Heart in Nexus {Enzo& Kaelig}

Date d'inscription : 16/03/2019

There is comfort here
where I wait
for you...

Le loft jure au milieu du havre de vieilles pierres restaurées constituant le centre-ville. Construction moderne, poussée en mauvaise herbe sur une lande dont on ne respecte plus la primauté, j'ai la rétine irritée par tout cette démonstration de jeunisme urbain.
Je ne suis qu'un vieux con.

Un vieux con,
En mission.

Le paquet de lettres dort dans la poche intérieure de mon manteau. J'ignore pourquoi il m'a semblé plus facile de commencer par "lui". Je me convaincs que la proximité géographique a joué, néanmoins je ne suis pas aveugle sur les antécédents du coeur : Sa proximité a déterminé l'axe de cette ronde testamentaire.

Tu l'aimais,
D'une manière qui est tienne.
Votre lien était unique.

Je sonne à la porte.
Peut-être n'est-il pas là. Le soir est son heure, vampire du dancefloor assumé. Peut-être devrais-je le chasser dans une de ces horribles boites à sardines pailletées. Je ferme les yeux une poignée de secondes. Sous le auvent de mes paupières, flotte ton visage paisible de belle endormie. Sérénité du départ. Départ définitif. J'ébroue cette carcasse immense qui porte encore ton parfum de fleur fanée. Dragâ mea, tu dansais encore il y a quelques heures à peine.

Tu es mortes alors que Jour était au zénith,
Toi, le Soleil de Mère-Nuit.

Ça s'agite par delà l'épaisseur du bois. Ton compère est donc encore là.

Soit.
Qu'il soit le premier alors.

Date d'inscription : 09/05/2019

Une question existentielle à se demander qu'est-ce qui existe au cielKaelig & Enzo

Si j'avais su.
Si j'avais su ce pourquoi t'étais là, ce qu'il y avait dans ta poche, ce qui m'était adressé, la raison de ta présence chez moi, je ne serais pas descendu de mon lit. Je n'aurais pas descendu la mezzanine. Je n'aurais pas non plus délogé Crow de sur le fauteuil pour pas qu'il foute des poils sur ma housse blanche, même si c'est trop tard, et que je le fais tout le temps sans conviction. J'aurais pas enfilé nonchalamment cette veste satiné sur mes épaules nues. J'aurais pas enjambé les derniers mètres qui me séparaient de la porte, et je n'aurais pas tourné la serrure sans regarder par l’œillet.
J'aurais du regarder par l’œillet.

- Kaelig.

Si j'avais regardé par l'oeillet, j'aurai su que c'était toi, et j'aurais vu ton oeil triste - je l'aurais vu, arrête de mentir. T'es un taureau, t'as toujours ta tête de sale con renfrogné. Je suis pas un blaireau, je sais reconnaître une tristesse honnête. Et si j'avais vu ça, j'aurais jamais ouvert la porte. Je t'aurais jamais salué par ton prénom, en te regardant de bas en haut, et en m'arrêtant sur tes yeux. J'aurais peut-être même réfléchi à me pousser de l'entrée, à t'ouvrir la porte.

- Bienvenue.

Mais les amis d'Elie sont mes amis. Et je n'ai jamais eu le cœur à laisser quelqu'un sur le pas de la porte. Surtout pas quelqu'un avec un regard aussi triste. Maintenant que je te vois, entier, je constate : ton corps aussi est triste. Je me demande un instant si c'est parce que je n'y ai jamais fait attention, ou si c'est spécifique à aujourd'hui, ou si c'est mon esprit qui me joue des tours.
Si j'avais su, je n'aurais pas refermée cette porte derrière nous.

Je ne me serais pas approché de Crow pour le prendre dans mes bras, un peu comme si c'était Elie que je serrais devant toi, pour te rendre jaloux, ou pour te montrer qu'une part d'elle est aussi à moi. Je ne me serais sûrement pas sentit autant en conflit viril avec toi si j'avais su, si j'avais regardé par l’œillet.

- Que me vaut ce plaisir ?

En posant ma question, en claquant un baiser au chat qui a fuit de la tête, je me suis rendu compte. À quel point ce n'est pas normal. À quel point, non, tu ne devrais pas être là, pas sans Elie, et que toi et moi on a rien à se dire. La seule chose qu'on a à se dire, c'est à propos d'elle. Et je n'aime pas te voir là, tout seul, le regard triste. Pas alors que les clichés de notre dernier shooting photo traînent encore sur la table du salon - papier mat, papier cartonné, papier glacé. A2, A3, A4, carte postale. J'attendais qu'on ait fini les derniers réglages avec l'imprimeur pour t'en filer une partie - Elie aurait adoré que tu puisses les voir.

Et ça m'a fait peur, subitement, de te voir là.

La queue de Crow a cessé de bouger.

Devant toi, dans l'immense pièce blanche que sont l'entrée et le salon, j'ai peur.
Et t'as l'air pareil.:copyright: 2981 12289 0

Date d'inscription : 16/03/2019

- Kaelig.
- Enzo.

Dans l'encadrement de la porte, le Toréador en boléro clinquant se montre au vieux Taureau. Il m'a toujours fait penser à ces paroles de la chanson de Francis Cabrel : "Je vais bien finir par l'avoir cette danseuse ridicule...Est-ce que ce monde est sérieux?" Le seuil de cette entrée est comme la limite infranchissable entre deux univers qui ne sont pas sensés se rencontrer.

Depuis le temps que je patiente
Dans cette chambre noire
J'entends qu'on s'amuse et qu'on chante
Au bout du couloir

La collision vient d'Elie.

Quelqu'un a touché le verrou
Et j'ai plongé vers le grand jour...

- Bienvenue.
- Merci...

Ils ont refermé derrière moi
Ils ont eu peur que je recule
Je vais bien finir par l'avoir
Cette danseuse ridicule...

Je pénètre dans le bel appartement qui suinte le fric et le feng-shui. La décoration immaculée jure avec le propriétaire. Une tâche de couleur sur une page blanche. Jetés à la diable sur la table en verre du salon, s'écornent des clichés d'Elehiel sur la fin de sa vie. Mes doigts s'attardent sur ce témoignage vaillant d'une jeune femme qui avait l'énergie de rire, même au bord du vide. Je redessine son sourire éclatant de la pointe du pouce.

Est-ce que ce monde est sérieux ?

Je déglutis.

- Que me vaut ce plaisir ?

Je pivote lentement vers Enzo. Le chat piaule entre ses bras. J'ai un instant de néant qui me voile les yeux et la cervelle. Et puis, la parole donnée me rattrape. Je glisse ma main dans la poche de mon manteau, j'attrape la première enveloppe. C'est la sienne. Je les ai préparées ainsi, dans mon ordre de visite mortuaire.

- C'est pour toi.

Je tends la missive alors que le chat quitte ses bras.

Pour Enzo:

Date d'inscription : 09/05/2019

Une question existentielle à se demander qu'est-ce qui existe au cielKaelig & Enzo

Le chat saute de mes bras quand la lettre s'approche. Il a l'air de te fuir, je sais pas comment expliquer. Les animaux ont un sixième sens, et moi aussi. Ou alors, c'est que vraiment tout porte à croire que c'est pas une bonne nouvelle, ce que tu apportes. Je t'aurais bien fait une réflexion un peu méprisante, du style "reconverti en facteur ?", mais je sais que ça serait con. Inapproprié. Décalé. Mal venu. J'ai pas envie d'être mal venu pour elle. Je me dis qu'elle le mérite pas. Qu'elle mérite pas que je soit con avec toi, parce qu'autant toi tu le mérites - je trouverais toutes les raisons du monde pour être désobligeant avec toi, tu le sais bien - autant elle, elle n'aimerait pas nous voir en tel conflit alors que c'est la première fois qu'on se retrouve tous les deux dans une pièce.
Sans elle.

Et sans l'attendre.

Le temps a l'air de s'être subitement ralenti. Ta main est rigide, sèche, ton geste est lent - ou alors c'est moi qui voit ça comme ça. J'en sais rien. Qu'est-ce que t'en penses ? Ton mutisme me terrifie. "C'est pour toi." Non, merci.
Je la prend d'une main tremblante.
Qu'est-ce qu'il y a là-dedans ? Putain, Kaelig, qu'est-ce que t'es en train de me faire.

J'ai pas réussi à te quitter des yeux. Tu dois sentir que ma respiration a commencé à devenir irrégulière. Je veux pas te voir là, je veux pas que tu m'apportes cette lettre. Si j'avais su, je ne l'aurais jamais prise de ta main, et j'aurais forcé le chat à rester dans mes bras.
Je l'ouvre ? J'ai pas envie devant toi. Je te regarde, puis l'enveloppe. Mes doigts se sont refermés sur l'ouverture. Je me mord la lèvre inférieure, nerveusement. J'ai pas envie de perdre la face devant toi, alors.
Inspiration.
Je l'ouvre.

Reconnais son écriture.

Enzo, choupi, frangin,

J'arrête de lire. Un regard vers toi, j'ai les lèvres sèches. Je les humidifies. J'ai les yeux mouillés. Je les sèche d'un clignement de paupières.
Je peux pas.

Dans tes yeux, je cherche la vérité. J'ai pas envie de voir ça, je veux me spoiler notre série préférée parce que je supporte pas l'idée de voir ce qu'il se passe dedans.

- C'est pas vrai ?

J'ai un frisson à l'inspiration. Frisson glacial. Ma question n'en est pas une, c'est une affirmation qui veut être confirmée.
Subitement, j'ai pas envie que tu partes, Kaelig. Je vais pas y arriver, là.

Je baisse les bras.

- Tu veux un café ? Je te laisse pas vraiment le choix. Tu veux un café. Tu devrais comprendre, là, tout de suite, l'état dans lequel je suis. Crow a commencé à slalomer entre nos jambes, créant comme un lien invisible que seuls les animaux peuvent capter. Désolé, je suis croyant, j'y suis pour rien.

D'un geste de la main, je t'invite à la table où il y a toutes les photos. Mon ordinateur portable est dessus.

- Elle est trop belle. Soupir. Mes larmes ne coulent pas, mais j'ai les yeux au bord du gouffre. Y a toute une série imprimée qui est pour toi. On attend juste de faire les derniers réglages avec l'imprimeur.

Je disparais dans la cuisine. Fais couler deux cafés. Retiens ma respiration tout le long, retiens mon envie de gerber et ma tristesse. Je sais ce que contient cette lettre.

Là, tout de suite, je t'apporte un café.:copyright: 2981 12289 0

Date d'inscription : 16/03/2019

- C'est pas vrai ?

Je ne parviens pas à lui répondre. Tout mon langage corporel l'exprime, pourtant, cette affirmation qu'il fuit.

- Tu veux un café ?
- ... Expiration. Ok.

Malgré le point d'interrogation, il ne s'agit nullement d'une proposition. Enzo se dissimule derrière la banalité d'une tasse qu'on offrirait à n'importe quel invité. Soit.
Il me rejoint à la table, observant les photographies couchées sur papier glacé.

- Elle est trop belle.

J’acquiesce en silence, incapable de réagir par l'éloquence. Enzo encaisse la nouvelle en la contournant comme ce félin qui joue entre nos guibolles. Je ne le brusque pas. Je n'en ai pas le moindre droit.

- Y a toute une série imprimée qui est pour toi.
- Merci.
- On attend juste de faire les derniers réglages avec l'imprimeur.

"On".
Il n'y a plus de "On", tu le sais bien.

-... Enzo.

Il s'échappe vers sa cuisine. J'entends la machine à expressos ronronner. Le chat me jette un regard qui en dit long. Imperturbable. Fixe. Franc. Amour de la vérité crue.

Tous les chats me rappellent Ciulin.

A pas lents, je me dirige vers la pièce qui sert présentement de refuge à Enzo. Il m'offre son dos, s'affaire fébrilement sur deux tasses. Je pose une paume entre ses deux omoplates. Contact.
Je ne dis rien.
Je n'ai rien à dire de plus.

Nous le savons tous deux.

Pleure, Toreador.
Pleure donc avec le Taureau.
Il y a bien eu mise à mort dans l'arène aujourd'hui, mais ce ne fut aucun de nous deux.

Date d'inscription : 09/05/2019

Une question existentielle à se demander qu'est-ce qui existe au cielKaelig & Enzo

Ta chaise qui grince sur le parquet, tes pas lourds en direction de la cuisine ; tu me rejoins, tu t'approches. J'ai les deux tasses dans les mains que je pose sur le socle dédié de la machine. Tu dois l'avoir vu, mais mes mains tremblent, et je ne sais pas comment l'arrêter. Je crois que j'ai le souvenir de mon père qui me revient, le jour où j'ai tenu une arme dans mes mains pour la première fois, le jour où elle a abattu cette silhouette invisible au coin de la rue. J'entends sa voix proche de mon oreille. Il n'a pas le choix que de parler tout bas, et il a récupérer mon corps fébrile et tremblant dans ses bras.

Dario, estás en shock.

J'ai quelque chose en moi qui bouillonne. J'ai pas envie d'un café, ni d'une menthe à l'eau, ni d'une eau gazeuse. Ni rien. Ni de te voir. Ni qu'elle soit morte. Ni que Crow me glisse encore entre les jambes. Ni de devoir vivre ce moment-là. Surtout pas en ta présence, Kaelig.

Et pourtant, ta main dans mon dos. À ce moment-là, nous sommes des alliés. Des amis. Des frères. J'ai laissé tomber ma cape, mes piques, mon épée. À genoux, tous les deux, dans le sable ensanglanté de l'arène : t'as l'écume au bord des lèvres, Taureau, et moi au bord des yeux. J'ai cru plusieurs fois que tu arriverai à m'encorner, et moi à te transpercer. Qu'est-ce qu'on est cons - qu'est-ce que je suis con.
Je relève la tête vers tes yeux. Ce que j'y trouve me terrifie, parce que je ne pensais pas voir ça là-dedans un jour. Appuyé contre le plan de travail, je me redresse pour regarder par la fenêtre. Cacher les larmes qui montent, me défiler, parce que je sais qu'être en parade constante. C'est plus facile. Je renifle, passe une main sur mon visage.

- Ça fait combien de temps ? J'articule, la voix cassée, sans te regarder. Les yeux vers le plafond, vers les tasses, vers la fenêtre.

Elles sont vides, ça fait un moment. Je n'ai pas dégagé ta main de mon dos et j'ai oublié de lancer le café. J'en veux pas. C'est vraiment pour toi. Un soupir.

Je retiens un violent sanglot.

Que dire de plus.:copyright: 2981 12289 0

Date d'inscription : 16/03/2019

Ce n'est qu'un enfant.
C'est la pensée qui me vient, alors que je le vois trembler, contenir, juguler. Enzo a joué à "On dirait que..." mais ça n'a guère exaucé ses souhaits. La brutalité de la réalité rattrape toujours les enfants.

Tu étais la plus lucide,
Stea Mea.

Comme j'ai tenu ta main jusqu’au seuil de ta vie, je rattrape Enzo au bord de son évier. Il se débat avec lui même, avec cet orgueil qui caractérise tout les êtres qui se refusent à la défaite. On a perdu gadjo, obtempère, pleure. Moi, je ne peux pas encore.
J'ai une promesse à honorer.

- Ça fait combien de temps ?
- C'est arrivé ce matin. Elle est venu me voir. Elle voulait danser une dernière fois avec moi. Et puis, elle m'a demandé de la conduire là où elle voulait mourir.

Un long silence s'étire. Mes doigts remontent sur sa nuque, transmettent de cette énergie qui est mienne et qui me tient encore d'aplomb. Paume caleuse de guerrier qui parchemine avec l'âge. C'est l'expérience de l'extinction qui endigue mon érosion. J'ai vu la Vie défiler plusieurs fois et quitter bien des corps. Nous allons tous quelque part. Elie va quelque part.

Il est trop tôt pour le lui dire.

- J'aimerais.. J'aimerais te demander un service. Je m'occupe des obsèques mais... Elle aurait voulu qu'on fête son départ. Elle aurait voulu qu'on la chante et qu'on la danse. Je pense que tu es le mieux à même de lui faire honneur. Est-ce que je peux compter sur toi pour lui organiser ça?

Je cherche son regard, dans le mutisme qui s'ensuit. Cette paume sur ton col, gamin, c'est ma promesse de veiller sur toi comme sur tout ce qu'elle aimait.

J'en ai poursuivi des fantômes
Presque touché leurs ballerines
Ils ont frappé fort dans mon cou

Pour que je m'incline

Date d'inscription : 09/05/2019

Une question existentielle à se demander qu'est-ce qui existe au cielKaelig & Enzo

Ce matin ? Je te regarde comme si t'étais en train de me mentir. Un gros mensonge, genre, dans les beignets de poulets, en fait c'est du chien. La même gueule, la même expression à la fois outrée et sincèrement blessée, dans le doute, le flou, le vague. Ce matin. J'articule sans un mot, puis je sors mon téléphone d'une main fébrile. C'est pour ça qu'elle a pas répondu à mes messages ? C'est pour ça que je n'ai pas eu de nouvelles depuis hier soir ? D'habitude, je lui laisse le temps. C'est un électron libre, comme moi, des fois elle perd son téléphone, ou le casse, ou l'abandonne quelque part, et je suis sûr que quelqu'un de gentil lui rapporte poliment avec un sourire, une mamie ou quelqu'un du style, parce qu'autant elle a pas de chance dans la vie, autant elle a de la chance avec les gens. Depuis que je l'ai rencontrée. Même ce bâtard, là, qui lui a brisé le coeur. Après lui, c'était terminé. Plus personne n'était une menace pour elle. Gontrand, Even, Asmodée. Et même toi Kaelig, alors que j'y ai cru - non, j'ai voulu m'en persuader.

J'ai remonté notre conversation, machinalement, comme si je cherchais quelque chose, et j'y ai trouvé nos selfies post-gueule de bois, son joli minois, son joli sourire, ses cheveux bleus que je lui ai refait récemment parce qu'ils commençaient sérieusement à tirer la gueule.

Puis ta demande, Kaelig.
Si j'avais su.

Ta demande, elle me fait relever les yeux, avec ce visage triste - putain, je te déteste de me voir comme ça. Quand tu seras parti, dans quel état je serai ? Je peux pas me battre contre toi, ni contre mes émotions. Quand tu seras parti, je ne supporterai pas la solitude. Crow viendra se coller contre moi, et je lui en voudrai, et je le serrerai dans mes bras, et machinalement mes doigts larmoyants vont glisser sur mon téléphone et appeler la première personne à laquelle je vais penser, et ça sera Elie, et je m'en rendrai compte quand je tomberai sur son répondeur, et sa voix me fera un tel coup de poing que je n'y croirai pas, alors je réessaierai, sûr que tu te fous de ma gueule, que tu te fiches de moi, et qu'elle va me rappeler, ou qu'elle va décrocher, et que j'entendrai sa voix, enfin, et que ça sera un soulagement, et que je pourrai abattre mon épée sur ton garrot et planter mon couteau dans ta tête pour t'achever et laisser ton sang se répandre sur le sable de la carrière, et je tomberai à genoux avec toi parce que j'en pourrai plus d'avoir eu à me battre comme ça - et je la rappellerai alors que la foule applaudira ta mort, et ça me fera mal, et elle couvrira le son de sa voix à tel point que je n'entendrai plus rien.
Et il n'y aura plus rien.
Et finalement, c'est sa mort que la foule applaudit.

Et je m'en rendrai compte quand j'aurais la tête contre ton pelage noir maculé de sang, et mon visage dans les mains, à genoux, à terre, couvert de sable et de sueur et de sang.

Puis je pourrai me lever, et partir.

- Je m'en occupe. Dis-je à bout de souffle. Incapable de regarder ailleurs que dans le vague. Ta paume contre ma main, elle m'anesthésie. C'est pas un bon signe, j'aimerais que tu la retires. J'appuie sur le bouton, deux cafés coulent. Les photos seront prêtes. On pourra les exposer, toutes celles que j'ai d'elle depuis qu'on se connaît. Je te tends la tasse - attention, il est corsé. Puis je vais me démerder pour faire un gros trucs caritatif. Reverser les bénéfices de la soirée à une cause qui lui tient à cœur.

Une pause. Une grande gorgée pour noyée mes larmes.

- Je suis le premier ? Comme toujours, quelle question; Dés qu'Asmodée est au courant, je le contacte. Je finis ma tasse dans une deuxième gorgée. On va faire ça.

Je pense tout haut, jette la vaisselle dans l’évier vide. Crow est monté sur le comptoir, et il nous regarde.:copyright: 2981 12289 0

» Pv Ciulin - Cry Your Heart Out
» Sutured Heart {Ciusper}
» On est pas les 2be3 (ft. Kaelig)
» Don't stop me now (ft Kaelig)
» Hello, hello, little dream. (ft.Kaelig)

RP

Heart in Nexus {Enzo& Kaelig}