Am I calm enough? Big enough?
Brave enough? Bad enough?

Is it strange to think so much?

Elle a essayé.
Plusieurs fois.
Tant de fois que s'en est démoralisant.

Avec Edgard, personne ne me résistait.

Mais Edgard ne respectait rien ni personne et ça n'est pas comme cela qu'elle souhaite procéder. Sorin refuse de lui parler. Elle ignore comment parvenir à toucher le jeune homme, à trouver le moyen de se faire entendre. Confusément, elle sait qu'elle est dans le juste chemin, pourtant il ne se jonche d'aucun fruit à cueillir : de l'amertume, de l'angoisse et de l'épuisement. C'est là toute sa récolte.

Edgard obtenait tout ce qu'il désirait, sans dépit.
Le libre-arbitre demande du temps et des efforts.
Persévère.

Il fait presque nuit.
Songeuse, la Dragonne profite d'un maigre répit, assise sur une barrière d'enclos. Elle réfléchit. Son regard se porte vers la forêt, cette forêt qui ne cesse de se mouvoir et où niche Marcus, son sauveur d'un soir. Elle pivote pour observer la silhouette brumeuse de la ville au loin, rougeoyante sous les coups de pinceau du crépuscule.
Elle n'a aucun plan, aucune idée. Ses hommes attendent après elle, ses nouveaux alliés attendent après elle, et, elle, ne sait pas ce qu'elle attend. Un signe, peut-être ? Une confirmation qu'elle agit dans le bon sens ? Elle n'a plus aucune voix dans sa tête pour le lui indiquer.

Je suis fatiguée.
Il est fatiguant d'être soi.

Elle ne se laissera pas aller à pleurer pourtant. Le Charmeur de Bête l'a surprise dans un état de faiblesse qui ne se reproduira plus. Il le faut. Elle doit inspirer la force, la solidité, elle doit rassurer.

Mais moi, qui le fait pour moi?
Quand la Nuit vient et que je suis seule avec mon Silence ?

La Dragonne se méfie des belles paroles d'Ohanzee et de Beitris. Les deux énergumènes soulagent l'esprit de bien des survivants de la Cité d'émeraude ou du Brouillard, mais pas elle. Elle n'a pas quitté un manipulateur psychique pour trouver refuge auprès de manipulateurs spirituels. Pourtant, elle a besoin que son espoir en l'avenir soit nourri.
Elle a besoin de prouver qu'elle a changé.
Sorin est son tout premier chantier. Elle doit l'aider !

Lui apprendre sans asservir.
Lui donner les outils dont on m'a privée.
Lui offrir la compréhension de ce qu'il est.
Je ne suis pas allée si loin pour renoncer...

Comment faire, néanmoins, si elle ne parvient pas à l'approcher ?

Je l'ai observée du coup de l'oeil pendant plusieurs jours. Tout le monde lui en veut du coté de chez nous, tout le monde attend d'elle des réponses qu'elle n'a pas du coté de chez elle... Je ne sais pas exactement ce qui arrive à cette miss mais sa vie semble sacrément puer ces derniers jours.
Je l'ai vu tenté d'approcher Sorin à plusieurs reprise. Depuis les incidents d'Emeraude, il est devenu quasi mutique. Il s'énerve vite pour pleurer l'instant d'après. Il se calme peu à peu et nous laisse approcher de plus en plus, mais c'est un travail de longue haleine et certainement pas quelque chose qu'une nouvelle venue parviendra à faire pour le moment.
Je ne sens pas de mauvaises vibrations venant de Salomée. Je vois une nana perdue dans un champs de merde avec l'envie de s'en sortir sans trop comprendre comment y arriver.
J'avais décidé de lui laisser un peu d'espace, simplement.... Les appels de sa petite flamme me font de l'oeil depuis un petit moment maintenant et la perspective d'un départ dans les fosses me laissent une question sous le nez : est-ce que je peux lui faire confiance pour aider Sorin et Vioréa...?

Au lieu de me torturer en conjectures - une de plus - j'ai décidé de régler la question frontalement. Parler avec elle, voir ce qu'il en ressort.
J'ai bien vu qu'elle était un peu échaudée par les discours d'Ohanzee et Beitris. Moi aussi, pour être honnête. Je comprends rien à cette histoire, si ce n'est qu'on est liés et que c'est pas des méchants -loin de là- mais y a des lignes que je ne suis pas prête à franchir. Celle d'instiguer un sens presque religieux à tout ça me fout clairement mal à l'aise.

Salomée est perchée sur une barrière. Le long soupire qu'elle pousse me semble en dire long sur sa fatigue. L'éclair vacillant de son espoir me fait un poil mal au coeur. Moi et mes deux tasses fumantes de thés, on s'approche d'elle. Je lui en tend une tranquillement avant de m'asseoir à coté d'elle.

- Salut, Salomée. J'aimerais qu'on discute, toi et moi.

Ma voix est calme et posée, j'observe les environs en soufflant sereinement sur ma tasse de thé.

-J'suis pas là pour t'agresser, j'te rassure. Pas envie. Pas l'energie non plus, en vrai.

Je suis secouée d'un petit rire que je ponctue d'une petite gorgée de thé.

-J'vois que t'essaies d'approcher Sorin. J'voudrais savoir pourquoi.

Je me tourne vers elle.

-Belle-mère, toussa, tu vois?

Je me détourne pour observer le balais frénétiques des pipistrelles.

-Accessoirement, j'te sens un poil...Hum.... Comment dire... Dans le mal?

Je me gratouille la tête.

L'herbe grasse écrasée à rythme régulier lui indique qu'on marche dans sa direction. Elle éprouve une flemme terrible de se retourner sachant qu'on va probablement encore lui demander quelque chose. On lui demande toujours quelque chose. Les gens ont désespérément besoin qu'on leur donne des ordres pour savoir quoi faire de leur existence. Ce constat la désespère d'autant qu'elle a été ce genre de personne toute sa vie.

- Salut, Salomée. J'aimerais qu'on discute, toi et moi.

La Dragonne ferme les yeux une poignée de secondes. "Discuter". A quoi cela sert-il de toujours vouloir "Discuter" ? Parler, encore parler, toujours parler. Elle est épuisée de ce trop plein social imposé par son grade. Ergoter n'a jamais été son point fort. Le silence est bien plus confortable.
La sorcière se retourne néanmoins pour faire face à l'extravagante "Rêveuse" à la tête des Dormeurs en partenariat avec le vieux Taureau.

- Je vous écoute.
- J'suis pas là pour t'agresser, j'te rassure. Pas envie. Pas l'énergie non plus, en vrai.
- Parfait, je ne l'ai pas non plus.

Quiconque d'un peu sensé aura pris cette phrase pour une fin de non-recevoir. Tout le monde n'est pas Elehiel Thatcher. La démone est secoué d'un petit ricanement qui laisse entendre à Salomé qu'elle vont tout de même devoir papoter.

Super.

- J'vois que t'essaies d'approcher Sorin. J'voudrais savoir pourquoi.
- En quoi cela vous concerne-t-il ?
Elle tourne son minois tacheté vers la sorcière.
- Belle-mère, toussa, tu vois?
-..... Je vois. C'est une raison acceptable de la renseigner. Belle ou pas, une mère a le droit de veiller sur son enfant. Sorin possède un pouvoir extrêmement rare. Jusqu'à présent, il n'existait qu'une seule personne au monde capable de magiquement décomposer et dénaturer la matière à l'échelle moléculaire. Il se trouve que cette personne aimerait lui enseigner à maitriser son don mais qu'elle se trouve devoir d'abord passer un entretien avec sa mère, assise sur une barrière d'enclos à poneys.
- Accessoirement, j'te sens un poil...Hum.... Comment dire... Dans le mal?

Salomée pivote lentement vers son interlocutrice, sourcils froncés.

- Dans le mal ? C'est à dire ?

Salomée est laconique. Clairement, ça va être droit au but. Ca me va. Tout le monde tourne autour du pot depuis que le brouillard à tout engloutie, les angoisses sont exacerbées et tout se complique.
J'imagine que pour la dragonne aussi.

-Je vois.

Salomée s'imagine qu'elle protège déjà Sorin quand elle envisage mal le fait qu'elle fait partie du traumatisme de Sorin. Je lui explique malgré tout. Il n'est pas question de me la mettre à dos. J'ai peu d'energie pour les guerres intestines. Je préfère réunir tout le monde et tenter de trouver une solution pour rejoindre le bunker. Enzo est là-bas. Je n'imagine pas qu'il en soit autrement. Je l'aurai sû s'il lui était arrivé quelque chose. Owen nous rejoint de sa large démarche avant de s'étaler à mes pieds.

-Sorin possède un pouvoir extrêmement rare. Jusqu'à présent, il n'existait qu'une seule personne au monde capable de magiquement décomposer et dénaturer la matière à l'échelle moléculaire. Il se trouve que cette personne aimerait lui enseigner à maitriser son don mais qu'elle se trouve devoir d'abord passer un entretien avec sa mère, assise sur une barrière d'enclos à poneys.
-Y a plus désagréable qu'un enclos à poneys.... Genre....

Je plisse les yeux en réalisant que bons nombres de trucs qui me viennent à l'esprit ont plus ou moins rapport avec des trucs qui finissent dans les fesses.

-.... J'ai rien de propre qui me vient. Et c'pas un entretien mais bon, y a deux semaines Sorin était enlevé dans le but de lui apprendre à mieux maitriser ses pouvoirs et on va pas s'mentir, c'était un échec cuisant. Tout ce qui en ai ressorti, c'est d'la violence superflue et des gamins complètement traumatisés. J'pense que c'est vrai des deux cotés, dis toi.... Tout ça pour dire que ça fait un moment que t'essaie et que t'es toujours aussi près d'approcher Sorin que nous d'arrêter Unseelie quoi.

Du coup, j'précise qu'elle a pas l'air d'être un modèle de sérénité et visiblement, c'est un sujet sensible.

-Dans le mal ? C'est à dire ?
-Chaton, t'es assise sur une barrière à enclos pour poney  à regarder les feuille tomber. Même sans mes pouvoirs, j'peux difficilement me faire une image de toi en train de chantonner mentalement what a wonderful world.

Je ponctue d'un haussement d'épaule amusé.

-A coté de ça, mon don à moi, c'est l'espoir. Tu clignotes comme un phare. Ca sent la PLS mentale.

Je détaille la jeune femme. On doit avoir le même age à peu de chose près.

-Peut-être que j'peux aider? Genre pour Sorin et j'sais pas... On est alliées alors autant partager les savoirs et les compétences, nan?

J'inspire profondément en caressant la fourure d'Owen.

-J'comprends que tu veuilles apprendre à Sorin à se contrôler. Et il faut qu'il contrôle son don. Mais, faut s'mettre dans ses baskets deux secondes : on l'récupère quasi tout les soirs après des cauchemars, il parle quasi plus et il a peur d'approcher les gens. Il a voulu aider et il a manqué de tuer les gens qu'il voulait protéger. Tain, il a éclaté une patte à un gus. Il a pas besoin qu'on lui dise comment faire pour gérer son don, là, maintenant. Il a besoin de quelqu'un qu'a traverser la même chose et qui peut compatir. P't-être que ça passera pas tout de suite mais ça viendra. T'as parlé avec sa soeur?

Je hausse les épaules.

-J'aimerai qu'ça soit simple mais ça le sera pas. J'peux gérer Kaelig pour te laisser mentorer Sorin et t'conseiller sur comment approcher mon beau-fils pour l'aider.... Après voilà.... C'est rien de magique quoi.

Je pouffe de rire.

-Y a plus désagréable qu'un enclos à poneys.... Genre....
- Genre ?
-.... J'ai rien de propre qui me vient. Et c'pas un entretien mais bon, y a deux semaines Sorin était enlevé dans le but de lui apprendre à mieux maitriser ses pouvoirs et on va pas s'mentir, c'était un échec cuisant. Tout ce qui en ai ressorti, c'est d'la violence superflue et des gamins complètement traumatisés. J'pense que c'est vrai des deux cotés, dis toi.... Tout ça pour dire que ça fait un moment que t'essaie et que t'es toujours aussi près d'approcher Sorin que nous d'arrêter Unseelie quoi.
- Merci pour l'état des lieux. J'aurais pu le faire moi-même.
- Accessoirement, j'te sens un poil...Hum.... Comment dire... Dans le mal?
- Dans le mal ? C'est à dire ?
- Chaton, t'es assise sur une barrière à enclos pour poney à regarder les feuille tomber. Même sans mes pouvoirs, j'peux difficilement me faire une image de toi en train de chantonner mentalement what a wonderful world.
- C'était mon seul moment de tranquillité et il a été torpillé. Peut-être que j'ai effectivement un peu les boules.

La dragonne lance un regard en coin à la démone, s'accoude sur ses propres genoux et joints les mains.

-A coté de ça, mon don à moi, c'est l'espoir. Tu clignotes comme un phare. Ca sent la PLS mentale.

Pas étonnant.
Je sors fraichement d'un joug mental qui m'a défoncé le cerveau
et qui me condamne à devenir tarée.

- Peut-être que j'peux aider ?
- Pour ?
- Genre pour Sorin et j'sais pas...
- Quelle serait la contrepartie ? Il y a toujours une contrepartie.
- On est alliées alors autant partager les savoirs et les compétences, nan?
- Genre... trouver des comparaisons "propres" ? Petit sourire en coin, fugace. Donc, concrètement ?
- J'comprends que tu veuilles apprendre à Sorin à se contrôler. Et il faut qu'il contrôle son don. Mais, faut s'mettre dans ses baskets deux secondes : on l'récupère quasi tout les soirs après des cauchemars, il parle quasi plus et il a peur d'approcher les gens. Salomée pince les lèvres. Il a voulu aider et il a manqué de tuer les gens qu'il voulait protéger.
- Je sais.
- Tain, il a éclaté une patte à un gus.
- Je sais....
- Il a pas besoin qu'on lui dise comment faire pour gérer son don, là, maintenant. Il a besoin de quelqu'un qu'a traverser la même chose et qui peut compatir.
- Je sais ! Pourquoi croyez-vous qu'on m'ait collé un manipulateur mental pour me verrouiller le cerveau dès l'âge de 7 ans !?

Elle a presque crié. Elle n'avait pas l'intention de se confier. Elle déteste paraitre affaiblie. La sorcière ferme les yeux quelques secondes et se contraint à respirer calmement.

- Je sais pertinemment ce qu'il est en train de vivre. Je suis l'unique personne qui peut comprendre ce qu'il traverse. Je veux qu'il puisse apprendre sans souffrir des pratiques que j'ai subies.
- P't-être que ça passera pas tout de suite mais ça viendra. T'as parlé avec sa soeur?
- Oui. Elle m'a foutu son poing dans la tronche. Elle m'a pété le nez. Ensuite elle m'a tendu la main comme si de rien n'était, pour se présenter. Elle a dit qu'elle reviendrait me voir quand elle aurait dormi au moins une bonne semaine et bouffé trois tonnes de crème glacée..... Drôle de fille.

Haussement d'épaule qui fait écho à celui de "belle-maman".

- Mais j'apprécie les gens francs. Ils m'économisent du temps et de l'énergie.
- J'aimerai qu'ça soit simple mais ça le sera pas.
- Vous aimez proférer des évidences.
- J'peux gérer Kaelig pour te laisser mentorer Sorin et t'conseiller sur comment approcher mon beau-fils pour l'aider.... Après voilà.... C'est rien de magique quoi.
- Mais ce sera sincère. Je ne veux pas le manipuler, je veux qu'il me fasse confiance.La magie donne l'impression de tout faciliter. On oublie juste que les gens restent des gens..... Il a besoin de moi.

Et j'ai besoin de lui.
J'ai besoin de prouver à Edgard qu'il avait tord.

Elle a une langue piquante, la petite Salomée. Ca m'arrache un sourire amusé. Ce qui m'amuse moins, c'est cette question : "Quelle serait la contrepartie?" Je connais un monde où on en demande jamais et un autre ou chaque acte, chaque demande cache son lot de chose à donner. Elle masque ça par un trait d'humour pendant que je hoche la tête. Je suis calme et quand finalement, je perce la façade calme -sans vraiment faire exprès- je découvre une femme traumatisée.
Salut toi...

-Je sais!

Elle est à ça de hurler. Est-ce qu'elle réalise que ça pourrait lui faire du bien? Est-ce que ça lui ferait réellement du bien? Je l'observe simplement. Je me tais et j'en profite pour finir mon thé.

-Pourquoi croyez-vous qu'on m'ait collé un manipulateur mental pour me verrouiller le cerveau dès l'âge de 7ans !?
-Parce que ce sont des abrutis qui préfèrent traumatiser une enfant que de gérer la situation de manière convenable?

-Je sais pertinemment ce qu'il est en train de vivre. Je suis l'unique personne qui peut comprendre ce qu'il traverse. Je veux qu'il puisse sans souffrir des pratiques que j'ai subies.

J'inspire doucement avant d'observer la jeune femme.

-Tu crois vraiment que t'es la seule...? On passe tous par là, quand on a des pouvoirs offensifs... J'aurais préféré que ça se passe plus tard... Je pense que tu es la meilleure personne pour lui enseigner à se maitriser. Mais pour ça, il va falloir montrer tes félures. C'est cette fragilité là qui lui fera réaliser qu'il n'est pas seul.

Je souris doucement.

-Il a besoin d'un calin et qu'on lui dise que ça ira malgré ça. Il a besoin de voir qu'on peut etre forte avec ce traumatisme.

Je parle de Vioréa et ce que j'entends me fait rire.

-Désolée, c'est très Vioréa....

-Mais ça sera sincère. Je ne veux pas le manipuler, je veux qu'il me fasse confiance.
-Bah, tu serais probablement pas très vivante si c'était le cas....
-La magie donne l'impression de tout faciliter. On oubllie juste que les gens restent des gens.... Il a besoin de moi.

Je secoue doucement la tête.

-T'as besoin de lui ou tu penses avoir besoin de lui. Oui, t'es la meilleure pour lui apprendre à se gérer et j'suis partisane de l'idée que tu le mentores... Mais... Sorin a besoin de gens qui le comprennent, de gens qui l'aiment. et je peux t'assurer que sa soeur et notre famille, on trouvera un moyen de l'aider s'il fallait. Peut-être pas aussi efficace que ce que tu pourras fournir mais enlève toi ce poids tout de suite.

Je me gratte la tête.

-C'est pas pour dire que c'est inutile... C'est plus que quitte à être son mentor, autant partir sur des bases saines. La codépendance, c'est jamais super glam. Je sais pas qui était dans ton crâne toute ces années mais y a probablement un tas de truc à déconstruire dans ton cerveau pour te retrouver. T'as pas besoin en plus de t'imaginer que si tu t'éffondres tout s'éffondrera. La vulnérabilité est un atout. C'est ce qui nous permet de nous connecter et je te garantis que c'est ce dont à besoin Sorin.

Je m'étire.

-Je comprends que ça t'emmerde de m'parler. Le fait est que t'as autant de choses à apprendre de lui que ce qu'il a à apprendre de toi. Sorin est une pépite. C'est un p'tit soleil radieux qui a à coeur de bien faire et qu'a longtemps cru qu'il était un rebus dans sa propre famille. Malgré ça, il a fait tout ce qu'il a pu pour etre d'une quelconque aide. C'est le genre de personne qu'il est.

Je souris tranquillement en repensant à ces moments adorables, passé à lui apprendre comment faire certains make up.

-C'est aussi un artiste. Il avait un compte instagram où il postait des photos de drag queen, son nom c'est Sunny Beam. Il devient super doué.

Je regarde Salomée.

-C'est ce gars là que t'essaie d'aider. Et il est fort. Pas dans le sens tonitruant du terme. Il a simplement oublié. Tu veux avoir sa confiance? Apprends à connaitre Sunny Beam et Sorin et tout ce qui tourne autour. Amène lui un chocolat chaud, juste pour lui faire plaisir... Ca viendra.

Cette femme, cette démone, parle. Beaucoup. Trop. Salomée est submergée par une immense fatigue. L'énergie pour affronter cette conversation, la fuit, aussi littéralement que l'autre siffle son thé.

- Montrer ses fêlures, faires des câlins, rassurer... Je ne sais pas faire tout ça. On ne me l'a jamais montré. Je n'ai jamais reçu ce genre de démonstrations. Je ne sais pas si je suis capable d'en prodiguer. Soupir lasse. La codépendance a défini toute mon existence. Je ne connais rien d'autre....Mais je peux essayer.

Sa vie ne se résume-t-elle pas à des tentatives et des essais, ces derniers jours ? Elle n'a plus aucune certitude, si ce n'est celle de devenir folle au bout du compte. Son identité, sa personnalité, ses gouts... tout cela n'est qu'un maëlstrom flou.

- La vulnérabilité est un atout.
- Vraiment ? Je ne vois pas en quoi.
- C'est ce qui nous permet de nous connecter et je te garantis que c'est ce dont à besoin Sorin.
- Ah.
- Je comprends que ça t'emmerde de m'parler. Le fait est que t'as autant de choses à apprendre de lui que ce qu'il a à apprendre de toi.
- C'est sans doute vrai, admet-elle sobrement. Finalement, elle prend la tasse de thé qui lui semblait destinée entre ses mains.
- Sorin est une pépite.

La mère aussi "Belle" soit-elle lui explique par le menu pourquoi son fils est un être merveilleux. L'amour maternel est indéniable et Salomée se demande avec curiosité ce que cela fait d'avoir une mère. Elle ne se souvient pas en avoir eu une et Edgard haïssait la sienne, à raisons.

- C'est ce gars là que t'essaie d'aider. Et il est fort. Pas dans le sens tonitruant du terme. Il a simplement oublié. Tu veux avoir sa confiance? Apprends à connaitre Sunny Beam et Sorin et tout ce qui tourne autour. Amène lui un chocolat chaud, juste pour lui faire plaisir... Ca viendra.

Salomée pivote la tête vers Elie avec un air déconcerté et perplexe.

- Comment fait-on un chocolat chaud ?

Je vois bien que mon flot de parole lui fout de grandes suées et que c'est probablement beaucoup trop pour elle. Pourtant, je commence à entendre des choses que j'apprécie. Elle ne sait pas faire mais elle va essayer, oui, elle a autant à apprendre de lui que l'inverse...
Ca me soulage pas mal.
C'est à peu près là que je décide que Salomée sera une bonne influence. Sorin est un gamin intuitif et voir quelqu'un qui ne sait pas faire beaucoup de chose essayer quand même lui fera un bien fou.

-J'comprends. Et j'suis désolée que t'ai connu que ça. On t'aidera comme on peut.

Je tenter de ne plus avoir des phrases aussi longue pour l'épargner un poil. Pas facile quand on est une vrai pipelette comme moi. Je lui explique comment est Sorin et lui propose de faire un chocolat chaud à ce dernier.

-Comment fait-on un chocolat chaud?

Je lui souris gentiment et me lève.

-Viens, j'vais te montrer.

Je marche tranquillement vers la maison et entre puis lui fais signe de me suivre.
Une fois dans la cuisine, j'ouvre les placards et je sors du chocolat noir puis les guimauves. Du frigo, j'extraies le lait et la crème.

-Y a plein de façon d'faire un chocolat chaud, mais c'est celle-là que je préfère, j'crois et Sorin l'aime beaucoup.Ca s'trouve, elle va te plaire à toi aussi!

Je me retourne vers elle et lui souris.

-Tu vas voir, c'pas compliqué.

Je sors une casserole.

-Tu casses ton chocolat en p'tit morceaux et tu les mets dans ta casserole. Ensuite, t'allumes la gazinière. Comme ça. Et pas très fort, pour pas cramer le chocolat d'dans.

Je joins le geste à la parole et attrape une cuillère en bois.

-Tu remues tranquillement, quand c'est tout fondu, t'ajoute le lait jusqu'à ce que t'ai une texture un peu velouté, t'vois?

Je lui montre le mélange.

-Tiens deuxième placard à droite, y a des mugs, sors en deux, s'teuplé.

Je continue à touiller tranquillement.

-Ensuite, tu continues de chauffer un peu pour que ça soit chaud comme il faut. Ca dépend de ton gout, quoi.

J'attrape le mug et le remplis doucement.

-Après ça, c'est une question de gout. Soit t'aime le chocolat amer et tu bois comme ça, soit tu rajoutes des trucs. Moi, j'mets de la crème, genre une cuillère. Comme ça.

Plouf, une petite ile de crème.

-Il sera moins fort en cacao et plus onctueux. Après, si tu veux sucrer, tu peux mettre des guimauves, parce que c'est sucré et rigolo. ou bien du sucre. Là, j'vais mettre des guimauves pour que tu goutes le shblam entier, t'ajouteras des trucs ou t'en enlèvera au fur et à mesure de tes envies!

Je lui tends le mug pendant que je me fais le mien. Je farfouille dans les placards jusqu'à trouver deux choses : mes médocs et un bouquin de recettes sucrées et autre petit réconfort. Je tends le dernier à Salomée.

-Tiens, j'parle beaucoup. Désolée. Ca sera p't-être plus facile en bouquin. En plus y a aussi des recettes de gateaux. Pour ça, d'mande à Kaelig, j'suis à chier en cuisine sortie des breuvages chauds.