hui de poche.

- Je crains que non et je le déplore.Roxane m'empêche d'écouter, fais-je d'un air pincé d'un snobisme tout parisien. Roxane, estomaquée par mon aplomb, ouvre la bouche à en gober les mouches.Puis-je m'asseoir à côté de Omar, professeur ?

Omar, notre seul et unique spécimen de Ardhis, ces fameux djinns de terre maudits et quasiment éradiqués. Résurgence génétique d'une longue lignée d'efrits spécialisés dans la manipulation de la lave, ils a été gracieusement confié aux soins de Tae'alam car sa famille ne savait qu'en faire. Son irruption surprise -si je puis dire- en a fait un quasi orphelin.
Omar me fixe avec un sourire amusé sur sa face rubiconde. Nous sommes cousins en âge et c’est à peu prêt le seul point commun que nous partagions. Il est large d'épaules, trapu, plus bedonnant qu'athlétique à son arrivé, ce que les entraînements intensifs d'Enyo ont quelque peu corrigés. Nous nous apprécions sans pousser l'envie plus loin de nous connaitre.


Je le croyais, du moins.

- Pas de problème, mais je ne suis pas certain que ça pourra éponger ton déficit d'attention actuel...


Je me lève piqué au vif, singulièrement froissé du sous-entendu.

- Dans ce cas je vais prendre l'air cinq minutes! Comme ça, plus de cours, plus de déficit!

Roxane ponctue d'un ricanement ma sortie dramatique.

- Naaath' ! F'pas la gueule ! 'Dirait une jeune fille en fleur en mode "dramaqueen"...
- Je t'emmerde, Roxane !*
que je beugle du couloir, en français, tout en me dirigeant à grande enjambées furieuses vers les toilettes.

Très mâture, vraiment...

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Amon El-Hadji
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Tiens, je ne m’attendais pas à ce que tout dérape aussi rapidement. J’ai dû sous-estimer la verve adolescente et sa propension au drame d’un rien. J’arque un sourcil face à la réaction épidermique de mon protégé sans réellement la comprendre. Ou du moins, je prétends en surface qu’au fond, j’ignore tout de ses troubles, alors que je suis le plus à-même de les comprendre. C’est bien là ma propre faille et je ne dois rien en laisser paraître. Mes autres élèves, ni même mes collègues, n’ont rien à savoir du tenant de la relation changeante entre Nathan et moi.

Il faudrait déjà que je puisse moi-même en identifier la nature avant que d’autres ne s’en mêlent.

Aussi, je laisse le garçon partir sans demander son reste, le suivant simplement du regard avant de laisser le silence retomber. Il a fait son petit effet. Roxane pouffe encore de sa bêtise mais se ravise sous mon regard. Je soupire légèrement, passablement ennuyé. J’osais espérer que Nathan aurait fait preuve d’un peu plus de retenue. Pourquoi un tel esclandre face à de simples provocations enfantines ? Une voix me tire toutefois de mes pensées à peine tissées :

« Professeur El-Hadji ?
- … Oui, Ismain ?
- Est-ce que nous pouvons reprendre la leçon ? C’est bientôt la fin de l’heure… »

Un coup d’œil vers l’horloge au-dessus du tableau. En effet, il reste moins d’une petite dizaine de minutes avant que je ne confie mes petits à d’autres esprits. Le jeune Efrit me fixe avec plein d’impatience derrière ses grandes lunettes, son stylo ancré dans sa main abîmée par ses propres flammes récemment apparues. Vives et indomptées, elles l’avaient blessé lui mais malheureusement aussi ses parents adoptifs, humains sans contact avec la nature magique. Tae’alam fût donc la seule solution à la détresse de leur fils. Son âge réel transparaît dans son apparence de douze ans et malgré son sérieux en cours et son potentiel évident, son impudence de garçonnet a encore de beaux jours devant elle.

J’accepte cependant de reprendre le fil de mon cours, consentant à un peu plus de contenance de ma part.

« Oui, bien sûr. Où en étais-je, déjà… ? »

Mes mots se délient jusqu’à la sonnerie. J’ai pu heureusement terminer mon chapitre sans trop d’encombres et tout en rangeant mes propres affaires, je songe à aller jeter un coup d’œil à l’absent aux accents théâtrales. Les élèves sortent rejoindre leur prochaine salle et je me dirige moi-même à leur opposé, les sens aux aguets. Je suis prêt à chercher un moment s’il le faut mais bien heureusement, il ne s’est pas enfui bien loin. A la sortie des toilettes au bout du couloir boisé, je croise sa silhouette longiligne et ne peux m’empêcher de piquer gentiment mon protégé :

« Bel effet de style, monsieur Brunelle, mais un peu trop mélodramatique pour la situation posée. Il y a des façons moins grandiloquentes de signifier une envie pressante. » J’articule d’un sourire narquois, parfaitement conscient de ma bêtise de l’instant. Je croise cependant les bras, prêt à discuter. « A moins qu’il y ait autre chose. Si tu as le moindre problème, tu sais que tu peux m’en parler, n’est-ce pas ? »

D’autant plus maintenant que nos barrières ont cédé sous le poids de nos affluents respectifs.
Les barrages ne sont plus que des mirages.
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Nathan Brunelle
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Ridicule.
Je me sens stupide et ridicule. Ce comportement est aussi puéril que stérile. Je m'en veux de pas avoir la faculté de contrôler cette immaturité crasse. Ses bubons éclatent sans prévenir, rependant leur pus à la face du monde. Roxane n'a rien fait de mal, pas plus qu'Omar. Ils sont juste coupables d'être égal à eux même : un luxe que je ne peux pas m'offrir.

Je ne sais même pas
Qui je suis.

Mortifié, je n'ose plus revenir en arrière. La cloche sonne, me prenant ainsi au piège. Je me laisse mollement glisser contre le mur jusqu’à me trouver à croupis, les bras tendus en équilibre précaire sur mes genoux. Soupir à fendre l'âme alors que ma tête s'affale vers l'avant. L'affliction fait djinn. "Pauvre chéri....". Le parquet craque sous le pas léger d'un spectateur à ma déconvenue. Je ne relève même pas le nez, je sais déjà de qui il s'agit.

- Tu viens me gronder ?
- Bel effet de style, monsieur Brunelle mais un peu trop mélodramatique pour la situation posée.

Bien qu'elle participe d'un effet de style , la distance imposée par le vocabulaire m'est douloureuse. J'ignore pourquoi.

- C'est ça, moque-toi, fais-je piteusement. Je me masse l'arrête nasale. Je me sens déjà assez minable comme ça...
- ... Il y a des façons moins grandiloquentes de signifier une envie pressante.


Je pouffe bêtement.

- Idiot, fais-je dans un souffle.
- A moins qu’il y ait autre chose.

"Idiot..." que je répète mentalement en risquant un regard vers Amon. "Tu sais très bien ce qu'il y a..." Il est blessant de constater que je suis le seul que les nouveaux paramètres de notre relation perturbent. "600 piges, Nath'... T'as même pas 25 ans tout mouillé". Cruel réalité des faits. Evidemment, que tout cela n'a rien de singulier pour lui.

- Si tu as le moindre problème, tu sais que tu peux m’en parler, n’est-ce pas ?

Je me mordille la lèvre inférieure sans le quitter du regard. C’est une réponse en soi, aussi cruelle soit-elle. Je tends une main résolue vers mon professeur et désormais colocataire.

Et c'est bien là tout ce qui m'est autorisé.

- Aide-moi à me relever s'il te plait.

Tentation provocante.
Caprice de petit garçon.
Simple oubli spontané.
Peut-être qu'un peu de tout cela motive mon geste inconsidéré.

J'ai juste envie d'être spécial.
C'est tout.



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Amon El-Hadji
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Nathan a l’air plus fragile qu’il ne le laisse paraître au quotidien. Recroquevillé ainsi, il ressemble à un poussin à peine sorti de l’œuf qui ne supporte pas la lumière hors de sa coquille. Je reste à le regarder ainsi, pendant un petit moment, quand sa main s’extirpe hors de sa carapace protectrice de genoux contre sa poitrine.

Tendue, forte, capricieuse. Vers moi. Un geste lourd de sens pour nous deux.
Dans un silence partagé à la suite de sa demande, je continue de le regarder, de fondre mon regard dans le sien.

Toutes mes pensées coulent dans son regard, comme un fleuve dans un autre. Je sais ce que tu veux. Je sais ce qu’il se passe. J’en perçois l’intime ombre qui se tapit dans le creux de nos remous.

Et mon Eau frissonne de ces non-dits terribles. De cette barrière que je décide de bâtir seul, vainement, à la seule vigueur de mes principes élimés. Eux aussi ont perdu de leur vivacité, comme ma jeunesse enfuie.

Je cède, ça et là, laissant le torrent filtrer à travers quelques failles de mon propre barrage.

Ma main prend finalement la sienne.

Ravage. Ancrage. Tendre vague à l’âme.


Il me faut une poignée de secondes pour cesser de flotter dans les flux limpides qui se croisent l’un à l’autre. Je lutte plus que de raison pour garde le contrôle. Un combat interne qui devient de plus en plus difficile.
Nathan veut que je le relève mais je ne tire cependant pas.
Je laisse ce contact durer, jusqu’à la seconde où mes propres jambes se dérobent volontairement.
Je m’assois à ses côtés, contre le mur, sur le parquet.
Nos mains jointes au sol, dissimulées.

Nos épaules se frôlent et je soupire, comme de rien. Comme le professeur qui rabroue son élève.

« Tu as manqué la fin du cours, tu as intérêt à la rattraper. Elle fera partie du contrôle de la semaine prochaine. »

Un sourire serein flotte pourtant sur mes lèvres. C’est une comédie douce et légère que nous tissons entre ses murs, théâtre de bois qui accueille la plus suprême de nos performances.
J’ignore pourtant jusqu’à quand celle-ci saura illusionner les autres.
Et nous-mêmes.

Mon regard, si – trop – proche, finit par revenir vers lui. Je n’ose rien dire. Pas encore.

A nous voir ainsi, on dirait bien deux amoureux de bancs d’école.
Misère.

Et au-travers de notre lien physique, je ressens toute l’agitation de son propre cœur. Ses émotions emballées, qui attisent les miennes, qui ne peuvent se résoudre à s’ébrouer seules dans cette tempête battante.

Je devrais lâcher cette main mais je ne peux m’y résoudre.
Alors j’essaie d’insuffler une sérénité qui serait pérenne à nous deux.
De toute mon âme. De tout mon pouvoir.

« … Calme-toi… »

Un murmure entendu. D’un professeur à son élève.
D’un mentor à son cadet.
D’un Djinn à un autre.
Et de tout ce reste que nous n’osons définir.
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Nathan Brunelle
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La Raison imposerait qu'il ne s'en saisisse pas. Pourtant, Amon enlise ses doigts dans l’écrin de ma paume. Le vertige est immédiat, et avec lui l'ivresse de la complétude d'un demi-cercle en quête de son arc manquant. Géométrie du cœur qui ajuste sa variable.

Ravage. Ancrage. Tendre vague à l’âme.

Ébranlé, le souffle bousculé, je regarde Amon avec des yeux ronds alors qu'il choie pour me rejoindre à même le sol. Je déglutis entre affolement et satisfaction. Une bouffée incompréhensible d'espoir vient d'éclabousser mes côtes de couleurs qui miroitent. Effets aqueux.
Le professeur vient de tomber de son pupitre. Je suis la sirène responsable de cette chute.

Et puis ?

Je ne sais pas.
Quand tu te tiens comme ça, près de moi, comme un ami dont l'épaule est à disposition, j'ai l'impression de ne pas t'avilir. Pourtant, rien ne me l'assure. Cette connexion puissante et particulière n'est peut-être qu'un artifice de mon père pour faire souffrir son vieux compagnon. Je suis peut-être la source d'un poison que chaque contact distille. Peut-être suis-je l'instrument d'une torture sordidement orchestrée ?
Comment savoir ...

Et puis...

Il y a ce regard dont tu me gratifies. Je ne comprends pas ce qu'il signifie. J'ai l'impression d'être une souris ignorante et naïve entre les griffes d'un chat qui s'amuse à mes dépends. L'équation de tes prunelles est insoluble.
Je n'y arrive pas.
Je n'y arrive pas !


A lâcher cette main...

-  … Ahda...

Mes phalanges pressent les siennes, tentent de se pelotonner  tout contre.

- J'y arrive pas...dis-je les larmes aux yeux, dans mon français natal, profondément bouleversé par la douceur des courants marins qui m'inondent. J'extirpe nos mains jointes de leur cachette et les colle tout contre ma poitrine tambourinante. J'y arrive vraiment pas, tu sais...

Ne me laissez pas pleurer maintenant.
J'en ai assez d'être un enfant !

- Nathan ! T'es là !

La main d'Amon m'échappe alors que surgit une Roxanne qui s'interrompt brutalement à la vue de cet étrange tableau.  

- Je.. euh.. ramenais tes affaires de cours...

Je chasse l'humidité prisonnière de mes cils d'un revers de  manche.

- Désolé, je faisais une crise de panique. Monsieur El-Hadji essayait de me calmer. Le mensonge es débité rapidement pour crever l’abcès de malaisance.
- A cause de moi ? sa déconfiture est sincère.
Je lui souris gentiment.
- Non,  bien sur que non... T'inquiète. Merci pour mon sac.

Je me suis relevé doucement en m'appuyant sur le mur, en tâchant d'ignorer la présence d'Amon entre Roxane et moi. Je reprends le sac.

- Je suis désolé pour tout à l'heure. J'ai pas mal de trucs à gérer en ce moment, ça me rend désagréable et, je le crains, dépourvu du moindre humour.
- Ahahah, naaaaan t'mets pas la rate au cour bouillon... Je suis grave lourde parfois. T'sais j'ai pas l'habitude de vivre avec autant d'monde autours d'moi : ça m'rend un peu con...


Elle me bourrade l'épaule d'un savant coup de poing.

- Bon.. ben.. J'vais pas embêter plus....
Regard appuyé vers notre cher professeur. Faudra nous dire où tu crèches en ville, qu'on vienne te squatter avec Omar et Lydie.
- Ahahah.... ouais...


Malaise, quand tu nous tiens.

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Amon El-Hadji
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J’ai le souffle coupé.
Je souhaitais simplement calmer le tumulte de ses élans, apaiser son âme chavirée de part et d’autre. Mais l’intention peut parfois causer au pire et je constate avec stupeur que Nathan est profondément bouleversé. Par ma faute.
Je reste interdit, sans puissance aucune face à son expression et sa peur murmurée entre ses lèvres serrées. Je suis incapable d’y faire quoique ce soit. Pire… J’ai cette nette sensation de l’aggraver.
D’être ce mal qui le ronge sur l’instant.

Pensée qui me foudroie douloureusement. Un fouet d’Eau transperce ma poitrine à la vue de ses larmes naissantes discrètes.

« Nathan… »

Chuchotement. J’oublie le couloir, la cour, l’école. J’oublie les pas mordant le parquet en notre direction. Tout ce que je vois… C’est la détresse de ce garçon.
J’amorce un mouvement pour séparer nos mains. Pour l’enlacer d’une étreinte rassurante. Pour lui promettre que tout ira pour le mieux.
Une tonne de mots doux qui ne trouveront pas leur marque, ni eux ni mon geste. Tentative avortée, peut-être pour le mieux, par l’irruption de Roxane.
Nathan se relève et je fais de même. Le jeune homme badine et papote avec la demoiselle. Des excuses et des babillages de jeunesse actuelle qui me prête à sourire. Plus encore quand je me place en retrait, à simplement les regarder, hors du sillage de leur amitié naissante.

Une pointe de douleur nait, sourde, que je tais aussitôt comme un animal sauvage à dompter. Je la sais pourtant vive, tapie au fond de moi, à me narguer ardemment en me susurrant sa vérité douteuse que je refoule. Peut-être vaut-il mieux que je m’éloigne de lui. Peut-être… que notre rapprochement n’était pas… sain pour lui...

Une nouvelle sonnerie coupe court à mes débats corrosifs. Je lève le nez vers la cloche et tandis que Roxane s’éloigne pour rejoindre les autres au bout du couloir pour leur prochain cours, je tourne mon regard vers mon élève. Un silence gênant. Le premier depuis longtemps. Et j’ignore la raison de sa teneur si lourde car nous n’avons concrètement rien à nous reprocher, lui et moi.

Alors, pourquoi ?

« Il va falloir que tu y ailles, toi aussi… tu vas finir par être en retard. » Ma voix se fait plus calme et douce. Peut-être moins intime qu’elle ne le fût. Peut-être… moins… équivoque.

Mon dam est réel. Piquant et provoquant dans les sillons de mon cœur.
Je lutte, encore.

Je presse légèrement ma main sur son biceps couvert de tissus dans un élan affectueux et encourageant. Un peu paternaliste sur les bords, mais diablement sincère, quand je rencontre ses yeux.

Je ne souhaite pas m’y dérober. Son regard. Son regard est si…

« Tout va bien se passer, Nathan. Je te le promets. »

Formules sacrées qui parviendront, j’espère, à le rassurer. Autant lui que moi-même. Un mantra à notre encontre pour le futur à venir.
Je dois tout faire pour que cette promesse devienne assurée.

Je finis par m’éloigner moi-même, sans demander mon reste.
Et dans ma tête bourgeonne la perdition en bulbe. Pourtant s'y glissent les paroles fertiles de Maître Gulzar, aussi claires que si je les avais entendues il y a quelques instants.

« La fuite n’est qu’un détour, Vibhât. »
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Nathan Brunelle
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Une gêne nous englue alors que l'interlude à trois prend fin. Silence qui tue. Le gong retentit, entêtant rappel à la raison. Je m'y dérobe, indécis.

- Il va falloir que tu y ailles, toi aussi… tu vas finir par être en retard.
- Oh... Tu me punies d'un contrôle et ensuite tu me chasses ?
fais-je d'une voix dangereusement atone.
- Tout va bien se passer, Nathan. Je te le promets.

Des mots creux qui me rendent un peu plus misérable.
Comme je hais le paternalisme de cette main, prudemment posée loin de tout derme qui risquerait de nous faire chavirer. Lâche que tu es. Après des semaines à t'ouvrir doucement mais surement à moi, te voilà qui bat en retraite comme un couard.
Je t'en veux de ne me laisser que de l'écume après le ravage de tes marées. L'injustice me saisit au trippes.
"Il est l'adulte, il agit pour le mieux..."


Si je suis l'enfant, alors je vais agir comme tel !
C'est là mon plus stricte privilège !

Trois enjambées lestes et j'ai rattrapé mon mentor. Ma main s'empare de la sienne avec une brusquerie qui stoppe net sa déambulation.

Audace souveraine, despotisme puérile, dictât du coeur.
Volonté d'un courage qui te fait défaut.

Je suis jeune et inconscient.
Je me revendique comme tel !

Ignorant son affolement, ses interrogations ou toutes tentatives vaines de se débiner, je l’entraîne avec moi vers les jardins. Je traverse la pelouse d'un pas décidé, toujours ferme sur ma prise.  Nous croisons les gardiens mutiques en costumes noirs, qui bien que surpris, ne nous interrompent pas. Nous voilà bientôt hors de l'enceinte protégée du Manoir, à fouler le terreau humide d'un sentier boisé.

- Ce que je fais ?! Fais-je enfin en me retournant pour lui faire face. Ça me parait évident: je te kidnappe...

Puisque tu n'as pas le cran de le faire toi-même.

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Amon El-Hadji
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Retourne-toi.
Non.
Pourquoi ?
Non.
Arrête, vas-y !
Non !

Un tas qui s’entremêle et s’entrechoque dans les recoins de mon esprit. Je n’ai pas fais trois mètres que je regrette déjà. Mon Eau s’exprime pour moi. Elle voudrait pouvoir me tirer en arrière, me pousser à réagir autrement.
Elle voudrait quand Je décide.

Je marche, encore, me répétant des mantras raisonnables auxquels je dois m’évertuer de croire. Pour mon Bien. Pour le Sien.

Car c’est la meilleure chose à faire… N’est-ce pas ?

Brusque interruption dans ce flot inconstant.
Car je n’ai pas le temps de trancher la question que Nathan le fait pour moi.

Sa fougue, sa bravoure, sa spontanéité si jeune et chère.
Oh, comme elles mettent à mal mes convictions…
… Plus fragiles qu’un château de cartes déchirées.


Sa main m’extirpe hors de ma comédie trop sérieuse. Au-delà de ce contact si particulier à chaque rencontre de nos peaux, je ressens d’autres émotions, vives et pures, qui suintent presque entre mes doigts.
De la frustration.
De la déception.
De la colère, sans doute aussi.

C’est un mélange qui me pousse au mutisme, me cloue face à ma culpabilité. Je tente vainement de résister mais ça ne dure pas. Je ne le peux pas. Je ne le peux plus.

Nathan s’arme d’une sincérité bouillonnante quand je ne fais que feindre un calme paisible. Mon armure se décompose à chaque pas hors du manoir.
Mes joues s’empourprent et ma volonté s’étiole.

Une brève question passe le seuil de ma bouche comme un soupire. Je la pose, par dépit.

« Que fais-tu…
- Ce que je fais ?! Ça me parait évident : je te kidnappe... »

L’impulsion de cette évidence me pousse à rougir davantage. Bon sang, ce garçon ne recule devant rien. Les surprises qui le composent ont bel et bien de quoi nous occuper toute une éternité, voire même davantage.

Nous nous engouffrons vers les bois, à la lisière de la protection magique rendant l’école indétectable. Nous passons la barrière et je le suis toujours docilement, oblitérant l’aspect indécent de la situation.
Je me surprends à fixer son dos.
Son pas vif et déterminé.
La contraction des muscles de ses doigts autour des miens.
Ses mèches mordorées soulevées dans sa nuque au gré de la brise hivernale.

Je mords mes lèvres, nerveux, pris de remords.

Inutile de se débattre plus car je sais que je suis responsable de son état. Je ne sais comment me comporter.
Et j’en paie ces conséquences juvéniles qui me conduisent vers l’inconnu.

« … Et où allons-nous, dans ce cas ? »

Je n’écoute pas la réponse. Je me fiche éperdument de la destination.

L’important, c’est Toi.
Arrache-moi davantage.
Donne-moi cette force du Choix.
Laisse-moi saisir ta main, à mon tour.
Aussi simplement que ça.


Mes pas finissent par freiner la course au bout de quelques minutes. Je rends sa prise à mon kidnappeur, le tire légèrement, le pousse à se retourner. Je n’ose pas affronter ses yeux.
J’ai honte.
De ne pas savoir, alors que je devrais.
Je suis complètement perdu et je ne fais rien pour nous aider.

Mais ma seconde main se joint à la prise, saisit celle libre de Nathan.
Je ne dis pas un mot.
Je laisse faire les Eaux.

Une excuse raisonne dans nos courants croisés, enchevêtrés, noués dans cette forêt.

« Pardonne-moi de t’avoir blessé. »
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Nathan Brunelle
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Je n'est pas la moindre idée de notre destination. Je sais simplement que nous y allons. Du reste, je sais ta question rethorique. Tu te fiches éperdument de la réponse : ton eau est plus honnête que tes mots.

Nous errons ainsi, un moment, sous la canopé épaisse de la Forêt aux fées. Nos semelles font craquer brindilles et feuilles mortes. Et soudain, tu cesses d'être docile. Nos océans en communion appellent au face à face. Alors, je pivote de bonne grâce pour découvrir tes joues brûlantes et ton regard fiévreux. Je prends conscience du trouble produit.

À cause de moi ?

Tu recommences cet étrange tango de signes qui aiment à se contredirent. Les limites que tu traces toi même pour te garder prisonnier s'étiolent. Je n'en saisi plus les contours et les angles. Et la question me hante, obsédante : comment me vois-tu ? Suis-je ton élève, ton protégé, ton ami.... Je suis perdu.
Ta main libre cherche sa jumelle. Comment me soustraire au désir de te satisfaire ? Je n'en ai pas les moyens. Pas plus que la volonté. Un nouveau pont se forme. Ta culpabilité et ta repentance transpirent de chaque chevron.

Tu fuis la frontalité de la parole qui s'énnonce en toute conscience des choses. Fort bien. Je ferme les yeux et je libére pleinement les émois que tu m'inspires : la sensualité rapace de ton nez, tes prunelles de poix qui m'enlisent, le timbre ambré de ta voix déclamant son savoir, le fauve de ta peau accrochant la lumière, les deux adorables grains de beauté ponctuant l'une de tes arcades sourcilières, tes rires trop rares et précieux, le sucre glace ourlant tes lèvres gourmandes, la plénitude des instants de naturel volés au quotidien ....

Je te veux, Amon.
Sans partage, sans regret.


Juste moi.

Es-tu capable de me choisir ?

Juste pour moi.

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Amon El-Hadji
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Bouffée d’air à la surface.
Bulle d’eau dans mon cœur.
Mes paupières ploient sous l’absolue résolution.
La bataille est terminée.

Mes yeux clos peuvent cependant y voir clairement. A travers notre échange muet, je perçois toutes tes allégations, tes mots sans son qui se fondent en moi. Tes images à travers les ondes, tes sentiments percutants d’écume fouettant les remparts de mes émotions.
Vifs.
Purs.
Grisant.


Enveloppant comme une mélopée rassurante. Envoûtant comme une caresse à répétition. Tes paroles muettes, Nathan, ont cet incroyable pouvoir que de me faire croire que je vaux encore quelque chose aux yeux d’un garçon comme toi.

Je n’ai jamais osé l’imaginer, tu sais.
Il y a beaucoup de choses que j’ai cloisonné.
En dehors de moi, à l’intérieur de moi, partout où je ne regardais pas.
Partout où je m’interdisais de lever le voile par peur de ce qu’il cachait.

Je n’ai jamais… crié.
Mais aujourd’hui, je veux le faire.
Par nos Eaux.
Par Nous.


Je sens mes tatouages s’infiltrer sur mon derme, aussi enthousiastes que piqués par les sensations, scintillants par intermittence, flashs bleus sur les feuilles de résineux.

Je te parle, Nathan.
Je te communique bien plus que je ne l’ai jamais fait.
Je te transmets tout.
Tout à propos de Toi.
Mon ressenti. Mes émotions grandissantes. L’impact de ton irruption dans ma vie. Ma distance protectrice que j’ai regrettée sans savoir comment m’en défaire. Ma peur de t’observer avant d’y prendre un plaisir coupable ces dernières semaines. La terreur de cette épée de Damoclès au-dessus de ton joli cou. Le mal-être de ton engeance. La stupeur de mon désir foudroyant. Le besoin maladif de te savoir près de moi. Ma faiblesse à échouer en tant que guide. La frayeur de mes doutes quant à ma position, mon autorité imposée par mon statut, notre âge creusé, notre histoire commune qui s’écrit sous l’encre d’un Damné aux yeux aussi clairs que les tiens.

Ma propre toxicité prompte à te faire du Mal sans le vouloir, car je sais à quel point je peux me blesser moi-même.

Tout ça, Nathan, est pour toi.

Mais pas seulement.
Il y aussi la tendresse de nos échanges. Ta verbe piquante, ton savoir étonnant. Ta passion vivifiante. Ton impulsion brillante. Ton intelligence d’âme. Ta curiosité. La chaleur vibrante que je pressens quand je te sais à proximité. La créativité qui exergue de nos discussions. Cette Histoire que nous tissons au gré des parchemins d’Antan.
Tes lèvres en forme de cœur qui s’ourlent en un sourire à faire pâlir les meilleurs portraitistes. Ta peau de marbre blanc mouchetée de perles brunes tentatrices. Ton port altier et élégant. Ton raffinement inné. Tes maladresses gauches et charmantes. Ton air d’enfant joueur. Mon admiration pour ta foi en l'avenir.
Ton futur.
Ta candeur.
Ta fraîcheur.
Mon Salut.

Tout ça, Nathan, est pour toi.

Et maintenant ?
Qu’en déduis-tu ?

Qu'en feras-tu ?

Je ne peux rien faire de plus.

Mes yeux d’or s’ouvrent et rencontrent tes prunelles. Ma peau est parée d’une myriade d’écritures et de dessins. Les gouttes de rosée flottent ça et là, mues par une volonté inexpliquée. L’humidité de l’air se matérialise en un fin rideau translucide autour de nos silhouettes jointes.

Echo d’Amour dans la Forêt sacrée.
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Nathan Brunelle
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La scène demeure muette et pourtant jamais conversation ne fut plus animée. Amon se livre avec une sincérité crue qui touche mon cœur dans le charnu de ses fibres. Plusieurs semaines de vie commune et ce perpétuel jeu de chat et de souris entre nos essences. Tout ce que nos bouches ne proferent pas, nos mains l'ont exploré. Nous nous sommes apprivoisés et désormais nous nous dévoilons, pleinement, chair contre chair, âmes en ébullition.

Alors, c'est donc vrai ?
Je suis, pour toi, ce genre de déclencheur ?
Je n'ose y croire.


Amon, ta vérité est belle.
Tes failles, tes blessures, tes murs effrités.
Tes espoirs muselés, tes désirs étouffés.
L'écho de tes émotions.
Tu es un être fatigué de n'avoir jamais vraiment vécu.
Et si tu essayais ?

J'ouvre les yeux pour me découvrir front à front contre Toi. Nos corps, enchevêtrés, vibrent d'encre en mouvement. La bruine produite par nos effusions mentales détrempe nos vêtements, dévoilant un peu plus les arabesques de nos calligraphies intimes. Nos histoires s'écrivent, scintillantes à chaque point de contact du derme. C'est une fresque magnifique. Œuvre double et pourtant unique. Identité qui se définie. Je suis ton moteur, ton énergie, ta jeunesse sacrifiée que tu retrouves enfin.
Ma juste place est là.

Amon, merci.

Mes lèvres entrent en collision avec les tiennes.
Ultime connexion.
Point d'orgue naturel d'une union qui s'affirme.

Ceci ne peut pas être fomenté par Nadim.

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Amon El-Hadji
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La nature est témoin.
Je suis témoin de ma nature.
Mon corps est en suspension aqueuse, au cœur du secret que cette forêt gardera pour elle.
Personne pour nous épier.
Personne pour nous empêcher
D'être un peu trop fous pour le commun des mortels.
Mais notre Histoire s'écrira de l'encre des audacieux.
Des romantiques impétueux.

Mes yeux se sont clos, dans l'attente, dans l'abnégation et la résilience. Je les attendais et les aies senties, dans toute leur beauté, dans toute leur essence de sincérité.

Les lèvres de Nathan contre les miennes.

Souffle chaud et trempé des perles qui se mêlent à l'émotion.

La Raison a déserté. Sans doute reviendra-t-elle plus tard la queue entre les jambes. Pour l'instant, je me contente de suivre l'Instinct. De bien meilleurs conseils sous l'obole de ces arbres, face à cette jeunesse pure qui se fond dans ma bouche.

« Tu as ce courage qui me fait défaut, mon beau Nathan... »

D'une main dans sa nuque, je saisis la tangente, brin de timidité au bout de mes doigts. Il ne me faut que peu de temps pour retrouver ces sensations uniques, que je croyais perdues avec mes années passées.
J'accentue. Je joue. Je cherche. Chaste. Puis prégnant.
J'embrasse.
Alors que tout devrait me l'interdire.
Alors que je devrais lutter.

Mais j'ai rendu les armes.
Pour en saisir d'autres,
Pour l'ultime combat.

D'une vague, je noie mon regret.
Avant qu'il ne revienne me hanter...


Le vent se lève. Le baiser cesse. Le contact dure, lui, inaltérable, éternel.
« Nous devrions rentrer », soufflent mes pensées.
Reprendre notre vie où nous l'avons laissées.

Là où nous savons que plus rien ne sera jamais comme avant...
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Nathan Brunelle
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Pulpe de doigts sur ma nuque, caressante, hésitante. Amon ne me rejette pas, bien au contraire. Il m'invite à la persévérance. Jeu dangereux, inconscience partagée, le temps d'une parenthèse.
Le monde extérieur n’est qu'une illusion ouatée. Mes sens sont focalisés sur cette bouche qui chante, balbutie et soudain harangue à mes lèvres. L'univers ne se résume plus qu'à cela. A cette tendre et sensuelle logorrhée muette. Une poignée de paradis en suspension.

Sous la pluie.

Amon reprends son souffle et me rend le mien. Nos regards se croisent en silence. Ses cils sont d'une longueur exquise. Pudique rempart d'un regard inquisiteur, un peu moins assuré que d'ordinaire. Tous ses courants refluent, indique le repli.

Je n'en ai pas envie.

Mon nez caresse l'arrête du sien, le contourne et respire sa tempe. Mes bras pressent son corps contre moi, avec une effusion libérée. Effervescente. Je veux garder l'empreinte d'Amon sur ma carcasse désespérée. Je ne veux pas perdre cette sensation.
Pourtant, je me plie à l'impulsion, non sans dérober un ultime baiser. Douce bénédiction déposée sur sa chevelure Je déglutis, ému, les yeux embués. Autour de nous, un drôle d'arc-en-ciel s’est formé à l'aulne du soleil rasant d'après-midi et de notre humidité.

Ramène-nous...

Main dans la sienne , je me laisse guider vers un retour inévitable. La parenthèse se ferme mais l'histoire ne fait que commencer.

Je crois.

***

L'après-midi passe à une vitesse dont je ne saisis aucune seconde. Sable entre mes doigts. Je me sens vaporeux, éthéré, ailleurs. Tout est flou, indistinct ou voilé. Les décors se succèdent avec l’irréel factice d'une scène de théâtre. Mes capacités de concentrations sont désormais réduites à néant. Je dérive. L'esprit habité par une seule image.
La vie continue et je ne la perçois que très vaguement. Le temps défile et fout le camp.
Aussi suis-je à présent devant la porte de chez lui -chez nous ?- l'air un peu hagard. J'ignore s'il est rentré. J'hésite. J'esquinte ma lèvre de quelque nouveaux mordillements. Puis, finalement, je tourne la poignée qui n'est pas verrouillée.


Amon est là.

Dans la clarté vacillante du soir, une de ses sempiternelles tasses de thé fumante à la main, il bouquine je ne sais quel ouvrage. Sa mise décontractée tranche avec ses tenues guindées professorales. J'aime les drapés lâche de ses sarouels et de ses grand pulls informe dont il s'affuble quand personne n'est là pour observer. Je reste là un moment à le contempler, incapable de faire le moindre mouvement.
Simplement subjugué.

Et si j'avais tout bonnement rêvé ?


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Amon El-Hadji
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Douceur interdite
Perdue dans le paradis vert
Que nous laissons derrière nous.


J'ai quitté Nathan sur le pas de la porte du manoir. Comme si de rien était. Comme si la forêt n'avait rien vu. Les gardes sont restés dans le secret après une brève directive de ma part. Je n'avais pas à me justifier.
J'ai tenté de travailler, tapi dans mon bureau à l'abri des regards indiscrets. En vain. L'atmosphère vaporeuse empêchait la moindre de mes concentrations. A peine pensais-je à autre chose que revenaient en vague les sensations de nos lèvres accolées les unes aux autres dans un ballet infini.

Et je n'avais aucune envie de repousser ce souvenir pour me ramener au présent.

Le reste des heures s'égraina bien lentement. Je quittais Tae'alam avant mes élèves, me rendait à mon cabinet m'enquérir des nouvelles de la journée que ma chère Agatha avait compilées méthodiquement. Elle ignorait tout de ma véritable nature, et encore plus de l'école, mais me faisait une confiance aveugle quant à mes absences répétées. Et elle remarqua la première que j'avais l'esprit ailleurs.

Plus précisément, dans les bras d'un autre où je rêvais secrètement de me blottir.

Mes pas m'ont rapidement conduit à demeure. Rituel de mon foyer oblige, je délaissais mes habits formels pour m'envelopper d'une bruine d'eau longue et revigorante, avant que d'autres vêtements ne m'entourent, plus amples, plus proche de la liberté de corps que j'avais vécu pendant des siècles mais que ma pudeur moderne freinait aujourd'hui.

Et les embruns du soir ont fini par couvrir la ville de leur voile rassurant. Dans les couleurs vermeilles, j'ai plongé mes yeux dans l'acier trempé de nuances orangées, depuis le haut du balcon. Longuement. La tête pesante et les pensées lancées à l'autre bout du monde.

« Vibhât, tu réfléchis trop. Je te l'ai déjà dis et je pense que ma carcasse éternelle ne cessera jamais de le faire ! »

La voix railleuse et pleine d'écho de mon maître résonne dans le cercle d'eau vibrant à mes côtés. Nous sommes en pleine conversation depuis une bonne heure maintenant. Une suspension de gouttes entrelacées dont les ondes glissent d'un pays à l'autre pour nous permettre de communiquer. Aptitude spéciale des Maritins entre eux. Le téléphone est un progrès que mon Temple ne connaît pas.

« … Quoiqu'il en soit, je vais me pencher sur la question. Ton phénomène me rappelle un rapport écrit du Conseil de l'An d'Argent. Je dois en avoir une copie quelque part. Quant à toi, je te conseille de te replonger dans les grands principes de symbiose élémentaire. Tu as toujours l'exemplaire que je t'ai donné ?
- Oui, dans ma bibliothèque. Et merci, Maître Gulzar. Vous ne savez pas à quel point c'est important.
- Oh, j'ai une vague idée... Je te connais ! Il y avait bien longtemps que tu ne m'avais pas parlé d'un compagnon avec autant d'enthousiasme... Ces recherches sont un bon prétexte pour élucider les mystères de ton cœur, n'est-ce pas ? »

Je me pare d'un sourire empourpré. Mon maître sait viser juste. Il a toujours su, même la première seconde où nous nous sommes rencontrés. C'est bien pour cela que j'ai voulu expliquer, à lui et lui seul, ce qu'il était en train de se passer entre Nathan et moi. Cette communion des flux, délicieuse, inattendue.

« … Je vais devoir vous laisser. L'heure tourne et j'ai à faire. Mais merci encore, je vous recontacte très vite.
- Que les Primordiaux te gardent, najl. Oh et je suppose que je transmets tes amitiés à Safa ? Elle est derrière moi et me hurle dessus... Je crois qu'elle veut te demander... Hé !! Doucement enfin, mon sceptre ! Rend-le moi !!
- Vibhââââât, par tout les enfants de Bahr, quand est-ce que tu reviens nous voir au juste ?! »

Un nouveau sourire, bien plus doux. Safa n'a rien perdu de sa verve, qu'elle crie depuis l'onde. Du rire en pointe de bouche alors que je rappelle mes gouttes au creux de ma main.

« Très bientôt... C'est promis. »

[…]

Le temps se passe et les odeurs se mêlent. Mon thé refroidit sur ma cuisse tandis que mes yeux parcourent les pages jaunies de ce vieux livre de cours, si l'on peut dire. J'ai compilé les parchemins de mon maître en reliure, bien plus aisées à transporter. Mais ma lecture est interrompue par la porte qui s'exprime. Je ne regarde pas. Je sais très bien qui est rentré.

Et ce que son regard va procurer en moi.
Tu réfléchis trop. Les mots reviennent comme un ricochet.

Aussi, je décide de me lever. De le regarder. De le gratifier d'un sourire quand mon cœur hurle, à son tour, pour un contact.

« Bonsoir... »

Dans le feutre du logis, rien ne peut nous arriver. Je délaisse alors ma lecture pour aller l'accueillir. Mon corps se déplie, je marque une pause pour étirer mon dos. Je ne suis pas de première jeunesse et mes muscles me le font parfois sentir.

« Comment s'est passée le reste de ta journée ? »

J'approche, un peu plus. Prudemment, comme timidement. J'ignore pourquoi. Je crois que Nathan m'impressionne sans le vouloir.
Lui, ou le souvenir de notre baiser.
Que je souhaite réitérer. D'une manière irrépressible.


Mais pour le moment, ce sont mes doigts qui l'expriment. Ils viennent tendrement s'enquérir de leurs pairs, cherchant la main du jeune djinn en la frôlant.

« J'ai fais du porc au caramel pour le dîner. J'ai pensé que ça te ferait peut-être plaisir... »

Petit sourire en coin. J'espère, très sincèrement, que Nathan ne regrette pas ce qu'il s'est passé.

Moi, et mon Eau, serions dévastés.
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Nathan Brunelle
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Comme dans un rêve vaporeux, un film au ralenti baigné par une photo superbe, je contemple le profil aimé faire pivot vers moi. Je crois que j'ai cessé de respirer un moment car mes poumons se gorgent d'air avec une pression douloureuse dans leur cage de viande et d'os.

- Bonsoir...
- Bonsoir...


Echo presque murmuré, incertain.
Tu as fantasmé ce baiser pauvre imbécile !

- Comment s'est passée le reste de ta journée ?

Il s'étire, tel un chat, image rémanente de séances de yoga attrapées à la volée quelques matins sans être vu. Je remarque alors qu'il porte le même pull que ce jour là. Il glisse en drapés laineux sur le nu de sa peau. Je détourne le regard, m'appuyant sur l'encadrement de la porte.

- Ah.. euh... Bien...


Je n'en ai qu'un souvenir un peu confus, comme on oblitère les choses banales et sans importance. Le pas gracieux d'Amon fait chanter le bois du plancher, jusqu'à moi.

- J'ai fais du porc au caramel pour le dîner.

Mouvement d'air, caresse légère de ses phalanges contre le dos de ma main. Je sens son eau désireuse de me plaire, désireuse tout court. Mais l'homme fuit, timoré, une fois de plus.

- J'ai pensé que ça te ferait peut-être plaisir...

Je rattrape son poignet. Il est si fin, si menu au creux de ma poigne. Les Eaux se rencontrent, affluent, vagues impétueuses qui s'entrechoquent. Mes doigts explorent le derme halé aux miroitement de caramel. Je remonte lentement et incidemment le long de son bras, sous sa manche. Je ne le quitte pas des yeux.

- Ça me fait plaisir... mais je n'ai pas faim pour le moment. Pas de ça, en tous les cas.

Embrasse-moi, Amon.
Prouve-moi que rien de tout cela n’est un mirage.

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Amon El-Hadji
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La prise de Nathan me fait perdre toute contenance. Je l'ai cherchée et je l'ai eue ; cette sensation de flottement alors que l'espace s'étiole et qu'il ne reste que nous deux. J'oublie mon salon. J'oublie mon livre aux parfums anciens. J'oublie le plat qui nous attend et ne regarde que ses yeux.

Ses terribles, si terribles yeux.
Qui me happent en un instant.

Ma faiblesse n'a pas de rivale. Elle se fait conquérante sans aucune forme de lutte.

Ma main glisse en retour vers la sienne et mes doigts s'entremêlent. Je n'irais nulle part. Chuchotement des vagues qui s'animent en l'un puis en l'autre. Je peux presque sentir le soulagement qui soulève son cœur à mon geste.

Sa phrase équivoque m'arrache un petit ricanement léger. Je me rapproche, torse à torse. Mon regard levé vers le sien. Par Bahr, que ce garçon est grand. Je suis obligé de me hisser sur la pointe de mes pieds nus pour pouvoir murmurer contre lui, en espérant que mes sons l'atteignent. J'ai un sourire qui ne trompe pas. C'est comme si j'avais simplement attendu d'avoir le droit.

Que nos Eaux nous grisent d'émois.

« Alors que j'ai cuisiné pour toi ? Tu es vraiment impossible... »

Et je suis pire que toi.
Bien pire.


Ma main libre s'accroche à sa nuque. Elle en parcoure le duvet doux de la naissance de ses cheveux, du bout des doigts. Une caresse mimée par mes lèvres, contre les siennes. D'abord chaste, toujours. Exploratrice.
Avant de frémir d'intensité.

Je pressens les souvenirs de la forêt.
Je recommencerai, encore et encore.
A ponctuer chacun de nos paysages de notre formidable déraison.

Long est le moment, étiré dans le temps. Les minutes n'ont pas d'importance, seul compte le silence à peine troublé par nos respirations mêlées.

Mes yeux sont clos. Mon corps est lourd, pressé contre le sien.
Si c'était un rêve, nous avons choisi de ne pas nous réveiller.

Je ne romps l'instant que pour une bouffée d'air salvatrice. Rien ne nous empêche de réitérer la chose. Encore. Et encore.
Ma main passe de sa nuque à sa joue. Elle effleure le derme velouté comme on toucherait une statue de marbre sacré.

« ... Incroyable... »

Chuchotement perdu entre deux souffles. Plus courts, plus pressants.
Qu'est-ce qu'il l'est, au juste ? Tout.
Lui. Ceci. Ici. Partout.
Nous.

Et le plus incroyable encore,
C'est que je n'ai plus peur de rien.
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Nathan Brunelle
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Un bref instant je crains m'être fourvoyé et puis , je sens son eau s'apaiser, se mêlée harmonieusement à la mienne. Roulis des vagues qui se répondent. Je suis ta plage, tu es mon onde. Je sens un poids sur ma poitrine s'évaporer. Un soupir s'échappe de ma gorge, sourire vaporeux alors que tu m'enlaces.

Enfin...

- Alors que j'ai cuisiné pour toi ? Tu es vraiment impossible...
- Ta faute... Tu m'a abandonné toute une après-midi. Paie en les conséquences...


Nos lèvres se rencontrent, nous empêchant de poursuivre ce dialogue délicieusement idiot. L'éloquence de nos langues respectives fait bien assez. En apnée depuis ma confession dans la forêt, je laisse mon désir bridé s'enhardir. Osmose aqueuse qui nous transporte. Nous perdons la notion de temps et d'espace. Données négligeables. L'équation de nos corps mêlés ne s'inquiète pas du concret. Elle transcende jusqu’au carcan de la chair.
Du moins jusqu’à ce que mes poumons se rappellent qu'ils ont cruellement besoin d'oxygène pour faire fonctionner ma grande carcasse.

Haletant, le regard brûlant, je constate qu'Amon est aussi pantelant et échevelé que moi. Il faut dire que je le hisse presque de terre, mes bras envahissant la peau nue sous son pull. Je lui ai presque ôté.

- ... Incroyable...

Mon nez vient caresser le sien avec un sourire émerveillé. Son derme est une page brune parsemée d'histoire qui se dévoile à mon toucher. Sa sensualité naturelle m'incendie les veines. La passion rend audacieux, dit-on. Je picore à sa bouche, béquet fiévreuse, toujours plus avide et, se faisant, je le pousse vers le canapé sur lequel nous basculons de tout notre long. J'éclate d'une hilarité cristalline, le pif enfoui dans son cou. J'y viens cueillir quelques perles de son eau qui bruine à sa gorge, du bout de la langue. Croquement de menton rieur. Je m'égare dans la contemplation de son visage, de ses yeux si profonds.

Douce averse d'été dans notre salon.
Pluie câline et joyeuse.

- Amon... fais-je tendrement, incapable de finir ma phrase tant les qualificatifs se bousculent dans ma cervelle. Il sont tous pétris par une émotion que nous communions déjà. Je reviens m'abreuver à ses lèvres, assoiffé comme jamais. Le temps se perd, une fois de plus.

Et soudain on sonne à la porte.
Avec insistance.
J'ignore ce bruit parasite quand une voix reconnaissable entre mille braille de l'extérieur :

- YOUHOUUU NATHAN !!! SORT DE TON TROU  C'EST L'HEURE DE PENDRE LA CRÉMAILLÈRE !

Je me redresse, surpris. Toute l'eau en lévitation tombe en flaque autour de nous.
Que fiche Roxane ici ? Elle n'a pas l'air d'être seule, en plus. Je jette à Amon un regard désemparé de complète incompréhension.

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Amon El-Hadji
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Moment de grâce, suspendu dans l'espace. J'enchevêtre mon rire au sien quand nous basculons sur le canapé, la tête en arrière, mon cou offert.
J'abdique face à la moindre résistance. Je veux lui donner ce que nous voulons, là, tout de suite. Depuis des semaines.
Que mon corps soit la page blanche de ses découvertes, la carte de ses explorations.
J'incite à plus, enhardissant mes baisers, attrapant ses mèches dans une poigne plus significative. Mes joues rouges et mes soupires trahissent mon désir, quand ma jambe s'enroule autour de la sienne pour l'empêcher de partir.
Ce tendre instant où nos yeux se croisent me fait complètement chavirer. Sa manière de me regarder. De m'appeler. De me respirer.
Nathan...
Il est impensable de penser, désormais. Je veux que la nuit soit témoin de notre folie. Jusqu'au petit matin entrelacés synonyme de bien d'autres. Jusqu'à l'extase du soir muté en jour.
Jusqu'à...

« YOUHOUUU NATHAN !!! SORT DE TON TROU  C'EST L'HEURE DE PENDRE LA CRÉMAILLÈRE ! »

Sang qui glace. J'entends distinctement le bruit d'un piano s'écraser en arrière plan de notre amour. L'eau ponctue l'effet ironique de l'ensemble en retombant sur nous. Nous sommes trempés et désarmés.
Mes grands yeux s'arrondissent davantage à l'expression incongrue de mon jeune amant. Visiblement, il est autant au courant que moi de cette visite impromptue.

Les voix se pressent contre la porte d'entrée, toutefois.

« Roxane, il n'est peut-être pas là...
- Arrête ton char Lydie, on l'a vu entrer non ? Il s'est pas volatilisé quand même ! Naaaaaathan, allez !! On a de la bière et des pizzas !
- Il y en a même des vegan !
- Ouais carrément !! »

Nouveau coup furieux de sonnette. Ces jeunes freluquets vont finir par alerter mes voisins. Je fixe avec effroi le loquet ouvert de l'entrée, signe qu'à tout instant, mes chers élèves sont capables d'entrer. A tout moment.

« Bon bah tant pis, tu l'auras voulu ! Helloooooooooo...- »


Je blêmis quand la poignet se tourne et que la porte s'ouvre avec grandiloquence. J'en ai assez d'avoir raison.
Panique soudaine.
Nathan et moi sommes encore enlacés, sa main – délicieusement - sur mon pectoral et j'ignore comment, mais d'un geste de ma part pour nous relever, nous voilà par terre, face contre le parquet. Un fracas qui surprend nos invités pas vraiment désirés mais qui a le mérite de nous séparer un peu. Tout du moins, d'éviter une pose trop... suggestive sur mon sofa.

« …. oooooooooo... ? »

Je me relève rapidement, tentant de conserver un peu de dignité malgré mon attirail. Mon pull déjà naturellement trop large en dévoile bien trop et je me dépêche de remettre mes habits humides en place. Comme si de rien était...
Mais personne n'est dupe, évidemment. Ismain, Roxane, Lydie, Omar. Les quatre nous fixent avec une expression digne d'un tableau surréaliste.

« … Euh...
- Professeur El-Hadji ? Qu'est-ce que...
- ... Bonsoir, jeunes gens. »

Nous nous regardons tous en chiens de faïence. La tension est assez étouffante, tout autant que la gêne qui nous anime. Mon cœur bat aussi vite que mon cerveau cherche un stratagème d’ellipse. Tout en sachant qu'il sera vain mais, au moins, il finira par rompre ce silence insupportable.

« … J'espère que vous aimez le porc au caramel. Ça accompagnera très bien vos pizzas. »
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Nathan Brunelle
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Le dialogue est surréaliste.
La scène est surréaliste.
On se croirait dans un très mauvais Vaudeville. Je m'attends à voir débarquer Enyo du placard. Ou pire, cette Simone qui me donne l'impression d'être épié même sous la douche.

Et soudain, la gravité bascule.

- WAAARGH !

Je me vautre sur le plancher humide. Le tapis spongieux fait un bruit mou assez immonde quand je me redresse sur les coudes douloureusement. Amon est déjà debout, droit comme un piquet et je lui fais écho en me hissant gauchement à ses côtés. Nous sommes débrayés, trempés et des reliquats de tatouages sont en train de s'évanouir sur chaque bout de peau trop visible.

- ... Bonsoir, jeunes gens.

Silence.
Pesant.
Si opaque que la lame d'un scie circulaire pourrait s'y priser. Je me gratte l'arrière de la nuque, le regard fuyant celui de mes camarades. Si Roxane avait des yeux-lasers, je serais présentement en train de ressembler à une passoire. Omar s'occupe sagement les mains avec la pile de pizzas qu'il vient de sauver d'une chute, Lydie dissimule sa gêne et son minois écarlate derrière Roxane et Ismain ne comprend rien parce que c'est Ismain. Ce mutisme général me donne l'impression de nager dans une marre de ciment en pleine pétrification.

- … J'espère que vous aimez le porc au caramel. Ça accompagnera très bien vos pizzas.

Déclic brutal d'un mauvais bouton.
Déclenchement d'un fou rire nerveux et incontrôlable.

- On n'aura qu'à l'étaler sur les pizzas veganes et en les roulant ça fera de gros burritos....

Je repars de plus bel, impossible à arrêter. J'en ai les larmes aux yeux. Mon salut vient d'Omar dont le rire puissant fait vibrer les murs. L’atmosphère se détend, les lèvres s'ourlent de sourires, quelques ricanements fusent.

- Bon! L'est où ta cuisine, que j'mette les bières aux frais !
- Je vais te montrer, c’est par là...


Je saute sur l'occasion pour m'échapper avec Roxane alors qu'Omar pose les cartons sur la table basse, que Lydie s'assoie gauchement sur un coin de fauteuil sec et qu'Ismain vagabonde dans la pièce avec curiosité. J'abandonne tragiquement Amon aux questions innocente du benjamin de notre classe :

- Pourquoi c'est mouillé par terre ? ... Vous faite quoi ici Monsieur ?... Oh ! Ça l'air très ancien comme manuscrit ! C'est à qui ?

Je me tourne vers mon amant et articule un silencieux  "Je suis désolé..." lisible sur mes lèvres. Roxane, pour sa part, attend l'intimité de la cuisine pour me mitrailler.

- J'le savais.
- Quoi donc ?
fais-je innocemment en ouvrant la porte du frigo.
- Tu t'ais choppé l'prof, mon salaud !

Je passe une main dans ma tignasse humide, sans lui accorder une seule oeillade. Je range les bouteilles qu'elle me tend avec le plus de contenance possible.

- Je ne vois pas ce que tu veux dire...
- Azyyy j'ai toujours su qu't'étais un peu kinky sous tes air de premier d'la classe !
- Va te faire foutre, Roxane, Cordialement...
Je soupire sans parvenir à cacher un début de sourire que je masque derrière le battant du freezer.
- AAaaaaaaanh.. Nathaaaan Bruneeeelle...Vous êtes une sacrée p'tiiiiite trainééééééééééée ! qu'elle me bourrade goguenarde, alors que j'essaie de garder mon sérieux. Qui l'eut cruuuu ?
- Ah.. mais.. ça suffit ! T'es grave lourde, tu sais ! que je fais en la repoussant mollement. Difficile d'être fâché contre elle dans la mesure où je viens d'apprendre qu'on me retourne mes sentiments là où je pensais que ce serait impossible. Je vais me changer. Essayez de ne pas foutre le bordel, ok ?
- Chef, ouiii chef !
Qu'elle me fait une bière à la main et sa main dressée au casque de l'autre.

Je secoue la tête  avec un vague air dépité et je m'éloigne vers la paix relative de l'étage où se situe chambres et salle de bain. Je me sens à la fois excité, frustré et incroyablement épuisé.

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Amon El-Hadji
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Je me sens tétanisé autour de ce déluge de jeunesse improvisé. Je reste coi, à battre des paupières, un brin trop en décalage avec la réalité qu'ils importent chez moi. Et le fait qu'ils aient eu à être témoin de notre moment à nous ne fait que renforcer mon malaise latent. Je pince mes lèvres en silence en les observant, tout autant que je veux les délier dans une protestation une fois que Nathan s'enfuit vers la cuisine avec Roxane. C'est pas vrai !
Mes yeux le dardent d'un feu d'éclair avant que je ne soupire, me tournant vers Ismain et profitant de sa soif d'apprentissage pour détourner l'attention du petit groupe.

J'élude ses questions et me contente de sourire poliment.

« Ce n'est pas très important... Veux-tu voir un tour, cependant ?

- Un tour ? Quel tour ? »

Ses grands yeux s'ourlent de curiosité, tout comme ceux fuyant de Lydie et l'expression ciselée d'Omar. Mes doigts passent dans mes cheveux, recueillant toutes les gouttes les imbibant. Un séchage rapide que j'ai l'habitude de pratiquer. La sphère d'eau au creux de ma main, elle semble graviter autour d'elle le reste de l'humidité ambiante, de mes vêtements, en passant par le canapé, jusqu'au sol. Elle grandit, grandit au fur et à mesure que j'assèche les lieux sous les regards tantôt amusés, tantôt admiratifs de mes jeunes élèves. Aucun d'eux n'est un Maritin. Ma caste reste la moins nombreuse, malheureusement. Je souris en retour et d'un claquement de doigts, le liquide se disperse, comme mue d'une vie propre. De fins filets d'eau dansent autour des trois jeunes gens. L'un semble s'amuser à soulever une mèche de Lydie ou à voler les lunettes d'Ismain. D'un petit rire, je termine leurs courses respectives dans les innombrables plantes en pot décorant mon salon.
Mes élèves se fendent de petits applaudissements quand Ismain se fait le plus véhément. Son regard brille presque de la nature de son élément.

« Wouah... ! Vous croyez que je pourrais le faire avec le feu un jour ??

- Uh... Je veux pas être là quand tu feras des tests, Isou...
- Moi non plus ! Sauf si j'ai de la viande à faire griller ! »

Je les laisse à leur amusement et me gratifie d'un peu de soulagement. On dirait que ceci les as suffisamment distrait. Toutefois, mes yeux s'attardent quelques secondes sur un autre détail du décor. Nathan vient de sortir de la cuisine et fuit vers l'étage.

Hum.

Quel courage, chéri.


J'arque un sourcil silencieux avant d'attendre. Le rejoindre tout de suite alimenterait les rumeurs déjà vivifiées par le témoignage à venir des quatre lurons. Je me contente d'approcher, d'ouvrir les cartons, poser des questions sur les pizzas. Je gagne du temps. Un crochet par la cuisine, saluant Roxane au passage et touillant le porc en sauce qui mijote tranquillement.

Puis, une fois que l'attention est enfin braquée sur autre chose que ma personne, je décide d'à mon tour m’éclipser vers l'étage. Nous serons deux à fuir, puisque c'est ainsi.
Je n'ai pas besoin de chercher bien longtemps. Je croise les bras, silencieux au possible, à observer Nathan dans l'encadrement de la porte de la salle de bain. Ma voix finit par trahir ma présence.

« Et maintenant ? » Malgré mon embarras, c'est difficile pour moi de ne pas sourire. Nous voilà propulsés dans un mauvais scénario de roman à l'eau de rose moderne. « Nous voilà bon pour une petite pyjama party avec tes amis... »

L'ironie me dévore la gorge. Je souffle tout cela, par peur d'être encore surpris par un élève curieux.  Je ne peux pas m'empêcher de rire cependant, un brin nerveusement. Les nerfs qui lâchent, sans doute.
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Nathan Brunelle
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En arrivant dans la salle-de-bain, je m'appuie sur le bord du lavabo. Mon faciès dans le miroir reflète un épuisement mental aussi brutal que violent. Comment avons-nous pu passer d'un bonheur parfait à un marasme pareil ? Je pousse un soupir long comme un jour dépourvu de pain.

- Bon, reste pas comme ça.... Habille-toi et redescends, sinon tu vas donner l'impression d'avoir fuit comme un connard, que j'intime au Nathan dépité du miroir.

Je retire veston et chemise, que j'essore comme je peux, puis pantalon que j'étend sur la tringle du rideau de douche et qui goutte lamentablement dans la baignoire. Dépourvu de mes sous-vêtement et de cette horrifique sensation spongieuse de chaussettes mouillées aux pieds, je m'éponge avec la première serviette trouvée. J'en suis à me frictionner les cheveux quand je sens une présence intruse dans mon intimité. Je cache brusquement ma nudité avec de grands mouvements gauches.

Soupir de soulagement.

- Put...rée ! J'ai cru que c'était Roxane qui revenait à la charge !
- Et maintenant ?


Il est fâché. Inutile de me connecter à lui pour sentir l'orage intérieur caché par le sourire. Je vais me faire plaquer avant même que nous ayons commencé cette relation.

- Je ne sais pas plus que toi... Je noue la serviette autour de mes hanches.
-  Nous voilà bon pour une petite pyjama party avec tes amis...
-.. Qui sont aussi tes élèves ! Ça ne me fait pas plus plaisir qu'à toi d'être envahi de cette manière à.. à un moment aussi....


Mon teint prend la délicieuse couleur d'un écrasé de tomates confites. Amon se met à rire nerveusement et, par écho, m’entraîne avec lui.

- La vache, c'est la situation la plus gênante que j'ai jamais vécu. J'ai pas du tout envie de redescendre...... Je me passe une main sur le visage.

Puis, je l'écarte doucement pour fermer la porte de la salle de bain sur nous : le voilà pris en tenaille entre mon torse et le montant. Je le surplombe bien d'une tête. Il y a quelque chose d'adorable dans la manière qu'il a de hausser le menton vers moi.

- Je suis désolé, Amon, je ne pensais pas qu'ils me suivraient jusqu’ici...... Tu m'aimes quand même... ?


Je ne calcule ni mon air malheureux, ni le timbre suppliant de ma voix.

Ni même le désir abîmé de frustration qui en transpire.

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Amon El-Hadji
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Je secoue la tête un instant, toujours pris par mon gloussement imbécile. C'est tellement ridicule. De quoi aurons-nous l'air, demain, à l'école ? Qui saura ? Qui ne saura pas ? Tout ce que nous avions redouté s'est produit en un quart de seconde et il est impossible de revenir en arrière. Ce dont nous avions peur nous a cueilli quelques heures à peine après notre premier baiser.

Baiser qui, malgré les circonstances, ne sera certainement pas le dernier. Quand bien même cela sera désormais difficile, je ne veux rien achever de ce bourgeon de tendresse que nous faisons délicatement éclore entre nous. Pas à cause de quelque chose d'aussi trivial que quatre paires d'yeux que nous devrons convaincre de sceller.

Les mots plaintifs de Nathan font écho à ma petite détresse. Je tord ma bouche en un soupire désemparé alors que je détourne les yeux, mal à l'aise pendant une poignée de secondes. La suite des événements est inéluctable.

« Moi non plus... mais ils ne partiront pas tant qu'ils n'auront pas pendus cette fameuse crémaillère. Nous n'avons pas grand choix, hm ? » Je finis par concéder à la situation, une main dans mes cheveux, les ébouriffant en signe de réflexion. « Buvons, mangeons, mais surtout finissons-en rapidement. Je... »

Les paroles viennent, sanctifiées d'une sincérité que seule lui et moi pouvons partager désormais. Un atour de désir, d'envie, de complicité à étreindre encore et encore. Mes yeux croisent les siens alors que mes joues s'empourprent, mimant sa propre expression naissante sur l'angle délicieux de ses pommettes saillantes.

« … Je voudrais vraiment passer cette soirée seul avec toi. »


Sans que je ne le remarque, à ma grande surprise, Nathan a réduit la distance pour fermer la porte dans mon dos.
Ce n'est qu'à cet instant que je constate pleinement qu'il ne porte qu'une serviette sur les hanches seulement. Tout s'enchaîne en moi à cette révélation. C'est comme si j'avais fermé les yeux jusqu'ici, mais mon cœur en chamade, ma gorge sèche et mon regard brillant trahissent allègrement tout ce que j'ai pu dissimuler sans le vouloir.
Cette position, sa question, tout provoque en moi un déclic évident.

Si je t'aime « quand même » ?

Je le regarde par en-dessous, comme intimidé, toujours plus rougeaud alors que mes lèvres s'entrouvrent en un sourire particulier, murmurent en un arabe timide mon manque de courage, mais surtout mon sentiment profond :

« … Idiot... »

J'accentue mes dires d'un baiser. Inestimable, indispensable. Mes mains rivées à ses épaules, je profite de ce contact unique qui m'a tant manqué.

Si je t'aime « quand même » ?
Tu m'abreuves au point que je ne connais plus la peur d'avoir soif, Nathan.


D'un mouvement lent, je romps l'échange à regret. Toutefois, si nous allons plus loin, je suis certain de ne plus répondre de rien. Ce n'est pas vraiment le moment de se laisser. Attendons. Attendons encore, d'être seuls sous les auspices lunaire.
Sois sage, ô ma douleur !

« Bon... Allez vite vous rhabiller, monsieur Brunelle, avant que je ne perde le peu de self-control qu'il me reste. C'est vraiment indécent de se montrer dans son plus simple appareil devant son professeur... »

Un sourire, pourvu de taquinerie. Je m'éloigne lentement, rouvre la porte, le couvre d'un dernier regard avant de sortir. Mon palpitant joue un rythme effréné. Je marche à grandes enjambées vers ma chambre et ma raison pour enfiler quelques vêtements moins larges, plus appropriés à ma position d'hôte malgré moi.

C'était mieux ainsi.
Attendons.
Et mine de rien... avec tout ça, j'ai une faim de loup !
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Nathan Brunelle
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- … Je voudrais vraiment passer cette soirée seul avec toi.

Mon palpitant tambourine si fort que j'ai peur qu'il ne déchire la fine membrane de ses valves. Son timbre un peu mat, presque un murmure; l'idiome exotique; le pourpre de ses pommettes; ses longs cils noirs, son toucher noyé d'eau limpide, impérieuse; sa bouche contre la mienne... Tout en lui m’électrise au point de commettre des folies.

Qu'est-ce que ça changera, maintenant ?
Ils savent..
.

Je libère les lèvres d'Amon à grand peine. La séparation en est presque douloureuse. Au vue de sa respiration, aussi erratique que la mienne, nous sommes clairement dans le même état d’ébullition.

-  Bon... Allez vite vous rhabiller, monsieur Brunelle, avant que je ne perde le peu de self-control qu'il me reste. C'est vraiment indécent de se montrer dans son plus simple appareil devant son professeur...
- Est-ce ma faute à moi si le dit professeur entre dans la salle-de-bain sans frapper ? Qui me dit qu'il n'est pas mû par un voyeurisme pervers... ?


Personnellement, je n'espère qu'une chose : que son sacro-saint self-control vole en éclat. Je m'en remets cependant à la raison et laisse échapper ma terrible sirène. Je referme la porte derrière lui, mon front cognant sur le battant. Je soupire en basculant de position, adossé à ce maigre rempart de bois, les doigts rivés à la poignée. Je mordille la pulpe de ma lippe comme pour retrouver son gout qui s'évapore déjà.

Je regarde le plafond en étant persuadé de ne pas survivre à cette soirée.

Pourtant me voilà, quelques heures plus tard, fringuant dans mon jean sec, échangeant quelques bons mots, faisant mine de sourire à certaines plaisanteries. Néanmoins, dès que mon esprit renifle l'appel d'air d'une brèche, il bat la campagne et ma cervelle vogue à nouveau vers mon paradis perdu. Je mastique sans conviction un morceau de pepperoni dégoulinant de fromage quand mon regard croise celui d'Amon. L'échange muet est si impudique que j'avale ma bouchée, les joues en feu. Ce n’est que le dernier d'une longue série d’œillades dérobées, et de moments volés depuis le début des "festivités".  
Amon écoute distraitement Roxane qui lui tient la jambe depuis trente bonnes minutes en le mitraillant lourdement de questions sur sa "vie" personnelle en dehors de Tae'lam, dans le seul but de me mettre mal à l'aise, semble-t-il.

- .... Nan, mais un jour on va découvrir qu'z'avez une femme et des gosses à l'autre bout du monde ! Z'êtes hyyyyyper trop discret sur vo't vie, M'sieur ! On sait même pas ce que vous faites d'vot temps libre... Enfin à part donner des cours privés à Nathan. On sait bien qu'c'est vot' chouchou !
- C'est parce que les maritins sont de plus en plus rares, Roxane
, coupe soudain Lydie avec autorité.

Nous lui jetons tous un regard surpris. Cette dernière n'a pas pipé mot de la soirée, mais la consommation de trois bières semble délier graduellement sa langue.

- ... C'est important pour eux de pouvoir se retrouver. Et ça ne me semble pas singulier à moi, que Monsieur El-Hadji devienne le mentor de son seul élève maritin. Ni qu'il évite d'étaler sa vie privée, du reste. Pourquoi l'importunes-tu avec ce genre de trivialités ? Je ne comprends vraiment pas.

J'attrape au vol un sourire discret d'Omar derrière son assiette de porc au caramel dont je ne comprends pas l'exacte signification. Quoi qu'il en soit, Lydie a coupé la chique de Roxane. Dans un coin de canapé, Ismain somnole déjà, repu et sans doute assommé par l'heure tardive.

- Nous allons vous laisser, fait soudain Omar. Il se lève posément et tous le suivent comme un seul homme, même Roxane qui n'est toujours pas remise de Lydie. Merci de nous avoir accueillis à l'improviste.

Il ramasse Ismain qu'il rhabille comme un père le ferait avec son enfant et se dirige vers la sortie, Lydie lui tends son blouson, elle a déjà son manteau sur les épaules. Roxane pousse un soupire, roule des yeux vers le plafond et se résout à prendre congé. Sur le pas de la porte, elle me fait des gestes obscènes, à grands renforts de clin d’œil et de "Tu me raconteras, hein !?" aussi gras que peu discrets. Lydie la pousse dans le dos pour la faire dégager et m'adresse un bref hochement de tête plein de sollicitude, que je lui rends par mimétisme.

Je les aime bien tous, au fond.

La porte de l'appartement se referme sur nous.
Enfin seuls.

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