- J'veux pas parler devant elle.

Alexia pivote la tête vers Vioréa qui les observe avec bien plus de sérieux.
- Je suis désolée pour ton père, Ryan. Et pour causer à tord et à travers. Etre condamnée, ça m'a gommé tous les filtres. Avant j'faisais attention à tout : maquillage parfait, tenues fashion, être gentille avec tout le monde, bien élevée, disciplinée, bonne élève, populaire.... Mais j'ai plus l'temps pour ces conneries, ni l'énergie de maintenir les apparences. Je suis une garce, je l'ai toujours été.
Alexia l'a plus ou moins senti, Viorea porte simplement un masque, une armure, pour se protéger.
- Super discours de repentance.
- Tu sais, je reconnais la rage qui t'anime. Elle m'a bouffée pendant des années, elle a explosé quand ma mère a été internée en hôpital psy en me laissant avec un père que j'connaissais presque pas, des pouvoirs que j'comprenais pas et la sensation horrible que j'avais merdé quelque part pour que ça en arrive là. J'ai haï le monde entier, mais en vrai, c'est moi que j'déteste le plus pour avoir rien vu et laisser faire... Donne-moi ta main.

Alexia s’est redressée et mise en retrait, se sentant, comme souvent de trop quand il y a plus de deux personnes dans une pièce surtout avec l’adolescente qui semble prendre toute la place. Elle, elle n’a aucune idée de ce qui les habite, n'a jamais connu cette rage, cette colère rentrée. Elle n’est qu’une jeune fille qui préfère s’enfermer dans ses chimères et ses rêveries, à qui il est arrivé des choses pas terribles qu’elle garde au fond d’elle, dont elle ne parle pas… qu’elle refuse d’affronter. Sa propre boite de Pandore, sans l’espoir au fond, alors elle préfère la garder fermée.

- OOOh aller ! J'essaie de me faire pardonner là !

Cette sensation d’inutilité ne fait que se renforcer lorsque Vioréa se met à briller comme un diamant brut et guérit en quelques secondes la main blessée qu’elle avait pansé avec soin.
- Oh…impressionnant. Avoir ce genre de pouvoir m’aurait évité des années d’études…
Une furieuse jalousie l’étreint, sortie de nulle part. Pourquoi faut-il qu’elle ait hérité d’un pouvoir aussi inutile qu’elle, dangereux, versatile et douloureux alors que des pouvoirs aussi merveilleux existent ? Jusqu’à ce qu’elle se souvienne qu’elle est en train de jalouser une mourante. Elle se trouve aussitôt horrible d’avoir penser ça.

- Wow.... Deux licornes et un pauvre type qui sait pas boire du jus de fruit dans une salle de bain. On dirait le début d'une mauvaise blague.

Alexia est maintenant si près de la porte qu’elle songe un instant à s’éclipser. Ils ne remarqueront sans doute pas son absence et peut-être que Ryan a plus besoin de parler à Viorea qu’il ne le pense. Ils semblent avoir au final bien plus de choses en commun que les apparences ne le laissent penser.  
Viorea a soudain une quinte de toux et court vomir dans le lavabo. Alexia réagit d’instinct et se précipite vers elle. Elle vient tenir les cheveux de la malade qui régurgite le peu qu’elle a avalé, lui frottant gentiment le dos en attendant que les spasmes refluent. Elle note au passage que du sang s’écoule abondamment de son nez. Alexia est loin d’être très courageuse mais la vue du sang et de tous les fluides que peut produire un corps humain ne l’a jamais rebuté.
- Doucement, indique-t-elle lorsque Viorea fait mine de se redresser. Reste la tête en avant pour les saignements. Elle actionne l’eau du lavabo et l’eau efface les rejets de Viorea, elle attrape une serviette au passage et en mouille un coin sous l’eau froide avant de l’appliquer sur le haut du nez fin de l’adolescente. Garde ça dessus. Ca va aider à arrêter le saignement. Ca m’arrive souvent aussi…quand j’utilise mon pouvoir. Du coup je suis devenue une spécialiste…
Elle ne sait pas pourquoi elle dit ça au juste…
- Tu devrais t’assoir un peu.

Ryan, un peu hébété, louche sur sa paume. Il se montre bien moins réactif qu'Alexia. Peut-être parce qu'il sait que ce genre de symptômes est inéluctable. Viorea laisse l'apprentie doctoresse s'occuper de son cas. Elle se concentre sur sa bile, espérant de pas y voir apparaitre des larves de papillons comme ce fût le cas une fois. Les reflux gastriques s'apaisent mais pas les saignements de pif.
Ryan se fait la réflexion que la magie est vraiment pourrie si elle ne s'exerce pas sans douleur. Ciulin n'a pas l'air de souffrir pourtant. Lui vient alors en mémoire la vision des chardons qui percent la peau de leur maitre pour le contredire.
"Grands pouvoirs, grande responsabilités... Tu parles. Juste des contraintes à chier."

-Garde ça dessus. Ca va aider à arrêter le saignement. Ca m’arrive souvent aussi…quand j’utilise mon pouvoir. Du coup je suis devenue une spécialiste…
- Ah ouais ? P'tain la chienlie. J'pensais qu'c'était un truc de la maladie.
- Ca en fait partie, intervient l'adolescent. La perte d'appétit et les nausées aussi.... Tu peux pas utiliser ton superpouvoir sur toi même ?
- Aahaha... Le rire vibre de cynisme blasé. Vioréa se retourne, serviette humide rougie sur le tarin, en s'appuyant au lavabo. J'ai essayé. Ca marche pas. En fait cette saloperie n'a aucun remède connu que ce soit au niveau scientifique ou magique... Croyez-moi, mon doc est un démon majeur de la maladie. Y s'y connait en miasmes et autres microbes. Si je bois ses horribles décoctions c'est parce que ça ralentie la dégradation de mon métabolisme. J'gagne du temps quoi... du temps pour qu'il parvienne à trouver une parade... Tu pourras discuter boutique avec lui, s'tu veux, Alex. C'est.... un drôle de type.

Elle regarde la mine ahuri de Ryan et Alexia.

- Quoi ? C'est le mot "démon" qui vous défrise ? Y'en a plein la baraque, à commencer par ma belle-mère. Dites-vous si ça peut vous soulager que j'ai appris dans la même soirée que j'étais une sorcière, qu'elle était un démon et que j'allais crever. L'éclate!
- Ok... Chuis donc pas le spécialiste des déclarations chocs qui bouleversent une vie... Ryan a un petit rire en glissant un regard complice vers Alexia. Il a envie e lui prendre la main. Il a carrément envie d'un câlin, en fait. "Mais faut arrêter de déconner. C'est pas Noël"

Une porte claque et on entend l'arrivée en fanfare de Ciulin.

- Des pancakes et pas de gosses pour tous les bouffer ?! Ca en fera plus pour ma pomme!
- Qui t'a dit qu't'avais droit à une part ?
- Rahat, soit pas chien, l'vieux. Tu me dois plusieurs décennies de pancakes! Une chance qu'chois pas rancune!
- Ayé, nous y voilà, les violons de la culpabilisation.
- Des millénaiiiires de pancake, j'te dis !
- Sta, zdreanta rotter !
- Moșneag meschin!

Les insultes en roumain pleuvent de toute part, comme un bon vieux rituel de bienvenue entre l'enfant prodigue et son père indigne.

- Garde ça dessus. Ca va aider à arrêter le saignement. Ca m’arrive souvent aussi…quand j’utilise mon pouvoir. Du coup je suis devenue une spécialiste…
- Ah ouais ? P'tain la chienlie. J'pensais qu'c'était un truc de la maladie.
- Ca en fait partie. La perte d'appétit et les nausées aussi.... Tu peux pas utiliser ton superpouvoir sur toi même ?
- J'ai essayé. Ca marche pas. En fait cette saloperie n'a aucun remède connu que ce soit au niveau scientifique ou magique... Croyez-moi, mon doc est un démon majeur de la maladie. Y s'y connait en miasmes et autres microbes. Si je bois ses horribles décoctions c'est parce que ça ralentie la dégradation de mon métabolisme. J'gagne du temps quoi... du temps pour qu'il parvienne à trouver une parade... Tu pourras discuter boutique avec lui, s'tu veux, Alex. C'est.... un drôle de type.

Alexia ouvre des yeux ahuris.
Elle n’y arrivera pas.
“L’intelligence c’est la capacité de s’adapter au changement.”
Finalement, elle n’est sans doute pas si intelligente qu’elle veut le croire. S’adapter à ce nouveau monde lui parait soudain insurmontable. Des démons à présent ? Jamais elle n’a autant détesté avoir ce qu’elle a …non être ce qu’elle est…sorcière !  

- Quoi ? C'est le mot "démon" qui vous défrise ? Y'en a plein la baraque, à commencer par ma belle-mère. Dites-vous si ça peut vous soulager que j'ai appris dans la même soirée que j'étais une sorcière, qu'elle était un démon et que j'allais crever. L'éclate!
- Ok... Chuis donc pas le spécialiste des déclarations chocs qui bouleversent une vie...
Alexia capte le regard de Ryan et arrive à lui sourire faiblement. Finalement il a l’air de prendre les choses bien mieux qu’elle. Parce qu’il a su s’adapter, au Brouillard, au retour à la normale. Survivant dans l’âme.

Toi tu n’es qu’une petite chose fragile et pathétique.

Une porte claque et Alexia sursaute en se rendant compte qu’elle est à cran depuis ce matin. Ciulin et son père discutent, s’envoient ce qu’elle devine être des insultes sur un ton presque jovial. Elle n’est tout simplement pas à l’aise dans cette maison qui déborde…de tant de choses qu’elle ne sait même pas par où commencer.

Ça a toujours été elle et sa mère qui n’admettait aucun haussement de ton, aucune insulte ou gros mots. Rien ne dépassait. Une vie sans doute morne pour certain mais c’est tout ce qu’elle a connu.

Les évènements des dernières vingt-quatre heures ont été si nombreux qu’elle en a oublié l’importance que revêt ce jour pour elle...Quand elle s’en souvient elle se précipite vers le salon en courant presque et lance d’une traite.
- Salut Ciulin t’as pu me trouver un nouveau portable ?
Elle lui arrache presque des mains en marmonnant des excuses et se met à tapoter l’écran tactile en arpentant frénétiquement le salon de long en large.
- L’université affiche les résultats des partiels de décembre aujourd’hui… mes premiers partiels…
Le site s’ouvre avec une lenteur exaspérante et elle clique rapidement sur le bon lien qui affiche des noms petit à petit. Elle les fait défiler avec son pouce tout en enroulant une pauvre boucle autour de de l’index de son autre main.
Enfin elle finit par tomber sur son nom et s’arrête de bouger en contemplant les chiffres qui composent sa note. Bouche bée, elle s’écroule sur le canapé alors qu’un sourire éblouissant fleurit sur ses lèvres. Un cri de joie grimpe au fond de sa gorge et elle le laisse exploser malgré les circonstances.
- J’ai…j’ai tout déchiré ! Je suis à 12 points de la perfection ! 12 petits points !!!!
Une pensée la traverse soudain et son bonheur retombe d’un coup. Et si l’ICV remontait sa trace grâce à ses connections régulière sur le site de l’université…Elle relève la tête pour croiser le regard de Ciulin et demande d’une voix piteuse.
- Je pourrais encore assister à mes cours à distance, hein ?
C’est tout ce qui lui reste.

Les trois adolescents reviennent vers le salon, Ryan lorgnant Viorea avec moins de répulsion qu'avant. Alexia se précipite sur Ciulin pour l'agresser. Ce-tte dernier-e a les joues gonflées de pancakes comme un hamster.

- Salut Ciulin t’as pu me trouver un nouveau portable ?
- Ouech atta deuchegonde !

Iel farfouille dans la poche intérieure de son cuir et lui tend un smartphone dernier cri, juste le temps de déglutir et de l'activer.

- Voilà princesse! Alors attend que j'tex pli..... Le portable lui est soustrait des mains en un éclair..... Ou pas en fait.

Ciulin a un petit ricanement en jetant une oeillade à Ryan qui hausse les épaules d'incompréhension.

- Alex, t'es pas en train d'appeler ta mère, hein ?
- L’université affiche les résultats des partiels de décembre aujourd’hui… mes premiers partiels…
- Oh...
- Woah, fogboy, ton crush est une grosse intello !
- Nice ! Les miens c'tait hier ! Quoi qu' j'en attends encore aujourd'hui. T'es en quelle section ?
- Les tiens ? Depuis quand tu vas à la fac, toi ? s'étonne Viorea.
- Depuis qu'j'ai r'pris mes études soeurette !
- Ciulin s'est inscrit pour la rentrée de septembre, s'immisce leur père. Elie et moi on est super fiers qu'iel ait franchi le pas.

Ciulin marque un temps d'arrêt, surpris, les pommettes roses. Le compliment paternel lui a fait clairement plaisir mais il le cache dans un énorme mug de café.

- Mon taf "un peu spécial" m'oblige à en prendre certains à distance. Heureusement, j'me suis fait très vite des potes. Y'a un bogoss qui prends des notes pour moi quand chuis obligé de sécher l'cour.
- Laisse-moi deviner... Il s'appelle Ryan ?
- Ahahah... ouais ! Ciulin arbore une expression canaille. Comment t'a d'viné ?

Ryan lève les yeux aux ciel.

- J’ai…j’ai tout déchiré ! Je suis à 12 points de la perfection ! 12 petits points !!!!
- Felicitări, meuf ! T'es une sacrée tête !
- Je pourrais encore assister à mes cours à distance, hein ?
- Ouaiiis t'inquiète, on va arranger ça, beauté. Tu s'ras ma binôme d'étude s'tu veux ! Mon pote Nath m'aide déjà à réviser, mais comme on est pas dans l'même bahut et putain.. les génies sont grave fatiguant. C'est un bébé djinn, tu verras, il est cool. C'est un français !

Ryan se sent perdu. Il regarde Ciulin et Alexia converser comme si un mur invisible et infranchissable les séparait de lui. Lui, il a arrêté sa scolarité par la force des choses à dix-sept-ans. Il a l'impression d'être stupide, et salement inculte. Alexia se rendra vite compte qu'il n'a rien d'un chevalier. "Chuis juste un pauvre gars avec un fusil." Viorea le regarde en coin et lui tapote maladroitement le dos.

- Fais gaffe, ma soeur est une tombeuse, lui chuchotte-t-elle à l'oreille.
- .. Chais... Iel m'a déjà mis une main au cul.
- Sérieux ?! Elle glousse. Mais quelle salope celle là !
- Trop... Ryan ne peut s'empêcher de sourire brièvement, heureux de la connivence salvatrice sur le moment.

"Je suis jaloux comme un gros pou."

Il retourne s'attabler et Kaelig lui sert de nouveaux pancakes tout chauds et beurrés.

- Comment va ta main ?
- Alex a enlevé les bouts de verre et Viorea l'a guéri.
- Ah.. oui. Je lui avais dit de ne pas s'épuiser à le faire, mais je pense que tu as compris que mes enfants sont des bourriques qui n'écoutent rien. Il marque un temps. Tu sais... j'ai proposé plusieurs fois à Jolhane de t'aider à te rescolariser, si tu en avais envie bien sûr.
- Je... Il jette un oeil vers Alexia. Chais pas... faut que je réfléchisse.
- C'est quoi qui coince fogboy ?

La réponse tombe sans appel.

- Les autres.

- Je pourrais encore assister à mes cours à distance, hein ?
- Ouaiiis t'inquiète, on va arranger ça, beauté. Tu s'ras ma binôme d'étude s'tu veux !
- Oh vraiment ? Tu t’afforeras pas si je fais apparaitre des squelettes ou des écorchés, j’ai souvent besoin de voir bouger les corps pour les comprendre. Je suis en médecine…
Elle est à la fois soulagée de savoir que ses études ne sont pas compromises et heureuse de la proposition de Ciulin. Elle n’a jamais vraiment travaillé en groupe.
- Mon pote Nath m'aide déjà à réviser, mais comme on est pas dans l'même bahut et putain... les génies sont grave fatiguant. C'est un bébé djinn, tu verras, il est cool. C'est un français !
D’abord perplexe…un djinn ? Alexia rit, sa bonne humeur retrouvée pour le moment.
- Ne t’inquiète pas, pas de génie ici. Juste du travail acharné ! Un français ? Super, ça me permettra de dérouiller le mien. Leur grammaire est un calvaire…

Elle pivote la tête en entendant Kaelig discuter avec Ryan et capte des bribes de conversation.

- Tu sais... j'ai proposé plusieurs fois à Jolhane de t'aider à te rescolariser, si tu en avais envie bien sûr.
- Je... Elle intercepte son regard sans arriver à le comprendre. Est-ce qu’elle le gêne…encore ? Pourquoi ? Chais pas... faut que je réfléchisse.
- C'est quoi qui coince fogboy ?
- Les autres.

Alexia s’approche et vient s’assoir à côté de lui. Elle triture son nouveau portable entre ses doigts, quelques secondes avant d’oser se confier.
- Ma scolarité a été un enfer. Ma mère voulait que j’aille dans une bonne école privée. Il n’y avait que des enfants de politiciens ou presque qui ont tous trouvé très drôle de me faire payer le fait que je n’étais personne. Je me suis défendue au début mais que veut ma parole contre les donations du Lord untel ou du député machin. Bref tout ça pour te dire que je comprends. Mais et c’est un grand mais ! on emmerde les autres ! Son ton est volontairement ferme et dure. C’est pas à eux de définir ton avenir. Ils n’ont aucun droit de t’empêcher de faire ce que tu veux. Et surtout tu n’as pas à avoir honte de celui que tu es. Tu as survécu au Brouillard, crois-moi tu survivras à des ados qui cachent tous leurs insécurités et manque de confiance en eux en se donnant de grands airs.

Elle glisse un regard vers Viorea avant de revenir vers Ryan et glisse une mèche de cheveux derrière son oreille en lui souriant doucement.

- J’étais sérieuse quand je t’ai proposé mon aide… j’ai souvent donné des cours du soir et personne ne s’est jamais plaint de mes services. Au contraire…Et puis j’ai une dette envers toi alors…j’aimerai faire quelque chose pour toi à mon tour.
Elle se tait soudain, consciente d’avoir beaucoup parlé et replonge dans la contemplation de l’assiette devant elle. Elle espère sincèrement qu’il accepte. Non seulement parce qu’elle se sent effectivement redevable mais ça serait également l’occasion rêvée de pouvoir le côtoyer plus souvent. Elle se tourne vers Ciulin.
- Est-ce que tu sais que si ma mère a déjà déclaré ma disparition à la police ? Et… combien de temps je vais devoir rester cloitrer pour éviter d’être repérée ?
Ne plus pouvoir sortir du tout pendant un temps l’angoisse un peu…voire beaucoup… elle adore ses escapades en forêt, cette bouffée d’air frais qu’on lui a accordé.

Alexia se glisse aux côtés de Ryan et il en éprouve un inexplicable soulagement. Sa fourchette pique le moelleux de ses crêpes à répétition, sans jamais les porter en bouche.

- Ma scolarité a été un enfer. Ma mère voulait que j’aille dans une bonne école privée. Il n’y avait que des enfants de politiciens ou presque qui ont tous trouvé très drôle de me faire payer le fait que je n’étais personne. Je me suis défendue au début mais que veut ma parole contre les donations du Lord untel ou du député machin. Bref tout ça pour te dire que je comprends. Mais et c’est un grand mais ! on emmerde les autres !
- Preach ! ponctue Viorea.
- C’est pas à eux de définir ton avenir. Ils n’ont aucun droit de t’empêcher de faire ce que tu veux. Et surtout tu n’as pas à avoir honte de celui que tu es. Tu as survécu au Brouillard, crois-moi tu survivras à des ados qui cachent tous leurs insécurités et manque de confiance en eux en se donnant de grands airs.
- Des gens comme moi, quoi, au cas où son petit coup d'oeil était pas clair pour tout le monde, cingle la jeune Taur visiblement peu atteinte par la pique dissimulée.
- J’étais sérieuse quand je t’ai proposé mon aide… j’ai souvent donné des cours du soir et personne ne s’est jamais plaint de mes services.

Viorea comme Ciulin, sans se concerter le moins du monde, lui font des gestes d'encouragement obscènes silencieux. Ryan a envie de les buter tout en se pinçant les lèvres pour éviter de sourire de leur crétinerie. Leur père dissimule son amusement en percolant du café, comme s'il n'avait absolument rien vu.

- Au contraire…Et puis j’ai une dette envers toi alors…j’aimerai faire quelque chose pour toi à mon tour.
- ... Je vais réfléchir. Peut-être commencer à domicile, avec ton aide...Pour voir, dit prudemment le jeune homme. Faut que j'en parle à Jolhane et à ... et à Katie aussi. J'veux pas qu'elle s'imagine que je l'abandonne.
- L'offre de rescolarisation est valable pour elle aussi, ajoute Kaelig.
- Est-ce que tu sais que si ma mère a déjà déclaré ma disparition à la police ? Et… combien de temps je vais devoir rester cloitrer pour éviter d’être repérée ?
- Hum.... Pas exactement. Son premier mouvement a été d'appeler l'ICV. Chais pas quel est le lien exact entre eux et ta reum. Tant qu'on saura pas exactement où elle s'situe, il faudra éviter tout contact. Simone bosse sur l'sujet.
- Simone ?
- Tu l'as déjà vue, elle m'accompagnait la dernière fois que je suis venu au cottage.
- La vampire ?!!! Celle que Magni a envoyé chier ??!
- Ouais, celle-là même. T'inquiète, elle vous en tient pas rigueur, ça l'a plutôt faite marrer.
- Mais... C'est une vampire ! On peut pas se fier à des suceurs de sang !
- Et une femme très bien, qui est aussi mère de famille, coupe Kaelig. Le monde est plein de nuances, Ryan. L'humain d'hier peut devenir la créature de demain, est-ce que cela fait de lui un monstre ou juste un être qui n'a pas eu de chance?
- Putain comment j'aimerais t'enregistrer pour passer ce p'tit discours à la braveheart au Kaelig du passé ! lâche Ciulin.
- Crois-moi que je me ferais un plaisir de le tarter sans retenu, répond son père sur le même ton.
- Elie, la p'tite faiseuse de miracle... Ah ! avant qu'j'oublie !

Ciulin glisse un téléphone semblable à celui d'Alexia entre les mains de Ryan.

- C'est le tien.
- Le... QUOI ???! Le gamin lui jette un regard incrédule.
- Ben ouais, comme ça tu pourras organiser tes petits rendez-vous secrets avec ta meuf.
- C'est pas... Gros soupir. Combien j'te dois ?
- Sois pas con, c'est cadeau. T'as l'droit d'avoir une vie privée, sans la marmaille, et surtout sans Katie. J'ai préenregistré l'numéro d'Alex et t'as tout un dossier "Romanos" avec ceux de Kaelig, Elie, Vio, Sorin et l'mien. T'as l'même, princesse. Pour en r'venir aux sorties, laisse-nous une petite semaine pour organiser les choses et tu pourras ressortir sans problème, si tout se passe bien.
- Dans le meilleur des cas, L'ICV accepte de faire une croix sur toi et j'irais parler à ta mère.
- C'qui m'semble bien embarqué vus les emmerdes qu'ils ont en ce moment.
- Soit il faudra le faire savoir de manière un peu plus musclée et je te placerais en résidence protégée dans un endroit où tu te sentiras en sécurité.
- Pour le moment on est colloc' Blondie : tu m'a d'jà tenue les cheveux quand j'dégeulais, attends-toi à recommencer ! roucoule Viorea sur un air joyeux de speakerine.
- BON ! My job is done ! J'dois r'tourner au turbin ! Ryan j'te dépose chez toi ?

Le jeune homme prend le temps de réfléchir. Imperceptiblement, il vient chercher la main d'Alexia sous la table, à l'abri des regards.

- Ouais.. ouais. J'crois qu'il faut que j'fasse le point. Laisse-moi juste réunir mes affaires.
- Wokay ! j'vais m'fumer une clope dehors ! Salut sora ! Iel claque une bise à Viorea. Vieux machin... Qu'iel fait à distance de Kaelig.
- P'tit trouduc, répond Kaelig sur le même ton en levant sa tasse de café.
- Ravie de te compter parmi "nous", Alex! Il lui colle un bécot sonore sur la joue. A tout d'suite, l'tombeur !

Ryan termine prestement son assiette puis fait signe à Alexia de le rejoindre dans la chambre de Kaelig, là où ils ont laissé leurs paquetages.

- ... Je vais réfléchir. Peut-être commencer à domicile, avec ton aide...Pour voir. Faut que j'en parle à Jolhane et à ... et à Katie aussi. J'veux pas qu'elle s'imagine que je l'abandonne.
Alexia sourit sans faire de commentaire, heureuse qu’il envisage en moins son aide, même si sa réponse semble forcée, alors qu’une petite voix se demande avec méfiance qui est cette « Katie ».
- L'offre de rescolarisation est valable pour elle aussi.
Donc elle fait partie de la tribu des orphelins du brouillard… mais ce genre de détail ne la concerne pas…
- Est-ce que tu sais que si ma mère a déjà déclaré ma disparition à la police ? Et… combien de temps je vais devoir rester cloitrer pour éviter d’être repérée ?
- Hum.... Pas exactement. Son premier mouvement a été d'appeler l'ICV. Chais pas quel est le lien exact entre eux et ta reum. Tant qu'on saura pas exactement où elle s'situe, il faudra éviter tout contact. Simone bosse sur l'sujet.

Elle soupire et se mordille la lèvre, éprouvant des sentiments assez ambivalents. Elle a l’impression de commencer enfin son envol, à découvrir qui elle est vraiment, ce qu’elle est vraiment. Et la sensation d’émancipation et de liberté qui en résulte est à la fois exaltant et profondément angoissant. Que pense sa mère, là tout de suite ? Est-elle inquiète pour elle ou pour ce qu’elle pourrait faire ? Elle aimerait à la fois la rassurer sur son sort et en même temps discuter à cœur ouvert avec elle pour une fois dans sa vie. Avoir une conversation d’adulte à adulte.  
La tête ailleurs, Alexia a un peu perdue le fil de la conversation présente et n’y revient que lorsque Ciulin présente un portable à un Ryan ahuri.

- C'est le tien.
- Le... QUOI ???!
- Ben ouais, comme ça tu pourras organiser tes petits rendez-vous secrets avec ta meuf.
- C'est pas...
Son soupir est si profond qu’il a sans doute déclenché une tornade de l’autre côté de la planète. Et elle doit admettre que sa véhémence à toujours réfuter avoir un lien avec elle commence à l’agacer un peu. Contre toute logique, elle en a bien conscience. Ils n’ont aucun lien.
- Tu devrais peut-être faire un pancarte, non ?
- Combien j'te dois ?
- Sois pas con, c'est cadeau. T'as l'droit d'avoir une vie privée, sans la marmaille, et surtout sans Katie.
Encore elle… à priori, c’est avec elle qu’il entretient un lien fort. Pour la deuxième fois, Alexia ressent un soupçon de jalousie extrêmement mal placée.
- J'ai préenregistré l'numéro d'Alex et t'as tout un dossier "Romanos" avec ceux de Kaelig, Elie, Vio, Sorin et l'mien. T'as l'même, princesse.
- Oh super. Merci.
- Pour en r'venir aux sorties, laisse-nous une petite semaine pour organiser les choses et tu pourras ressortir sans problème, si tout se passe bien.
- Si…si tôt ? Ca serait… génial !
- Dans le meilleur des cas, L'ICV accepte de faire une croix sur toi et j'irais parler à ta mère.
- Moi aussi j’ai besoin de lui parler.
- C'qui m'semble bien embarqué vus les emmerdes qu'ils ont en ce moment.
- Soit il faudra le faire savoir de manière un peu plus musclée et je te placerais en résidence protégée dans un endroit où tu te sentiras en sécurité.
- Merci…j’ai l’impression de répéter ça en boucle mais… j’ai pas l’habitude qu’on…protège mes arrières et euh… de pouvoir compter sur les autres.
- Pour le moment on est colloc' Blondie : tu m'a d'jà tenue les cheveux quand j'dégeulais, attends-toi à recommencer !
Alexia se tourne vers l’adolescente et dans une action dont elle ne se serait jamais crue capable, lui lance un sourire malicieux.
- Tant que ça sort par ce côté, je veux bien être ta complice de salle de bain.
- BON ! My job is done ! J'dois r'tourner au turbin ! Ryan j'te dépose chez toi ?

Alexia se fige, une boule terrible dans la gorge jusqu’à ce que la main de Ryan trouve la sienne sous la table. Elle la sert avec vigueur, espérant avoir la force de ne pas se montrer passablement ridicule au moment de lui dire au revoir. Elle attend simplement sa réponse tout en la connaissant par avance.

- Ouais.. ouais. J'crois qu'il faut que j'fasse le point. Laisse-moi juste réunir mes affaires.
Elle ferme les yeux pendant quelques secondes et déglutit avec difficulté. Voilà. Le moment fatidique…Au moins elle ne serait pas seule après.
- Wokay ! j'vais m'fumer une clope dehors ! Salut sora ! Vieux machin...
- P'tit trouduc.
- Ravie de te compter parmi "nous", Alex ! La jeune femme lui adresse un sourire reconnaissant. A tout d'suite, l'tombeur !

Quelques minutes plus tard lorsque Ryan lui fait signe de le suivre, elle s'exécute presque machinalement, comme une automate.
Alors qu’il rassemble ses quelques affaires dans la chambre, elle reste sur le seuil de la pièce, sans savoir quoi dire ou faire, triturant son éternelle boucle en l’observait par-dessus ses cils. Comme d’habitude. Est-ce qu’il a vraiment envie de la revoir ? Peut-être est-il simplement soulagé de pouvoir se débarrasser d’elle, sachant qu’elle est à présent entre de bonnes mains. Après tout, si elle a émis le souhait d’apprendre à le connaitre, il n’a jamais sous-entendu qu’il partageait cette envie. Et c’est elle également qui a suggéré de se revoir après. Elle en devient sans doute envahissante. Alexia prend donc une profonde inspiration, son courage à demain et se lance.

- Tu sais…ça n’est pas parce que Ciulin a mis mon numéro sur ton portable que…que tu dois te sentir obligé de me contacter. J’aimerais que tu en aies envie mais…je veux dire… ça va aller pour moi…je crois… ? Tes élans chevaleresques peuvent passer à autre chose…elle émet un faible rire un peu nerveux, un peu triste. J’espère juste…que… ça ira pour toi…

Sa voix s’étrangle un peu alors elle se tait. Pourquoi est-ce si difficile de lui dire adieu ? Elle ne le connait que depuis la veille et pourtant, elle sait déjà qu’il lui manquera. Sa présence a quelque chose de rassurant et d’apaisant. Elle ne s’explique pas pourquoi. A cours de mots, elle ose enfin affronter son regard.

Ryan est heureux de voir que la communication non verbale fonctionne et qu'Alexia le suit. Maintenant, il faut qu'il mobilise les mots pour qu'ils sortent de sa bouche, dans le bon ordre. En attendant, il s'occupe les mains en empilant son peu d'affaires. Alexia lui coupe l'herbe sous le pied.

- Tu sais…ça n’est pas parce que Ciulin a mis mon numéro sur ton portable que…que tu dois te sentir obligé de me contacter.
- Alex... attends...

Il s'est redressé vivement. C'est exactement le contraire de ce qu'il aimerait lui convier.

- J’aimerais que tu en aies envie mais…
- Mais quoi...?
- Je veux dire…ça va aller pour moi…je crois… ?
- Tu es certaine... ?
- Tes élans chevaleresques peuvent passer à autre chose…

Ryan s'est approché. Son rire lui égratigne le palpitant. Il est si loin de ses envolées lumineuses d'hier.

- J’espère juste…que… ça ira pour toi…

Il ne lui laisse pas le loisir de terminer sa phrase : il lui attrape le bras et l'attire à l'intérieure de la pièce en refermant la porte sur eux. Il lui tient les deux mains à présent, la prenant en sandwich involontaire entre lui et la porte.

- J'en ai pas envie. Il déglutit et ramasse son courage sur lui même pour tenter de se lancer. Je... Je ne veux pas passer à autre chose. Il a un faible sourire, il lui triture les mains de manière maladroite. Ce que j'essaie de te dire... c'est que j'ai envie de te revoir et... et que t'apprennes à me connaitre. Tu pourras me poser toutes les questions que tu veux....Bon.. ahah.. tu risques d'être un peu déçue. Je ne suis pas un chevalier, je ne suis pas intelligent.... grimace... Chuis même pas charmant ... hum...

Il lui relâche doucement les mains comme par peur de les salir.

- Voilà... conclut-il, timidement, le visage cramoisi. C'est.. C'est ce que je voulais te dire....

Il la contemple une poignée de secondes, la gorge un peu nouée. Il aimerait la prendre dans ses bras et lui assurer une nouvelle fois que tout ira bien. Sa témérité ne le porte pas jusque là. Alexia est beaucoup trop jolie, brillante et bien élevée pour un mec comme lui. Beaucoup trop.
"Je veux juste avoir l'air d'un preux chevalier à ses yeux, encore un peu..."
C'est un sentiment qu'il ne veut partager avec personne. Il veut garder cette rencontre pour lui, rien que pour lui, à l'abri de son jardin secret.

La manœuvre de Ryan la surprend tellement qu’elle se laisse complètement faire. Elle l’observe les yeux ronds, le dos plaqué contre la porte alors qu’il lui prend les deux mains.

- J'en ai pas envie.

Pas envie de quoi ? De la revoir ?
Elle scrute son regard, sourcils froncés d’incompréhension mais ne dis rien, attendant patiemment qu’il sorte les mots qui ont, semble-t-il, tant de mal à franchir la barrière de ses lèvres.

- Je... Je ne veux pas passer à autre chose.

Ses mots font battre son cœur plus vite. Elle essaie très fort de ne pas s’emballer. Ses yeux clairs descendent vers sa bouche qui s’étire dans un sourire timide. Le souvenir bref de leurs baisers s’invite dans son esprit. Une envie prégnante la prend : recommencer. Sauf qu’elle n’en trouvera certainement pas le courage aujourd’hui. Et sans doute pas avant longtemps...peut-être jamais. Cette pulsion soudaine colore ses joues pendant que les doigts du jeune homme cherchent les siens dans une danse malhabile.

- Ce que j'essaie de te dire... c'est que j'ai envie de te revoir et... et que t'apprennes à me connaitre. Tu pourras me poser toutes les questions que tu veux... Bon… ahah… tu risques d'être un peu déçue. Je ne suis pas un chevalier, je ne suis pas intelligent grimace... Chuis même pas charmant ... hum...

Le sourire lumineux et ravie qu’elle lui adresse vaut toutes les paroles du monde.
Il veut me revoir, chante son esprit en boucle.
Ryan lui lâche subitement les mains et l’une d’elle s’envole vers son visage. Alexia pose son index sur ses lèvres pour l’empêcher de continuer à se déprécier comme il le fait avant de le retirer aussitôt.

- Voilà...C'est… C'est ce que je voulais te dire...

Etrangement le voir aussi gêné lui donne un courage certain. Elle s’approche et vient se serrer contre lui, les bras timidement passés autour de sa taille dans une étreinte maladroite. Elle dépose un très bref baiser sur sa joue. Puis elle se recule vivement, se rappelant trop tard qu’il ne semble pas très fan de ses élans affectueux. Malgré tout, elle cherche à nouveau le contact de sa main dans la sienne et vrille ses yeux aux siens.

- Tu seras toujours mon chevalier, Ryan, celui qui m’a arrachée à mon funeste destin. Même si c’est stupide et naïf, c’est comme ça que je te vois. Tu ne me décevras pas et…elle penche légèrement la tête sur le côté et sourit…c’est à moi de décider si je te trouve charmant ou non.

Evidemment qu'elle le trouve charmant. Plein de nuances qui le rendent attachant et lui donnent envie de découvrir ce qui se cache derrière ses yeux blessés et hantés. Plein de prévenance alors même qu'il a connu l'enfer...plein de colère qu'elle aimerait comprendre et remplacer par des sentiments plus apaisants...plein de souvenir douloureux qu'elle vent changer un image plus douces...
Son chevalier.

Un silence passe, le temps pour les deux jeunes gens de retrouver un peu leurs esprits avant qu’elle n’ose demander à nouveau.

- Alors…ce n’est pas un adieu ? Tu veux bien me le promettre ?

Ryan se laisse surprendre par l'étreinte. Alexia se bouine contre lui et dépose un chaste baiser sur sa joue. N'osant trop y croire, il lui rend timidement son étreinte. Sans l'urgence ou l'obscurité confortable, l'acte lui semble incroyablement audacieux. Aussi fugitivement qu'elle est venue, la jeune fille s'écarte et le laisse tout chose, incapable de trouver la réaction adéquate à cet élan spontané tactile.
Il se sent si gauche.
"Même William se montrerait plus dégourdi...."

Alexia joue avec les phalanges du jeune homme. Un silence les couve, qui s'étire. Ni l'un ni l'autre ne veulent partir.

- Alors…ce n’est pas un adieu ? Tu veux bien me le promettre ?

Ryan se pince les lèvres. Il cherche le meilleur moyen de lui prouver qu'ils se reverront sans mentir. Après une longue hésitation, il se penche vers elle. Il cherche dans le regard de la jeune sorcière une trace de réticence, de refus ou de dégout. Il n'en décèle aucune. Alors ses lèvres effleurent les siennes délicatement, une caresse vaporeuse, presque impalpable.

- Est-ce que ça te convient comme promesse ? Puis il rajoute avec un sourire de Joconde, le regard un tantinet fuyant. C'est le 3ème "1er baiser" que je te vole. C'est pas super chevaleresque...

Ryan a un ricanement gêné. Sa pudeur reprend ses droits et l'oblige à laisser Alexia tranquille. Il attrape ses affaires, serrant la bandoulière de son fusil à deux poings contre son torse.

- Bon... Faut qu'j'y ailles... Tu.. Tu fais attention à toi, hein ?

Il ouvre la porte de la chambre et prend cette fois, bel et bien le chemin de la sortie.

- Aurevoir, fait-il au Taur. Merci pour votre hospitalité.
- A très vite Fogboy ! fais Viorea en lui lançant un bisous duckface.
- Aurevoir, Ryan.

Dehors, Ciulin termine son mégot et l'écrase en voyant le gamin descendre.

- T'as la tête d'un mec qu'a ouvert ses cadeaux d'noël avant l'heure.
- Pfff... N'importe quoi !
- Allez grimpe !

Ciulin lui tend un casque de moto et enfile le sien. Ryan cache son petit sourire de contentement sous le plastique molletonné. Il se sent étrangement léger et le vent qui fouette sa visière alors qu'ils se lancent à pleine vitesse n'amoindrit pas cette sensation.
"Ryan O'Brian... tu planes total!"