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 [Décembre 2020] Les racines de la liberté {Jhaelomon}

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Salomon Grass
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"La liberté est une plante qui croît vite,
une fois qu'elle a pris racine."

[George Washington]

"La raison peut nous avertir de ce qu'il faut éviter, le coeur seul nous dit ce qu'il faut faire." Cette citation de Joubert me revient souvent ces temps-ci, comme une conclusion singulière au marasme de mes pensées.

Je souffre d'une affliction bien étrange.

Depuis ma rencontre avec Jhælynra Korobæl, j'éprouve une forme de fièvre qui m'embrume l'esprit. L'arythmie de mon pouls, les palpitations cardiaques, la montée brusque des températures n'en sont que les plus simples expressions. Je suis incapable de me concentrer plus de quelques minutes sans divaguer : le moindre stimulus me renvoie à sa chevelure d'un roux flamboyant, au cap fabuleux de son nez, aux miroitements somptueux de ses iris, à la suavité de son timbre... Une fleur, un mot, une cliente lui ressemblant de trop près, tout semble prétexte à mon cerveau pour me conduire sur les chemins de son souvenir. Certains symptômes s'avèrent déplaisants ou incongrus, comme ce fameux matin où je découvris que mon corps pouvait suppurer de la plus humaine des façons. Quel embarras de se confronter à sa propre sève pour la première fois.
Mon subconscient ne me laisse pas de répit.
Depuis le mois de mars, je cherche après elle, espérant un retour impromptu dans ma boutique. La chose ne s'est pas reproduite. J'ai attendu, je me suis morfondu, j'ai atteint des pics encore inconnus de mélancolie ou d'irritabilité. Dysdérie en fait les frais. Sizreïs la venge au centuple. Je suis un démon bien mal servi, que Diable !
Je lui ai écrit des lettres. Jamais plume ne fût aussi lyrique. J'ignore si elle les a reçue, si même elle les a lu. L'Agneau du Seigneur est étroitement surveillée. Alonso m'en a apporté confirmation.
Quand d'aventures, l'hyperthermie se fait trop intense, j'entre en "conversation" avec les plantes vertes qui ornent sa chambre. Je peux alors entrevoir son quotidien, attraper un peu de sa personne, de son empreinte, de son odeur, capter le même oxygène qu'elle.

S'en est passablement ridicule.
Je m'en suis rendu parfaitement compte en produisant une nouvelle espèce d'iris rose orangée que j'ai baptisé Jhælynra.

Ne sachant comment me soigner - Moi, Buër, le Jardinier des Enfers, le Maitre de toutes les maladies, quelle ironie ! - je m'en suis ouvert à mon Ainée. Asmodée m'a ri au nez. "Amoureux" tel a été son verdict péremptoire.
Amoureux, moi.
Amoureux.

Grotesque!

J'ai alors écumé toute la littérature romanesque, la poésie, le théâtre, le septième art dit "à l'eau de rose" à des fins d'études. Dysdérie s'est prêtée avec joie à l'exercice et nous avons scrupuleusement noirci des cahiers entiers d'observations. Force est de constater que mon frère a peut être raison.

Je suis amoureux.

Quel remède pour pareil mal ? Quel perspective pour enrailler sa progression ? Romeo s'en va confronter Juliette pour lui jeter son adoration juvénile à la face. Peut-être devrais-je en faire de même, et ingurgiter ensuite du poison. Ô coeur ingrat, ne peux-tu point laisser ma cervelle en paix ! J'ai tant de travail et une épidémie à comprendre et endiguer. Je ne puis ainsi me laisser infatuer par cette jeune bigote.
Cette adorable humaine.
Cette délicieuse enfant.
Cette âme si tendre..
.
Voilà que j'en deviens parfaitement stupide ! Pour le salut de mon cerveau, il me faut agir. Et vite ! "L'amour au désespoir ne voit rien d'impossible." avait coutume de dire ce cher Quinault. Dommage qu'il fût français.

Voilà pourquoi, je me trouve assis sur le rebord de son lit, à la regarder paisiblement dormir, sa chevelure noyant les oreillers d'or rouge, sa poitrine soulevée par le souffle candide d'un sommeil profond. Elle vit dans la plus haute tour du monastère investit par l'Institut Cryptozoologique du Vatican. Si les lieux ont été protégés contre les intrusions démoniaques, l'édifice est bien plus ancien et soumis à des divinités plus antiques que le petit barbu sur sa croix. Mon frère est l'avatar d'Odin : ça aide à favoriser l'heureux concours de certaines divinités celtiques locales. Avant d'ériger un édifice chrétien, ces pierres ont accueilli un temple à la gloire de Airmed, Déesse de la Médecine et des Plantes médicinales. Une consœur, en quelque sorte.

Je me penche vers Jhælynra et lui caresse délicatement la joue.

- Jhælynra, ma douce amie... réveillez-vous.

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Jhælynra Korobæl
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Il était plus de vingt heures et comme tous les soirs depuis un certain mois de mars, la belle Jhaelynra regardait par la fenêtre, pensive. Assise sur une modeste chaise en bois, dans sa petite chambre de l'ICV, elle avait le menton dans sa paume et son coude sur son genou, les yeux levés vers le ciel qui noircissait, parfois à vue d’œil, en fonction des saisons. Une mélancolie qui ne l'avait plus étreinte depuis le décès de sa mère et elle avait du mal à la gérer.
Salomon, maître Jardinier de l'Herbe folle, hantait son esprit pur et fait de douceur. Son échange avec lui, sa rencontre ou même certains de ses dires, tournaient en boucle dans sa tête creuse, au visage surplombé de son éternelle frange rousse. Pourtant l'Agneau était resté plus que professionnel et même très impliqué dans ses devoirs : il fallait qu'elle aide, qu'elle rassure, qu'elle montre toujours combien le monde cherchait à s'élever et, depuis que cette épidémie avait fait des ravages, il avait fallu orienter certains discours dont elle en faisait l'obole. Ses mains tendres venaient caresser le visage des démunies, des désespérés et des apeurés alors que son sourire bienveillant les enveloppait d'une certaine douceur.

L'été avait été une période plutôt faste en événements et les apparitions télévisées sur la chaîne de l'ICV n'étaient plus aussi rares. Elle recevait parfois quelques lettres, d'autres s'arrêtant à sa frontière personnelle érigée par ceux qui étaient là pour la protéger. Tout ce qui pouvait lui donner envie de mettre le nez dehors était banni et s’il y avait quelques fidèles amourachés, il fallait être sûr que leurs écrits finissaient certainement brûlés ou enfermés, dans le meilleur des cas. Ainsi, bien qu'elle ne s'ennuyait pas, cette jeune femme était éperdument seule. Elle n'avait, dans sa chambre, que quelques livres qu'elle lisait en boucle et sinon elle peignait quelques natures mortes sur de petites toiles qui lui étaient données au compte-goutte. Elle ne devait se perdre dans aucun hobby.

Lorsque les citoyens tombèrent malades, que certains endroits fermèrent et que des barrages militaires furent montés à certains endroits de la ville, Jhaelynra ne put s'empêcher de penser à l'état de santé de ce gentil jardinier. Comment allait-il ? Il fallait qu'elle sorte pour en avoir le cœur net, mais c'était peine perdue : la sécurité avait été renforcée et elle n'avait aucun droit de sortie. Elle ne pouvait prétexter vouloir se recueillir sur la tombe de sa mère, car cela n'était pas dans ses habitudes. Non, elle devait attendre, et prier. Ce qu'elle faisait toute la journée, en réalité. Elle trouva alors un peu le repos dans des versets de la Bible, comprenant qu'il fallait qu'elle attende, qu'elle ne se fasse pas hâtive. Elle décousait et recousait certains de ses vêtements, transformant son pyjama d'hiver en pyjama d'été et vice versa...

La magnifique fleur dut rester deux bonnes heures à flâner dans son esprit, assise sur cette chaise, en attendant que le temps passe. Si d'aventure certains avaient aimé lui rendre visite, c'était dorénavant interdit et là où elle habitait, au sommet de la tour, elle n'entendait rien. Si elle ne se parlait pas, elle vivait dans un silence permanent. Du reste, elle passait des nuits calmes, c'était le moins qu'on puisse dire.

Les songes l'avaient déjà enveloppé. Jhaelynra était enrhumée et avait de la fièvre. Elle avait aussi chaud que froid et c'était pour cela qu'il faisait assez chaud à son étage. Si bien, qu'elle dormait étendue sur les couvertures, sa petite tenue courte en satin foncé épousant ses courbes laiteuses. Une main sur son ventre dévêtu et l'autre au-dessus de sa tête, son dos était enfoncé dans le matelas et ses cheveux dans les différents oreillers. Mais cet état paisible se dilapida petit à petit. On était en train de la toucher, de l'éveiller alors que dehors, la lune était encore haute dans le ciel.

« Hum... ? »

Une petite voix légèrement cassée sortant d'un profond sommeil et des membres qui commencèrent à s'agiter lorsqu'elle comprit que quelqu'un se tenait là, assit, juste à côté d'elle.

« Aah ! »

Elle toussa légèrement, atteinte de ce mal hivernal. C'était la première fois qu'elle vivait ça, qu'un intrus s'introduise chez elle sans aucune vergogne. Jamais aucun de ses détracteurs ou, au contraire, de ses admirateurs n'avaient pourtant réussi. Comment celui-ci avait-il fait ?

« Que... Qui êtes... vous ? »

Apeurée elle se réfugia dans l'angle du mur auquel son lit était collé, avant de cligner des yeux, frottant ses orbes émeraudes. Avait-elle la berlue ?

« Monsieur... Salomon ? »

Rêvait-elle ? Surement, mais c'était trop agréable pour qu'elle ne s'arrête là ! Tentant alors le tout pour le tout, la jeune fille poussa sur ses jambes pour se jeter dans les bras de son jardinier adoré. Elle s'assit sur lui pour mieux l'étreindre, l'émotion dans la voix.

« C'est vous... Je suis... tellement heureuse que vous alliez bien... » chuchota-t-elle, ravie que la sécurité ambiante n'ait pas entendu son cri d'effroi « Oh attendez je... »

La rouquine se décala et s'étira pour attraper un mouchoir en papier sur sa table de chevet et y éternuer dedans.

« Je suis désolée, je suis tombée malade cette semaine et je n'arrive pas à guérir... Oh ! Il ne faudrait pas que je vous le transmette ! »

Elle jeta alors son mouchoir et se nettoya les mains avec la solution hydroalcoolique qu'elle gardait à proximité. Le protocole était, là aussi, assez strict concernant son hygiène de vie lors de ses états de fatigues les plus intenses.


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Salomon Grass
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Quelle merveilleuse créature !
Quelle fleur délicate !
L'albâtre de son teint accroche le peu de lumière lunaire à travers les carreaux des fenêtres. Les peintres vendraient leurs âmes à Astaroth pour obtenir le droit de caresser pareille beauté des yeux. Et moi, Démon plus que chanceux, me voilà à son chevet, le palpitant en émoi, l'esprit balbutiant quelques rimes absconses. Me revient alors les paroles de ce fat de Hugo : “Aucune grâce extérieure n'est complète si la beauté intérieure ne la vivifie. La beauté de l'âme se répand comme une lumière mystérieuse sur la beauté du corps.” Sur ce point, je ne puis lui donner tord. Jhaelynra rayonne d'une joliesse mystérieuse et sublime, comme si elle avait ingurgité tous les astres radieux de l'univers.
Néanmoins, je note que comme ce bon vieux Victor, elle souffre de quelques congestions pulmonaires qui lui encombre bronches et naseaux. Il va me falloir y remédier.

Ô mais voilà que la belle endormie s'éveille...

- Que... Qui êtes... vous ?
- Ne craignez rien, merveilleuse Jhaelynra, ce n'est que moi, Salomon, votre serviteur le plus humble
, fais-je avec un baise-main aussi courtois que l'amour qui me foudroie.
- Monsieur... Salomon ?

Est-elle effrayée, rebutée, offusquée de mon audace ? Que nenni ! Elle se jette dans mes bras, m'assaillant de son parfum entêtant et du velouté de son derme.

- C'est vous... Je suis... tellement heureuse que vous alliez bien...
- Vous vous inquiétiez pour moi ?
Une chaleur inconvenante monte du creux de mon thorax jusqu'à mes pommettes. Je suis simplement heureux de vous voir... Je souris comme un imbécile heureux. Quelle délicieuse vilénie !
- Oh attendez je... Le contact est rompu, comme la magie de l'instant, en éternuant dans un mouchoir. Ma tachycardie m'incommode furieusement, cependant : même en pleine expectoration, elle est absolument délicieuse. Je suis désolée, je suis tombée malade cette semaine et je n'arrive pas à guérir... Oh ! Il ne faudrait pas que je vous le transmette !
- Jhaelynra, ma délicate fleur des champs, cette serre vous étouffe et vous étiole. J'ai le remède qu'il vous faut : la liberté ! Je suis venu vous soustraire à cette prison pleine de germes et de désolation pour vous ramener avec moi, dans ma demeure, mon jardin et j'oserais même l'affirmer : ma vie. J'ai tant besoin de vous à mes côtés, Jhaelynra. Depuis notre rencontre, je n'ai que votre image à l'esprit, votre incroyable sourire, votre beauté vivide...
L'émotion m'étreint et fait quelque peu gondoler ma voix. Mon coeur saigne de vous savoir enfermée dans cette tour d'ivoire, avec la solitude comme seule compagne. Emportez Dieu avec vous, si cela est nécessaire, votre foi peut vous suivre n'importe où, mais venez vivre avec moi ! Je vous soignerais de tous les maux de ce monde. Je vous en conjure !

Et comme pour joindre le geste à la parole , j'embrasse ses paumes avec la ferveur d'un croyant. Le contact de mes lèvres avec les pores de sa peau ouvre la voie à d'imperceptibles rhizomes qu'elle ne peut déceler. Ils s'insinuent en elle, purge le mucus, libèrent sa respiration, lui rendent la santé. Invariablement, ce genre d'acte s'accompagne d'une sensation de bien être due à la libération brutale de sérotonine dans ses terminaisons axonales. Je plonge mon visage entre ses doigts pour masquer la luminescence fugace de mes vertes prunelles.

- Venez avec moi, je ne peux pas vous laisser ici... Je ne le veux pas...
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Jhælynra Korobæl
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Il l'inspirait.
Cet homme inspirait la petite fleur. Il lui donnait des envies d'ailleurs, des envies impies. Des choses qu'elle ne pouvait se permettre et, pourtant, qu'elle ruminait depuis presque un mois. Il redonnait du rouge à ses joues et des battements à son coeur. Elle se sentait légère malgré la maladie, voletant dans un nuage de coton fait de leur bienveillance.

Jhaelynra s'était rappelée, dans les moindres détails, sa visite chez lui, dans sa serre, son antre. Elle n'avait pas eu peur comme on lui avait pourtant apprit. Elle n'avait pas pris cet homme pour un prédateur, non... pas lui. Elle ne saurait l'expliquer. Tout ce qu'elle voyait là, c'était un lyrisme onirique, qui sortait de cette bouche bien trop belle pour être vraie.

Les pupilles de la belle étaient écarquillées à leur maximum pour mieux distinguer l'albâtre dans cette pénombre. En se rendant compte de sa petite tenue, elle croisa les bras devant sa poitrine pendant leur conversation, mais Salomon était bien plus accablé par son état de santé en ces lieux : elle dépérissait et il le voyait. Cet être à qui rien n'échappait quand ça la concernait.

Sa petite frange en vrac sautilla quand il bougea ses jambes et elle glissa un peu plus vers lui. Alors elle souffla dans un hoquet :

« Vous vous inquiétiez pour moi ? »
« Oui, je me faisais beaucoup de soucis... La pandémie n'épargne personne et j'avais peur qu'elle ne vous trouve. Moi, Dieu me protège mais vous... »
« Je suis simplement heureux de vous voir... »
« ...et moi donc. »

Elle ne voulait pas l'offusquer, mais elle savait qu'il n'était pas très pieux. Il lui avait tenu des propos, si ce n'était très engagés, particulièrement incisifs quant aux dogmes et religions qui étaient priées en ce bas monde. Pourtant, la joie qui l'ensevelissait à ce moment-là, n'avait cure de savoir s'il priait Dieu ou non. Il était et c'était tout ce qui comptait...

Lorsque le jardinier saisit ses mains, le petit bouton leva les yeux vers lui, accompagnant ce geste d'un regard, non sans écouter attentivement les sons chuchotés qui sortaient de sa gorge. L'Agneau ne savait pas trop ce qu'il se passait au creux de son ventre ou dans son cœur. L'un avait l'air chauffé à blanc et l'autre était simplement fou. Mais elle ne se laissa pas déconcentré, bien au contraire, complètement hypnotisée par l'humain -qu'elle croyait- qu'elle avait en face. Ses lèvres sur ses doigts lui firent un bien incommensurable. Là encore, quelque chose d'insondable se déroulait sous ses yeux et elle aimait ça. Elle aimait sentir ces picotements dans son échine, qui laissaient place à une sensation bien plus douce et chaleureuse.

« Mais je... »

Il lui avait coupé le souffle.

« C'est si... Inattendu... »

Sa posture changea, comme un peu plus distante. En fait, elle était surprise, légèrement effrayée. Pour autant, elle ne quitta pas ses cuisses, tout comme ses prunelles les siennes.

« Salomon mon ami... il est impossible pour moi de partir... Je suis... J'ai des responsabilités ici. On va me chercher dans toute la ville et... et imaginer qu'on vous fasse du mal dans le seul but de me retrouver me rend malade. Je suis destinée à rester ici et... et personne ne peut rien y faire. Ni vous, ni moi. C'est déjà un miracle que personne ne vous ait vu entrer... »

Elle ne savait pas comment il avait fait.
Jhaelynra baissa sa petite tête, soupirant devant cette évidence : oui, elle était enfermée. Enfermée et prisonnière. Elle avait des devoirs, elle devait aider les autres, le peuple. Que ferait-il sans elle ? Alors elle redressa ses iris traduisant sa confusion.

« Que... Que vont faire les fidèles, sans moi ? Rouge... Balthazar... Ils vont être furieux si je m'en vais... Je... »

Quel choix cornelien ! S'enfuir avec cette beauté gracile qui fait rugir son cœur ou rester et servir ses devoirs ? Elle ne savait pas, elle n'en savait rien et prise de toutes ces émotions, elle fourra son visage dans ses mains, complètement à la merci du démon qui, pourtant, ne souhaitait que son bonheur.
Leur bonheur.
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Ah.
Voilà quelque chose que je n'avais pas prévu. D'après mes études documentées, la demoiselle doit être au mieux ravie de son rapt, au pire suffisamment déboussolée pour faciliter l'enlèvement à son amant. J'ai pourtant suivi le script le plus souvent élaboré en la matière : visiter la belle de nuit, la surprendre dans son sommeil, lui faire une déclaration ampoulée... La suite logique aurait due être une approbation pleine et entière. Certes, je ne suis pas sot, j'escomptais bien quelques embûches, mais pas en provenance de ma promise.
Réfléchissons.
Je suis un démon de réflexion, après tout, même si, ces temps derniers, elle tend à s'oublier en billevesées romanesques.
Je caresse la peau de pêche de ses joues, glisse une mèche de sa chevelure, derrière son oreille. Bien qu'il s'agisse là d'une manœuvre pour gagner du temps, je ne peux m'empêcher de laisser mes doigts se noyer avec délice dans cette soie rousse.

- .......

Concentre-toi, Buër.
Cesse d'être aussi éthéré qu'un Coquelicot !

- Vos responsabilités valent-elles que vous viviez enfermée, dans la solitude monacale d'une martyre attendant son exécution ? Vos fidèles, j'en suis certain, ne seront que plus heureux et plus apaisés vous sachant vous même en proie au bonheur. Et je suis l'artisan de ce bonheur ! Cette "Rouge" et ce "Balthazar", où sont-ils alors que vous vous consumez de fièvre dans cette chambre, enfermée à double tour ?

Sans réellement m'en rendre compte, mon timbre s'est exalté, j'ose la presser contre moi avec une ferveur audacieuse.

- Ne suis pas là, moi, amoureux et transi, à vos pieds, mon coeur offert en pâture à vos mains exquises ? Je presse ses doigts de fée sur mon torse palpitant hardiment. Ô magnifique fleur, divine et cruelle que vous êtes, dois-je rebrousser chemin sans vous cueillir et laisser mon amour s'écorcher sur vos épines ?

Je me découvre une âme de poète dont j'ignorais tout.
Ceci étant, il serait judicieux de ne pas finir comme l'un d'eux : Rimbaud a tiré sur Verlaine avant de s'adonner au trafic d'armes, Baudelaire a été condamné pour outrage aux bonnes moeurs, et Apollinaire est mort de la grippe espagnol (une création personnelle qui a su réguler la surpopulation mondiale et remplir le Bureau des âmes, mais dont je ne suis pas spécialement fier.). Tâchons d'être lyrique sans pour autant nous abîmer dans le pathos. Les humains n'ont jamais su se mesurer...
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Jhælynra Korobæl
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Elle regarda l'être aimé. Parce que oui, elle l'aimait. Et elle avait arrêté de se mentir il y avait quelques jours déjà. Jhaelynra fut surprise par son silence, projetant le fait qu'elle l'avait offusqué, très certainement vexé même, elle ne savait pas. Elle se recroquevilla un peu, mal à l'aise. Dans sa tête, toutes les solutions possibles et inimaginables filèrent. Peut-être devrait-elle prévenir Rouge ? Ou encore simplement demander des heures de sorties plus fréquentes ? L'idée de juste partir, sans demander son reste, la tenta oui... mais c'était soudain, abrupt, sans temps de réflexion. Elle n'était pas n'importe qui, elle était l'Agneau, elle avait des devoirs.

La petite fleur se transforma en pivoine lorsque Salomon se permis de la rapprocher de lui, de la faire glisser sur ses longues jambes, pour que leur corps ne se touche presque. Quelque chose sursautait en elle, à chacun de ses contacts et son cœur faillit s'arrêter lorsqu'il retira ses mains de son visage pour venir les poser sur son torse plat. Elle n'avait pas le droit de toucher un homme de la sorte. Elle faisait le pire des outrages à tout l'ICV et surtout, à Dieu.

Gênée, la rouquine tenta de se soustraire à cela pour placer ses mains à un endroit plus chaste. Elle enroula ses bras autour d'elle, comme pour évoquer une sensation de fraîcheur liée à la fenêtre restée ouverte. Elle défaillit cependant lors de sa déclaration d'amour et de dévotion. Il aurait été mensonger de dire qu'elle n'en avait pas tous les jours, mais celle de Salomon n'avait pas la même saveur que les autres. Car il avait dépasser cette barrière de l'Agneau. Avec lui, elle était juste Jhaelynra, une jeune fille de vingt ans, plein de vie et de sourires. Ca la touchait, ca lui faisait plaisir et ça la perdait. Elle voulait l'accompagner, mais tout était si confus et… difficile. Le chagrin monta jusqu'à sa gorge, étranglant quelque peu sa voix.

« Salomon, mon ami... Les gens ne seront jamais heureux de me savoir libre. Les fidèles ou encore mes protecteurs, tout ce qu'ils veulent c'est que je sois ici et que je continue d'officier. En partant, je ne pourrai pas me remontrer sinon, ils m'enfermeront de nouveau et cette fois-ci, avec un peu plus de sécurités. Je... »

Il était le seul à vraiment s'inquiéter d'elle. Il était le seul à avoir risqué tout ça, jusque là, pour elle et elle seule.
Alors elle le regarda, son petit minois presque en larmes.

« Je... quitte à être seule, à rester seule, je préfère rester ici. Je... je ne supporterai pas l'idée de venir avec vous et, un jour, de ne plus vous voir. Que vous soyez simplement... partit. »

Elle baissa la tête et joua avec ses doigts. Oui partit, comme sa mère et tout ses proches.

« Une... cage est une cage, peu importe si les barreaux sont en plomb ou en or. Ca ne me dérange pas de rester enfermée je veux juste... »

Elle fit une pause, relevant la tête, les larmes au bord des yeux ; le cœur au bord des lèvres.

« Je ne veux plus être seule. »

Car même si Rouge faisait tout ce qu'elle pouvait et lui passait une certaine proximité, il ne fallait qu'elle n'entretienne aucun lien avec personne. Si jamais elle s'attachait, alors elle commencerait à désobéir.

Respirant d'une meilleure façon, Jhaelynra finit par se lever pour se moucher, dos au Jardinier. Elle était presque persuadée que quand elle se retournerait, il ne serait plus là. Elle ne savait ni pourquoi ni comment, mais en son fort intérieur c'était ce qu'elle pensait. Pourquoi s'attarderait-il sur elle plus que de coutume alors qu'elle était si difficile à avoir ?
Non. Non elle n'avait rien d'un obstacle, d'une difficulté. Elle était simplement éprises de craintes qui la submergeaient car elle avait toujours vécu dans cette bulle, protégée de tout, rarement heurtée à la vie qui grouillait plus bas. La vie impie dont aucune âme n'était digne d'elle.

Alors elle fit volte-face, un peu plus déterminée, mue par une certaine flamme encore vacillante. Salomon était toujours là.

« D'accord. » dit-elle fermement « Je viens avec vous. »

Trop de choses se jouaient actuellement pour qu'elle pense ne serait-ce que de passer à côté.
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