Le réceptacle ne semble pas avoir peur
Pas plus que la divinité qui l'accompagne.
Je la soulève sans aucune lourdeur.
Rien n'est trop beau pour ma compagne.

"Paniquer..."

Mot venant du dieu grec Pan
J'inspire en cherchant l'inspiration
Je pense que je sais comment atteindre l'aspiration
Trouvons quelque chose de bien flippant

"J'ai bien une idée."

Je place une main sur ses yeux
Pour lui éviter la cécité

Que la lumière soit... Dans les cieux.

Mes ailes s'écartent
Un soleil blanc en pleine nuit
Les gens lèvent les yeux, ça les épate
Tandis que leur vue se réduit.

L’humain est ce qu’il est.
L’humain est tellement laid.
Le monde s’en porterait tellement mieux.
Si on le débarrassait de tous ces envieux.
Scotchés à leur cellulaire.
Comme si regarder ce qui véritablement les entoure, ne peut que déplaire.

Des phalanges tièdes ma vue viennent barrer.
Il ne me reste plus qu’à deviner, ce qui se trame à nos pieds.
J’entends le bruit caractéristique de l’appareil photo.
On ne refera par leur éducation de si tôt.

Profitez donc pauvres fous.
Avant de vous rendre compte qu’on se joue honteusement de vous.

- « Redescendons. »

Je veux assister de prêt à leur abandon.

Quelques cris
çà et là
Beaucoup d'abrutis
C'est comme ça

Les ailes faisant des petits battements
Nous ne planons de plus en plus bas dans l'air
Je la laisse toucher terre
Très délicatement

"Bonsoir tout le monde !

Les gens nous suit de leurs yeux vides
Faisants des grimaces immondes
Pour essayer de distinguer la moindre forme de manière avide

"C'est toujours comme ça, personne ne peut me regarder en face."

Bientôt, c'est le pouvoir de nos auras qui prendra toute la place.

Au milieu d'aveugles, nous ne sommes pas des rois
Nous serons les seuls à faire la loi

Mes pieds viennent doucement toucher le sol.
Dommage quelque part, que prend déjà fin ce splendide vol.
Si loin dans les cieux,
Pourquoi diable voudrais-je que portent sur nous tous ces paires d’yeux ?

Je présume qu’à force de ne pouvoir être regardé,
Son égo a fini par s’en outrasser.
Est-ce que pour autant, ma propre attention sur lui a le droit de se poser ?

- « Et qu’aimerais-tu donc qu’ils voient ? »

Ces pauvres insectes sans foi ni loi.

- « Et qu’aimerais-tu donc qu’ils croient ? »

Car s’il faut voir pour croire,
Est-ce que pour autant croire rime avec savoir ?

Cette fois, je ne regarde pas les autres
C'est elle que je vois, droit dans les yeux
Ma compagne, des comme toi, il n'y en a pas deux
Peu importe le nombre de nos apôtres.

"À dire vrai, j'en ai strictement rien à foutre"

Qu'ils voient la paille ou la poutre...

Mes ailes s'écartent un instant
Avant de nous recouvrir entièrement.

Au milieu de la foule, nous voilà seuls
Protégés de tous par ce linceul

"Qu'est ta vie,
Pour vouloir lâcher prise ainsi ?"

Me voilà inquiet
J'aimerais connaître cette femme, la vraie.

Pourquoi donc lui parler de mes croyances ?
Quelles sont-elles,
Si ce ne sont de vilaines sauterelles ?
Fléau redoutable dans l’histoire.
Auquel tout le monde a aveuglement accepté de croire.

- « Qu’est ma vie si ce n’est une vaste blague. »

Jetée vulgairement en pâture en vue de se faire écraser par une vague.

- « Je suis un jouet. Rien de plus qu’un pantin. »

Mais mon Marionnettiste ne fait pas pour autant partie du clan de vilains.
Ce qu’Elle veut je le sais.
Ce qu’Elle veut, je l’ai.

- « Si mes cordes pouvaient seulement se couper, serais-tu assez sot que pour essayer ? »

"Je suis là pour faire de ta vie
Uniquement ce dont tu as envie."

Démon du libre arbitre
Même le plus petit esprit doit avoir voie au chapitre
Mais il semblerait
Qu'elle-même ne sache pas ce qu'elle aimerait

Peu habituée à ce qu'on lui demande son avis

"Sot, peut-être, intelligent, certainement, expérimentateur serait plus précis."

Bien sûr que je vais essayer
Au moins le temps d'une soirée.

"Qu'est ce qu'elle ne te laisse jamais faire ?"

Ce soir, je ferai tout pour que ça te soit offert.

N'hésites pas.
Je peux tomber bien bas

- « Oh Elle me laisse tout faire, que du contraire. »

Les mots sont sortis naturellement.
Peser le pour et le contre, il ne m’en a pas laissé le temps.

- « Sauf qu’en se faisant, Elle prend un malin plaisir à me faire perdre du sang. »

Le choix du verbe me fait quelque peu sourire.
À chaque fois je manque de mourir.
Pourtant on n’en arrive jamais là.
Après tout … peut-être bien qu’Elle tient à moi.

Je me mets à rire à gorge déployée.
Et sur lui, un regard malicieux je viens aussitôt poser.

- « Et si tu essayais de me tuer ? »

Je l'écoute, particulièrement attentif, parler d'elle
Comme s'il s'agissait d'une amie modèle.

Jusqu'à un certain point seulement.
Vraiment ? Perdre le sang ?

Mes doigts, autour de ses bras, se serrent.
Est-ce que je tiens à l'avoir comme adversaire ?

Advienne que pourra.

"Comme tu voudras
Très chère."

Un instant sur terre
L'instant d'après dans les cieux.
Mes bras s'écartent, un peu anxieux
Et son corps commence à fendre l'air.

Mes ailes se replient
Afin que je ne la quitte pas et que ma mission soit accomplie.
Lui faire la peur de sa vie.

Qu’est-ce qui m’a donc pris de lui proposer cela.
Est-ce parce que je présume qu’il n’osera pas ?
J’ai comme un doute quant à cette déclaration.
Après tout, à sa place je n’aurais émis aucune objection.

Et nous revoilà à fendre l’air.
D’un sourire aux lèvres, je le regarde faire.
Puis tout à coup, plus aucun de ses bras autour de moi.
Est-ce maintenant qu’est censé s’éveiller ma Foi ?

Je me sens tomber.
Je m’imagine chuter.
Dans mes entrailles, Elle n’a toujours pas commencé à se manifester.
Au final, je me suis peut-être trompée.

Je ferme les yeux.
Adieu.

Je la suis au travers des nuages.
Effectivement, je n'ai pas été très sage
De l'avoir lâchée aussi haut
Trop pour que nous croisions des oiseaux.

Aucune réaction
Aucun pouvoir ne vient
Est-ce que vraiment elle a décidé qu'elle ne vaut rien ?
Alors qu'elle a tout fait pour attirer son attention

Le sol se rapproche très vite
Mes bras passent sur ses flancs
Et se verrouillent à l'avant.
Tête en bas, mes ailes s'agitent

Notre chute devient horizontale
Sans ralentir,
Sans fléchir

"Non, je ne peux rien faire qui te soit fatal."

Je me sens tomber.
Je vois ma fin approcher.
Aucun flash blanc.
Aucun souvenir d’antan.
Tout ce qu’on nous baratine dans les films serait donc du flan.
Est-ce seulement important ?

Si c’est cela le goût de la liberté,
Je comprends mieux pourquoi autant d’entre nous aspirent à s’en gaver.
Je sens quelque chose bouger.
Se tortiller.
Elle veut sortir.
Elle veut agir.

Je suis sur le point de céder, lorsque deux bras musclés viennent une nouvelle fois m’encercler.
Peut-être aies-je rêvé.
Mais permettrez-moi d’en douter.

- « Tu viens de te faire une alliée. »

C’est une certitude qu’il ne pourra m’enlever.

Une alliée...
Mais de qui parle-t-elle ?
De son entité
Ou de son enveloppe charnelle ?

"À laquelle des deux ai-je l'honneur ?"

Après une mise en danger
C'est assez peu coutumier

Moi, je préfèrerais une amie
Sans doute un peu plus, mais peut-être pas aujourd'hui.

Nous volons tranquillement
Au-dessous des vents violents
Par-dessus les gens

"Ravi que ça t'ait plu !
On refait ça quand tu veux."

Peut-être pas quand il pleut
Nous verrons bien le moment venu...

"Dis-moi, quel est ton vrai prénom ?
Et quel est ton panthéon"

Nous ne sommes pas si différents
Je le sens.

C’est qu’Elle cache bien son jeu,
Après m’avoir obligé à chuter depuis les cieux.
Pourtant quand il me propose de recommencer,
Je me mords les lèvres pour ne pas demander où signer.
La prochaine fois,
Seras-Tu toujours là ?
La prochaine fois,
Est-ce Toi qui me rattraperas ?

- « Brónach. Enchantée. »

J’ignore bien pourquoi je prends le temps de le rajouter.

- « Mon prénom devrait te suffire à deviner. »

Mes parents n’ont pas fait dans l’originalité.
Comment leur en blâmer.
Vu que ce n’est pas de leurs entrailles que je suis née.

- « Il n’y a que moi. »

Cela ne suffit pas ?

Brónach ? C'est un nom d'origine Celte, ça.
Je ne m'y connais pas spécialement,
Mais je n'oublie que rarement.
En tout cas, elle je ne l'oublierai pas.

"Baphomet, moi de même !"

Elle est attachée à son entité
Et semble en même temps très affectée
Quel étrange dilemme...

"Je te ramène chez toi ?
Et quand tu veux, on se refait ça."

Petit sourire en coin

"C'est parfait, tu es très bien."

Oui, elle, humaine, sans pouvoirs,
sans divinité, sans rien.
De quoi d'autres pourrais-je bien vouloir.

Mon bras sur le sien, attendant son signal
Pour notre voyage final.

Inutile de préciser que je suis prête à accepter,
Cette odieuse proposition que là il me fait.
Remettre ça,
Et pourquoi pas.
Et pourquoi pas maintenant,
Si tant est qu’il en a le temps.

- « Elle risque de ne pas apprécier, mais qui suis-je pour l’en blâmer ? »

Mais ce serait là clairement abuser.
De ce qu’Elle vient inconsciemment de me prouver.
Il Nous faut désormais toutes Deux s’en apprivoiser.

Une prochaine fois assurément il y aura.
Je n’en démords pas.
Mais pas ce soir.
Pas si nous souhaitons nous revoir.

- « Marchons veux-tu. »

Que je décide en acceptant son bras tendu.

"Sans doute, ouais.
Mais on s'en fiche royalement !
Après tout, elle va pas te donner le fouet
Dans ce cas, je me porte volontaire pour le faire gentiment."

Je prends la miss double par le bras
Et commence à l'entraîner ça et là
C'est ce que font les humains, parfois.

"Je te ramène chez toi ?"

Je dois admettre être curieux
De connaître sa vie et ses lieux

"Allez, t'es psy
Tu dois avoir des tas d'histoires de folie !"

Allez... Raconte-moi un peu
à quel point les humains sont bienheureux…

"A bat le serment d'Hippocrate
Parle-moi de ces psychopathes"

Qu’il est curieux ce bienheureux.
Lui qui croit connaître.
Lui qui de tous les secrets aime à se repaître.
Quel vilain défaut, que la curiosité.
Et moi qui pensais qu’il n’y avait que l’homme pour s’en habiller.
Pourtant je ne suis guère surprise,
De cette question qu’il s’est permise.

- « Cites-moi donc un péché et à mon tour je conterai. »

Car il n’y en a de loin aucun,
Qui n’ait jamais réussi à échapper à l’humain.

- « Pourquoi déjà rentrer chez moi ? Est-ce que ceci ne te suffit donc pas ? »

À évoluer si librement,
Entre la vermine et autre délabrement.

Un péché ? Il y en a tellement !
L'humanité ne sait qu'en citer sept, et pas même les plus importants.
...ni les plus amusants.

"L'ignorance. Pour moi, c'est le pire !
Allez, à toi de tout me dire."

Combien de fois me suis-je servie de cette excuse,
Afin d'accéder à quelque chose qu'on me refuse ?

"Tu as raison, continuons
Notre promenade est agréable.
Bon, allez, ta contribution !"

Après tout, il ne faudrait pas qu'elle oublie de me raconter son histoire inimaginable !

"Raconte-moi toutes les anecdotes que tu veux
Et n'hésites pas à en ajouter un peu."

L’ignorance.
Cette pitance.
Car ne l’est-elle pas, dans un certain sens?
N’est-il pas dit,
Que Dieu bénit tous ceux qui en sont épris.

- « Peut-on seulement parler d’innocence dans le cadre de la concupiscence ? »

Quelle ironie d’aborder le foyer du péché,
Dès lors je lui en ai demandé qu’un seul à nommer.
Mais passons les préliminaires,
Là-haut dans le ciel, nous avions déjà tout pour mutuellement nous plaire.

- « Le secret professionnel m’interdit de répondre de manière autre que formelle. »

Il doit bien deviner,
Qu’avec un travail pareil, je ne peux que me régaler.

- « Conte-moi donc le tien, être du malin. »

"Aaaah ! Mais je parle d'ignorance !
Absolument pas d'innocence."

Pour moi, ce n'est pas du tout la même chose.
Et ce n'est d'ailleurs pas induit par les mêmes causes.

Mes épaules s'affaissent un peu
Alors qu'elle se refuse à tout aveu

À moi de m'y coller.
Oh, très chère, bien volontiers.

"Quand j'apparais avec mes ailes
Les gens croient voir un ange, un être du ciel
Pour les plus fervents d'entre eux
Ils s'approchent, et voient mes cheveux bleus
Mes piercings, mes tatouages, tout à l'opposé de leurs croyances
J'induis de la méfiance, parfois de la défaillance
Cependant, ils changent bien vite d'idées
Sur les anges, et ce qu'ils se sont imaginés."

Ignorance.
Innocence.
In fine, quelle différence?
Dieu bénit qu’Il les premiers au même degré que les derniers.
Ou n’a-t-Il d’yeux,
Que pour ceux,
Tout juste prêts à Le pourlécher.

- « Qu’est-ce qu’un ange ? »

Si ce n’est un être baignant dans la fange.
Auquel cas, cher chérubin,
En êtes-vous seulement un.

Je m’arrête net dans notre balade improvisée,
Et sur lui mon entière attention vient se poser.
Ma tête, un peu vient se pencher.
Comme pour mieux l’observer.
Comme pour le décortiquer.

- « Ce que je vois, est-ce ton véritable toi ? »

Quelle différence.
Quelle importance.
Ignorance.
Tiens, je t’offre ma main.

Sur le point de lui répondre à sa question,
Je me rends compte de la rhétorique.

"Un être gentil et pacifique.
Tout ce que je ne suis pas."

Qu'elle ne s'inquiète pas pour cela.
Voué à ne jamais basculer du bon côté
Si j'en ai eu envie, le destin me l'a rappelé.

Elle s'arrête et me regarde comme si elle voulait me voir.
Bonjour… ou plutôt bonsoir.

"Non, je ne montre jamais mon vrai visage."

Je me laisse caresser par son regard.
Pourrait elle deviner ma forme, mon âge ?

"Et toi, qui es-tu réellement, ange ou démon ?"

Réelle ou fictive ?