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 Correspondance en mère {Thalie&Nathan}

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Nathan Brunelle
Nathan Brunelle
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Just go at your own pace
As you slip and tumble down from grace
We're safe in one anothers' company
I need you just as much as you need me



◈أمي◈
"Maman"


Un jour comme les autre, routinier et sans lumière, une jeune femme se présente à Thalie. Malgré sa petite taille, elle dégage une folle énergie. Son regard bridé pétille à la fois de curiosité et d'amusement lorsqu'il se pose sur Thalie dont elle bloque littéralement le passage.

- Salut ! Large sourire. Je m'appelle Hui. Je suis une amie de votre fils. Elle lui tend alors une lettre. Y m'a donné ça pour vous. Quand vous aurez une réponse à lui fournir, venez me trouver, ok ? Il m'a choisie comme pigeon voyageur ! Elle éclate d'un rire solaire avant de fourrer ses mains dans les poches de son jean. Bonne lecture...

Et la voilà qui tourne déjà les talons.


L'enveloppe est sommairement faite maison en origami avec une feuille blanche qui a déjà servi et dont on a gommé les annotations au crayon. Au dos il n'y a qu'une courte phrase en français : "Pour ma Mère". La calligraphie est gracieuse, appliquée, celle d'un petit garçon sage qui a toujours excellé dans sa scolarité.
A l'intérieur, les mots se déploient dans le même idiôme, avec la même élégance patiente et mesurée, tatouant le papier d'encre bleue marine.


Chère Thalie,
(Peut-être devrais-je dire chère mère ? Vous Tu me diras.)

Il est toujours délicat de débuter une lettre, je trouve, bien plus que de poser le premier chiffre d'une équation. Pardonne donc la maladresse de ma prose et de cette entame de conversation épistolaire.

J'ai longuement réfléchis à notre situation.
Il fût une époque où je pensais ma vie toute tracée, d'un banal consommé. Une petite vie d'humain en somme. Et puis j'ai découvert ma véritable nature dans des circonstances pénibles et par là même le jeu de piste laissé par mon géniteur. De toi, qui m'avais porté, nulle trace, si ce n'est un dessin qu'il a étrangement glissé dans le trousseau d'indices qu'il m'a légué.
On peut reprocher bien des choses à Nadim, mais pas ses qualités artistiques. Il t'a parfaitement retranscrite (Je te montrerais à l'occasion). J'ignore pourquoi, finalement, il n'a pas voulu complétement t'effacer de mon histoire et j'ai cessé d'y réfléchir. Nadim a gangréné mon existence depuis ses fondations, j'ai décidé de refuser toute tentative de percer les mystères de son cerveau malade. Quoi qu'il en soit, jusqu'alors je n'avais eu que ce dessin et la certitude de ton décès. C'est la seule certitude que je possédais d'ailleurs, vu que toute mon existence s'avérait être un mensonge : ton absence catégorique, définitive. J'ai projeté un bon nombre d'histoires sur ces quelques traits charbonneux, m'imaginant quelle femme tu avais pu être ? Quelles histoires tu avais vécues ? Dans quelles circonstances tes pas t'avais conduite à Nadim ?  
Tu as été beaucoup de chose, Thalie, pardonne à mon imagination fertile qui a besoin sans cesse d'en découdre avec les secrets de l'univers.

C'est sans doute ça qui me pousse à t'écrire aujourd'hui.
Le Savoir.
Une quête qui m'habite depuis l'enfance, sans doute parce que mon cerveau a été pétri par cette absence de réponse, bien avant que j'ai conscience de ma propre histoire. (Je suis un peu trop verbeux, non ? Désolé.)

Peu avant que tu ne fasses cette irruption spectaculaire dans ma vie, j'avais pris la décision de tourner la page sur tout ce qui me liait à ce passé houleux et morbide. Je voulais résolument me tourner vers une nouvelle vie, vers le présent et, osons-le, le futur. (Sans cynisme malgré les circonstances)
A ce jour, je statue toujours sur ma position vis à vis de toi.
Ai-je envie de te faire entrer dans ma vie, surtout maintenant que j'y ai trouvé un semblant d'équilibre ? Ai-je le droit de te refermer la porte au nez alors que tu as bravé le Brouillard (et je ne sais quelles autres embuches qui t'ont retenue au loin pendant plus de vingt ans) pour me voir ?

La réponse est toujours indistincte.

J'ai peur que te voir, te toucher, soit aussi intrusif et déroutant que lors de notre premier contact et je ne veux pas revivre ça.
C'est pour cela que j'ai décidé d'un compromis. Avant de décider ou non de te voir physiquement, j'aimerais apprendre à te connaitre un peu mieux. J'ai pensé que nous écrire l'un l'autre pour mieux nous apprivoiser serait une bonne idée. Tu as bien entendu le droit de refuser cette proposition. Je ne veux rien t'imposer.
Mon amie Hui sera notre intermédiaire. C'est mon amie d'enfance et l'une de mes sœurs de cœur. (J'espère qu'elle s'est bien comportée ? Elle a un sacré caractère et la langue bien pendue, mais c'est une formidable personne).

A très bientôt, alors ?
(Peut-être ?)

Nathan

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Thalie Busset
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Thalie a accepté l’enveloppe en silence. Elle a deviné qui était la messagère et un coup d’œil au dos de la missive lui a confirmé l’identité de l’expéditeur.
Son cœur a manqué un battement et ses mains se sont mises à trembler. Elle est allée s’isoler dans la chambre qu’elle partage avec Silviu, ne souhaitant aucun spectateur pour l'instant qui va suivre.
Assise sur leur lit, elle a mis un certain temps avant de trouver le courage de l’ouvrir. Après tout, cette seule lettre peut signifier la fin de son tourment comme le commencement d’un nouveau. Elle finit par le faire et ses doigts fébriles ont caressé la jolie écriture de son fils.
Elle a commencé sa lecture avec un mélange d’espoir et de terreur au creux du ventre et doit le relire plusieurs fois pour en assimiler tous les mots.

Il ne s’agit ni plus ni moins que d’une prolongation de cette attente qui la tue à petit feu couplé à une mise à l’épreuve.

Elle ne se rend pas compte qu’elle pleure, elle ne comprend pas pourquoi elle pleure.
Parce qu'il ne la repousse pas encore mais qu'elle n’a toujours pas le droit de le voir.
Cet entre-deux est insoutenable. Elle a l’impression d’être figée sur place : incapable de se couper de son passée ou de l’embrasser pleinement, suspendue entre des peut-être.
D’abord vient la colère. A-t-elle traversé toutes ses obstacles pour cela ? Pour rien ? Quelques mots échangés sur un bout de papier ? Combien de temps devra-t-elle attendre ? Combien d’épreuves devra-t-elle encore passer ?

Elle se déteste de sa réaction et naturellement vient la culpabilité et l’abattement. Elle n’est plus si certaine d’avoir encore la force et ne peut en vouloir à Nathan de garder ses distances et de rester prudent.
Elle n’est rien pour lui, si ce n’est un fantôme du passé qui revient le hanter.
Elle devrait s’estimer heureuse de cette lettre mais elle représente aussi bien un lien qui les unit qu'un océan qui les sépare.

Lui répondre… évidemment qu’elle le fera, d’une façon ou d’une autre. Elle s'est promis qu’elle répondrait à ses questions. Elle étanchera sa soif de savoir, lui transmettra l'héritage des Busset si c'est tout ce qu'il attend d'elle.
Quoi ? Comment ? Elle n’en a aucune idée. Elle est une femme de peu de mot, d’intuition, d’instinct et d’action. Ses mots sont gourds, malhabiles, maladroits mêmes.
Que doit-elle écrire pour le convaincre ? Que dire pour obtenir le seul trésor qu’elle convoite encore ?
Elle ne sait pas, elle n'en a aucune idée.
Les mots sont devenus des briques qui forment un haut mur qui la sépare de son fils.
Elle en parle à Silviu, quémande ses conseils toujours avisés et sages, tergiverse et au bout de quelques jours, confie une réponse à la soeur de coeur de son fils.

Cher Nathan,
(Je n’ose t’appeler autrement, mais dans mon cœur tu es et resteras mon fils.)

Appelle-moi de la façon qu’il te plait, celle qui te met le plus à l’aise. Peu importe ce que tu choisiras, je serais cette femme-là.

Ton amie a su remplir sa mission à merveille. Sois rassuré.
Tu as raison, les lettres sont difficiles à commencer mais aussi à poursuivre et à clôturer. Pour moi en tous les cas. Pour être tout à fait franche avec toi, je commence celle-ci la peur au ventre, sachant que ce qu’elle contiendra définira de notre futur ensemble. S’il y a bien une chose qu’il faut que tu saches c’est que je ne suis pas une femme de lettre ou de belles tournures mais d’actions et d’instinct.
Je me suis toujours méfier des mots, si facilement déformables et manipulables. Ils étaient les armes de Nadim.  
Pardonne donc le temps que j’ai mis à te répondre. J’ai passé des heures à construire cette lettre dans ma tête, à en effacer des bouts ou en rajouter, sans savoir si elle serait à la hauteur de ce que tu attends. J’espère pouvoir te donner les clés de ce savoir que tu cherches.

Je ne savais pas par quoi débuter et puis je me suis dis qu’il me fallait commencer par t’expliquer mon absence et ta naissance.
J’ai rencontré ton géniteur lors d’une de mes escales à terre. (tu es l’enfant de trois générations de marins accomplis mais je garde cette histoire pour plus tard si tu le souhaites.) A Paris plus exactement. Une soirée arrosée et festive, il m’a approché. Nous nous sommes plu et avons continué à nous fréquenter quand bien même il n’y a jamais eu d’amour entre nous. Une histoire qui aurait dû se clôturer rapidement, un rien banal non ? Jusqu’au moment où j’ai su que j’étais tombée enceinte.
J’étais … terriblement effrayée et abasourdie. Tu sais sans doute combien les nôtres ont des difficultés à procréer. J’avais même du mal à y croire. Mais déjà ton eau et la mienne se répondaient. Nadim était ravi et voulait non seulement que je te garde mais faire partie de ta vie. Il m’a assurée de son soutien, de son affection pour moi et pour la famille que nous allions construire.
Des mots… rien que des mots.
Sache toutefois que la décision de te garder, je l’ai prise en mon âme et conscience loin de lui et de ses murmures empoisonnés. Et malgré mes craintes de ne pas être une mère à la hauteur, moi qui avait perdu la mienne très jeune, je te voulais avec force, je souhaitais te transmettre tout ce que j’avais appris. Je t’aimais déjà sans te connaitre.  
Nadim, toi et moi avons déménagé au bord de la mer. C’était une condition non négociable pour moi qui a parfaitement déplu à ton efrit de géniteur. Ma seule consolation. S’il se montrait attentif et même tendre à mon égard les premiers temps, les choses ont changé rapidement et j’ai compris que je n’étais qu’un pion, une couveuse pour la famille parfaite qu’il s’était imaginé.
Lui, toi, Amon.
Il m’a beaucoup parlé de lui et de sa perfection, l’homme qui devait prendre ma place et mon rôle à tes côtés. J’ignorais quel sort il me réservait. J’ai essayé de fuir aussitôt mais Nadim tenait mon père dans le creux de sa main et menaçait de le tuer si je disparaissais.
Pardonne-moi mon enfant parce que j’ai été lâche…terriblement lâche. J’ai voulu vous sauver tous les deux mais je n’ai réussi qu’à vous perdre.

Après cela, j’ai passé le plus de temps possible loin de lui et il m’accordait volontiers cet espace. Je t’ai chanté mille chansons, t’ai parlé et raconté des histoires d’aventures et de marin, de pirates et d’amants séparés par la mer. Et puis mon eau t’a bercé encore et encore. Je voulais que tu sentes aimé par ta mère, qu’il reste en toi une partie de moi lorsque je ne serais plus là. C’était tout ce que je pouvais te donner.
Le jour de ta naissance a été terrible. Il allait me permettre de te rencontrer enfin pour la première et la dernière fois. Mais il s’avère que je n’ai même pas pu poser les yeux sur toi, ni te serrer contre moi. Je n’ai pu qu’entendre ton cri, ta rage de vivre. Ce creux entre mes bras… tu y auras toujours ta place si tu le souhaites. Il t’appartient.
Par la suite, Nadim n’a pas perdu de temps et à ma grande surprise, il ne m’a pas tuée. Dans son esprit tordu, j’avais une place particulière je crois. Le ventre, celle qui a permis à son rêve de se réaliser. J’ai été enfermée dans une bouteille et jetée dans la Seine. Non sans qu’il ne me murmure le prénom qu’il avait choisi pour toi.
NATHAN. Deux syllabes. Mon petit garçon.
C’est tout ce que j’avais de toi.  

J’ai dérivé, longtemps. Jusqu’à atterrir dans la mer. J’y avais toujours été chez moi, mais les choses étaient bien différentes à présent.
La solitude, le vide… ils vont écrasent et vous broient. Tu as été mon unique bouée de sauvetage. Ton existence était la seule chose qui me raccrochait à ce monde, me permettait de ne pas sombrer dans la folie.
Mais j’avais si peur pour toi, si peur que Nadim te façonne à son image. Tu n’imagines pas à quel point j’ai été soulagée lorsque ceux qui te connaissent m’ont parler de toi et que j’ai compris que ça n’était pas le cas. J’ai su aussi ce que tu as dû traverser seul. J’aurais tellement, tellement aimé être là pour t’expliquer, te rassurer, t’aider…

Une fois libérée, j’ai été sidérée d’apprendre que mon enfermement avait duré si longtemps. Mais je savais que malgré les années, malgré le fait que tu me détestais certainement ou n’avait jamais entendu parler de moi, je devais te retrouver. Je devais essayer. Tempêtes et brouillard meurtrier ne pouvaient m’arrêter. Sans doute est-ce bien égoïste, je le réalise à présent. Je souhaitais tellement te revoir, savoir à quoi tu ressemblais (j’ai si souvent imaginé ton visage), te parler de moi et de ta famille…

Et aujourd’hui je suis là.
Je ne voulais pas que notre première rencontre se déroule ainsi. Et je suis navrée que mon eau t’ait agressé de cette façon. J’aurais dû mieux la contrôler mais ce jour-là… l’émotion était trop forte.
Je comprends ta prudence et sait que tu as besoin de temps mais quoiqu’il arrive ne doute jamais de ceci :
Tu es autant mon fils que tu es celui de Nadim et ta mère t’a aimé, t’aime et t’aimera toujours, quelque soit ta décision par la suite. Tout comme je suis très fière de l’homme que tu es devenu. Ce sont deux nouvelles certitudes que je t’offre.
Tu pourrais te dire avec raison qu’il ne s’agit que de mots à nouveau. Les preuves ne viendront qu’avec le temps, en espérant qu’ils nous en reste.
Je suis ravie de savoir que tu as trouvé ton équilibre malgré les épreuves qui ont été les tiennes. Ne te sens obligé de rien à mon égard. Si nous devions un jour avoir une relation qui dépasse ces lettres, je souhaite qu’elle ne soit basée que sur ton envie de m’avoir dans ta vie et non sur une quelconque culpabilité.
L’honnêteté est une notion importante chez les Busset-Bourbon et je veux qu’il n’y ait qu’elle entre toi et moi.

Je te joins la seule photo que j’ai de moi enceinte. C’est une inconnue qui l’a prise à ma demande. Nadim n’a jamais su son existence.
(La photo a été un peu abimée mais montre une Thalie rayonnante et enceinte jusqu’aux yeux, le teint frais et bronzé, les mains posées avec amour sur son ventre qu’elle regarde en souriant.)

Tendrement,
Thalie.


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Nathan Brunelle
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Trois jours s'étaient écoulés.
Je ne savais que faire de cette donnée. Ma lettre avait-elle été lue ? Ma démarche avait-elle été comprise ? J'ignorais tout de cette femme et son silence attisait une forme de paranoïa dans ma pauvre cervelle tourmentée. Je fomentais toute sortes de théories absconses. Cette attente étais néanmoins de bonne guerre, après tout je la faisais moi même patienter depuis des semaines.

Et puis une réponse me parvint.

Thalie avait une écriture chaloupée, de celle qui vont avec les journaux de bord et la démarche des marins. Elle se disait peut habile de ses mots et pourtant sa prose s'étalait sur deux pages en empilage de lignes tassées. Je les parcourus, déchiffrant ses pattes de mouches et ses arabesques, et relisant à mainte reprises.
Une étrange émotion me submergea brutalement.
J'ai pris la mesure du manque viscérale dont j'avais été l'objet, dont nous avions été l'objet tous deux. Nadim m'avait arraché ma mère mais il lui avait volé un fils. Elle n'avait pas pu me toucher, me tenir dans ses bras, humer le sommet de mon crâne encore humide. Le récit de sa captivité achèva de me noyer dans mon marasme sentimental. J'aurais tant voulu connaitre les bras aimant de cette femme là, son odeur rassurante, ses histoires dont j'aurais héritées... Nadim m'avait spoilié de tout cela. Il m'avait pris le socle qui aurait pu faire de moi un être meilleur que je ne suis.

Pourtant, jusque là encore, je n'étais pas certain d'avoir envie de nouer un lien avec ce qui n'a finalement jamais pu être là. La photo glissa alors d'entre les feuillets, fatiguée et jaunie. Mon coeur s'arrêta et je fondis en sanglots.

Keelan me trouva dans cet état. Malgré ses exhortations à me confier la raison de ce chagrin, je ne parvenais pas à produire le moindre son. J'étais comme étranglé, incapable de reprendre mon souffle et par là même le cour de ma vie.

Il fallait que je la vois.


***

Je me pince la lippe inférieure en tirant dessus, nerveux. Je fixe cette foutue porte depuis vingt minutes. Je tergiverse encore, inquiet, fébrile, absolument incertain du bien bondé de mon geste. J'ai refusé que Keelan ou Hui m'accompagne. C'est quelque chose que je dois faire seul. Alors, comme un crétin, j'avance, je recule, j'effectue trois pas, je tourne casaque, je rétropédale, je reste les bras ballant... toujours devant cette porte.

- Peut-être puis-je t'aider ?

Je sursaute, violemment sorti de mes réflexions. Le vieil homme qui se tient devant moi est immense. Son visage m'est familier. Il ressemble à Bertus, mais également à Ciulin.

- Euuuuuh... fais-je avec une magnifique démonstration d'éloquence tout en tirant sur les manches de mon pull.
- Je suis Silviu Taur et tu te trouve devant la porte de ma chambre, fait le roumain avec une voix grave et tranquille.
- Je.. Je sais qui vous êtes.... Comment ça votre chambre ? Ce n'est pas celle de Thalie Busset ?
- Et la mienne. C'est notre chambre.


Une information qui me percute comme une gifle. Ma mère partage son lit avec... un Taur ? Vertige.

- Je t'observe depuis quelques minutes, Nathan. J'attendais que tu te décides à frapper, mais, au bout d'un moment, je me suis demandé si tu n'avais pas besoin d'un coup de pouce.

Mes joues cuisent. Je martyrise un peu plus la laine de mon pull.

- Est-ce... Est-ce qu'elle est là ? J'arbore une expression à la fois avide et anxieuse. Je suis terrifié de la réponse.
- Oui... Il me contemple avec une acuité qui me met mal à l'aise. J'ai l'impression de perdre plusieurs années au compteur et de n'être plus qu'un minuscule marmot, effarouché par l'aura de cet adulte.... Tu veux la voir ?

Long silence. Mon timbre tremble quand je luis réponds.

-... Oui.

Il ouvre alors la porte.

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Fébrile.
Voilà le mot qui la définie depuis qu’elle a remis sa lettre à Hui.
A nouveau l’attente.
Qui troublait son humeur, la rendant tantôt mélancolique, tantôt presque euphorique.
Elle voulait y croire.
Elle ne devait pas trop y croire.
L’espoir est si dangereux…
Elle savait qu’elle usait la patience de Silviu mais avait bien du mal à se reprendre. Alors elle s’occupa les mains et l’esprit aussi souvent que possible. Elle avait ouvert son cœur dans cette lettre, lui avait confié son bien le plus précieux qu’elle n’a jamais montré à personne. Elle estime que Nathan est le premier avec qui elle devait partager ce trésor, la photo qui l’a accompagné pendant plus de vingt années durant.

Dans leur chambre, fraichement douchée, elle réaccroche minutieusement bijoux et breloques dans sa longue chevelure lorsqu’elle note la disparition du dernier cadeau de son père. Elle fouille la chambre de fond en comble et se trouve bientôt à quatre pattes pour regarder sous le lit lorsque la porte s’ouvre.

- Silviu ? Tu n’aurais pas vu ma petite perle ivoire ?Je l’avais encore…
ses yeux s’arrêtent soudain sur le bijou nacré qui a glissé contre le mur… Oh ! Oublie. Je viens de la retrouver…

N’entendant pas un bruit, elle se relève après avoir remis la main sur son précieux cadeau et se fige en voyant qui se trouve sur le seuil de leur chambre.
Son fils est là. En chair et en os.
Son cœur se met aussitôt à tambouriner comme un fou dans sa cage thoracique et son eau s’agite. Mais, bien que non préparée à cette nouvelle rencontre, cette fois, elle garde son calme et la maîtrise de son eau.
Du moins en apparence. A l’intérieur c’est une petite tempête qui se déchaine. Elle échange un regard qui exprime toute son émotion avec Silviu avant de se focaliser entièrement sur Nathan. Ses doigts jouent nerveusement avec sa perle et elle repasse une longue mèche blonde derrière son oreille pour essayer de retrouver une certaine contenance. Elle lui offre un doux sourire alors même qu’elle ne sait pas si sa venue est un bon ou un mauvais signe.

- Bonjour Nathan.
Elle s’est naturellement exprimée en français et sa voix n’en parait que plus cassée. Peut-être pour se raccrocher à un lien réel qui existe entre eux, leurs racines communes. Le silence s’éternise et si elle peut discipliner son eau, elle n’arrive pas à empêcher ses yeux de s'imprégnier de chacun de ses traits, de ses tics nerveux, de la vie qui se dégage de lui. Elle se reprend soudain.
- Entre, je t’en prie, l'invite-t-elle d'un geste gracieux de la main.

Elle n’aspire qu’à le prendre dans ses bras et le serrer contre elle.
Peut-être que cela n’arrivera jamais.

- Tu… tu as bien reçu ma lettre ? Je suis désolée si elle t’a paru trop longue, ou trop courte… c’est juste que… il y avait beaucoup à dire. Beaucoup à rattraper… Elle prend une profonde inspiration. Finalement, tu ne souhaites plus que l’on corresponde alors…

Par tous les dieux des océans, qu’il est beau ! Leur ressemblance n’est pas flagrante, elle se trouve dans de petits détails qu’elle cherche avidement. Elle s’est toujours sentie mère, même amputé de son enfant, mais elle redécouvre la signification de ce mot en la présence de son fils. Elle l’aime d’un amour qui n’a rien de rationnel, qui ne s’explique pas et qui s’est passé de vingt deux ans de contact. Pourtant il est là, pulse dans sa poitrine. Son calme se fissure pour rayonner d’une joie pure.

- Je suis si heureuse de te voir, Nathan… Des mots bien faibles pour exprimer ce qu’elle ressent. Je sais que mon retour t’es difficile. Pardonne-moi… de ne pas avoir été là toutes ces années et de t'imposer ces retrouvailles que tu n'as pas demandées.
Elle suffoque un peu et se rend compte qu'elle a laissé son eau s'échapper de ses yeux, qu'elle perd le contrôle. Or ça n'est pas l'image qu'elle veut lui renvoyer et elle essuie brièvement ses joues.
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Nathan Brunelle
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A peine rentré, j'ai déjà envie de fuir. La carrure du vieillard dans mon dos obstrue la porte et m'empêche de le faire. Je n'ai d'autre choix que de fixer la silhouette gracile à quatre pattes au sol et dont la voix grave interpelle Silviu avec une familiarité qui me hérisse inexplicablement. (Je n'ai pas le moindre droit de commenter les fréquentations d'une mère que je fréquente pas moi même, mais j'éprouve un tantinet d'agacement malgré tout)

J'ai tout le temps de la voir se redresser, mon esprit actionnant la caméra en slow motion. Elle est si blonde, si mince, si dégingandée. Je me retrouve à peine dans ses traits pointus et pourtant, par touche subtile, je reconnais certaines caractéristique qui me modèlent : sa stature élancée, ses pommettes découpées à la serpe, ses lèvres fines...

- Bonjour Nathan.

Un hochement de tête. Mes mots sont coincés dans ma gorge, gonflés de mon eau.

- Entre, je t’en prie...

C'est déjà fait et le Taureau qui sert de Cerbère me coupe toute retraite de toute façon. (Et qui se tape ma mère ?! Pourquoi ça me tracasse autant !)

- Tu… tu as bien reçu ma lettre ?
-... Hum... o..oui.
- Je suis désolée si elle t’a paru trop longue, ou trop courte…
- N. Non c'était... Ce qu'il faut...
que je baragouine aussi embarrassé qu'intimidé.
- C’est juste que… il y avait beaucoup à dire. Beaucoup à rattraper… Finalement, tu ne souhaites plus que l’on corresponde alors…

J'esquisse un faible sourire.

- En.. En lisant ta réponse, je me suis senti... idiot, dis-je à mi-voix, les rétines humides. Je n'aurais pas dû t'obliger à ça... en plus... ben du reste. J'avais peur. Pauvre rire cassé alors que j'achève de déformer mon pull. J'ai toujours la trouille...
- Je suis si heureuse de te voir, Nathan… Je sais que mon retour t’es difficile. Pardonne-moi… de ne pas avoir été là toutes ces années et de t'imposer ces retrouvailles que tu n'as pas demandées.


Je ne sais que répondre à ces mots. Les miens jouent de nouveau les éponges et refuse de s'essorer.

Silviu a refermé silencieusement la porte. Alors que je suis pétrifié, il glisse en silence vers Thalie et lui caresse doucement le bras.

- Je vous laisse tous les deux, à moins que tu ne désires que je reste ? s'enquiert-il et, quelque soit la réponse de ma mère, il dépose un délicat baiser sur sa tempe. Je détourne le regard.

Après un moment à remettre la main (la langue ?) sur mon éloquence, je décide de faire abstraction de la présence de l'oncle de Ciulin.

- Je... Je te crois sincère. La photo... Je la sors lentement de ma besace en bandoulière et la contemple. On ne peut pas feindre ce genre d'expression. Ma "mère" humaine n'a jamais eu ce genre d'expression à mon égard... Je déglutis, le timbre un peu fêlé. J'aurais voulu... C'est moi qui doit demander pardon. Si j'avais su... C'est toi que j'aurais cherchée, pas Amon...

Mon air meurtri et malheureux n'a rien de simulé lui non plus.

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- En.. En lisant ta réponse, je me suis senti... idiot. Je n'aurais pas dû t'obliger à ça... en plus... ben du reste. J'avais peur.
Thalie secoue légèrement la tête.
- Ne t’en fais pas pour cela. Je voulais que tu puisses avoir le temps nécessaire à … à la réalisation de mon retour. Tu as fait ce qui était nécessaire pour toi.
- J'ai toujours la trouille...
Thalie pince les lèvres. A nouveau, l’envie de le serrer dans ses bras et de chasser cette peur la prend aux tripes.
- Je sais… Mais merci d’avoir vaincu cette peur pour venir à ma rencontre. Je suis si heureuse de te voir, Nathan… Je sais que mon retour t’es difficile. Pardonne-moi… de ne pas avoir été là toutes ces années et de t'imposer ces retrouvailles que tu n'as pas demandées.

Le regard de Thalie glisse un instant sur Silviu, cherche son soutien silencieux mais toujours présent au fond de ses yeux bleus.

- Je vous laisse tous les deux, à moins que tu ne désires que je reste ?
- J’aimerais discuter un instant seule avec Nathan, si cela ne t’ennuie pas, répond-elle doucement.
Elle ferme les yeux sous son tendre baiser et caresse brièvement sa joue barbue en lui adressant un dernier sourire vaillant avant qu’il ne quitte la pièce.

Toute son attention revient alors vers son fils, planté nerveusement au milieu de la pièce, triturant son pull comme un petit garçon. Son petit garçon. Elle souhaite se rappeler de chaque détail de cet instant dans l’optique où il devienne le seul qu’elle partagera avec lui.

- Je... Je te crois sincère. La photo... Elle lui sourit en jetant un bref regard à la photographie usée. On ne peut pas feindre ce genre d'expression. Ma "mère" humaine n'a jamais eu ce genre d'expression à mon égard...

Qu’il ait pu appeler une autre femme mère lui fait mal au-delà des mots, surtout en sachant qu’elle n’a apparemment pas rempli son rôle. Néanmoins une part d’elle, égoïste sans nul doute, se réjouit du fait qu’aucune femme – et aucun djinn maritin – n’a finalement pris sa place. Mais elle sait cette pensée horrible et la relègue loin dans son esprit.

- Je suis désolée… que tu n’aies pas eu l’amour maternelle que tu méritais…que tu mérites toujours. Un silence. Tu peux la garder si tu le souhaites.
- J'aurais voulu... C'est moi qui dois demander pardon. Si j'avais su... C'est toi que j'aurais cherchée, pas Amon...
Des mots qui gonflent son cœur de maman et la révoltent profondément. Cette fois, s’en est trop pour Thalie. Elle s’approche de Nathan et pose délicatement sa main sur son avant-bras. Un premier contact, sans le peau à peau qui pourrait réveiller leurs eaux.
- Non ! s’écrit-elle avant de reprendre sur un ton plus doux. Non…il n’y a rien à pardonner. Je refuse que tu culpabilises pour cela. Tu n’avais aucun moyen de savoir, Nadim s’en était assuré alors n’en parlons plus.
Si proche, elle a tout le loisir de le contempler dans les moindres détails et ne s’en prive pas. Elle lui sourit, le visage troublé par une émotion palpable et retenant difficilement les élans qui la pousse vers lui.
- Nous sommes tous les deux dans la même pièce aujourd’hui. C’est tout ce qui compte à mes yeux. Nadim et ce qu’il nous a fait subir à tous les deux appartiennent au passé. Il nous a déjà tant pris… je refuse qu’il entache notre avenir. Plus de regret ou de culpabilité. Juste toi et moi.  

Ne souhaitant pas lui imposer de proximité trop longtemps, elle recule et avoue dans un petit rire nerveux.
- Tu sais, j’ai très peur moi aussi. De te décevoir, de ne pas avoir les bons mots, la juste attitude… Je t’ai perdu une fois, je prends le risque de te perdre une deuxième fois. Mais je suis prête à le prendre parce que je m’en serais voulu toute ma vie de ne pas avoir au moins essayé de te retrouver. Quand bien même je savais que la nouvelle allait te bouleverser. Peux-tu me pardonner pour cela ?

Elle attache brièvement sa perle à l’une de ses mèches et ne sachant trop que faire de son corps, lui demande.
- Souhaites-tu une tisane ou un thé ? Silviu en a un stock indécessant.
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Nathan Brunelle
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- Non !

Je sursaute quand Thalie me touche le bras. Même à travers la laine, ma peau picote de cette proximité. Toute mon eau bouillonne, et sous les mailles ajourées du tricot transparait la lueur bleutée de quelques tatouages.
Je me soustrais à ce contact, inquiet d'y être trop sensible, d'en être trop influencé.

- Non…il n’y a rien à pardonner. Je refuse que tu culpabilises pour cela. Tu n’avais aucun moyen de savoir, Nadim s’en était assuré alors n’en parlons plus.
- Je sais
, que j'émets dans un souffle en me tenant le bras le long du corps. Excuse-moi.. C'est.. Ce n'est pas toi, hein, c'est le contact en général, que j'essaie de justifier en montrant mes gants.
- Nous sommes tous les deux dans la même pièce aujourd’hui. C’est tout ce qui compte à mes yeux. Nadim et ce qu’il nous a fait subir à tous les deux appartiennent au passé. Il nous a déjà tant pris… je refuse qu’il entache notre avenir. Plus de regret ou de culpabilité. Juste toi et moi.
- Oui, je suis d'accord avec toi. C'est ce que j'avais décidé avant que tu n'arrives. Tabula raza. Je ne l'ai pas tué pour qu'il continue à me tourmenter. Je veux... Je veux me recréer. Enfin.. tu vois ce que je veux dire ?
- Tu sais, j’ai très peur moi aussi. De te décevoir, de ne pas avoir les bons mots, la juste attitude… Je t’ai perdu une fois, je prends le risque de te perdre une deuxième fois. Mais je suis prête à le prendre parce que je m’en serais voulu toute ma vie de ne pas avoir au moins essayé de te retrouver. Quand bien même je savais que la nouvelle allait te bouleverser. Peux-tu me pardonner pour cela ?


Cette fois mon sourire, bien que timide, se fait plus chaleureux. Plus tendre.

- Je ne peux pas t'en vouloir de ça.... Pour le reste, sois simplement toi même. J'en ai ma claque des menteurs, qu'ils le fassent sciemment ou pas omission. Je ne suis pas un modèle de droiture et d'honnêteté. Sans doute parce que j'ai essayé toute ma vie de plaire pour qu'on m'apprécie et qu'on me donne une légitimité. Pour ça je me suis coulé dans différents "rôles", j'ai été calculateur, peut-être un peu manipulateur aussi. Je ne suis pas... irréprochable, loin de là. Par certains aspects, pas les plus appréciables de ma personnalité, je lui ressemble. Mais j'ai décidé d'assumer cet.. J'ai un geste vague pour englober ma personne dans son entier... Tout ce machin paradoxal que je suis. Alors, la moindre des choses, c'est d'accepter que ma propre mère soit également quelqu'un de contrasté et faillible.
- Souhaites-tu une tisane ou un thé ? Silviu en a un stock indécent.
- C'est vraiment un truc de vieux ça! Amon est un drogué de thé. Je suis plus caféine, personnellement... Mais ok... va pour de l'eau teintée.
Petit rire nerveux. Hum.. Y'a.. euh.. quoi exactement entre ce Silviu et toi ? que je ne peux pas m'empêcher de demander comme un gros lourd.



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Thalie a senti la connexion de leurs eaux, a aperçu ses tatouages s'illuminer sous le vêtement. Elle coule quelques regards en coin aux mains du jeune homme, enfermées dans leurs carcans de cuir. Elle sait pourquoi il ne souhaite toucher personne. Elle a donc bien fait de juguler ses envies de l’enlacer.

- Oui, je suis d'accord avec toi. C'est ce que j'avais décidé avant que tu n'arrives. Tabula raza. Je ne l'ai pas tué pour qu'il continue à me tourmenter. Je veux... Je veux me recréer. Enfin… tu vois ce que je veux dire ?
Elle y réfléchit sérieusement puis hoche la tête.
- Je crois oui. Lorsqu’on a un passé aussi… compliqué, j’imagine que c’est la meilleure attitude à avoir et c’est une décision courageuse. Tu sais, j’ai très peur moi aussi. De te décevoir, de ne pas avoir les bons mots, la juste attitude… Je t’ai perdu une fois, je prends le risque de te perdre une deuxième fois. Mais je suis prête à le prendre parce que je m’en serais voulu toute ma vie de ne pas avoir au moins essayé de te retrouver. Quand bien même je savais que la nouvelle allait te bouleverser. Peux-tu me pardonner pour cela ?

Elle attend sa réponse avec une certaine fébrilité. Il lui offre un merveilleux sourire – rien qu’à elle et elle s’en trouve profondément chamboulée. Tout autant que lorsqu’il se livre à quelques confessions qu’elle écoute avec la plus grande des attentions. Ses lèvres esquissent finalement un sourire plus mélancolique.

- Être moi-même… c’est une quête que je n’ai pas encore complètement menée à bien pour être franche. Il m’est encore parfois difficile de me souvenir exactement de qui j’étais… avant. J’ai vécu quelques années comme…anesthésiée. Mais les choses me reviennent, petit à petit. Elle hausse les épaules. Nous sommes tous le résultat d’une alchimie complexe. Que tu aies un peu de Nadim n’est pas étonnant. Fin sourire malicieux. J’espère t’avoir légué quelques traits moi aussi.

Lesquels ? Elle souhaite sincèrement pouvoir les découvrir.

- Souhaites-tu une tisane ou un thé ? Silviu en a un stock indécent.
- C'est vraiment un truc de vieux ça !
Elle éclate soudain d’un rire solaire.
- Ne dis pas ça ! J’ai quelques années au compteur et je trouve ça parfaitement fadasse.
- Amon est un drogué de thé.
Thalie aimerait qu’il lui parle de sa relation avec Amon mais elle ne force pas les choses, décidée à avancer au rythme de Nathan.
- J’ai pu constater que sa drogue s’est répandue dans toute son école. On m’a proposée une bonne centaine de ces fichus plantes séchées pendant que j’attendais qu’il daigne me recevoir.
- Je suis plus caféine, personnellement...
- C’est parce que tu n’as pas encore goûté à mes cocktails au rhum…
- Mais ok... va pour de l'eau teintée.
Ravie de pouvoir s’occuper les mains, Thalie s’affaire à chauffer l’eau dans leur petite bouilloire.
- Silviu essaie de m’initier à ses bienfaits mais je crois qu’il a compris que j’en buvais plus pour m’hydrater que par plaisir.
- Hum… Y'a… euh… quoi exactement entre ce Silviu et toi ?
Thalie lui glisse un coup d’œil en haussant un sourcil, amusée aussi bien qu'interpelée par sa question
- Je ne m’attendais pas à ce que ce soit la première question que tu me poses. Elle est plutôt… indiscrète. Est-ce important pour toi ?
Elle glisse deux sachets dans les mugs pour se donner le temps de réfléchir à la réponse qu’elle veut lui donner. Après tout, elle a parlé d’honnêteté et de vérité.  
- C’est lui qui m’a repêchée après la tempête que j’ai essuyée pour venir à Tir Na Nog. Depuis, il a été un soutien indéfectible et … précieux. Sans lui, j’aurais fait face aux dernières épreuves qui me séparaient encore de toi avec beaucoup moins de succès et sans doute de patience.
Elle n’en dira pas plus pour l’instant. Le reste n’appartient qu’à elle et Silviu. L’eau se met à bouillir et elle la verse dans leur tasse respective. Elle en tend une à son fils puis s’assoit sur le bord du lit, refermant ses doigts fins sur la porcelaine.

- Y’a-t-il… quelque chose d’autre que tu aimerais savoir ? demande-t-elle avec un brin de malice dans le regard qui n’est pas sans rappeler la lueur qui anime parfois celui de son fils. Elle désigne ses gants du menton. Tu peux les retirer ici si tu le souhaites. Je sais pourquoi tu les portes, mais tu ne me feras aucun mal quand bien même tu me toucherais par mégarde, assure-t-elle avec un sourire rassurant. Je veux simplement que tu te sentes à l'aise...et que tu n'aies pas peur d'être toi-même avec moi non plus.
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Nathan Brunelle
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- C’est parce que tu n’as pas encore goûté à mes cocktails au rhum…
- Oula! Non ! Je ne tiens pas l'alcool. ça me rend débile et ça me dessèche plus vite qu'une gastro. Mais ok... va pour de l'eau teintée.
- Silviu essaie de m’initier à ses bienfaits mais je crois qu’il a compris que j’en buvais plus pour m’hydrater que par plaisir.
- Hum… Y'a… euh… quoi exactement entre ce Silviu et toi ?
- Je ne m’attendais pas à ce que ce soit la première question que tu me poses.
- Moi non plus, à vrai dire.
- Elle est plutôt… indiscrète.
- Hum... Navré. Ca ne me regarde pas après tout...
- Est-ce important pour toi ?


Je prends une grande inspiration et mon visage se fronce un peu sous l'effet d'une certaine contrariété.

- Je... Je ne sais pas vraiment. Si, en fait. Soupir de ballon de baudruche. Je ne m'attendais pas à devoir déjà dealer avec un beau-père. Et.. Je me sens cuir des joues. J'aurais aimé pouvoir t'avoir un peu pour moi, en premier. Je sais c'est irrationnel et grossier. Mes plus plates excuses. Un silence. Nouvelle grimace. Il fallait que ce soit un Taur en plus ?
- C’est lui qui m’a repêchée après la tempête que j’ai essuyée pour venir à Tir Na Nog. Depuis, il a été un soutien indéfectible et … précieux. Sans lui, j’aurais fait face aux dernières épreuves qui me séparaient encore de toi avec beaucoup moins de succès et sans doute de patience.
- Ah... oui.... Ils sont terriblement attachants ces roumains. Parfois attachiants, aussi.


Nous voilà assis sur un bout de lit avec des tasses fumantes en main et un mutisme gêné en bouche.

- Y’a-t-il… quelque chose d’autre que tu aimerais savoir ?
- Tout ?
fais-je avec un de ces sourires en coin qui me donne des airs malicieux (parait-il. Je crois Keelan sur parole.)

Thalie fixe mes gants et me les désigne.

- Tu peux les retirer ici si tu le souhaites. Je sais pourquoi tu les portes, mais tu ne me feras aucun mal quand bien même tu me toucherais par mégarde. Je la contemple avec étonnement : comme sait-elle ? Ciulin peut-être ? Je veux simplement que tu te sentes à l'aise...et que tu n'aies pas peur d'être toi-même avec moi non plus.
- Ce n'est pas... Ce n'est pas ce que tu crois. Je préfère le garder. Pas que je pense que je risque te faire du mal, mais plutôt pour... limiter l'attraction de ton eau. J'ai toujours du mal à... à résister à l'influence d'un autre maritin. C'est comme si mon eau cherchait systématiquement à se mêler à celle de ceux de mon espèce. C'est ce que j'ai pris pour de l'amour avec Amon, je crois...
dis-je en baissant la voix, un sentiment de culpabilité éteignant mon timbre.

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- Je... Je ne sais pas vraiment. Si, en fait. Je ne m'attendais pas à devoir déjà dealer avec un beau-père. Et… J'aurais aimé pouvoir t'avoir un peu pour moi, en premier.
- Oh.
Thalie a l’impression de sentir fleurir quelque chose au creux de sa poitrine.
- Je sais c'est irrationnel et grossier. Mes plus plates excuses.
Elle fait le geste de toucher sa main gantée mais se retient à temps.
- Non, je comprends. Si cela peut te rassurer ma relation avec Silviu n’a rien à voir avec le rôle que j’aimerais jouer dans ta vie, Nathan. Mais j’ai autant besoin de lui que de toi pour être heureuse. Et puis… Elle a un sourire un peu triste. Il ne l’a jamais appelée mère ou maman, mais Silviu a déjà le droit à du beau-père… pour que tu aies un beau-père, il faudrait déjà que tu me considères comme ta mère… Elle a un geste vague de la main en se mordant la lèvre. Enfin… plus qu’une simple génitrice je veux dire…
Le silence s’éternise.
- Il fallait que ce soit un Taur en plus ?
Thalie éclate de rire.
- Silviu n’est pas un Taur comme les autres... tu verras. C’est lui qui m’a repêchée après la tempête que j’ai essuyée pour venir à Tir Na Nog. Depuis, il a été un soutien indéfectible et … précieux. Sans lui, j’aurais fait face aux dernières épreuves qui me séparaient encore de toi avec beaucoup moins de succès et sans doute de patience.
- Ah... oui.... Ils sont terriblement attachants ces roumains. Parfois attachiants, aussi.
- Oui… je crois que c’est le bon terme. Mais il n’imposera rien et nous laissera toute la place pour nous retrouver si c’est ce que tu souhaites.  
C’est en partie la raison qui fait qu’elle éprouve autant d’affection pour cet homme. Il la comprend sans la juger et sait ce dont elle a besoin sans qu’elle n’ait à le lui dire.  
- Mais j’aimerai aussi profiter du temps que nous avons ensemble, Silviu et moi. Je resterai éternellement ta mère, ajoute-t-elle avec un sourire à la fois chaleureux et triste. Silviu… Silviu est humain. Tu comprends ?

A nouveau, un ange passe. Thalie contemple toujours son fils comme s’il était la huitième merveille du monde. Elle aimerait dissiper sa gêne alors elle relance la conversation.

- Y’a-t-il… quelque chose d’autre que tu aimerais savoir ?
- Tout ?
- Dans ce cas, il va nous falloir un peu de temps, répond-elle avec le même sourire que Nathan.

Nul doute qu’à cet instant, un spectateur extérieur ne pourrait pas manquer leur ressemblance. Elle dérive le sujet vers les gants qu’il porte.

- Ce n'est pas... Ce n'est pas ce que tu crois. Je préfère les garder. Pas que je pense que je risque te faire du mal, mais plutôt pour... limiter l'attraction de ton eau. J'ai toujours du mal à... à résister à l'influence d'un autre maritin.
- Tout cela est encore très neuf pour toi. J’ai eu bien du mal au début moi aussi. Encore aujourd’hui je dois faire de sérieux effort pour ne pas laisser mon eau venir à toi. Nous pourrions travailler là-dessus si tu veux. J’ai appris que les méthodes « scolaires » n’avaient pas vraiment fait leur preuve sur toi. J’ai appris différemment. Je pourrais te montrer.
- C'est comme si mon eau cherchait systématiquement à se mêler à celle de ceux de mon espèce. C'est ce que j'ai pris pour de l'amour avec Amon, je crois...

Thalie garde un instant le silence. Elle aurait aimé laisser Amon de côté pour se focaliser sur le lien seul qui existe entre elle et Nathan mais elle sent bien qu’il s’agit d’un sujet important pour son fils.

- Je suis allée le voir… j’avais besoin de réponse. Je savais déjà que lui et toi… elle ne finit pas sa phrase et se passe une main nerveuse dans les cheveux. Notre conversation a été… houleuse. Il est possible... que je l’ai insulté et menacé. Elle a un petit rire. J’ai presque été jetée du manoir pour être franche. Ils avaient tous l’air profondément indigné de mon comportement. Nadim m’avait beaucoup parlé de lui et n’a jamais caché à quel point il le pensait parfait et bien plus digne de faire partie de ta vie que moi… Vous formeriez la famille dont il a toujours rêvé. Le fait est que j’ai découvert un homme ni meilleur, ni plus mauvais que moi mais un homme qui ne méritait certainement pas ce que nous avons enduré en son nom. Pour être honnête avec toi, si je peux… essayer de comprendre l’amour qui vous a poussé l’un vers l’autre, je ne peux pardonner la lâcheté dont il a fait preuve en ce qui concerne Nadim. Vous avoir laissez affrontez ça seuls… c’est… Elle déglutit pour ravaler sa colère et prend une gorgée de tisane avec… inadmissible et inquiétant. J’ai terriblement peur qu’il ne reste à jamais prisonnier de cette relation toxique qu’il entretenait avec ton géniteur. Elle dédie à Nathan un doux sourire. Or tu mérites mieux, bien mieux que ce passé étouffant… et puis ça la frappe soudain… Attends… tu as dit « que tu as pris pour de l’amour » ?
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Nathan Brunelle
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- Ah... oui.... Ils sont terriblement attachants ces roumains. Parfois attachiants, aussi.
- Oui… je crois que c’est le bon terme. Mais il n’imposera rien et nous laissera toute la place pour nous retrouver si c’est ce que tu souhaites.  
- Du moment qu'il ne partage pas le même caractère que son jumeau...
dis-je d'un air blasé. Entendons-nous bien, Bertus est chouette ! Mais j'ai déjà Hui et Fiadh dans ma vie en matière de pile électrique.
- Mais j’aimerai aussi profiter du temps que nous avons ensemble, Silviu et moi.
- Non.. mais oui... Il n'a jamais été question que je t'empêche de quoi que ce soit, c'est ta vie sentimentale, pas la mienne.
- Je resterai éternellement ta mère.
- Oui... je sais...
Et je ponctue cette affirmation d'un timide et assez peu naturel... Maman. En la regardant à la dérobée. J'imagine que ça viendra avec la pratique et un peu plus d'intimité.
- Silviu… Silviu est humain. Tu comprends ?

La chose me percute avec brusquerie, preuve que je n'arrive pas encore à penser comme un djinn : Je continue de me projeter sur le court terme ; Je ne tiens jamais compte de ma longévité.

- Oh...

Je suis soudain étourdi par un élan de compassion pour Thalie. Cette femme s'est vue arracher tout ce qu'elle avait, tout ce qu'elle aimait, tous les hommes de sa vie et lorsqu'elle en trouve un à nouveau, c'est avec une date de péremption.

- Oui.... Je suis... désolé. Je ne sais pas pourquoi je m'excuse. Techniquement ça n'est pas ma faute.

La conversation dérive sur d'autres sujets. J'évoque Amon et je sens ma mère se raidir à la simple mention de son nom.

- Je suis allée le voir…
- Amon ?
Une suée glacée dévale ma colonne sans que je ne sache vraiment pourquoi. La culpabilité, probablement. Il... Il va bien ?
- J’avais besoin de réponse. Je savais déjà que lui et toi…
- Ah.
- Notre conversation a été… houleuse. Il est possible... que je l’ai insulté et menacé.
- Ah merde* ! A ce point ?
- J’ai presque été jetée du manoir pour être franche. Ils avaient tous l’air profondément indigné de mon comportement. Nadim m’avait beaucoup parlé de lui et n’a jamais caché à quel point il le pensait parfait et bien plus digne de faire partie de ta vie que moi… Vous formeriez la famille dont il a toujours rêvé. Le fait est que j’ai découvert un homme ni meilleur, ni plus mauvais que moi mais un homme qui ne méritait certainement pas ce que nous avons enduré en son nom.
- Amon est loin d'être parfait. Il a les défauts de ses qualités : il est bienveillant et à l'écoute, mais il est paradoxalement incapable de se mettre à la place des autres, de les accepter tels qu'ils sont, de les voir pour ce qu'ils sont. Son idéalisme l'en empêche. Il ne s'attache qu'au meilleur de chacun jusqu'à parfois caricaturer les êtres qui l'entourent. Sans doute est-ce parce qu'il refuse lui-même d'accepter sa propre médiocrité. C'est un être bon mais profondément lâche, attentiste, incapable de prendre une décision tranchée...
- Pour être honnête avec toi, si je peux… essayer de comprendre l’amour qui vous a poussé l’un vers l’autre, je ne peux pardonner la lâcheté dont il a fait preuve en ce qui concerne Nadim. Vous avoir laissez affrontez ça seuls… c’est… inadmissible et inquiétant.
- Tu te méprends sur un point : Amon n'a eu aucun rôle à jouer sur notre décision. Sur la mienne, en fait. Je suis pragmatique, j'ai fait un rapide calcul : supprimer Nadim de l'équation était la solution la plus simple et la plus pérenne pour échapper à ses jeux pervers : plus de joueur, plus de jeu. Je suis allée trouver Enyo avec le fruit de cette réflexion et il se trouve qu'elle était elle-même arrivée aux mêmes conclusions. Elle m'a offert son expertise stratégique pour échafauder un plan d'attaque efficace et l'appliquer.

Déclaration froide et dépassionnée. Je n'éprouve ni remord, ni regret, pas plus maintenant que lorsque j'ai vu la vie quitter ses yeux.

- Avec le temps, Amon aurait pu commencer à guérir de la toxicité de cette relation. J'ai amputé la tumeur, rien de plus.
- J’ai terriblement peur qu’il ne reste à jamais prisonnier de cette relation toxique qu’il entretenait avec ton géniteur.
- Je ne sais pas. Peut-être... Seul le temps peut le dire. Ce n'est plus mon problème.
- Or tu mérites mieux, bien mieux que ce passé étouffant… Attends… tu as dit « que tu as pris pour de l’amour » ?


Je suis secoué par un petit ricanement à la fois moqueur, triste et résigné.

- Thalie... maman... J'ai séduis Amon, au départ, pour casser les jolies perspectives de Nadim. En volant le grand amour de ce cher "papa", je remportais une victoire non seulement sur lui mais aussi sur son délire familiale. J'ai toujours était conscient de ça. Mais comme beaucoup de gens, j'accepte assez mal cette part odieuse de moi-même, j'ai donc enrobé tout ça de belles justifications. Il n'en reste pas moins que j'ai une profonde affection pour Amon, et du respect.... Mais j'ai compris que ça n'était pas de l'amour en me frottant au vrai, ici, dans les bunkers.

Avec le temps et après avoir varié mes interlocuteurs, je commence à être plus à l'aise avec cet étalage de moi-même. Je suis ce que je suis. C'est la leçon que je retire de tout ceci.

- Pas trop déçue par ton fils ? Je ne peux empêcher mon rictus d'être un tantinet narquois.

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Le premier « Maman » qui lui échappe est peut-être peu convaincu et maladroit, mais il enfle sa poitrine d’un souffle nouveau, d’une résolution plus forte encore. Elle fera tout pour l’être vraiment, tout pour qu’il le prononce avec de plus en plus de naturel, comme cela aurait dû être.

- Tu te méprends sur un point : Amon n'a eu aucun rôle à jouer sur notre décision. Sur la mienne, en fait.
- Oh si… j’ai parfaitement compris. Il vous a laissé tout le travail sans même sourciller. Il semblerait qu’il ne soit pas le genre d’homme à assumer ses responsabilités... tout comme ses erreurs.
Elle a conscience d'être dure avec Amon mais quelque part, elle le tient un peu responsable de tout ce gâchis.
- Je suis pragmatique, j'ai fait un rapide calcul : supprimer Nadim de l'équation était la solution la plus simple et la plus pérenne pour échapper à ses jeux pervers : plus de joueur, plus de jeu. Je suis allée trouver Enyo avec le fruit de cette réflexion et il se trouve qu'elle était elle-même arrivée aux mêmes conclusions. Elle m'a offert son expertise stratégique pour échafauder un plan d'attaque efficace et l'appliquer.

Thalie soupire. Evidemment, elle aurait préféré que son fils n’ait pas de sang sur les mains, elle aurait aimé être à ses côtés pendant cet instant fatidique mais se trouve soulagée que tout soit terminé et en éprouve une satisfaction redoublée par le fait que Nadim a vu son grand rêve de famille s'écrouler par la main même de celui qui le représentait. Elle contemple un instant le contenu de sa tasse avant de planter son regard amende dans celui de Nathan.

- Tu as bien fait Nathan. Nadim n’avait rien à apporter, ni à toi, ni à ce monde. Et si j’avais pu, j’aurais été à vos côtés pour regarder sa misérable existence prendre fin.
- Avec le temps, Amon aurait pu commencer à guérir de la toxicité de cette relation. J'ai amputé la tumeur, rien de plus.
- J’ai terriblement peur qu’il ne reste à jamais prisonnier de cette relation toxique qu’il entretenait avec ton géniteur.
- Je ne sais pas. Peut-être... Seul le temps peut le dire. Ce n'est plus mon problème.
- Or tu mérites mieux, bien mieux que ce passé étouffant… Attends… tu as dit « que tu as pris pour de l’amour » ?

Le rire qui lui échappe ne plait pas à Thalie qui le dévisage et enregistre la palette de ses émotions et expressions.

- Thalie... maman... encore ce battement de cœur plus fort qui résonne dans tout son être. Puis vient une nouvelle confession, une nouvelle facette de la personnalité de son fils. Grâce au ciel, ce jeu entre Nadim et lui s’est arrêté.

- Pas trop déçue par ton fils ?
Thalie pose sa tasse au sol. Délicatement mais sans aucune hésitation, poussée par des pulsions qu’elle n’arrive plus à contrôler, les paumes de Thalie, réchauffées par le mug, englobent les joues de son fils.
- Regarde-moi Nathan, ordonne-t-elle doucement. Jamais, tu entends ? Ses pouces caressent ses joues alors qu’elle contrôle son eau. Lorsque j’ai entamé ce voyage pour te retrouver, je n’avais aucune idée de l’homme que tu étais devenu… aucune idée du degré d’influence que Nadim avait eu sur ta vie. Néanmoins j’étais résolue à te rejoindre et à t’aimer parce que c’est ce que je t’avais promis alors même que tu n’étais pas né. Mais depuis que je suis à Tir Na Nog, que je parle à ceux qui te côtoient, je n’entends que des compliments sur toi et à chaque fois, je suis remplie de fierté. Parce que malgré toutes les épreuves que tu as subies, tu es là, tu t’accroches, tu te bats, tu pleurs sans doute, tu ris un peu aussi j’espère, tu aimes... Oui tu as une part d’ombre, comme nous tous. Apprendre à vivre avec n'est pas toujours facile, mais tu y arriveras parce que tu as quelque chose de précieux, Nathan, quelque chose que ton père n’a jamais eu et dont il ne voyait sans doute pas l’utilité ; des gens autour de toi qui t’aiment et qui ne te laisseront pas rester trop longtemps dans cette partie sombre, même si tu dérapes. C’est pour cela que je suis certaine que tout ira bien pour toi. Et cela fait de moi une maman comblée… Elle se penche alors pour embrasser son front avec beaucoup de douceur, fermant les paupières un bref instant, savourant ce moment peut-être unique, avant de refluer totalement … et extrêmement fier de l’homme que tu es mon fils. Tu n’imagines pas à quel point…
Sa voix se brise un peu et gênée soudain par cet étalage auquel elle s’est laissé aller, Thalie baisse les yeux.
- Je suis désolée… de t’avoir touché. Comme tu le vois, je ne sais pas tellement aller contre mes élans non plus. Tu… tu veux bien me parler de ta vie ici ?  
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Nathan Brunelle
Nathan Brunelle
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La chaleur d'un contact me fait sursauter. Je n'ai pas senti Thalie approcher sa paume de mon visage, trop occupé à ne pas la regarder dans les yeux. Mon premier reflexe est de reculer. Je me fais l'effet d'une bête craintive. Je me violente pour revenir doucement contre sa main sans tressaillir. Instantanément mon eau s'agite, bouillonne et les tatouages de mon visage se révèlent.

- Regarde-moi, Nathan.

Je lève péniblement les prunelles au son de de son timbre grave.

- Jamais, tu entends ?
- Il ne faut jamais dire jamais...
dis-je avec dérision.
- Lorsque j’ai entamé ce voyage pour te retrouver, je n’avais aucune idée de l’homme que tu étais devenu… aucune idée du degré d’influence que Nadim avait eu sur ta vie. Néanmoins j’étais résolue à te rejoindre et à t’aimer parce que c’est ce que je t’avais promis alors même que tu n’étais pas né. Mais depuis que je suis à Tir Na Nog, que je parle à ceux qui te côtoient, je n’entends que des compliments sur toi et à chaque fois, je suis remplie de fierté. Parce que malgré toutes les épreuves que tu as subies, tu es là, tu t’accroches, tu te bats, tu pleurs sans doute, tu ris un peu aussi j’espère, tu aimes...

Les larme me montent aux yeux. Les mots de Thalie sont plaisants, les mots d'une mère, assurément. J'ai envie de me couler dans l'onctuosité de cette description. Une si belle image de ma personne.

- Je ne suis pas une bonne personne, tu sais. Je peux tuer sans sourciller. J'ai assassiné mon propre père sans la moindre once de remords ou de regret. Je n'en ai toujours pas. Parfois, je me demande  jusqu'à quelle point je pourrais pousser ma manipulation du sang. Combien de cœur je pourrais éteindre en une poignée de secondes, combien de marionnette je pourrais créer. Cette curiosité est dépourvue d'affect ou d'étique. Ca ne me traverse même pas l'esprit. La perspective est juste étourdissante.... exaltante oserais-je dire.

Je murmure presque pour étouffer cette confession sordide sous toute la culpabilité que j'en éprouve.

- Oui tu as une part d’ombre, comme nous tous. Apprendre à vivre avec n'est pas toujours facile, mais tu y arriveras parce que tu as quelque chose de précieux, Nathan, quelque chose que ton père n’a jamais eu et dont il ne voyait sans doute pas l’utilité ; des gens autour de toi qui t’aiment et qui ne te laisseront pas rester trop longtemps dans cette partie sombre, même si tu dérapes. C’est pour cela que je suis certaine que tout ira bien pour toi.
- Tu... Tu le penses vraiment ?
- Et cela fait de moi une maman comblée…et extrêmement fier de l’homme que tu es mon fils. Tu n’imagines pas à quel point…
- Tu me connais à peine.... Comment peux-tu en être aussi sûre ?


Trop irrationnel.
Paramètres malléables et contradictoires.
Probabilités chaotiques.

Il n'y a rien de matériellement logique dans ce qu'elle profère.

Je suis tellement  chamboulé que j'en oublie de me préserver de ce baiser spontané. J'en demeure pétrifié, puis je me frotte le front doucement du bout des doigts.

- Je suis désolée… de t’avoir touché. Comme tu le vois, je ne sais pas tellement aller contre mes élans non plus. Tu… tu veux bien me parler de ta vie ici ?  
- Je... Je préférerais que tu me parles de toi. J'ai l'impression que tu en sais déjà beaucoup sur mon compte alors que je ne sais encore rien.

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- Tu me connais à peine.... Comment peux-tu en être aussi sûre ?

Il a l’air sceptique et Thalie est bien en peine de lui donner une explication rationnelle à ce qu’elle ressent. A vrai dire, elle ne cherche même pas. La quête est veine.
Après s’être laissée aller à ce baiser très maternelle sur son front et revenue à une distance plus acceptable pour Nathan dont elle a senti la crispation du corps à son moindre contact, elle hausse les épaules. Elle contemple à nouveau le contenu de sa tasse. Cette rencontre inespérée lui mange une énergie folle.

- Je le suis. C’est tout. Mon amour pour toi n’a pas de logique, Nathan. Il est là. Simplement. Il s’est ancré en moi en même temps que toi. Elle se mord la lèvre alors que le silence s’étire entre eux. Je suis désolée… de t’avoir touché. Comme tu le vois, je ne sais pas tellement aller contre mes élans non plus. Tu… tu veux bien me parler de ta vie ici ?  
- Je... Je préférerais que tu me parles de toi. J'ai l'impression que tu en sais déjà beaucoup sur mon compte alors que je ne sais encore rien.

Oui des réponses, il est là pour cela. Elle ne doit pas tout mélanger, qu'elle se rappelle qu'il pourrait très bien décidé de ne plus la revoir après.
L’exercice est aussi difficile que l’écriture de la lettre et elle se passe une main nerveuse dans ses cheveux. Elle prend une gorgée de tisane et une profonde inspiration avant de se lancer.

- Ma famille est ancienne, reliée au trône de France par les Bourbons. Evidemment nous étions pas amené à régner. Mon père, Charles de Bourbon-Busset, ton grand-père donc, était un homme… un peu à part. Il n’a jamais aimé côtoyer ses semblables et refusait de vivre cloitrer dans des villes pleines de djinns. Il aimait vivre… voir le monde, apprendre, sa liberté … la mer. Plus que tout. Il n’était vraiment heureux que sur un bateau. Quand sa famille l’a pressé pour se marier et remplir son devoir, il ne l’a accepté qu’à contre-coeur. Ma mère, s’appelait Louise de Tourzel, petite noblesse de Vendée mais au lignage maritin pur. Le mariage a été célébré sur l’île d’Yeu, là où se trouve la maison familiale de ma mère. Je suis née trente ans plus tard, en 1677. Mon père est reparti en mer quelques jours après ma naissance, extrêmement déçu que je ne sois pas un garçon. C’est ma mère qui m’a élevée seule jusqu’à ce que la propriété se fasse attaquée par des chasseurs. Pour me sauver, ma mère s’est sacrifiée et s’est liée aux lieux. J’avais dix ans. Tu connais le phénomène ? Sa présence bienveillante imprègne chaque pierre … protectrice éternelle de cette demeure qui est aussi la tienne. Je ne me souviens même plus de son visage… je crois qu’elle était malheureuse… Elle boit une nouvelle gorgée pour sa gorge un peu sèche à force de parler. Bref, j’ai finalement fait la connaissance de mon père. Contraint et forcé de rester à terre à cause de moi, il n’était pas vraiment présent. Pourtant j’essayais de tout faire pour lui plaire…crois-moi ! Il n’a commencé à s’intéresser à moi qu’au moment où mes pouvoirs se sont manifestés. Alors il s’est fait professeur et le rendre fier me contentait, à défaut de me faire aimer de lui. Je n’aimais pas la mer, je la jalousais avec force. Mon père l'aimait bien plus que moi. Mais pour lui, j’ai accepté de me lancer sur ses vastes étendues d’eau et sel. Il m’a tout appris… tu l’aurais vu à la barre ! Un sourire mélancolique étire ses lèvres fines et ses yeux semblent voir une autre époque. Il a été pirate, corsaire et marchand. Le fléau des négriers. Il n’y a rien qu’il ne supportait moins que des hommes qui s’en appropriaient d’autre. Pour lui, la liberté n’avait pas de prix. L’océan coulait dans ses veines. Il n’a jamais été un bon père mais il a été un excellent capitaine. Nous avons vogué librement pendant des années, montant un équipage hétéroclite de créatures en tout genre. Moi non plus je ne suis pas quelqu’un de bien, tu sais, et nous avons envoyé par le fond un nombre incalculable d’hommes. Parfois pour la simple raison qu’ils étaient anglais ou espagnol. La France a toujours eu un soucis avec ces deux nationalités. Si mon père ne s’est jamais montré affectueux ou démonstratif, j’avais au moins la satisfaction d’être vue comme sa digne héritière et petit à petit moi aussi j’ai été ensorcelée par l’Océan. La consécration est venue le jour où j’ai eu le droit à mon propre bateau et mon équipage. Elle sourit à son fils. Oui j’ai été capitaine aussi. Cette vie était belle, pleine d’aventures et de découvertes. Nous avons croisés tellement de peuplades, de tribus, des personnes de toutes horizons toutes plus intéressantes les unes que les autres. Tu connais l’ile des Sentinelles ? Ils ne laissent personne les approcher encore aujourd’hui et reste l’un des seuls peuples à ne pas s’être mêlé à d’autres civilisations. Là-bas j’y suis accueillie comme une sorte de déesse… celle qui contrôle l’eau. Nous avons traversé les siècles de cette façon. Notre famille fut durement touchée par la révolution et nous avons abandonné la particule et les Bourbons. Mais plus le temps passait, plus l’Homme apprivoisait le monde, le pervertissait et en retirait toute magie. L’aventure se résumait à éviter les u-boots allemands, à punir des pêcheurs de plus en plus gourmands... Mon père n’arrivait plus à s’adapter à tout cela, à comprendre le monde. Et sans l’énergie de mon capitaine, je me suis sentie… vide. Sans doute est-ce pour cela que j’ai finalement décidé de te garder. Quelque part, je souhaitais certainement réenchanter mon monde à travers tes yeux, fondé quelque chose qui rendrait mon existence moins… vaine, transmettre ce que j’avais appris… Elle a une sorte de rire brisé. Tout ne s’est pas exactement passé comme prévu… Il n’a même jamais su que j’étais enceinte, sauf si Nadim le lui a dit. Je crois qu’il t’aurait adoré…

Elle s’arrête, la gorge nouée, ne sachant plus tellement quoi ajouter, sur quoi s’attarder.

- Voilà dans les grandes lignes qui est ta famille du côté maternel.  
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"Mon amour pour toi n’a pas de logique, Nathan."
Je devrais pourtant le savoir, mais une part de moi tente de rationnaliser l'irrationnel. L'amour n'a rien d'une donnée quantifiable et calculable, d'autant plus l'amour maternel (selon la croyance populaire). J'essaie encore de contrôler les choses. Je suis le roi du déni ("ou des crétins"... Merci Hui).

- Ma famille est ancienne, reliée au trône de France par les Bourbons...
- Alors j'ai vraiment du sang bleu !? J'avais cherché la signification des armoiries qui comptent parmi mes tatouages. J'avais vaguement compris qu'elles étaient reliées de près aux rois de France, mais je n'avais pas saisi à quel point !
- Evidemment nous n'étions pas amené à régner.
- Ouais, je me doute... Il y avait de la concurrence. Mais ça veut dire que les Bourbons étaient des maritins ! C'est complétement dingue !
- Mon père, Charles de Bourbon-Busset, ton grand-père donc, était un homme… un peu à part. Il n’a jamais aimé côtoyer ses semblables et refusait de vivre cloitrer dans des villes pleines de djinns. Il aimait vivre… voir le monde, apprendre, sa liberté … la mer. Plus que tout. Il n’était vraiment heureux que sur un bateau.


J'écarquille les yeux, l'excitation montant dans mes veines comme un gosse la veille de Noël.

- Je suis née trente ans plus tard, en 1677.
- Tu... Tu es beaucoup plus vieille que je ne le pensais....
fais-je un peu choquée

Thalie me le confirme en poursuivant son récit. Elle ménage ses effets et me narre sa relation complexe avec ses parents. Je comprends sa soif de reconnaissance et je m'y retrouve douloureusement. De sérieuses études cherchent à expliquer le mécanisme de transmission transgénérationnelle des traumatismes par l'hérédité. Les expériences traumatiques "marquent" certains gênes et ces méthylations génétiques pourraient se transmettre aux générations suivantes. Il est fascinant de constater que ma mère et moi avons été marqués par l'abandon, la solitude et une soif incommensurable d'être reconnu par les siens, d'appartenir à quelque chose.

- Attends... C'était une sorte de flibustier ? Un pirate ?!
- Il a été pirate, corsaire et marchand. Le fléau des négriers. Il n’y a rien qu’il ne supportait moins que des hommes qui s’en appropriaient d’autre. Pour lui, la liberté n’avait pas de prix. L’océan coulait dans ses veines. Il n’a jamais été un bon père mais il a été un excellent capitaine.
- J'aurais tellement voulu le connaitre... Je descend d'un vrai pirate !
que je m'exclame enthousiaste comme un bambin.
- La consécration est venue le jour où j’ai eu le droit à mon propre bateau et mon équipage.
- Attends... Toi aussi t'as été capitaine ?! Merde*, mais pourquoi on parle pas de toi dans les livres? Ton nom devrait figurer à côté de celui d'Anne Bonny et Mary Read !

Ma mère me conte la fin de l'ère des aventures et des découvertes. La mondialisation a détruit la magie qui régnait sur les mers et dans l'âme de ces marins. De nos jours, la liberté est une illusion. Les nouvelles technologies permettent de voyager à distance sur google map et pratiquement plus aucun trésor n'est à déterrer.

- Quelque part, je souhaitais certainement réenchanter mon monde à travers tes yeux, fondé quelque chose qui rendrait mon existence moins… vaine, transmettre ce que j’avais appris… Tout ne s’est pas exactement passé comme prévu… Il n’a même jamais su que j’étais enceinte, sauf si Nadim le lui a dit. Je crois qu’il t’aurait adoré… Voilà dans les grandes lignes qui est ta famille du côté maternel.
- Vues les circonstances, je doute de pouvoir réenchanter ton monde à moi tout seul, surtout que j'ai appris récemment qu'on existe avant tout pour nous même et pas pour les autres...


Cette fois, c'est moi qui ose un geste vers elle : une main timidement posée sur la sienne.

- ... Mais il n'est pas trop tard pour me transmettre ton savoir et tout ce que tu souhaiteras me montrer avec tes yeux.

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