Feu avant, mer à présent.

Date d'inscription : 07/06/2020

One minute, I held the key
Next the walls were closed on me
And I discovered that my castles stand
Upon pillars of salt and pillars of sand

Nous marchons tranquillement, jusqu'à apercevoir à la fois le soleil rasant à l'horizon, la mer qui lui répond en scintillant, et mon petit campement. Il n'y a guère qu'un foyer, une malle, une toile tendue qui me sert de tente fabriquée avec les moyens du bord, et plusieurs petits filets qui contiennent des petits flacons de verre. Ce n'est certes pas le grand luxe, mais je n'ai jamais appris à vivre en autarcie totale, alors j'ai dû m'adapter comme je pouvais.

Tout, ici, respire la solitude, et sans doute un peu le laisser aller.

"Est-ce que ta poitrine te fait mal ?" Je demande inquiet. Elle n'a pas toussé à nouveau depuis que nous sommes partit, mais je sais très bien ce qu'un incendie peut faire à des organes internes.

Il faudrait certainement que je reprenne ma forme humaine, à présent que tout va bien, mais je n'ai plus envie de porter de masque humain. Je vais devoir, je le sais bien, mais ça arrivera bien assez vite. La lumière, à travers ces yeux, me paraît particulière. Le son des vagues sonne étrangement sincère à ces oreilles de chèvre.

Je fais un geste pour ma jeune invitée, pour lui indiquer où s'asseoir.

"Alors, où vis-tu en ce moment ? J'imagine que ça ne dois absolument pas être simple pour toi. Je suis là pour t'aider, d'accord ?"

Aider quelqu'un, juste un peu, juste pour oublier un instant le désastre de ma propre existence. Être important. C'est tout ce que je demande.

"En attendant, si tu as des questions ou si ta curiosité te titille, n'hésites surtout pas. Tu as faim ? Ou soif, peut-être ?"

Date d'inscription : 01/08/2022

Je suis Baphomet alors que nous nous sommes éloignés des lieux de l'incendie. Je ne sais pas trop où on va, mais je lui fais confiance. Après tout il m’a aidé à m’échapper des flammes et nous avons pu travailler ensemble pour stopper le désastre. Au bout d’un moment, nous arrivons sur une plage et je m’arrête un instant.

Dans le passé j’ai été amenée à voir la mer une fois, mais j’étais alors enfant. Ayant surtout vécu dans le bosquet des murmures avec ma mère, le monde extérieur a toujours été synonyme de découvertes pour moi. Et même si ce n’est pas la première fois que j’admire l’océan, je reste un instant subjuguée par la beauté des vagues qui s’échouent sur la plage. L’air salé si particulier emplit mes poumons et je souris. Je jette ensuite un regard au démon qui s’est approché de ce qui ressemble à un campement. Je le suis et m’installe là où il me l’indique.

- Un peu… Enfin surtout mes poumons, j’ai l’impression d’avoir une sensation bizarre, comme une chaleur désagréable et douloureuse.

Et tout comme j’ai l’impression que l’odeur de fumée refuse de quitter mes narines alors que nous sommes pourtant loin des lieux de l’incendie maintenant. Baphomet me pose ensuite une question et je lui souris.

- Je vis surtout avec ma mère, dans le bosquet des murmures. Même si je m’échappe pas mal pour explorer le monde. Et puis parce que… J’ai l’impression que des fois c’est un peu dur de rester dans la maison de mon enfance après tout ce temps…

Le fait qu’il me dise qu’il est là pour m’aider me touche beaucoup. Lorsque j’étais enfant, je n’avais que ma mère, et mon père que je voyais peu. Je n’avais ni frère ou sœur et encore moins d’amis… Mais depuis mon réveil j’ai été amenée à rencontrer des gens et la solitude qui était mon quotidien autrefois commence petit à petit à s’éloigner.

- Merci Baphomet, j’apprécie vraiment ton aide. Et toi alors, tu vis ici ?

De ce que j’en vois le démon a l’air bien solitaire. Est-ce que c’est voulu ou n’a-t-il personne de proche ? Une question que je ne me risquerais pas à poser malgré le fait qu’il m’ait dit que je pouvais lui poser des questions. Malgré ma curiosité débordante, je sais aussi qu’il y a parfois des limites à ne pas franchir pour ne pas blesser les autres…

- Je ne serais pas contre un peu d’eau s’il te plaît.

Surtout pour apaiser cette sensation horrible d’avoir la gorge sèche et en feu. Je repense ensuite à quelque chose qu’il m’a dit alors que nous nous éloignions de la forêt.

- Tu te souviens quand tu m’as dit que je pourrais apprendre à communiquer avec les animaux ?

Lorsqu’il m’a dit ça, je n’avais pas réagi sur le coup, en partie à cause de ce sentiment qui me prends à la gorge à chaque fois qu’il est question de magie… Mais j’imagine que maintenant je peux tout de même lui répondre.

Date d'inscription : 07/06/2020

Immédiatement, je m'inquiète pour elle et m'accroupis auprès de là où elle s'installe, bien campé sur mes sabots. Je la regarde dans les yeux et écoute attentivement sa respiration. Elle n'est pas sifflotante, ce qui est en partie rassurante. Tant qu'elle est là, je peux la surveiller.

"Respire bien à fond. Tout ira bien. Dis-moi si ça empire, ou si ça s'en va. Et préviens-moi si tu as mal à la tête."

Je hoche la tête, toujours en la regardant. Elle me parle de sa vie actuelle et à quel point cela doit être compliqué. Même sa mère doit avoir un comportement qui a dû changer du tout au tout. Abandonner un monde pour se réveiller et qu'il soit totalement différent, je n'ose pas même imaginer. Ses escapades ne lui seront que bénéfiques.

"Je t'en prie, voyons, c'est bien normal. Tu m'as aidé pour l'incendie."

...entre personnes déphasées...

Je baisse la tête et remarque à quel point je devrais ranger mes affaires plus souvent.

"Euh... ouais."

Je devrais aussi ramener un matelas plus confortable que mon hamac, mais force est de constater que je ne trouve pas réellement le sommeil en ce moment. Il me manque quelque chose de vital, et il me manque de savoir ce que c'est.

"Oui, bien sûr."

Je prends une bouteille en verre dans mon sac, d'une forme particulièrement... normale, mais dont les couleurs sont éclatantes. Je m'éloigne pour aller chercher de l'eau au conduit et revient pour donner de l'eau à mon invitée. Je me demande si ma proposition de lui confectionner une fiole de souvenirs pour qu'elle puisse comprendre ce qui s'est passé ces 15 derniers siècles l'intéresse. Elle prend une inspiration, et c'est une toute autre question qui arrive.

Je prends place à côté d'elle, laissant mes ailes s'évaser de part et d'autres de nous.

"Bien sûr. Je me souviens d'à peu près tout, tu sais. Du nombre de battements de cœur que j'ai fait depuis notre rencontre..." jusqu'au nombre de fois où j'étais seul quand mon cœur a frappé. "...Jusqu'à l'éclat exact de l'eau sur le feu qu'on a œuvré à éteindre ensemble."

Mes paumes derrière nous, je me m'allonge jusqu'à être sur mes coudes. Dresser vers Kithiel, je demande.

"Quelle est ta question ?"

Date d'inscription : 01/08/2022

J’hoche la tête en écoutant les recommandations de Baphomet, je ne pense pas que ce soit quelque chose de très grave et ça va sûrement finir par s’atténuer avec le temps. Mais les fumées nocives du feu ne font pas bon ménage avec les organismes vivants. Je lance un regard au démon, me rappelant que lui aussi avait l’air mal en point.

- Et toi, tu te sens mieux ? Tu m’as fait une de ces peurs quand tu t’es évanoui dans l’eau tout à l’heure.

J’ai d’ailleurs du mal à me dire que j’ai réussi à trouver la force de le sortir de là… Si je ne l’avais pas ramené à la surface, il se serait noyé…

Baphomet s’éloigne et revient en me tendant une petite bouteille en verre. Je le remercie et bois une grande gorgée qui apaise immédiatement ma gorge sèche. Et je sens que ça atténue un peu cette sensation de chaleur dans ma poitrine due à la fumée. Le démon prend place à côté de moi et j’hausse les sourcils en l’entendant m’expliquer qu’il se souvient de tout.

- Eh bien… Tu as une capacité de mémoire vraiment étonnante si tu te souviens de ce genre de détails.

Je repense un instant à sa proposition de m’aider à découvrir ce que la monde a connu en quinze siècles, mais je repousse ça dans un coin de mon esprit, du moins le temps de finir de lui expliquer ce que je m’apprête à lui dire concernant mes pouvoirs.

- Ce n’est pas vraiment une question mais plutôt…

Je soupire. Revenir à ce sujet est toujours délicat pour moi car il amène toujours de la frustration et du dégoût envers moi-même. Et envers Titania…

- Comme tu me l’as dit, je devrais en théorie pouvoir communiquer avec les animaux. Tout comme je devrais en théorie maîtriser au moins la magie liée à la terre et aux plantes comme ma mère.

Je marque une pause, assise en tailleur, je me triture les doigts avant de reprendre plus hésitante.

- Sauf que… Avant mon emprisonnement forcé par ma tante, je commençais à maîtriser la magie héritée de ma mère. Et mon père avait aussi commencé à m’apprendre quelques notions. Mais à mon réveil, après quinze siècles passés dans la glace, je me suis rendue compte… Que je n’avais plus rien.

Nouvelle pause durant laquelle je prends une grande inspiration.

- Un sorcier que j’ai rencontré il y a quelques temps m’a dit que la magie était comme… un muscle et que je devais juste m’entraîner à la réveiller, mais j’ai beau essayer, il n’y a rien à faire…

Je lance un sourire attristé à Baphomet.

- Peut être que je peux communiquer avec les animaux… Mais pour ça il faudrait encore que je retrouve ma magie…

Date d'inscription : 07/06/2020

"Moi ? Oh oui, ne t'en fais pas. Ce sont mes pouvoirs. Ces coquins sont énergivores en ce moment."

J'ai un sourire, ce qui doit être à la limite effrayant sous cette forme, pour essayer de faire en sorte qu'on ne creuse pas plus loin la question. J'aimerais comprendre ce qu'elle attend de moi. Je bois un peu d'eau, à sa suite, et sens l'intérieur de mon corps s'apaiser avec cette eau toute simple.

"Mémoire absolue, ma p'tite. C'est ma spécialité." et mon putain de fardeau. En ce moment, c'est même une malédiction.

Enfin bref. Je me tourne totalement vers elle, prêt à tout entendre. Elle me dit qu'elle a un pouvoir sur la nature, plantes et animaux. Elle a l'air totalement perdue, et avide de retrouver ses capacités d'avant. Comme je la comprends. Nos pouvoirs sont ce qui font nos identités... Aaah, voilà pourquoi les miens sont fucked up en ce moment !

"Tu commençais tout juste avant ton enfermement ?"

Je dodeline de la tête. Un pouvoir, comme un muscle ? L'allégorie est bonne, excellente, même, mais j'avoue que ce n'est pas ce que je dirai.

Cependant, je commence à bien percevoir le problème. Je me redresse et m'installe en tailleurs, ce qui est ma position traditionnelle. Ma queue de démon battant tranquillement la mesure sur le sable.

"Un pouvoir, je ne dirais pas que c'est comme un muscle. C'est plutôt... à mon sens... comme un art. On va admettre, toi et moi, que le talent n'existe que par rapport à la chance. Imaginons maintenant que tu veuilles communiquer avec les animaux. Donc, tu as un animal devant toi et tu veux lui faire passer un message. Te dire que tu en as le pouvoir, c'est comme se dire que tu peux peindre un tableau de maître parce que tu possèdes une toile, de la peinture et des pinceaux. Tu as encore beaucoup de chemin à parcourir."

Bon, j'avoue que là, tout de suite, ça me serait très utile qu'elle puisse faire pousser certaines plantes. Mais elle est jeune, et je n'ai vraiment pas l'intention de l'ennuyer avec ça. Je lève les yeux vers la plage à la recherche d'un animal, mais il n'y a rien. Ce n'est pas grave, nous verrons ça un peu plus tard.

"Que ressentais-tu quand tu usais de ta magie pour les plantes ? Est-ce qu'une émotion particulière t'habitait à ce moment-là ? Il existe énormément de différentes raisons pour lesquels on ne peut plus pratiquer un art. En fait, le fait de ne plus pouvoir avoir accès à un pouvoir est plus comme un... symptôme... de quelque chose de sous-jacent. Mais ne t'inquiète pas, on va voir ça ensemble, tranquillement. Tu viens à peine de te réveiller, ne sois pas trop impatiente. Dès que tu seras prête, j'essayerai de t'appeler un corbeau et je t'expliquerai comment on fait pour communiquer avec sans magie."

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Je suis un peu rassurée lorsqu’il me dit qu’il se sent mieux et que c’est juste parce qu’il a utilisé trop d’énergie avec ses pouvoirs. J’observe durant un moment la mer, le bruit des vagues qui s’échoue a quelque chose d’apaisant, comme si nous étions dans une petite bulle après avoir dû affronter l’incendie.

Lorsque Baphomet me pose une question, je penche ma tête de côté et tente de fouiner dans les tréfonds de ma mémoire.

- Je ne suis plus très sûre… J’ai encore un peu de mal avec mes souvenirs d’avant. Mais je crois que… Je commençais à me débrouiller pour faire pousser des plantes et les diriger comme je le voulais.

Quelques souvenirs commencent à émerger dans mon esprit, mais ils me semblent lointains, comme si un voile les dissimulait, rendant l’image confuse.

J’écoute attentivement les explications de Baphomet, et sa façon de représenter la magie apporte une nouvelle dimension à ma vision de ce qu’elle est. Je me contente d’hocher la tête, comprenant que ça va certainement être plus compliqué que ce que je pensais…

- Encore une fois j’aurais du mal à te dire exactement ce que je ressentais. Même si des fois j’ai l’impression de n’avoir été endormie que quelques heures, je me rends compte que mes souvenirs eux sont bel et bien lointains…

A nouveau, je fronce les sourcils et prends une grande inspiration. Puis je ferme les yeux et tente de me rappeler des moments où je jouais avec les plantes dans le bosquet des murmures.

- Il me semble que je ressentais beaucoup de joie à l’idée de voir les plantes grandir par ma simple volonté. J’avais l’impression… de faire quelque chose de bien en les aidant à grandir.

Lorsqu’il me dit de ne pas être trop impatiente j’ouvre les yeux et rigole un peu.

- Je ne suis pas vraiment quelqu’un de patient c’est bien un de mes défauts ! En plus de ma trop grande curiosité !

Quand bien même le démon m’a dit que je devais garder cette fameuse curiosité qui m’a tant causé de problèmes dans le passé.

Date d'inscription : 07/06/2020

"Je pourrais t'aider avec tes souvenirs, si tu le souhaites."

S'ils se sont effacés, c'est aussi peut-être pour une raison bien précise. J'espère qu'en proposant cela, je ne vais pas droit à la catastrophe encore une fois.

De la joie, faire quelque chose de bien, tout cela est particulièrement intéressant. J'ai un sourire tendre pour la jeune femme. Elle est tellement pétillante et ouverte. Un instant, je me demande pourquoi je la retiens ici, avec moi. Je vais essayer de ne pas l'assombrir avec mon humeur. Je pose ma main sur son épaule, et me relève.

"Très bien."

Je lui tends la main pour qu'elle me suive à son tour. Dans l'ambiance qui devient de plus en plus dorée, je trouve que je recherche sur le sable. Il s'agit d'une plante avec une fleur blanche qui ne pousse que sur le rivage.

"Être impatiente n'est pas un mal en soi. J'ai juste peur que tu n'en demandes trop à toi-même, et que tu sois rapidement déçue. Mais oui, garde ta curiosité, et garde cette énergie que tu as en toi."

En tout cas, à moi, elle me fait du bien. Bon, il va falloir que je lui parle de quelque chose qui n'est pas tout à fait la vérité. Avant de lui dire ce que j'ai à lui dire, j'hésite un peu. Finalement, je me lance.

"Il n'y a pas si longtemps, ce type de plante que tu vois à tes pieds n'existait pratiquement plus, car les humains nettoyaient les plages avec des appareils mécaniques. Aujourd'hui, avec ce qui s'est passé, la nature peut enfin reprendre ses droits par endroits. Cependant, cette espèce de plante, et celle-ci en particulier, aurait bien besoin d'un petit coup de pouce."

Je m'accroupis et invite la petite Kithiel à en faire de même.

"Tu lui rendrais vraiment service en l'aidant à pousser. Est-ce que tu veux bien essayer ? Si tu n'y arrives pas, ce n'est pas grave."

Posant mes coudes sur mes genoux, j'observe la demie-fae très attentivement.

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Baphomet me parle à nouveau de m’aider avec mes souvenirs et je dois avouer que sa proposition est de plus en plus tentante. Non seulement pour pouvoir mieux me rappeler de mon passé, mais aussi pour mieux appréhender le monde actuel. Je lui lance un fin sourire.

- Pourquoi pas. Et puis tu m’as parlé aussi de ce fameux transfert de mémoire plus tôt.

Je n’ai pas vraiment le temps de réfléchir plus que ça sur cette histoire de souvenirs car le démon se redresse et me fait signe de me relever. Comme un peu plus tôt, je me retrouve à le suivre, sans vraiment savoir ce qu’il cherche à faire. Lorsqu’il finit par s’arrêter et m’expliquer ce qu’il attend de moi, je me mords l’intérieur de la joue.

Aider une plante.

Chose qui pourrait paraître si simple, mais pourtant…

- D’accord, je vais essayer.

Je m’assois en tailleur juste à côté de cette petite plante qui peine à sortir, mes bras posés sur mes jambes. Je passe doucement le bout de mon doigt sur la fleur blanche avant de reculer ma main. Auparavant, il me suffisait d’un regard pour réussir. Mais aujourd’hui, toutes mes tentatives se soldent par des échecs.

Je prends une grande inspiration et tandis que Baphomet m’observe, je tente de réveiller mon pouvoir. Je fixe la plante durant un moment sans que rien ne se passe, sans rien ressentir en moi. Je serre les dents avant de tenter d’apaiser ma respiration, faisant appel à ma volonté de vouloir aider la plante à sortir de terre. Au fond de moi, quelque chose semble vouloir sortir, mais c’est comme si… Je ne trouvais pas l’accès. Tandis que je fixe toujours la petite fleur, j’ai l’impression que celle-ci se met à trembler et mon visage se crispe alors que j’ai l’impression d’être proche de quelque chose.

Brusquement, je perds le fil et la plante ne bouge plus. Je grimace et baisse la tête, mon visage affichant un air déçu.

Encore un échec…

Je tourne mon regard chargé de déception et d’un fond de tristesse vers Baphomet.

- Je n’y arrive pas…

Le démon a beau m’avoir dit que ce ne serait pas grave si je n’y arrivais pas, je ne peux empêcher un sentiment d’amertume et de peine m’envahir après cette tentative ratée.

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"Tu peux prendre le temps d'y réfléchir. Je te parlerai de ce que cela représente en temps voulu."

La mémoire est une chose figée, immuable, ancrée, porteuse de vérité...

Conneries.

La mémoire est une chose fluctuante, entière, porteuse d'émotions. Cela ne doit pas être manié à la légère. Pour Kithiel, je ferais tout mon possible pour être au plus délicat. Elle est si jeune. Il faut que je me garde de la forcer à quoi que ce soit.

Je la regarde et me concentre avec elle. Elle essaie, de toute sa force mentale, je le sens. La plante se met à vibrer, mais je suis bien incapable de dire si c'est de son fait, ou à cause de la légère brise qui nous entoure. Finalement, elle abandonne.

Par les enfers, elle est si triste.

Doucement, je pose ses mains dans les miennes et la prends dans mes bras, comme pour la consoler avant que le chagrin ne l'emporte totalement. Dans le creux de son oreille, comme un secret, je lui murmure.

"Ce n'est pas grave. Tout va bien. Tu vas recommencer, ne pas perdre espoir, essayer encore. OK ? Un jour, tu vas y arriver."

Après avoir desserré mon étreinte, je la regarde dans les yeux.

"De quoi penses-tu avoir besoin, là, tout de suite ? D'essayer encore, d'un peu de temps, que je te change les idées ? Dis-moi tout. Considère-moi comme étant à ton service."

Je passe une de mes mains pleine de griffe sur sa petite joue d'enfant qui n'est plus.

"La plupart des gens ne font jamais pousser des plantes. Chaque tentative loupée est une de moins qui te sépare de la réussite. Qu'est-ce que tu as ressenti ?"

Ce n'est pas que j'ai besoin de m'occuper de gens, et de sentir que les gens ont besoin de moi. Là, tout de suite, c'est Kithiel à qui je veux venir en aide. Elle est tout ce que je ne suis pas, ce que je ne serais jamais. Aucune vie ne sera détruite par ses actions, elle a la volonté de faire le bien, et je suis persuadé que sa famille l'aime.

"On a tout le temps du temps. D'accord ?"

Date d'inscription : 01/08/2022

Pourquoi… Pourquoi… Mais pourquoi je n’y arrive pas ! Est-ce que c’est vraiment le fait d’avoir été figée dans la glace durant tout ces siècles qui a bloqué mes capacités ? Tout cela me fait repenser à ce que j’ai vécu, enfin à ce qu’on m’a infligé sans me laisser le choix. Titania m’a volé ma vie sans que je ne sache pourquoi… Et ma haine envers elle est plus grande que jamais…

Tandis que Baphomet me prend dans ses bras pour me réconforter, je sens une boule se former dans ma gorge, symbole de ces émotions qui me rongent depuis mon réveil et que je tente pourtant de dissimuler au quotidien par ma nature enjouée et curieuse. Sauf que parfois, ces émotions deviennent bien trop lourdes à porter et cherchent à ressortir comme c’est le cas maintenant. Et malgré les mots d’encouragements du démon, je sens une larme commencer à lentement glisser le long de ma joue.

Lorsque Baphomet se recule et me demande de quoi j’ai besoin, de nombreuses pensées envahissent mon esprit de manière brusque. De quoi ais-je besoin… De retrouver mes pouvoirs, de découvrir ce qu’est devenu mon père, d’aller me réfugier dans les bras de ma mère comme lorsque j’étais petite, de partir explorer le monde, de découvrir tout ce que j’ai pu manquer au cours de ces siècles passés. De me sentir moins seule et moins perdue…

Malgré une nouvelle larme s’échappant de mes yeux, je souris faiblement au démon et c’est en fin de compte la dernière option que mon esprit impose à mes paroles dans un murmure.

- De ne plus être perdue…

J’imagine que ça ne va probablement pas l’aider, mais c’est tout ce que mes émotions font ressurgir en moi, alors que la déception de l’échec, la colère de l’injustice et la peine immense me donnent l’impression qu’une chappe de plomb me tombe sur le cœur.

Date d'inscription : 07/06/2020

Dans mes bras, je la sens se tendre, je sens sa respiration qui se fait saccader. Si elle a besoin d'évacuer, alors c'est très bien. J'essaie de bercer doucement cette enfant du passé. Sincèrement, je ne peux qu'imaginer à quel point cela doit être délicat, pour elle, qui vient d'un monde plein de couleur, pour se retrouver dans un monde dans le chaos et le changement le plus total.

Alors que l'étreinte se termine, mes ailes redeviennent blanches, et mon visage est celui d'un homme brun aux yeux verts. Je veux lui sourire, je veux qu'elle puisse lire librement mes émotions. Je me rends compte que, moi aussi, j'ai la gorge serrée. Je refoule mes émotions du mieux que je le peux. Je réfléchis à ce que je peux lui répondre, à une phrase bateau et probablement qu'elle a déjà entendu plein de fois.

Rien ne me vient. Autant dire la vérité.

"Nous sommes tous perdus. Nous tâtonnons tous dans le noir pour essayer de percevoir la prochaine marche que notre pied pourrait trouver. Cependant, nous pouvons avancer ensemble. Ferme les yeux."

Je me place dans son dos et pose ses mains sur le sol.

"Ressens cet endroit. Le vent, l'odeur saline, la rugosité du sable. Normalement, cet endroit est trop rude, trop salé, et trop incertain pour que quoi que ce soit y pousse. Les humains de ces quinze siècles n'ont pas été très tendres avec la nature environnante, tant et si bien que la plupart des gens ne savaient même pas que des plantes pouvaient pousser dans le sable. Tu as une sensibilité qui t'es propre. Ne perds jamais cela."

Je prends sa main pour la mettre sur sa poitrine.

"Tu es vivante, ici et maintenant. Tu le sens ? Ta respiration, les battements de ton cœur. Tu sens ces pensées qui défilent en toi ? Laisse couler les mauvaises, et accroche-toi aux bonnes. Tu fais partie d'un tout, tu es la fille de deux mondes, tu as ta place parmi les hommes, tu as ta place parmi les faes. Cela te fait un grand domaine où tu peux te perdre facilement, d'où ta sensation exacerbée de liberté, de celle qui fait peur. Ce qui t'est arrivé est injuste. Tu as cependant le choix, à présent."

À nouveau, je déplace sa main pour que ses doigts effleurent les feuilles rêches, les pétales délicats de la fleur blanche.

"Ouvre les yeux, essaie encore. Pour moi. N'aie pas peur d'échouer, n'aie pas peur de réussir."

Date d'inscription : 01/08/2022

Au moment où Baphomet se recule, son visage se transforme et j’observe alors son apparence redevenir comme elle l’était au moment où je l’ai rencontré, son visage de bouc ressemblant maintenant à celui d’un homme. Ses mains griffues ont disparu tout comme ses sabots et lorsqu’il me parle, sa voix semble aussi avoir changée.

J’essaie de contenir malgré tout mes émotions qui menacent de me submerger et je serre les dents, me sentant envahie par toutes ces peurs et incertitudes, cette amertume et cette tristesse. Des émotions auxquelles j’ai rarement été confrontée avant mon emprisonnement, mais qui sont devenues bien plus présentes depuis mon réveil.

Le démon se place alors derrière moi et je pose mes mains au sol sur le sable. Suivant ses indications, je ferme les yeux et prends une grande inspiration. Sans le sens de la vue, je me laisse entourer par les bruits, les odeurs et le toucher. Mes doigts s’enfoncent dans le sable rugueux, quelques petits grains se collant contre ma peau. J’inspire lentement l’odeur salée des embruns qui envahit mes poumons, me faisant même oublier cette sensation de fumée durant un instant. J’écoute le bruit des vagues venant calmement s’échouer sur le rivage dans un cycle éternel d’aller et venues.

Une nouvelle fois, je laisse faire Baphomet lorsqu’il pose ma main sur ma poitrine. Sous mes doigts je ressens en effet les battements de mon cœur qui s’apaise lentement, dans ce lieu calme où le seul bruit venant troubler la quiétude est celui des vagues.

Ma main se déplace et cette fois je ressens le contact de la verdure sous mes doigts. Lorsque j’ouvre mes yeux, je me rends compte que si j’ai réussi à desserrer les dents, je n’ai en revanche pas pu garder le contrôle de mes larmes qui s’échappent en silence de mes yeux.

Baphomet me demande d’essayer à nouveau. Mais je sais que ce sera voué à l’échec… Comme à chaque fois depuis mon réveil…

Mes doigts effleurent délicatement la petite fleur blanche. Dans mon esprit tout semble s’être apaisé. Alors que les larmes coulent toujours le long de mes joues, mes yeux se perdent dans le vague, fixant la plante sans réellement la voir.

Un souvenir surgit alors doucement dans ma mémoire. Je me revois alors que je devais avoir 14 ou 15 ans je ne sais plus… La première fois où je suis parvenue à faire pousser une plante sous l’œil de ma mère. Je revois mon grand sourire devant la fleur qui s’était mise à pousser, et le visage attendri de ma mère, sa main caressant doucement ma joue… Alors que les larmes continuent à s’échapper à mesure que le souvenir enserre mon cœur, je ressens quelque chose, comme un appel silencieux en moi. Sous mes yeux, les pétales de la fleur s’entrouvrent légèrement tandis qu’elle semble doucement s’étirer.

Alors que le souvenir se retire dans un coin de mon esprit, j’observe la petite fleur qui a grandi, même si c’est peu. Je ne ressens plus l’appel. Mais je sens que quelque chose s’est lentement déclenché. Je tourne mon regard vers Baphomet, j’aimerais dire quelque chose, mais je sens que les mots se bloquent dans ma gorge.

Date d'inscription : 07/06/2020

Ma respiration rejoint celle des vagues, profonde, et cyclique. Je ferme les yeux quand le vent vient jouer dans mes cheveux. La concentration peut être aidée, je le sais. Je guide Kithiel avec aucune putain d'idée de si cela va marcher, mais je l'accompagne dans la réappropriation de son pouvoir comme j'aurais adoré qu'on m'aide. Je guide ses mains, le soutien autant physiquement que moralement. J'imagine son esprit comme un petit animal affolé et aveugle que je guide uniquement avec des caresses et des intonations de voix.

Il faut que ça marche.

Ça ne peut pas ne pas marcher.

Mes yeux se posent sur cette plante, cette fois, c'est moi qui manque de patience. C'est alors que, doucement, presque timidement, je la vois vibrer à nouveau. Cette fois, je suis certain que ce ne sont pas les embruns qui font cet effet. C'est peu, mais c'est beaucoup. C'est énorme.

"Tu... Tu as réussi !"

J'enserre Kithiel par-derrière, contre moi, familièrement, trop familièrement. Je devrais la relâcher, m'excuser de m'être emporté, mais j'en suis incapable. Elle l'a vraiment fait !

"Je suis tellement fier de toi !"

Ses yeux se mettent à briller d'émotion.

"Il faut qu'on fête ça ! Qu'est-ce qui te ferait plaisir ?"

Ou alors, elle veut peut-être recommencer ? Ou juste s'arrêter, se reposer, ou manger quelque chose ? Parler avec des corbeaux ? J'ai tellement envie de lui apporter ce qu'elle voudra sur un plateau pour la récompenser de sa réussite !

Date d'inscription : 01/08/2022

J’ai… réussi… Cette phrase m’apparaît comme tellement surprenante que durant quelques secondes, je fixe avec des yeux écarquillés la petite plante. La différence n’est pas énorme, mais elle est pourtant là. Finalement un sourire étire mes lèvres et tous les sentiments négatifs qui m’avaient envahi se dispersent comme la brume au matin balayée par le soleil.

Baphomet me prend dans ses bras et lorsqu’il me dit qu’il est fier de moi, je sens un sentiment de joie s’emparer de moi. J’ai l’impression que cela me ramène à l’époque où mon père me disait également qu’il était fier de moi lorsqu’il avait commencé à m’apprendre ce qu’il savait. A mon tour je vais enserrer mes bras autour du démon pour lui faire un câlin.

- Merci Baphomet ! C’est grâce à toi si j’ai réussi !

Je me recule pour sécher mes joues humides avant de lui lancer un grand sourire.

- Même si c’était discret, j’ai l’impression d’avoir vraiment senti quelque chose en moi !

Quand bien même je serais incapable de dire précisément ce que c’était. Puis le démon me demande alors ce que j’aimerais pour fêter cette réussite. Je penche ma tête de côté, réfléchissant à ce qui me ferait plaisir… Puis un fin sourire étire mes lèvres.

- Je ne sais pas trop pour être honnête. Comment les gens de ce siècle fêtent les réussites ?

Si cela peut me permettre de découvrir quelque chose de nouveau en plus de fêter cette toute petite victoire, alors je suis preneuse.

Date d'inscription : 07/06/2020

La plante vibre de vie, de sa nature de plante, ce n'est pas grand-chose, là, tout de suite, et cela prendra un peu de temps à se faire connaître pour quelqu'un qui ne sait pas observer. Je me sens étrange, comme si j'y étais pour quoi que ce soit, comme si cette petite victoire pouvait contrebalancer, au moins un peu, toutes les merdes que j'ai eues dans ma vie dernièrement. Une boule se forme dans ma gorge, j'essaie de la faire passer, j'essaie de ne pas la montrer.

Putain, non, Baphomet, ne devient pas émotif maintenant !

Inspire, expire. On ne va pas gâcher un tel moment avec tes conneries d'état d'âme !

"Non non, je n'y suis pour rien. Mais oui, tu as réussi !"

Je la serre dans mes bras, comme si ce simple contact pouvait faire disparaitre le reste. C'est le cas, au moins un peu. J'ai envie de mettre ma vie en pause, quelques instants, et j'y arrive avec elle. Toute la tristesse, toutes les émotions, toutes ces conneries vont revenir bien assez tôt, mais là... PAUSE !

"Avec les plantes, il est plus judicieux d'être délicat et subtil."

J'ai, en cet instant, envie de tout faire pour elle.

"C'est une bonne question, je..." Baphomet ! NON ! "Je n'en sais rien, pour être franc, ce ne sont pas les fêtes qui m'ont étouffée ces derniers temps. Le bon sens voudrait que je te trouve un cadeau, mais je n'ai pas grand-chose à t'offrir. Je trouverai, ne t'en fais pas."

Je réfléchis un instant.

"On peut aller essayer de trouver un endroit où il y a de la musique, ou juste se balader encore sur la plage, se poser des questions sur qui on est vraiment... Et il doit me rester quelques chamallow à faire griller sur le feu !"

Je jette un regard à la plante et lui souris, comme pour lui affirmer silencieusement que tout se passera bien pour elle, désormais.

"Fille d'entre deux mondes, sois la bienvenue dans ta nouvelle vie !"

Date d'inscription : 01/08/2022

Je jette un dernier coup d’œil sur la petite fleur dont les pétales se sont ouverts. J’ai un sourire en pensant au fait que je suis parvenue à débloquer quelque chose, qu’il y a enfin un début d’avancement. Même si je me doute que ce sera sûrement encore long avant de pouvoir dire que je maîtrise réellement mes pouvoirs… Mais cette première petite réussite me redonne la foi et le courage de persévérer.

- Ne dis pas que tu n’y es pour rien Baphomet, ce sont tes mots qui m’ont aidé. Et je te suis vraiment reconnaissante pour ton soutien.

Je souris chaleureusement au démon, mes mots sont sincères, s’il ne m’avait pas soutenu je serais restée sur ma précédente tentative qui a échoué. Au lieu de cela, il m’a encouragé et m’a permis de réaliser une première étape dans ce long chemin qu’est le retour et le développement de ma magie.

- Oh ne t’embête pas à m’offrir un cadeau, ce n’est pas nécessaire !

En tout cas je ne trouve pas que cette petite tentative mérite quoique ce soit, il ne s’agit que d’une petite chose de mon point de vue. Lorsque Baphomet me parle ensuite de ce que l’on pourrait faire, un mot retient mon attention et je le fixe avec curiosité.

- Chamallow… ? Qu’est-ce que c’est ?

Voilà un mot que je n’ai jamais entendu et ma curiosité habituelle reprend le dessus alors que je tente d’imaginer de quoi il retourne.

Date d'inscription : 07/06/2020

Je baisse la tête, et souris. C'est réellement trop d'honneur qu'elle me fait. C'est certain, le soutien, c'est important. Eh bien soit, elle aura tout le soutien de ma part qui m'a fait défaut pendant tous ces mois.

"Quand tu veux."

Si tout arrive pour quelque chose, alors peut-être que cet incendie n'était pas si terrible que cela. Sa présence chasse la noirceur en moi. Je regarde mes mains qui portent encore les stigmates violacés de mon cœur brisé, et je me dis qu'il serait sans doute plus que temps que j'essaie de guérir, moi aussi.

"C'est pas nécessaire, mais j'ai envie !"

En fait, je sais même exactement ce que je vais essayer de lui offrir ! Enfin, avec un peu de chance, je trouverai. Sinon, j'ai une autre idée. Enfin, je ne me fais pas de souci, des idées, j'en ai vraiment beaucoup.

Elle ne connait pas les chamallows...

Je me redresse d'un coup, la prend par la main, et la ramène à mon camp au pas de course. Au moment où je nous assois, je lui offre un regard faussement outré.

"Rhalala, mais qui t'as éduquée ? Je suis navrée que tu n'aies pas eu d'enfance, mais là, c'est criminel !"

Je glisse ma main dans mes réserves, sachant très exactement combien de machins blanc il me reste (11) et de machins roses (22), et en sort le paquet craquant. Je l'ouvre devant Kithiel pour lui en proposer. J'attend qu'elle en choisisse un et lui montre un bout de bois piquant.

"Tu peux le manger ainsi, tout seul. Tu peux aussi le faire griller sur la flamme, comme ça."

Je pique mon propre chamallow sur le bout de bois et le mets juste au-dessus des braises de mon feu. La surface se colore et se caramélise. Je mords dedans et essaie de ne pas faire trop de filaments de sucre au passage.

"Vas-y goute !"

Date d'inscription : 01/08/2022

Tandis que je m’interroge sur ce que peut être ce fameux mot, Baphomet se redresse et m’entraîne avec lui vers son campement. Intriguée, je le regarde ensuite sortir un petit paquet contenant des sortes de petites choses roses et blanches. Une douce odeur se dégage du paquet et je commence à comprendre qu’il s’agit en l’occurrence de quelque chose qui se mange.

Face à sa réplique, je lui lance un sourire amusé.

- Je n’en avais jamais vu en Faërie en tout cas, c’est quelque chose qui vient du monde humain ?

Je ne suis pas allée souvent dans l’autre monde, mais mon père ne m’a jamais parlé de cette chose. Soit il ne connaissait pas, soit il s’agit d’un aliment venant du monde actuel et non de la période où j’ai vécu. Lorsque le démon me tend le paquet je regarde dedans avec curiosité, écoutant ses explications. Je prends alors deux petits chamallows roses. J’en mange un de suite et écarquille les yeux.

- C’est surprenant… Mais très bon !

Le goût est sucré mais la texture moelleuse est vraiment particulière. Je prends alors le deuxième et après avoir observé comment Baphomet faisait, je le pique sur le petit morceau de bois et le mets au-dessus du feu. J’observe avec fascination la couleur changer, puis je le retire et goûte. Et à ma surprise, la texture a quelque peu changé tout comme le goût ! Je lance un regard enjoué au démon.

- C’est encore meilleur comme ça !

Je vais alors prendre un chamallow blanc et le pique sur le petit bout de bois.

- Je ne savais pas que le monde des humains pouvait avoir des aliments aussi bons !

Date d'inscription : 07/06/2020

Tout fier, je m'empresse de lui répondre.

"Oui, et ce n'est pas tout neuf ! Si un jour, tu as des regrets par rapport à tout ce que tu as pu louper de tes 15 siècles... tu vois ? Rappelle-toi toujours qu'au moins, tu as pu connaître cela."

Je la regarde attentivement alors qu'elle mange ce petit puffy cube. Ses yeux s'ouvrent et je ne peux m'empêcher de pouffer de rire à sa réaction. Oui, nous avons tous eu la même, quel que soit notre âge. Elle s'essaye à un cuit après avoir eu un cru et rôti son Chamallow comme je le lui ai montré.

"Tu préfères ? Alors à ta guise ! Et tu peux les faire dorer plus ou moins longtemps, selon ton goût."

Mon sourire s'étire.

"C'est vrai que tu es mal tombée. Nous aurions eu plus de moyens, je t'aurais fait découvrir le chocolat, les sucettes et le chili con carne ! Mais j'ai peur que tu doives te contenter de cela pour le moment."

...et vu à quel point j'ai galéré à me le procurer, je pense que c'est déjà très bien !

"Jusqu'à maintenant, que sais-tu du monde qui t'entoure ?"

Lui faire découvrir les plaisirs sucrés est une chose, lui démontrer à quel point le monde est devenu plus dangereux en est une autre. Je n'ai pas hâte de lui parler des armes, de notre avancée technologique, mais je sais très bien à quel point cela deviendra indispensable rapidement.

"...et est-ce que tu sais pourquoi tu as été libérée maintenant ?"

Après tout, la question se pose.

Date d'inscription : 01/08/2022

Quel surprenante découverte que ces chamallows… Et après en avoir mangé un de plus, je me surprends à en piocher à nouveau, piquant le petit chamallow sur le bout de bois pour le faire cuire. Lorsque Baphomet évoque par la suite d’autres mots qui me sont inconnus, je penche la tête de côté.

- Tout ce que tu dis, ce sont aussi des choses qui se mangent ? Et ce sont des choses chères ? C’est pour ça qu’on ne peut pas en avoir facilement ?

Tant de questions qui se bousculent alors que ma curiosité me pousse à vouloir tout savoir sur ces mots aux consonnances inconnues… Chocolat, sucette, chili con carne… Je me demande maintenant si ce sont des choses sucrées comme les chamallow ou plutôt salées.

Lorsque le démon me pose une question, je retire le petit chamallow du feu et le mange avec un soupir de satisfaction. Puis je tourne mon regard vers Baphomet.

- Et bien je sais que le monde des humains fait face à une créature nommée Unseelie, même si je n’ai pas vraiment saisi l’ampleur des évènements. Et j’ai appris aussi qu’en Faërie, Titania avait unis tous les peuples sidhes sous une même bannière…

Je grimace à l’évocation du nom de celle qui a condamné mon existence durant quinze siècles…

- Quant à savoir la raison de ma libération… Je serais bien incapable de te le dire. Pourquoi maintenant après quinze siècles ? Je n’ai aucune réponse à cette question…

Après un énième soupir, je souris à nouveau à Baphomet.

- Mais j’ai aussi déjà découvert quelques petites choses du monde actuel comme le café, ou ces curieux appareils… Euh le… Portable je crois ? Bien que j’ai encore du mal à saisir comment ça fonctionne et à quoi ça sert concrètement…

Date d'inscription : 07/06/2020

Un sourire se pointe sur mon visage, un premier, un vrai, un attendri, cela semble faire si longtemps.

"Oui, ce ne sont que des choses qui se mangent. Non, ce n'était pas très cher, mais en cette période post-apocalyptique, c'est délicat de s'en procurer." J'inspire, et reprends la parole. "Maaaiiiiis... je me suis trouvé des chamallows, je peux trouver autre chose, je pense. Qu'est-ce que t'en dis ? Dès que je fais une trouvaille, je t'en garde ?"

J'aime beaucoup cette fillette, je sais pas si ça se voit ? Elle est littéralement l'incarnation de l'espoir, pour moi. Ses mots de jeune fille se heurtent au récit tragique de notre monde. Je comprends à quel point elle a des raisons bien précises de détester sa tante. Moi non plus, je ne la porte pas tellement dans mon cœur. On dirait une méchante de Disney qui tue les parents du héros juste pour pouvoir rire de manière machiavélique entre deux éclairs.

"...C'est à peu près ça... et unis plus ou moins avec leur consentement."

Cependant, la suite m'intéresse un peu plus, je pose mes coudes sur mes genoux pour me rapprocher d'elle. Décidément, il y a plusieurs créatures intéressantes qui débarquent ces derniers temps.

"Je suis triste que tu sortes maintenant, sincèrement. Tu m'aurais connue avant..." On est d'accord que ç'aurait été catastrophique et qu'elle aurait changé de trottoir ? Quoique non, si on prend encore avant, ça peut le faire. "...quand j'étais en pleine possession de mes moyens, nous aurions fait la paire, toi et moi. Jamais personne n'aurait pu t'enlever pendant quinze siècles sans que je remue terre et ciel, et mer, et enfer, à ta recherche."

Je me mords les lèvres, étouffant un rire. Un portable, ici ? Quel est l'idiot qui a bien pu lui montrer cela ?

"Un portable sert à créer du besoin. C'est juste un appareil qui sert à parler à quelqu'un qui est en possession du même appareil. Récemment, ils pouvaient aussi prendre des photos, envoyer des messages, être utilisés pour localiser quelqu'un et le suivre à la trace, ou encore suivre la vie d'une personne à distance sans avoir besoin de prendre directement de ses nouvelles... C'était une petite merveille, il faut bien l'avouer, mais c'est un des aspects de l'humanité dans ce qu'elle a de pire, malheureusement. N'importe qui te le dira : une journée entière sans portable, c'est comme une journée sans drogue pour un drogué, ça peut être compliqué, comme ça peut aussi être la meilleure journée de sa vie. Aujourd'hui, force est de constater qu'on ne s'en sert même plus pour appeler alors que c'est sa fonction première."

C'est sans doute horrible de penser cela, mais je suis ravi d'en être débarrassé et de mener une vie plus simple. Oui, moi qui ne pouvais pas envisager un mois de vacances sans un week-end à Las Vegas, moi qui affectionnais les boites de nuits échangistes, les parcs d'attraction et les escapes game.

"Mais rassure-toi, il y a beaucoup d'autres choses merveilleuses que tu vas découvrir ! Est-ce que tu sais lire et écrire, pour commencer ? Oh, et la musique ! Il faudra que tu découvres la musique au fil des siècles ! Quand tu étais libre, avant ton enfermement, à quoi passais-tu tes journées ?"

Date d'inscription : 01/08/2022

Période post-apocalyptique… Je vois il s’agit d’Unseelie. Jusqu’à maintenant je n’ai encore jamais vraiment eu à me rendre compte de l’influence de cette… Chose ? Mais le monde des humains a vraisemblablement été très affecté par ça… Un large sourire illumine mon visage toutefois lorsqu’il parle de ses éventuelles trouvailles.

- Avec plaisir ! Je veux bien tester tout ce que je ne connais pas, donc n’hésites pas à m’en garder !

Mais mon visage se fait de nouveau inquiet en entendant la suite des paroles du démon. J’ai vraiment cette impression que quelque chose ne va pas… Qu’il cache quelque chose au fond de lui…

- Tes paroles me touchent Baphomet, mais contre Titania je ne suis pas sûre que quelqu’un puisse faire grand-chose.

Un sourire triste traverse mon visage, non pas que je doute du démon, mais personne n’a rien pu faire pour moi en quinze siècles. Et puis le principal c’est que maintenant je suis là !

Lorsque Baphomet revient sur le fameux portable, je le fixe perplexe et à mesure qu’il parle, mon visage se fait de plus en plus perdu.

- Des… Photos ? Qu’est-ce que c’est ? Comment ça suivre la vie de quelqu’un… ? Désolée tu m’as perdue plus qu’autre chose.

Pourtant j’essaye de faire des efforts vraiment ! Mais le monde actuel est rempli d’objets et de choses étranges que j’ai encore trop de mal à appréhender.

- Lire et écrire oui ! Mes parents m’ont appris et d’ailleurs lire est l’une des choses qui occupaient mes journées à cette période. A part ça, j’aidais ma mère dans son quotidien, mais le plus souvent je me baladais pour explorer le monde qui m’entourait. Et parfois je m’attirais des ennuis quand j’approchais une créature d’un peu trop près…

Je rigole en repensant au nombre de fois où je revenais en courant chez ma mère.

Date d'inscription : 07/06/2020

Alors soit ! Ce n'est pas comme si je mangeais comme un ogre ces temps-ci… je peux bien partager.

“Je te laisserai le reste des Chamallows si tu veux rentrer avec.”

Ohhh… en voilà une qui ne sait pas de quoi je suis capable quand je suis foncièrement déterminé. Je pense certainement que j'aurais été tué en essayant de la sauver… mais quelle belle mort ça aurait été ! J'espère que celle qui va venir pour moi sera tout aussi épique.

"Aloooors, des photos. Les photos sont des représentations réalistes de ce que tu vois..." J'approche mes mains tremblantes de ses tempes avant de me raviser. Non, je vais attendre qu'elle me le demande. Je ne me fais pas confiance, sur ce coup-là. "En fait, ce sont des images, tout simplement, comme pour un dessin, mais en représentation fidèle. Elle n'est pas faite au travers du talent ou de la main de quelqu'un, une photo est prise toujours de manière automatique. Auparavant, on faisait cela avec des produits particuliers qui se colorent à la lumière, et ensuite, ça a beaucoup évolué jusqu'à aujourd'hui où c'est une photo prise numériquement, c'est-à-dire que l'image est traduite en un énorme nombre que les autres appareils sont capables de retraduire en image." J'hausse une épaule "Ne t'inquiètes pas, beaucoup de monde connaît le terme de "numérique", mais très peu sont aptes à savoir ce que cela signifie réellement. Les gens ne prennent plus le temps d'apprendre à comprendre."

J'hoche la tête. Au moins elle sait lire et écrire. Cela nous fera gagner pas mal de temps. Je souris, amusé, à son anecdote.

"Ah oui ? Quel genre de créature ?"

Une vérité me traverse.

"J'ai la sensation que nous aurions fait une sacrée paire, il y a quinze siècles. D'ailleurs, nous n'aurions pas été si différents. Moi aussi, j'étais intenable."

J'aimerais sonder ma propre mémoire, savoir si je l'ai déjà vue par le passé... Mais mes pouvoirs me font tellement défaut en ce moment que je n'ose pas gâcher ce moment.

Date d'inscription : 01/08/2022

Une lueur s’allume dans mon regard lorsque Baphomet me propose de me laisser le paquet de chamallow. Je suis très tentée mais les manger seule ce n’est pas drôle.

- Garde les, comme ça chaque fois qu’on se verra on pourra en manger ensemble !

Puis vient donc l’explication de ce que sont les photos. Et malgré tout mes efforts à nouveau… J’ai encore du mal à me représenter concrètement. Enfin je pense que j’ai saisi l’ensemble, mais dans le principe même…

- Des dessins mais fidèles… Je serais curieuse de voir ça du coup.

Et comme tant d’autres choses en fait, mais je me dis que ça viendra.

- Oh ça pouvait aller du simple renard à des créatures féeriques plus impressionnantes. Je me rappelle même une fois avoir voulu rentrer dans une grotte et être sortie en courant quand j’ai compris qu’elle était habitée par un ours !

Repenser à ces souvenirs amène un sourire nostalgique sur mon visage. J’étais insouciante lorsque j’étais enfant et jeune adolescente… Bon je ne dis pas que c’est mieux maintenant ! Enfin un peu mieux, mais je reconnais être parfois encore assez imprudente. Lorsque le démon m’explique qu’il était intenable, je le regarde à la fois amusée et curieuse.

- Pourquoi ? Toi aussi tu partais faire des explorations hasardeuses et dangereuses ?

Date d'inscription : 07/06/2020

Un nouveau sourire pousse sur mon sourire. Alors, elle va revenir. Cette idée est à la fois grisante, et un peu effrayante. Au moins, cela me demandera de me calmer sur mes "habitudes", je pense qu'elle n'appréciera pas réellement savoir ce que je fais quand je me pense seul.

"D'accord !"

Je lui explique le concept de la photographie et... pour une raison étrange... j'aime bien. Cela me permet de piocher dans mon savoir, mes souvenirs propres, ma propre existence.

"Je n'en doute pas que tu en verras rapidement. Si tu as pu voir des portables, je suis certain que les photographies ne vont pas tarder à suivre. D'ailleurs, toi qui as une certaine perception du monde, la photographie est un art que tu pourrais sans doute très facilement maîtriser."

Sans savoir pourquoi, je l'imagine, un appareil photo autour du cou, en train de capturer l'image d'une fleur qu'elle aurait faite éclos, d'un papillon, ou d'un colibri. Appareil en main, je la vois aussi s'approcher d'un terrier devant lequel quelques chats sauvages sont en train de se chamailler.

"Un... ours ? Ah oui, effectivement ! Tu n'as jamais appris à parler aux animaux ? Les ours sont des bestioles assez tranquilles, mais qui n'aiment effectivement pas qu'on entre dans leur grotte sans leur permission"

... comme tout être vivant qui se respecte d'ailleurs ...

Un sourcil se hausse, un sourire en coin, j'ouvre la bouche pour répondre avant de m'arrêter. Je referme la bouche, plisse les yeux, hésite sur l'anecdote à raconter avant de me dire qu'il vaudrait sans doute mieux que je pose une question AVANT de dire quoi que ce soit sur moi. J'ai un passé dont la normalité n'est définitivement pas celle des autres.

"Avant de te dire quoi que ce soit, j'aimerais savoir... à quel point es-tu... innocente ?"

RP

Feu avant, mer à présent.