La lune est haute ce soir, la belle blonde que tu es: vas pouvoir profiter de la tranquillité de la lande irlandaise pour sortir et respirer un grand bol d’air frais. Douceur dans la fraîcheur de la nuit et silence absolu à part le bruit du ressac sur la falaise non loin de toi. Tu t’assois en tailleur dans la bruyère, les mains sur les genoux, les yeux clos et d’un coup tu la sens cette même énergie, la même que toutes les nuits précédentes, elle t’envahît en partant de ton cœur vers tous tes muscles, tu la sens transcender ton corps à tous les niveaux, elle apparaît au coucher du soleil et disparaît lors de son réveil au petit matin. Rien à faire la journée tu cherches cette force qui coule dans tes veines lorsque la lune pointe le bout de son nez dans le ciel qui s’éclaircit de sa présence réconfortante.

Alors lorsque le soleil se couche, tu profites de cette vague de force qui pénètre par tous les pores de ta peau, avec une douceur légendaire...

Tu concentres ta respiration sur le ressac inspirant quand la mer se retire et soufflant tout l’air de tes poumons quand la vague vient éroder la falaise. Un cycle binaire qui compose maintenant ta vie. Le jour tu cherches une trace de ton existence en ville et la nuit tu cherches à comprendre d’où vient cette formidable énergie qui fait briller ta peau quand la Voie Lactée apparaît dans la nuit sombre au-dessus de ta tête...

Tu inspires, tu expires, tu ouvres ton corps et ton esprit à la force de la lune. Une vague de force brute s’échappe de ton corps et une bourrasque hivernale vient souffler sur la lande, ta peau commence briller comme parcourue par des milliers de lucioles, tu te sens enfin complète et prête à essayer de contrôler cette fabuleuse et féérique force...

Tu te croyais seule, perdue au milieu de nulle part, perdue dans la tranquillité de la nuit, savourant le contact des doux rayons de la lune sur ta peau et pourtant une voix résonne dans la nuit, un homme t’interpelle du bonsoir grave qui résonne comme une question. Tu sursautes en lâchant un :
« Oh putain de merde... »

Tu te redresses et cherche un moyen de fuir, cachant tes bras dans ton gilet et tes mains dans une paire de gants. Tu élargie ton champs de vision pour te permettre de fuir mais l’homme te pose une question qui te stoppe dans ta tentative de fuite. Sauter dans le vide ? Non mais pourquoi ?
« Sauter ? Heiiiin ? Mais ça va pas la tête ? Je veux pas mourir ! »

Tu secoues ta main à côté de ta tête en signe de folie vers l’homme qui te regarde de loin.
«Que me voulez-vous Monsieur ? »

Tu croises les bras sous ta poitrine et regarde l’homme avec insistance, la curiosité remplaçant la peur... Tu es même tenté de te rapprocher de lui mais si tu dois fuir il te faudra sûrement un peu d’avance pour courir, alors tu ne bouges pas, tu attends le moindre geste de ça part qui trahirait ses intentions...