- Pardonnez-moi, mademoiselle.
La sirène fait la moue puis finit par sourire.
- Je vous pardonne. Mademoiselle, madame, monsieur… n’est-ce pas étrange cette façon qu’ont les humains de se nommer ? Laissons tout cela de côté. Ici, sur cette plage, soyons simplement Callista et Orion, voulez-vous bien ?

Elle l’observe alors qu’il amène son matériel près d’elle.
- C'est un cadeau pour vous.
- Pour… pour moi ? s’étonne Callista.

Elle est certes habituée à ce qu’on lui offre de jolies choses, mais souvent ce sont de belles robes, d’élégants bijoux, tout ce qu’il faut pour magnifier sa beauté. Jamais personne n’a « fait » quelque chose pour le lui offrir.
Elle agrippe la toile à deux mains et la tient à bout de bras trouvant l’angle le plus flatteur pour l’admirer. Elle serait bien incapable de dire ce que représente le tableau, rien de figurative et pourtant… pourtant il lui « parle », étrangement. Il y a des couleurs chaudes et froides qui forment un tourbillon harmonieux. Apercevrait-elle une plume ici ? Ou bien est-ce une écaille ?  
L’a-t-elle inspirée ? Il lui semble peu probable qu’il est pu voir quoique ce soit la nuit dernière. La gorge serrée, sa main se dresse jusqu’au visage du peintre pour en caresser délicatement la joue.

- Merci Orion. C’est un magnifique cadeau.
Le visage de l’oiseau de feu est si expressif qu’elle note sitôt que son sourire s’étiole.
- Quelque chose ne va pas ? s’inquiète-t-elle.
- Permettez ?

La créature marine penche la tête sur le côté, perplexe mais aussi curieuse. Cette même curiosité qui l’a menée à être bannie. Finalement, elle hoche la tête.
Orion passe dans son dos et commence à desserrer son corsage. Avec tout autre que lui, elle l’aurait aussitôt arrêté, sifflant de désapprobation parce qu’elle sait à quoi mène ce genre d’action.
Orion ne fait que rectifier son modèle. Du moins c’est ce qu’elle devine. Il s’arrête aux lacets puis s’attaque à sa coiffure, retirant pince après pince avec beaucoup de délicatesse.  
Bientôt, sa chevelure danse librement dans le vent et elle se retourne. D’elle-même elle finit de retirer sa robe faisant glisser le tissu sur ses bras.
Le lourd vêtement retombe à ses pieds, la laissant en simple chemise.

- Est-ce mieux ? lui demande-t-elle. Je ne semble pas vous inspirer lorsque je suis vêtue…

Ses doigts glissent dans ses cheveux pour essayer de les discipliner. Elle recule de quelques pas dans le sable mouillée, laissant sa robe ici sans en faire plus de cas et observe les alentours.

- Alors monsieur le peintre ? Comment voulez-vous que je m’installe ?

Callista et Orion ? D'accord. Ici, ce sera nous, à nous.

Je lui donne le tableau où se trouve, désormais caché, notre point de rendez-vous qu'elle a elle-même dessiné. Un destin dans un dessin à dessein. Elle l'ouvre et semble transportée par mon présent, je baisse les yeux. Je ne pensais pas qu'elle serait aussi réceptive.

"Je vous en prie... Callista."

J'aime ce nom, il est comme une petite explosion de joie, comme un feu d'artifice. Je suis ravi de pouvoir l'appeler par son prénom, comme si nous étions intimes... enfin... amis.

Sans perdre de temps, je regarde la sirène... sans la voir. Elle est si maintenue artificiellement, ainsi... Après avoir demandé la permission, je la libère, lentement, du filet de lacet qui la contenait, de ces hameçons qui maintenaient ses cheveux artificiellement. Voilà, je la retrouve en fin, elle respire librement et sa chevelure caresse le vent en toute liberté. Mon sourire retombe quand je la vois se dévêtir.

Immédiatement, je me retourne pour ne pas heurter sa pudeur mais... Elle ne s'habille pas de nouveau, restant en chemise. Je me retourne, timidement.

"Si vous n'êtes pas mal à l'aise, oui, c'est mieux." Je pose une main sur ma hanche devant la légère provocation. "Vous ne m'inspirez pas quand vous n'êtes pas vous-même."

Je réfléchis, j'ai bien une idée, mais je me demande si elle y accéderait. D'un autre côté, si je ne demande pas, je ne saurai jamais.

"Pouvez-vous vous allonger sur ce rocher ?"

D'un mouvement du bras, je lui montre un bout de falaise qui semble peiner à sortir de l'eau. Quand elle passe devant moi, j'inspire le parfum délicat de ses cheveux. Je lui prends le bras, doucement, pour lui murmurer à l'oreille une proposition qui sonne presque indécente dans ma bouche.

"...sous votre vraie forme..."