So crawl on my belly 'til the sun goes down
I'll never wear your broken crown
I took the road and I fucked it all away
Now in this twilight, how dare you speak of grace?

Morgänn est parti.
Et avec, tous ces autres prisonniers de lui.
Morgänn est parti.
Ne reste que Lucy.
Lucy sans guitare.
Lucy sans pouvoir.
Lucy sans ciel, ni diamant.

Pourquoi suis-je en train de courir comme ça ?
Après quoi ?
Après qui ?
Mes poumons brulent.
Ma gorge s'embrase.
Inaudible cri de douleur.
Je veux éprouver cette carcasse, la faire gémir et suer.
Me sentir vivre.
Ou expurger...

J'ai tant bu le pouvoir de mon frère que je ne sais plus quelle cellule de mon être m'appartient encore. Sa présence est partout et le vide est entier.

Je trébuche.
Genoux égratigné, rage au coeur.
Je me relève avec une hargne désespérée et reprends ma foulée.
Je vais survivre.

Morgänn est parti.

Je vais survivre.

Ne reste que Lucy.

Je vais survivre !

Tous ces autres prisonniers de lui.
Et moi avec.

- JE VAIS SURVIVRE !!!!!

Le hurlement déchire la quiétude du bois. A bout de souffle, la poitrine qui tambourine trop fort, j'entends alors un glatissement de rapace en écho. Je lève le nez vers les nuages pour avoir juste le temps d'apercevoir la silhouette ailée d'un aigle - ou d'un faucon ?-  entre les frondaisons. Son vol incertain l'emmène à se heurter de plain fouet contre le tronc d'un érable.

- Putain de merde ! fais-je en le voyant dégringoler contre l'écorce.

Je me précipite vers son point de chute en espérant que le volatile n'est pas trop blessé et que ce n'est pas mon cri qui l'a terrorisé !

J’étais là, je planais, tran-qui-llou.

Je veux dire, je planais littéralement ! Pas à case de la beuh ou d’un orgasme ou autre.
En ce moment, ça m’arrive d’avoir un trop plein d’énergie. Un vrai trop plein ! Et plutôt que de sauter sur Ciulin H24 tous les jours, je m’oblige à me dépenser autrement. Soit avec le sport, soit avec l’oiseauitude. Parce que voler, ça pompe un maaaaax d’énergie ! J’aurais pas cru franchement et puis faut dire que j’débute.
J’apprends les courants et comment ça fonctionne, comment profiter du vent et lutter contre parfois.
Bref. Oiseauitude.

Rebref : donc je PLANAIS et… je sens que je me fais suivre. D’abord j’me dis que c’est moi qui délire. Personne ne suit un oiseau. Même un joli faucon bien roulé comme moi.
Et puis, je note qu’un autre faucon me suit à la trace. Plus grand, plus imposant… une femelle donc…
Ahahaha j’aurais peut-être dû me renseigner un poil sur la saison des amours de ces chers volatiles. Il semblerait donc que j’ai tapé dans l’œil d’une fauconne (fauconnette ?)…
Y’a qu’à moi que ça peut arriver ce genre de truc… et la donzelle me poursuit méchamment de ses assiduités en plus ! Elle me lâche pas le train ! Déter la meuf !

Là, légère panique. J’essaie de me faufiler entre les branchages pour la s’mer au moment où ça gueule juste en-dessous. Une voix de nana qui manifestement s’est prise pour Rocky. Mon petit cœur d’oiseau a un loupé et j’me pends méchamment une branche dans l’aile sous la surprise.

Pas besoin de vous faire un dessin, je dégringole et m’étale comme une vieille merde par terre. Ca me lance dans l’aile, je me suis sans doute péter ou froisser un truc. La fauconnette (fauconne ?) n’a apparemment pas lâcher l’affaire. Elle veut ma peau ou mon patrimoine génétique ? Aucune idée et je compte pas le découvrir, je secoue mes plumes et bidibi bodibi bu me revoilà humain avec mon manteau de plumes au sol. Je me protège aussitôt la tête et me fait méchamment griffer et picorer.

- Aie !! Putain, c’est bon j’ai compris !

C’est qu'en rabaissant mon bras que je deviens blanc et me rend compte qu’il me fait un mal de chien !
Je vois soudain la face tachetée et inquiète de Rockynette et lui sourit comme si c’était une scène qui arrivait tous les quatre matins. J’entends déjà le rire de Ciulin quand j’vais lui raconter ma mésaventure du jour…

- Salut ! je lance joyeusement. Désolé… un petit malentendu… semblerait que même dans le règne animal je comprenne rien au meuf ! Je bouge délicatement mon épaule et siffle entre mes dents. Merde… j’me suis pas loupé… Et toi, ça t’arrive souvent de venir gueuler en pleine forêt ?
Et on recommence à jouer à "Qui est-ce ?" ! Elle a un minois de lutin... fae ? Possible son visage me dit rien et à force j'connais les réfugiés par coeur. Un peu de méfiance est de mise... mais avec mon bras j'vais pas voler loin...

- Sacré coffre, tu m’as collé la frousse de ma vie ! Mon cœur a failli lâcher !

Je déboule catastrophée, manquant de me vautrer plusieurs fois sur des racines traitresses. Fenrir va s'affoler en me voyant revenir toute contusionnée. J'ai un moment d'hébétude devant le spectacle d'un gars -plutôt mignon- enroulé dans une sorte de couverture de plume et qui se débat avec un aigle -faucon ?- plus gros que celui qui s'est percuté contre un arbre.
Je décide de voler -mauvais choix de mot- à son secours et de chasser le volatile à grand renfort de gesticulation et de "Va-t-en ! Ouste! Pousse-toi !" répétés en boucle dans l'espoir que la litanie ait l'effet d'une formule magique.
J'ignore si l'exploit est de mon fait ou de celui du beau garçon, mais l'aigle finit par abandonner sa proie.

- Salut !
- Euh... Bonjour ? fais-je, franchement décontenancée.

Il est blanc comme un linge, visiblement en souffrance vue sa respiration hachée et ses crispations de mâchoire, mais il parvient malgré tout à paraitre affable et décontracté.

- Désolé… un petit malentendu… semblerait que même dans le règne animal je comprenne rien au meuf !
- Dans le règne animal... ?

Quelle "meuf" ?
L'aigle qui vient de partir ?
Cela sous-entendrait que lui serait l'autre piaf. Je louche sur l'espèce de manteau en plumes fauve du même coloris que les ailes de l'oiseau qui s'est viandé.
Ce serait un peu fou non ?
Mais après tout, nous sommes à moitié en Faërie et je suis une sorcière....
Son couinement me ramène à l'instant présent.

- Merde… j’me suis pas loupé… Et toi, ça t’arrive souvent de venir gueuler en pleine forêt ?
- Je suis désolée! Vraiment désolée ! Je... j'avais besoin d'extérioriser.
- Sacré coffre, tu m’as collé la frousse de ma vie !
- Beaaaaucoup de choses à exterioriser, dis-je avec un ricanement nerveux.
- Mon cœur a failli lâcher !
- C'est minuscule un coeur d'oiseau, en même temps. Tu as mal ? Oh.. oui question stupide, évidemment que tu as mal.

Je grimace, mains en avant, n'osant pas vraiment le toucher, ne sachant pas vraiment ce que je dois faire. Inutile jusqu'au bout des ongles.

- Je.. Je suis désolée. J'y connais rien en médecine et encore moins en fae. Je ne sais pas comment on soigne un homme-oiseau. Je regarde autour de moi, un peu affolée. Et on est super loin du haras. Je sais qu'il y a des guérisseurs là bas... Ou à l'école des djinns, là... A merde ! non ! Fen m'a dit qu'elle avait été effacée.... euh...

Grimace de totale impuissance.

- Ma cabane est pas si loin.... ? que je propose en désespoir de cause.

- Merde… j’me suis pas loupé… Et toi, ça t’arrive souvent de venir gueuler en pleine forêt ?
- Je suis désolée! Vraiment désolée ! Je... j'avais besoin d'extérioriser.
- AH. Ouais ça arrive. Moi je tape dans des trucs ou je baise. Ça marche aussi. Sacré coffre, tu m’as collé la frousse de ma vie !
- Beaaaaucoup de choses à extérioriser.
Les faes aussi peuvent avoir les nerfs alors ? Ca c’est un scoop.
- Mon cœur a failli lâcher !
- C'est minuscule un coeur d'oiseau, en même temps.
- Mais tellement ! T’as pas idée ! La dernière fois, j’ai failli avoir une crise cardiaque à cause d’un coup de tonnerre ! L’angoisse… c’est des nerveux les piafs. En même temps s’ils se font agressés à chaque saison des amours aussi…
- Tu as mal ? Oh.. oui question stupide, évidemment que tu as mal.
Je bouge à nouveau prudemment mon bras.
- Ouep. Ca a pas l’air cassé cela dit.

De ma main libre, je ramasse avec beaucoup de soin ma cape de plumes saison 2021 printemps-été. Je vais me faire friggifier la tronche si j’en prends pas soin. Je retire donc méthodiquement les saloperies qui se sont accrochés aux ailes. Là ! Toute neuve !

- Je.. Je suis désolée.
- Oh t’inquiète, c’est pas la première fois que ça chauffe pour mes fesses. C’est un genre de style de vie.
- J'y connais rien en médecine et encore moins en fae.
- Je… attends quoi… pardon ? Fae…. ?
- Je ne sais pas comment on soigne un homme-oiseau.
- Moi donc…
Oui je suis lent à la comprenette, mais je viens d’échapper à un viol/becquetage animal, j’ai mal et j’ai le cul incrusté dans la terre. J’estime que j’ai des excuses.
- Et on est super loin du haras. Je sais qu'il y a des guérisseurs là bas... Ou à l'école des djinns, là... A merde ! non ! Fen m'a dit qu'elle avait été effacée.... euh… Ma cabane est pas si loin.... ?

J’en peux plus… j’éclate de rire ! Elle est vraiment trop choupinette cette jolie petite rousse à s’inquiéter et à s’affoler… et puis homme-oiseau hein ! Non… c’est trop… j’ai mal au ventre et j'en pleurs.

- Je… j’me moque pas de toi bichette hein… atta… atta je t’explique… ! Et on souuuuuuffle. Alors. J’suis pas un fae. J’suis même cent pour cent humain. J’effectue un salut militaire, toujours le cul dans la terre. On a le style où on là pas. Manifestement je l’ai pas. Major Caleb Jenson. Big Boss de l’armée humaine and Co. J’suis juste un genre de Batman avec les bons accessoires. Je désigne la cape de plume du menton. Cadeau d’une déesse. Ça me permet de me transformer en faucon. Avec les aléas que t’as pu voir.
Je capte que mes mains ont mangé cher pendant ma lutte avec la gente féminine fauconnienne.
- J’veux bien un p’tit coup de désinfectant si t’as. Manquerait plus que je meurs d’une septicémie… ou de la rage. Ca a la rage les faucons ? Ma p’tite femelle l’avait en tout cas.
Ferme-là deux secondes Cal… Lentement je me remets sur mes guiboles et tiens mon bras blessé contre moi.
- Et toi alors ? D’où tu viens ? J’crois pas t’avoir croisée dans le coin encore… pourtant je connais à peu près toutes les têtes des environs. Sauf les réfugiés plus isolés.

L'homme-oiseau explose de rire. Il est beau ce rire : plein de lumière, d'une pointe de folie douce et de panache. D'abord interdite, je sens les coins de ma bouche rebiquer par mimétisme. Il est beau et contagieux.

- Je… j’me moque pas de toi bichette hein… atta… atta je t’explique… ! Alors. J’suis pas un fae.
- Ah bon ?
- J’suis même cent pour cent humain.

Qui peut s'en prévaloir de nos jours ? Moi-même, qui me pensais anodine petite humaine, a terminé en faisant une pirouette à cette affirmation. Son salut militaire me fait pouffer. Il est marrant ce drôle de piaf !

- Major Caleb Jenson. Big Boss de l’armée humaine and Co.
- Oh ! T'es un bidasse ? Mieux... Ze chef des Bidasses ?! Mais pourquoi tu voles alors ?
- J’suis juste un genre de Batman avec les bons accessoires.  Je suis son regard jusqu'au tapis de plumes. Cadeau d’une déesse. Ça me permet de me transformer en faucon. Avec les aléas que t’as pu voir.
- Jour de chance pour toi, Caleb. Batman a toujours été mon préféré. Sans doute parce que lui aussi est orphelin. Je m'appelle Lucy ! Lucy Jericho ou Culpà, ça dépend de mon humeur. Ma frimousse frétille en souriant. Moitié paumée, moitié sorcière sans pouvoir. 100% inutile, quoi ! Petite grimace.
- J’veux bien un p’tit coup de désinfectant si t’as. Manquerait plus que je meurs d’une septicémie… ou de la rage. Ca a la rage les faucons ? Ma p’tite femelle l’avait en tout cas.
- C'est comme ça que tu qualifies ton sex-appeal ? Intéressant. Que je ponctue en l'aidant à se relever d'une main secourable. J'crois pas, mais je demanderais à Fen, il s'y connait mieux que moi.
- Et toi alors ? D’où tu viens ? J’crois pas t’avoir croisée dans le coin encore… pourtant je connais à peu près toutes les têtes des environs. Sauf les réfugiés plus isolés.
- Ben voilà, t'as ta réponse, fais-je en l'époussetant un peu. Je me sens malgré tout obligé de développer. Je faisais partie de l'expédition de sauvetage, dans la Cité d'Emeraude. On était pas en ville quand Unseelie l'a prise. Quand on l'a découvert..... Un silence, mon visage se ferme. Mon frère a vrillé. Il fallait qu'il y retourne coute que coute. J'ai veillé sur lui, jour et nuit pendant que mon.. mon compagnon....

Bon là, je rougis un peu.
C'est le premier gars qui excède le coup d'un soir.
Une première.
Une angoisse.
La grande aventure, en somme !

- ... se chargeait de nous ravitailler. Mais.. disons... que mon frère a  finalement réussi à tromper ma surveillance et... m'a faussé compagnie. Et voilà... Maintenant je cours dans la pampa en criant à tue-tête. Cool, hein ?

J'essaie de sourire vaillamment en tentant de surfer sur l'autodérision. Est-ce que je fais bien illusion ?

- Et donc t'as les faveurs d'une déesse ? C'est la classe ! Un avatar, du coup ? Non parce que c'est un truc de dingo les avatars quand même. Déjà qu'être sorcière ça me paraissait irréel... Alors imagine ma tronche quand j'a découvert qu'il y avait des démons, des vampires et tout le toutim... j'ai même pas eu le temps de m'y habituer que zou ! Voilà les monstres d'Unseelie et toute la Faërie qui débarque !

On se met en route en rebroussant chemin vers ce "chez-moi" qui ne l'est plus vraiment depuis que Morgänn est parti.

N'y pense pas!

- M'en veux pas si je ne te fais pas rentrer chez moi. Je vis avec un loup-garou, et il va se demander à qui appartient cet odeur d'inconnu sinon... Je ne veux pas l'inquiéter tu comprends ? La dernière fois qu'il m'a laissée, il m'a retrouvée le crâne fracassé. Depuis, il flippe ...

Je ne sais pas pourquoi je me mets à déblatérer comme ça. Peut-être parce que ça fait longtemps que je n'ai pas fait la conversation. J'adore mon Gentil Loup, mais il est du genre "communication non-verbale", vous voyez...

- Ben voilà, t'as ta réponse.
Je l’observe attentivement alors qu’elle se sent obligée de retirer la poussière de mes fringues. Si c’est pas mignon… Pour une fois je ferme ma gueule, sentant qu’elle a envie d’aller plus loin et la laissant y aller toute seule comme une grande.
- Je faisais partie de l'expédition de sauvetage, dans la Cité d'Emeraude. OH. On était pas en ville quand Unseelie l'a prise. Quand on l'a découvert..... Mon frère a vrillé. Il fallait qu'il y retourne coute que coute.
- Y retourner ? Oui bon jouer au roi du silence c’est pas mon truc non plus. Mais y’a rien là-bas sauf des tas de trucs qui veulent te bouffer !
- J'ai veillé sur lui, jour et nuit pendant que mon.. mon compagnon....
- Ohhhhh tu rougis c’est trop mignon ! Et tout frais j’imagine !
Je cogne son bras avec celui que j’ai encore de valide et lui fais un clin d’œil.
- ... se chargeait de nous ravitailler. Mais.. disons... que mon frère a finalement réussi à tromper ma surveillance et... m'a faussé compagnie.
- Merde… moche. Je suis désolé pour toi Lucy. Mais il va chercher quoi ton frère là-bas ? Il a été hypnotisé ou quelque chose comme ça ?
- Et voilà... Maintenant je cours dans la pampa en criant à tue-tête. Cool, hein ?
- Très bonne méthode pour informer le monde qu’on est toujours là, j’approuve du chef. Moi je ris. Fort. Je baise. Encore plus fort. Et concrètement je m’agite. Parfois dans le vent, parfois pas. Le truc c’est de jamais s’arrêter.

Je sens bien qu’elle est pas au top de sa forme morale la bichette et cet isolement ça doit pas améliorer les choses.

- Ca va aller, Lucy ! … je sais absolument pas ce qui me prend de lui dire ça. J’en sais que dalle. Mais son visage a plus l’air fait pour les vrais sourires que pour les p’tites mines mélancoliques et les faux sourires. Ceux-là, je les repère à des kilomètres maintenant à force de les avoir croiser dans le miroir. On va reprendre la ville et t’iras secouer ton frangin !
- Et donc t'as les faveurs d'une déesse ?
- T’as vu ! je claque avec un jeu de sourcils incroyables.
- C'est la classe !
- Même que je suis le favori steuplé !
- Un avatar, du coup ?
- C’est ça ! Pourquoi y’a autre chose ? Je fais un brin alarmé. Non mais c’est que le surnaturel à tendance à nous sortir des trucs du trou du cul de son chapeau tous les quatre matins alors je me méfie.
- Non parce que c'est un truc de dingo les avatars quand même.
- A qui le dis-tu !
- Déjà qu'être sorcière ça me paraissait irréel... Alors imagine ma tronche quand j'a découvert qu'il y avait des démons, des vampires et tout le toutim... j'ai même pas eu le temps de m'y habituer que zou ! Voilà les monstres d'Unseelie et toute la Faërie qui débarque !
- Attends, tu parles à un bidasse qui il y a six mois savait absolument rien de tout ça. Aujourd’hui je dois me battre contre tous ses machins qui peuvent me mettre au tapis en un clignement de cils ! Je te raconte pas la flippe !
Flippe qui transparait jamais parce que j’ai décidé que ça m’atteindrais pas.
- M'en veux pas si je ne te fais pas rentrer chez moi. Je vis avec un loup-garou, et il va se demander à qui appartient cet odeur d'inconnu sinon... Je ne veux pas l'inquiéter tu comprends ?
- Ah merde… j’aurais peut-être même pas du venir si prêt si ça te fait flipper ! Sinon on peut l’attendre histoire qu’il voit que j’suis pas une menace.
- La dernière fois qu'il m'a laissée, il m'a retrouvée le crâne fracassé. Depuis, il flippe ...
Je la regarde soudain comme si elle venait de me dire que ca lui arrive d’avoir une deuxième tête.
- Euh…. Le crâne fracassé. Je me penche pour examiner sa caboche. Et ça va ? Tu vas bien ? J’veux dire… tu dois pas voir le doc ? Y’a Salomon au ranch, si t’as besoin. Faut juste passer outre son blabla de démon précieux mais sinon il est cool. Sympa la p’tite maison dans la prairie ! Mais vous devez vous sentir pas mal seuls non ? Même si c’est chouette aussi les lunes de miel hein…

Bon on se la joue pique-nique dans l’herbe alors ! Je m’installe tranquillement et examine mon bras, le faisant pivoter lentement dans un sens, puis dans l’autre. Merde mon coude enfle… ça m’apprendra…Allez on serre les dents et on continue la conversation !
- Alors Lucy-qui-rougit c’est quoi ton super pouvoir à toi ?  

- Merde… moche. Je suis désolé pour toi Lucy. Mais il va chercher quoi ton frère là-bas ? Il a été hypnotisé ou quelque chose comme ça ?
- Je.. Chais pas trop.... C'est assez compliqué à expliquer. Je soupire et tortillant une mèche de cheveux. On a pas été élevé ensemble. Tout ce que je vais te dire, là, c'est lui qui me l'a confié... Si tu veux, à cause de sa magie, il vécu un épisode traumatique et pour s'en protéger son cerveau a créé des alters. Il a plusieurs  autres personnes dans la tête. Certain sont positifs, d'autres vachement moins et moi, ben, je ne les connais pas tous. Après le bordel de la Cité d'Emeraude, l'alter qui a pris la place a voulu à tout pris retourner dans le Brouillard pour... rejoindre les Hurlants. J'ai fait mon possible pour l'en empêcher. On voit la réussite du projet....

Long silence.

- Je ne l'avais jamais dit, à personne avant... Même pas à Fenrir. Et voilà... Maintenant je cours dans la pampa en criant à tue-tête. Cool, hein ?
- Très bonne méthode pour informer le monde qu’on est toujours là, j’approuve du chef. Moi je ris. Fort. Je baise. Encore plus fort. Et concrètement je m’agite. Parfois dans le vent, parfois pas. Le truc c’est de jamais s’arrêter. Ca va aller, Lucy ! On va reprendre la ville et t’iras secouer ton frangin !
- Il va s'prendre une sacrée soufflante !  Compte là dessus !

Je pouffe. Caleb a la gravité légère. Je sais, ça semble contradictoire, mais à la vérité, je comprends cet état d'esprit. Ce fût ma philosophie de vie avant d'arriver ici.

Et maintenant ?

La conversation est facile avec mon étrange militaire-homme-oiseau-favori-de-déesse. Malgré sa propre description, je trouve qu'il a tout de même des caractéristiques exceptionnelles. J'en écrirais presque des chansons !

Depuis quand n'ai-je pas composé ?

Après une quinzaine de minutes de marche j'aperçois le toit de ma bicoque entre les feuillages. Une donnée que j'avais omise de prendre en compte me percute de plein fouet. Je me tourne vers Caleb.

- M'en veux pas si je ne te fais pas rentrer chez moi. Je vis avec un loup-garou, et il va se demander à qui appartient cet odeur d'inconnu sinon... Je ne veux pas l'inquiéter tu comprends ?
- Ah merde… j’aurais peut-être même pas du venir si prêt si ça te fait flipper ! Sinon on peut l’attendre histoire qu’il voit que j’suis pas une menace.
- La dernière fois qu'il m'a laissée, il m'a retrouvée le crâne fracassé. Depuis, il flippe.
- Euh…. Le crâne fracassé.
- Un gros bobo, rien de grave !
- Et ça va ? Tu vas bien ?
- Oh ! Bah écoute ça a l'air... Enfin si s'époumoner dans les bois, c'est synonyme de bien être ! A toi de me dire ?
- J’veux dire… tu dois pas voir le doc ? Y’a Salomon au ranch, si t’as besoin. Faut juste passer outre son blabla de démon précieux mais sinon il est cool.
- Je.. Je vois qui s'est... Le gars qui se transforme en arbre, c'est ça ? Fenrir est déjà allé me chercher des soins chez lui pour ma tête.

Du moins, c'est ce dont je me souviens de la baston dans la Cité d'Emeraude.

- Sympa la p’tite maison dans la prairie ! Mais vous devez vous sentir pas mal seuls non ? Même si c’est chouette aussi les lunes de miel hein…
-  Un peu... Mais disons que... pour mon frangin, c'était mieux.

Je lorgne sur son coude qui gonfle à vue d'oeil.

- Ouch... C'est pas très beau, tu dois douiller ! J'espère que c'est pas cassé. Attends, j'arrive...

Je rentre dans la cabane et je reviens avec un sac à dos plein de médicaments, bandages, baumes etc... Sans manière je m'assoie en tailleur, face à lui. J'imbibe un gros coton de désinfectant et je me mets au travail.

- Alors Lucy-qui-rougit c’est quoi ton super pouvoir à toi ?  
- J'en ai pas... Enfin... Pas sans mon frère. Je suis une genre d'anomalie dans le monde de la sorcellerie : un siphon. J'ai pas ma propre source de magie, je suis obligée de puiser dans celle de mon jumeaux pour pouvoir avoir des pouvoirs. Morgänn en trop de magie en lui, c'est ce qui le rend instable. Comme j'entravais son potentiel, nos parents m'ont abandonnée pour ne s'occuper que de lui. Couper le membre gangrené de la famille pour la garder saine, un truc dans le genre... que j'explique de façon absolument dépassionnée. Ca leur a pas vraiment réussi comme choix...

Je ne vais pas les pleurer. Je ne les ai jamais connus. En revanche, je leur en veux d'avoir poussé mon pauvre frère à la folie meurtrière, en refusant d'admettre que j'étais la variable d'ajustement nécessaire à son immense puissance.

- Du coup, ben... ça remet les compteurs à zéro, j'imagine. Je suis une sorte de cracmole, si tu préfères !

L’histoire de son frangin est … bizarre. Mais je comprends qu’elle ait tout fait pour lui. Je veux dire pour Rory j’suis prêt à faire tout ce qu'il faut pour que le meilleur des Jenson survive. Lui dite pas que c'est ce que je pense... ni à Viorea d'ailleurs...
Donc l’abnégation, je capte. Par contre je pige que dalle du frangin.

- T’as rien à te reprocher. J’veux dire… quelqu’un de déterminé à faire une connerie la fera. Même si je saisi pas le projet non plus. Les Hurlants ça a pas l’air d’être le Club Med du coin. La magie quand même… ça fait faire des trucs de dingue. Mais comme l’a dit le tonton décédé de Spiderman « Un grand pouvoir implique de grande responsabilité ». J’en sais quelque chose même si mon pouvoir à moi est pas magique !
- Je ne l'avais jamais dit, à personne avant... Même pas à Fenrir.
Je lui décoche un large sourire.
- Parfois c’est plus simple de parler à des hommes-oiseaux, je déclare d’un ton docte.
- Et voilà... Maintenant je cours dans la pampa en criant à tue-tête. Cool, hein ?

On papote tranquillement sur le chemin et je sais pas trop si c’est une impression ou quoi mais j’trouve qu’elle se tient de plus en plus droite la jolie roussette. Et puis elle rit à mes blagues nulles. C’est donc forcément quelqu’un de bien.

- Sympa la p’tite maison dans la prairie ! Mais vous devez vous sentir pas mal seuls non ? Même si c’est chouette aussi les lunes de miel hein…
-  Un peu... Mais disons que... pour mon frangin, c'était mieux.
- Mais il est plus là ! Alors si vous voulez vous mêler un peu à la plèbe, hésitez pas ! On est toujours content de voir de nouvelles têtes, que ça soit au ranch ou à la caserne ! On fait des soirées ciné, dancefloor et parfois même… roulement de tambour dramatique… karaoké ! Bref, nous ça fait vachement plus Club Med mais avec des armes et des treillis quoi.
- Ouch... C'est pas très beau, tu dois douiller !
J'observe mon coude qui clairement a vu des jours meilleurs.
- Quand je papote je le sens presque pas ! … hum attends, finalement je suis pas certain que ça soit une bonne chose.
- J'espère que c'est pas cassé.
- Ca ajoutera au dramatisme de la scène ! Je pose une main sur mon cœur. L’amour m’a brisé les ailes.
- Attends, j'arrive...
- D’acc !

En l’attendant, je m’étale tranquillou et glisse un brin d’herbe entre mes lèvres. Le calme ça fait aussi du bien parfois. Est-ce qu’on va s’inquiéter de pas me voir revenir de suite ? Devane est-il déjà en sueur à courir partout pour me retrouver ? Je sais pas si Ciu est à la caserne aujourd’hui…
Lucy-jolie revient avec tout un attirail et je me redresse, la laissant prendre soin de mon coude. Ca pique… mais je suis un grand garçon…

- Alors Lucy-qui-rougit c’est quoi ton super pouvoir à toi ?  
- J'en ai pas... Enfin... Pas sans mon frère. Je suis une genre d'anomalie dans le monde de la sorcellerie : un siphon. J'ai pas ma propre source de magie, je suis obligée de puiser dans celle de mon jumeaux pour pouvoir avoir des pouvoirs.
- Oh… c’est… un poil toxique comme lien ça non ?
- Morgänn en trop de magie en lui, c'est ce qui le rend instable. Comme j'entravais son potentiel, nos parents m'ont abandonnée pour ne s'occuper que de lui. Couper le membre gangrené de la famille pour la garder saine, un truc dans le genre... que j'explique de façon absolument dépassionnée. Ca leur a pas vraiment réussi comme choix...
- ‘tain… les parents ! je crache avec une hargne que je contrôle toujours pas malgré toutes ses années. Pour certains, ça devrait même pas être permis de faire des gosses ! C’est abject c’qui vous ont fait.
Ouais pour le coup je sors les grands mots !
- Du coup, ben... ça remet les compteurs à zéro, j'imagine. Je suis une sorte de cracmole, si tu préfères !
- Coucou cramole ! Ici moldu de génération en génération ! Et… t’as pas essayé de « siphonner » quelqu’un d’autre ? …. Long silence. Ouais non comme ça, ça fait sale, mais tu vois ce que je veux dire ? Oh mieux encore !! T’as tenté avec un genre d’artefact ? Je m’anime alors que mes idées fusent. J’veux dire, maintenant qu’on a la Faerie à portée de main y’a moyen que tu trouves un autre moyen de faire péter ta cracmolitude ! T’es comme… un espèce d’agent dormant ! Moi j’dis, faut qu’t’oublie un peu ton frangin parce qu’il est majeur et c’est plus ton rôle de veiller sur lui. Va falloir penser à toi bichette ! Le monde est redevenu un bac à sable pour tous ! Alors va falloir expérimenter. Moi j’trouve ça plutôt cool non ?

- Oh… c’est… un poil toxique comme lien ça non ?

J'ai un rire fêlé, dissonant, pas joli.
De la craie qui crisse sur un tableau noir.
Celui de ma vie.

- Ouais, mais on y peut rien, c'est comme ça qu'on est né.

J'explique en détails pourquoi et ce que j'ai appris depuis que je connais Morgänn et ses autres.

- ‘tain… les parents !

Un cri du coeur, trop spontané et intense pour ne pas receler de cette souffrance qu'on tous les enfant malmenés par leurs géniteurs.

- Ca sent le vécu !
- Pour certains, ça devrait même pas être permis de faire des gosses !

Je hausse les épaules.

- Chais pas. Je suis quand même heureuse d'être en vie, même si je ne sais pas bien quoi en faire ! Je fronce le nez sur une grimace enfantine.
- C’est abject c’qui vous ont fait.
- Et ça leur est revenu dans la gueule méchamment. Ils sont morts sales. Du coup, ben... ça remet les compteurs à zéro, j'imagine. Je suis une sorte de cracmole, si tu préfères !
- Coucou cramole ! Ici moldu de génération en génération !
- Moldu béni des dieux ! C'est un peu du moldu de compet quand même ! que j'ajoute en riant plus gaiment cette fois.
- Et… t’as pas essayé de « siphonner » quelqu’un d’autre ?
- Euh... Hé ben....
- Ouais non comme ça, ça fait sale, mais tu vois ce que je veux dire ?
- J'avoue on dirait une vieille blague de cul ! Non , à vrai dire, j'ai toujours peur de mal faire et de causer des dégâts...
- Oh mieux encore !! T’as tenté avec un genre d’artefact ? J’veux dire, maintenant qu’on a la Faerie à portée de main y’a moyen que tu trouves un autre moyen de faire péter ta cracmolitude ! T’es comme… un espèce d’agent dormant !

Caleb est hilarant, ça me fait du bien de m'esclaffer comme ça.

- Oui.. Oui peut-être. Il faudra que j'essaie.

Quand je serais moins triste.
Quand j'aurais moins la trouille.
Quand...

- Tu veux bien arrêter de gesticuler partout ? J'arrive pas à t'appliquer le cataplasme de ton démon, là !

J'étale la crème épaisse sur son bras gonflé. Ce doit être frais, je le sens sous mes doigts.

- Moi j’dis, faut qu’t’oublie un peu ton frangin parce qu’il est majeur et c’est plus ton rôle de veiller sur lui.
- C'est.. C'est un peu dur, tu sais. Tu dis surement ça parce que t'as pas de frère. Moi j'ai toujours cru que j'étais seule au monde et puis je découvre que j'ai un frère et puis, pouf, voilà qu'on me l'enlève à nouveau ! Il est ma seule famille...
- Va falloir penser à toi bichette ! Le monde est redevenu un bac à sable pour tous ! Alors va falloir expérimenter. Moi j’trouve ça plutôt cool non ?

La chanson de Nancy Sinatra "Sand" me revient alors en mémoire et je me prends à fredonner les paroles de mon charmant brin de voix :

- Oh sir my fire is very small
It will not warm thy heart at all
But thee may take me by the hand
Hold me and I'll call thee sand...

Mes poumons se gonflent d'une grande inspiration. Lorsque je souffle j'ai l'impression d'avoir chassé tous mes remugles de tristesse.

- Tu as raison. C'est comme ça que je dois voir les choses ! J'enroule un bandage délicatement autour de son coude amoché. Merci Caleb, je me sens mieux de t'avoir parlé...

- Tu veux bien arrêter de gesticuler partout ? J'arrive pas à t'appliquer le cataplasme de ton démon, là !
Aussitôt je me fige.
- Oups, pardon… J’ai jamais été un patient très sage, je lance avec mon sourire de canaille à deux ronds, qui a malgré tout toujours fonctionné.

Je suis même un adepte des baumes de Salomon. Après un entrainement avec le deuxième dragon là, j’ai eu des bleus partout, tellement ce vicieux m’a pas fait de cadeau. Mais en même temps c’est aussi comme ça qu’on progresse.

- Moi j’dis, faut qu’t’oublie un peu ton frangin parce qu’il est majeur et c’est plus ton rôle de veiller sur lui.
- C'est.. C'est un peu dur, tu sais. Tu dis surement ça parce que t'as pas de frère. Moi j'ai toujours cru que j'étais seule au monde et puis je découvre que j'ai un frère et puis, pouf, voilà qu'on me l'enlève à nouveau ! Il est ma seule famille...
- Tu te gourres. J’ai un frère. Plus petit. J’ai un sourire tendre comme à chaque fois que je parle de Rory. Honnêtement, je sais pas ce que je ferai s’il partait en vrille… Je serais sans doute malheureux comme les pierres. Mais tu veux que je te dises ce que ça m’a appris de devenir Major et in charge de tellement de monde que ça me donne le vertige ? Tu peux pas sauver tout le monde. C’est impossible. Bordel j’aimerais ! Mais tu peux pas. Encore moins ceux qui ne le veulent pas.
J’ai une pensée pour Vesper. Quelle connasse quand même…
- Va falloir penser à toi bichette ! Le monde est redevenu un bac à sable pour tous ! Alors va falloir expérimenter. Moi j’trouve ça plutôt cool non ?

Elle se met soudain à chanter et j’ai un sourire amusé avant de plisser les yeux et de la regarder attentivement.
- Avoue t’es une princesse Disney ? T’as une chouette voix cela dit.

Je vois son regard s’affermir, ses épaules se redresser. Clairement cette poulette à besoin de sociabiliser un poil pour ne pas se foutre le moral au raz des pâquerettes. Tout seul, je deviendrais complètement barge. Heureusement, je ne le suis jamais.

- Tu as raison. C'est comme ça que je dois voir les choses !
- Evidemment ! Ecoute la sagesse de l’homme-oiseau qui a failli crever par excès de zèle de la Nature. Je regarde le bandage propre avec un sourire. Merci pour le rafistolage ! Même si je suis un poil déçu que t’aies pas de pansement Hello Kitty mais ça fera l’affaire. Lourd soupir. Va falloir que je trouve une histoire plus rocambolesque à raconter pour ma nouvelle blessure de guerre.
- Merci Caleb, je me sens mieux de t'avoir parlé...
Je me redresse en laissant mon coude tranquille et ramasse ma super cape de super réconforteur.
- Je t’en prie Luc’ ! Un plaisir ! J’espère revoir ta jolie frimousse plus souvent dans le coin. J’te le redis, t’es la bienvenue. J’dirais même que t’as besoin de revoir un peu de monde, mais ça c’est ma psycho à deux ronds. Et y’a plein de gens qui pourraient t’aider pour ta magie bloquée. Je lui lance un dernier sourire, un clin d’œil et balance par-dessus mon épaule. Continue à chanter Raiponce ! Mais maintenant tu sais où se trouve la sortie de la Tour ! A bientôt !