L'état de Nathan ne fait que d'apporter du trouble à Enyo. Non pas que ça la gêne fondamentalement mais elle se retrouve régulièrement à devoir se désintérésser de son travail pour s'occuper de ce qui se passe avec les être vivants du Bunker.
Elle ne sait pas bien pourquoi elle s'y efforce. Le fait est que Nathan constitue un membre de sa famille et qu'il lui est difficilement supportable de le voir passer par tout cet éventail d'émotions trop fortes.
La dernière vient de la nouvelle attraction des Bunker, Thalie, arrivée avec son compagnon Silviu Taur - jumeau affecté par le temps de Bertus Taur. De ce qu'elle a retenu de l'intervention de son frère, la Djinn, puisque s'en est une, est la mère de Nathan. Leurs eaux auraient communiée et cette nouvelle affole son frère pour deux raison :

1- Il a décidé de mettre tout ce qui constituait son ancienne vie derrière lui, Keelan en attesterait sans aucun doute, selon les dire de son maritin de frère.

2- C'est quand même sa mère qui a fait le trajet jusqu'ici, te rend-tu comptes Enyo, olala.

Ces deux raisons se contredisant grandement et ayant depuis peu découvert que, parfois, se taire au moment opportun lui permettait d'éviter des entretien à rallonge sur des mers troublées. Enyo n'a rien dit et s'est contenté de lui proposer de prendre son temps. De toute manière, il n'était pas près d'être libéré du Bunker de la même manière que sa génitrice, quelque soit ses intentions, ne risquait pas de lever le petit doigt sans que la moitié des Bunker soient au courant.

Considérant l'incident clos, elle a été la première surprise de constater que cette histoire restait une tache de fond en perpétuelle analyse. Elle avait donc décidé, ce soir, d'aller voir par elle-même la fameuse Thalie.
Donnant ses dernières instructions à Norm et Annie, elle s'était fendu d'une douche bien méritée avant de remettre une combinaison blanche qu'elle affectionnait particulièrement.

Au milieu du Mess, elle fendait la foule en ignorant royalement les personnes tentant de l'approcher. Elle était désormais un visage connu et les quelques inconscients qui n'avaient jamais été confronté à elle tentait toujours de grapiller un service ou un confort amélioré auprès d'elle. Dans ses bons jours, elle les ignorait, dans ses mauvais, elle ne se privait pas de les garder à distance que ça soit avec ses dons ou bien par la violence, expéditive. Elle repéra sa cible et s'en approcha.

-Tu es Thalie. Je viens après que Nathan m'ai parlé de toi.

Le ton est monocorde tandis qu'elle observe la jeune femme face à elle.

Le Mess est un véritable enfer pour la djinn.
Trop bruyant, trop de monde, trop de trop.

Alors elle essaie de venir à des heures moins fréquentées, d’autant plus lorsqu’elle doit affronter cela seule. Instinctivement, elle a trouvé la place le plus éloigné des groupes volubiles, dans un coin où elle peut facilement disparaitre. Quand bien même il s’agit d’un mot qu’elle aimerait voir s’appliquer plus à la lettre.
Elle joue distraitement avec sa nourriture, l’appétit aussi fluctuant que son humeur. Parfois, elle essaie de faire face et de garder espoir qu’un jour ou l’autre Nathan viendra la voir. Parfois, elle se résigne et tombe dans une sorte d’état catatonique ou elle est là sans l’être vraiment.

Elle observe les autres en ayant la désagréable impression d’être à nouveau dans sa bouteille, coincée dans le fond de la mer à observer la vie marine se jouer autour d’elle sans qu’elle n’ait la moindre interaction avec le monde.
C’est à la fois effrayant et étrangement familier et réconfortant.
La seule façon de passer le temps : s’occuper. Elle a été affectée comme beaucoup de maritin à l’infirmerie mais ses compétences de guérison sont loin d’égaler celles de ses congénères et elle a demandé à faire partie des groupes d’expédition. Peut-être qu’affronter le danger et taillader ses horreurs lui permettra de retrouver un but, au tout du moins, une bonne raison de se lever le matin.

Elle plisse les yeux lorsqu’elle aperçoit une silhouette décidée parcourir la pièce des yeux et s’arrêter sur elle. Thalie se tend, cherche dans sa mémoire si elle a déjà vu cette femme. Une djinn à n’en point douter. Ses doigts cherchent ses longs couteaux avant de se rappeler que Bertus les a toujours quelque part.
Que lui veut-elle donc ? Heureusement, elle ne met pas longtemps à annoncer la raison de sa venue cela dit.
- Tu es Thalie.
La maritin penche légèrement la tête sur le côté. Elle ne savait pas qu’elle était « connue » dans ses bunkers.
- Oui.
Elle ne dit rien d’autre, attendant la suite.

- Je viens après que Nathan m'ait parlé de toi.
Ah. Voilà donc le lien. Qui est-elle donc pour son fils ?
Elle désigne la place en face d’elle du menton, l’invitant silencieusement à s’assoir et repose définitivement sa fourchette dans l’assiette. Sa curiosité titillée et prête à grapiller la moindre information qui la rapprocherait de son enfant, Thalie lui indique ainsi être ouverte à la discussion.
Autant qu’une huître puisse l’être.  

- Et donc ? demande-t-elle de sa voix qui a gardé ce côté rauque qui ne disparait pas depuis qu’elle a été libérée. Qui es-tu ?

Thalie semble vouloir discuter mais Enyo pressent déjà que la conversation sera complexe. Elle ne parle pas beaucoup et Thalie non plus.
A vrai dire, elle ne sait toujours pas exactement pourquoi elle est venu rencontré Thalie. Pour protéger Nathan? Pour s'assurer du bien fondé de la venue de sa mère? Pour calmer une inquiétude latente concernant l'arrivée d'une famille biologique et saine? Pour tuer dans l'oeuf toute véléité à nuire au calme relatif de Nathan...? Pour sa propre instruction, peut être?

Toute ces suppositions lui semblent partiellement fausses. En conséquence, elle s'installe en face de la djinn en silence.

-Et donc ? Qui es-tu?
-Je suis la soeur de Nathan. Enyo.

Le silence s'étire alors qu'Enyo continue de scruter la jeune femme, incapable de savoir par quel bout mener cette conversation. Ne pas savoir l'agace profondément, aussi tranche-t-elle pour son habituel sincérité.

-Ta rencontre avec lui l'a affecté.

Elle ne sait toujours pas si c'est en bien ou en mal. Elle a juste constaté la dilatation de ses pupilles, ses gestes érratiques, les tremblements incontrolés et sa voix plus tendue que d'habitude. De là à tirer une conclusion sur ces évènements d'un point de vue émotionnel...

-Que lui veux-tu?

Thalie observe le visage sans aucune émotion de sa vis-à-vis pendant qu’elle s’assoit, tente de définir si son attitude est hostile ou non et dans quel but elle est venue avec tant de détermination.

- Et donc ? Qui es-tu ?
- Je suis la soeur de Nathan. Enyo.

Thalie fronce légèrement les sourcils. Elle doute que Nadim ait eu un autre enfant, donc elle doit forcément parler d’une filiation qui n’a rien à voir avec le sang. Ciulin a bien parler d’une asiatique qui a été la meilleure amie de Nathan mais pas d’une autre qui se fait appeler « sœur ».
Elle pousse un discret soupir en essayant de se préparer mentalement à une discussion qui va sans aucun doute la bousculer à nouveau. Elle espère que cela ne finira pas en raz de marée comme après sa « conversation » avec El-Hadji.

- Ta rencontre avec lui l'a affecté.
Légère crispation de mâchoire. Le fiasco de leurs retrouvailles lui reste comme un goût amer qui l’emplit de chagrin à chaque fois qu’elle y pense.
- Je sais. Ça n’était pas comme cela que j’avais envisagé les choses. Mais elle se sont faites. Et je ne peux plus faire machine arrière.
- Que lui veux-tu ?

Pendant un court instant, elle lève les yeux et fusille sa voisine du bleu de son regard. Le même que Nathan. Elle l’a constaté par elle-même.
Cette question, profondément intime, il n’y a qu’une seule personne qui aurait le droit de la lui poser : son fils.
- Pourquoi devrais-je te répondre ? rétorque-t-elle du tac au tac.

Puis elle essaie de mettre les choses en perspective et se dit que cette djinn se pose peut-être en grande sœur protective. Elle comprends sa méfiance. Elle est une nouvelle donnée dont elle se serait sans doute passé. Mais elle est là et elle ne compte pas s'en aller sans avoir essayer. Malgré tout, plus elle côtoie les gens qui gravitent autour de Nathan, plus elle doute avoir une place dans sa vie. Une brève émotion plisse son visage avant qu’elle ne reprenne le dessus.
Quand bien même elle déteste étaler son intimité, à fortiori à une inconnue totale, elle prend le temps de boire quelques gorgées d’eau avant de répondre.  

- Que crois-tu donc ? La même chose que toute mère : je voulais m’assurer qu’il était heureux. Que son géniteur ne l’avait pas détruit et l’arracher à lui si nécessaire. Elle déglutit douloureusement. Lui faire savoir que je n’étais pas morte…et que je ne l’avais pas abandonné, que mon éloignement n’a jamais été voulu.
Qu'il a été aimé avec force alors même qu'il n'était pas né. Elle baisse un instant ses yeux et souffle plus bas.
- Le voir et lui parler. C’est tout ce que j’espère. J'attendrai...qu'il le veuille aussi.

-Pourquoi devrais-je répondre ?

Le ton est aussi froid que le sien, peut-être même un peu plus. Elle s'évertue à rester courtoise mais cela pique son orgueil pour une raison qu'elle a du mal à comprendre. Elle n'aime pas cette façon dont cette djinn a de se présenter. Certaines personnes ne réalisent vraiment pas les efforts qu'il lui faut pour ne pas devenir une vulgaire tueuse en série.
Sur ce triste constat, la génitrice de Nathan finit par parler sans qu'Enyo n'y fasse rien.

-Que crois-tu donc? La même chose que toute mère: je voulais m'assurer qu'il était heureux.

Enyo hausse un sourcil. Elle ne croit rien. Elle constate simplement : sur deux figures parentales qu'elle connait l'une est un lache d'une mollesse qui confine à la paresse et l'autre, il lui a fallu l'éliminer pour s'assurer que Nathan puisse vivre sans cette menace au dessus de la tête.

-Que son géniteur ne l'avait pas détruit et l'arracher à lui si nécéssaire. Lui faire savoir que je n'étais pas morte... et que je ne l'avais pas abandonné, que mon éloignement n'a jamais été voulu.

Elle constate également les signes de troubles. Elle sent le timbre se resserrer au fur et à mesure qu'elle parle. Ca lui importe peu.

-Le voir et lui parler. C'est tout ce que j'espère. J'attendrai... qu'il le veuille aussi.

Enyo reste silencieuse un moment.

-Je ne crois rien. Je considère simplement les faits : son père était une nuisance qu'il m'a fallu éliminé. Je m'interroge forcément sur l'arrivée de sa mère. Qui plus est après le tour de force réalisé pour parvenir jusqu'ici.

Elle laisse flotter un silence qu'elle met à profit pour se demander s'il s'agit réellement de la raison. Elle détermine que oui, il est hors de question qu'elle voit Nathan repasser par les mêmes étapes qu'avec Nadim. Pas maintenant qu'il parvient à mettre au clair sa situation et qu'il se ressemble plus qu'il ne lui ressemble.

-J'apprécie que tu souhaites attendre qu'il soit prêt. Il se remet à peine des évènements des derniers mois. Il n'a pas besoin d'un nouveau coup d'éclat ou de pressions culpabilisantes.

Elle pause une nouvelle fois.

-Que se passe-t-il s'il décide qu'il n'y aura pas d'autre rencontre?

- Je ne crois rien. Ça elle veut bien le croire, elle a déjà rencontré des icebergs plus chaleureux et expressifs que cette femme. Peu lui importe, elle souhaiterait simplement qu’elle lui fiche la paix. Je considère simplement les faits : son père était une nuisance qu'il m'a fallu éliminer.
Thalie émet un petit rire sardonique en levant son verre. Nuisance c’est peu de le dire.
- Je m'interroge forcément sur l'arrivée de sa mère. Qui plus est après le tour de force réalisé pour parvenir jusqu'ici.

Thalie la contemple un instant. Elle a vu juste, c’est donc bien par inquiétude qu’elle est ici. Ce constat lui dire un sourire plus franc mais très bref.

- Nathan est la seule raison qui m’a fait tenir pendant mon enfermement. Ca n’est pas une tempête et un brouillard qui allait m’arrêter après vingt-deux ans. Je comprends ta méfiance à mon égard. Je ne suis pas Nadim, affirme-t-elle en vrillant ces yeux dans les siens.

Qu’elle la croit ou non, elle s’en fiche. Elle n’a rien à prouver à cette djinn.

- J'apprécie que tu souhaites attendre qu'il soit prêt. Nouveau petit sourire ironique. Doit-elle passer le test du cerbère avant d’atteindre son fils ?
- Il se remet à peine des évènements des derniers mois.
Nouvelle crispation, de colère cette fois.
- J’ai parlé à Amon. Je suis au courant de ce que Nathan a dû faire à cause de l’ignoble couardise  – elle crache presque ces mots – de celui qui était censé tenir ma place selon Nadim. Après lui avoir parlé, j’ai estimé qu’il ne la méritait absolument pas. Mais je suis heureuse de savoir qu’il se remet.
Cette fois, il y a plus de douceur dans sa voix.
- Il n'a pas besoin d'un nouveau coup d'éclat ou de pressions culpabilisantes.
Thalie a un claquement de langue agacée alors qu’elle se penche soudain vers la djinn.
- Encore une fois. Je ne suis pas là pour ça ! Je veux juste voir mon fils, apprendre à le connaitre, lui parler de ma famille qui est tout autant son héritage que les gênes de Nadim, essayer de récupérer ce que cet immonde psychopathe m’a arraché avant de m’enfermer. Si c’est au-delà de ta compréhension tant pis ! J’en ai assez de me justifier !

- Que se passe-t-il s'il décide qu'il n'y aura pas d'autre rencontre ?
Elle est déjà profondément lasse de cette conversation et se frotte les tempes pour calmer son eau.
- Suis-je en train de le harceler en ce moment alors même que chaque jour qui passe sans le voir me rapproche de cette possibilité ? Non. Je me résignerai à n’être qu’une ombre protectrice sans avoir le droit de faire partie de sa vie… ou je m’effacerai. Je ne me fais pas d'illusion. Je sais que j'apparais bien tard dans sa vie. Mais je devais au moins essayer...

Quand bien même cette perspective lui broie le cœur.

- Je ne veux pas m’imposer dans sa vie, Enyo. J’aimerais qu’il souhaite que j’en fasse partie. Est-ce que tu saisis la nuance ? Je comprends que tu veuilles le protéger, et sincèrement, je suis heureuse de voir qu’il peut au moins compter sur un membre de sa famille pour servir ses intérêts et penser à lui avant sa propre petite personne mais il n’a rien à craindre de moi. Je suis sa mère… je ferai toujours passer son bonheur avant le mien.

Enyo regarde la femme s'enflammer à ses simples constats. C'est pour cette raison qu'elle n'aime pas les poissons rouges. Ils s'agitent à la moindre contrariété. Ils sont inconstants et si Klaudia aime à les regarder faire, Enyo les trouve épuisant.

-J'ai parlé à Amon. je suis au courant de ce que Nathan a dû faire à cause de l'ignoble couardise de celui qui était censé tenir ma place selon Nadim.

Un petite rire secoue Enyo, bref. Elle est d'accord sur son jugement concernant Amon mais elle s'imagine que Nathan s'est sentie poussé. C'est plutôt loin de la réalité. Elle n'en dit rien. Il n'est pas de son devoir de corriger sa vision de Nathan. A vrai dire, peu de chose l'ennuierait plus que ça.

Après lui avoir parlé, j'ai estimé qu'il ne la méritait absolument pas. Mais je suis heureuse de savoir qu'il se remet.

-Je ne te donnerai pas tord sur Amon. Il est inutilement mou et contemplatif. Sa gestion du cas Nadim a été catastrophique et j'aurais du agir bien avant.

Simple constat.

Thalie s'agace à nouveau et ça arrache à Enyo un soupire ennuyé.

-Encore une fois. Je ne suis pas là pour ça ! Je veux juste voir mon fils, apprendre à le connaitre, lui parler de ma famille qui est tout autant son héritage que les gênes de Nadim, essayer de récupérer ce que cet immonde psychopathe m'a arraché avant de m'enfermer. Si c'est au-delà de ta compréhension tant pis! J'en ai assez de me justifier !

Nouveau soupire. Elle se demande pourquoi elle est sortie de sa salle des machines.

-Je ne te demande pas de compte. J'essaie simplement d'avoir un tableau d'ensemble. Si c'est au-delà de ta compréhension, tant pis!

Elle lui sert un sourire glacial.

-Suis-je en train de le harceler en ce moment alors même que chaque jours qui passe sans le voir me rapproche de cette possibilité? Non. Je me résignerai à n'être qu'une ombre protectrice sans avoir le droit de faire partie de sa vie... ou je m'effacerai. Je ne me fais pas d'illusion. Je sais que j'apparais bien tard dans la vie. Mais je devais au moins essayer...

-Je ne sais pas quelle sera sa décision mais tu te trompes sur un point. Le temps qui passe ne te rapproche pas de cette possibilité. Au contraire, elle signifie qu'il refléchit sérieusement à la question.

Elle se tait un moment.

-Ce n'est pas tant le fait d'apparaitre tard que le fait qu'il vient tout juste de prendre la décision de laisser le passé au passé. Il semblerait que ton apparition le trouble dans la mesure où elle contrevient à cette décision malgré son intérêt pour ta personne.

Enyo ne sait pas pourquoi elle lui livre ses mots mais il semble équitable que Thalie sache qu'elle n'est pas venu completement en vain.
Pourquoi s'occupe-t-elle de ce qui est équitable....?

-Je ne veux pas m'imposer dans sa vie, Enyo. J'aimerais qu'il souhaite que j'en fasse partie. Est-ce que tu saisis la nuance ? Je comprends que tu veuilles le protéger, et sincèrement, je suis heureuse de voir qu'il peut au moins compter sur un membre de sa famille pour servir ses intérêts et penser à lui avant sa propre petite personne mais il n'a rien à craindre de moi. Je suis sa mère... Je ferai toujours passer son bonheur avant le mien.

Elle considère Thalie avec plus de sympathie. Ce ne sont que des mots mais ce sont des mots qu'elle n'a jamais cru chez Amon et jamais entendu chez Nadim.

-Je prends note. Cela ne reste, pour le moment, que des mots mais tu sembles capables de les matérialiser en action.

Elle se tait un instant.

-Je lui parlerai. Je ne promets évidemment pas l'issue cependant il me semble important qu'il ai des pilliers familiaux plus sain que moi.

- Je ne sais pas quelle sera sa décision mais tu te trompes sur un point. Le temps qui passe ne te rapproche pas de cette possibilité. Au contraire, elle signifie qu'il réfléchit sérieusement à la question.

Thalie dévisage la djinn avec un certain scepticisme et un brin d’étonnement. Cela a peut-être beaucoup de sens dans sa logique qui semble un peu à part si elle en croit ces quelques minutes de conversation mais pour la mère qu’elle est cela signifie simplement qu’il hésite. Et cette hésitation est douloureuse, qu’elle soit logique ou non.
Mais soit. Elle sait qu’un jour ou l’autre, elle devra se résigner, passer à autre chose pour son propre bien. Mais il est encore trop tôt pour cela.

- Ce n'est pas tant le fait d'apparaitre tard que le fait qu'il vient tout juste de prendre la décision de laisser le passé au passé. Il semblerait que ton apparition le trouble dans la mesure où elle contrevient à cette décision malgré son intérêt pour ta personne.
- Je vois. Ciulin m’avait laissé entendre qu’il voulait connaitre son passé. Je n’étais pas au courant de ses dernières résolutions, lâche-t-elle d’une voix lasse.  

Elle tente encore une fois – pourquoi exactement ? Elle se pose encore la question – de lui expliquer ses intentions et qu’elle ne bousculera pas plus la vie de son fils s’il ne le souhaite pas.
Elle conclue par le sermon qu’elle s’est fait à elle-même alors qu’elle était enceinte. Son fils ne sera jamais un outil et quoiqu’il arrive il passera avant le reste.

- Je prends note. Cela ne reste, pour le moment, que des mots mais tu sembles capable de les matérialiser en action.

Thalie ne commente pas ce constat. Elle a dit ce qu’elle avait à dire.

- Je lui parlerai.
Thalie marque une courte pause.
- En quel sens ?
- Je ne promets évidemment pas l'issue cependant il me semble important qu'il ait des piliers familiaux plus sain que moi.
Thalie repousse son plateau à peine entamé sur le côté puis croise les bras sur la table, ne gardant que son verre d’eau devant elle.
- Que tu sois saine ou non appartient à ton histoire. Mais je crois deviner que ta relation avec Nathan l’est. A priori tu étais là pour lui au moment où il en avait besoin. Et tu es encore là aujourd’hui à me parler pour t’assurer de son bien-être alors que je devine que les conversations en coin de plateau ne sont pas ton fort. Cela fait de toi un pilier sûr et solide. Bien plus qu’Amon si tu veux mon avis…ajoute-t-elle avec un sourire en coin et une lueur amusée dans le regard. C’est un fait et c’est tout ce qui compte à mes yeux. Donc… merci Enyo. D’être là pour lui. Saine ou non. Je n'attendrai rien de ta conversation avec lui mais j'en garde un mince espoir. C'est tout ce qu'il me reste.