Le temps est maussade. Les nuages couvrent le soleil qui pourrait réchauffer mon corps alors que je m’approche lentement de ce lieu où ma haine converge. Celui qui m’a volé l’unique raison de ma vie, celui qui occupait chacune de ses pensées tandis que moi, j'étais présent pour lui, j’ai tout fait pour lui, pour le satisfaire. Mais il est la raison de ma présence, de ma colère, de ma jalousie maladive.
Les portes de cette école ne sont plus très loin et je me glisserais sans problème, sans être vu ni reconnu par qui que ce soit. Mais mon objectif n’est pas de détruire cette école, non, elle est un refuge pour tous ceux qui sont comme moi, des mutants pour notre propre espèce.
Selon mes espions, l’homme qui m’intéresse est souvent en contemplation devant un lac à la bordure de l’école, il médite seul et c’est là-bas que je le retrouverai…
Je ne cherche aucunement à dissimuler ma présence, à me dissimuler à ses yeux ou ses sens… Je ne viens pas pour me battre, pour le compte des Hurlants, non, je viens pour régler mes histoires, pour comprendre…
À l’orée du bois, je le vois assis en tailleur dans l’eau, il communique avec son élément. La scène pourrait être d’une beauté irréelle si seulement je n’avais pas cette haine au fond de mon être qui me rongeait l’esprit. Le Sheitan au porte de cette conscience détruite par un lavage de cerveau malsain, dans un jeu de torture psychologique dont j’en suis ressortie diminuée contrairement à ce qui pourrait être cru… -Bonjour Pélerin…
Ma voix, au fort accent anglais, roule sur le silence surnaturel qui règne sur les lieux. Je sors de l’obscurité des arbres et je m’avance les mains glissées dans les poches de mon imperméable noir. Mes yeux s’illuminent légèrement de leur flamme solaire. -Je viens en paix pour parler de Nadim…
Amon El-Hadji
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Jeu 17 Nov - 21:42
Ô Bahr, Mère nourricière, Soeur de nos mers, Source primitive de tout nos affluents, De nos espoirs et de nos flux, Accorde-moi ta voix. Entends la plainte de la goutte qui s’est échappée de ton océan, Suis les mots de l’héritage de ta fille Âdy…
Aux abords du lac artificiel, creusé pour les siens et alimenté d’une cascade éternelle, Amon prie. Il prie de l’élan de sa lignée dont il ne sait quasiment rien, si ce n’est ce qu’il en a lu dans les parchemins de son ancien temple-cité. Il tente, par tout les moyens, de se reconnecter. Trouve une voie. Sa voie. Celle qui éliminera les voix. Et surtout celle qu’il saura écouter, au milieu du tumulte. Les yeux clos, en transe méditative et immergé nu dans ce liquide d’une pureté sans égale, la source de Bahr accueille les ondes de son appel désespéré.
Remonter le fil de son existence, jusqu’au-delà même de celle-ci. Laisser son eau couler vers le haut. Reprendre l’ascendance, à contre-courant.
Il y eut son père. Sa mère. Les leurs. Âdy. Et Bahr, flot primordial de toute vie.
Je t’en prie… Entends-moi !… Aide-moi...
La supplique est sans son. Les seules ondes présentes sont à la surface de l’eau, communion élémentaire avec la source des Maritin. Amon s’en gorge par tout les pores de cette nouvelle peau. Il se noie en silence, dans les profondeurs de son propre coeur. Dans la tempête élémentaire qui l’empêche de se connecter.
De se retrouver.
Que dois-je faire ? Que dois-je croire ?…
…. Qui suis-je… ?
Les questions résonnent en écho dans son esprit. Aucune réponse, si ce n’est un bruissement dans une réalité lointaine, dans le tangible.
« Bonjour, Pélerin... »
Une voix. Qu’il ne connaît pas. Qu’il ne perçoit pas, pas totalement.
Qu’est-ce que c’est ?...
« Je viens en paix pour parler de Nadim... »
Fracas aqueux. Ricochet violent. Au centre de son esprit, tout comme au centre du lac, l’oeil s’ouvre.
Ce prénom a suffit pour perturber sa volonté d’avancer. Ramené trop subitement à une réalité qu’il fuyait, la colère assombrit les nuages menaçants se condensant au-dessus d’eux. L’eau de la source frémit comme le poil hérissé d’une bête prête à mordre.
Non. Je ne veux pas en parler. Mais l’Orage gronde et il finira par frapper.
La Maritin se redresse, lentement, oubliant sur l’instant la nudité d’un corps qui n’est pas le sien. Les tatouages recouvrent une peau entièrement sèche dés lors qu’il se relève et quitte complètement sa transe. Son regard se tourne vers l’inconnu, le dardant d’un silence lourd de plusieurs siècles de course effrénée.
Tu te trompes. On ne peut pas l’évoquer en paix.
Exactement, c'est impossible ! Parce que tu as trop de fureur dans ton petit cœur, A l’idée que je ne sois plus là…
« … Qui êtes-vous ? », déclare-t-il, tout en se dirigeant vers ses vêtements pliés sur les berges du lac pour se rhabiller. « Et que savez-vous de lui ? »
Le ton est sec, sans équivoque, mais pourvu surtout d’une lassitude plombée d’épuisement.
Encore toi. J’en ai plus qu’assez. Ça devient vraiment fatiguant, tu sais ?
Regarde, mon chéri, mon Amon, Quoiqu’il advienne, Quoique tu fasses, Je resterai toujours au centre de tes superbes illusions.
… La ferme.
Anaël-Marlow Klestler
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Dim 20 Nov - 11:37
Aucun rayon de l’astre de feu ne perce la couverture nuageuse. Je suis dépourvue de cette énergie primitive qui habituellement nourrit ma chaire en continu de son lever à son coucher.
Mais je ne viens pas vers ce temple pour me battre, non. Rares sont les fois où je quitte le QG des Hurlants pour autre chose que pour provoquer la mort. Telle est ma vocation, mon funeste sort, détruire, brûler, tuer. Emplissant mon esprit embrumé par le Sheitan de ces émotions si délicieusement revigorantes.
Non cette fois, j'ai besoin de réponse que seul le plus puissant Maritin peut m’apporter… Il est le seul autre djinn sur cette terre à connaître aussi bien Nadim. Il saura répondre à mes interrogations, à toutes ses questions qui pourrissent mon esprit…
Il était là seul raison de vivre, celui à qui je voyais un culte, il était le feu qui illuminait le phare d’Alexandrie, celui qui me guidait dans la voix du Sheitan. Je buvais ses paroles comme parole d’évangile. Mais maintenant, il n’est plus, je suis sans repère, et je doute sur mes actes tout en continuant à être le second et dernier Ghear encore libre.
Sans présentation, je m’approche et même si mes yeux s’illuminent de leur clarté solaire, je lui précise venir en paix… Il se relève, dévoilant un corps entièrement nu sur lequel la fine pellicule d’eau est vite aspirée, ne laissant plus qu’un corps puissant. Je commence à comprendre ce que Nadim lui trouvait, il a cette chose, ce charisme puissant qui impose le respect… Mais dans sa voix résonne une angoisse qui commence à s’insinuer en moi à mesure que le ciel devient de plus en plus sombre. L’air lourd se charge de cette odeur particulière de foret humide, de cette vie qui reprend après un hiver glacial. J’inspire profondément, chargeant mes poumons de cette force de renouveau avant de lui répondre : -Je me prénomme Anaël-Marlow, je suis, enfin, j'étais son disciple…
Je laisse la force résiduelle du soleil s’insinuer dans mes chaires et faire luire mes tatouages pour lui montrer sur le dessus de ma main gauche les caractères du prénom de cet Effrit qui a fait partie de nos vies. -Il était mon mentor et j’ose espérer que j’étais son ami, même si je doute qu’il connaissait la définition de ce mot…
Je laisse mes mots disparaitre et glisse à nouveau mes mains dans les poches de mon manteau et fait un nouveau pas vers le Maritin. -Mais je viens vous trouver seulement pour comprendre, comment pendant toutes ses années à ses côtés, il n’avait d’yeux que pour vous alors que je m’efforçais d’être son plus précieux conseillé, son lieutenant le plus puissant, que je faisais de ses mots paroles d’évangiles, mais il ne me voyait pas, il ne voyait que vous… Pourquoi ?
Ma respiration se saccade, comme si une pince me comprime le cœur et l’empêche de se remplir normalement, j’ai mal partout, je ne peux plus vivre sans savoir quel sort le Pellerin à jeter au plus puissant des Ghear… -Même si nous sommes ennemis dans cette guerre, je viens simplement pour des réponses…
Le ciel gronde au loin… L’orage se rapproche. Et avec lui la fin d’une histoire…
Amon El-Hadji
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Dim 20 Nov - 20:41
Dans toute la gravité de l’instant, le djinn d’eau avise son vis-à-vis en silence. Amon laisse le discours se délier, rompant les hypothèses et confirmant la plus terrible de toutes. Un autre fils, d’une certaine manière. Un Efrit aliéné par tes propos.
Quand luisent les tatouages, et que le prénom honni se reflète dans un creux de peau, il retient mal au haut-le-coeur puissant. La tension augmente à mesure que la tornade émotionnelle prend source au fond de lui. Pourquoi ? Pourquoi ici ? Pourquoi lui, et pourquoi maintenant, au cœur d’un conflit pour la survie même du monde ?
Les explications poursuivent et il ne lui fait plus aucun doute : sa présence ici est indésirée.
« Un Hurlant... », susurre le directeur, machinalement sur la défensive.
Il devrait le renvoyer sur le champs, lui interdire l’accès à l’école et déclencher un protocole d’urgence pour protéger les rescapés. Un biais d’Unseelie en ces lieux ne peut qu’être le signe d’un mauvais présage. Pourtant, en dépit de ses poings serrés, Amon demeure sans bouger. Sans agression, pire même, c’est lui qui se sent blessé. Le désespoir de cet Anaël-Marlow est trop vif, trop familier.
Trop teinté d’années passées en vain, à poursuivre une ombre de ce qui ne sera jamais plus. Trop de temps écoulé à se morfondre seul, à deux, ensemble, dans le poison du traumatisme. Trop de pertes et d’erreurs, trop de remords à porter comme le poids de mille rochers. Tu veux savoir pourquoi ?
« … Parce que nous venons du même endroit. » finit-il par avouer, non sans la tristesse que cela implique. Même après tout ce qu’il a fait. Même après tout ce qu’il a sacrifié, au nom d’un Eux qui n’existait que dans la souffrance. « Et qu’il n’en est jamais vraiment parti. Jusqu’à la fin, il est resté dans notre cage. »
Tu dis ça mais, C’est la même chose pour toi. Fais donc le fier, vas-y ! J’ai au moins la décence d’être vraiment mort, moi. Je ne fais pas semblant de vivre, comme d’autres.
Amon sort de l’eau. Elle continue d’onduler dangereusement, comme les nuages au-dessus d’eux. La tempête prend vie, elle, pleinement.
« … Écoutez-moi bien. » Son regard irisé rencontre les iris de feu de l’Efrit. « Je ne sais pas ce que Nadim a pu vous dire ou vous promettre. Mais quoiqu’il ait fait, il ne vaut pas la peine que vous vous y accrochiez de la sorte. Son fantôme vous empêchera d’avancer. »
Oh ARRÊTE. Tu me fais marrer tu sais ? Regarde-toi, avec tes mains qui tremblent, et ta vision toute brouillée,
Amon, tu me pleures plus que QUICONQUE ICI.
« Je le sais mieux que personne. »
La voix ne faiblit face à celle qui hurle dans sa tête. En dépit des tremblements intempestifs et des larmes montantes.
« Oubliez-le. Cette personne devrait... »
Arrête. ARRÊTE ! TU ES PATHÉTIQUE ! TU L’AS TOUJOURS ÉTÉ !! TU MENS TU LUI MENS TU MENS À TOUT LE MONDE ET TU GÂCHES TOUT ! Ça sert à rien. CA. SERT. À RIEN. JE SERAI TOUJOURS LÀ !
« … rester hors de nos vies. »
... Ça fait mal. Tu ne sais pas à quel point ça fait mal.
...
Je te ferai mal… Je te le promets...
La pluie finit par rompre. Elle éclate en averse violente sur les deux djinns. Et l’eau ruisselle sur le visage mortifère de l’endeuillé.
Anaël-Marlow Klestler
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Dim 20 Nov - 21:53
Il était mon mentor, il m’a appris comment sentir les émotions des gens, d’abord en les touchants, puis avec de l’entrainement en sentant le flux qui s’échappe des corps. Il m’a montré comment m’en délecter, comment les aspirer pour renforcer mes dons, ma force. Il me nourrissait, me gavait de ce poison qui faisait naitre dans mon esprit ce petit brin de folie qui maintenant recouvre presque entièrement cette conscience brisée.
Je suis devenue sa chose, l'objet de son pouvoir, il me manipulait simplement par ce que je lui vouais un culte, je lui disais amen à chaque ordre. Il était le saint père de mon évangile.
C’est vers lui que je me tournais quand je ne savais où regarder. C’est vers lui que je me tournais quand je ne savais que faire. C’est vers lui que je me tournais quand je ne savais que dire.
J’étais sa poupée. Il était mon marionnettiste.
J’ai bien conscience de cet état de vide qui remplit mon corps. Je sais très bien qu’il a tout fait pour que je ne puisse pas vivre sans lui, mais il n’avait pas prévu que je sois devenue comme lui, de moins partiellement. Je peux palier son manque, car dans chaque source de chaleur, je sais qu’il est là, que dans chaque source de lumière, il me regarde.
Je le déteste par son absence, mais je l’aime toujours plus…
Je fixe le djinn, responsable de ce malêtre qui grandit chaque jour toujours plus. Celui à cause de qui, je massacre sans retenue ces mortels dans une indifférence malsaine. La tristesse qu’il exalte en voyant le nom de Nadim apparaître sur ma main, entre en moi, je l’aspire. Sa peine me donne l’énergie que le soleil ne peut m’offrir en ce temps maussade, elle me fait me sentir vivant et comme un mort de faim, je ne me retiens pas… Pourquoi faire ? Rares sont les fois où une émotion aussi pure peut être goûtée et le met est divinement bon, surtout quand ce djinn millénaire ne peut retenir les larmes qui lui montent à la tête.
Mais à mesure que ses mots résonne au bord du lac, je la sens qui grappille du terrain cette douce folie vengeresse qui éveille le sheitan que je suis. Et à la conclusion de son monologue, le ciel éclate en sanglot alors que de mes lèvres jaillit un rire violent et sardonique. -Que je le sorte de ma vie ? Mais il était ma vie ! Il ne m’a rien promit, il m’a juste montré que même si je ne suis pas comme tous les autres, même si je ne manipule pas le feu comme tous ces grands éfrits, je suis quand même bien un djinn du feu… Il était le seul…
Mes yeux reprennent cette teinte solaire en même temps que mes tatouages apparaissent sur mon corps. La folie gronde, elle se fait violence pour se frayer un chemin pour embraser cet esprit détruit qui est le mien. -Je suis venue à vous pour comprendre comment il pouvait ne pensez qu’à vous alors que moi, j'ai tout fait pour lui… Mais la seule chose dont vous êtes capable de me répondre, c’est de le sortir de nos vies ?
Je fais un pas vers lui, la pluie s’évaporant au contact de ma peau, dans un grésillement léger pourtant parfaitement audible. -Vous me faites rire Amon El-Hadji !
Je tends un doigt vers lui, accusateur, malsain. -Vous n’êtes plus que l’ombre de vous-même, un putain de vieux cons qui, dans son autosuffisance, a fait souffrir le seul djinn sur cette terre qui lui offrait une importance qui finalement ne méritait pas…
Le ciel gronde et l’averse s’intensifie alors que les nuages grondent, annonçant un orage qui ne va pas tarder à lézarder l’atmosphère de ses éclairs et sa foudre. -Vous me dégoutez, vous l’avez abandonné, lui avez tourné le dos tandis que lui ne pensait qu’à vous… Vous avez quitté cette cage comme vous dites et vous l’avez abandonné et pourtant chacune de ses pensées était pour vous…
L’air ondoie autour de moi, à mesure que j’aspire sa tristesse, que je me nourris de cette forme d’énergie pure et qu’elle réchauffe mon corps comme le ferrais le soleil en plein milieu de l’été… -Je ne suis pas venue dans l’optique de me battre, je veux juste des réponses… Mais vous ne m’offrez rien… Uniquement de la tristesse et de la condescendance qui me dégoute…
Les nuages craquent et un grondement à faire trembler la terre impose un silence surnaturel à cette scène surnaturelle. Je reste muet alors que je fixe Amon droit dans les yeux.