Ni père, ni frère.

Date d'inscription : 07/06/2020

I've been through the desert on a horse with no name
It felt good to be out of the rain
In the desert you can't remember your name
'Cause there ain't no one for to give you no pain
La la la la la la...

Ma dague passe d'une main à l'autre.
En réalité, je n'ai jamais appris à me battre, je m'en rends compte maintenant. Toutes les fois où j'ai survécu, je l'ai fait en improvisant totalement, et cela m'a toujours parfaitement réussi. Je réussirai.

Oh oui, je tuerai mon frère.

Il y a juste un tout petit quelque chose qui me retient dans cette quête de toute une vie, de toute une existence... C'est le rejeton qu'il a laissé sur terre... Je ne peux décemment pas le priver d'un père sans lui en parler avant. Je passe la pointe de la lame sur mon bras et m'entaille, sans doute volontairement, pour en éprouver le tranchant. Je tique, non pas parce que cela me fait mal, mais parce que cela fait naître en moi un souvenir sans racine, comme j'en expérimente souvent en ce moment. Cette traversée du désert est à présent bel et bien finie pour moi. Je lance la dague dans le sable qui s'y plante parfaitement droite, à ma grande satisfaction.

J'espère juste ne pas mourir de sa main avant qu'il meure de la mienne... Mais s'il avait été intelligent, ça se saurait. Je me redresse et me met en marche, les pieds nus dans le sable, les mains dans les poches et les épaules voutées. Je me dirige jusqu'à l'habitation de Sam...

Avant de frapper, je colle mon oreille sur la porte pour essayer d'écouter à l'intérieur. S'il n'y a pas de bruit, j'attendrai simplement... C'est un grand cri de petit d'homme, puissant, qui me répond. Heureusement qu'il s'est reproduit AVANT d'être démon.

"Aïeuh !"

Je me plaque une main sur l'oreille avant de frapper trois coups légers sur la porte. Quand Sam m'ouvre, un de ses petits hurlant dans les bras, j'essaie de parler.

"Salut... je..."

Sincèrement, je pense qu'il ne m'a jamais vu aussi sérieux, ni aussi maigre, ni aussi... Sombrement déterminé. Oui, c'est ce que je suis. Au diable ce que je peux ressentir en cet instant.

"Permets-moi."

Je lui prends doucement l'enfant des mains pour le mettre à plat ventre contre mon avant-bras. Étonné par le brusque changement de prise, le petit se blottit contre moi, les yeux bien ouverts, mais néanmoins plus silencieux. Je m'approche de mon neveu pour lui murmurer à l'oreille.

"Sam, je suis désolé de passer ainsi à l'improviste. J'aurais dû prendre des bières d'ailleurs, mais je n'en ai pas là où j'habite. Il faut que je te parle de quelque chose qui ne va peut-être pas te plaire."

Lui aussi a l'air fatigué.

"Tu veux que je m'occupe de lui, et tu vas te reposer ? On en reparle après si tu veux."

Je lui souris.

"Pardon, je manque à tous mes devoirs, je deviens un vrai connard. Ça va, toi ?"

Date d'inscription : 14/06/2020

Ni père, ni frère

Samaël Branfubh x @Baphomet

La vie de père n’était pas la chose la plus reposante qui soit, surtout quand on avait deux petits bouts de choux. Samaël était parvenu à endormir Katheleen sans trop de mal et elle dormait à présent à point fermé. Son frère, quant à lui, pleurait encore. Il craignait que Deaglán ne réveille sa sœur mais cette dernière avait visiblement le sommeil bien lourd.
Il faisait donc les cent pas en berçant le petit, et chantait une berceuse pour l’apaiser quand il entendit quelqu’un toquer doucement à la porte. Il redressa alors la tête, se demandant s’il s’agissait d’une visite ou d’un voisin qui venait se plaindre du bruit. Il opta plus pour la première solution. La vie communautaire avait renforcé bien des liens, et tout le monde savait que venir râler parce que le petit n’arrivait pas à dormir se solderait par les quatorze phalanges de Samaël imprimées sur le menton du protestataire.

Il ne s’attendait vraiment pas à trouver Baphomet sur le pas de sa porte, mais il sut que c’était lui avant même de l’ouvrir. Il venait de sentir sa présence. Il se figea cependant un instant, détectant comme un trouble qui l’agitait : son oncle n’était pas dans son état normal. Il s’empressa alors de lui ouvrir et se figea face au spectacle qui s’offrait à ses yeux : Baphomet semblait amaigri, presque malade, comme s’il était habités par divers tourments.

– Salut, se contenta de répondre Samaël, quelque peu inquiet. Oui, bien sûr, entre.

Joignant l’acte à la parole, il se mit sur le côté pour laisser son oncle entrer avant de fermer derrière lui. Le plus naturellement qui soit, Baphomet prit le petit Deaglán dans ses bras et ce dernier se calma aussitôt. Il n’y avait pas à dire, il savait s’y faire avec les enfants, du moins avec son petit-neveu et sa petite-nièce.
Toutefois, il parla avec une certaine gravité qui ne manqua pas d’alerter le jeune démon. Il sentait que quelque chose agitait son oncle et il ne put s’empêcher de froncer les sourcils d’inquiétudes.

– Tu sais que tu ne me déranges jamais. Allez viens, on va s’asseoir. Je dois avoir quelques bières dans le coin si tu veux.

Il disait devoir lui parler de choses qui risquaient de le fâcher mais à cet instant précis, il n’avait aucune idée de ce que cela pouvait bien être. L’agitation de Baphomet se faisait de plus en plus sentir et Samaël sentait que la chose était non seulement urgente, mais également très sérieuse.

– Moi ça va… mais Baph… Qu’est-ce qu’il se passe ?

Il pouvait les sentir, presque les voir, les différents fils qui vibraient autour de son oncle, toutes les vibrations de ses pulsions qui ne demandaient qu’à sortir. Il pouvait en percevoir une qui vibrait plus que les autres. Il ne maîtrisait pas assez son pouvoir pour l’identifier avec précision, mais il sentait qu’il s’agissait de quelque chose de funeste.

Date d'inscription : 07/06/2020

Je frotte doucement le dos du petit comme s'il s'agissait du mien et que j'avais besoin qu'on me réconforte. Contrairement à la croyance populaire et à tout ce que les films et les series vomissent à longueur de temps, cette position, sur le bras, est parfaite pour calmer un enfant, même si elle est particulière vu de l'extérieur. Le dos est en rond, les jambes et les bras sont libres, la nuque est dégagée, le ventre est soutenu, et les caresses dans le dos apaisent grandement. Je vois les petits poings contractés se détendre tranquillement.

“Voilà, tout va bien.”

Une fois cet enfant apaisé, mes yeux remontent dans ceux, inquiets, de mon neveu. J'ai l'air si mal en point ? Oui, bien sûr.

“Merci, pas de bière pour moi.”

Comment lui dire cela ? Alors que j'ai son enfant sur le bras ?

“J'ai pris une décision et toi seul pourra m'en empêcher.”

J'inspire, pose ma main sur les omoplates du tout petit d'homme, encore innocent.

“Je vais tuer Bélial.”

Voilà, c'est dit. Comme un fil qu'on déroule, la suite sort très rapidement.

“J'aurais… pu… dû… le faire avant. J'en ai toujours eu envie, il m'a toujours maltraité… mais je me disais que c'était simplement un caprice familial à la con et que jamais je ne sauterai le pas. Mais plus ça va, plus je me dis que c'est inévitable. Il s'est fait tellement d'ennemis que ma crainte est celle de ne pas avoir la possibilité de le tuer moi-même.”

Cependant, j'ai besoin de l'approbation de Sam, pas seulement parce que c'est son fils, mais aussi et surtout parce qu'il est une des personne les plus impliqués que je connaisse. J'ai confiance en lui.

Je couche le garçon sur le côté, près de sa sœur. Encore une fois, je ne suis pas loin de lui expliquer le bénéfice de coucher un nouveau-né sur le côté plutôt que sur le dos ou le ventre… bordel… putain de souvenirs !

Date d'inscription : 14/06/2020

Ni père, ni frère

Samaël Branfubh x @Baphomet

Alors que Baphomet s’occupait du petit, Samaël observa machinalement la posture et les gestes afin de pouvoir les reproduire ultérieurement. Deaglán avait l’air tellement apaisé à présent et le père l’était à son tour en voyant son fils se calmer. Il tenait à ne pas utiliser ses pouvoirs sur ses enfants pour les calmer, il trouvait que ce serait immoral… d’autant qu’à présent il savait que son ancien coven et son propre grand-père en avaient usé sur lui… Le démon chassa cette information de son esprit pour ne pas sentir ce sentiment de colère et d’injustice l’envahir. Le petit se calmait, il n’avait pas besoin de sentir l’agitation qui pouvait saisir son père avec violence. Il se concentra donc sur Baphomet qui semblait être dans une certaine détresse.

Il l’invita à parler et il n’était pas compliqué de voir que son oncle cherchait ses mots, ayant visiblement quelque chose de difficile à dire. Samaël devinait sans peine qu’il s’agissait soit d’une terrible nouvelle, soit d’une chose inavouable. Il soutint cependant son regard, l’invitant à parler. Une décision que lui seul pouvait le dissuader d’accomplir ? Sourcils arqué, Samaël était à présent plus intrigué qu’inquiet. De quoi pouvait-il bien s’agir ?

Un éclair de lucidité passa dans son regard quand Baphomet finit par lâcher le morceau, ou plutôt la bombe. Il en écarquilla les yeux de stupeur, s’attendant à tout de la part de Baphomet, mais sûrement pas à ça. Tuer Bélial ? Qu’est-ce qu’il avait bien pu faire pour en arriver là.
Le jeune démon n’eut cependant pas le temps de demander des précisions que son oncle reprit la parole, déversant ce qu’il avait sur le cœur et le pourquoi d’une telle décision.

Silencieux, Samaël l’observa venir coucher le petit près de sa sœur, qui dormait toujours à point fermé. La situation semblait des plus surréalistes entre les desseins de Baphomet et la délicatesse qu’il met à border le petit. Pendant ce temps, il cogita et réfléchit à l’information qu’il venait d’avoir. Il ignorait tout de Bélial, qu’il désignait à présent comme son géniteur et non son père. Depuis que lui-même avait pu goûter à la paternité, il avait décidé de faire table rase du passé et oublier ceux qui l’avait abandonné.

– Hm… Allons en parler à côté.

D’un geste du regard, il désigna les enfants, désireux que leurs oreilles innocentes n’en entendent pas plus, bien qu’ayant aucune conscience de ce que les deux démons pouvaient bien se dire. Une fois loin de leurs oreilles chastes, Samaël se retourna vers Baphomet et se tint en appui contre un meuble, les bras croisés et le visage grave.

– Tuer Bélial ? Sacré challenge…

Avant d’en dire plus, Samaël tenait à faire le point sur ce qu’il ressentait à cette nouvelle. Voulait-il l’en empêcher ? Que savait-il de Bélial ? Pas grand chose. Que ressentait-il à son égard ? Une part de lui avait décidé de ne plus s’en soucier et l’autre aurait bien aimé lui imprimer ses quatorze phalanges dans la phase.

– Si ça peut te rassurer… je ne le connais pas. Je n’ai été qu’un pion dans un pacte à la con où ma mère n’a même pas eu son mot à dire. Il n’en avait rien à foutre de ma mère, et encore moins de moi donc ce n’est pas moi qui vais le pleurer. S’il a vécu en connard, il peut bien crever en connard.

Il se tut alors un instant, réfléchissant à ce qu’il venait de dire : la mort de Bélial l’importait vraiment peu, voire pas du tout. Ce qui le préoccupait surtout, c’était son oncle.

– Depuis que je te connais, tu as été mille fois plus un père pour moi…

Date d'inscription : 07/06/2020

Après avoir déposé le tout petit, Sam demande à ce que nous passions à coté. Je le suis docilement et, débarrassé de toute responsabilité immédiate, mes mains se mettent à trembler à nouveau, mains que je range soigneusement dans le creux des coudes de mes bras croisés. Sa première remarque m'arrache un petit ricanement. Chalenge, oui et non. Disons que soit je le tue… soit ce ne sera sans doute plus mon problème. Les deux idées m’apaisent de manière assez effrayante.

“Je sais très bien comment je vais m'y prendre. Ne t'inquiète pas.”

C'est amusant tous ces gens qui veulent sa mort… et tous ces gens qui veulent me raisonner. Cependant, Sam ne semble pas être de cet avis. En fait, il a l'air d'être très détaché de ce projet, cela m'arrange beaucoup. Au moins, je n'aurais pas à me remettre en question, à me demander à nouveau si c'est ce que je veux vraiment. Le principal intéressé se fiche éperdument de son géniteur. Parfait.

"Effectivement, elle n'a en rien eu son mot à dire." Pour ce qui est d'en avoir rien à foutre... Hé bien ... Wow, il est clairement remonté, là, non ? "Fort bien, il crèvera en connard, je peux te l'assurer."

Je souris à Sam, un sourire un peu triste et surtout très fatigué. La commissure de mes lèvres tombent quand il me dit quelques mots à propos de notre lien, l'un pour l'autre. Sait-il à quel point cela fait du bien d'entendre cela ? De savoir qu'il y a quelque chose que j'ai fait d'irréfutablement mieux que mon frère, et pas des moindres. Sans attendre, je prends Sam dans mes bras en une accolade vigoureuse, qui aurait cassé les côtes de n'importe quel humain. Pour un affaibli, je suis encore fort, ne tenant que par ce qui me reste de nerfs.

"Depuis que je te connais, je me rends compte d'à quel point il est stupide de ne pas se réveiller chaque matin en étant fier de qui tu es."

Je le laisse aller et pose mes mains sur ses épaules. Je le regarde droit dans les yeux.

"T'en as bavé, Kiddo, moi, je suis fier de toi."

Je penche légèrement ma tête sur le côté.

"Par contre, t'as une sale trogne. Tu devrais laisser tes mômes à quelqu'un le temps d'une après midi, ou une soirée pour retrouver ta vie d'adulte. C'est important."

N'importe qui le dira. Il est seul. Y en a deux. Le rapport n'est absolument pas équitable. Dans le monde dans lequel nous vivons, il est important de garder le peu de santé mentale qu'il nous reste.

Date d'inscription : 14/06/2020

Ni père, ni frère

Samaël Branfubh x @Baphomet

Peut-être qu’il aurait été plus raisonnable de s’inquiéter des objectifs de Baphomet et tenter de l’en dissuader. Certainement même… mais si Samaël avait été quelqu’un de raisonnable, la chose se saurait. Il sentit un moment une pointe de colère monter en lui, plus pour sa pauvre mère que pour lui-même, mais elle disparut rapidement, remplacée par un détachement vis-à-vis de la situation.
Les bras toujours croisés, il ne broncha pas quand Baphomet reprit la parole pour évoquer le trépas de Bélial.

Samaël s’était confié sur ce qu’il ressentait et comment il percevait son oncle : il était la figure paternelle qu’il aurait aimé et il le lui disait le plus naturellement possible. Cela le toucha le démon, il le vit bien, et ses paroles ne firent que confirmer la chose.

– Il peut bien rester là où il est. J’ai fini par m’en foutre. Ce ne sont plus mes affaires… et j’ai une mission beaucoup plus importante.

Sans ajouter un mot de plus, il laissa son regard aller vers la pièce où dormaient ses enfants. Leur construire un avenir meilleur était sûrement la plus importante des choses.
Baphomet se rapprocha alors de lui et vint poser ses mains sur ses épaules avant de capturer son regard. La sincérité de ses mots le toucha sincèrement. Samaël se gratta alors nerveusement l’arrière du crâne et détourna un instant le regard. Rares étaient ceux qu’il rendait fier. Il finit cependant par afficher un sourire reconnaissant à son oncle. Un sourire qu’il avait l’impression de ne plus avoir fait depuis bien longtemps, et qui illuminait son visage et son regard.

L'instant fut bref et passa rapidement avec le naturel de Baphomet qui releva les traits tirés du jeune père. Il avait effectivement une sale gueule, il n’allait pas dire le contraire. Il se permit cependant une touche d’humour.

– Je fais peur à ce point ?

Il lâcha un léger rire mais il doutait que cela lui donne l’air moins fatigué. Il était vrai que les journées avaient un rythme bien soutenu, tout comme les nuits. Ses moments de repos n’étaient pas forcément calmes non plus avec deux bébés, mais autre chose l’agitait pendant les moments d'accalmie, une chose qu’il n’arrivait pas saisir. Il n’en parlait à personne, gardant cela pour lui mais il savait qu’à Baphomet, il pouvait se confier sans crainte.

– C’est vrai que je ne dors pas beaucoup… mais ce n’est pas ce qui me fatigue le plus.

Il laissa planer un instant de silence et capta le regard du démon.

– Je ne sais pas si c’est propre à ma condition de démon ou non mais… Depuis que je suis sortie des Fosses, j’ai l’impression d’avoir oublié quelque chose d’important mais impossible de m’en souvenir. C’est comme s’il y avait un écran de fumée là-dedans.

Mêlant le geste à la parole, il vint se tapoter la tempe.

– C’est fugace et volatile, à chaque fois que j’ai le sentiment de m’en approcher et vais pour m’en saisir, ça disparaît.

Les Fosses avaient très certainement altéré sa mémoire, sans parler de son esprit qui avait dû enfouir plus d’un souvenir par souci de préservation.

Date d'inscription : 07/06/2020

Il s’occupe de la vie à venir, je m’occupe de la mort. Un instant, je me demande si cet enfoiré ne trouverait pas une forme de rédemption avec ses petits-enfants. Je chasse cette idée vivement de ma tête. Des chances, il en a eu plus qu’il ne le méritait, plus que sa part. Si Sam se fiche de son père, alors plus rien ne me retient de mettre fin à sa vie. Je conçois tout à fait qu’il est un mauvais souvenir à passer qu’on préfère oublier, mais pour moi, il est celui qui m’a pourri l’existence depuis toujours… et je n’oublie pas ce genre de chose… grâce à lui, d’ailleurs.

J’en reviens à Sam et hoche la tête avec une certaine gravité. Ouais, il fait peur, et d’ailleurs, même si je sais que des enfants pompent pas mal d’énergie, je dois admettre que je me demande s’il n’y a pas un tourment derrière cela.

Sans se faire prier (ce qui m’arrange en ce moment) il finit par m’avouer quelque chose qui me scotch sur place. Je le regarde, la bouche ouverte, comme un parfait abruti.

Un souci de mémoire, vraiment. Un instant, je suis tenté de lui parler de ma propre condition, mais je me retiens. Non, on va s’occuper de Sam en priorité.

"Ce n’est pas impossible que les fausses ont altéré ta mémoire, mais tu m’en parle comme si c’était un traumatisme que ton cerveau ne veut plus approcher. Cela arrive, mais après les fausses, l’esprit est tellement fucked up qu’il ne fait plus trop le tri…"

Je le regarde, vraiment embêté.

"Est-ce que tu veux que je regarde ça, tranquillement ?"

Je n’ai jamais sondé la mémoire de Samaël, mais je ne crains absolument pas le lien émotionnel que cela va générer. Je serai toujours là pour lui, de toute façon. Je regarde mes mains. Mes pouvoirs ne sont plus ce qu’ils étaient, mais dans ce cas précis, peut-être est-ce pour le mieux.

"Ce ne sera l’affaire que de quelques minutes… même si cela pourrait sans doute te paraître beaucoup plus long"

Date d'inscription : 14/06/2020

Ni père, ni frère

Samaël Branfubh x @Baphomet

Le jeune démon avait confié ses tourments, et la réaction de son aîné le fit pousser un soupir de soulagement. Après une vie entière à être rongé par un mal que personne ne comprenait, voici qu’il trouvait enfin une oreille compréhensive. Il en avait assez de se sentir tiraillé avec la désagréable impression d’avoir un morceau de son cerveau qui manquait à l’appel. Il voulait, ne serait-ce qu’une fois, avoir la sensation d’être entier.

– Je ne sais même pas si j’ai un jour été capable de faire le tri dans ma tête, mais dernièrement, c’est pire… Comme si quelque chose enfermé dans un placard au fin fond de mon esprit cherchait à sortir…

Il parlait d’un air songeur, se frottant le menton tandis qu’il tentait de saisir la sensation en question. Il pouvait presque sentir l’odeur d’un parfum sans parvenir à identifier les fragrances. C’était des plus frustrants, donc quand Baphomet proposa son aide afin de déterrer ce qui voulait être retrouvé, il redressa la tête avec une lueur d’intérêt non feint dans le regard.

– C’est vrai ? Tu pourrais ?

Bien sûr que Baphomet le pouvait s’il le lui proposait. Il n’était pas du genre à faire des propositions dans le vent. Il sentit une légère montée d’adrénaline sans savoir s’il s’agissait d’une excitation à l’idée d’enfin se souvenir, ou bien d’une certaine crainte. Son subconscient tentait peut-être de le protéger, mais…

– J’ai besoin de savoir… d’en avoir le cœur net.

Il y avait de la reconnaissance envers son oncle dans sa voix, mais également une pointe de lassitude. Il voulait savoir, arrêter de douter et d’avoir la sensation qu’il vivait dans une illusion par moment. L’accord était donné et Baphomet le rassura : ce ne serait pas long, du moins dans la réalité. Samaël hocha de la tête d’un air entendu. Même si la durée se révélait plus importante dans son esprit, du moment qu’ils ne laissaient pas les jumeaux seuls trop longtemps, ça lui allait.

– Est-ce que je dois faire quelque chose en particulier ?

Il ignorait comment son oncle procédait, il n’avait jamais eu l’esprit de sonder, du moins pas à sa connaissance.

Date d'inscription : 07/06/2020

J'ai un petit rire compatissant. Oh si, quand il était humain, il faisait le tri, c'est certain. Je sais que le sommeil des Cambions est assez chaotique, mais il est suffisant, sans doute à la limite, pour faire le tri dans les pensées et les souvenirs. Ce qui m'inquiète chez Samaël est que ce n'est pas un problème de rangement, c'est autre chose, et quand on ne sait pas ce que c'est, on cherche.

Du moins est-ce ma philosophie.

Sa tirade me laisse perplexe. Si ça avait été un traumatisme, sans doute que son esprit aurait plutôt voulu l'enfouir... Mais si sa tête cherche à le faire sortir, alors c'est un message, le message d'un prisonnier pour sa libération.

"Oui, je vois. Cela arrive parfois. Je suis content que tu m'en aies parlé. Tu ne peux effectivement pas rester ainsi."

Je lui propose mon aide... et ses yeux auraient pu lui valoir un ou deux câlins en plus. Il a l'air en détresse, et j'ai envie de l'aider.

"Pour cela, j'ai besoin que tu me fasses confiance. Ce n'est pas une opération dangereuse en soi, mais seulement, tu vas sans doute te sentir un peu perdu, parfois. Si tu as confiance et que tu ne t'éloignes pas, ce sera beaucoup plus simple. C'est... difficile à dire avec des mots."

Si quelqu'un pouvait me débloquer ma mémoire, sans doute que je lui aurais roulé un gros patin sur place ! Je frotte mes mains l'une contre l'autre, comme pour me préparer à une opération.

"Je vais avoir besoin que tu sois un peu détendu. Est-ce que tu veux boire une bière, ou autre ? Je t'aurais bien proposé de la beuh, c'est ce que j'utilise généralement... mais je n'en ai plus."

... ça va, on l'saura ! Oui, enfin quand l'entièreté d'un pouvoir repose sur un esprit calme et qu'on a plus ce genre de "médicaments", on s'en mord les doigts jusqu'au coude ! Bordel, qu'est-ce que je suis en manque ! Au moins, mes souvenirs sont rangés à présent, et je peux opérer dans d'excellentes conditions.

"On peut faire ça dans ta chambre ? Tu vas t'allonger bien tranquillement sur ton lit. Encore une fois, le temps IRL ne passera pas beaucoup, mais tu vas avoir l'impression d'avoir dormi longtemps. Tout ira bien pour tes bibous."

Date d'inscription : 14/06/2020

Ni père, ni frère

Samaël Branfubh x @Baphomet

Samaël entrevit un espoir pour sa psyché, une chose qui n’était plus arrivée depuis bien longtemps. Il avait appris à vivre avec et à ignorer ce sentiment de vide et de manque qui persistait, murmurant que quelque chose n’allait pas et n’était pas à sa place. Il avait cru trouver la paix tant espérée avec André’hia mais à présent qu’elle n’était plus auprès de lui, et qu’elle ne le serait plus jamais, cette sensation s’était faite plus présente. Il lui manquait quelque chose et il avait tenté de le compléter avec la mauvaise pièce du puzzle.

Il écouta donc attentivement les consignes de Baphomet et il hocha de la tête d’un air entendu. Il devait lui faire confiance. La chose ne serait pas compliquée car s’il y avait bien un membre de sa famille en qui il avait confiance, c’était bien son oncle. Il ne le formula pas mais le regard qu’il lui adressa valait mille mots.
La seconde consigne arriva : être détendue. Pour le coup, ce n’était pas forcément la chose la plus évidente, mais Samaël y travaillait depuis un moment. Il pensait en être capable, du moins il l’espérait. Baphomet demanda s’il voulait prendre une bière ou autre chose.

– Oh ne t’en fais pas, j’ai appris quelques trucs de méditation. J’évite la Marie-Jeanne. La seule fois où j’ai tenté, ça ne s’est pas bien passé…

Il était jeune et pensait pouvoir fuir ses cauchemars mais ça avait été pire. Depuis il s’était promis de ne plus jamais toucher à ce genre de choses. La méditation serait donc plus saine pour trouver la sérénité nécessaire à l’exercice.
Tout était vu, il ne restait plus qu’à s’y mettre. Le jeune démon hocha une nouvelle fois de la tête, acquiesçant à la proposition de Baphomet.

Une fois allongé, Samaël se concentra, fermant les yeux pour trouver une certaine paix intérieure. Il chercha alors ce petit coin rien qu’à lui dans son esprit, cette image paisible de verdure. Un petit coin de paradis dans une clairière ensoleillée où il restait allongé dans l’ombre d’un arbre, écoutant juste le ruissellement de l’eau d’une rivière. Il ignorait pourquoi mais lors de ses séances de méditations, c’était ce qui lui venait à l’esprit en premier. Tout respirait la tranquillité. Allongé, les yeux fermés, Samaël se laissa aller à ce moment, faisant de son mieux pour facilité la tâche à son oncle.

Date d'inscription : 07/06/2020

Hé beeeeh... Il n'a vraiment pas l'air d'aller bien. Bon, Baphomet, c'est le temps de tout bien ranger et de garder à l'intérieur ce qui te ronge. Voilà, on enferme toutes les emmerdes dans un coffre renforcé, on y met un cadenas mental dont on oublie la combinaison immédiatement -oui, je sais, je n'oublie rien, mais on va prétendre- et me voilà tout à lui.

Bon, déjà, la confiance est là. C'est parfait. J'aimerais lui dire et lui répéter que cela ne fera de toute façon pas mal, mais que la confiance sert à l'inconscient, tout ce qui a été effacé. Je serai son point de repère, s'il me fuit dès qu'il me voit, c'est mauvais.

"Tant mieux, reste loin de ces trucs-là, ou donne-m'en si tu en trouves."

Je ricane d'un air faussement désabusé. Ne pas avoir l'air d'un détraqué, ne surtout pas avoir l'air d'un détraqué... Enfin autant que faire se peut. Sam s'installe aussi confortablement qu'il le peut et je me mets au-dessus de lui, accroupi à côté du canapé, du côté de sa tête. Je le regarde essayer de se détendre, puis finalement se détendre un peu pour de vrai. Son rythme cardiaque s'égraine un peu, sa respiration devient plus profonde et s'apaise petit à petit.

"Nous allons commencer tout tranquillement. Si tu as le moindre problème, dis-moi 'ananas', comme un safe-word. Oui, comme quand on fait du sexe hard."

Est-ce que ça s'y rapporte ? Un peu, j'en conviens. Il s'agit, après tout, de se libérer d'un carcan et de vivre pleinement. Du bout de mes index, je touche ses tempes, et je ferme les yeux.

En un sursaut, me voilà dans sa mémoire. Elle est peuplée de souvenirs récents qui font peur, et qui ont ce goût d'immédiat et d'urgence : "ai-je convenablement préparé le biberon ?" "est-ce que je dois laver mon fils ?" "Où est-ce que j'ai posé ma fille hier soir ?" "Est-ce que je n'ai rien oublié ?" "Sont-ils encore en vie ou sont-ils morts pendant leur sommeil ?"... Tout un tas de petites questions mobilisées par la fatigue et l'épuisement. J'inspire, et vais plus loin.

Je vois le visage de sa copine, la mère des jumeaux, probablement. Je pensais y trouver des nœuds, du ressenti, des mauvais souvenirs... mais s'il y en a, l'inquiétude qui coule ici n'y mène pas. Son inquiétude remonte plus loin, et je suis son flot, pas à pas. La conscience de Sam vient à moi, et traîne, ici et là, comme une mère de famille nombreuse qui accueille un étranger chez elle et qui essaie de ranger le plus possible.

C'est alors que je le vois... Le flot d'inquiétude se heurte à un véritable mur... Il y a un sceau que je touche du doigt. Oui, c'est bien un blocage mental.

"Sam, je pense que nous avons trouvé quelque chose d'assez important."

J'ai parlé IRL, pour qu'il entende et puisse me répondre. J'aimerais que sa conscience soit là, avec moi, pour ne pas déverser ce qui est derrière, dans ce flot incessant d'inquiétude.

"Est-ce que tu peux venir vers moi et me dire si c'est bien de cela dont tu parlais ?"

Ce n'est pas que le sort soit mal fait, mais il est trop grossier, trop visible. Il suffit d'une bonne concentration pour se heurter dessus. Ou... d'un stade de fatigue prolongé...

Date d'inscription : 14/06/2020

Ni père, ni frère

Samaël Branfubh x @Baphomet

Progressivement, Samaël se détendit quelque peu et écouta attentivement son oncle. À l’évocation du mot de sécurité, il hocha de la tête avant de pouffer légèrement de rire. Il chassa aussitôt l’image de Baphomet en mode bondage et cuir. Inutile de parasiter la séance avec ce genre de vision.

– Hmm… Je me serais bien passé de l’image mentale que j’ai à cet instant précis.

Le ton n’en restait pas moins amusé. En vérité, il en fallait plus pour le perturber. Il fit le vide et dès l’instant où ils sentit le contact avec Baphomet, un courant le parcourut. Tandis qu’il se posait quelques questions propres à tout jeune parent, il entendit son oncle l’intimer de le rejoindre. Déjà ? Il avait déjà trouvé quelque chose dans le foutoir qu’était son esprit ?

– Je vais essayer, avait-il murmurer avant de se concentrer sur l’aura de Baphomet.

Il la connaissait assez pour la repérer facilement. Il sentit alors une sensation étrange qu’il assimila à une sorte d’hypnose. Une pratique qu’il avait déjà subi mais cette fois-ci, il sentait que ce serait différent. Il n’avait pas à avoir peur. Tout irait bien. Il s’avança alors cette aura familière et finit par se connecter à cette partie de sa conscience qui accompagnait le démon. Il sentit le flou de pensées qui grouillait derrière eux, mais il était concentré sur une chose : ce mur immense qui se dressait devant eux. Une partie de lui hurlait de ne pas aller plus loin, que c’était dangereux… mais une autre lui intima le contraire. Cette crainte… elle n’était pas réellement sienne, comme imposée par quelqu’un d’autre. Délicatement, il posa sa main contre ce mur qui semblait respirer, et le doute se dissipa.

– C’est bien ça… mais… quelque chose cloche.

Il passa sa main le long du mur, cherchant une faille, un endroit ou le faufiler, mais rien. Ce mur semblait assez épais et il sentit que s’était contre ce dernier que ses pensées profondes venaient se heurter.

– C’est quoi ce bordel ? On dirait… que quelqu’un ne veut pas que je sache ce qui se cache derrière.

Le jeune démon s’y connaissait en magie, après tout il avait été un sorcier, et cet obstacle avait plus d’un signe qui ne trompait pas : son origine n’était pas naturelle. Quelqu’un tenait à ce qu’il ne se souvienne pas de certaines choses.

– J’imagine que l’exploser serait trop dangereux… Comment on procède ?

Date d'inscription : 07/06/2020

Une fois les règles de base admises, nous pouvons commencer tranquillement. Oui, fiston, c'est comme une bonne séance de BDSM, un safe word et une relation basée sur la confiance pour que l'expérience soir la plus agréable possible. L'un doit s'en remettre entièrement à l'autre, sans jamais abuser. Cependant, je suis restée trop loin de mon travail de Maitre pour ne pas en sourire. Je colle mes index l'un à l'autre et je fais un sourire digne d'une collégienne.

“Pardooooooon…”

Et encore, il n'a rien vu.

Bordel, les soirées de folies me manquent, même si je n'étais qu'à l'envers du décor. J'ai un sourire mélancolique et rêveur avant de me replonger dans mon travail jusqu'à trouver ce qui est visiblement le nœud du problème. Ce n'était pas dur en réalité. Ce n'est pas qu'il soit mal fait, bien au contraire, mais il n'est pas discret. Quand on veut faire oublier quelque chose à quelqu'un, on le cache, on ne le met pas dans un gros coffre avec marqué 'ne pas ouvrir, svp' dessus.

Plus je regarde ce blocage, plus je suis convaincue qu'il n'est pas naturel... Ou du moins, que ce n'est pas l'esprit de Sam qui l'a confectionné. Il ne se fond pas dans le paysage comme devrait le faire les traumatismes.

"C'est un rituel d'oubli... Je n'arrive pas à percevoir son origine exacte."

J'imite Sam et passe ma main sur les montants. Oui, il est solide, pas discret, mais solide. Ce n'est pas de ma propre conception, donc je pourrais passer outre. Cependant, il a raison sur un point. À présent, je me concentre sur lui, Samaël, mon neveu, celui qui a besoin de moi et pour qui je ne peux rien lâcher.

"Alors... on ne va pas l'exploser, on va juste l'ouvrir. Cependant, ce n'est pas sans risque non plus. Imagine cela comme..." allez, une autre métaphore cheloue ! "Hé bien une porte en fait ! Sauf qu'on ne sait pas ce qu'il y a derrière. Peut-être des chiens enragés, peut-être tout un tas de traumatismes... Garde en tête que ça ne peut pas être positif. Je ne sais pas si ça a été fait dans de bonnes intentions. Auparavant, faire oublier un traumatisme était quelque chose que je faisais, à présent, je sais que ce n'est pas une bonne idée. Je serais d'avis de l'ouvrir, mais la décision t'appartient. On n'est pas obligé de le faire maintenant. J'aimerais juste savoir un truc..."

...Merde, comment dire cela...

"Est-ce que tu aurais un ennemi qui aurait été assez puissant pour performer un tel rituel ? Si c'est le cas, on n'hésite pas et on ouvre. Sinon, c'est que tu t'es potentiellement toi-même soumis à ce rituel, et là, j'aurais quelques réserves à l'ouvrir."

Oui, c'est très étrange, mais j'espère qu'il va comprendre.

Date d'inscription : 14/06/2020

Ni père, ni frère

Samaël Branfubh x @Baphomet

Samaël écouta attentivement, pensif, tandis qu’il observait ce mur qui l’empêchait d’accéder à une partie importante de son passé. Il le sentait au plus profond de son être : il devait savoir… retrouver ce qui avait été perdu. Il hocha de la tête aux explications de Baphomet, ainsi qu’à ses mises en garde. Il ne doutait pas ce qui se trouvait derrière pouvait être dangereux, paradoxalement, ça devenait vital pour lui de lever le voile sur ce sentiment entravé qu’il ressentait au fond de lui.

– Des traumatismes, c’est pas ce qui manque… J’en ai fait des séjours en HP plus ou moins longs quand j’étais ado. Je ne serais pas étonné que mon coven soit à l’origine de ce sort…

Il repensa alors à son dernier internement, entendant encore le fracas de sa tête qu’il venait claquer contre la porte de sa cellule pour tenter de ressentir quelque chose dans le brouillard nébuleux des traitements qu’on lui donnait. Il ne se rappelait plus pourquoi il avait été internée cette fois-ci… et en y réfléchissant bien il ne savait plus non plus comment il en était sorti. Il redressa alors le regard vers le rituel d’oubli et il le sentit clairement, un parfum familier et inconnu à la fois.

– Toi aussi tu sens ça ?

Il huma un peu mieux l’air, se sentant soudainement plus serein et paradoxalement triste. Il pouvait sentir clairement l’odeur du jasmin, or… il ne connaissait personne qui se parfumait avec. Pourtant, son cœur bondit dans sa poitrine, comme pris d’une urgence.

– C’est positif… Ce qu’on a essayé de me faire oublier est positif, j’en suis persuadé.

Ses yeux brillaient d’une lueur déterminée : qu’importe qui était à l’origine de ce sort, cette personne avait voulu lui faire oublier quelqu’un d’important pour lui.

– Baph… Je ne suis pas à l’origine du sort. Je déteste cette sensation d’oubli… Est-ce… tu crois qu’on aurait pu me faire ça pour me manipuler ?

Le doute et les questions arrivaient à foison dans son esprit. Qui était derrière ce sort ? Qui avait-on voulu lui faire oublier ? Était-il manipuler par quelqu’un dans l’ombre depuis des années ? Il évita d’aller plus loin avant de remettre toute sa vie en question et il se tourna vers son oncle.

– Ouvrons cette putain de porte. J’ai besoin de réponses…

Comme pour appuyer ses hypothèses, une légère lueur chaude brilla derrière ce mur étrange et le démon aurait presque jurer entendre un rire mélodieux : son propre rire.

Date d'inscription : 07/06/2020

Des traumatismes ? J'incline ma perception partout autour de nous. Je vois ses rêves, ses cauchemars dûs à sa nature même. C'est une mémoire qui n'a absolument pas été épargnée. Je reconnais les stigmates de l'utilisation de médicaments, du manque de sommeil, des différents cycles de colère qui se sont abattus ici en cercles concentriques et qui ont tout détruit sur certains de leur passage. J'essaie de résister à l'envie de m'absorber dans ces souvenirs pour mieux les comprendre. Sam ne m'en a pas donné l'autorisation, et je doute que c'est réellement ce qu'il voudrait, même s'il acceptait.

Lire la mémoire est… était… une addiction pour moi, la sensation d'avoir vécu avec passion une courte vie n'est finalement qu'une chimère. Je le comprends maintenant. Un souvenir par procuration, à l'époque, ça me paraissait être une bonne idée. Aujourd'hui je sais à quel point c'était une monstrueuse connerie.

Je me reconnecte avec mon sens de l'odorat et prends conscience de ce dont il est en train de me parler. C'est subtil, mais c'est bien présent.

“Positif ?”

Je demande confirmation, mais je crois qu'il a parfaitement raison. Mon esprit, tel un arbre avec ses branches qui pousseraient en accéléré, commence à faire des suppositions farfelues, sérieuses, invraisemblables, tragiques, et heureuses.

Bon, nous ne pouvons plus reculer.

“Oui, manipuler quelqu'un en se servant de sa mémoire est très facile.”

Trop facile.

“Je ne te demande pas si tu es prêt…”

Je m'approche de la porte et pose ma main dessus. La serrure est complexe, mais rien d'insurmontable. Je me trempe un peu dans les souvenirs, comme on se mouille jusqu'aux coudes quand on cherche quelque chose au fond d'une rivière. La mémoire n'est pas facile à décrire. Au bout d'un moment, je trouve le point de jonction. Je le tâte, du bout de mon pouvoir.

Il y a une fille, et du feu. Une odeur de brûlé. De la chair. Imagination.

Tranquillement, comme on crochète une serrure, je tourne et retourne cette fermeture. Si de base, elle refusait de bouger, je l'assoupli, je joue avec, tant et si bien qu'elle devient mobile et laisse passer déjà ses premiers souvenirs qui sont visiblement pressés de sortir.

Sans plus attendre, je désolidarise le reste. La porte s'ouvre en grand.

Date d'inscription : 14/06/2020

Ni père, ni frère

Samaël Branfubh x @Baphomet

Son oncle semblait d’accord sur le fait qu’une manipulation avait été faite pour le garder sous emprise. Il sentit une fois de plus cette colère sourde gronder en lui. Il en avait assez qu’on ne le laisse pas maître de sa vie, qu’on le prive de son libre-arbitre pour mettre la main sur son pouvoir. Tandis que sa colère grandissait, le parfum délicat de jasmin l’entêta un peu plus. Il pouvait presque sentir le souvenir réconfortant d’une caresse sur sa joue. Intrigué, il porta sa main là où le souvenir l’avait effleuré. Qui cela pouvait-il bien être ? Son regard se posa sur Baphomet qui œuvrait à ouvrir la mystérieuse porte.

Le parfum se fit de plus en plus présent alors que la porte semblait céder progressivement. Le cœur au bord des lèvres, Samaël sentit son pouls s’accélérer et une crainte s’insinua en lui quand une nouvelle odeur prit le dessus sur tout : les flammes… ses flammes. Il chassa cependant ce sentiment : probablement un verrou psychique pour l’empêcher d’aller plus loin…

La porte s’ouvrit à cet instant précis en grand et une vague de chaleur s’en échappa, comme lorsque l’on ouvrait un four. Le jeune démon ne put s’empêcher de lancer un regard vers son aîné. Sur quoi allaient-ils tomber ? Une seule façon de le savoir.

– Bon… voyons ce qu’on a voulu me faire oublier.

Il s’avança ensuite dans l’ouverture, s’attendant au pire… avant de se retrouver dans un espace verdoyant. L’air était doux et serein, bercé par le clapotis de l’eau et le chant des oiseaux. Samaël observa un instant autour de lui, fronçant les sourcils en voyant l’architecture japonaise.

– Je n’ai jamais été au Japon…

Son regard chercha des indices. L’endroit lui semblait pourtant familier… mais impossible de s’en rappeler.

– C’est bizarre… On doit être dans un jardin botanique ou un truc dans le genre mais… je n’ai pas l’habitude de traîner dans ce genre d’endroit. T’en pense quoi ?

Alors qu’il se tournait vers son oncle, il ne vit pas les deux adolescents juste derrière lui. Un garçon et une jeune fille. Tout dans leurs postures indiquait les émois des premiers amours. Les mains qui se cherchaient, les épaules qui se frôlaient, l’un qui regardait l’autre quand le regard était ailleurs.

Date d'inscription : 07/06/2020

Contrairement à ce que je pensais, l'endroit decouvert n'était pas l'enfer. Au moment de l'ouverture de la porte j'eus un sourire pour Samael il avait l'air tendu alors que ça ne servait à rien. La matière que constitue la mémoire s'affranchit totalement de l'état du corps. Devant nous, et à présent autour de nous, il n'y a ni flamme, ni souffrance, ni même le moindre petit truc désagréable. C'est même tout le contraire. Il s'agit d'un jardin des plus paisibles, de ceux qui donnent envie d'être dans une phase contemplative, de réfléchir sur sa vie, et renoncer à ses mauvaises pensées tout en se disant que le bonheur est à portée de main.

“Tu ne te souviens pas de cet endroit ? On dirait le décor parfait pour des photos de mariage !”

J'exagère à peine… en tout cas, nous sommes en plein milieu d'un souvenir perdu. Samael a l'air totalement surpris.

“Il suffit qu'on te trouve à présent.”

Ce n'était pas plus compliqué que ça. Son ‘lui’ fait office de guide, comme un réceptionniste. Il n'est pas conseillé de passer outre cette étape. Un bruit de rire et de gloussements nous fait nous retourner. Ah bah quand on parle du loup.

“Awwww adorable ! Regarde moi cette bouille de jeune premier ! Tu avais quel âge ? Absorbe tous les souvenirs que tu peux, surtout les fringues que tu portes. Tu peux t'approcher, ils ne te verront même pas.”

Généralement, un souvenir contenu ainsi tourne en boucle autour de deux ou trois tableaux. Nous verrons bien ce que celui-là cache. Mais nous ne sommes pas pressés. Je regarde les deux amants s'embrasser avec une pointe d'envie.

"Tu me dis si quoi que ce soit te revient. Les souvenirs se reconstruisent parfois de manière surprenante."

Un détail, et c'est toute la structure qui revient à elle.

Date d'inscription : 14/06/2020

Ni père, ni frère

Samaël Branfubh x @Baphomet

Samaël secoue négativement de la tête à la question de son oncle. Non, il ne se souvenait pas de ce lieu. Il observa devant lui, plissant les yeux et cherchant dans sa mémoire. Un sentiment familier l’habitait mais rien ne lui revenait. C’était des plus frustrant… Le regard fixé sur l’horizon, il fouilla comme il put dans sa mémoire, sentant une information venir, elle était là, sur le bout de sa langue.

– T’as raison, si on me retrouve, ça me dira peut-être…

Tandis qu’il acquiesçait à la proposition de Baphomet, il se retourna avant de se figer, laissant sa phrase en suspend un court instant.

– …quelque chose…

Il avait presque murmuré ce dernier mot, le souffle soudainement coupé. Comme dans un état second, il observa la scène qui s’offrait à lui, le cœur battant étrangement alors qu’il avançait vers ce souvenir de lui-même, accompagné d’une jeune fille d’à peu près son âge. Se regardant tout en restant fuyant, l’affection qu’ils avaient l’un pour l’autre était évident, et le baiser timide qui suivi ne fut pas surprenant.

– Mon premier baiser, souffla-t-il dans un murmure.

La chose lui revint progressivement, des brides de mots, des sensations et des réminiscences. Qui était donc cette jeune fille ? Sa première petite amie, à n’en pas douter. Cette certitude l’ébranla cependant. Il se rattacha à la voix de son oncle, répondre à ses questions l’aiderait peut-être.

– Je devais avoir 14 ans… Pourquoi je ne me souviens pas d’elle ?

Il avait toujours pensé qu’Andr’héia avait été son premier grand amour… mais ce qu’il avait sous les yeux lui mit un terrible doute. Quant à son cœur, il murmurait que là était son premier amour. La lumière se fit alors progressivement et quelques pièces du puzzle se révélèrent.

– J’aimais cette endroit… On est dans un jardin botanique pas loin de la ville…

Samaël reposa son regard vers le couple qu’il avait formé avec cette inconnu au parfum de jasmin. Il pouvait presque se voir à la place de sa version plus jeune, caressant son visage, entremêlant ses doigts dans ses cheveux d’or et se noyant dans le bleu de ses yeux.

– Elle adorait venir ici… Au printemps on profitait des cerisiers en fleurs… et en automne je la dessinais sous les érables…

Pas encore de nom… et une question qui tournait progressivement à l’obsession…

– Pourquoi je ne me souviens pas d’elle ?

Date d'inscription : 07/06/2020

Ah, Samaël voit enfin le couple. Lui-même, et une jolie jeune femme. Inutile de lui dire qu'elle est jolie, je pense qu'il le sait... En fait, elle est même sublime, avec une voix douce, elle sent bon, et elle apparaît légèrement brillante.

"J'en connais un qui est sacrément amoureux !"

La mémoire ne trompe pas, elle ne trompe jamais... Mais elle peut s'affecter d'un sentiment. Là, en l'occurrence, cette fille est largement altérée par l'amour que lui porte/portait Samaël, c'est plus qu'évident. J'imagine que c'est inutile aussi que je lui demande qui est-ce ? Je fais semblant d'essuyer des larmes quand il m'avoue que c'est son premier baiser.

Non.

Il faut que je sois sérieux. Ce n'est pas vraiment le moment de faire le... enfin le moi, quoi.

"Je ne sais pas. Tu ne te souviens de rien de rien ? Regarde tes vêtements, cet endroit. Est-ce que c'est une partie de ta vie qui t'apparaît clairement, ou est-ce qu'elle est morcelée ?"

Il arrive à se souvenir au moins que c'est son premier baiser. Il est tout jeune. Et franchement, ils ont l'air parfaitement bien ensemble, comme deux protagonistes d'une série pour ado. Nous les regardons encore un peu, et je laisse les souvenirs lui revenir. Elle n'a pas de nom, pas encore, mais ça ne va sans doute pas tarder.

"Laisse-toi le temps. Imprègne-toi encore un peu de ce souvenir, et nous passerons au prochain. Prends tout ce qu'il y a à prendre, et ne sois surtout pas impatient ni frustré. Tu es avec moi, tout va bien, nous avons tout le temps du temps ici."

La pire des choses qu'il pourrait faire est de vouloir tout savoir. Cette partie de sa mémoire a été scellée depuis un certain temps. Comme toute machine, il faut un peu de temps avant qu'elle ne se remette en route convenablement.

Date d'inscription : 14/06/2020

Ni père, ni frère

Samaël Branfubh x @Baphomet

Face à cette inconnue, Baphomet ne put s’empêcher de faire une remarque amusée. Samaël n’en doutait pas, la façon dont sa version plus jeune de lui l’observait et l’aura que le souvenir lui donnait étaient sans appel : Samaël était profondément amoureux d’elle. Il le sentait au plus profond de lui : ce sentiment ne s’était jamais éteint, il avait juste été caché pour lui faire croire qu’il n’avait jamais existé.

Baphomet restait cependant rassurant alors que les souvenirs revenaient progressivement. Pour l’instant, ce n’était que des brides, comme l’esquisse d’un croquis. Samaël connaissait bien cette sensation. Que ce soit pour créer ou reproduire le monde qui l'entourait, Samaël devait toujours commencer par des griffonnages brouillons afin de poser les bases. Une fois tout en ordre et bien proportionné, il pouvait laisser exprimer son art et lui donner du corps.

– Tu as raison. Rien ne presse.

Il resta un instant là, observant ce souvenir, les yeux fermés. Quand il les rouvrit, il était définitivement à la place de sa projection mentale, dans son corps d’adolescent. Il pouvait sentir avec précision ses mains dans les siennes. Toujours pas de nom, mais la simple vision de son sourire suffisait à le rendre soudainement heureux. Elle se pencha alors vers lui, son souffle contre son cou, avant de murmurer.

Souviens-toi…

Puis elle sembla s’évaporer. Le souvenir disparut un bref instant avant de revenir depuis le début, comme pris dans une boucle. Il avait montré tout ce qu’il y avait à montrer. Le regard déterminé, Samaël tourna la tête vers son oncle.

– On peut continuer d’avancer. Ce n’est que la face visible de l’iceberg. Je dois démêler tout ça.

Il devait se souvenir, mais également remettre de l’ordre. Il regarda autour de lui, cherchant un passage, un chemin dans son esprit. Naturellement, il guetta quelque chose qui n’avait pas sa place dans ce décor idyllique. Il l’entendit alors, un bruit sourd et régulier qui lui était atrocement familier. La gorge soudainement sèche, Samaël déglutit alors qu’il se rapprochait du bruit.

– Par ici…

Pas de doute possible, c’est la prochaine étape… Il savait déjà de quoi il allait en retourner. Qu’est-ce que cela pouvait-il bien faire dans cette partie scellée de sa mémoire ?
Le décor changea alors progressivement, laissant derrière lui ses couleurs chatoyantes et buccoliques pour le blanc froid et stérile d’une chambre d’isolement. Les bruits se firent alors plus intenses, jusqu'à ce que se dessine devant eux une version de Samaël dans un piètre état. Il n’avait pas l’air beaucoup plus âgé que la version précédente, plus âgée deux à trois ans tout au plus. Il portait une camisole et venait se cogner mécaniquement le front contre le mur le plus proche, cherchant indéniablement à se faire mal.

– Un de mes nombreux internements… mais je reconnais celui-là, c’était l’épisode psychotique le plus violent.

Il se tourna alors vers son oncle, pris d’une soudaine incompréhension.

– Qu’est-ce que ça fout là ? Ce n’est pas un souvenir effacé ni refoulé.

Date d'inscription : 07/06/2020

Holly sheep... Cet environnement n'arrête pas de se mouvoir. On dirait presque que tout brille, tout sent bon, tout est parfait. Sincèrement, il pourrait même y avoir des papillons et le chant des oiseaux que ça ne m'étonnerait pas.

"Résiste à l'envie d'être trop gourmand, d'un coup. Laisse venir, comme un animal sauvage."

Oui, je sais, moi et mes métaphores imagées à la con... Toujours est-il que je le laisse réintégrer son corps plus jeune. Il y sera plus à l'aise pour s'imprégner de tout cela. Immédiatement, l'environnement change à nouveau pour m'effacer de sa réalité.

"Je suis toujours là, Samaël, je reste près de toi."

Cependant, l'image se brouille, pour ne laisser plus rien. Je pose ma main sur son épaule, et il me donne le feu vert pour que nous puissions continuer. C'est parfait. Nous marchons, et peu importe la direction. Le neveu aux aguets, il semble se tendre alors que je ne reconnais rien de ce qui nous entoure.

Ow merde.

On est où, là ? On dirait un hôpital psychiatrique. Si le nouveau Samaël n'est pas plus âgé, son état signale tout de même un énorme changement. Je sais très bien que les Cambions en bave, quand ils sont jeunes, mais je ne m'attendais pas à ce que cela soit à ce point. Non, c'est forcément autre chose.

Samaël, le vrai, me dit de ne pas avoir oublié ce souvenir. Pourquoi est-ce qu'il fait partie du pack, dans ce cas ? Cette fois, je me tourne entièrement vers mon neveu, celui qui n'est pas enserré dans une camisole.

"Tu te souviens tout de cet internement ? Du début à la fin ? S'il y a la moindre chose qui t'échappe, cela pourrait être la clef."

La mémoire ne s'embarrasse pas de découper proprement, et je dois dire que cela est une grande aide pour moi. Très grande aide.

"Samaël, je me sens mal de t'avoir laissé vivre ça. J'aurais dû... Je sais pas..."

Ouais, son père aurait dû, mais ça n'a jamais été une excuse. J'ai toujours rattrapé les conneries de ce piaf à la con. J'aurais dû être là pour celle-ci.

"Bref, essaie de te concentrer, garde de la distance, et imagine que tu voies cela d'un point de vue extérieur."

S'il y a un traumatisme, autant l'éviter le plus possible... Et cet endroit à l'air d'être remplit raz-la-gueule de traumatismes en puissance.

Date d'inscription : 14/06/2020

Ni père, ni frère

Samaël Branfubh x @Baphomet

Samaël ne comprenait pas ce que ce souvenir faisait là. L’instant d’avant était doux, paisible et serein, le plus simplement… parfait. Un contraste des plus cruels avec la scène qui se déroulait sous leurs yeux. Il partagea son trouble avec son oncle qui semblait tout aussi perplexe que lui.

– Oui… enfin… Je crois… Ce n’est pas impossible que j’ai cherché à oublier des détails…

Il observa les liens, cherchant le moindre indice qui pourrait réveiller quelque chose. Il se souvenait pourtant de l’internement, de ses crises qui l’avaient menées à cette situation, du moins… il en était persuadé. Samaël chercha la clé de ce mystère, mais pour le moment, seul le bruit de son front raisonnait, couvrant les psalmodies que sa jeune version semblait murmurer pendant sa crise de démence. Il commença à se rapprocher, s’accroupissant pour mieux entendre, tentant de faire abstraction de la violence de son désarroi. Baphomet sembla sensible à cette détresse et tenta quelques paroles.

– Tu ne pouvais pas savoir… et puis, on ne revient pas sur le passé.

Il tentait de garder son timbre de voix le plus stable possible, mais replonger la tête la première dans tout ça… ce n’était pas le plus évident.
Toujours accroupi, il tourna alors son regard vers la version plus jeune de lui-même. Le bruit avait cessé, remplacé par un silence assourdissant. Le temps se suspendit un instant… puis sa jeune version lâcha un sanglot qu’il tenta d’étouffer comme il put, ses mains étant entravée. Un pleur profond, plein d’un sincère regret… et d’un chagrin puissant… Il le ressentit alors, ce trou béant dans sa poitrine.

– Ça… c’est nouveau par contre.

Il avait murmuré comme pour lui quand il perçut un nouveau son provenant de sa jeune version, puis quelques mots, terribles, qui glacèrent le sang de Samaël.

– Morte… Je l’ai tuée…

Il se tourna alors vers Baphomet et redressa la tête, le regard luisant d’une lueur de compréhension, mais également de chagrin. Il craignait de comprendre tandis que des émotions oubliées resurgissaient.

– Je crois savoir pourquoi ce souvenir est là… Celui que j’ai a été modifié…

Il se redressa alors et observa la porte qui se tenait devant eux, close.

– Il faut avancer…

Il ne formula pas encore ce qu’il soupçonnait… Pas tant qu’il en aurait la certitude. Il redoutait ce qu’il allait trouver mais il avait besoin de continuer… Il devait savoir.

Date d'inscription : 07/06/2020

Nous observons le "jeune" Samaël. Alors c'est ça qu'il a subi... L'actuel Samaël a l'air de prendre tout ça avec détachement, et plutôt bien. Tant mieux pour lui. Ceci dit, il n'a pas l'air de percevoir tout le traumatisme qui baigne cette pièce, ou alors, il l'a parfaitement accepté. Tant mieux pour lui, en un sens !

"Non, malheureusement. On ne revient pas sur le passé."

Moi et ma mémoire, on aimerait bien, des fois.

Puis, le souvenir se brouille, comme s'il n'était plus certain de l'ambiance qu'il devait prendre. En fait, il devient un peu comme l'autre, teinté d'un, je ne sais quoi de beaucoup plus sordide. Autant l'autre était romantico-romantique, autant celui-ci devient presque tragique. Le camisolé a un sanglot, et murmure un truc qui me cloue sur place.

"Il...a...dit...KWA ?"

Owshit.

Ah oui, ils ont balancé tous les souvenirs en vrac, et les ont compressés. C'est une méthode de sagouin, mais c'est efficace...

"Je t'en prie, après toi. Tu es dans un souvenir, la porte s'ouvrira."

Au pire des cas, la porte ouvrirait sur du blanc, ou du gris, cela dépendait des personnes.

"Attends... dis-moi ce que tu crains."

Parfois, verbaliser est sans doute la meilleure des choses avant de confronter sa propre mémoire. Ainsi, je saurai, et je serai plus à même de réagir.

Date d'inscription : 14/06/2020

Ni père, ni frère

Samaël Branfubh x @Baphomet

Samaël tenta de faire abstraction de ses doutes et préféra esquiver la première question de son oncle. Il avait entendu comme lui et avait probablement un début de réponse… Quant à lui, il continuait de cogiter, partagé entre l’envie de savoir et l’appréhension de découvrir la vérité. Alors qu’il s’apprêtait à s’avancer, les doigts légèrement agités, la voix de Baphomet se fit de nouveau entendre, cette fois il n’avait pas le choix. L’ignorer n’était pas envisageable. Il se décida donc à lui répondre sans pour autant quitter la porte des yeux.

– Je ne sais pas… c’est flou dans ma tête mais… Si j’ai été là… dans cet état…

Il lança un regard vers sa version plus jeune.

– Ce n’est pas juste à cause d’une énième crise… Si j’ai vraiment tué quelqu’un… j’ai peur de découvrir qui.

Ce genre d’acte était une chose qui marquait et Samaël n’en avait pas le moindre souvenir, c’était des plus frustrants.

– Mais je dois savoir…

La main soudainement plus sûre, il s’approcha de la porte et la passa pour atterrir dans une ruelle. Une ruelle banale parmi tant d’autres et pourtant, une sensation de malaise le saisissait : quelque chose de terrible s’y était passé… ou allait s’y passer.
Des éclats de voix se firent alors entendre, non loin d’eux, et Samaël sentit son sang se glacer quand il crut reconnaître la voix de sa belle inconnue.
Il échangea un regard avec son oncle avant de se précipiter vers la ruelle adjacente. Là, il trouvèrent la jeune fille, ainsi que la version jeune de Samaël. Ce dernier était aux prises avec des brutes dans une bagarre de rue particulièrement violente.

Date d'inscription : 07/06/2020

Il n'y a rien ici qu'un lecteur particulièrement attentif n'aurait pu deviner, et pourtant, je ne parviens pas à y croire. Pas Samael, pas sans une excellente raison. Il est dangereux, mais il n'est en rien méchant… au contraire ! Celui qui est à nos pieds n'est pas un assassin. S'il a tué quelqu'un, c'est pour une bonne raison, et s'il y a une bonne raison, alors pourquoi lui avoir fait oublier ?

Je secoue la tête. J'ai peur de deviner qui aussi. Nous devrions faire une pause, juste parler, mais nous continuons tout de même.

Notre décor change et je ne suis pas mécontent de me retrouver à l'extérieur… cependant, c'est là, comme un nuage invisible, que tous les traumatismes sont en train de s'agglutiner. Nous retrouvons le jeune Samael rapidement, ainsi que la jeune fille.

Le spectacle est presque… classique. Le copain qui intervient pour sauver sa copine.

“Pause”

Le souvenir se fige.

Samael n'a pas l'air en très bonne posture, et il part même assez perdant.

“Sais-tu ce qui va se passer, après ?”

À mon avis, il vaut mieux que je le prépare au pire. L'arrivée de quelqu'un, une agression… probablement la mort.

“Observe bien la scène, imprègne t'en, avant qu'elle ne s'achève.”

» Le petit frère (Nathan)
» "La jalousie est la sœur de l'amour, comme le diable est le frère des anges." {Beitrisha}

RP

Ni père, ni frère.