you've used my life (salomon&al)

Date d'inscription : 07/08/2019

Le prêtre se renfrogne lorsqu'il passe les portes du musée pour y pénétrer. Féru d'art, notamment la peinture et la sculpture, sa venue n'est pas la première, et ne sera pas non plus la dernière. L'homme derrière le guichet le reconnaît d'ailleurs tout de suite et se permet de le saluer d'un coup de tête respectueux. Rien, mise à part le pins qu'il porte, ne porte à croire qu'il est un homme de Dieu. Lorsqu'il sort en civil, ce n'est qu'avec sa petite croix en argent accroché à sa veste noire. Il la porte en tout temps, même quand il n'est pas le bienvenue. Cela fait longtemps que le père Alonso a mis de côté la peur et la timidité. L'âge l'a rendu impétueux et blasé.

Le prêtre soupire à mesure qu'il avance dans les dédales du musée, là où personne ne le suspectera de rencontrer un démon, pas même les meilleurs agents de l'ICV, si jamais cette dernière s'intéresse tout d'un coup à ses hobbies et occupations. Ses yeux parcourent nonchalamment les sièges et canapés vides qui meublent les salles, et sont fait pour mieux apprécier une œuvre d'art en particulier. Parfois, dans ses heures libres, il vient contempler avec attention et silence un tableau où il aime s'y perdre. Cela fait passer le temps de façon productive et intéressante.

Le prêtre se raidie, car ses prunelles viennent de se poser sur une silhouette qu'il reconnaîtrait parmi des centaines. Le démon est assis en face d'une oeuvre de la Renaissance. Pourquoi ici ? Le père Alonso l'ignore encore, même après tant d'années à fréquenter Salomon Grass. Le type est spécial, et l'a entraîné dans une sorte de spirale vicieuse, alors il évite de poser des questions personnelles. Il évite de s'attacher, de montrer ne serait-ce une once de compassion à son égard. De toute façon, le démon ne le lui rendrait point, alors pourquoi se fatiguer ? D'un regard noir, le prêtre vient silencieusement s'assoir aux côtés de la perche blonde, puis il porte un regard dans sa direction après avoir notifié l’œuvre à laquelle ils font face. Drôle de visage et de physique pour un démon. Mais là encore, Alonso ne s'y connaît pas assez en la matière pour pouvoir juger correctement.
« Vous vouliez m'voir ? »
L'homme d'église mâche ses mots, les yeux dans le vide, le coeur en apnée. Cela fait longtemps qu'Alonso a perdu sa fureur de vivre, de se battre. Il a appris comment fonctionne les rouages de ce monde et a décrété que ce dernier n'a pas besoin de ses sermons, de son attention, ni même de ses efforts.

Il n'y a plus aucune rédemption.

Date d'inscription : 26/03/2019

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I'm not man enough to be human
But I'm trying to fit in and
I'm learning to fake it

Aussi certain que la Muse effleure votre épaule de sa divine inspiration, il n’est désormais impossible de fermer les yeux sans voir son image me sourire à l'ombre de mes paupières. Elle est de toutes mes pensées, de tous mes raisonnements. Il n'y a nul instant où je ne m'égare pas à la lisière de sa chevelure d'automne ou sur le cap de son nez magistral. Oisillon fébrile que cet Agneau qu'une institution imbécile souhaite sacrifier aux flambeaux de son dogme. L'opium du peuple, dira-t-on.
Je ne suis pas le peuple.
Je suis Salomon Buër Grass, Grand Jardinier des Enfers, Maitre des Maladies et de la Botanique, démon allégeant des Cauchemars et des Folies. Je cultive le pavot depuis assez longtemps pour savoir qu'il n'y a aucune vertu à en abuser. La religion n'est qu'une stupide entreprise d'hypocrisie étayée par les mensonges les plus absolus. Si Jhaelynra est un Agneau, tous ces croyants sont les moutons bêlants d'un troupeau légiféré par des Loups.

Et puis, je ne souhaite pas la partager.
Opium ou barbecue, c'est ma fée !

"Celui qui résiste à son penchant, et qui le combat dès l'origine, est toujours assuré de le vaincre. " nous dit Sénèque. Sans doute ne manque-t-il pas de sagesse, mais pour fourbir les armes de la résistance, la connaissance me semble primordiale. N'est-ce pas une forme de lutte que de mieux étudier le cadre de son obsession personnelle ? Je ne me sens pas dans mon tord, en tous les cas. Je me trouve même très pertinent, "ma foi".

Assis devant un portrait signé de Renoir -une des pièces maîtresses de ce Musée d'art de tierce zone- je contemple la vibrance des couleurs sublimes de cette "Jeune fille au Chapeau de Paille". Il y a dans le fauve de son opulente capillarité, un je ne sais quoi de Jhaelynra.

Jeune fille au Chapeau de Paille:

Une présence nébuleuse vient prendre place sur le même banc. Inutile de tourner la tête pour savoir de qui il s'agit. Le sifflement caractéristique de ses poumons, la viscosité de son système sanguin, l'état déplorable de son foi m'indique que le père Alonso de la Vega me fait la joie de sa présence.

- Vous vouliez m'voir ?
- Allons, mon père, où sont donc passées vos manières ? On dit "Bonjour, Monsieur Grass, quelle plaisante surprise de vous rencontrer inopinément dans ce lieu de savoir et de ravissement !" Je laisse filer un silence avant de finalement poser mon regard sur sa disgrâce. Mon cher, vous me paraissez encore plus anémié que la fois précédente. Vous n'allez guère faire long feu en persévérant dans cette asthénie. Dois-je veiller moi même à votre équilibre alimentaire ? Je croyais que les hommes adultes n'avaient nul besoin de ce genre de supervision... fais-je avec un haussement de sourcil sincèrement surpris.

Date d'inscription : 07/08/2019

Alonso attend la réponse du démon en rapatriant ses poignes sur ses vieux genoux. Une pose qui l'empêche d'avoir mal au dos après s'être assis plusieurs minutes sans bouger. Le mouvement en avant fait découvrir sa croix, dissimulée sous sa chemise et à présent attiré vers le sol par la force de gravitation. Il n'y fait pas vraiment attention, même s'il a l'habitude de la ranger précieusement contre la peau de son torse, à la demande de nombreux laïcs qui ont déjà croisé son chemin. Le symbole semble choquer et déranger beaucoup de monde. Le nombre d'athéiste le déstabilise parfois au point de se demander ce qu'il fout dans son église, à continuer de la faire vivre. Qui peut bien leur en vouloir ? Le monde qu'ils connaissent part déjà en merde. Le monde qui fait rage sous Terre anéantirait toute foi, quelqu'elle soit, toute once d'humanité en l'être humain. Alors mieux vaut le leur cacher, continuer de les aveugler. Le prêtre fait parti de ceux qui savent et qui doivent vivre avec ce savoir, essayer d'arranger ou pas les choses.
Pour sa part, la rédemption est loin derrière lui, il n'y croit plus, coincé entre l'IGV et un démon à qui il a vendu son âme. Et pas n'importe lequel. Salomon Grass est un specimen des enfers qui le rend encore plus dangereux et effrayant. Al a appris à s'y faire, mais le voyage a été spécial. Un peu comme cette toile que le blond ne cesse de fixer. Une jeune fille aux cheveux de feu. Le dessin est presque enfantin, indigne d'un démon, on penserait. Pourtant, Salomon y a jeté son dévolu.
Ce dernier le remet à sa place, lui dictant les bonnes manières à avoir avec les autres, ce qui rend le père Alonso encore plus blasé. Il lève les yeux au ciel, discrètement, alors que son regard se durcit. Arrête les conneries et dis-moi, qu'on en finisse. « Le sentiment n'est pas vraiment réciproque. » Depuis le premier jour de leur fortuite rencontre, l'espagnol s'est toujours montrer franche à son avis. Il est après tout aller le voir contre son gré, il ne se fait donc pas prier pour lui rappeler l'ironie qui réside dans leur relation.
Anémié ? Vraiment ? Le brun est aussi surpris que le démon face à cette révélation. D'un coup d'oeil, il regarde ses cuisses et sa ceinture, et remarque en effet qu'il la resserré peut-être un peu plus que d'habitude. Un froncement de sourcil se perd dans son visage, peu enclin à partager ce détail avec Salomon, mais il n'a pas le choix. Il l'a eu fut un temps, il aurait pu refuser, tourner le dos au démon, mais ne l'a point fait. Et maintenant, il doit vivre avec ce fardeau sur les épaules. Le prêtre finit donc par hausser des épaules et se remettre dans sa position initiale pour le bien-être de sa colonne vertébrale et de ses reins. « On n'en a pas besoin en effet. » Salomon et toutes ses frasques sur la nature humaine. Alonso ne s'y fera jamais... il a parfois l'impression de n'être qu'une fourmi à ses côtés. Une fourmi que le blond dissèque et surveille comme un rat de laboratoire. C'est à la fois intimidant, gênant et énervant. « Je pète la forme, ça ira très bien. » Le sarcasme tranche les mots à coup de rasoir. « Vous m'avez demandé de venir pour parler diététique ? » Alonso lui rappelle ce pour quoi il s'est déplacé. Il veut en finir le plus rapidement possible afin de ne pas éveiller le soupçon du personnel de l'église, et aussi pour se débarrasser de ce rendez-vous qui n'éveille en lui aucune excitation.

Date d'inscription : 26/03/2019

Alonzo, mon pauvre et désespéré petit moinillon. Sous ses oripeaux de rustre se cache toujours le petit garçon qui contemple son genou égratigné après la chute. Un enfant un peu trop tendre, je suppute, pour admettre que les rêves sont aussi fragiles que du verre.
La preuve en est : il attache toujours le sien autour du cou.

- Allons allons, cessez vos bougonneries infantiles mon père. Vous allez finir par contracter un ulcère. Je lui prend le menton d'un air paternel. Vous êtes encore vaillant : cultivez votre fougue à quelque chose de plus productif, de plus positif pour votre âme damnée.. La vie est courte mon ami, vous le savez mieux que moi.

D'un geste désinvolte, j'abandonne son poil pour cueillir la breloque dont il est toujours entiché. L'objet a cessé d'être sacré il y a fort longtemps, et ne me laisse pas l'ombre d'une marque. A moins que je ne me sois fait trop vieux pour ces banals artifices.

- Vous m'en voulez encore, après toutes ces années ? Il faut passer à autre chose mon enfant, aller de l'avant.

Je m'écarte avec un sourire conciliant, de ceux qu'on arbore face à un bambin inconsolable.

- Vous êtes venu à moi de vous même pour requérir mes lumières et, de fait, je ne vous ai jamais forcé à rien. Qu'y puis-je si la vérité vous est intolérable, sinon veiller sur vous comme je le fais ?
- Je pète la forme, ça ira très bien.
- Grand bien vous face, je ne bafouerais plus votre virilité!

Je reprends ma contemplation de la belle campagnarde et de sa délicieuse chevelure.

- Vous m'avez demandé de venir pour parler diététique ?
- Scorbut, non ! J'imagine que vous consommez déjà cinq fruits et légumes par jour. J'aimerais m'entretenir avec vous de feu votre appartenance à L'Institut de Cryptozoologie du Vatican. J'aimerais mieux saisir le rôle de celle que vous avez ironiquement baptisé "Agneau Suprême".

Date d'inscription : 07/08/2019

Arrêter. Arrêter. Et si c'est tout ce qu'il me reste ? Regarder la vie sous un angle beaucoup plus sarcastique pour ne pas tomber dans le désappointement, la déception ? Cela fait maintenant quelque temps que Alonso a laissé à la trappe l'espoir dont il était empli, jeune prêtre. De l'eau a coulé sous les ponts, il vécu des épisodes et témoigné d'autres qui l'ont quelque peu détourné de sa foi envers l'humanité et le monde tel qu'il le percevait dans le passé. La Terre, sur laquelle il vit et qui n'est qu'une infime beauté du Cosmos, n'est pas celle dont on lui a parlé durant toute son enfance et adolescence. Lorsqu'il a découvert la partie sombre qui y régnait, la Pandémonium où des créatures pire que le Diable en personne se dévoue à envahir la surface au lieu de rester confiné dans ses sous-sols, le père Al n'a pas tenté de nier ses croyances. Cela ne servait à rien, et il en avait trop vu, tel Saint Thomas, pour continuer à vivre dans le déni.
Plus le démon à ses côtés l'amène à goûter à sa vie d'âme condamnée, plus il se renfrogne, incapable d'assumer son toucher presque paternel. Il est inutile de prétendre vivre une vie agréable, même s'il est accouru auprès de cet être démoniaque qui lui tient le menton entre ses doigts fins et malléables. Il lui donne ce dont il a besoin pour ne pas se détourner de son amour pour l'homme cloué sur la croix, il réfrène ses pulsions sexuelles envers les autres mâles, mais ses faveurs ne vont pas plus loin. Et c'est très bien comme ça. « Ça ne sert à rien de se voiler la face quand on a déjà vu ce qui se trame en bas et sur Terre. » Cela fait un moment que l'Enfer coexiste avec le paradis sur Terre, mais jamais il n'aurait cru que la situation serait aussi critique. Vampire, Loup-garou, polymorphe, et autres créatures marchent sur le globe et détruisent en général beaucoup sur leur passage. Une raison qui l'a poussé à rejoindre l'ICV. Le destin avait ensuite voulu le mettre sur le chemin de ce Salomon Grass. Tout ça pour un homme qu'il avait trop aimé et qu'il devait oublier. « J'y suis toujours. », balance-t-il cette information précieuse sans vraiment y prendre attention. Une information ou deux, quelle différence maintenant qu'il s'est embrigadé avec cet hurluberlu. Ce dernier lui demande d'ailleurs plus de détails sur l'Agneau Suprême. Alonso a l'habitude avec Salomon de lui donner des réponses bien futiles et étranges en échange de son service. « L'agneau, c'est l'égérie, le visage de l'ICV. Vous lui voulez quoi ? » Le prêtre lui demande directement l'objectif de tout ce question à propos de miss Korobæl. Il a beau être nécessiteux, il n'est pas désespéré au point de vendre la mèche d'une innocente à un démon, quel qu'il soit. « Vous posez toujours les mauvaises questions, vous savez ? Je vois pas ce que ça va vous apporter... », lâche-t-il finalement, frustré par le comportement et la curiosité étrange de Salomon Grass. Il hausse les épaules par la même occasion afin d'appuyer ses propos.
Devant leurs yeux s'étend la peinture qui prend soudainement un peu plus de sens. Jhælynra Korobæl... quel nom imprononçable.
Rousse, juvénile, à la beauté naturelle. Comme cette jeune fille au chapeau de paille.
Ce ne peut être une coïncidence. Le prêtre lève un sourcils avant de glisser sur le banc pour mieux surveiller les traits du démon. « Non, sérieusement, vous lui voulez quoi à cette pauvre fille ? »

» Run. Run for your life // feat Beitris
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RP

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