Le hurlement résonne dans toute les Fosses.
L'alarme est donnée.
Un orage de sang éclate sur la voute de la strate la plus profonde des Enfers. Les falaises noires se modifient au gré des humeurs du Héraut de Kali, et la colère de Scythe est grande.

-Hâte-toi, fait sobrement le petit bout de femme au nez aquilin et à la peau brune qui me sert de guide.
- C'est bon ! Chuis pas en train de lambiner non plus, que je gronde.

Chhaya m'adresse un sourire en coin énigmatique qui a tout de la moquerie.

- J'ai pourtant l'impression que tu traines la patte pour lui faire tes adieux.
- Et toi tu comptes pas lui en faire ? que je raille envers "l'Ombre" en achevant de grimper le monticule rocheux qui s'apprête lui aussi à changer de structure.
- Je ne suis pas aussi sentimentale...
- J'avais cru remarquer.

Je sue comme un boeuf. Chhaya nous fait passer par des sentiers sinueux qui semblent s'effacer derrière nos pas. En décelant ma surprise, elle s'en est amusée, avec ce déplaisant petit sourire narquois.

- Parfois, certaines âmes saines tracent des sentiers pour se perdre jusqu'ici. Et puis... elle les oublient.

La référence à Nelu est si évidente qu'elle m'a fait grogner.

Voilà des heures que nous marchons à présent. C'est pire que les tortures infligées par mon fils et pourtant, j'en ai crapahuté des kilomètres de montagnes en Roumanie. J'ai été abandonné plus d'une fois dans des grottes obscures avec juste une gourde et une carte pour retrouver mon chemin jusqu'à la maison. Ce paysage qui change tout le temps, ce sol meuble, ça m'use les muscles, mais surtout la patience.

- T'avais dit que c'était pas loin....
- Je ne vais pas t'apprendre comment fonctionne la notion de temps et de distance ici, n'est-ce pas ?

Cette foutu curva, leste et agile, ne donne jamais l'impression de s'épuiser. Moi, démon fraichement modelé, j'ai un mal de crevard à ne pas me fatiguer du moindre effort.

- Tu fais vraiment chier, tu sais ça ?
- Je sais, me souffle-t-elle simplement en battant des cils sur ses grands yeux en amande soulignés de khol. Son expression est séduisante mais sans excès. Elle en joue. Je déteste quand elle fait ça.

Elle a des yeux magnifiques.

Chhaya change d'attitude. A force de la côtoyer, j'ai fini par comprendre les micro-expressions subtiles qui animent son visage. D'un bon leste, elle s'écarte pour me laisser la marge de me retourner en faisant vriller ma hache en arc de cercle et découper en deux le hellhound qui vient de nous bondir dessus en traitre. Il en pleut deux autres des hauteurs : j'en encorne un avec un cri bestiale tandis que l'autre couine, empalé par une dague d'obsidienne lancé par Chhaya.

- Cours, m'intime ma compagne.
- Sans déconner ?! J'vais pas m'lancer dans un pique-nique !

J'ai envie de la claquer.

Je repères les grondement bien trop proches d'autres Hellhounds et le pas lourd et patauds d'un émissaire. Manquez plus que ces charlots ! Chhaya se dirige en bonds gracieux vers un vieil autel délabré, une ruine antique que je ne m'apprêtais pas à trouver ici. Une sorte de monolithe à la Kubrick. Des motifs étranges parcourant la pierre sombre. Je ne reconnais aucun dialecte connu, pour ma part.

- C'est quoi ce merdier ?
- Notre composteur à billets. Il y a un moment que je ne l'ai pas vu utilisé. Il va falloir que je retrouve la combinaison de mémoire.
- C'est une blague ?
- Non. Sois gentil de bien vouloir les retenir, le temps que je me remémore tout cela.
- RAHAT, CHHAYA !
- Derrière toi, à six heure, rétorque-t-elle avec son affreux petit rictus de Joconde.

S'engage un combat qui ne pourra clairement pas s'éterniser. Ma hache balaie mes adversaires par poignées, j'arrache un ou deux chiens qui on réussi à planter leurs crocs sur mon cuir. Ils valdinguent dans le précipice quand je ne leur brise pas l'échine en deux. Je repousse une, deux, trois salves... Alors que j'ai une impression d'accalmie, le sol vrombit et se craquèle. Un énorme makara volant fait irruption, tenu en laisse par un Emissaire.

- CHHAYAAAA !? que je fais avec une note d'urgence dans la voix.
- J'y suis presque !

Je prends conscience que son timbre a perdu en flegme et je ne sais pas ce qui me fait le plus flipper : la créature hybride de la taille d'un T-rex ou l'angoisse dans sa voix. Je la rejoins au pas de courses.

- Pas le temps de finasser ! Déclenche ton putain de portail !
- Je n'ai pas fini de vérifier les coordonnées!
- T'auras plus le temps de rien si on se fait rouler dessus par ce truc !

Le truc en question vient de bouffer l'émissaire qui lui a retiré le collier en métal d'obsidienne qui lui brulait le cou et fonce désormais droit sur nous à une vitesse que ne laisserait pas supposer sa taille.
Le passage s'ouvre.
J'attrape Chhaya par la taille et saute dedans. Une roulade plus tard dans l'herbe humide, je constate que le monstre nous a suivi avant d'être littéralement coupé en deux lorsque l'ouverture entre les plans s'est brutalement refermée. Cette saloperie remue encore et enroule sa trompe autour de ma cheville pour m'attirer à lui. Je gratte le sol pour tenter de ralentir ma progression vers sa gueule.

- Kaelig ! Crie Chhaya avant de me lancer ma hache.

J'attrape la hampe de l'arme à la volée et abat la lame de Chamunda sur le crâne du bestiau. Je m'y reprends à plusieurs fois avant qu'il ne cesse gesticuler. Je suis littéralement couvert de sang noir et de cervelle. La tête pleine de mes battements de coeur, la respiration écumante, je jette un regard circulaire autour de moi.

Il fait Nuit.
Une vraie Nuit avec des étoiles et une lune.
Mamă-Noapte, am venit acasa.

Nous sommes dans une prairie dont la terre a été retournée et brulée par notre arrivée et surtout, nous sommes encerclés par des bicoques de bois et leur habitant aux aguets, réveillés en plein sommeil par notre raffut. Ils nous contemplent avec peur et défiance, certain ont leurs armes dégainées. Comment leur en vouloir quand on voit débarquer sans prévenir une démone, une moitié d' éléphant-crocodile et...

.... Un Minotaure.

Un énorme bordel secoue la forêt. J'ai pas trop l'idée de ce qui se passe mais une énième insomnie passée à vérifier les effectifs, préparer les entrainements du lendemain pour pouvoir refiler le bébé à Selen, Silviu. On pourrait croire que c'est pour dormir un peu et faire la grasse mat' mais même pas. J'ai pas le temps. C'est un truc de fou. Entre Missy, qui demande énormément d'attention, Sorin et Vioréa dont je tiens à suivre la progression. Vioréa que j'ai décidé de former personnellement pour pouvoir lui donner plus de responsabilité dès qu'elle s'en sentira prête.... Ajoutez à ça les Dormeurs encore frais qui viennent frapper à la cabane de matin comme de nuit à cause de divers soucis... Même si Enzo et Owen prennent le relais, je me retrouve souvent à faire des chocolats chaud et psy au beau milieu de la nuit.

Ca et...
En vrai, s'entrainer à se balader dans le Rêve, c'est pas du tout reposant. Vraiment pas. Léviathan vient trainer ses baskets à la maison régulièrement. Cathair maintient un contact constant pour que je sois au courant de ce qui se passe. Et putain, il s'en passe des choses... J'ai du mal à tout suivre. Si on avait encore des post-it, j'en aurais recouvert la cabane.
Autant dire que j'essaie de tout gérer sans rien oublier et....
Bah c'est compliqué en vrai.
J'ai écouté le conseil de Bertus, je m'appuie sur les gens autour de moi, je délègue. Je me soulage de certains trucs... Pas super facile mais, ça fonctionne. Asmo aide pas mal, même s'il a du mal à retenir ses petites remarques. Résultat, on se prend le bec comme des enfants avant d'aller boire un thé et de reprendre calmement.

Y a pas à dire, on est de la même famille.

Owen couine et effectue de petits sauts devant la porte en me regardant. Il aboie et se dandine comme si on avait une conversation passionnée.

-Oké! oké! On va voir! Laisse-moi trois secondes, d'acc?

Je saute sur mes pieds et prends le temps de mettre une petite laine. Mon regard se perd un poil sur mon bidon de plus en plus rond et je souris comme une andouille. Owen aboie.

-Oui oui! J't'ai entendu les 30 premières foiiiiis, ça vaaaa!

J'ouvre la porte avant d'être percutée par Owen et l'odeur de sang putréfié. Je déploie mes ailes - ça fait même plus mal HAHAHAHA- et je m'élance dans le ciel en direction de l'odeur. Je suis Owen, virevolte et descend en piquet vers le petit village plus du tout endormi. D'en haut, je vois plusieurs choses : Léviathan, planquée derrière une branche beaucoup trop petite pour elle, un cercle brulé qui, visiblement accapare toute son attention, des gens avec des armes dégainées et 3 trucs au milieu de tout ça.

Une démone
Un truc chelou avec beaucoup de dents et une trompe. Vu la quantité de sang, il manque une partie de bestiole et....


Je me pose et observe.

Un minotaure.

J'éclate de rire alors qu'Owen arrive et court en cercle autour du groupe en aboyant comme un dératé. Il cabriole comme un chien content.
Visiblement, personne ne comprend.
Je fais signe à tout le monde de baisser ses armes, la plupart le font avec un peu de réticence.

-Alors, maintenant, t'es vraiment un homme Taureau, c'est ça?

Je m'approche du minotaure et m'illumine doucement. Ma paume caresse son visage doucement.

-Bienvenue à la maison, bébé.

Je l'embrasse et me couvre de dégueulasserie puante mais je m'en fous. Je m'écarte et détaille la démone. Jolie la dame!

-Salut! J'suis Elie. Enchantée!

D'un coup, je réalise à quel point l'odeur est nauséabonde et rempli mon esprit en entier. J'ai un haut le coeur puissant.

NE PAS VOMIR SUR SON CHERI A PEINE REVENU!

Je m'écarte de quelques pas précipité avant de me plier en deux en attendant que ça s'arrête. Je lance un rauque.

-C'truc pue, p'tain. olala.

Léviathan descend de sa branche en flottant. Elle tripote le gros cadavre.

-Un crocroléphant. Mais que un demi. L'est cassé. ça se mange. En soupe avec des p'tits nuages et des ficelles. Ou alors, on le détricotte et ça fait des pull hiver. Oooh. On dirait qu'il est tout p'tit mais l'est tout grand comme un hamster.

Un bref regard circulaire autour de moi me fait prendre conscience de l'impact que ma nouvelle apparence a sur les gens. Mon regard habitué à l'obscurité repère certains visages connus : Riley (avec un ventre bien plein), Ohanzee qui tente de calmer les riverains, Beitris (et un sourire tellement large que j'en ai un frisson), Sparklewhite (dont les dragons nous encercle), Selen, Samaël et, plus étonnant, mon frère Silviu (Il est revenu ?!) qui me tient en joue avec une mitraillette et ma fille adoptive Iula ( Que fait-elle là ? Je ne vois pas son cadet... ?) aussi prête à en découdre que son oncle.

- Euh.. les gars... C'est moi ! fais-je avec un timbre caverneux qui n'a rien de sympathique.

Un éclat de rire fend brusquement l'air, suivi d'aboiements festifs. J'ai juste le temps de me retourner pour encaisser une petite démone ailée dont la joie est aussi lumineuse qu'une étoile.

- Stea mea ! Je la sers dans mes bras avec un grondement de naseaux bienheureux, frottant mon museau contre son petit visage poupon.
-Bienvenue à la maison, bébé.

Silviu baisse son arme, hébété. Les billes de Iula lui bouffent la face de stupéfaction. Beitris applaudit.

- Kaelig... ? Fait Ohanzee en s'approchant prudemment. C'est bien vous ?
- Ouais, je sais c'est difficile à croire... dis-je en reposant ma petite femme à terre. J'ai encore du mal à...

Brusquement sorti du néant, un énorme mastodonte complétement à poil (mais à barbe!) me saute dessus et me choppe façon catcheur. Je tournoie dans les airs comme un mauvais remake de la Belle et la Bête de Disney (sans le service à thé qui chante des niaiseries).

- BON RETOUR !!! T’es trop meuh-gnon comme ça !
- OWEN ! Repose-moi par terre! Couillon ! Je finis par rire et lui ébouriffe quand même la tête comme on le ferait à un cabot. Il est bien plus que cela comme je suis bien plus qu'un putain de taureau. Moi aussi je suis content de te voir, prietenul meu.
- Salut! J'suis Elie. Enchantée! Chhaya la toise et ne lui offre qu'un bref hochement de tête après un échange de regard avec moi. C'truc pue, p'tain. olala.

Levi apparait soudain et vient "pouiquer" le cadavre de la bestiole que j'ai occis.

-Un crocroléphant. Mais que un demi. L'est cassé. ça se mange. En soupe avec des p'tits nuages et des ficelles.
- J'adore les ficelles! mais tu crois qu'on peut remplacer par les petites lettres de l'alphabet multicolores ? couine sa fille enthousiaste comme jamais. Beitris s'est penchée par dessus Lévi accroupis avec la curiosité candide d'une enfant..
- Ou alors, on le détricote et ça fait des pull hiver. Oooh. On dirait qu'il est tout p'tit mais l'est tout grand comme un hamster.
- Alors d'un, vous allez pas bouffer ça, c'est dégeulasse; de deux on a pas de roue assez grosse pour ce genre de hamster; de trois... J'attrape Léviathan par les aisselles et lui lape la joue de ma langue épaisse et râpeuse... On dit bonjour avant toute chose mon p'tit Delirium Tremens!

Pourquoi l'ai-je appelée comme ça ?
Je ne sais pas, ça m'est venu spontanément. Elan d'un cœur de papa, sans doute.

- C'est bon, il s'agit de Kaelig Taur. Il n'y a pas de menace. Rentrez chez-vous dormir, mesdames et messieurs ! Les gars, nettoyez-moi cette saloperie infernale avant qu'on ne s'asphyxie tous. Ordonne Sparklewhite, toujours très professionnelle, en désignant le makka coupé en deux. Bienvenue chez vous, Dormeur, fait-elle avec un de ses rares sourires.

Owen se met alors à gronder. Craignant le pire, je me tourne vivement vers lui et comme je m'y attendais, c'est envers Chhaya qu'il montre son hostilité. Elle le fixe avec un horrible petit sourire narquois.

- Owen, frate, elle est avec moi. Je sais qu'elle pue les Fosses, mais c'est une alliée...

Du moins, pour le moment. C'est ce que stipule notre petit arrangement , en tous cas.

- Allons, Owen... fait-elle de sa voix grave avec un brin de sarcasme. Il faut être un gentil chien et obéir, tu ne crois pas ?
- Chhaya... que je rumine en soufflant fort part les naseaux.
- C'est bon, ça va! J'ai promis d'être sage... assure-t-elle. Essaie de reprendre forme humaine, plutôt.
- Ouais ben c'est plus facile à dire qu'à faire , hein ! que je grommelle.

L'ancienne bourreau lève ostensiblement les yeux au ciel (j'ai horreur quand elle fait ça ! J'ai envie de la baffer) et vient appuyer son pouce à un point précis sur mon crâne. Et, comme à chaque fois qu'elle me fait sa prise cheloue, ma métamorphose s'inverse. Les cornes qui se retractent sous la peau du crâne me font douiller, comme les articulations de mes jambes qui se tordent. Je redeviens l'humain que j'étais, en un peu plus jeune et fringuant, peut-être.

- Balamuc ! Préviens quand tu fais ça ! Ca fait un mal de chien !
- Arrête de chouiner, petit garçon. Tu as encore tant à apprendre.
- Va chier !

Et ça la fait rire en plus...
Mais au moins, je suis de nouveau "moi-même" (et aussi à poil qu'Owen) et c'est avec un plaisir certain, que j'embrasse Elie à pleine bouche.

Léviathan s'élève dans les bras de Kaelig avec une joie contagieuse. Autour d'elle, des éclats de rires spontanés et gloussements puerils se répondent en échos.

-Alors d'un, vous allez pas bouffer ça, c'est dégueulasse; de deux on a pas de roue assez grosse pour ce genre de Hamster et On dit bonjour avant toute chose mon p'tit Delirium Tremens!

L'expression la fige. Son regarde s'aiguise, presque assez pour percevoir la réalité. Elle cligne des yeux en dévisageant le minotaure. La léchouille la laisse de marbre. Elle attrape sa grosse tête entre ses mains et s'approche de son oeil avec une dangereuse netteté. Elle cherche, farfouille puis s'écarte avant de rendre la léchouille.

-Boujour! Y sont moue les cornes?

Elle décolle et flotte tranquillement à coté de Kaelig en triturant ses cornes. Léviathan observe et moi aussi. La réticence d'Owen ne manque pas de m'alerter. La réaction de la fameuse Chhaya également. L'étincelle d'incertitude tout de suite éteinte dans le regard de Kaelig pique ma curiosité. Je sens qu'il va falloir qu'on discute... Chaya retransforme Kaelig avec une facilité déconcertante. Une facilité de bourreau. Est-ce qu'il a réussi à rallier un bourreau à notre cause...? A-t-il passé des accords avec Kali? Ou bien, je vois des trucs là où il n'y a rien. Pour le moment, j'en ai rien à foutre. Kaelig est là. Et il a l'air... plus... Jeune? Je penche la tête en l'observant, des pieds à la tête. Le Rêve, c'est une chose mais la réalité... Putain.

-Ouah. C'est mon mec.

Je cache pas mon sourire.

-C'est mon mec et il est super canon.

J'ai à peine le temps de finir ma phrase que Kaelig me bécote et je lui rends avec plaisir. Je m'agrippe à lui et finis par m'écarter, à regrets.

-Putain, ça m'avait manqué.

Je souris quand du coin de l'oeil, j'observe un petit Sorin, tremblant d'émotion, se figer au milieu du cercle.

-... Tata...?

Sa voix tremblote. Je libère Kaelig avec un sourire pour m'approcher de Sorin et le ramène près de son père. Le petit est en Pyjama, un vieux T-shirt des Aerosmiths piqué à je ne sais qui. Il saute dans les bras de son père et le serre de toute ses forces.

Chhaya a instauré un magnifique malaise. Elle me les hache menu alors que ça fait dix minutes trois quart que nous sommes là. Ceci étant, je lui suis gré de m'avoir rendu forme humaine. Je peux désormais embrasser ma femme comme il se doit.

- Ouah. C'est mon mec....C'est mon mec et il est super canon....Putain, ça m'avait manqué.
- Oh que moi aussi ! Que je ponctue d'un rire grondant tout en frottant mon tarin contre son adorable museau.
-... Tata...?

Sorin a fait un pas vers moi. Il a l'air prêt à tomber en miette tant l'émotion l'ébranle. Il me tombe dans les bras, faisant abstraction de ma nudité. Il me sert de toute la force de ses petits bras de brindille. Je remarque qu'il a gagné quelques centimètres et un peu de muscle. Mon petit garçon...

- Fiul...

Jouant des épaules, Viorea décide de jeter son ego aux orties et de réclamer sa part de câlins.

- Tata ! T'es vraiment revenu !!! Chouine-t-elle ma gamine, oubliant quelques minutes d'être rebelle et cynique.

Je suis gonflée d'une bouffée d'amour pour ma progéniture et soudain mon regard tombe sur Iula qui sanglote silencieusement à l'écart et j'ouvre un bras pour qu'elle nous rejoigne. J'encercle tous mes gosses avec toute l'affection de l'univers. Rahat, qu'ils m'ont manqué.

- Frate... Je n'ai aucun jugement de valeur sur tes nouvelles pulsions nudistes, mais je crois qu'un peu de décence conviendrait à la situation.

Silviu me tend un espèce de plaid avec un sourire en coin.

- Ah.. ouais.. bon! Il ont réduit le budget fringue en Enfers.
- A force d'exploser le moindre pantalon quand tu te transformes, ça s'explique, se moque Chhaya à qui je fais une grimace puérile tout en m'enroulant le bassin dans la couverture. Je gratifie mon ainé d'une puissante accolade à laquelle il ne peut pas se dérober. S'il se crispe au premier contact, ses muscles se dénouent finalement pour me rendre l'étreinte.
- Bienvenue chez-toi, petit frère.
- Chuis content que tu sois là.
- Comme c'est émouvant, ricane ma compagne de voyage. Tu comptes câliner chacun de tes petits camarades au milieu de ce champ, ou on peut espérer que tu finisses par translater vers un endroit où l'on peut se sustenter.
- Commence pas à être chiante et me faire regretter d't'avoir emmenée.
- Techniquement c'est moi qui t'ai emmené, mais je veux bien te concéder ce petit abus de langage si j'ai le droit de manger une tarte de ce fameux Gaff.
- On vous a parlé d'moi ma p'tite dame ? s'étonne le vieux fermier qui campe à côté d'une Hina qui n'en revient toujours pas de me voir là.
- De vos tartes surtout, brave homme. Avec sa démarche gracieuse, elle se glisse jusqu'à lui tel du miel et s'invite à son bras, ouvrant la marche vers le haras. Chhaya sait se montrer extraordinairement charmante quand elle désire quelque chose.

Je pousse un profond soupir.
Au moins suis-je sur terre et du bon côté du Brouillard. A chaque jour suffit sa peine, hein !

Ces retrouvailles en famille ont ceci de beau que je me souviens encore de notre rencontre. Je me souviens des discussions concernant sa famille, son trop plein d'amour pour eux qu'il ne savait plus transmettre. Son éloignement pour les épargner tout en produisant l'effet inverse. Je me souviens des heurts et des violences et des mots dures et de mon taureau, au sol, incapable de savoir quoi faire pour corriger la trajectoire.
Voir Sorin courir dans les bras de son père avec tant de naturel et exploser en larme à son contact, voir Vioréa se nicher une place parce qu'elle a eu peur pour son père... Iula et le soulagement visible de son visage.... C'est un moment magnifique qui consolide un peu plus le fait que cette famille guérit, bonnant-malant, en plein milieu de l'apocalypse. Mes yeux sont humides face à la scène et mon sourire est immense. Ma famille est de nouveau au complet et Silviu, son petit sourire moqueur que je commence à connaitre de mieux en mieux, complète ce tableau.
J'ai l'impression qu'une chappe de plomb dont je n'avais pas conscience se soulève de mes épaules. Je réalise l'étendu du manque, l'étendu du stress qui se sont installés durant son absence. Ma main se porte instinctivement sur le tatouage de taureau qui ceint mes côtes. Je suis soudainement vidée d'énergie, de la même manière que lorsqu'on a bien travaillé. Chhaya, qui qu'elle soit et quelque soit les raisons de sa venue, ne viendra pas noircir le tableau. J'ai demandé à Kaelig de rentrer et il a usé des moyens à sa disposition pour le faire. J'imagine que c'est le lien qui les unit et il me tarde d'en apprendre plus.
Silviu se tend au contact de son frère comme à chaque fois qu'on le touche et le moment est touchant.

-Comme c'est émouvant. Tu comptes câliner chacun de tes petits camarades au milieu de ce champ, ou on peut espérer que tu finisses par translater vers un endroit où l'on peut se sustenter.

Je réalise soudain que, étant venu à tire d'aile, j'ai aucun moyen de ramener ce p'tit monde à la maison à part via une petite randonnée.
Attends, attends, attends..... Vioréa et Sorin.... Comment ils sont arrivés là?.... Je plisse les yeux et observe mes alentours pour repérer, dans le fond un Cathair affichant son habituel sourire cynique faire sauter les clés de la Jeep dans sa main avant de me lancer un regard entendu. Je remarque aussi, même à la lumière du jour qu'il a une marque de main tracé sur la tronche. Crétin.
Chhaya est désormais au bras de Gaff et se dirige vers le haras. Sorin lance un petit regard inquiet à sa soeur puis à son père. 10 minutes qu'ils sont là et Sorin se demande qui est cette femme et surtout si elle est dangereuse. J'imagine à peine ce qu'il se passe dans la tête de Vioréa...

-.... On la laisse pas seule avec Gaff, hein... Ca ressemble à une vrai mauvaise idée...

Je lance ça sur le ton de la conversation en m'approchant du petit tas de Taur dont je m'étais écarté pour les laisser savourer leur retrouvailles.

-Parce que j'allais proposer de retourner à la maison...

Je plisse les yeux. Je pose la question par pur principe.

-Sorin, Vioréa, si vous voulez y retourner allez-
-Non.

La voix de Sorin, bien que tremblante est déterminé. Il tient la main de sa soeur et à ce stade, je ne sais pas lequel des deux tremblent mais ils sont sur vibreur. Je leur souris et hoche la tête.

-Bah go, alors.

J'avance vers la cabane avec calme. Avec une équipe de choc comme ça, on fait face à tout. Léviathan se pause sur les épaules de Kaelig, pendue comme un sac à patate.

-S'que les tartes, ça vole comme les soucoupes à thé?

Bertrand, affublé de petites ailes de mouches s'envole jusqu'à venir se poser sur sa tête. Elle chatouille la joue de Kaelig distraitement en observant Chhaya et Gaff. Je ne sais pas si ma propre méfiance me fait la trouver trop concernée par rapport à son niveau d'implication habituelle.

-C'est que la grougrou?

Bonne question, lévy. Très très bonne question.

-.... On la laisse pas seule avec Gaff, hein... Ca ressemble à une vrai mauvaise idée...
- Certainement pas. Il risquerait de la trouver sympathique. J'ai pas du tout envie.

Ce dont j'ai envie présentement, par contre, c'est de serrer Elie dans mes bras, retrouver notre lit et lui montrer à quel point elle m'a terriblement manquée. Ce serait un peu égoïste de ma part de la jouer solo après autant de mois d'absence. La famille, les Dormeurs, mon clan... Tout ça m'a manqué.

- Parce que j'allais proposer de retourner à la maison...
- J'en ai foutrement envie stea mea... Mais pas tant que je suis certain que Chhaya fasse pas de dégâts. Et puis, quoi de mieux qu'une dégustation de tarte pour des retrouvailles, hein ?
-Sorin, Vioréa, si vous voulez y retourner allez-
-Non.

J'ai un sourire en coin en voyant que mon fiston a retrouvé des couleurs et un aplomb tout neuf. Je suis rassuré de le voir dans une meilleure disposition d'esprit qu'à mon départ.

- T'as entendu băiatul nostru, jolie brin d'maman. Soirée tartes !
- Bah go, alors.
- S'que les tartes, ça vole comme les soucoupes à thé?

Léviathan est venue se vautrer sur mon épaule et je lui gratte affectueusement le flanc tout en cheminant vers le haras.

- Plus ou moins, y'a plus de crème et de fruits à l'intérieur, que je réponds machinalement en faisant mine de lui croquer son index chatouilleur avec un rire grondant.
- C'est qui la grougrou?
- Vach'ment bonne question sistah. J'la sens zéro celle là... Lâche Viorea avec une moue mauvaise.
- Une emmerdeuse, que je soupire. Une emmerdeuse nécessaire, néanmoins. Je change vite de sujet. Quels sont les nouvelles ? J'ai l'impression d'avoir manqué des siècles ! Ciulin est guéri-e alors ? Où qu'iel est maintenant ? Et son trouduc de mari ? Jamais là pour accueillir les potes, je vois...Samaël s'intègre bien ? Il a retrouvé sa femme ? Je le vois pas... Et Jolhane? Magni ? Les Gosses ?

J'ai une réelle boulimie d'informations. Je suis en manque de plus être dans le jus. Mais quand mon regard croise celui de ma petite femme, pétillant de malice et d'amour, et qu'il coule vers son ventre rebondi, toutes velléités de me mettre à la page m'abandonnent. Moi, ma femme, des milliers de câlins à rattraper : c'est tout ce dont j'ai besoin maintenant.

Aucune envie de bouffer des tartes. Mais alors AUCUNE envie. Donnez moi mon mec, un pieu et du temps libre, par pitié. Probablement un poil égoïste.... Très certainement, mais le voir, en vrai, et pas dans le Rêve. Vous imaginez pas comme ça m'électrise. J'avoue que je propose l'idée sans réellement y croire, l'air de rien.

-J'en ai foutrement envie stea mea....

Je me retiens de lui répondre que c'est un excellent choix de mots. Je me contente de plisser les yeux pour contenir la blague graveleuse. Ca y est, j'en suis à faire des blagues graveleuses.... Oh putain.

-Mais pas tant que je suis certain que Chhaya fasse pas de dégâts.
-hmmmm
-Et puis, quoi de mieux qu'une dégustation de tarte pour des retrouvailles, hein?
-Oui hein!

Je propose à Sorin et Vioréa de rentrer, l'un refuse et l'autre ne bouge pas. Ca devient un vrai duo dynamique. Un plaisir à voir et Sorin qui reprend pied, ça aussi c'est absolument génial. Le sourire de Kaelig ne me trompe pas non plus. Il a ce petit air de soulagement sur le visage. Léviathan débarque et pose la bonne question.

-Vach'ment bonne question sistah. J'la sens zéro celle là...

On est deux. La tête de léviathan effectue une rotation qui aurait buté n'importe quel humain. Ses yeux font follement le point sur la démone devant nous.

-Chui sûr, Lucien il l'a déjà embété....

Son sourire s'agrandit, se retrousse si grand qu'on lui voit les gencives.

-hmmm.... Lucien hein?

Léviathan ne me prête pas plus attention que ça.

-Une emmerdeuse. Une emmerdeuse nécéssaire, néanmoins.

Sorin et moi nous apprétons à poser des questions mais le changement de cap opéré par Kaelig me fait comprendre que c'est effectivement pas le moment.

-Quels sont les nouvelles ? J'ai l'impression d'avoir manqué des siècles!

Putain de merde, par où je commence? Ciulin est guéri-e alors ? Où qu'iel est maintenant ? Et son trouduc de mari ? Jamais là pour accueillir les potes, je vois... Samaël s'intègre bien ? Il a retrouvé sa femme ? Je le vois pas... Et Jolhane ? Magni ? Les Gosses?

Il est trop chou à s'inquiéter comme ça. Regargez le, mon homme avec ses milles questions.

-Ciulin est guérie et c'est l'épouse d'Odin qui lui a ramené le cul chez les vivants. Tae alam s'est transformé en palais marécage. Ca a un nom, j'ai pas retenu.
-Fensalir, précise Sorin.
-Ah oui, c'est ça! Du coup, Ciulin est officiellement un avatar, j'crois bien. J'imagine qu'iel est soit à Tae Alam, à la base militaire avec Caleb ou chez Asmo? Asmo, il doit être à Poudjinn. Il y passe pas mal de temps à s'y préparer et accessoirement, il a ramené les Berserkers. Du coup Magni est extatique d'avoir sa famille et son clan avec lui, là. J'imagine que le temps que l'info circule, il arrivera un poil plus tard? Samy s'intégre bien. Il a demandé à rejoindre les Dormeurs y a pas longtemps. On l'entraine, Vioréa et moi, et ça s'passe pas trop mal! Pour sa femme, j'crois pas encore.

On arrive sur le pas de la porte et j'attrape le bras de Kaelig pour laisser entrer tout ce petit monde. J'ai un message à faire passer avant toute chose et avant les tartes. Je pousse gentiment Kaelig à l'écart de l'embrasure. Je l'attire brusquement à moi et lui roule la galoche du siècle. Mes mains parcourent sa peau, encore et encore et encore. Putain, j'ai aucune envie de m'arrêter. Je m'arrête cependant au son d'un "hm-hm" de petit con parfaitement amusé.
Asmodée nous observe l'oeil hilare, il porte une chemise et un jean venant de notre penderie.

-Désolé, j'suis en retard.... Ou en avance. J'laisse ça là ou bien....?

Il fait gigoter les fringues à deux doigts d'éclater de rire.

-Alors ce petit week-end grille pain, c'était comment? Nul hein?

Je m'écarte en pouffant de rire.

-Ca va aller pour rentrer dans le futal, ou bien tu veux une tente queschua pour faire drapeau? Tu dis, hein.
-Asmoooooo..... putain.
-Quoi? Excusez-moi de vous rappeler à la décence.

Il tend la tête vers l'embrasure de la porte et son visage se durcit l'espace d'un instant. Il plisse les yeux et lache un sombre.

-Fantastique...

Il tourne la tête vers Kaelig.

-T'as décidé de me faire frire le cul.

Il sourit.

-Ca tombe bien, moi aussi. Bon allez, les insortables, ça sent la tarte, on y va!

Mes fifilles commencent un peu trop à s'attarder sur le cas Chhaya. Il faut que je fasse diversion et j'en ai une toute trouvée : demander des nouvelles. J'ai un résumé rapide et plutôt positif de la situation.

-Ciulin est guérie et c'est l'épouse d'Odin qui lui a ramené le cul chez les vivants. Tae alam s'est transformé en palais marécage. Ca a un nom, j'ai pas retenu.
-Fensalir, précise Sorin.
- Ah oui, c'est ça! Du coup, Ciulin est officiellement un avatar, j'crois bien.
- La naiba! Iel m'aura tout fait....Avatar de qui ?!
- Frigg, intervient cette fois Viorea.
- J'imagine qu'iel est soit à Tae Alam, à la base militaire avec Caleb ou chez Asmo? Asmo, il doit être à Poudjinn. Il y passe pas mal de temps à s'y préparer et accessoirement, il a ramené les Berserkers.
- Tu veux dire... des clônes de Magni ?
- Toute sa mifa !
- La dracu! Jolhane doit être aux anges. Douce ironie. La femme-renarde a du les accueillir à coup de flèches dans le cul.
- Du coup Magni est extatique d'avoir sa famille et son clan avec lui, là. J'imagine que le temps que l'info circule, il arrivera un poil plus tard?
- Ok.
- Samy s'intègre bien. Il a demandé à rejoindre les Dormeurs y a pas longtemps.
- AAAAaaah ! Un nouveau membre de notre grande famille !
- On l'entraine, Viorea et moi, et ça s'passe pas trop mal !
- Ouep ! J'le fais danser c'trop l'fun !
- Pour sa femme, j'crois pas encore.
- Elle est restée en ambassade en Faërie.
- Ah... Sujet épineux, donc. J'éviterais de l'aborder.

Je laisse passer toute la smala devant moi -à moitié à poil, mais toujours courtois- sauf que plutôt que de passer la porte, mon étoile me plaque contre et m'embrasse à pleine bouche, faisant rougeoyer mes yeux. Cacher une érection massive sous une pauvre couverture va être coton. Quand bien même, j'attrape le charnu de ses deux fesses dans mes larges paluche et la presse contre moi en continuant de la galocher comme un ado.
Rien à foutre.
Elle m'a manquée.

- Désolé, j'suis en retard.... Ou en avance. Je lève les yeux vers  un Asmodée goguenard. Même sa face de troll m'a manquée, c'est dire. J'laisse ça là ou bien....? Ca va aller pour rentrer dans le futal, ou bien tu veux une tente queschua pour faire drapeau? Tu dis, hein.
- Asmoooooo..... putain.
- Fin et délicat, comme toujours. File-moi ça... Je commence à m'habille à contrecœur.
- Quoi? Excusez-moi de vous rappeler à la décence.
- Laisse-moi m'occuper d'ma femme et gère plutôt la tienne ! Où qu'elle est ma gosse d'ailleurs ?

L'énergumène élude en regardant par l'embrasure de la porte. Son sourire fond comme neige au soleil.

- Fantastique...T'as décidé de me faire frire le cul.
- Parfois on a le choix, et d'autres pas...
-Ca tombe bien, moi aussi.
- Attends quoi ?!

Le petit con se barre sur un : "Bon allez, les insortables, ça sent la tarte, on y va!"
J'échange avec Elie un regard interdit.

- Il a voulu dire quoi par là ... ?

J'ai encore la sensation des mains de Kaelig sur le corps alors que je le mate se rhabiller en me mordillant la lèvre. Je le bouffe du regard. C'est fou ce qu'il est merveilleusement beau, putain. Et sexy. Et....

Alors qu'on discute je l'attire à moi part le bord de son fute et me colle à lui, face à Asmo. J'en profite pour dégringoler ma main jusqu'à son cul, l'air de rien. Je joue tranquillement, quand Asmo passe devant nous, je me décale, dos à Kaelig, proche. Juste assez pour me presser, un instant, glisser la main dans mon doigt et dessiner les contours de la bosse que dissimule à peine son fute.

- Fantastique...T'as décidé de me faire frire le cul.
- Parfois on a le choix, et d'autres pas...
-Ca tombe bien, moi aussi.
- Attends quoi ?!

Je sens le regard interloqué de Kaelig et tout ce que je daigne lui offrir, c'est mon cou.

-Il a voulu dire quoi par là... ?
-Ca peut attendre tu crois pas?

Je me retourne doucement vers lui, glisse la main sur son torse avant de la glisser dans son fute. Au cas où j'ai pas été assez claire, je lui offre un sourire brulant accompagné d'un battement de cil ravageur.

-On a d'autre chose à s'dire, tu crois pas, là, tout de suite.

Je me sers de sa chemise pour l'attirer à moi.

-" Fais-moi l'amour, maintenant, avant que je devienne dingue" par exemple. Ou bien. "Je te veux partout sur mon corps, maintenant." J'ai d'autre exemple en tête, si t'as besoin de plus... Mais j'ai pas l'impression.

Je raffermis un poil avant de venir couvrir son cou de bisous. J'entends la clameur à l'intérieur, les voix, les discussion mais j'en ai rien à foutre. J'veux mon mec. Maintenant. Le reste attendra.

J'essaie de conserver éloquence et dignité. J'essaie très fort. Il m'est cependant compliqué de garder la face alors que la femme la plus désirable du monde est en train de me faire du rentre-dedans à la truelle. Elie me chauffe au lance-flamme. J'imagine que le cocktail d'hormones dans lequel elle baigne depuis cinq mois n'y est pas étranger. Ca et l'éloignement. Et je mentirais si je disais que j'ai beaucoup de volonté à lui opposer. J'ai eu du mal à fermer mon jean, autant dire que maintenant je ne pourrais plus en sortir. Je me contiens devant son oncle (parce que malgré tout le sang qui afflue vers mon entre-jambe, une partie de ma cervelle a encore la capacité de s'inquiéter pour lui.)

Sauf que mon étoile se fout de tout.
Son éclat m'irradie les derniers neurones.

-Ca peut attendre tu crois pas?

Le parfum de sa gorge est un appel au baiser. Les tartes, les gosses, Chhaya,... tout s'évapore dès lors que je pose mes lèvres sur sa peau. Je pousse un grondement presque animal quand sa main s'empare de ma virilité.

- On a d'autre chose à s'dire, tu crois pas, là, tout de suite.
- C'est.. que t'es un peu... En train de me faire perdre tout mon vocabulaire.... Mes prunelles s'irisent comme deux rubis, passant du bleu au rouge. Pour converser ça ...  Nouveau grognement....Va être compliqué.
-" Fais-moi l'amour, maintenant, avant que je devienne dingue" par exemple. Ou bien. "Je te veux partout sur mon corps, maintenant." J'ai d'autre exemple en tête, si t'as besoin de plus... Mais j'ai pas l'impression.

Je l'attrape par les cuisses et la soulève de terre comme le poids plume qu'elle est. Je lui dévore la bouche avec une avidité que ma nouvelle nature a malheureusement décuplée.

- P... pas sur le pas de la porte... avec les enfants... Que je parviens à formuler en la transportant telle quelle vers la première grange à foin un peu tranquille que je trouve. Je la plaque contre une poutre et suçote le tendre de son cou et de sa poitrine. Il faut que je fasse attention à son ventre, à notre enfant. Je tâche de ne pas trop appuyer sur cette rondeur pleine de promesses. Tu m'as manquée à crever... que je soupire le nez entre ses seins en la reposant plus délicatement au sol.

Je dévale ses formes rendues pulpeuses par la maternité, embrassant ce bide magnifique avec révérence, jusqu'à m'agenouiller à ses pieds. Lentement, le regard dans le sien, je retire les vêtements qui font entrave à ma progression. Je relève une de ses gambettes pour la jucher sur mon épaule, embrasse et mordille l'intérieur de ses cuisses jusqu'à trouver l'endroit exact à venir laper.

Il me soulève et j'ai l'impression de m'embraser quasi immédiatement. J'ai le souffle court. Je réponds à l'avidité de ses baisers avec une ferveur presque agressive. Y a un coin de ma tête qui me hurle que c'est pas assez. Encore. Encore. ENCORE PUTAIN.

-P...pas sur le pas de la porte...avec les enfants...

J'arrive juste à acquiescer en venant lui mordiller le cou, mes bras autour de son cou, mes mains parcourant inlassablement sa chevelure.

Quand il me plaque, je laisse échapper un bruit délicieux. Mes jambes s'enroulent pour le rapprocher encore plus près. Sa bouche laisse un tracé électrique et la morsure du froid après son passage accentue un peu plus l'électricité qui gonfle en moi. Je me sens irradiée d'une lumière palpitante.

-Tu m'as manquée à crever...

J'ai une bouffée de tendresse absolu pour lui, elle me monte du creux du ventre jusqu'aux joues avec une clarté nouvelle. Je caresse ses cheveux, ses boucles et alors qu'il me pose doucement au sol, ma main s'attarde sur son visage. Mes doigts jouent avec ses lèvres alors que je sens ses mains partout à nouveau. Un délice. Plus il descend plus je n'ai qu'une idée en tête. Elle me fait réagir à chaque caresse, chaque baiser de plus en plus intensément. Je frémis, me tend et m'arque. Je ne le quitte pas des yeux. C'est actuellement la plus magnifique personne de toute la création et j'attends qu'une seule chose, c'est de voir la plus belle gueule de ce putain d'univers, calée entre mes cuisses.

Et putain, il sait me faire anticiper.

Chaque vêtement tombe avec une lenteur infernale. Ca me rend dingue et ça me fait rire. P'tit malin. Ma jambe sur son épaule. La sensation de ses dents sur l'intérieur de ma cuisse me font instantanément agripper ses cheveux et ferme les yeux. La chaleur de sa langue le tire un sourire plein de plaisir gourmand et je me laisse aller aux grés des sensations. Je sens sa langue s'infiltrer, se faufiler et m'electriser, ça monte par vague. Je me sens me tendre tellement fort qu'à un moment je réalise que je pourrais sans doute tenir à l'équerre contre cette poutre. Je sais pas combien de temps s'écoule à me laisser inonder de plaisir comme ça mais j'ai une obsession qui nait d'un coup dans ma tête.

C'est nul de jouer toute seule.

Je l'écarte et je regrette un poil. On va pas se mentir. MAIS ce que j'aime au moins autant que ça, c'est les p'tits bruits qu'il fait. Je décolle ma jambe et le repousse doucement du pied avant de venir lui bouffer les lèvres à nouveau. Je déboutonne sa chemise jusqu'à laisser son torse exposé. Je ne m'arrête pas là. J'ai clairement pas sa patience. Je reserve le même sort à son fute pour libérer l'objet de mon attention immédiate. Je glisse ma main autour sans quitter son regard.

L'entendre gémir et soupirer est une musique exquise. Mère-Nuit que cela m'avait manqué, sa manière adorable de couiner quand elle s'électrise. Mon étoile, mon étincelle. Si lumineuse. Toute à son abandon, son visage se froisse de plaisir et je trouve ça terriblement mignon.

Je l'aime à mourir, ou plutôt à vivre !
Vivre furieusement !

Elie m'éloigne soudain de la moiteur de ses chairs et la manière qu'elle a de me repousser de la pointe du pied est incroyablement sexy. Je me laisse effeuiller avec un sourire ébloui, attrapant ses lèvres au passage dès que je le peux. Nous voilà nus comme des vers dans la paille. Un vieux con, une femme enceinte et une grange en pleine nuit. Un rien biblique cette image, non ?
Elie m'empoigne et je produis un feulement rauque qui penche plus vers le renâclement d'un bovidé que d'un être humain. Mes grandes mains se referment sur sa nuque et la cambrure de ses reins, possessives. Elle me torture délicieusement avec ses doigts de fée. Nous nous affrontons amoureusement du regard jusqu'à ce que nos fronts s'entrechoquent.

- Elie.... Steaua mea... laisse-moi te faire l'amour, s'il te plait... que je fais, presque plaintif tant l'envie de me fondre en elle m'est viscéral.

Je lui décoche un baiser vorace et l'allonge dans le foin. Je prends soin que ses reins ne souffrent pas trop de cette posture. Je caresse amoureusement ce ventre plein et doux. Mon sourire l'est tout autant. Je suis pris d'une puissante émotion qui multiplie les oursins dans ma gorge. J'ai retrouvé ma femme. Je la tiens dans mes bras. J'ai la poitrine qui explose.

- Te iubesc atât de mult dragostea mea...

Je me glisse délicatement entre ses cuisses pour mieux m'unir à cette étoile tombée du ciel qui m'a un jour sauvé le coeur et l'âme.

La supplique transforme mon cerveau en gelée. Très littéralement. Si les renaclement et les feulements produit par mon amoureux m'ont rendu absolument gaga, cette petite phrase me finit. Je lui offre un sourire.

-Quand tu veux, bébé...

Je lui rend le baiser, les mains dans ses cheveux. J'adore ses cheveux. J'adore cet homme tout entier. Je le regarde caresser mon ventre, ma main rejoint la tête. Il est à la maison, putain. Ca y est. Il est là. Je sens les larmes monter. C'est de la joie, du soulagement et tout le reste mélangé tourbillon indistinct que j'ai aucune envie de détricoter.

- Te iubesc atât de mult dragostea mea...
-Moi aussi, mon amour.

Et il fait ce truc absolument délicieux, il y va doucement, avec précaution, presque et, allez savoir pourquoi, ça me fait me sentir comme une reine. C'est toujours un truc de fou. A chaque fois, ça me prend par surprise. On est deux mais on est plus qu'un et la p'tite pousse dans mon ventre rend ça d'autant plus réel. J'ai un sourire gigantesque et j'ai encore envie de ses lèvres alors j'y vais, je lui picore le museau du bout des lèvres pendant que je m'enroule autour de lui. Je me lasse pas de le regarder quand on fait l'amour. Je m'en lasse d'autant moins qu'il y a de nouvelles variations, des moments infimes que j'ai envie d'apprendre par coeur tellement ils sont tous parfait. Sans même parler de la sensation. Comme à la mer, un ressac d'electricité, de plaisir mais aussi, juste, la sensation agréable de la pression de Kaelig contre moi. Apaisante. Pour autant, je finis par le renverser dans une roulade joueuse et calculée. Je vole des baisers au passage, le repousse gentiment, laisse courir mes mains sur son torse en bougeant doucement. C'est un secret pour personne, j'aime me donner en spectacle et j'aime d'autant plus le faire avec Kaelig. Alors j'y vais avec un délice non dissimulé. Je guide ses mains, ondule et me cambre avant de revenir prendre possession de sa bouche, de remplir mon champs de vision de lui et uniquement de lui. Je fatigue un poil plus vite qu'avant et la pression de son corps me manque déjà alors je dis avec un petit sourire malicieux.

-Bébé? On change? J'veux t'sentir pressé contre moi, s'il te plait...

Je viens lui mordiller la lippe puis le cou. Je me lasse pas de son odeur,de sa peau, de tout son être. Mon homme.

Je retrouve Elie, son rire mutin, son minois tacheté, ses yeux pétillants, sa chaleur douce de petit bonbon. J'aime la voir me surplomber, me chevaucher de toute sa superbe, petit poids plume à l'assaut du mastodonte. La sensation de mes grandes mains sur son corps ferme et rond m'électrise. Je redessine le taureau tatoué sous sa poitrine et qui grimpe jusqu'au plexus. Mère-Nuit qu'elle est belle, ma femme ! Elle me parsème de baisers, je lui rends au centuple. Actuellement, l'univers se réduit à nous deux (deux et demi !) et il est chaleureux, doux et pétri d'amour.

- Bébé ?
- Oui, étoile de mon coeur... ?
- On change? J'veux t'sentir pressé contre moi, s'il te plait...
- Tout ce que tu voudras...

Délicatement, je la renverse sur la paille et la tourne pour la tenir en cuillère contre ma carcasse de colosse. Je l'enveloppe de mes bras massifs, pressant son dos contre mon torse. Puis, avec une délectable langueur, je m'invite de nouveau en elle, embrassant sa tempe, son front, cherchant sa bouche. Je l'emmène avec moi vers un extase partagé, vers cette communion osmotique qui nous a fait défaut, cinq mois pour elle, une éternité pour moi.

Nous faisons l'amour plusieurs fois cette nuit là, jusqu'à ce que repus de caresses, de baisers et d'orgasmes, nous nous écroulions entremêlés dans le foin, essoufflés et ravis. Bigre ! Je n'avais pas fait de telles folies depuis mon jeune temps. Avec un grondement satisfait, je cale Elie contre moi, la serrant étroitement. Je respire son parfum après l'effort, tout à fait merveilleux. Soupir d'aise.

La maison a cette odeur.
Je suis enfin chez moi.

Je ne sais pas combien de fois on a fait l'amour mais ce qui est sûr, c'est que quand Kaelig me cale tout contre lui, j'ai le sentiment d'être apaisée.
Le souffle court et probablement du foin dans la raie, mais tout me semble tourner parfaitement rond. Je me retourne pour voir son visage souriant et poser la main sur le tatouage d'étoile qu'il a posé prêt du coeur. Je niche ma tête au chaud contre sa mâchoire après lui avoir piqué un bisou sur sa joue pleine de barbe.
J'ai l'impression d'avoir retrouvé mon foyer alors que je ne l'ai pas quitté. Je lève le nez vers lui, contemple l'angle de sa mâchoire et souris encore.

-J'veux bien dire autre choses que des cochoncetés maintenant!

Je lui gratouille le flanc puis viens frotter mon nez contre le sien avant de retourner dans le creux bien chaud qu'aménage son corps autour de moi. Il fait frais dans une grange quand on s'active pas.

-J'commence par Asmo. Tu m'raconteras pour Miss Rayon de Soleil.

Je ne sais pas vraiment comment aborder le sujet d'Asmo. Bon. Allons-y comme ça, toute façon, j'vais pas tergiverser dix huit plombes.

-Asmo a décidé de redevenir full Odin. J'trouve que c'est une connerie sans nom et j'trouve que Frigg ouvre un poil trop sa gueule sur le sujet par le biais de Ciu. En gros, le grand plan c'est de se faire choper par Pandémonium et cramer sa couverture pour s'offrir lui-même en sacrifice à lui-même. Classic shit d'Odin, apparemment. Et du coup redevenir uniquement un dieu.

Je me tais un moment. Ma main parcourt son torse pendant que je refléchis.

-J'veux dire, j'vois le principe... J'crois qu'il est question d'être moins bridé par son coté démon. De restaurer l'intégrité de sa divinité... Moi j'trouve que c'est effacé ce qui fait de lui ce qu'il est. J'crois qu'il fait ce choix parce qu'il croit que c'est comme ça qu'il sera le plus utile. J'me demande s'il fait pas tout ça juste parce qu'on a perdu la bataille pour le moment.

Je renifle et pousse un long soupire.

-En tout cas, voilà. Il a l'intention de redescendre. Pour te dire à quel point on en est, il est passé par le Pandémonium pour aller chercher les Berserkers.

Je laisse un silence flotter.

-Voilà, voilà... Et toi alors? On est à quel level de chienlit?

-J'veux bien dire autre choses que des cochoncetés maintenant!

J'éclate de rire faisant ronronner ma poitrine de note grave. Elie tressaute sur mon torse et vient se frotter contre moi comme un chaton mignon.

- J'commence par Asmo. Tu m'raconteras pour Miss Rayon de Soleil.
- Okay, faisons ça.
- Asmo a décidé de redevenir full Odin.
- Bah c'était pas déjà le cas ?
- J'trouve que c'est une connerie sans nom et j'trouve que Frigg ouvre un poil trop sa gueule sur le sujet par le biais de Ciu.
- Attend, iel a Frigg dans la caboche ou les deux ont fusionné-es ?
- En gros, le grand plan c'est de se faire choper par Pandémonium et cramer sa couverture pour s'offrir lui-même en sacrifice à lui-même. Classic shit d'Odin, apparemment. Et du coup redevenir uniquement un dieu.
- C'est complétement con. J'en viens ! C'est nase comme destination de vacances. Et puis il aura l'air couillon si on le plante avec une lame d'obsidienne à l'issu de son jugement expéditif. Parcequ'il le sera, ne nous leurrons pas.
- J'veux dire, j'vois le principe... J'crois qu'il est question d'être moins bridé par son coté démon. De restaurer l'intégrité de sa divinité... Moi j'trouve que c'est effacé ce qui fait de lui ce qu'il est. J'crois qu'il fait ce choix parce qu'il croit que c'est comme ça qu'il sera le plus utile. J'me demande s'il fait pas tout ça juste parce qu'on a perdu la bataille pour le moment.

Je me masse l'arrête du nez.

- Rahat. Je vais aller lui dire deux mots. Et à ma gosse aussi. Ciu a plein de défauts, mais iel choisirait jamais de pousser Asmo à se renier. Y'a pas à dire.... Simone disparait de son radar et il fait littéralement n'importe quoi. J'ai l'impression que sans elle il erre comme une âme en peine...
- En tout cas, voilà. Il a l'intention de redescendre. Pour te dire à quel point on en est, il est passé par le Pandémonium pour aller chercher les Berserkers.
- Il a quoi... ? Va pas me faire croire que personne l'a repéré. Il joue vraiment à l'abruti inconscient donc.
- Voilà, voilà... Et toi alors? On est à quel level de chienlit?

J'ai un ricanement aigre.

- Dans le genre, on explose la jauge ? Ecoute, la routine en bas, c'était de me faire toaster le cul par Scythe puis d'ensuite me faire rafistoler pour d'interminables joutes verbales avec Kali. Si j'ai été long, c'est que je négociais. Je négociais sec pour qu'elle devienne notre alliée contre Unseelie. Elle savait que Léviathan était sa soeur. Elle m'a aussi laissé sous-entendre par énigmes que Pandémonium n'était pas un lieu, mais une "personne", du moins une entité apparentée aux deux autres. Mais je ne sais pas si c'est du lard ou du cochon. Elle en sait plus qu'elle ne le dit et c'est la Princesse-démone la plus ancienne des Enfers. En l'ayant dans notre poche, j'espérais non seulement comprendre ce qu'on est nous les ... Je mime les guillemets... "Miraculeux", avoir une aide de poids dans cette foutue guerre et assainir la position des Dormeurs vis à vis des Enfers. Un soupir. Le fait que je me sois précipité pour rentrer m'a obligé à faire de grosses concessions pour... accélérer le processus.

Je me passe une main sur le visage et balance très vite comme on arrache un sparadrap :

- Chhaya c'est l'apparence humaine de Kali.

Pendant que je parle à Kaelig des nouvelles décisions d'Asmo, je suis assez contente de constater que je ne suis pas la seule à considérer que c'est une connerie monumentale.

-J'en sais rien pour Ciulin mais Asmo m'a parlé de sorties pas ouf qui lui ressemble pas des masse, alors, j'me suis dit que c'est Frigg. Ou bien c'est juste Asmo qui l'a mal interprété? Chai pas.

Je pousse un long soupir.

-Rahat.

Rahat indeed, mon amour.

-Je vais aller lui dire deux mots. Et à ma gosse aussi. Ciu a plein de défauts, mais iel choisirait jamais de pousser Asmo à se renier.
-Chui d'accord, d'où le chelou de la situation.
-Y'a pas à dire... Simone disparait de son radar et il fait littéralement n'importe quoi. J'ai l'impression que sans elle il erre comme une âme en peine...
-C'est pas qu'une histoire de Simone. Ciulin a passé les premières semaines ici à mourir au ralenti, Amon n'était pas là pour l'épauler non plus. Suite à ça, y a eu Fensalir et il m'a pas dit ce qu'il s'était passé dans ce putain de palais mais ses réactions me laissent penser qu'il a pris cher dans sa gueule d'une certaine manière. En tout cas, voilà....

Que je continue. Pour finalement demander dans quelle merde on s'est encore fourré. J'écoute ce que Kaelig a à me dire sans l'interrompre mais je ne m'empeche pas de caresser doucement son torse et de déposer quelques baisers. Pandémonium, une personne. Ok. Pourquoi pas. Apparentée à Léviathan et Unseelie. Décidement, cette fraterie va nous casser les couilles pour l'éternité.

-Chhaya c'est l'apparence humaine de Kali.
-Ok.

Je pousse un long soupire et me remet confortablement contre Kaelig.

-Sacrées concessions, c'est qu'elle voulait vraiment une petite balade pour que ça soit sa demande. J'imagine que le but du jeu c'est de voir si ça menace aussi chez elle ou pas.

Je me gratouille le museau.

-J'comprends mieux la réaction d'Asmo, du coup. Donc la seconde vrai question c'est : on fait comment pour s'assurer que ça se passe le mieux possible avec les Dormeurs. Parce que, j'suis partisane d'assainir et tout hein. Mais y a deux ou trois Dormeurs qui vont pas du tout s'faire à l'idée.

Je plisse les yeux.

-C'la dit, j'arrive pas à croire que j'suis si calme vis-à-vis de ça. La thérapie était donc vraiment utile? Incroyable.

Je pouffe de rire avant de me redresser. J'commence à avoir une crampe. Je pose ma tête sur son torse, à la perpendiculaire, le nez vers le toit de la grange.

-Pour nous, j'ai commencé à parcourir le Rêve et à tout noter avec Silviu. Il me surveille pendant les explorations et il relit mes notes pour m'aider à y voir plus clair. Il est plus cultivé que moi du coup, j'me dis qu'il verra peut-être des trucs que moi je vois pas. Pour l'instant, j'ai trouvé 2 ou 3 lieux permanents. Un chateau avec des portes d'ivoire et de cornes. Un tertre en plein printemps, une maison chelou. Et quand j'suis dans le Rêve aussi, j'suis parasitée par cette conscience, j'sais pas trop comment expliqué, d'autant que j'oublie toujours exactement ce qu'il ou elle disait ou pensait quand je me reveille mais voilà... Chai pas si ça aide la compréhension du truc mais voilà.