Cet hôtel me rend déjà chèvre. Cette chambre aussi. J'ai l'impression d'être une sorte de lion en cage. Je sais que j'ai accepté ça de mon plein gré mais je me doutais que l'effet "enfermé dans moins de quinze mètres toute la journée" serait aussi pénible. Alors j'essaie de tromper le temps... je devrais être passé maître dans cet art, après tout je risque de vivre un paquet de temps autant que je sache le maitriser...mais je me sens plus comme un vieillard dans un corps mort et éternellement jeune. Quand la porte s'ouvre j'ai à peine le temps de poser mon fusain et d'attraper une arme à feu que je planque rapidement dans mon dos. Je gis littéralement dans un monceau de feuilles raturées à essayer de croquer une certaine Altesse royale qui m'occupe beaucoup trop l'esprit.

- Y a quelqu'un? C'pas le service d'étage !

La petite nana qui pénètre dans ma chambre sans y être invitée me dit rien mais à le look extravagant du quartier. Elle semble...étrangement amicale. Pour ce que je m'y connais en décryptage de la nature humaine... ou autre d'ailleurs. Je pousse un soupir et range mon arme sous mon oreiller.

- Il doit y avoir erreur sur la personne. J'ai pas demandé de compagnie tarifée. Essaye la porte d'à côté.

Ce lit est un foutoir sans nom. A croire que Bertus aime dormir dans du papier à dessin.

-Il doit y avoir erreur sur la personne.
-Nope, que je lance en souriant.
-J'ai pas demandé de compagnie tarifée. Essaye la porte d'à côté.

Je ris un peu et penche la tête en le regardant. Ghislain s'est calé un flingue dans l'oreille, au calme. La discétion, tout ça.

-Ah, j'ai arrêté la puterie depuis un moment et y a personne ici qu'à les moyens.

Je hausse les épaules.

-Salut Bertus. Moi, c'est Elie. Sympa, la non planque. J'ai bossé là à mes débuts ici. Elle te traite bien, O'grady? S'tu la veux dans la poche : flat white avec sirop de noisette.

J'ai un sourire bonhomme.

-Chui ta nouvelle belle-soeur et il parait que tu t'es friter sérieux avec Kaelig alors j'viens voir comment ça va.

Je pointe du doigt son oreiller.

-Ca fera pas grand chose contre moi. Sympa les dessins. Je peux?

- Ah, j'ai arrêté la puterie depuis un moment et y a personne ici qu'à les moyens.

Je lui réserve un regard neutre par en-dessous qui signifie très clairement : "Ta vie est passionnante. Merci. Au revoir." Pour rester poli. Et puis un détail cloche et je fronce les sourcils à nouveau hyper méfiant.

- Comment t'as eu le pass de ma chambre et qui t'es au juste ?
- Salut Bertus. Moi, c'est Elie.

Cette fois je me lève, utilisant ma vitesse surnaturelle pour me déplacer devant l'inconnue qui en sait manifestement trop, bras croisés sur le torse. Elle fait encore plus petite comme ça et je la dévisage avec une attention certaine. Elie...Le nom me dit quelque chose...mais oui...la nouvelle nana de mon petit frère ! Surprenante. Elle a tellement rien à voir avec Lavinia que je peux pas m'empêcher de la scruter encore plus intensément.

- Sympa, la non planque.
- S'en est pas vraiment une. Sympa de respecter mon intimité.
- J'ai bossé là à mes débuts ici.
- Voyez-vous ça…
- Elle te traite bien, O'grady? S'tu la veux dans la poche : flat white avec sirop de noisette.
- J'ai mes propres méthodes mais merci pour le tuyau.
- Chui ta nouvelle belle-soeur et il parait que tu t'es friter sérieux avec Kaelig alors j'viens voir comment ça va.

J'étire un sourire glacial. Super...je vais devoir jouer au connard encore une fois. En piste donc…

- Comme c'est mignon...Je vais comme un homme qu'on a salement trahi pourquoi ? C'est frățior qui t'envoie parce qu'il se sent un peu minable ? Ça m'étonne pas, il aime bien envoyer ses nanas faire le sale boulot à sa place…
- Ca fera pas grand chose contre moi.

Elle désigne soudain mon oreiller du doigt. Elle a donc vu le flingue. J'hausse mes épaules.

- C'est bien pour ça qu'il est là dessous et pas sur ta tempe.
- Sympa les dessins. Je peux ?

Imperceptiblement je me poste pour lui boucher la vue sur le lit.

- Non. Tu ne peux pas. Et j'aime autant que tu te barres. J'ai rien à te dire alors inutile de gâcher ta salive. D'ailleurs j'ai globalement plus rien à dire aux membres de cette famille de traîtres qui ont autant d'honneur que de baloches...Bienvenue chez les Taur au fait. J'espère que tu bichonnes bien le petit, il a eu une vie si difficile.

J'ai le timbre qui dégouline d'ironie, le visage fermé et le regard polaire. Pitié, vas-t'en... Franchement cette conversation me fatigue déjà…comme si c'était déjà pas assez crevant moralement de jouer un double jeu constant avec les Hurlants, faut en plus que je me coltine les petits soldats de Kaelig. Si sa nana insiste va falloir que j'en parle à Simone.

-Comment t'as eu le pass de ma chambre et qui t'es au juste ?
-Secret d'pro. Salut Bertus. Moi, c'est Elie.

D'un coup, il est devant moi et il me scrute comme si j'étais une énigme totale alors je lui lance un p'tit clin d'oeil, toujours souriante.
C'est fou quand même, le besoin de la famille Taur d'intimider son prochain. Grosse voix, grosse attitude, grosse vitesse. Je crois que cette succession de bidules arrivent littéralement à chaque fois que j'en rencontre un. C'est mignon.
Le sourire glaciale après ma petite présentation me fait vaguement lever les yeux au ciel. Agrougrou, j'suis un Taur et j'suis trop méchaaaaaaant. Alala. Y a pas à chier, ils sont de la même famille.

-Comme c'est mignon...
-J'allais le dire. Trop mignon, il miaule.

Je ponctue par un sourire amusé.

-Je vais comme un homme qu'on a salement trahi pourquoi? C'est frățior qui t'envoie parce qu'il se sent un peu minable ? Ca m'étonne pas, il aime bien envoyer ses nanas faire le sale boulot à sa place...

Je hausse les sourcils en souriant.

-Sexisme much? Ca va te surprendre, hein, je sais mais malgré mon jeune âge, mon vagin et mes boobs, j'suis capable de venir voir un gus perdu dans un motel de mon plein gré. Incroyable, pas vrai. On est au 21eme siècle, tu devrais sortir un peu plus. Oh et, ça fera pas grand chose contre moi.
-C'est bien pour ça qu'il est là dessous et pas sur ta tempe.
-Haaaaaaaaaan, c'est chou, t'essaie de faire le méchant. Essaie plus fort, choupi. J'en ai dompté des plus corriace.

Un sourire charmeur, un clin d'oeil osé.
Je parle de ses dessins et vu qu'il me prend à rebrousse poil alors qu'à la base j'étais venu pour etre super civile et sympathique, j'peux pas m'empecher.

-Non. Tu ne peux pas. Et j'aime autant que tu te barres. J'ai rien à te dire alors inutile de gâcher ta salive.
-Vous avez tous un sens du dramatique, dans cette famille, c'est incroyable.
-D'ailleurs j'ai globalement plus rien à dire aux membres de cette famille de traîtres qui ont autant d'honneur que de baloches...
-Dixit le mec planqué dans son motel foireux et qui a rejoint une bande d'abruti énervé. J'crois pas que t'ai beaucoup de leçon de moral à filer en terme d'honneur ou de baloche, chaton. Qui plus est, j'suis assez sûre que c'pas Kaelig qui a orchestré ta transformation.
-Bienvenue chez les Taur au fait.
-Merci bien.
-J'espère que tu bichonnes bien le petit, il a eu une vie si difficile.
-Bah, grandir dans une secte, c'est facile pour personne. J'ai ramassé assez de vos descendants à tous à la petite cuillière pour constater que les Sang-Coureurs, c'est vraiment une super idée, ouais.

J'inspire tranquillement et penche la tête.

-Ecoute, Bertus. J'suis pas là pour jouer à qui a le plus de torts dans cette putain de famille. Honnêtement. J'suis venu voir si y avait moyen de calmer les choses, parce que y a clairement d'autre priorité que les guerres internes et les pugilats de couloir. Y a un brouillard de ces morts qui envahit la ville et un bien plus gros problème que la fausse culpabilité de ton frère. Crois-moi, j'connais à peu près toute les crasses qu'il a commise et franchement, j'pense pas qu'il m'aurait caché le  complot pour buter son frangin. J'ai eu le droit à l'histoire du daron, celle de Ciulin, celle de ses ainées et l'intégralité du roman de pourquoi Lavinia et lui c'était le couple le plus toxique de l'univers. Mais t'as jamais été dans ces histoires là. T'étais dans les autres. Celles où il a perdu des gens qui lui étaient putain de cher. Des gens qu'il pleure encore maintenant.

Je disparais pour réapparaitre dans un coin de la chambre et je penche la tête en détaillant les dessins.

-Ok... On va avoir un problème...

Mes yeux virent au noir, ma peau s'enflamme, mon aura se libère.

-Pourquoi tu dessines cette meuf....?

Cette fois c'est moi qui suit sur lui en un quart de seconde. Frangin ou pas, si c'est sa prochaine cible. Je le descend ici et maintenant. Kaelig comprendra.

-J'ai pas de patience, papy. Pourquoi du dessines cette meuf?

- Ecoute, Bertus. J'suis pas là pour jouer à qui a le plus de torts dans cette putain de famille.
- Pourquoi t’es là alors ? Parce que j’ai pas tellement de temps à consacrer à toutes ses conneries.

Qu’est-ce qu’il faut que je fasse pour qu’elle se barre ? Sérieusement ? Je suis presque à deux doigts de lui dire la vérité…que Kaelig se démerde avec sa nana ! Mais évidemment c’est trop risqué de mettre plus de gens dans la combine. D’autant que je sens que cette Elie est le genre de personnalité entière qui ment sans doute très mal et qui doit pas tellement aimer les cachotteries.

- Honnêtement. J'suis venu voir si y avait moyen de calmer les choses, parce que y a clairement d'autre priorité que les guerres internes et les pugilats de couloir. Y a un brouillard de ces morts qui envahit la ville et un bien plus gros problème que la fausse culpabilité de ton frère.
- Y’en a pas. Je me fous de vos priorités à vrai dire… Je te raccompagne pas hein, la porte est derrière toi.
Je fais un petit mouvement du menton vers ladite porte, sans grand espoir qu’elle s’exécute malheureusement.
- Crois-moi, j'connais à peu près toute les crasses qu'il a commise et franchement, j'pense pas qu'il m'aurait caché le complot pour buter son frangin. J'ai eu le droit à l'histoire du daron, celle de Ciulin, celle de ses ainées et l'intégralité du roman de pourquoi Lavinia et lui c'était le couple le plus toxique de l'univers. Mais t'as jamais été dans ces histoires là. T'étais dans les autres. Celles où il a perdu des gens qui lui étaient putain de cher. Des gens qu'il pleure encore maintenant.
- Touchant, que je déclare avec cette même neutralité que j’emprunte un peu à Colgan. Que cette boule de poils me serve au moins à quelque chose…T’as fini ? Super. Bonsoir.

Mais la vie est une chienne qui aime m’emmerder et cette Elie aussi. Elle se téléporte vers mes dessins et je roule des yeux si fort que j’ai un instant peur de les avoir bloqués.
-Ok... On va avoir un problème...
La transformation est presque instantanée mais sincèrement, j’ai vu tellement de merdes et de trucs bizarres pendant mes années de cavale et dans cette ville que j’hausse à peine un sourcil surpris. Garder son sang froid en toute circonstance c’est un peu la base de ce qu’on m’a enseigné depuis que je suis gosse.
- Pourquoi tu dessines cette meuf...?
- Parce qu’elle a un visage intéressant et pas facile à choper.
- J'ai pas de patience, papy. Pourquoi du dessines cette meuf ?
Je me dégage tranquillement. Elle est costaud et puissante, ok. Super. Mais je suis pas de la race des cafards qu’on écrase d’un coup de talon.
- C’est moi le papy mais c’est toi qu’est sourde d’oreille. Elle est artistiquement intéressante, une beauté un peu surannée comme on en croise pas souvent. Quoi t’es déçue ? Tu pensais qu’en bon psychopathe, je m’amuse à dessiner mes prochaines victimes ?... Dans une chambre d’hôtel ou visiblement tout le monde entre et sort comme il veut et où je suis pas le seul à avoir la clé ? Pitié, faudrait vraiment être très con… je suis pas mal de choses mais pas complètement abruti…J'arrive pas à la rendre correctement et j'aime pas échouer. Alors je m'exerce.

Le plus naturellement du monde, je vais m’assoir dans le fauteuil et m’allume une clope. Je lui lance même le paquet.

- Sers toi, t’as l’air d’avoir besoin de te détendre, j’te sens toute crispée. J’inspire la fumée et la recrache vers le plafond en faisant un geste vague vers mes dessins. Cette nana est venue m’accueillir dès le premier pied posé en ville. Elle m’a fait son joli discours de « Venez donc chez nous on a des cookies goût sang de synthèse » et puis quand elle a su qui j’étais elle a pas insisté en me demandant simplement d’aller parler à mon frère avant de faire une connerie. Chose que j’ai faite parce que je suis quelqu’un de civilisé moi. Je ne fouille pas dans les affaires des autres pour le plaisir par exemple. Tu viens en paix…mon cul ouais ! T’es qu’une sale fouineuse. Je penche la tête de côté, clope au bec avec un sourire mauvais. Ton charme a peut-être fonctionné sur mon frère mais pas sur moi. Maintenant tu peux remballer ton attirail, ton sans gêne, tes propositions et te tirer. Le bonjour à frățior !

- Pourquoi t’es là alors ? Parce que j’ai pas tellement de temps à consacrer à toutes ses conneries.
-Chaton, t'as le temps de gratouiller quinze mille feuilles avec tes fusains, pas la peine de me jouer cette sérénade, c'est embarassant pour tout le monde.

Que je lance sur un ton détendu. Y a ces vibrations d'espoir étrange. C'est un poil différent de la salade qu'il me sort. J'arrive pas à mettre le doigt dessus avec certitude mais y a une truc qui me fait bugger le cerveau comme une sale merde.

-Y en a pas. Je me fous de vos priorités à vrai dire...

On peut pas être demeuré à ce point-là. Je penche la tête sur le coté et je décide de continuer la conversation, précisément parce qu'il veut la faire cesser et malgré ses airs menaçants des premières secondes... Ben, c'est du vent. Il se contente d'être sarcastique.

Soyons observatrice, deux secondes. Je viens littéralement d'entrer dans sa chambre comme si c'était chez moi, je lui casse les couilles au burin - oui, je m'en rends compte toute seule, incroyable -. Pire encore, je refuse de me barrer. C'est un Hurlant, c'est un Taur, c'est une machine de guerre en somme avec la haine.

.... Et on est toujours pas en train de se battre...?

De quoi?

Donc. Je continue à parler. Juste pour me gagner un peu de temps et aussi pour parler de tout ce merdier. Le mec est monosyllabe. Mais. Il bouge pas d'un poil de fion. Pourtant que je décide de pousser le truc un peu plus loin et que je tombe sur les dessins, j'avoue, mon sang ne fait qu'un tour.
Je comprends pas ce qui se passe, ok? Entre les vibrations d'espoir pas spécialement tournées vers ce que j'imaginerais d'un gars avec la rage au ventre contre son frère qui prétend que RIEN d'autre n'est important. La fight de l'enfer entre lui et Kaelig, y a pas tellement longtemps. La tronche de chat triste de mon mec à chaque fois qu'on aborde le sujet. Et puis il fait parti des Hurlants, putain de bordel de merde. Et il dessine Simone sur ces calepins à la con comme un amoureux épris. C'est quoi ce putain de bordel.
Bref.
Full démon véner. J'ai un problème et je suis prête à le vaporiser si nécéssaire.

-Pourquoi tu dessines cette meuf...?
-Parce qu'elle a un visage intéressant et pas facile à choper.
-J'ai pas de patience, papy. Pourquoi tu dessines cette meuf?
-C'est moi le papy mais c'est toi qu'est sourde d'oreille. Elle est artistinquement intéréssante, une beauté surannée comme on en croise pas souvent.

Je hausse un sourcil. Pas la moindre idée de ce que veut dire surannée. Je demanderai à Sal. J'observe les dessins sur le pieu.

-Quoi t'es déçue ? Tu pensais qu'en bon psychopathe, je m'amuse à dessiner mes prochaines victimes?...
-Alors merci de pas psychiatriser la connerie humaine...Et j'en connais un qui les collectionne dans un Pokédex, alors tu sais... Les gouts les couleurs...
-Dans une chambre d'hôtel ou visiblement tout le monde entre et sort comme il veut et où je suis pas le seul à avoir la clé ? Pitié, faudrait vraiment être con...
-T'es assez con pour être un hurlant reconnu et être trouvable en moins d'une demi-heure. littéralement. Tu m'excuseras le doute...
-Je suis pas mal de choses mais pas complètement abruti.... J'arrive pas à la rendre correctement et j'aime pas échouer. Alors je m'exerce.

Il s'assoit et je penche la tête en l'observant. Il. discute.
Je me mordille la lèvre et attrappe le paquet au vol. Je m'éteins aussi soudainement que je me suis allumée et je m'assoies sur le lit pour observer plus de dessins. Je sors une clope et l'allume du bout de mon doigt. De l'avantage d'être une flammèche géante : jamais besoin d'un briquet.

-Sers toi, t'as l'air d'avoir besoin de te détendre, j'te sens toute crispée.
-C'est juste que si je me fais l'idée que tu t'en prends à cette meuf, j'vais t'fumer. Et clairement, j'ai pas envie d'expliquer ça à Kaelig.

Je lui offre un sourire en tirant sur la clope.

-Cette nana est venue m'accueillir dès le premier pied posé en ville. Elle m'a fait son joli discours de "Venez donc chez nous on a des cookies goût sang de synthèse" et puis quand elle a su qui j'étais elle a pas insisté en me demandant simplement d'aller parler à mon frère avant de faire une connerie.
-hmmhmm....
-Chose que j'ai faite parce que je suis quelqu'un de civilisé moi

J'éclate de rire.

-Dude tu fais partie d'un club de mec qui font sauté des innocents et des buildings parce qu'ils sont en colère tout rouge. S'teuplé. J'suis entré dans une chambre. Calme tes nibards.
-Je ne fouille pas dans les affaires des autres pour le plaisir par exemple. Tu viens en paix... mon cul ouais ! T'es qu'une sale fouineuse.

roulade d'oeil. Si j'devais faire encore gaffe aux gens qui me sortaient des trucs pareils.... J'en serais pas sortie.

-Ton charme à peut-être fonctionné sur mon frère mais pas sur moi. Maintenant tu peux remballer ton attirail, ton sans-gêne, tes propositions et te tirer.

Je l'observe un instant avant de me tourner de nouveau vers les dessins. Y a des portraits d'elle criants de vérité, presque photographiques. Elle est repetée mille et une fois. Y en a de tout genre. Y a des moues serieuses, narquoise, cyniques... Des expressions criantes de Simone. De son attitude, de manière générale.

Si l'entrevue a été si courte.... Comme a-t-il accès à une palette si exacte...
Je l'observe un moment. En silence.

-Tu savais qu'au Pandemonium, tu finissais par choper un pouvoir? Tu as un genre d'attribut. Une sublimation d'un truc en devenir de ta personnalité, ton intérêt ou quoi.

Je souris un peu.

-J'ai récupéré un truc incroyablement con : l'espoir. Et la façon dont mon don fonctionne est assez simple. Je sens, amplifie, catalyse ou fais disparaitre l'espoir des gens. C'est ça qui nourrit le feu, d'ailleurs. Poétique, hein?

Je penche la tête et pointe un index vers Bertus.

-Et toi... toi, tu dégages absolument pas l'espoir de ce que t'essaie de montrer. T'espères très fort que je m'en aille. Mais vraiment très fort. Et vite.

Je montre la porte d'un coup de tête amusé.

-J'veux dire. Je me suis pas faite péter la gueule alors que t'as essayé de m'effrayer. Tu me parles tranquillement. Tu.fais.que.parler. Et j'veux dire, ok. T'es peut-être pas une brute sanguinaire sans cerveau. Mais j'viens de passer un bon quart d'heure à te pomper l'air et toi... Tu t'assoies tranquille, tu te justifies en fumant une clope...

Je fronce les sourcils avec mon meilleur "seriously" sur le visage.

-Chui un peu confuse, tu vois. Parce que des mecs dans des trucs pas clairs, j'en ai croisé des tas et j'me suis faite éclater la tronche pour moins que ça par des gens melé à des trucs vachement moins extremistes. Et puis y a ça aussi....

Je désigne les dessins de la main.

-Mettons que t'arrive pas à la saisir. Ok. Mais déjà, pourquoi la reine des vampires de la ville t'aurais expliquer qu'il fallait parler à ton frère? Qu'est-ce que ça pourrait bien lui foutre, exactement? Hmm? Et surtout, comment en l'ayant rencontré une fois, t'as réussi à la voir faire une palette aussi complète de tronche assez souvent pour réussir à les refaire fidèlement.

Je hausse les épaules avec une moue peu convaincue.

-Bref, qu'est-ce qui se passe? Soyons clair : non, j'bougerai pas tant que je serais pas convaincue. Oui, si il s'avère que t'en veux à Madame, ça va pas bien se finir.

Je ne pense pas être spécialement menaçante. La vérité, c'est que je suis paumée. Y a vraiment beaucoup de choses qui dissonnent. J'comprends que dalle. Pourquoi, après avoir juré sa mort et de lui démollir la tronche et compagnie, il s'est rien passé...? Même pas un peu. Pourquoi ça lui ai pas venu à l'idée de tenter un truc sur la meuf de son pire ennemie. Avant qu'il sache que je suis un démon... Il aurait pu avoir l'espoir de tenter...mais rien. Depuis qu'il sait qui je suis, il n'espère qu'une chose, c'est que je m'en aille.

What.the.fuck. putain.

- Dude tu fais partie d'un club de mec qui font sauté des innocents et des buildings parce qu'ils sont en colère tout rouge. S'teuplé. J'suis entré dans une chambre. Calme tes nibards.

Là je vais commencer à vraiment m’énerver…j’aime pas les gens qui voient tout en noir et blanc. Putain de merde ! Elle pense vraiment qu’elle a en face d’elle que des ramollos du bulbe qui pense qu’à détruire et à tuer sans raison ? Bon pour une grosse majorité c’est vrai…mais y’a les autres…bordel de merde y’a les autres et personnes n’en a rien à foutre des autres.
Je ploie mon grand corps vers l’avant et la fusille du regard, l’expression bien moins débonnaire qu’avant.

- En colère tout rouge ? je répète d’une voix glaciale… Bah voyons ! Si ca t’aide à dormir la nuit de croire qu’il y a forcément que des connards de l’autre côté hein… fais donc ! Mais pour éclairer un peu ta lanterne, c’est pas le cas. Y’a des attardés psychopathes chez les Hurlants, ça je te l’accorde. Et les autres t’en fais quoi ? Ceux qui ont une vraie raison de se battre contre l’Humanité. Evidemment je pense à Colgan et Marisol, une bonne partie des Abyssaux d’ailleurs. Je connais un Loup qui aurait pas fait de mal à une mouche et qui essayait vraiment de s’en sortir…mais un jour son voisin a décidé de descendre sa femme devant ses yeux parce qu’il a eu la trouille puis a essayé de le tuer derrière. Sans même discuter avec cet homme et cette femme qu’il connaissait pourtant depuis des années. Alors ouais il est en colère tout rouge et putain de merde il a tous les droits de l’être ! Ca en fait pas un demeuré congénital qui aime jouer avec des bombes. Il répond juste à la violence extrême dont il a été victime par une autre.

Je tire une longue bouffée de ma cigarette pour me calmer.

- Question de perspectives tu vois… t’as l’air de croire que puisque je suis contre ton mec je suis forcément le méchant de l’histoire, je reprends sur un ton plus nonchalant. Si tu veux…pour ce que ça me fait…Mais moi, je ne fouille pas dans les affaires des autres pour le plaisir par exemple. Tu viens en paix... mon cul ouais ! T'es qu'une sale fouineuse. Ton charme à peut-être fonctionné sur mon frère mais pas sur moi. Maintenant tu peux remballer ton attirail, ton sans-gêne, tes propositions et te tirer.

- Tu savais qu'au Pandemonium, tu finissais par choper un pouvoir? Tu as un genre d'attribut. Une sublimation d'un truc en devenir de ta personnalité, ton intérêt ou quoi.
Bon…au point ou j’en suis…Je me lève et vais nous chercher une bière que je viens lui tendre.
- Non mais je t’en prie…dis moi tout…j’en meurs littéralement d’envie.
- J'ai récupéré un truc incroyablement con : l'espoir. Et la façon dont mon don fonctionne est assez simple. Je sens, amplifie, catalyse ou fais disparaitre l'espoir des gens. C'est ça qui nourrit le feu, d'ailleurs. Poétique, hein ?
- Magnifique. Tu devrais écrire ta bio, je te jure que j’y jetterai un coup d’œil…maintenant…
Elle me coupe la parole et je bois donc une bonne gorgée d’alcool que je sens de toute façon pas.
- Et toi... toi, tu dégages absolument pas l'espoir de ce que t'essaie de montrer. T'espères très fort que je m'en aille. Mais vraiment très fort. Et vite.
- Whaou, hyper pratique ton truc. Alors au cas où je n’étais pas super clair avant, j’ai effectivement très très envie que tu te barres. Quel scoop ! Y’a encore moyen de te le faire échanger ton don ou pas ?
- J'veux dire. Je me suis pas faite péter la gueule alors que t'as essayé de m'effrayer. Tu me parles tranquillement. Tu.fais.que.parler. Et j'veux dire, ok. T'es peut-être pas une brute sanguinaire sans cerveau. Mais j'viens de passer un bon quart d'heure à te pomper l'air et toi... Tu t'assoies tranquille, tu te justifies en fumant une clope...
- Alors…et putain ça me fatigue tellement de devoir expliquer tout ça…figure toi que un : j’aime pas spécialement péter la gueule à des gens pour le plaisir de péter des culs. Or à part venir me faire chier, je vois pas bien pour quelle raison on se foutrait dessus. C’est à lui et à Silviu que j’en veux. Deux : Moi j’ai les valeurs familiales chevillées au corps, tu restes la nana de mon frère, donc pas touche. Et trois : question pompage d’air, j’ai vécu avec trois frères. Je tente tranquillement de faire des formes avec ma fumée. J’ai eu pire…
- Chui un peu confuse, tu vois. Parce que des mecs dans des trucs pas clairs, j'en ai croisé des tas et j'me suis faite éclater la tronche pour moins que ça par des gens melé à des trucs vachement moins extremistes. Et puis y a ça aussi....

Je hausse mes épaules…franchement qu’elle ne comprenne pas c’est pas étonnant. Mais c’est certainement pas moi qui vais lui expliquer.

- Mettons que t'arrive pas à la saisir. Ok. Mais déjà, pourquoi la reine des vampires de la ville t'aurais expliquer qu'il fallait parler à ton frère ? Qu'est-ce que ça pourrait bien lui foutre, exactement ? Hmm ?
- La reine des vampires ? Ah merde…j’ai oublié de lui faire la révérence, c’est sans doute pour ça qu’elle a eu l’air toute constipée. Mais j’en sais rien moi ! Si t’allais demander audience pour lui poser directement la question hein ? Elle avait pas envie d’un conflit « à la Taur » j’imagine !  Et puis tu crois quoi bordel ? Que ça me fait plaisir d’avoir été assassiné par mon frère et sa connasse de femme ? Ex-femme. Que j’ai adoré le fait d’avoir été écarté de mon héritage pour assouvir leurs ambitions ? Que je me frotte les mains tous les jours en me disait que la vie est merveilleuse comme ça ? Perspectives bordel ! Retire deux secondes tes œillères !
- Et surtout, comment en l'ayant rencontré une fois, t'as réussi à la voir faire une palette aussi complète de tronche assez souvent pour réussir à les refaire fidèlement.
- J’ai un don, une bonne imagination et j’ai dû l’irriter un peu parce qu’elle a m’a effectivement fait pas mal de tronches différentes en quelques minutes. Ca aussi c’est un don.
- Bref, qu'est-ce qui se passe ?
- Ah bah là on boit une bière en fumant une clope et tu me tiens la jambe en me demandant des infos que j'ai pas. Grosso modo… Sérieusement, tu préfères pas faire chier les autres Taur de la famille ?
- Soyons clair : non, j'bougerai pas tant que je serais pas convaincue. Oui, si il s'avère que t'en veux à Madame, ça va pas bien se finir.
- Ah oui…Madame ! C’est comme ça qu’elle s’est présentée je crois ! Tellement pompeux. Je laisse éclater un petit rire ironique. Je me lève et m’approche. Tu veux que je te convainque de quoi ? J’ai rien à te prouver ni à t’expliquer. En gros, je te dois que dalle. Si tu veux prendre racine, fais donc ! Moi je me casse d'ici une demi-heure. Des trucs de psychopathes à faire...

Je vais écraser ma clope dans le cendrier et m’en retourne sur le lit où je me réinstalle tranquillement. Je prends une nouvelle feuille et recommence à gratter du fusain. Cette fois c’est Elie que j’essaie de croquer.
- Je dessine ma prochaine victime, que je lance avec une ironie grinçante tout esquissant un sourire.

Putain, il se ressemble et ça me fait sourire tendrement. Les Taur, des grands cassés par la vie. J'ai en soudaine envie de lui faire un calin. L'histoire de perspective me fait un plaisir fou rien que parce que ça prouve qu'il a pas été tant entaché par l'endoctrinement ultra-violent des Sang-Coureurs.

-T'as l'air de croire que puisque je suis contre ton mec je suis forcément le méchant de l'histoire.
-Absolument pas. Je me demande juste qui tu es et le meilleur moyen, c'est encore de faire réagir les gens.

Je souris tranquillement.
Plus le temps passe et plus on discute et plus y a un truc qui commence à tilter dans mon cerveau. J'inspire tranquillement. Il m'explique pourquoi il s'attaquera pas à moi. Ok.

-Et puis tu crois quoi bordel ? Que ça me fait plaisir d'avoir été assassiné par mon frère et sa connasse de femme ?

Je sais pas pourquoi, l'image de Nelu, devenu le protégé de Kali, me revient en tête. La trouillotteuse... Les rires. J'ai un long frisson déplaisant.

-Que je me frotte les mains tous les jours en me disant que la vie est merveilleuse comme ça ? Perspective bordel ! Retire deux secondes tes oeillères!

Je ne peux pas lui en vouloir de me dire tout ça. A vrai dire, je réponds un peu à l'agression par l'agression, par defaut. L'habitude de la rue. Je continue à discuter l'air de rien en buvant tranquillement ma bière.

-Ah bah là on boit une bière en fumant une clope et tu me tiens la jambe en me demandant des infos que j'ai pas. Grosso modo... Sérieusement, tu préfères pas faire chier les autres Taur de la famille ?

Je hausse les épaules en soupirant doucement.

-Moi je me casse d'ici une demi-heure. Des trucs de psychopathes à faire...

Je pouffe de rire.

-Elle est excellente, celle-là.

Que je lance en m'allongeant un poil sur le lit.

-Je dessine ma prochaine victime.

Je me redresse pour aller voir ce qu'il dessine.

-Tu dessines vraiment super bien!

Je souris en l'observant faire avant de lancer.

-Bon ok. J'avoue, j'ai réagis fort, tout ça. Désolée. Le fait est que j'ai tendance à répondre aux sarcasmes par d'autres sarcasmes. Sale habitude. Ton frère t'en dira des nouvelles.

Et puis je sais pas pourquoi en m'écartant, je réalise un truc incroyable.
Ca fait des jours que Kaelig tente de me dire un truc qui veut pas sortir. Et c'est toujours autour de son frère, putain.

-Putain de merde....

Que je dis d'une voix blanche. J'observe Bertus avec l'air surprise.

-C'est ça qu'il essaie de me dire, depuis le début....? Tu travailles pour....

Je me tais. Je fronce les sourcils. C'est pour ça que Asmodée et Simone m'esquivent aussi souvent qu'ils peuvent et qu'on m'a pas aidé à retrouver Bertus à Malsheem.

-Kaelig est au courant, pas vrai...?

-Tu dessines vraiment super bien !
Je lui jette un coup d’œil amusé.
- Je pourrais me sentir vexé que ça t’étonne autant. Dans chacun déséquilibré se cache un petit être sensible. Enfin je crois…
- Bon ok. J'avoue, j'ai réagi fort, tout ça.
- J’ai pas remarqué … je déclare sur un ton neutre en la regardant par en dessous.
- Désolée. Le fait est que j'ai tendance à répondre aux sarcasmes par d'autres sarcasmes. Sale habitude. Ton frère t'en dira des nouvelles.
- Je ne pense pas non… je n’ai pas prévu de lui parler d’ici les années à venir, surtout pas de sa nouvelle nana, aussi « charmante » soit-elle.
Je crois que les guillemets sont assez explicites dans ma voix.

- Putain de merde....

Le ton qu’elle utilise me fait soudain arrêter la main qui guide le fusain et je tourne mon expression perplexe et un chouillat agacée vers elle.
- Quoi … encore ?
Elle a tout l’air d’Archimède dans sa flotte qui vient d’avoir une illumination

- C'est ça qu'il essaie de me dire, depuis le début... ? Je fronce les sourcils. Tu travailles pour...
- Pour les Hurlants oui, je finis à sa place en plissant les yeux. C’était pas assez clair avant ? C’est pas pour ça que t’es là ? Pour me guider vers la lumière des justes ? Je suis paumé là…

Elle semble réfléchir un peu et on se regarde avec un air suspicieux qui doit paraitre très comique vu de l’extérieur. Un frémissement amusé agite les traits durs de mon visage. A ce stade je sais exactement ce qu’elle vient de comprendre mais je trouve ça bien plus drôle de garder mon rôle malgré tout.

- Kaelig est au courant, pas vrai... ?
- Evidemment… comment il pourrait ne pas le savoir ?

Je pose le fusain sur mon dessin et mes mains dégueulasses et noires attrapent mon paquet de clopes. J’en allume une avec désinvolture tout en la scrutant avec attention.

- Rahat c’est à se demander comme le frangin a su garder son parricide secret si longtemps…il est vraiment, VRAIMENT pas doué. Ecoute nouvelle belle-sœurette, quoi que tu penses avoir compris, fous la paix à mon frère avec ça. Je ne t’apprends rien en te disant qu’un secret n’en est un que s’il est partagé que par un petit nombre de personnes. Et comme de ce secret dépend ma survie…j’aime autant qu’il ne s’ébruite pas … tu vois ce que je veux dire ou… je suis obligé de te faire un dessin ? J’ajoute en faisant un vague mouvement vers ma feuille. Et comme ça tu vois, tu m’as l’air d’être quelqu’un avec…des principes. Un peu trop, tout noir ou tout blanc, mais des principes quand même, du genre « Je ne mens pas à ceux que je respecte et que j’aime ». Pas du tout le genre à savoir garder ledit secret. Du coup sois sympa, oublie cette visite, ferme ta jolie bouche et passe à autre chose ! Reste dans le noir et blanc ça sera finalement plus simple. Et va pas me sortir le couplet de « dans un couple on se dit tout » parce que c’est foutrement faux surtout dans les circonstances présentes. Voilà, t’es contente maintenant, Sherlock ?  

J'ai la sensation d'un mur de brique qui viendrait me tomber sur la tronche. Immédiatement, y a cette odeur ignoble qui me monte au nez. Et y a ses rires discrets, lointains qui éclatent comme s'ils attendaient la chute de la blague depuis un moment. Fait. Chier.

J'observe Bertus poser son fusain et me détailler et y a aucune malice dans son regard mais je me sens soudainement atrocement sale.

-Rahat c'est à se demander comme le frangin a su garder son parricide secret si longtemps.... il est vraiment, VRAIMENT pas doué.

Je déglutis difficilement. J'essaie d'ignorer les autres voix qui s'en mêlent.

-Ecoute nouvelle belle-soeurette, quoi que tu penses avoir compris, fous la paix à mon frère avec ça.

Je me sens rire sans en avoir réellement envie.

Il t'a menti.

-Je ne t'apprends rien en te disant qu'un secret n'en est un que s'il est partagé que par un petit nombre de personnes. Et comme de ce secret dépend ma survie... J'aime autant qu'il ne s'ébruite pas... tu vois ce que je veux dire ou... je suis obligé de te faire un dessin?
-Tu veux dire éviter que des gens comme... Je sais pas... Moi, se pointe chez toi? Bah, ça marche super bien.

Ma voix est blanche, beaucoup plus que je n'aimerais.

-Et comme ça tu vois, tu m'as l'air d'être quelqu'un avec... des principes. Un peu trop, tout noir ou tout blanc, mais des principes quand même, du genre "je ne mens pas à ceux que je respecte ou que j'aime". Pas du tout le genre à savoir garder ledit secret.

Nouveau sourire malgré moi. La sensation brulante qui remonte dans mes bras me fait légèrement tressaillir.

-Du coup sois sympa, oublie cette visite, ferme ta jolie bouche et passe à autre chose ! Reste dans le noir et blanc ça sera finalement plus simple.

Mes yeux retombent sur lui.

-Et va pas me sortir le couplet de "dans un couple on se dit tout" parce que c'est foutrement faux surtout dans les circonstances présentes. Voilà, t'es contente maintenant, Sherlock ?

Je reste silencieuse un petit moment. Je mets mentalement en pratique les exercices d'enracinement de Salomon. Jusqu'à ce que ça reflue. Jusqu'à ce que les voix s'amenuisent, la panique disparaisse et les flashbacks retrouvent leur place dans le passer.

-A la putain de bonne heure...

Je me gratte la tête avec force et observe Bertus, une nouvelle fois. Calmement.

-Merci de m'avoir expliquer, Bertus et déso d'avoir fait irruption comme ça. J'ai débarqué comme ça parce que y a pas si longtemps que ça, il en était arrivé à se dire que rejoindre le pandémonium le plus vite possible pour expier, c'était ce qu'il y avait de mieux. Et il a remonté la pente, tu vois. Alors après l'énorme coup d'éclat...

Je hausse les épaules en retournant vers la porte.

-J'ai eu peur qu'on en revienne là. C'était.... probablement stupide de ma part.

Mordillage de lèvres compulsif.

- J'espère qu'on pourra se re-rencontrer dans des meilleures circonstances. Genre, sans les insultes, les sous-entendus de merde. T'as l'air fun. Chui sûre que toi et Ciu vous d'vez être proches.

Ma main se pose sur la poignée et je m'arrête avant de sortir.

-Oh et... J'en connais certains. Des Hurlants, j'veux dire. J'sais comment la vie et les gens peuvent vous casser la gueule. Et comment la violence semble la seule issue.

Je me tourne vers lui avec un sourire tranquille.

-Ca me ferait chier que t'imagine un seul instant que je juge vraiment. J'ai rencontré des monstres. Des vrais et généralement, c'est pas ceux qui se débattent comme les Hurlants le font. Généralement, c'est ceux qui sont dans l'ombre et qui ont un plan très précis.


Je hausse les épaules.

-Bon courage, papy.

Et je sors tranquillement, téléphone à la main. J'envoie un message à 3 personne en marchant doucement dans le couloir. Asmodée, Simone et Kaelig. Il est simple : "Urgent, rdv au Eden's Rest avant l'ouverture". Là où Bertus ne se trompe pas, c'est que je n'aime pas qu'on me mente et que je n'aime pas mentir. Ca déclenche suffisamment de crises chez moi pour que j'aime éviter. Là où il se trompe, c'est que ce n'est pas une question d'aimer. C'est une question d'être à égalité. Or, jusqu'à preuve du contraire, je suis l'un des deux chefs des Dormeurs et c'est à ce titre que j'aurai dû être informée. Apparemment, y a pas qu'avec les Sang-Coureurs que je dois assoir mon autorité.