Une conférence sur la psychanalyse de l’appétit sexuel.
Enfin, c’est la traduction pour les nuls.
Le titre officiel sur la carte d’invitation est forcément plus pompeux. Et barbant.
Il ne faudra pas non plus que tout un chacun s’invite à une telle convention.

Ça fait longtemps que je n’ai plus assisté à une telle représentation.
Manque de temps.
Manque de motivation.
Balivernes et caviar.
Faux-semblants et champagne.
Ou jus d’orange.

Je chope une coupe de bulles au passage.
La porte à ma bouche et y trempe à peine mes lèvres.
Du regard je scanne la foule.
En quête d’un/e collègue.

Les bulles me picotent le palet.
Puis s’éclatent les unes après les autres dans mon gosier.
Éjaculateur précoce.
Dommage.

J’aurais volontiers signé pour un truc plus costaud.
Même si c’est ainsi que j’ai atterri ici.
À force de signer en étant bourrée,
Il ne faut plus de rien s’étonner.

Assurément pas d’un gars qui subitement me vole dans les bras.
Catherine ?
C’est qui celle-là ?

Dégage.
C’est le premier mot qui me vient à l’esprit.
Si ce n’est que dans le comportement de mon Autre moi.
Je sens bien que ce mec ne lui revient pas.

- « Sigmund, quel surprise! »

Sigmund ? Cerveau interrogé
Utilisateur introuvable, désolé
Pas grave, je vais pouvoir en profiter !

"Ça faisait longtemps ! Qu'est ce que tu deviens à présent ?
Toujours aussi nulle au ping-pong ? T'y as joué récemment ?"

Il y a une seconde présence qui me rejette.
C'est vers elle que je tends mon aura
Après tout, que sera sera, on verra...
Soit elle va m'adorer, soit je vais m'faire prendre en levrette.

"Alors, tu viens ici pour le plaisir ou le travail ?"

Je passe une main sur son épaule, et de l'autre, je remplis sa coupe de champagne.

What’s in a name ?
How about we play a little game ?

On ne se connaît pas. Ni ici. Ni là-bas.
Tout ce que je sais avec certitude, c’est que cette présence ne Lui plaît pas.
Alors pourquoi en rester là ?

Monsieur l’inconnu le sait.
Monsieur l’inconnu le sent.
Et si ce n’est pas encore le cas, ça viendra.

Il remplit mon verre.
Les bulles se collent à la paroi.
Ne tardons pas.
Ma tête se déverse à l’arrière et emporte son contenu avec elle.

- « Le travail voyons. »

Ducon.

- « Et toi ? Professeur ou détracteur ? Sujet ou objet ? »

Ping.
Ou pong.

Le travail, bien sûr ! Intéressant !
Quelque chose, quelque part, pense quelque chose de moi, et ce n'est pas un compliment.

"Moi ? Tu veux m'analyser ?"

Elle s'intéresse donc, je suis flatté.

"Je suis là pour la plus pure curiosité, et aussi pour agrémenter mon métier. Pourquoi ?"

Quoique sa seconde question mérite d'être posée.

"Un peu des deux, j'imagine. Je pense que mes tares feraient le quatre heures de n'importe quel psy."

Le premier exposé va commencer.

"Hé bien... Allons-y ?"

Va-t-elle prendre la parole ou simplement écouter ?
Dans les deux cas, je serais comblé.

Je m’abstiens de répondre à ses premières questions.
Un peu de suspense voyons.
Je m’enfile une nouvelle gorgée.
Juste afin le début du premier exposé.

C’est qu’il va m’en falloir des verres en plus,
Si je veux tenir tête à ce gugusse.
Qui sait, après une bouteille entière.
Il commencera peut-être à me plaire.

- « C’est exactement l’affirmation du soi, que tout un chacun espère arracher de moi. »

Egoïste.
Nombriliste.
Are we both humans after all?

Je glisse mon bras autour du sien.
Et me laisser guider sur le terrain.

- « Allons rire un peu des sournoises théories de nos confrères harpies. »

Son regard mystérieux,
Sous ses mèches de cheveux.

À présent je comprends mieux,
L'envie qui pousse des clients à côtoyer ce milieu

Sa remarque me fait beaucoup rire.
Après des milliers d'années à passer sur terre
Je suppose que question sujet, on ne peut pas faire pire.

"Je suis très curieux de savoir si tu peux les faire taire..."

Petit chuchotement glissé dans le creux de l'oreille

"Enfin avant que leur discours ne nous fasse tomber de sommeil."

Et toi, alors, tu es qui ?
Quelle est l'entité qui se cache sous ces airs de psy sexy ?

Sourire amusé.
Paillettes arc-en-ciel au creux de ses iris grisés.
Il lui plait, mon phrasé.
Quelques cotillons pour égayer une si longue éternité.
Tout porte à croire, qu’il n’est pas habitué à côtoyer ce genre de possédé.

Et lui donc. Par qui ou par qu’est-ce.
Stupeur et allégresse.
Mais je ne suis pas encore assez bourré.
Que pour me mettre à deviner.

- « Pourquoi les faire taire, quand il y a plus divertissant à faire ? »

Je laisse lentement mon don se déployer.
Tentacules invisibles qui, des êtres les plus proches, les péchés viennent lécher.
Pour lentement les inciter à se décupler.

Elle a raison, laissons les se débrouiller
Tout faire pour essayer de nous amuser

Une inspiration me vient étrangement
Quelle est cette nouvelle épice qui s'insinue dans mon sang ?
Cela vient d'elle indubitablement.
Curiosité piquée,
Lèvres à oreilles collées
Murmure à peine soufflé

"Kate ? Qu'essayes-tu de nous faire ?"

Le discours commence
Autour de nous le silence
Une personne se lève et se met à se confesser
Sans doute dans le but de provoquer
Une autre s'énerve et agresse
Mais quel est donc ce pouvoir de diablesse ?

"Nos talents combinés risquent de ne pas faire dans la délicatesse..."

Comme il est étrange,
Quand d’invisibles filaments s’extirpent de mes phalanges.
Je n’ai pas pour habitude de m’exhiber ainsi.
Serait-ce l’effet de sa sinistre présence ici ?

Ainsi donc nous sommes deux à pouvoir jouer.
Cela ne présage effectivement que plus de chaos à devoir dompter.
Je devrais me contenir.
Je devrais m’abstenir.
Mais à quoi bon lutter.
Quand le combat a d’ores et déjà été lancé.

- « J’éveille en toi, ce que nul jamais ne verra. »

Mes lèvres collées à son oreille.
Je butine tous leurs péchés tel une abeille.

- « Et toi, que comptes-tu faire de moi ? »

Quel pouvoir,
Prétends-tu avoir ?

Ce que nul ne verra jamais...
Que veux-tu dire par là ?
Que tu peux voir bien au-delà
Que ce que normalement j'admettrais ?

Mon regard s'est allumé
D'une flamme trop souvent cachée.

"Je te pousse à te comporter comme tu le souhaiterais"

Cette émanation de pouvoir est peut-être de mon fait.

Quelqu'un, quelque part, commence à se dévêtir.
Avant d'être, manu militari, prié de partir.

"Ce que tu veux réellement ne sera bientôt plus un secret, même les choses les plus taboues."

Ce n'était que l'échauffement, à présent les préliminaires
Ensemble, ce serait suicidaire.

On signe où ?

Je sens. Je sais.
Je me devrais d’arrêter.
Mais il est désormais trop tard,
La Reine a sorti son dard.

Me comporter tel je le souhaite.
Sauter le pas comme si j’étais prête.
Ce que je veux réellement,
Sans plus avoir à faire semblant.
C’est presque trop beau pour être vrai.
Quel sera donc le contrecoup d’un tel souhait.

- « Et si mon tabou à moi, dépassait tes compétences à toi. »

Mes chaînes, tu ne peux les briser.
Peu importe l’étendue de ta psyché.

- « De ta bouche résonne l’avidité. Est-ce pour autant la vérité. »

L’orateur, sur scène, se met à chanter.

Sincèrement, je doute qu'aucun tabou
Ne dépasse les compétences d'un gourou

Si elle veut me mettre au défi
Je l'en prie, je suis tout ouïe !

"À présent je suis curieux."

Je m'approche de la femme, baignant dans mon aura
En me disant qu'advienne que pourra.

"Je te promets que je ferai de mon mieux"

Je lui adresse un clin d'œil complice
Avant de regarder autour, que notre œuvre s'accomplisse.

"Nous faisons une paire magnifique !
Que dirais-tu d'un pari ? Jusqu'où pouvons-nous aller ?
Les rendre plus atypiques...
Ou carrément les faire copuler ?"

Détruire ce parasite,
Qui depuis de nombreuses années déjà m’habite.
Pas uniquement de moi L’extirper,
Mais carrément L’exterminer.
Dans le néant, La décimer.
Afin que jamais Elle ne revienne,
Voilà la prouesse que je fais tienne.

- « Mieux n’est pas suffisant, quand se tiendra devant toi la chienne de Satan. »

De ce stupide surnom affabulé,
Ses dents je devine grincer.
Je n’ose la présenter à toi,
Car tu risques fort bien de la préférer à moi.

- « Non pas copuler, il y a ici déjà assez de saleté. Faisons les plutôt pleurer. De tout ce qui, à leur réveil, les fera regretter. »

Son visage se crispe
Mais pas comme je l'aurais aimé
Il se pare d'une lueur triste
Mais aussi et surtout d'animosité.

"...J'aime bien les chiens."

Voilà tout ce que je trouve à dire
Ce qu'elle m'a déclaré est loin de me refroidir

"Je ne peux pas leur imposer leurs réactions
Juste faire ressortir ce qu'ils sont."

Mais mes yeux ne quittent pas l'entité
Malgré le chaos qui nous entoure
J'aime ce danger que j'encours
Rien qu'en restant à ses côtés.

"Que regretterais-tu, toi ?
Vite, avant que l'autre n'abois."

- « Mes regrets, je les ai déjà. »

Le jour où Elle s’est éprise de moi.
Où Elle a volé ce qui grandissait en moi.
Il est vrai que je n’en voulais pas.
Mais cela ne lui donnait pour autant ce droit.

- « Mais j’ai cessé de les pleurer il y a bien longtemps de cela. »

Il faut aller de l’avant,
Si l’on ne veut se faire happer par le néant.
Son murmure m'apparaît pourtant plus que séant.

- « Et toi, à l’encontre de qui est-ce que tu aboies? »

Si aboyer rime avec plier,
Devant quelle échine la tienne est contrainte de se ployer.

Mon regard se baisse devant la belle
Ceci est sans conteste son grand secret
J'aimerais connaître les raisons de ce lourd regret
Mais plus que tout, j'aimerais qu'elle se rebelle

"Laisse-toi aller. Avec moi, il n'y a aucune barrière."

Aucune limite
Licite ou illicite

"À l'encontre des laisses, des dieux et des maîtres."

La pensée unique, la bienséance, et tout ce qui voudrait nous soumettre.

"Mon existence entière au service du libre-arbitre."

Je me fends d'une révérence asservie, mon côté cathartique...
Dresser l'esprit humain pour le libérer.
Voilà une drôle d'idée.

- « Si j’étais vraiment libre de choisir, est-ce que je voudrais seulement en finir? »

Voilà une question qui me taraude depuis peu.
Sans Elle, est-ce que je me sentirais seulement mieux?
Si je venais à trépasser,
Elle aurait tôt fait de me remplacer.
Mais si c’est Elle qui venait à me quitter,
Comment ferais-je pour me redresser?

- « Serais-je toujours moi, quand la moitié de ma vie ne m’appartient même pas. »

Est-ce son pouvoir qui éveille cette désolation dépressive.
Ou est-ce moi qui ai cessé d’être attentive?

- « Arrête ça. »

Mon regard se fixe au sien.
Il plonge dans le mien.

- « Arrête-moi. »

"Ça, ma belle, c'est vraiment toi qui vois !"

La libérer ou non ne tient pas qu'à moi.
Dans le pire des cas, elle peut juste passer une bonne soirée
Pour la première fois, être libérée

"Non, sans doute pas.
Mais je ne veux pas te priver de ça."

Juste te faire vivre ta vie
Telle que toi, tu en as envie.

Arrêter ?
Mais pourquoi ?
On vient de commencer !
Mais je ne souhaite pas sembler discourtois

"C'est impossible..."

Je m'adresse à toi

"Vos filtres vont tomber. Si vous désirez que ça s'arrête, éloignez-vous de moi."

Quand je lui demande de m’arrêter MOI,
C’est naturellement qu’il pense que je parle de Toi.
Tu es partout.
Tu es tout le temps.
Pourquoi ne peux-Tu pas me laisser, l’espace d’un instant ?

Je Te sens jubiler.
Je Te sens roucouler.
N’en as-Tu donc jamais marre d’ainsi me tourmenter ?
Me penses-tu toujours trop lâche que pour T’abandonner.
Dans Tes rêves, espèce d’Enfoirée.

- « Je ne le veux pas. »

Je me refuse à ça.

- « J’ai besoin de voir jusqu’où nous pouvons aller. Quelles sont les limites à ne pas dépasser. »

Je veux qu’Elle regrette.
Je veux que ce soit ELLE qui m’arrête.

J'avale ma salive.
Qui est cette entité avec qui elle rivalise ?
Même mes clientes
Les plus impertinentes
Vont rarement jusque-là...
À peine rencontrée, elle m'offre un véritable et interne pugilat.  

"À votre service, très chère amie."

Cette fois, je suis parfaitement ravi.

Autour de nous, les fous n'ont plus d'importance.
J'entoure la psy de mes bras
Et dans un élan qui me surprendra
J'écarte mes ailes avec insolence.

Pas de remarques, pas de cris.
Pliant les jambes pour prendre mon envol
Je nous soulève du sol
Avant de nous envoler dans la nuit.

Il semble ravi.
Comme s’il venait de remporter la moitié de ce fichu pari.
Il s’avance en ligne droite vers moi.
Du temps pour regretter, il ne m’en laisse pas.

Ses bras musclés s’enveloppent tout autour de ma silhouette.
Avant que des ailes ne s’arrachent de son squelette.
Je ne peux empêcher la surprise de se lire dans mes yeux.
Avant que nos deux corps, ainsi enveloppés, s’envolent vers les cieux.

Comme d’instinct,
Voilà que sur ses hanches sont venues se poser mes mains.
Je n’ai pas peur de tomber.
Et c’est exactement ce qu’à l’oreille je viens lui murmurer.

Voler,
C'est comme marcher,
C'est tellement démodé...

Et pourtant
C'est agréablement
Exaltant.

"T'inquiètes,
Belette

J'te lâche pas
J'te garde avec moi.

Cette idée
Ne m'a même pas effleurée.

Je desserre un peu mes bras
Afin qu'elle voie aussi le monde d'en bas.

"Regarde Catherine, toute cette immensité baignée de lumière est notre royaume.
À nous de voir si on veut leur faire plaisir ou leur causer des hématomes."

Personne ne regarde vers nous
Les yeux collés à leurs portables
Inutile de les mettre à genoux
Ils sont déjà si influençables.

Nous voilà tous deux,
À nous envoler en direction des cieux.
Ce n’est pas la première fois qu’on m’emmène si haut.
Sauf que généralement, j’ai moins chaud.

Un vulgaire pouf et nous voilà à destination,
Tandis que là il y a également l’ivresse et la résiliation.

Le fait d’énoncer ne pas avoir peur de tomber,
N’est rien de plus qu’une envie secrète bien camouflée.
Si seulement c’était si facile.
Si seulement la vie ne pendait qu’à un fil.

- « Faisons les paniquer. »

Cette bande d’hypocrites drogués.

- « Coupons cette satanée connexion. »

Renvoyons-les fissa dans la réalité.
Si moche et si d’actualité.