Tu as besoin de repos, ta tête te fais encore mal, chaque bruit te ramènes dans le brouillard. Tu as peur et tu as besoin de t’isoler, seul, sans bruit. Tes pas te mènent dans une bibliothèque. Un silence de mort règne dans l’édifice, douceur exquise, pas un bruit.

Tu t’avances lentement entre les rayons remplie de livre, une odeur légèrement agréable, rassurante, de paix... Tu soupires de satisfaction et glisses tes doigts fin sur le cuir des livres. Un frisson parcours ton échine, tu marches doucement et tu tombes sur un jeune homme de ton âge. Tu lui souris doucement et continue ton exploration de la bibliothèque. Le bruit de tes pas résonne et l’écho pur et doux apaise tes tourments. Tu arrives dans la section histoire et mythologie et attrape le premier livre que tu peux.
’ Tuatha de Dannan ‘

Tu souris et porte le grimoire jusqu’à une table où tu t’installes pour lire, dans le calme et la sérénité la plus parfaite.

Voyage dans le temps.
Mémoire du passé.
Contes et légende de nos dieux.

Tu as besoin de repos, le brouillard ta détruit psychologiquement. Tu ne peux plus dormir sans revoir les chrysalides sautant sur ta sœur. Tu ne peux marcher dans la rue le vrombissement des voitures te rappelle le hurlement du Goliath. Tu veux pouvoir quitter cette terre et t’enfermer pour toujours mais je ne peux te laisser mourir de faim, tu dois affronter l’extérieur, tu le dois pour tous ceux qui ont perdue leur vie dans cette bataille contre Unseelie. Un flash et tu revois la tête de ce dormeur exploser et recouvrir ton visage et celui de Lucy d’hémoglobine et de matière grise.

Installé à l’écart du peu de monde de la bibliothèque tu feuillettes un grand livre remplie de conte et légende du Tuatha de Dannan.

Tu es dans ton livre, ton esprit au milieu de ces dieux, qui se sont battue pour leur droit et leur liberté. Des histoires d’amour qui font battre ton cœur.
Une douce voix enjôleuse résonne dans ton dos :
[b]« On s’intéresse aux vieux contes de cette terre à ce que je vois. »[b]

Tu tournes la tête vers un brun ténébreux qui pousse un chariot remplie de livre et répond en souriant.
« Oui ça me permet de calmer la tempête qui gronde sous mon crâne. »

Tu te relèves et viens faire face au jeune homme.
« Morgänn enchanté ! »

Tu tends une main vers lui une lueur orangée illuminant quelques secondes tes yeux mordorés.

Son prénom résonne, flotte et s’imprègne dans tes neurones. Il se fait une place dans une liste déjà bien complexe de nom et de visage. Tu l’enregistres, pour toujours, rajoutant une petite étoile sur la photo mentale, plaçant ainsi le jeune homme dans ta liste de personne favorite.

Oui bon tu ne le connais pas encore mais il y est déjà, en même temps il travaille dans une bibliothèque. Comment ne peut-il pas être dans tes favoris.

Il prend la main que tu lui tends, avec douceur, sympathie. Le contact de sa peau contre la tienne est froid, électrisant, revigorant. Il est la première personne depuis Brouillard à pouvoir te toucher.
Ce contact certes fugace te remplis de joie. Tu n’as pas hésité, tu n’as pas eu peur, tu n’as rien explosé. Un pas de géant vient de faire, te reconnectant doucement avec les autres.

« Enchanté Melvin. »

Sa voix, douce, calme et posée, stabilise ton cerveau, ancrant tes pieds dans le monde physique, loin des démons qui te hante. Il te propose de vous retrouvez après son service. Tu acquiesces d’un mouvement de tête. Tu te décroches de sa présence, en te retournant, fermant l’histoire des Dieux Celtes et de leur conquête de l’Ile d’Émeraude. Lentement tu viens le ranger dans l’étagère d’où tu la sorti et laisses tes pas te mener vers la sortie. Sortant une cigarette de son paquet avec l’intention de la fumer en attendant le brun devant la bâtisse du savoir relatif et absolue.

Astre rouge descendant
Astre blanc montant
Cycle éternel de recommencement.

Le soleil se couche, tu laisses tes yeux te perdre dans le firmament, suivant du regard la course du soleil. Tu souffles un nuage de fumée blanchâtre, assis par terre, attendant le brun que tu viens de rencontrer pour continuer une approche douce, amicale.
Tu sens une présence dans ton dos et une voix douce vient résonne à tes oreilles :
« Bouh ! »

Tu sors de ta rêverie, et tournes la tête vers Lui. Un sourire radieux vient illuminer ton doux visage pâle, tes cheveux roux brillant de mille feux par les derniers rayons orangé de l’astre solaire.
« Pas trop attendu dans l’froid ? »

Tu tires une nouvelle bouffée de ta cigarette et en la soufflant tu dis :
« Nan ça va ! Et toi ça va ? »

Tu finis de souffler la fumée et replonge tes yeux dorés vers l’astre de feu qui poursuit sa course vers l’ouest.
« Bah alors, c’est quoi qui t’as attiré dans les vieux contes hum ? C’est pas tout le monde qui lit des mythes et légendes d’ancien temps pour calmer son cerveau qui déconne. T’es bien l’premier que j’croise. »
Tu hausses les épaules, et pousses un fin soupire avant de répondre :
« Des fois il ne faut pas chercher à trouver une solution à ses problèmes, il n’existe pas tout le temps des solutions et dans mon cas les solutions sont soit. J’ai pris le premier livre qui a attiré mon regard, et puis souvent les anciens contes apporte des réponses à des questions que l’humanité se pose. Et toi tu aimes les anciens contes ? »

Tu tournes la tête vers lui, tes yeux mordorés plongé dans les yeux sombres du bibliothécaire

Le brouillard nous a détruits.
Il a laissé tant de questions sur notre vie, sur notre esprit scindé.
Nous ne savions plus qui nous étions.
Nous avons une réponse à une partie de nos interrogations.
Nous savons maintenant qui nous sommes.
Nous avons une sœur.
Nous formons le duo de Gémeaux.
Nous sommes un siphon.
Tout ce que j’ai appris auprès de Salzen pendant des années, perdues dans les méandres de leur annexion.
Putain de vie…

Voilà pourquoi tu te tournes vers les légendes d’un autre temps. Pour trouver une paix que le brouillard et la chute de Salzen nous a arraché.
Assis devant ce magnifique couché de soleil, à tes côtés un beau brun te parle d’une voix calme et douce. Tu l’écoutes et valides ses explications autour de ce que nos parents nous racontaient.
Ce que nos parents… Eux… Les personnes que je déteste le plus dans ce monde qui ont détruit ma vie, notre vie. Nous transformant en aberration généticomagique pour assouvir un désir malsain de patriarcat. Alors non, je ne peux plus croire un mot de ce que les parents peuvent dire.
Puis ses yeux semblables à deux puits profonds se posent dans les nôtres lumineux et de sa douce voix vient poser une question qui mérite réflexion.
-Jpense que la légende qui entoure les divinités de l’île. La guerre des Fomoires et comment les Firbolg et les dieux du Tuatha De Danann les ont repoussés lors de la seconde bataille de Magh Tuireadh.

Notre main vient se poser sur la sienne, et le contact glacial de sa peau vient nous donner une décharge dans tout le bras, et sans pouvoir le retenir, nos yeux et nos taches de rousseur prennent une teinte de feu, avant de s’éteindre comme une flamme de bougie.

Nous nous reculons et tournons le visage pour lui dissimuler notre peur panique de nous dévoiler aussi facilement.
-Excuse-moi…

Nous passons une main sur notre doux visage, nous repliant sur nous même, honteux d’avoir perdu le contrôle aussi facilement. Nous sommes un sorcier, maître de nos dons, de notre malédiction. Nous sommes maudits par ce que nos parents nous ont fait. Nous sommes détruits par ce que nous avons vus dans le brouillard.
Nous sommes épuisés de nous battre pour vivre.
Peut-être est-ce le moment de dire adieu ?
Oui…
Alors que le rayon vert, va embraser le ciel pendant quelques secondes.
Partons…
Effaçons-nous.
Un dernier regard vers lui, un sourire doux et une main qui glisse sur sa joue.
Notre peau se craquelle, dessinant sous notre œil le signe du gémeau et comme un souvenir fugace, nous disparaissons dans la brise.
-À bientôt je l’espère…