Elle le retient avant qu’il puisse s’éclipser.

- Col', stop ! Arrête ça tout de suite... J'attends notre bébé et je ne veux pas le perdre, mais parce que je suis enceinte, je ne suis soudain plus apte à discuter des affaires concernant la meute ?

Colgan hausse un sourcil.

- Ca me semble juste incompatible avec les recommandations médicales.
- Tu m'as dit, il y a pas moins de quelques minutes, qu'on ne romprait plus jamais la communication entre nous, que tu avais besoin de moi et que j'étais ton égale. Ne me mets pas de côté comme si j'étais en cristal et que j'allais me briser !

Colgan s’assoit au bord du matelas et tente de garder un ton raisonnable et détaché.

- Marisol… tu baignais dans ton propre sang y’a quelques heures à peine. D’abord tu te reposes et après tu rattraperas les évènements. C’est aussi ça « se ménager ».  
- Qu'est-ce qu'il s'est passé pendant que j'étais inconsciente ? poursuit malgré tout son obstinée de compagne. Pourquoi mon coeur a ralenti ? Qu'est-ce qu'il s'est dit à propos d'Yvain ? Il a lancé les Hurlants contre nous ?

Colgan se frotte les yeux. A-t-il vraiment dormi cette nuit ? Il en doute soudain…

- Chaton, ne me laisse pas dans le flou, parle-moi... C'est ton silence qui m'angoisse, pas l'inverse.

De guerre lasse, il soupire.

- Mange d’abord.

Ça n’est qu’après qu’elle ait enfourné quelques bouchées qu’il se décide à répondre à ses questions sans toutefois montrer la même émotion qu’au réveil.

- C’est moi qui t’aie retrouvée dans ce hangar, entourée des gosses à qui Yvain avait retourné la tête. Tu étais… mourante et ton pouls était déjà très faible. Bertus a fait venir la cavalerie. Sa nana vampire et quelques membres de Malsheem dont le djinn maritin qui t’as sauvé la vie. La meute est arrivée quelques minutes après ton sauvetage, ils étaient tous inquiets pour toi. Après ce qu’il t’a fait…j’ai ouvertement déclarer la guerre à Yvain… et par extension à tous Hurlants qui se mettraient sur notre route. La meute se réunit ce soir. Eux aussi auront des questions…

Des questions dont il n’est pas certain d’avoir les réponses.

- Tant qu’on y est, abordons les sujets difficiles. Je sais que tu n’es pas en sucre et je ferai ce qu’il faut pour que tu te sentes bien…je ne t’infantilise pas. Je n’ai n’y le droit ni l’envie de jouer les surveillants avec toi. Il vrille ses yeux dans les siens. Mais j’aimerai que tu ne sois plus en première ligne, Marisol. Il marque une pause et reprend. Et tu sais que ça n'a rien à voir une envie de te mettre de côté ou un manque de confiance. Je veux juste pas...qu'il vous arrive quoi que ce soit. La situation est assez tendue comme ça...

- Mange d’abord.

Je prends un air ronchon mais consent à grignoter quelques bouchées de pancake. Mama tuta, c'est super bon, mais je me sens déjà pleine à la moitié d'un. Ridicule !

- C’est moi qui t’aie retrouvée dans ce hangar, entourée des gosses à qui Yvain avait retourné la tête.
- Il avait préparé son coup ce salopard. C'est comme s'il avait su à l'avance que j'allais venir à sa rencontre. D'ailleurs, maintenant que j'y pense... Il m'a dit un truc bizarre....
- Tu étais… mourante et ton pouls était déjà très faible. Bertus a fait venir la cavalerie. Sa nana vampire et quelques membres de Malsheem dont le djinn maritin qui t’as sauvé la vie.
- Oh ! Tu t'es réconcilié avec Bertus ? Je.. Je suis soulagée, fais-je avec un sourire sincère.
- La meute est arrivée quelques minutes après ton sauvetage, ils étaient tous inquiets pour toi. Après ce qu’il t’a fait…j’ai ouvertement déclarer la guerre à Yvain… et par extension à tous Hurlants qui se mettraient sur notre route. La meute se réunit ce soir. Eux aussi auront des questions…
- Faisons la réunion ici, si je ne peux pas me déplacer. On sera un peu à l'étroit mais bon...Au moins je pourrais participer.
- Tant qu’on y est, abordons les sujets difficiles. Je sais que tu n’es pas en sucre et je ferai ce qu’il faut pour que tu te sentes bien…je ne t’infantilise pas. Je n’ai n’y le droit ni l’envie de jouer les surveillants avec toi.
- Et j'ai franchement pas envie que tu me fliques, merci, que je réplique en soutenant son regard.
- Mais j’aimerai que tu ne sois plus en première ligne, Marisol.... Et tu sais que ça n'a rien à voir une envie de te mettre de côté ou un manque de confiance. Je veux juste pas...qu'il vous arrive quoi que ce soit. La situation est assez tendue comme ça...

Je le contemple longuement avant de l'attraper par le col pour l'attirer à moi. Je lui décoche plusieurs baisers qui font preuve de plus d'appétit que je n'en ai pour mon gargantuesque petit déjeuner.

- Je sais, amour de moi. Il est entendu que je n'irais plus sur le terrain. Je souhaite mettre toutes les chances de notre côté pour notre petit bout... Mais je veux quand même prendre part aux réunions et aux prises de décisions. C'est pas être au front ça...

J'ai une brusque épiphanie.

- C'est ça... C'est exactement ça qu'il voulait.... "J'attendais le moment opportun pour vous séparer des vôtres, mais vous êtes toujours fourrée avec vos loups." J'étais un obstacle pour lui, à cause... Putain, oui, à cause de ma divinité ! Je ne suis pas réceptive à son pouvoir de manipulation et, d'une certaine manière, me demande pas comment, je vous protège. Les Abyssaux bénéficient de ma bénédiction parce qu'ils croient en moi ! C'est ça qu'il voulait briser! Il veut s'emparer de la meute !

Je regarde Colgan avec un air inquiet, sûre de mon fait.

- Il faut prévenir les nôtres, au plus vite ! Il faut qu'on trouve une manière de leur protéger l'esprit sans que je sois là !

Les baisers le prennent totalement par surprise. Comme souvent avec elle. D’ailleurs c’est ce qui l’a tout de suite séduit chez elle, entre autres choses. Sa spontanéité naturelle, son affection débordante et sans limite. Pour lui, pour les enfants…
La main enfouit dans ses cheveux il lui répond avec la même fougue avant de reculer.

- Je sais, amour de moi. Il est entendu que je n'irais plus sur le terrain.
Colgan pousse un discret soupir de soulagement.
- Bien… tant mieux.
- Je souhaite mettre toutes les chances de notre côté pour notre petit bout... Mais je veux quand même prendre part aux réunions et aux prises de décisions. C'est pas être au front ça...
- Je sais bien. Dès que tu iras mieux, tu reprendras la place qui est la tienne.
- C'est ça...
Colgan la scrute sans comprendre.
- Ca quoi ?
- C'est exactement ça qu'il voulait.... "J'attendais le moment opportun pour vous séparer des vôtres, mais vous êtes toujours fourrée avec vos loups." J'étais un obstacle pour lui, à cause... Putain, oui, à cause de ma divinité ! Je ne suis pas réceptive à son pouvoir de manipulation et, d'une certaine manière, me demande pas comment, je vous protège.
- Attends…attends… comment tu peux être aussi certaine ?
- Les Abyssaux bénéficient de ma bénédiction parce qu'ils croient en moi ! C'est ça qu'il voulait briser ! Il veut s'emparer de la meute !
Colgan la regarde une expression indéchiffrable sur le visage.
- Ca…ça pourrait être logique. Mais…merde…pourquoi il a besoin de nous ?
- Il faut prévenir les nôtres, au plus vite ! Il faut qu'on trouve une manière de leur protéger l'esprit sans que je sois là !
- Eh eh…du calme !  Il pose sa main sur son visage, caresse sa joue avant de retirer sa paume. Je vais leur dire de venir ici dans quelques heures, mais ça sert à rien de paniquer ! Il récupère son téléphone et pianote un nouveau message pour Malone en lui demandant de transmettre. Si Yvain pense que tu es hors course, il va pas tarder à frapper. Mais en attendant il faut qu’on réfléchisse. Il passe ses mains dans ses cheveux fauves. Tu t’y connais mieux que moi en mythologie inca…mettons…mettons que c’est ta présence qui nous protège. Comment on pourrait matérialiser ta bénédiction sur nous ? Comment on peut l’ancrer à nous ? Et si on y arrive…comment savoir que ça fonctionne ?
Il passe une main derrière la nuque de la jeune femme et approche son visage du sien jusqu'à ce que leurs front se touchent. Les yeux dans les siens, il lance d'une voix ferme, digne de l'Alpha.
- On le laissera pas faire... on perdra pas encore les nôtres.

Finalement, la situation a changé d'elle même. Il ne s'agit plus autant de vengeance que de protéger.
La Meute.
Marisol.
L'enfant.
Leur avenir...

- Ca…ça pourrait être logique. Mais…merde…pourquoi il a besoin de nous ?
- Il a besoin de soldats servile et efficaces, j'imagine ? Et il veut pouvoir gouverner tous les Hurlants sans résistance. Depuis le début nous lui en faisons! Il faut prévenir les nôtres, au plus vite ! Il faut qu'on trouve une manière de leur protéger l'esprit sans que je sois là !
- Eh eh…du calme !  

Il a raison, je suis en train de m'exciter et ces palpitations pourraient causer du tord au bébé.

- Je vais leur dire de venir ici dans quelques heures, mais ça sert à rien de paniquer !
- Oui... Tu as raison. Mais....
- Si Yvain pense que tu es hors course, il va pas tarder à frapper.
- Exactement ! Je lui sers la main. Le temps nous est compté.
- Mais en attendant il faut qu’on réfléchisse....Tu t’y connais mieux que moi en mythologie inca…mettons…mettons que c’est ta présence qui nous protège. Comment on pourrait matérialiser ta bénédiction sur nous ? Comment on peut l’ancrer à nous ? Et si on y arrive…comment savoir que ça fonctionne ?
- Je... Je ne sais pas... Pas encore.

Je me mord la lèvre, un pli soucieux barrant mon front. Colgan appose sa paume sur ma nuque et s'en saisit avec douceur. Ses mains sur moi ont un effet lénifiant. Front à front il me fait une promesse.

- On le laissera pas faire... on perdra pas encore les nôtres.

Je déglutis.

- On ne perdra personne! que j'appuie avec une détermination farouche. Fais moi couler ce bain, je vais avoir besoin d'entrer en introspection pour chercher une réponse dans mes autres vies. Dans quelques heures, je dois être prête à vous apporter ma lumière.

Je viens chercher sa bouche et lui insuffle ma force. Avant d'aller explorer ma divinité, je veux être une simple femme. Juste sa femme.

- Je t'aime, tu sais ? Faible sourire.

- On ne perdra personne !
- Personne, confirme-t-il.
- Fais-moi couler ce bain, je vais avoir besoin d'entrer en introspection pour chercher une réponse dans mes autres vies. Dans quelques heures, je dois être prête à vous apporter ma lumière.
Il donne un petit coup de nez qui pourrait s’apparenter à un coup de museau contre le sien.
- T’en fera pas trop hein ?
Leurs bouches se retrouvent à nouveau et il referme des bras qu’il espère sécurisants autour d’elle, la serre contre lui. Il reflue lentement, caresse sa joue.
- Je promets de ne plus jamais faire l’erreur de te laisser de côté. Maintenant c’est toi, moi et lui.
Il l’allonge doucement, embrasse sa bouche, son cœur et son ventre.
- Je t'aime, tu sais ?
Il relève la tête et lui dédie un petit sourire, léger mais véritable.
- Je vais faire couler ton bain…

*****

Malone arrive le premier, comme toujours, accompagné de Shareen qui s’inquiétait pour Marisol. Tous s’inquiètent pour Marisol à vrai dire et presque tous vont chercher son contact, s'assurer qu'elle va bien. Elle passe de bras en bras sous l’œil attentif de Colgan. Il distribue des bières, sauf pour Marisol qui reçoit un jus de fruit sous l’œil circonspect de quelques membres.
Un profond soulagement semble être partagé par les Abyssaux enfin réunis dans l’appartement surpeuplé. Pourtant, l’ambiance est loin d’être aussi détendue que d’habitude et une certaine gravité règne sur les quelques mètres carrés. Malone s’approche l’air de rien, tout en échangeant quelques bons mots avec Keelan. Il vient s’appuyer contre le plan de travail aux côtés de son l’Alpha, sirotant sa bière.
- Les gars sont inquiets.
- Je sais.
- Je suis inquiet.
Colgan se tourne vers celui qu’il considère comme son second et le regarde avec attention.
- Je suis désolé, Malone. Ca n’était pas comme ça que je voyais les choses.
Un Alpha ne devrait pas se montrer faible, un Alpha ne devrait pas s’excuser de ses choix. Mais Colgan lui doit au moins cela. A lui qui l'a suivit alors même qu’il n’était qu’un Loup parmi les autres. Malone ricane en faisant tourner le fond de sa bouteille.
- Le sois pas. On a toujours su vers quoi on allait. Vous ne nous l’avez jamais caché. Et aujourd’hui…tout ça c’est aussi personnel pour nous que ça l’est pour vous…pour toi.
Il pose une main sur l’épaule de l’Alpha.
- On est toujours derrière vous. Quoi qu'il arrive. On a simplement besoin de savoir où on va et comment on y va.
Colgan esquisse un sourire et hoche la tête avant de se redresser.  
- On suivra notre étoile. Et on la protégera.
Colgan navigue entre ses loups pour retrouver Marisol. Il passe son bras autour de ses épaules, embrasse sa tempe – geste affectueux qu’il ne se serait pas permis avant devant la Meute - et la guide dans un coin un peu à part.

- Vous savez tous pourquoi on se réunit aujourd’hui. Sa voix tonne, grave, assuré, bien plus qu’il ne l’est en tout cas. Hier soir, on s’en est prit à l’un des nôtres. Hier soir, Yvain a attaqué et tenté de tuer Marisol ! Il marque une pause puis reprend. Hier soir, les Abyssaux ont repris leur indépendance ! Cet homme est devenu notre ennemi et nous ne devons plus rien aux Hurlants. Il commence à bouger dans la pièce, affronte le regarde de chacun loup présent. Mais vous êtes aussi tous conscient de la puissance de ce sorcier. Nous ne le sous-estimerons pas. On sait à présent qu’il est capable de manipuler les esprits et qu’il veut mettre la main sur la Meute, faire de nous de la chair à canon pour ses plans avec Unseelie. Nouvelle pause. Hors de question ! Pas tant qu’on sera là ! Pas tant que notre étoile respirera ! Il a tenté de nous l’enlever parce qu’il a deviné la protection qu’elle nous confère contre ses manipulations mentales par sa simple présence ! Ch’aska est notre étoile ! Même dans l’obscurité qu’Yvain veut faire tomber sur cette putain de ville.
Mais cette libération de la Meute ne se fera pas sans représailles et on doit être prêt à les accueillir, prêt à lutter à armes égales. Lentement, il revient vers la jeune femme, se poste à ses côtés et prend fermement sa main. Et on le sera…grâce à Marisol…
Il a mis de côté le bébé pour l’instant, préférant laisser le choix à la jeune femme de décider de leur annoncer ou non. Ils le sauront de toute façon rapidement.

La porte s'ouvre éjectant Shareen de sa boite. Elle se jette sur moi pour un câlin aussi généreux que mammaire.

- Ma chérie ! J'ai tellement eu les chocottes que tu nous claques dans les patounes!
- Ahaha! C'est comme ça que je vais finir si tu continues de m'étouffer ma belle!
- Ouais ouais... encore un peu !

Malone, derrière elle, nous observe avec un sourire tranquille, main dans les poches. Une fois que Shareen a consenti à me libérer, et qu'il a salué son alpha, je m'approche pour une accolade plus sobre.

- Content que de te voir debout, ma grande.
- Pas autant que moi... ou que lui ! Je désigne Colgan du menton.
- Je veux bien te croire.

Les autres arrivent, s'entassant dans notre petit appartement, vidant nos réserves de bières allégrement. Une profusion de chaleur humaine qui réconforte et m'abreuve plus que mon jus d'orange. Je gratifie chacun d'entre eux d'une embrassade, d'un petit mot, d'un geste. Je rétablis une connexion nécessaire. Lorsque Colgan me rejoint parmi eux, je sais qu'il est l'heure de passer aux choses sérieuses. Je tisse mes doigts à sa pogne, lourde et rassurante sur mon épaule. Jamais il ne m'a embrassée, même aussi chastement, devant eux. Je ferme les yeux avec un doux sourire.

- Vous savez tous pourquoi on se réunit aujourd’hui. Hier soir, on s’en est prit à l’un des nôtres. Hier soir, Yvain a attaqué et tenté de tuer Marisol. Hier soir, les Abyssaux ont repris leur indépendance ! Cet homme est devenu notre ennemi et nous ne devons plus rien aux Hurlants.

Mon acte, plutôt que de les préserver, a précipité la confrontation. J'ai tristement manqué de discernement. Mon loup continue son discours pendant que j'observe les visage décidés de chacun. Même Shane, souvent réfractaire, ou Frank, plus timoré, affichent une détermination farouche. Mon coeur bat plus fort et se réchauffe. Cette meute est devenue notre famille.

-...Mais cette libération de la Meute ne se fera pas sans représailles et on doit être prêt à les accueillir, prêt à lutter à armes égales. Colgan me prend la main et inconsciemment, comme par domino, je pose la mienne sur mon ventre. Et on le sera…grâce à Marisol…

Je prends une grande inspiration avant de me lancer.

- Tout d'abord, je tiens à m'excuser auprès de chacun d'entre vous pour vous avoir ainsi inquiétés. Même si cette scission avec les Hurlants était inévitable, ce qui s'est passé hier a tout précipité. J'ai fais l'erreur de sous-estimer Yvain. Il est bien plus dangereux que nous le pensions. Ses liens avec Unseelie sont avérés : c'est clairement son agent. Cependant, en essayant de me mettre hors d'état de nuire, il a prouvé qu'il avait peur de mes pouvoirs. Ce qui signifie également que ma divinité est peut-être un rempart face à Unseelie, en tous les cas aux plans qu'Yvain a mis en place pour elle. Et si il me croit effectivement hors course, c'est qu'il va agir très prochainement. Il est de mon devoir de vous protéger de lui, mais je ne pourrais le faire qu'à distance.
- A distance ? s'enquiert Hina innocemment. Pourquoi ?
- Laisse-la finir et tu le sauras, la rabroue Shandi gentiment.
- Pardon...

Je souris tranquillement et lève fièrement la tête pour embrasser toute la pièce du regard. Je presse la main de Colgan dans la mienne.

- Je ne vais plus pouvoir vous accompagner sur le terrain parce que... je suis enceinte. Colgan et moi attendons un enfant. Un nouveau membre pour notre meute.

Shareen pousse un couinement ravi et trépigne sur place. Malone, d'habitude plus mesuré, affiche son étonnement et un très large sourire. La nouvelle est accueillie positivement par l'ensemble des Abyssaux.

- Les évènements d'hier ont mis en lumière ma grossesse et surtout, le fait qu'elle était à risque. Je sais que le contexte n'est pas super propice pour l'arrivée d'un enfant, mais les choses sont ce qu'elles sont et nous comptons mettre toutes les chances de notre côté pour que cette petite vie arrive à terme. Vous êtes notre famille et ça me paraissait important de vous l'annoncer en toute transparence.
- Bah on va pas cracher sur les bonnes nouvelles ! A notre nouveau petit louveteau ! lance Shareen en levant sa bière et aussitôt chacun la suit pour ce toast improvisé. Je ramène le calme en levant une main, le sourire radieux et plein de fossettes.
- Revenons malgré tout aux choses sérieuses, on pourra trinquer après. Je pense avoir trouvé le moyen de vous protéger des incursions mentales d'Yvain. Chez les incas, il existe des objets investis par l'esprit du dieux qui le sacre : on appelle ça un "Huaca". Je vais vous demander de choisir chacun un objet qui vous sois propre, un objet qui ne vous quitte jamais et que vous garderez tout le temps sur vous, à tout heure et en toute circonstance. Si cet objet a une importance intime et sentimentale, c'est encore mieux. Je vais bénir cet objet et de cette manière le transformer en Huaca. Vous aurez ainsi un morceau de moi, de mon esprit divin, toujours avec vous pour vous protéger. Lorsque vous vous transformerez, cet Huaca se métamorphosera avec vous de manière à toujours vous accompagner. Voilà... Je vous laisse réfléchir. Quand vous vous sentirez prêt, venez devant moi avec votre objet...

- Je ne vais plus pouvoir vous accompagner sur le terrain parce que... je suis enceinte. Colgan et moi attendons un enfant. Un nouveau membre pour notre meute.

L’entendre annoncer sa grossesse à tous ne fait que renforcer son sentiment d’angoisse et d’urgence. Son instinct de loup hurle au danger, celui de père a envie de tout plaquer pour s’enfuir avec sa famille tant qu’il en est encore temps. Sauf que sa famille comporte une vingtaine de membres à présent…  Il les dévisage chacun leur tour pour examiner la réaction que déclenche cette nouvelle.
Shareen comme toujours est un livre ouvert, Malone s’il sourit ne pense sans doute pas moins aux conséquences. Hina frappe dans ses mains, Chandi fronce les sourcils mais se reprend vite. Seul Shane manifeste une expression entre contrariété et inquiétude. Il échange quelques mots avec son frère qui le rabroue d’un coup d’épaule.  

- Les évènements d'hier ont mis en lumière ma grossesse et surtout, le fait qu'elle était à risque. Je sais que le contexte n'est pas super propice pour l'arrivée d'un enfant, mais les choses sont ce qu'elles sont et nous comptons mettre toutes les chances de notre côté pour que cette petite vie arrive à terme. Vous êtes notre famille et ça me paraissait important de vous l'annoncer en toute transparence.
- Bah on va pas cracher sur les bonnes nouvelles ! A notre nouveau petit louveteau !

Tout le monde suit plus ou moins le geste. Colgan est le dernier à lever sa bière.
La jeune femme explique ensuite comment elle procédera et chacun se tourne vers son voisin pour discuter ou échanger sur le meilleur objet à présenter à Marisol.
Malone louvoie entre les gens pour rejoindre Colgan pendant que la jeune femme se fait déjà assaillir par Hina, les yeux pétillants qui lui présentent les boucles d’oreilles de sa mère qu’elle porte depuis son décès.

- Je crois que des félicitations sont de rigueur…
Il tend une main vers son Alpha qui s’en saisit pour échanger une poigne amicale.
- Merci.
- Je suppose que vous avez longuement peser les pours et les contre de cette grossesse ? demande-t-il avec une ironie certaine.
- Evidemment…
Malone pouffe en secouant la tête.
- Vous le savez sans doute déjà mais…c’est mon devoir de te le dire. Ca tombe sans doute au pire moment possible. Si tout le monde est ravi pour vous… certains vont pas pouvoir s’empêcher de penser la même chose.    

Colgan croise les bras en observant Frank présenter solennellement une vieille pièce de monnaie, celle avec laquelle il joue de temps à autre et qu’il fait glisser entre ses doigts.

- On sait ce qu’on fait. Enfin il l’espère, son regard trouve Marisol. On est conscient des difficultés qui nous attendent, mais… c’est notre enfant.
- Je comprends. On sera là. Et votre bébé aura la famille la plus étrange et bigarré du monde.
- Oh je parierai pas là-dessus… On est à Tir Na Nog après tout. Qu’est-ce que ça va être ton Huaca ?
Malone fait tourner son lien de cuir autour de son poignet avant de le lever.
- Ca. D’ailleurs je vais y aller.

Quand elle a béni une dizaine de Huaca, Colgan s’approche de Marisol et l’empêche de poursuivre en lui imposant une pause forcée sous l’œil de Chandi qui lui présentait une fine bague en or. Colgan lève son visage vers lui et examine ses traits avec attention. Dans un coin Shane joue avec le canif qui ne le quitte jamais, sans doute son choix. Au début ce tic rendait tout le monde nerveux. Maintenant il fait partie « du paysage ». Keelan rassemble les bouteilles vides. Lui est déjà passé pour sa bénédiction pour un porte-clé. Colgan éloigne un peu Marisol du brouhaha même si l’efficacité est moindre dans leurs deux pièces.
- Tu vas bien ? Pas de fatigue ? Une pulsion soudaine le prend et il passe ses bras autour d’elle dans un geste protecteur. Tu me feras le mien plus tard.

Hina est la première à se présenter à moi avec les boucles d'oreille de sa défunte mère. Je comprends leurs liens profonds qui me rappelle ceux que partageais avec ma mère. Je prends délicatement sa paume qui sert d'écrin aux bijoux et la recouvre de la mienne. Mon regard s'allume d'une lueur bleue iridescente, ma chevelure se meut en voie lactée, ma main diffuse une lumière chaude et apaisante alors que je prononce ces mots en queshua :

- Je suis Ch'aska Quillur,
Venus au firmament,
Diamant du Hanan Pacha
Guide de ce troupeau.
Ma lumière t'accompagne,
Dans les ténèbres de Mama Tuta,
Ma lumière te protège
Des mauvais esprits d'Uku Pacha
Ma lumière montre le chemin
Sur la fertile Kay Pacha.
Cet artefact sera une pierre
de mon temple sacré
et abritera mon esprit
Pour te préserver.

L'objet aspire la lumière et s'en gorge. C'est une partie de moi qui repart avec elle. Shareen s'empresse d'accourir et me désigne son piercing sur la langue. Je me marre en la voyant faire une grimace pour me le présenter. Je reproduis l'opération autant de fois que nécessaire, mais très vite, je sens que l'exercice puise dans mes réserves. J'ai la tête qui me tourne un peu. Colgan surgit derrière moi comme si d'instinct, il l'avait senti. Il m'attire dans un coin de la pièce avec un air inquiet.

- Tu vas bien ? Pas de fatigue ?
- Un peu, je se sens que ça sollicite pas mal d'énergie. Je vais m'assoir, t'inquiète... Il me prend soudain dans ses bras, sans crainte du regard de la meute.... pas. Je lève le nez vers lui un peu surprise mais ne me fais pas prier d'avantage. J'enfouis la tête contre son torse et me blottis dans l'alcôve de ses bras. Je ferme les yeux une poigner de secondes juste pour me ressourcer.
- Tu me feras le mien plus tard.
- Il faut que je les fasse tous avant qu'ils ne s'en aillent, Colgan... On a pas le choix. Je vais tenter de manger un peu et de m'hydrater. Doc a dit qu'il fallait que je m'hydrate... J'ai un petit ricanement et fais de gros yeux en imitant la voix d'outre-tombe de mon père.. De la tisaaaane!

Nouveau petit rire avant de me noyer dans ses yeux bleus. Je pousse un petit soupir. Discrètement, j'échange un baiser avec lui en lui soufflant un doux "Munayki" avant de retourner bénir l'artefact de chacun de mes compagnons. J'écarte quelques fesses du canapé pour m'y poser.

- A qui le tour ? Shane, tu viens ? Ton frère est déjà passé...

Finalement, tous les membres de la Meute reçoivent leur Huaca. L’état de fatigue de Marisol inquiète Colgan. Elle a beau le cacher comme elle peut, les signes sont là pour qui sait les voir et le loup est plus qu’attentif.
Discrètement, il demande à tous de trouver une excuse pour s’éclipser sans qu’elle ait à dire qu’elle est trop épuisée pour continuer cette soirée avec eux. Il ne reste quasiment plus personne hormis Malone et Shareen affalés dans le canapé avec Marisol.
Il reconduit Chandi à la porte et l’aide à remettre galamment son manteau élégant.

- Quel gentleman…je n’ai pas encore eu l’occasion de te féliciter, déclare-t-elle de son timbre toujours poli.
- Merci, c’est gentil.
Elle tourne la tête vers les rires qui émanent du salon et fixe Marisol.
- Malgré tout, elle semble radieuse…Marisol. Toi en revanche…
Lui aussi la regarde avant de tourner ses yeux vers la conseillère juridique.
- En revanche moi quoi ?
- Tu as l'air plus inquiet qu’autre chose. J’espère juste que tu le veux autant qu’elle.  
Elle s’enhardit à lever la main pour toucher sa joue et Colgan recule la tête en fronçant les sourcils. Aussitôt, elle baisse la main et ouvre la porte, gênée.
- Chandi ? N’insinue plus jamais que je ne souhaite pas cet enfant autant qu’elle. Sa voix à lui a pris des accents autoritaires qui n’ont rien de polis ou d’amicaux. On oublie tout ça. Sois prudente.
Colgan soupire en refermant le battant tandis que Malone et Shareen sont également sur le départ.
- Notre étoile est vanée… tu crois que ça va fonctionner ? demande son second en triturant son bracelet.
- Une partie du truc, c’est d’y croire Malone. Et moi j’y crois.
- Ah bah vu comme ça…
Colgan embrasse Shareen et donne une étreinte amicale à son second.
- Vous aussi, soyez prudents. Même avec nos Huacas. Au moindre mouvement suspect des Hurlants ou d’Yvain…prévenez moi. Même si ça n’est qu’une réunion.

Une fois tout le monde partie, un calme certain tombe sur l’appartement, bien étrange en comparaison de l’animation de vingt personnes. Colgan va récupérer quelque chose dans la chambre et vient s’affaler dans le canapé en jouant avec la fermeture de l’écrin. Il tourne son regard vers la jeune femme et embrasse tendrement son front.  

- Bien joué mon étoile… Tu as besoin de quelque chose ? Faim ? Soif ?
Il frôle du pouce les cernes violets qui ornent le dessous de ses yeux, la mine soucieuse.
- Tu en as trop fait…le mien pourra attendre que tu te sois reposée demain.
Il ouvre l’écrin et sort la bague qu’il avait choisi avec tant de soin des années auparavant. Il tourne le bijou entre ses doigts, plongé dans un passé qu’il aimerait tellement retrouver…
- J’ai…pensé à ça…il faut que je trouve un chaine pour la garder autour du cou…

Dix-neuf Huacas.
Dix-neuf bénédictions.
Dix-neuf morceaux de moi offerts en protection.

Je suis épuisée par l'exercice mais je ne regrette pas de l'avoir fait. Malgré la fatigue, j'ai l'esprit plus tranquille. Cette sérénité mentale est davantage bénéfique au bébé que ne l'aurait été le fait de me me ménager physiquement. Je salue mollement tout le monde, remarquant que les rangs se clairsement et je me prends à aspirer retrouver la quiétude de mon lit. Il fait nuit noire dehors, mais je ne sortirais pas aujourd'hui. Une première depuis de longues années.

- Bien joué mon étoile…
- Merci mon loup, fais je la tête renversée en arrière sur le dossier du canapé et les paupières closes.
- Tu as besoin de quelque chose ? Faim ? Soif ?
- Il me faudrait sans doute de quoi faire pour les deux, mais là tout de suite j'ai juste envie d'un câlin...

Je cherche sa main à tâtons et je découvre qu'en fait il me caresse déjà la joue. J'ouvre les yeux avec un sourire énamouré.

- Tu en as trop fait…le mien pourra attendre que tu te sois reposée demain.
- Ok...

J'embrasse le coussinet de son pouce avant qu'il ne reflue pour chercher un objet dont la vue me fait manquer un battement de coeur. Je m'efforce de ne rien dire, de ne pas m'emballer, de ne pas penser tout court. C'est juste un écrin à bijoux. Un écrin avec une bague dedans. Une bague avec un caillou dessus qui fait foutrement penser ce que l'on offre en faisant une proposition de mariage. J'ai de brusques palpitations.

- J’ai…pensé à ça…il faut que je trouve un chaine pour la garder autour du cou…

Mon cerveau a un blanc.
Qu'ai-je cru ?
Qu'avais-je espéré ?

- Je devrais pouvoir te trouver quelque chose à ta taille parmi les miennes.... Dis-je d'une voix que j'éspère absolument neutre, bien qu'un peu cassée. J'imagine... que c'était à Kara ?


Je n'ose pas le regarder en face en lui posant la question.

- Je devrais pouvoir te trouver quelque chose à ta taille parmi les miennes....
- Ok…

Colgan sent confusément que quelque chose ne va pas dans le ton qu’elle emploie. Trop forcé et surjoué. Il tourne la tête, sourcils froncés.

- T’es certaine que ça va ? On aurait pas dû tous les faire ce soir…

Elle observe la bague d’une drôle de façon.

- J'imagine... que c'était à Kara ?

Cette fois, il lui lance un regard profondément surpris. Ne se souvient-elle pas ? Après tout, la dernière fois qu’elle a vu cet écrin elle était fortement alcoolisée…mais quand même…

- Tu crois que j’aurais choisi comme talisman un objet qui appartenait à ma défunte femme ? demande-t-il un sourcil arqué, l’expression presque amusée. Qui ferait un truc pareil ? Alors pour répondre à ta question, non Marisol, cette bague n’était pas à Kara et elle ne l’a même jamais vu.

Son visage se fait plus mélancolique alors qu’il contemple le solitaire.

- Tu t’en rappelles pas ? Tu l’as déjà vu…la nuit de votre première grosse beuverie avec Bertus… Je devais te l’offrir… dans une autre vie. Elle attendait sagement que je trouve le bon moment. Tu te souviens notre petite sortie père-fille la semaine avant…la semaine avant leur meurtre ? Je voulais que Charly m’aide à choisir. On a fait cinq magasins… rien ne lui plaisait. Elle voulait qu’elle soit parfaite… pour moi…c’était pas ça l’important mais elle a pris son rôle très au sérieux. Et puis elle est tombée sur celle-là… Elle a tout de suite dit que c’était cette bague et pas une autre, parce que le petit solitaire forme presque une étoile…il frôle la pierre de la pulpe du pouce, la voix un peu brisée aussi. Alors je l’ai prise. Sur le chemin du retour, c’est elle qui avait des étoiles plein les yeux et quand je lui ai demandé pourquoi…elle m’a dit… il déglutit, le souvenir se jouant avec une netteté et une précision redoutable dans son esprit… elle m’a dit : « Si elle dit oui, on portera tous le même nom. On sera une vraie famille comme avant. » Il a un petit rire triste. Après elle n’a pas arrêté de parler de tissus et de robes…mais elle a su garder le secret. La bague fait partie des petits trucs que j’ai pu récupérer dans la maison. Je sais pas trop pourquoi je l’ai gardée… Elle représentait un avenir perdu.

Il redresse enfin la tête pour pouvoir la regarder dans les yeux, les siens sont humides.

- Peut-être qu’elle pourrait devenir mon Huaca… à la place de rester une relique du passé…elle pourrait peut-être être l’espoir d’un avenir ?... pour tous les trois...

- Tu crois que j’aurais choisi comme talisman un objet qui appartenait à ma défunte femme ?
- Je... euh.... que je fais avec une éloquence démesurée.
- Qui ferait un truc pareil ?
- Je ... Je sais pas.... Je me sens stupide.
- Alors pour répondre à ta question, non Marisol, cette bague n’était pas à Kara et elle ne l’a même jamais vu. Tu t’en rappelles pas ? Tu l’as déjà vu…la nuit de votre première grosse beuverie avec Bertus…
- Col', j'étais beurrée comme une tartine. Si je me rappelle de trucs c'est parce qu'on a filmé nos exploits avec Tutus. Ricanements nostalgiques.
- Je devais te l’offrir… dans une autre vie. Elle attendait sagement que je trouve le bon moment.

Mon rire idiot meurt aussi sec. Il se recroqueville en hérisson dans ma gorge.

- Tu... Tu voulais me demander... en mariage ? Ma voix tremble et se fait souffle. Je le contemple avec des prunelles embuées.
- Tu te souviens notre petite sortie père-fille la semaine avant…la semaine avant leur meurtre ? Je voulais que Charly m’aide à choisir. On a fait cinq magasins… rien ne lui plaisait. Elle voulait qu’elle soit parfaite… pour moi…c’était pas ça l’important mais elle a pris son rôle très au sérieux. Et puis elle est tombée sur celle-là… Elle a tout de suite dit que c’était cette bague et pas une autre, parce que le petit solitaire forme presque une étoile…

Colgan caresse la pierre que je fixe intensément. J'imagine si bien Charlyne inspecter les bagues de manière très sérieuse, poser des questions comme une adulte décidée au bijoutier et trainer son père par la main. Je la vois presque bouger devant mes yeux.

-Alors je l’ai prise.

Avec une infinie délicatesse, je saisis la bague entre mes doigts, le visage pétri d'émotion.

- Sur le chemin du retour, c’est elle qui avait des étoiles plein les yeux et quand je lui ai demandé pourquoi…elle m’a dit…elle m’a dit : « Si elle dit oui, on portera tous le même nom. On sera une vraie famille comme avant. »

Je souris, écho à son rire tragique. Ma lèvre tremble.

- J'aurais dis oui... Et j'aurais été leur maman.... pour de vrai...

Cette fois, un sanglot m'échappe et des larmes dévalent mes joues. Je le relègue au silence aussitôt, à m'en griffer la trachée. Je m'essuie convulsivement avec les manches de mon sweater. Ce qui est fait, est fait.

- Après elle n’a pas arrêté de parler de tissus et de robes…mais elle a su garder le secret. La bague fait partie des petits trucs que j’ai pu récupérer dans la maison. Je sais pas trop pourquoi je l’ai gardée… Elle représentait un avenir perdu. Peut-être qu’elle pourrait devenir mon Huaca… à la place de rester une relique du passé…elle pourrait peut-être être l’espoir d’un avenir ?... pour tous les trois...

Je lui rends la bague, étranglée d'émotions. J'hoche la tête en silence.

- C'est.. C'est... Une très belle idée, Colgan. Une merveilleuse idée.

Mes doigts rencontrent ses pommettes tachetée et caressent ce faciès marqué par le malheur, cette porte longtemps verrouillée qui s'ouvre enfin. Au seuil d'un monde sur le point d'exploser, je veux croire en ce futur qui nous a été arraché. Charly et Eliott ne sont plus là, mais leur petit frère ou leur petite soeur, aura besoin de notre foi en cet avenir.

- Cette bague, c'est une promesse qu'on se fait tous les trois, une promesse de lendemains plus beaux. Plus tu croiras en ce futur là, plus le huaca sera puissant et te protégera. Il ne refermera pas seulement la lumière de Ch'aska, mais également tout l'amour que j'ai pour toi et toute la volonté de vivre de notre enfant.... Et... peut-être qu'un jour, tu détacheras cette bague de ton cou, et tu me reposeras la question....

- J'aurais dis oui... Et j'aurais été leur maman... pour de vrai...
- Tu l’étais déjà, Marisol… le reste c’était qu’un bout de papier officiel. Mais pour notre petit clan, ça concrétisait un nouveau chapitre…
Il fixe la bague entre les doigts de Marisol et constate avec un plaisir certain qu’elle semble être à sa taille. Oui…tout aurait pu être parfait…
- Après elle n’a pas arrêté de parler de tissus et de robes…mais elle a su garder le secret. La bague fait partie des petits trucs que j’ai pu récupérer dans la maison. Je sais pas trop pourquoi je l’ai gardée… Elle représentait un avenir perdu. Peut-être qu’elle pourrait devenir mon Huaca… à la place de rester une relique du passé…elle pourrait peut-être être l’espoir d’un avenir ?... pour tous les trois...
- C'est.. C'est... Une très belle idée, Colgan. Une merveilleuse idée.
Le bijou se retrouve dans sa main et il ferme les doigts dessus, un faible sourire aux lèvres.
- Tu crois ? Tant mieux. Je voulais…quelque chose qui nous représente un peu tous. Même Eliott avait hâte que je te pose la question. Pour Charlyne évidemment, il s’est senti obligé de me le préciser.  

Les doigts de Marisol frôlent son visage, caressent ses traits marqués par tant de chagrin. Lentement Colgan l’attire sur ses genoux et ses bras se referment à nouveau sur elle. Sa tête se blottit contre son cou, y cherche un refuge pour quelques minutes.

- Cette bague, c'est une promesse qu'on se fait tous les trois, une promesse de lendemains plus beaux. Il relève la tête pour l’écouter, ses mains faisant de lentes caresses le long de son dos. Plus tu croiras en ce futur-là, plus le huaca sera puissant et te protégera. Il ne refermera pas seulement la lumière de Ch'aska, mais également tout l'amour que j'ai pour toi et toute la volonté de vivre de notre enfant...

L’une de ses paumes voyage presque automatiquement vers le ventre de la jeune femme. Il écarte les doigts pour l’englober presque totalement.

- J’aimerai y croire…et en d’autres circonstances j’aurais même aucun doute. Je sais que tu seras une maman merveilleuse. Tu l’as déjà été. J’espère pouvoir être un bon père à nouveau moi aussi mais cette ville… dans quel monde va naitre ce bébé Marisol ? J’aimerais pouvoir lui assurer autre chose qu’un monde en ruine.

Il pousse un soupir et embrasse doucement sa gorge, la serre à nouveau contre lui. Depuis hier soir, il ressent le besoin pressant de s’assurer qu’elle est bel et bien là, entre ses bras. Que tout ça n’est pas une chimère inventée par son esprit en deuil. Ses mains se faufilent sous son haut, trouvent la chaleur et la douceur de la peau de son dos.  

- Je veux juste ne pas craindre pour nos vies à chaque instant. J’aimerai que ce jour soit possible… mais l’avenir n’a jamais été si incertain…et pourtant il est là…

Il picore son cou de tendres baisers puis il la renverse doucement sur le canapé et l’allonge. Ses doigts remontent son haut sur son ventre qu’il parsème de baisers, la gorge serrée.

- T’entends ça petite crevette, chuchote-t-il contre sa peau. Accroche-toi et maman et papa feront tout pour te donner le meilleur avenir possible.
- Et... peut-être qu'un jour, tu détacheras cette bague de ton cou, et tu me reposeras la question...
Il redresse la tête, son sourire, bien que mélancolique, arrive tout de même à monter jusqu’à ses yeux.
- Peut-être… qui sait ? Je vais nous préparer quelque chose à manger…bouge pas de là…
Lui non plus ne semble pas avoir envie de se déplacer plus que ça et recommence à bécoter son ventre de façon plus appuyée.

Sa mains sur mon ventre, comme pour le tenir tout entier, me donne l'impression d'une armure qui protégera notre petit de tout.

- J’aimerai y croire…et en d’autres circonstances j’aurais même aucun doute. Je sais que tu seras une maman merveilleuse. Tu l’as déjà été. J’espère pouvoir être un bon père à nouveau moi aussi.
- Je n'ai pas le moindre doute sur cette question. Tu es et tu as toujours été un "papa". C'est en partie ce qui m'a séduite chez toi.
- .... Mais cette ville… dans quel monde va naitre ce bébé Marisol ?
- Un monde chamboulé dont on ne sait encore rien.... Il y a peut-être plus de lumière qu'on ne le croit au bout du chemin.
- J’aimerais pouvoir lui assurer autre chose qu’un monde en ruine.
- Quoi de mieux qu'un papa ébéniste et bricoleur pour cela, alors... ? que je souffle avec douceur au creux de son oreille.

J'aime tellement ces moments tendres devenus si rares. Colgan se laissent aller à plus de démonstrations, plus de vulnérabilité aussi. Je lui prodigue toutes les caresses dont il a besoin et je me gave des siennes avec appétit. Je suis comme une plante qu'on arrose à nouveau des nutriments essentiels qui la font vivre.

- Je veux juste ne pas craindre pour nos vies à chaque instant. J’aimerai que ce jour soit possible… mais l’avenir n’a jamais été si incertain…et pourtant il est là…
- Tu es un loup, je suis une avatar. Nous sommes pourchassés depuis lors. Est-ce que cela doit nous empêcher de construire et de croire pour autant ? Même dans l'adversité la plus totale, il y a des moments de bonheur. Ce petit machin avec le coeur comme une pile s'accroche avec fureur à mon ventre et à la vie. Prenons exemple sur lui...

Mon loup m'allonge délicatement sur la banquette et discute avec notre futur enfant, la bouche collée à mon ventre. Je caresse distraitement sa chevelure rousse en souriant à pleines fossettes. Il me chatouille le nombril avec son poil dru.

- T’entends ça petite crevette, chuchote-t-il contre ma peau. Accroche-toi et maman et papa feront tout pour te donner le meilleur avenir possible.
- Et... peut-être qu'un jour, tu détacheras cette bague de ton cou, et tu me reposeras la question...
- Peut-être… qui sait ?

Je redessine son sourire du bout de mes doigts. J'investis sa barbe fournie pour lui gratouiller le menton.

- Je vais nous préparer quelque chose à manger…
- Hum...
- ...bouge pas de là…
- Je ne bouge pas, dis-je à mi-voix.

Lui non plus du reste. J'attire son visage à moi pour lui voler un baiser et frotter mon nez contre le sien. Mes mains en coupe autour de son visage, je me fais l'effet d'un chaton en quête de contacts humains. Je bécote amoureusement chaque tâche de rousseur que mes lèvres rencontrent. Autant dire qu'il n'est pas près de se lever dans l'immédiat.

Colgan, tu n'imagines pas à quel point tu m'as manqué,
à quel point je suis heureuse de te retrouver...

La douceur de l’instant efface un moment tout le reste. Même l’angoisse omniprésente qui ne le quitte pas depuis des années et qui n’a fait que se renforcer depuis hier, semble enfin reculer.
Il se laisse remonter lentement, essaie de ne pas l’écraser et se laisse embrasser et câliner. Une atmosphère nouvelle – non pas nouvelle, retrouvée – s’instaure entre eux.

Marisol se frotte contre lui comme un petit animal en manque d’affection et il est bien décidé à lui donner. Il lui rend baiser pour baiser, caresse pour caresse et ils se retrouvent bientôt à se bécoter comme des adolescents sur le canapé. Peu importe, c’est douillet, c’est familier et doux…si doux…il a envie de se noyer dans toute cette douceur.
Pour la première fois, il se rend compte qu’ils vont devoir construire un foyer à nouveau.

- On va peut-être devoir déménager…plus tard…avant qu’il déboule dans nos vies…prendre un nouveau départ… murmure-t-il entre chaque baiser. J’ai envie d’une maison à nouveau…un jardin pour le petit loup… Je suis plutôt content d’avoir accepter le job proposé par Theo… mais ça sera pas pour tout de suite ce joli rêve…
Il revient vers ses lèvres et s’y fixent plus durablement, ses mains vagabondent sur son corps avec moins de légèreté.
- Marisol…
Les recommandations du Doc’ lui reviennent en mémoire alors il s’oblige à ralentir et brider ses envies. Sans compter qu’elle a besoin de repos. Il recule, lui sourit tendrement et le dos de son index frôle sa joue et sa fossette.
- Je voudrais qu’il ait tes fossettes… Il la croque gentiment. Ok faut que je dégage de cette banquette ou j’y arriverais jamais. Gros bécot sur son ventre tandis que ses bras encerclent sa taille. J’ai deux petits ventres à nourrir. Mais décidément, il est trop bien là pour avoir la moindre envie de bouger.
Quelques coups déterminés frappés à leur porte le figent soudain. Sa tête chute vers l’avant avec un grognement de dépit.
- Tu crois qu’on va être tranquille un jour ? Le pire c’est que je crois deviner qui c’est…

Il se redresse avec l’impression de se trainer un corps de trois tonnes et une envie qui frôle le zéro absolu. Sans surprise, la face réjouie de Bertus le toise depuis le seuil. Il n’a pas eu le cœur de contredire Marisol tout à l’heure mais non, il n’a pas entièrement pardonné à cette Sangsue sans honneur.  

- Comment elle va ? demande le vampire sans préambule en poussant la porte que Colgan bloque du pied.
- Elle a besoin de repos. Repasse plus tard !
- Oh allez, sois pas vache Col’ ! J’ai rongé mon frein toute la journée ! Et puis je suis accompagné…
Pour la première fois, le Loup remarque la présence du djinn. Il hausse un sourcil, la mine contrariée.
- C’est lui ton joker pour passer ? Mais comme il ne se sent pas le cœur de refouler celui qui a sauvé la vie de Marisol, il finit par ouvrir le battant en grand. Bonjour Nathan, sois le bienvenue…toi.

Mais Bertus s’est déjà faufilé à l’intérieur de l’appartement et déboule dans le salon comme un boulet de canon de presque deux mètre tout en muscles. Il s’est agenouillé devant la jeune femme, un sourire stupidement ravi sur les lèvres.

- Mère-Nuit, je suis si heureux de te voir ma Marisoleil… il ouvre les bras, dis-moi que j’ai le droit à un câlin… oh et c’est évidemment oui ! Comme elle ne semble pas comprendre, il précise. Pour être le parrain de votre louveteau…
Il éclate de rire et Colgan lève les yeux au ciel on échangeant une œillade avec Nathan.
- Vraiment… tu nous as beaucoup manqué Bertus ! Je vous sers un truc à boire ?
- Bière pour moi. Comment tu vas ? Comment tu vas vraiment ? redemande-t-il à la jeune femme en redevenant sérieux. Tu veux toujours que je lui casse la gueule ? articule-t-il entre ses dents en désignant Colgan d’un coup de tête.

Il y a si longtemps que nous ne nous sommes pas laissés aller à cette tendresse complice, nous qui étions toujours collés l'un à l'autre auparavant. Ces occasions deviennent si éphémères que dans le doute, je me repais du moment comme une camé en manque.

- On va peut-être devoir déménager…plus tard…avant qu’il déboule dans nos vies…prendre un nouveau départ…
- C'est vrai qu'ici on aurait pas la place pour une chambre d'enfant, même pas pour un berceau...
- J’ai envie d’une maison à nouveau…
- C'est vrai ?
- Un jardin pour le petit loup…

Je glousse , ravie de ce petit sobriquet adorable.

- Ce serait super ! Je pourrais de nouveau cultiver un potager. Tu te souviens de mon idée foireuse de faire pousser des piments ? Je ricane en repensant à l'échec drolatique de mes tentatives de jardinage. C'était pas pire que les tomates, remarque.
- Je suis plutôt content d’avoir accepter le job proposé par Theo… mais ça sera pas pour tout de suite ce joli rêve…
- Le principe des rêves, c'est de les fixer comme but pour pouvoir y tendre un jour....
- Marisol…
- Oui... ?

Je suis claquée, tout mon corps aspire au repos, et pourtant, quand il prononce mon prénom de cette manière, quand il me touche de cette façon, j'ai la fièvre qui me prend et qui me donne envie de le déshabiller pour lui faire sauvagement l'amour.
La voix du paternel résonne sous mon crâne et avec lui sa liste de recommandations. Fais suer !

- Je voudrais qu’il ait tes fossettes…  
Je ris alors qu'il me mordille les joues.
- Moi je veux qu'il ait tes yeux et toutes tes constelations  aussi...

Je poinçonne de mon index chaque petite tâche de rousseur en faisant des petits "pouc pouc" avec la bouche.  

- Ok faut que je dégage de cette banquette ou j’y arriverais jamais.
- Nooon... pars pas, que je fais avec une petite voix de toon triste.

Ses lèvres produisent un "smack" sonore au dessus de mon nombril.

- J’ai deux petits ventres à nourrir.
- Et puis si p'tit loup est aussi vorace que sa maman, tu vas passer ta vie aux fourneaux !

Mes doigts fourragent sa tignasse rousse. Cette grossesse inopinée semble nous ramener à une forme d'harmonie très agréable. Evidemment, notre jolie petite bulle éclate une fois encore.

- Tu crois qu’on va être tranquille un jour ?
- On peut faire genre qu'on a rien entendu.... On est pas là, oups !
- Le pire c’est que je crois deviner qui c’est…

Le pire c'est que moi aussi.
J'ai aucune envie de me redresser à la verticale, pourtant je produis l'effort pour faire face à un visiteur dont je reconnais la voix dès la première syllabe. Et visiblement il n'est pas seul.

- Mère-Nuit, je suis si heureux de te voir ma Marisoleil… dis-moi que j’ai le droit à un câlin…
- Allez..; Viens là grand couillon que je fais en ouvrant les bras mais sans me lever. Pas la force. Il n'a pas l'air de s'en offusquer.
- Oh et c’est évidemment oui !
- De quoi ?
- Pour être le parrain de votre louveteau…

Il éclate de rire. Il a un rire vraiment désarmant, comme un gosse à qui on a du mal à refuser quoi que ce soit. Je jette un regard au jeune garçon qui l'accompagne et que Colgan appelle Nathan : une beauté particulière, tout en nez et en regard démesuré, il est immense. Je louche sur ses gants en cuir qui dénote avec le reste de son look d'étudiant chic. Il me dévisage avec un mélange d'émerveillement et de timidité.

- Vraiment… tu nous as beaucoup manqué Bertus !
-  Ils sont attachants, ces roumain, déclare Nathan avec un humour qu'on ne lui aurait pas deviné. J'ai  presque le même modèle : même famille, même sans-gêne, même manière intrusive de peloter tout le monde. Il grimace avec un discret petit sourire en coin. On s'y fait...

Là j'éclate franchement de rire.

- Il est marrant ton nouveau pote !
- Je vous sers un truc à boire ?
- Bière pour moi.
- La même chose, alors. Merci beaucoup.
- Comment tu vas ?

Nathan s'approche à pas comptés, sans oser  briser l'apparente intimité que j'ai avec Tutus.

- Je suis... claquée, mais ça va.
- Comment tu vas vraiment ? Je fronce les sourcils. Tu veux toujours que je lui casse la gueule ?
- Mais tu vas pas péter la tronche du père de mon gamin, enfin ! Je suis outrée et je lui pince son grand nez. Après m'être marrée, je me répète avec une douceur appuyée : ça va, je t'assure.

Finalement, et non sans s'être dandiné longuement avant, Nathan me fait face. Il a l'air tout embarrassé.

- Je ne me suis pas présenté en bonne et due forme... Je suis... euh... le djinn maritin qui... hum.. je vous ai réanimé quoi.

Je le regarde avec des billes ébahies.

- C'est toi que je dois remercier pour m'avoir sauvé la vie et celle de mon bébé ?!

Cette fois je me mets debout et je l'enlace spontanément. Il se raidit, sans oser me toucher vraiment.

- Euh.. bah.. je... De rien. J'ai eu un peu de bol je crois, j'avais jamais réussi à user correctement de mon eau avant ça... Et depuis, ça c'est débloqué. Alors, c'est plutôt merci à vous, en fait...

Il est tout cramoisi, c'est adorable !

- Colgan ! On peut le garder ce poussin ? Il trop mignon !

- Vraiment… tu nous as beaucoup manqué Bertus !
- Ils sont attachants, ces roumains.
- C’est pas le mot que j’aurais employé… grogne Colgan entre ses dents alors qu’il fait chauffer des pâtes et prépare l’accompagnement.  
- Je t’entends, t’es au courant ?
- J'ai presque le même modèle : même famille, même sans-gêne, même manière intrusive de peloter tout le monde. On s'y fait...
Bertus adresse un clin d’œil à Nathan.
- Ciulin pelote tout le monde…pas moi ! Juste les gens que j’ai envie…

Le rire de Marisol emplit la pièce et relève les coins des lèvres de Colgan occupé aux fourneaux. Il propose ensuite à boire, espérant que la Meute en a laissé quelques bouteilles. Il finit par en trouver deux et les donne à ses « invités » impromptus.

- Comment tu vas vraiment ? Tu veux toujours que je lui casse la gueule ?
- Je t’entends aussi…foutue Sangsue…
- Mais tu vas pas péter la tronche du père de mon gamin, enfin !
Bertus fronce son nez qu’elle vient de lâcher.
- Quoi ? C’était juste pour lui remettre quelques idées en place ! Une intervention amicale en quelque sorte.
- J’ai pas besoin de ton aide !
- Ca va, je t'assure.

Il suit ensuite la conversation de loin, s’affairant à préparer quelque chose de nutritif pour Marisol et lui. Lui aussi ne dirait pas non contre quelques heures de sommeil, là tout de suite…Pourtant, il reste beaucoup à faire. Il a discrètement demandé à Malone de surveiller les Hurlants et leurs activités. C’est là qu’il se félicite de n’avoir jamais vraiment décrit l’étendu de leur réseau aux autres Griffes. L’information, c’est le pouvoir et la Meute ne manque ni de l’un, ni de l’autre. Colgan espère que ça sera suffisant pour avoir une ligne d’avance sur eux.

- Colgan ! On peut le garder ce poussin ? Il trop mignon !
Il sort brusquement de ses pensées et sans se retourner, devine que Marisol s’est déjà entichée du jeune djinn et lance avec nonchalance.
- Non… Pas de place et Nathan n’est pas un poussin à adopter…
Il commence à préparer le poulet et l’agrémente de paprika et de piment, épiçant juste ce qu’il faut pour que ça ait du goût pour Marisol et que ça reste mangeable pour lui.
- Désolé, j’ai pas prévu pour vous… j’attendais pas vraiment votre visite.
- J’ai déjà mangé, fait Bertus avec un sourire tout en dents. On va pas vous embêter trop longtemps. On boit notre bière et on vous laisse.
Heureusement, le vampire semble avoir encore un peu de jugeotte et les traits tirés de Marisol n’ont pas dû lui échapper.
- Merci…la journée a été longue.
Bertus prend une gorgée de sa bière. Il a fini par poser ses fesses sur le canapé et tapote la place à côté de lui pour y inviter le Djinn.
- Promis je mords pas… Qu’est-ce que vous avez prévu pour la suite ? Pour moi, autant vous dire que j’irai plus me farcir les réunions des Hurlants…
- La Meute te trahira pas, affirme Colgan avec assurance.
- Je sais. Mais la seule raison pour laquelle je restais c’est pour vous les gars…pour pas vous mettre dedans après ma sortie. Je crois que c’est plus d’actualité non plus…
Colgan pousse un soupir et ajoute un mélange de légumes à sa sauce.
- On peut rien te dire, Bertus… c’est pas parce qu’on roule plus pour les Hurlants qu’on a subitement envie de s’associer à ta vampirella.
- Ah…pour la première fois, le vampire perd un peu de sa bonne humeur et semble presque déçu. Tant que vous faîtes gaffe à vous hein…on va quand même vous donner les coordonnées des bunkers…au cas où, pour la Meute…si jamais ça tourne aussi mal que Malsheem semble le penser. Mais j’ai donné ma démission aussi à ma belle vampirella donc… pour le moment je fais dans le freelance aussi !