I’m a heat stroke
And you can’t touch me
'Cause you know that I can burn ya
If you get too close

- Ce fils de chien ! fulmine-t-elle. J'vais lui fumer la bite, il la dégustera en merguez !

Marisol Laciudad porte sa colère aussi bien que son rouge à lèvre : dense et sombre. Elle se dirige vers l'entrepôt, Colgan et la meute sur ses talons. Une des louve étouffe un petit rire. Shareen s'amuse d'un rien et savoure toujours les bon mots de celle qui lui a offert une nouvelle chance de prendre son destin en main. Malone, plus circonspect, fait remarquer à ses alphas.

- C'est quoi le plan ? Notre affiliation aux Hurlants est encore fraiche. On va peut-être pas commencer à se mettre à mal avec les vampires qui en constitue les deux tiers.
- Nos conditions c'étaient : on touche pas les gosses ! crache Marisol. Elle sait que Colgan l'appuiera sur ce fait. C'est un des fondamentaux de leur vendetta.
- Ouais, mais chez les Sang-Coureur , y forme des soldats dès l'âge de dix ans.
- J'en ai vraiment rien à foutre. Saram avait pas à faire un truc pareil! Faut lui faire bouffer ses dents pour que ça ne se reproduise pas: on est pas comme ces foutus chasseurs tueurs d'enfants !

Lorsque les Abyssaux pénètrent en masse dans l'édifice, la foule de Hurlants présents est déjà en pleine effervescence. Il y a une bagarre qui déchaine visiblement les passions au centre des hués et des cris. En s'approchant, ils découvrent que Saram et un grand blond sont en train de se foutre méchamment sur la gueule. Vicham, le frère de Saram, est à deux doigt d'intervenir.

- C'est qui ce gus ? interroge Marisol, à l'un des spectateurs
- C'est un Taur qu'est devenu vampire et qui a été chassé par sa propre famille. Il fait la nique à Saram pour avoir attaquer leur gosse et empiété sur sa chasse gardée. Il tue pas les gosses ni les femmes, y parait.

Marisol coule un de ces regards silencieux vers Colgan, de ces échanges qu'ils comprennent sans prononcer une parole.

"Lui, c'est un vampire à mettre de notre côté."

Je suis littéralement enragé.
Contre ce Saram qui vient me foutre à la gueule son attaque contre ma famille sans vouloir m'en dire plus, mon plus jeune neveu en plus, bordel !

Mais aussi contre moi pour ne pas avoir vu à temps ce qu'il tramait comme le connard qu'il est !

Les choses se sont rapidement envenimées et j'ai pas su garder mon sang froid. Pas cette fois. Mon rôle me pèse assez mais savoir qu'il met en danger ma famille est un poids en plus. Un poids que je tente de délester en frappant sa gueule de salopard.

On s'en donne à cœur joie, d'autant que chaque blessure se referme rapidement. On aurait pu passer la nuit à se mettre sur la gueule mais je sens son frère trépigner de nous rejoindre dans la mêlée. Ça risque de finir en pugilat en règle juste avant la réunion. Mais j'en suis à un stade où je m'en carre les miches.

Sauf que sorti de nulle part un grand rouquin aux larges épaules vient s'interposer entre nous me prenant rudement par le col pour m'éloigner de Saram qui est empêcher d'avance par deux nanas et un homme qui servent de barrage.

- Qu'est-ce que tu fous, putain ? Et t'es qui ? Laisse moi lui démonter sa face !

Mais l'homme...non le Loup, je le sens maintenant, reste totalement hermétique à ma vindicte. Une vraie porte de prison. Et ce mec est puissant avec ça pour pouvoir contrer ma force. Il m'entraîne vers un entrepôt tout proche ou l'attend d'autres Loups - la fameuse meute des Abyssaux sans doute -. Devant un vingtaine de Loups se tient une femme, maquillage appuyé "à la Simone" mais des vêtements moins coûteux et l'allure résolument hispanique. Pas de Loup en elle...quelque chose d'autre peut-être...

Le Loup me lâche finalement et vient se poster aux côtés de la femme qui a le port d'une reine, sûre d'elle et de son pouvoir.

- On a pensé que t'avais besoin d'un peu d'air. Colgan Murtagh, Alpha des Abyssaux. Ma partenaire, Marisol Luciadad. Ma meute.

Il fait un bref mouvement vers l'arrière. Il a beau parler d'un ton neutre, une certaine aura d'autorité émane du couple et m'intrigue. L'Alpha semble être un réfléchi et peu enclin à subir ses instincts. Des alliés potentiel ? Le temps le dira.

- J'ai pas besoin de chaperon, je lâche en remettant mon manteau en place. Qu'est ce que vous me voulez au juste ?

Le couple échange un regard complice qui semble remplacer une conversation entière. Patient, j'attends qu'ils me répondent.

Marisol voit Colgan revenir avec la petite racaille blonde. Un vrai bagarreur. Il gesticule comme une anguille hors de son eau. La déesse s'en amuse. Elle a toujours eu un gout affirmé pour les fortes têtes. Toutes les filles qu'elle a ramenées à Colgan sont de la même trempe : des ovaires en acier trempé, la revanche barbouillée en rouge à lèvres, des guerrières.

- Qu'est-ce que tu fous, putain ? Et t'es qui ? Laisse moi lui démonter sa face !

Campée dans sa minijupe en cuir et ses cuissardes, poings sur les hanches, Marisol a un franc éclat de rire relayé par quelques loups et louves.

- On a pensé que t'avais besoin d'un peu d'air.
- Ca faisande sec les cons. On avait peur que ça te prenne au nez.
- Colgan Murtagh, Alpha des Abyssaux. Ma partenaire, Marisol Luciadad.
- Salut...
- Ma meute.

Les Abyssaux le toisent avec curiosité, attendant la marche à suivre insufflée par le couple régnant. Quelques louves dont Shareen gratifie Bertus d'un petit signe de la main accorte.

- J'ai pas besoin de chaperon.
- Désolée, chaton. Marisol s'approche de sa démarche féline et rajuste son col avec une familiarité désarmante. Elle lisse son cuir avec une oeillade malicieuse. On voulait pas égratigner ta fierté... Sourire plein de fossettes.
- Qu'est ce que vous me voulez au juste ?

Marisol regarde Colgan en coin. Leur complicité silencieuse est habituelle pour les Abyssaux, peut-être un peu moins pour un mec solitaire comme  Bertus. Là où Colgan est l'autorité, Marisol cimente les troupes avec le cœur. C'est elle l'interface sociale, elle qui recrute, elle qui convertit.  Colgan passe donc naturellement le relais à sa comparse qui porte officieusement le même titre que lui.

- T'es tout neuf dans cette petite rave party, on voulait juste apprendre à te connaitre ! C'est tout.  Elle lui tapote la joue. Détends-toi, raclo ! Personne va te bouffer... Vous avez tous les quenottes pointues de toutes, à quoi ça servirait ? Petit haussement d'épaules charmant. Donc ? Elle penche la tête sur le côté. C'est quoi ton histoire à toi ? Pourquoi tu t'es mis à "Hurler" ?