I've given my words to you
I'd do it again
You know them by heart by now
You have them within

I've given my heart to you
You know its ways

Bon.
Bon, bon, bon, bon, bon.
J'appréhende un peu.
Non.
C'est pire.
J'ai grave l'angoisse qui me colle au fion.

Pas que je craigne les réactions d'Asmodée  ( Il m'a promis d'être cool ce soir, minimum syndicale de blagounettes à base de "Toy Boy" et autres joyeusetés ) c'est plutôt le tôt d'encaissement de Caleb qui m'inquiète. Je sais déjà qu'il va à ce rendez-vous à reculons. Clairement, il aurait préféré être tenu loin de mes amoureux aussi longtemps que possible. Ma mort imminente les a obligé à frayer tous ensemble plus qu'il n'aurait voulu. Sauf que, rahat, cette situation ne peut pas durer éternellement !

Surtout si je me retrouve deux fois marié-e.
Il faut au moins que je les mette en présence avec moi une fois.

J'aurais aimé que Vesper soit de la partie, mais étrangement, je n'ai plus vraiment de nouvelles depuis ma miraculeuse avatarisation. Les liens se sont distendus. Elle n'est pas souvent venue à mon chevet, on se croise à peine depuis que je suis sur deux pieds. Ca pue la rupture à plein pif et ça me rend triste.
Quoiqu'il en soit, je dérive du sujet initial.

Mon mari.
Mon mec.
Mon époux et le presque futur.
Possible ou pas ? J'en sais foutre rien.
Seulement, depuis que Caleb a planté cette petite graine d'idée dans ma caboche, elle germe et s'épanouit. Elle prend de la place.

J'en ai de plus en plus envie.

Sauf que j'aime Odin.
Nous sommes unis depuis que nous existons ou presque.
J'aime Asmodée.
C'est la personne qui me comprends et m'accepte le mieux au monde.  Avec lui j'ai appris et je ne cesserais jamais d'apprendre à aimer l'être que je suis. Avec lui, les mots sont superflus. On est. C'est tout. C'est juste évident.

Sauf que j'aime Caleb.
Nous sommes passionnément taillés l'un pour l'autre. Le coup de foudre. L'alchimie parfaite.
Là aussi l'évidence des corps avant celui des coeurs.
Je suis dingue de cet abruti. Je m'abrutis de ce dingue.
Amputez-moi de lui et je dépéris, vécu et garanti.
Je veux le rendre heureux comme Asmodée me rend heureuxse.

Sauf que vous m'emmerdez foutrement les gars à ne pas accorder vos violons. Du coup, je précipite la confrontation. Par amour pour moi, vous arriverez bien à un consensus.
Hein ?

Bref.
On toque à la porte du chalet que Ass c'est dégotté pour sa petite retraite forestière avec Jolac.  Je tiens fermement la main de Caleb dans l'une des miennes et une bouteille de vin de l'autre. C'est l'Apocalypse mais j'ai quand même envie qu'on se mette bien pour cette petite soirée de réchauffement climatique.

Jouer au roi du silence avec Salomé (je suis nul à ce jeu… grosse surprise)
Faire mes dossiers en retard.
Goûter la bouffe d’O’Shea.
Nettoyer les chiottes de la base.
Lutter au corps à corps avec un ours.
Me faire poursuivre à vie par un canard en plastique et qui fait « coin-coin » à chacun de mes pas.
Sauter en parachute sans parachute de secours.

Liste non-exhaustive de ce que je préfèrerai faire, là tout de suite, maintenant. Je l’ai construite patiemment et en silence tout en nous conduisant jusqu’à cette foutue cabane.
J’essaie de ne pas afficher une mine trop renfrognée. Après tout je me suis promis de faire des efforts.
Bon bah c’est maintenant.
Le D Day !
Et j’ai une violente envie de me carapater loiiiiiin très loiiiiiin.
EFFORT on a dit.

Donc je suis là, à me faire à moitié trainer par la main par Ciulin qui a pas l’air bien plus serein-e. J’ai même pas eu le temps de me changer et suis donc toujours en uniforme. J’ai quand même laissé mon arme dans la bagnole quand Ciulin m’a lancé un long regard entendu auquel j’ai répondu par un haussement d’épaules avant de l’abandonner dans la bagnole avec des gros yeux.
Je me sens à poil sans rien. J’ai au moins gardé le talkie… on sait jamais.
Iel m’a a moitié sauté dessus dans mon bureau. Sans préavis. Sans lettre recommandée. Sans aucune préparation.
- Tu fais chier ! je lâche entre mes dents. J’avais du taff… t’aurais au moins pu me prévenir avant.
Sauf qu’on sait que j’aurais trouvé toutes les excuses de l’univers pour me dérober à ce moment précis. Au pire je me serai roulé dans les poils du chaton jusqu’à faire une crise d’allergie. J’aurais eu un mot du docteur ! Ou j’aurais pu mettre au point un code rouge avec Devane pour qu’il me sorte de là au bout de quelques minutes…
Mais NON.

Ce qui explique que je me trouve sur le perron d’une cabane, la gueule d’un condamné à mort ou presque, le regard fuyant vers la forêt environnante et la main de Ciulin qui tient fermement la mienne. Tellement fort que j’en grimace.
- T’es pas obligé de serrer comme ça tu sais… je vais pas m’envoler… que j’ajoute avec un battement de cils innocent.

Non pas que l’envie manque ! J’ai la cape de Frigg dans la bagnole aussi. Elle fait partie de mon « kit de secours » maintenant.
J’ai un vilain nœud à l’estomac et je fusille du regard la bouteille de vin. Elle m’en tiendra pas rigueur elle. Bah oui parce qu’en plus, il a fallu taper dans les réserves pour dieu le père. Vin italien. Que j’ai au moins un allié dans cette bataille. D’ailleurs j’en viens presque à me dire que je ferai bien de la boire entièrement maintenant. Peut-être que l’alcool me rendra plus philosophe.
Putain s’ils s’embrassent je fais quoi ? Panique à bord.
Je ferme les yeux et je me bouche les oreilles comme un gosse ?
Brillante idée… c’était peut-être à ce genre de truc que j’aurais dû réfléchir plutôt que de faire cette liste à la con…

- Ciu… je t’aime mais je suis pas certain que j’…
Des pas de l’autre côté du panneau de bois m’ont font taire.  
Je dois être bien plus conditionné que je le crois parce que dès que la porte s’ouvre je prends mécaniquement l’air neutre et concentré que j’arbore en mission.


Objectif : éviter les conneries et les balles. Parce que je pressens que ça va tirer à vue et je suis pas certain d’en sortir indemne.

Extraction ? Impossible.

Probabilité de réussite ? 50%.
Restons optimiste.

Il y a un monde où on a décidé de se compliquer la vie. Toy Boy et moi, même si on a signé une trêve après les évènements nous ayant rendu Ciulin, on en est pas à l'entente cordiale. Enfin... Disons que c'est ce qui arrive avec des personnes mono-amoureuses qui veulent tenter l'expérience.

Aucun jugement de valeur.

Bon peut-être un peu.

J'inspire profondément. C'est dans ces moments que Simone me manque le plus. J'ai promis d'être moins... piquant. Ce n'est pas que j'ai une dent contre lui, c'est simplement que c'est si facile de le faire enrager que ça m'amuse  un peu trop.
En attendant, Ciulin m'a demandé de bien me tenir et je n'ai pas vraiment de raison d'aller à l'encontre de sa demande. Caleb est une personne décente qui fait énormément d'effort pour que cette relation fonctionne et ça serait être d'une mauvaise foie crasse que de dire qu'il n'est pas amoureux et qui ne s'occupe pas de Ciulin. Iel va mieux et c'est en grande partie grâce à lui.

J'entends des voix devant la porte. Je reconnais le timbre. Jolak s'étire, me lance un coup d'oeil entendu et s'échappe par la fenêtre comme un vrai félin. Il referme la fenêtre et je l'observe un moment se glisser entre les arbres avant de disparaitre.

Je m'approche de la porte et l'ouvre. Derrière moi, le four se referme et les verres s'acheminent jusqu'à la table.

... Ca aussi, ça pourrait mettre mal à l'aise Toy Boy mais c'est aussi comme ça que je vie. hmmm. Joker.
Je souris à Ciulin puis à Caleb et m'efface de devant l'entrée en épargnant les effusions devant Caleb.

Je le sais jaloux et j'ai décidé de sortir les gants.

-Bonsoir! Entrez, entrez!

Je referme la porte. L'ambiance est super étrange, ils sont tendus...

-Hum... Super, vous avez ramené du vin.

Ok. Je sais pas quoi dire. bon, bon, bon.... J'ai l'impression de leur faire passer un examen particulièrement chiant. Terrible....

- T’es pas obligé de serrer comme ça tu sais… je vais pas m’envoler…
- Te fous pas d'ma gueule, prost! J'ai déjà dû t' prendre en traitre pour pas qu't' es le temps de vraiment réfléchir à une stratégie d'fuite. J'te lâche pas tant qu'on a pas franchi c'te porte et dit c'qu'on avait à dire.

La porte s'ouvre. Ass est plus sexy que jamais et -dérapage du coeur oblige à chaque fois que je suis auprès de mon époux- je suis pris-e d'une bouffée d'amour pour lui tout a fait spontanée.

- Bonsoir! Entrez, entrez!

Je me mordille la lèvre, histoire d'occuper ma bouche à autre chose que réclamer un bisou. Pas devant Cal. C'est déjà extraordinaire d'avoir pu le trainer jusqu'ici. J'ai briefé Asmo et je suis ravi-e de constater que mon mari m'écoute -et même m'obéit- de temps à autre.

Le mot d'ordre est : ne pas brusquer le bestiau.

Je note qu'il s'y emploie avec une nonchalance qui sonne presque naturelle si je ne le connaissais pas un peu. Il n'est pas spécialement plus à l'aise que nous. Je vais ramer sévère pour tenir la chandelle entre mes deux mecs. Elle est déjà brûlée par les deux bouts.

- Hum... Super, vous avez ramené du vin.
- Bah ouais, écoute, parait qu'ça s'fait pour un dîner. C'est Caleb qu'a choisi ! Bon sauf qu'on sait pas c'qu'on bouffe et que vu l'Apocalypse faudra pas être bégueule sur l'cru et les accords..... C'est Jolak qui cuisine ? L'est où d'ailleurs c'couillon d' matou d'appart islandais ?

Je prends le partie d'avancer plus loin que le vestibule et je pousse Caleb dans le dos pour qu'il avance. On dirait que je le pousse vers la guillotine. Un plaisir !

- Tu rates la rencontre d'ta life avec un homme-panthère ou un panthèrhomme... ou... Je me tourne vers chéri n°1 pour tenter de nouer la conversation avec chéri n°2.... C'est quoi l'nom de sa race déjà ?

Je reste perplexe face à la situation. J'observe Ciulin se controler et Caleb se comporter comme un bon soldat en mission. Diable. J'ai soudainement l'impression d'être un daron à qui on présente son nouveau petit ami.

Le coup de vieux, putain.

Je ne sais pas trop comment me comporter puisque mes blagounettes habituelles sont amenées à vexer Caleb, ce qui n'est pas le but et que la proximité avec Ciulin est à proscrire. Non pas que je ne sache pas me tenir, c'est simplement étrange. Je trouve qu'on prend beaucoup de pincettes pour un non problème mais admettons. De l'eau dans le vin, tout ça. Ne pas brusquer Caleb. Entendu.

-Bah ouais, écoute, parait qu'ça s'fait pour un dîner. C'est Caleb qu'a choisi !
-Ah! Tu aimes le bon vin?

J'offre un coup d'oeil aimable et un sourire au concerné.

-Bon sauf qu'on sait pas c'qu'on bouffe et que vu l'Apocalypse faudra pas être bégueule sur l'cru et les accords...
-Oh tu sais, j'garde ce genre de considération pour les repas avec Simone.
-C'est Jolak qui cuisine ?
-Non, c'est moi.
-L'est où d'ailleurs c'couillon d'matou d'appart islandais ?
-Parti par la fenêtre. Très littéralement. Le besoin primitif d'aller gratter des arbres et feuler à la lune, j'imagine.

Je pouffe de rire en haussant les épaules alors que je les invite d'un geste à s'installer.

-Tu rates la rencontre d'ta life avec un homme-panthère ou un panthèrhomme... ou... C'est quoi l'nom de sa race déjà ?
-C'est un Jólaköttur.

Je me tourne vers Caleb.

-Ce sont des chats mystiques des forêts primitives d'Islandes. Avec la perte de leur territoire, ils sont devenu "les chats de Noël" qui jouent de mauvais tours aux humains...

Je souris à Ciulin.

-Pas une panthère, mais au moins aussi gros qu'une panthère. Jolak est un cas particulier, il a obtenu une forme humaine donc il varie d'humain à chat selon sa préférence.

Je sors une carafe à vin.

-Si tu veux mettre le vin à aérer, j'ai de l'excellente bière irlandaise au frais. les dernières que j'ai. Ca vous va?

D'un geste de la main, une série raisonnable d'apéritifs se déposent en farandole sur la table basse. Un saucisson, des tomates cerises, un terrine faite par Ged sur un pain rustique fait par je sais pas qui mais qui damnerait un saint.

-On a réussi à ramener un faisan de la chasse pour ce soir....J'espère que vous avez de la dalle et des tupperwares. Y en a pour mille.

Je reviens une bière à la main, le reste de leur verre à la queuleuleu derrière moi.

Je me fais pousser je sais pas trop comment vers l’avant, comme un condamné qui refuse d’aller vers son destin. Jolie image. Pas tout à fait fausse, pour être cent pour cent honnête. Dans la manœuvre, je sais pas trop comment j’ai hérité de la bouteille que je sers comme un bouclier entre mes doigts gourds.

Je suis pas fait pour ça.
Les situations aussi gênantes.
Jenson est toujours détendu, sociable, charmeur et blagueur. Tout ça en même temps. C’est ma marque de fabrique, merde quoi !
Ok. J’inspire un grand coup et expiration profonde.
Je vais pas me laisser emmerder et impressionner par tout ça ! J’ai vécu tellllllement pire qu’une rencontre avec un gars qui en prime semble pas m’être hostile.
J’suis avec deux dieux nordiques ? Ahaha franchement, c’est peanuts après tout ce qui s’est passé. Avec le mari de la personne que j’aime ? So what ?
J’aurais pu m’épargner tout ça et choisir la facilité. Mais nope ! Faut croire que j’aime pas ça les trucs simples.

T’as choisi tout ça mon grand ! Bah maintenant va falloir assumer. Jusqu’au putain de bout. Alors tu vas me faire le plaisir de te reprendre soldat et de t’foutre en selle.

Imperceptiblement mes muscles se relâchent et se redressent un peu – le mot clé étant un peu – mais c’est déjà mieux qu’avant.
Je jette un coup d’œil vers Ciulin pour me donner du courage.
Je me fais l’effet d’une pièce intrue et biscornue qui cherche malgré tout et obstinément à faire partie du puzzle. C’est sans doute un peu vrai.

- Bah ouais, écoute, parait qu'ça s'fait pour un dîner. C'est Caleb qu'a choisi !
- Ah ! Tu aimes le bon vin ?
Ok. Il me sourit, genre tout va bien. Genre je suis pas une épine dans son pied divin. Donc c’est à mon tour.
- Ouep. C’est le côté méditerranéen qui vaut ça, j’imagine. Du côté paternel on préférait les alcools plus forts. Ca enivre plus vite, ça fait frapper plus fort. Putain ça vient d’où ça. La nervosité me fait dire n'importe quoi ! Embraille Jenson. Du coup ça sera cuvée italienne. Et puis avoir la possibilité de boire du vin, ça veut dire que je suis pas dans le trou du cul du monde à entendre les balles qui sifflent et à bouffer de la merde.  
- Bon sauf qu'on sait pas c'qu'on bouffe et que vu l'Apocalypse faudra pas être bégueule sur l'cru et les accords...
- Ca m’chagrine beaucoup ton manque de confiance en moi. J’ai pris un truc qu’est sensé aller avec tout.

Ils papotent pendant que je fais mine de regarder le salon et que je suis soudain pris d’une série d’éternuement. Et j’ai les yeux qui piquent… Ehhhhh meerrrrrrde.

- Tu rates la rencontre d'ta life avec un homme-panthère ou un panthèrhomme... ou...
- Tu m’en diras tant…
- C'est quoi l'nom de sa race déjà ?
- C'est un Jólaköttur.
- A tes souhaits ! je balance naturellement avec mon sourire de p’tit con.

Résigné, je farfouille mes poches à la cherche de mes anti-allergiques et en avale un. Heureusement que depuis que je vis à moitié avec une boule de poils, j’en ai toujours sur moi. J’ai le droit à une explication de la bestiole en question et effectivement ça en jette pas mal.

- Plutôt classe. Malheureusement, pour mon système immunitaire à chier, ça reste un gros chat.
- Si tu veux mettre le vin à aérer, j'ai de l'excellente bière irlandaise au frais. Les dernières que j'ai. Ça vous va ?
Soupir, bon on s’en sort Jenson. Un peu d’alcool dans le sang, ça pourra qu’aider.
- Je dis pas non. Je m’occupe du vin.

Occupé ses mains, c’est toujours une bonne idée. Je croise le regard de Ciulin et lui adresse un sourire que j’espère rassurant. On a le droit d’y croire.
Mais j’essaie fort. Pour iel. Quand on y réfléchit j’ai jamais mis autant d’énergie pour « plaire » à quelqu’un. Parce que d’habitude j’en ai carrément rien à carrer de ce qu’on pense de moi.
Pendant que je fais sauter le bouchon, Asmodée fait arriver tout un tas de trucs à becqueter qui se placent gentiment sur la table et je peux pas m’empêcher de rire.
Un peu nerveusement, certes, mais aussi parce que ça fait très Mary Poppins ou Merlin l’Enchanteur son truc.

- Servir sur plateau, c’est sooo humain hein ! Si je pouvais faire la même avec mes gars parfois… ça le mettrait au garde à vous plus vite.

Le vin prêt, j’attrape un verre au vol comme si tout était normal et le tend à notre hôte pour me faire servir. En vérité, je suis assez impressionné et je siffle entre mes dents. Non pas à cause de la bouffe et des verres volants non identifiés mais plutôt par l’abondance de ce qu’il ramène.

- Bah merde ! On attend du monde ? Tu te fous pas de la gueule des gens quand tu reçois toi… T’es sûr que t’es dans le même Apocalypse bordélique que nous ?
- On a réussi à ramener un faisan de la chasse pour ce soir... J'espère que vous avez de la dalle et des tupperwares. Y en a pour mille.
- Toujours la dalle. C’est faux, j’ai le ventre noué mais on va faire honneur à toute cette bouffe ! Et si le doggybag est inclus en prime… Sympa la bicoque. Bon faut aimer le style qui crie « venez m’assassiner dans ma cabane au fond des bois où personne ne m’entendra crier » mais sinon ça doit être sympa le calme. Et puis c’est sans doute pas le genre de considération qui inquiète un dieu/démon/chef d’une organisation très très secrète/… euh y’a autre chose ?

Tu parles d’un cv… Allez c’est pas une compet mon gars…
Une fois qu’on est tous servi et que le silence revient je lève légèrement mon verre.
- Bon… on trinque à quoi ?

Après cette rencontre, je demande un jour ou deux de congés… ça me vide de mon énergie tout ça. Je dévisage Ciulin puis son divin et unique mari… pour le moment.
Et puis je me dis que ça vaut le coup.

La conversation débute, timide. Le plus dur c'est de démarrer. J'essaie de rassurer autant que possible Caleb à chacune de ses œillades d'appels au secours et j'échange avec Asmodée des regards d'excuse. Je sais où niche cette foutue et elle vient fondamentalement pas de lui. Dans son rapport biaisé de mono-amoureux, Caleb n'arrive fondamentalement pas à se faire à l'idée qu'Ass puisse accepter sa présence. Il s'imagine forcément une hiérarchie, de la possessivité et de la jalousie. Il a fait beaucoup de chemin pour moi, mais sa déconstruction prend fatalement du temps. Je me sens coupable de le forcer à ça, tout en imposant ce petit bordel à mon mari divin. Ils prennent beaucoup sur eux pour me contenter.

La culpabilité me dévore depuis Antoine et elle met le pied dans la porte dès qu'elle sent un courant d'air de stress dans ma cervelle.

- Servir sur plateau, c’est sooo humain hein !
- Arrête, je fais la même dès que j'ai l'occase, que j'balance en me laissant tomber dans le seul fauteuil solo. Il devront squatter le canapé à deux. Proximitéééééé ! Tu crois que j'use mes mimines pour ranger la piaule ?
- Si je pouvais faire la même avec mes gars parfois… ça le mettrait au garde à vous plus vite.
- J'les fouttrais au pas si ça t'enjaille à ce point !
- Bah merde ! On attend du monde ?
- A part ce gros fuyard de Jolak ? Nope !
- Tu te fous pas de la gueule des gens quand tu reçois toi… T’es sûr que t’es dans le même Apocalypse bordélique que nous ?
- Fais pas ton surpris. C'est tout du fait maison. Le tomates c'est la dernière variété que Sal a semé nan ?
- On a réussi à ramener un faisan de la chasse pour ce soir...
- T'vois ?!
- J'espère que vous avez de la dalle et des tupperwares. Y en a pour mille.
- Toujours la dalle. Et si le doggybag est inclus en prime…
- Oh ! Et ce serait pas les premières fournées avec le blé de chez Gaff cuite par les p'tits efrits d'Amon ?... J'croyais qu'on était banni d'l'école après l'bordel que j'y ai mis ? T'as vu Amon d'puis... mon.. euh.. "réveil" ?

Je pioche allégrement dans l'apéro tout en décapsulant ma binouze.

- Sympa la bicoque. Bon faut aimer le style qui crie « venez m’assassiner dans ma cabane au fond des bois où personne ne m’entendra crier » mais sinon ça doit être sympa le calme. Et puis c’est sans doute pas le genre de considération qui inquiète un dieu/démon/chef d’une organisation très très secrète/...

Je pouffe en mâchouillant sans grâce.

- Plus si secrète.
-… Euh y’a autre chose ?
- T'as du oublier un "prince" qu'é'que part et chaman aussi... Et 1er prix du concours "Torso Smex" lors de la session T-shirt-mouillé de l'Eden's Rest 2020. Mais chais pas si ça compte. Je me marre.
- Bon… on trinque à quoi ?
- Au fait d'être en vie, déjà, que je rétorque avec un grand sourire. J'abandonne mes taquineries pour me faire plus grave. Et au fait que vous soyez là, tous les deux, à ma demande. Vous êtes les deux hommes de ma vie et je suis couillonnement ému-e d'vous voir réunis dans la même pièce. Je sais que c'est pas évident pour toi, Cal, et je te remercie de faire tous ses efforts. Je me tourne vers Asmodée. Et j'aurais dû être honnête dès le début, à toi et à Vesper. J'le regrette, même si chais bien qu't'as toujours su lire en moi comme dans un livre ouvert. Si faut porter un toast, ben ce serait à vous deux. J'ai une chance d'guedin d'vous avoir dans ma vie et dans mon coeur. Je rosis un peu et grimace. C'était grave cheesy, hein ! Ahahah !

Caleb y met du sien, il est visiblement mal à l'aise et ça me donne envie de rire mais je me contiens. Inutile de manquer de tact à ce point. Ca serait assez contreproductif. Si seulement, j'avais une connexion 4G, j'enverrais des commentaires en gif à Simone. Malheureusement, l'apocalypse m'a retiré ce petit plaisir simple et pourtant si important. Unseelie n'arrêtera donc jamais ses ignominies, il fallait qu'elle nous prenne MEME les gif.
Je les écoute discuter en restant en retrait, non pas parce que je sens un malaise mais plutôt pour observer leur relation et sourire. Ils sont mignons.

-Les tomates c'est la dernière variété que Sal a semé nan?
-Oui et figure toi que j'ai trouvé, chez les Dormeurs un vieux démon fana de potager. Du coup, le mec est en train de planter et d'organiser ses p'tites graines, c'est incroyable. J'ai passé l'après-midi d'hier déblayer du terrain pour lui et son duo.

La conversation s'enchaine avec plus de fluidité et je ramène donc les bière pour ensuite leur expliquer ce qu'il y a programme du repas. On a de la chance de ne pas manquer et que les gens aient été réactifs sur la nécéssité de créer et de planter. Les plans de Sal aident aussi pas mal. Clairement. Tomber sur un gars comme Lloyd parmi les Dormeurs a été une sacré aubaine. Il n'a pas les pouvoirs du Jardinier des Enfers mais il a la main verte et c'est déjà une sacrée compétence à avoir ici.

- Sympa la bicoque. Bon faut aimer le style qui crie « venez m’assassiner dans ma cabane au fond des bois où personne ne m’entendra crier » mais sinon ça doit être sympa le calme. Et puis c’est sans doute pas le genre de considération qui inquiète un dieu/démon/chef d’une organisation très très secrète/...
-Moui, les assassinats de couloirs ou de cabanes font pas trop parties des mes considérations actuelles. A moins qu'on soit au Pandémonium, bien sur....

Je bois tranquillement ma bière et m'installe à coté de Caleb, sacré Ciulin.

-Plus si secrète.

Je hausse les épaules, malicieux.

-Euh y'a autre chose ?
-- T'as du oublier un "prince" qu'é'que part et chaman aussi... Et 1er prix du concours "Torso Smex" lors de la session T-shirt-mouillé de l'Eden's Rest 2020. Mais chais pas si ça compte.
-Je crois que ça compte. Oui et Prince Démon, pour le moment.

Je lance ça pensivement. Magni, les berserker, Jolak.... Tout ça me revient en tête à la manière d'une vague froide des mers nordiques.

-Bon... on trinque à quoi?
-Au fait d'être en vie, déjà.

Ciulin devient sérieux alors je reste silencieux et j'écoute.

-Et au fait que vous soyez là, tous les deux, à ma demande.

...Disons que c'est chez moi, du coup... Je le pense mais je ne le dis pas.

-Vous êtes les deux hommes de ma vie et je suis couillonnement ému-e d'vous voir réunis dans la même pièce. Je sais que c'est pas évident pour toi, Cal, et je te remercie de faire tous ses efforts.

Iel se tourne vers moi et je l'observe avec un sourire tranquille.

-Et j'aurais dû être honnête dès le début, à toi et à Vesper. J'le regrette, même si chais bien qu't'as toujours su lire en moi comme dans un livre ouvert. Si faut porter un toast, ben ce serait à vous deux. J'ai une chance d'guedin d'vous avoir dans ma vie et dans mon coeur. C'était grave cheesy, hein ! Ahahah !

Je souris et entrechoque les bouteilles, silencieux avant de dire.

-J'aimerais éclaircir une chose, avant tout. Tu n'as pas manqué d'honnêteté : tu as toujours été libre de tomber amoureux.euse de qui tu voulais. Mariage mystique ou pas. Tu as parfaitement le droit de ne pas m'en parler.

Je me tourne vers Caleb.

-Ta relation avec Ciulin ne regarde que toi et Ciulin, si c'est ton souhait. S'il y a besoin d'aide pour quoique ce soit, je serai là, si c'est ton souhait et celui de Ciulin. Mes limites seront les votres et c'est le cas depuis le début. Navré si je n'ai pas été clair de ce point de vue là.

J'ai un sourire malicieux.

-J'ai tendance à être un sale petit con.

J'inspire doucement avant de dire.

-Je propose qu'on trinque à Ciulin. Qui aura sorti les rames pour nous foutre dans la même pièce.

Je tends de nouveau ma bière.

- Bon... on trinque à quoi ?
- Au fait d'être en vie, déjà.
- Un petit miracle en soi, j’acquiesce.

Et puis le ton de Ciulin change et l’atmosphère se met au diapason.

- Et au fait que vous soyez là, tous les deux, à ma demande.
Je me souviens pas tellement avoir eu une demande officielle, c’était plutôt une sorte d’ordre en fait. Mais bon j’imagine que c’est jouer sur les mots. Et pour une fois je ferme ma grande gueule.
- Vous êtes les deux hommes de ma vie et je suis couillonnement ému-e d'vous voir réunis dans la même pièce. (Allez, on essaie de sourire. Dans les deux y’a moi. C’est déjà pas si mal, hein ?) Je sais que c'est pas évident pour toi, Cal, et je te remercie de faire tous ses efforts.

Je détourne mes yeux de ceux de Ciulin pour les plonger dans ma bouteille comme si elle recélait les plus grands mystères de l’univers. Par pudeur sans doute. Y’a qu’avec mes sentiments que je le suis. Surtout assis à côté de son mari.  

- Et j'aurais dû être honnête dès le début, à toi et à Vesper. J'le regrette, même si chais bien qu't'as toujours su lire en moi comme dans un livre ouvert. Si faut porter un toast, ben ce serait à vous deux. J'ai une chance d'guedin d'vous avoir dans ma vie et dans mon coeur. C'était grave cheesy, hein ! Ahahah !
C’est sans doute ça le doux-amer. J’ai encore du chemin à faire pour me débarrasser de l’amer, en espérant que j’y arrive un jour. Mais bon… après tout c’est mon problème et c'est qu'à moi que ça fait du mal. Si je peux vivre avec…
- Grave cheesy et grave mignon, j’approuve doctement en cognant ma bouteille avec les leurs. J’en tiendrais compte pour la note que je fouterais pour l’ambiance du dîner dans les chiottes tout à l’heure.
- J'aimerais éclaircir une chose, avant tout. Tu n'as pas manqué d'honnêteté : tu as toujours été libre de tomber amoureux.euse de qui tu voulais. Mariage mystique ou pas. Tu as parfaitement le droit de ne pas m'en parler.

Je trouve toujours cette conception de l’amour absolument trop bizarre. J’y peux rien. En même temps je les envie. Ca a l’air bien plus reposant pour le cœur et la caboche. Et pendant que je me dépatouille avec tout un tas de sentiments contradictoires, lui joue les Bouddha tranquille. Dans une autre vie, je veux être un Bouddha tranquille aussi siouplait.
Il se tourne vers moi. Oula…

- Ta relation avec Ciulin ne regarde que toi et Ciulin, si c'est ton souhait.
- J’aime autant ouais… au moins… tant que j’aurais pas… digéré ce qu’il y a à digérer.
- S'il y a besoin d'aide pour quoique ce soit, je serai là, si c'est ton souhait et celui de Ciulin.
- Euh… de l’aide pour quoi exactement ?
- Mes limites seront les vôtres et c'est le cas depuis le début. Navré si je n'ai pas été clair de ce point de vue-là.
- J’apprécie. Vraiment.
- J'ai tendance à être un sale petit con.
Est-ce que je lui rends son sourire ? C’est possible.
- On parle le même langage.
- Je propose qu'on trinque à Ciulin. Qui aura sorti les rames pour nous foutre dans la même pièce.
- A ce propos va falloir qu’on discute de ce kidnapping sur officier supérieur, je fais en me tournant vers Ciulin. Ca va chercher loin… Bon on peut picoler maintenant ou on doit encore trinquer à quelque chose ?

Tout le monde y est allé de son petit discours qui vient des tripes ou du cœur, je suppose que c’est mon tour. On trinque à nouveau et cette fois, je peux ENFIN goûter à ma bière. Je vais en avoir besoin. Parce qu’étaler mes sentiments devant un presque inconnu c’est pas tellement mon truc. Du coup je replonge dans la contemplation de ma bouteille avant de prendre une inspiration.

- J’suis désolé, je commence. Pas d’être tombé amoureux de toi, je poursuis en relevant brièvement les yeux vers Ciulin, mais de pas être… comme vous. Et que ça foute le bordel dans votre équilibre. Petit rire. Même si c’est ma spécialité le bordel… Ouais, j’suis jaloux, possessif et envieux. J’hausse mes épaules. Franchement si j’pouvais j’arrêterai, parce que ça me pompe une énergie de dingue mais… j’suis comme ça. Et je sais que c’est des notions qui vous passent au-dessus comme votre conception du couple me laisse franchement perplexe. Je prends une autre gorgée. Mais j’essaie de me soigner. A une vitesse d’escargot asthmatique, on est d’accord, mais voilà… Parce que je veux que ça marche, je fais un vague geste entre nous trois, ça là… parce que j’arrive clairement pas à mettre un mot sur le « ça ».

Et deux gorgées pour la route. Putain elle est où Vesper au fait ? Non parce que s’il faut que je recommence tout avec elle, flinguez-moi maintenant.  

-Je crois que ça compte. Oui et Prince Démon, pour le moment.
- Tu es un dieu avant toute chose, que je balance. Tu es Odin.

Je m'irrite de cette hésitation en Frigg. Je lui ai rendu sa lance, bordel de fion, il est temps qu'il se reprenne en main !
On trinque.
Je toaste.
Je tartine tout le monde de mon sentimentalisme. On est hydratés pour un bon mois.

-J'aimerais éclaircir une chose, avant tout. Tu n'as pas manqué d'honnêteté : tu as toujours été libre de tomber amoureux.euse de qui tu voulais. Mariage mystique ou pas. Tu as parfaitement le droit de ne pas m'en parler.
- Mais j'aime partager les choses avec toi, hjartað mitt et je n'ai jamais eu de secret pour toi...

Et à ce moment précis, j'ignore si c'est encore Frigg qui s'exprime ou moi. Le fait est que c'est la verité : j'apprécie notre complicité, notre équité et la manière dont nous nous considérons sur un pied d'égalité. Ici, comme sur le Hlidskjalf.
Avec une profonde tendresse, j'observe mes deux chéris échanger à bâtons rompus sur la situation. Voir fleurir leurs sourires taquin si craquants (bon.. j'ai peut-être un truc pour les "petits cons") fait s'épanouir le mien. J'ai le coeur qui déborde d'amour, j'ai envie d'en foutre partout, c'est dégeulasse.  
Je note que l'absence de Vesper ne me pèse presque pas. C'est d'une tristesse, putain ! J'ai admis sans batailler qu'elle ne voulait plus de moi. Je crois que notre relation était déjà salement abîmée sans qu'on en soit conscient l'un l'autre.

- J’suis désolé, je fixe mon regard sur Caleb qui cherche ses mots. Pas d’être tombé amoureux de toi, mais de pas être… comme vous. Et que ça foute le bordel dans votre équilibre. Même si c’est ma spécialité le bordel… Ouais, j’suis jaloux, possessif et envieux. Franchement si j’pouvais j’arrêterai, parce que ça me pompe une énergie de dingue mais… j’suis comme ça. Et je sais que c’est des notions qui vous passent au-dessus comme votre conception du couple me laisse franchement perplexe. Mais j’essaie de me soigner. A une vitesse d’escargot asthmatique, on est d’accord, mais voilà… Parce que je veux que ça marche...ça là…

Je me tourne avec un sourire resplendissant vers Asmodée.

- Tu comprends pourquoi je l'aime ? Que je fais comme une évidence. J'ai un petit gloussement con de grosse pucelle énamourée. Ce "ça" comme tu dis, c'est important à mes yeux. C'est un "ça" dont Vesper c'est exclue toute seule... J'arbore une expression blessée malgré mon envie de pas m'attarder sur cette plaie encore saignante. Même si vous devenez pas les meilleurs potes du monde et que chacune d'vos relations avec moi ne regarde pas l'autre, j'me suis dit qu'c'était important que vous ayez conscience l'un l'autre d'à quel point vous êtes super chouettes. Je me gratte le pif en rosissant. P'tain j'ai l'élocution d'un gosse de quatre ans, mais vous avez saisi l'idée.

Je prends une inspiration, parce que je vais entrer dans le vif du sujet. J'ai jamais eu aucune patience.

- Si on est là aujourd'hui, chez toi chéri, c'est qu'on aimerait discuter d'un truc. Un truc qui, d'mon point de vue t'concerne aussi. On est mariés "mystiquement", comme tu dis. Toi et moi on a jamais eu besoin d'une aut' cérémonie que l'pacte d'amour Ásatrú qu'on s'est fait tous les deux. T'es mon époux aux yeux des Dieux. J'aimerais également pouvoir avoir c' type de lien avec Caleb, aux yeux des hommes....... Je me râcle la gorge. En bref... On aimerait se marier et on voudrait ta bénédiction. Ricanement. Enfin, moi surtout. Dans mon idéal un peu fleur bleue, c'est toi qui nous marie. Mais j'vais pas pousser mémé dans les orties non plus.

Après une telle mise à nue, j’ai besoin de me rassembler un peu. Le sourire de Ciulin m’aide pas vraiment.
- Tu comprends pourquoi je l'aime ?
- Oui. Ca parait assez évident.
Je me laisse tomber dans le fond du canapé, les épaules un peu moins tendues.
- Mon formidable p’tit cul ? je balance avec une nonchalance presque naturelle. J’ai l’impression d’avoir le cœur un peu moins lourd. Et cette mince amélioration me fait du bien. C’est vrai, on en fait plus des comme ça…
- Ce "ça" comme tu dis, c'est important à mes yeux. Je hoche la tête. Je le sais. C’est bien pour ça que je fais des efforts. C'est un "ça" dont Vesper c'est exclue toute seule.

Je jette un coup d’œil à Asmodée pour jauger de sa réaction mais le mec reste bouddhiquement imperturbable… sérieux faut qu’il m’apprenne son truc. Cela dit j’ai absolument aucune idée du lien qui l’unie à Vesper. Elle semble avoir disparue des radars. J’avais cru comprendre qu’ils étaient tous les trois « en couple » mais comme c’est un peu flou pour moi et que ça m’intéressait que de loin en fermant un oeil, j’ai peut-être tout compris de travers.
Le fait est que ça doit chagriner Ciulin. Globalement ce qui le blesse me fait chier mais je peux pas m’empêcher de me dire : « Tant pis pour elle, tant mieux pour moi. » On trouvera comment soigner cette blessure-là.

- Même si vous devenez pas les meilleurs potes du monde et que chacune d'vos relations avec moi ne regarde pas l'autre, j'me suis dit qu'c'était important que vous ayez conscience l'un l'autre d'à quel point vous êtes super chouettes. P'tain j'ai l'élocution d'un gosse de quatre ans, mais vous avez saisi l'idée. Si on est là aujourd'hui, chez toi chéri, c'est qu'on aimerait discuter d'un truc.

OH. Je lève les yeux vers Ciulin. Non ? Iel va quand même pas…
Ils se disent des trucs mais mon cerveau suit pas tout. D’ailleurs je me demande si j’ai pas arrêté de respirer, voire de vivre pendant quelques secondes. Genre statue de sel.
- T'es mon époux aux yeux des Dieux. J'aimerais également pouvoir avoir c'type de lien avec Caleb, aux yeux des hommes...
Oh bordel de putain de merde… iel l’a fait !
- Excellente idée.
Pardon ?
- En bref... On aimerait se marier et on voudrait ta bénédiction.
Ah non, moi j’m’en tamponne. Pourquoi la fonction « parole » fonctionne plus ? Je dois peut-être reset.
- Enfin, moi surtout.
Merci de répondre pour moi !
- Dans mon idéal un peu fleur bleue, c'est toi qui nous marie. Mais j'vais pas pousser mémé dans les orties non plus.
RE pardon ? Ouais poussons pas Nonna dans les orties ni le bouchon un peu trop loin, Ciulin !
- Ça serait un honneur mais la décision ne me revient pas. Si tu voulais ma bénédiction, tu l'as. Pour le reste, je vous laisse décider. Une fois de plus, je serais là s'il y a besoin. C’est possible que je sois passé dans une autre dimension. Tu me demandais quel genre d'aide. Ça par exemple, je peux vous aider à organiser ça. Une fois de plus, je me tiens à disposition. Pendant un instant je l’imagine parcourir des magazines de mariage en goûtant des pièces-montées tout en donnant son avis sur tes costumes trois pièces. J’ai le coin des lèvres qui frémit et suis à deux doigts de craquouiller. En tout cas, c'est une excellente idée. Vous rayonnez tous les deux.

Je rayonne ? Va falloir que je relance la machine là, sinon je risque de crever bêtement ici et maintenant.
J’encaisse le surnaturel les doigts dans le nez, mais pas l’annonce de mon propre mariage… que j’ai demandé !
La vie…
Je me rassois au bord du canapé, attrape une nouvelle bouteille et la bois d’une traite.
Ok ça va mieux.
Je jette un œil vers Asmo.
- T’es… ok ? Juste… comme ça ? Puis vers Ciulin. Donc… on peut se marier ? Pour de vrai ? Moi aussi je m’exprime comme un vrai gosse.

J’ai peut-être du mal à réaliser complètement ce qui se joue dans cette pièce mais mon sourire à mille watts semble avoir capté mieux que moi quand je dévore Ciulin des yeux. J’ai la soudaine envie d’aller lui bouffer la bouche et puis de…
Oulà on se calme Major !
Ils se sont bien tenus – sans doute à cause de ma présence – c’est la moindre des choses que je dérape pas non plus. Je passe une main dans mes cheveux avec un petit rire.

- Putain j’suis fiancé. C’est improbable ! Bah… merci pour la bénédiction. Attendez… faut que je le redemande mieux que ça parce que la dernière fois c’était un peu à chier.
Je commence par croquer le centre d’une rondelle de saucisson pour en faire un anneau improbable. Puis je me gratte la gorge et vient me percher sur le dossier du fauteuil de Ciulin et plante mes yeux dans les siens, le morceau de sauciflard entre les doigts comme si c’était un objet hyper précieux.
- Ciulin Mari, tu veux bien me faire l’honneur de m’épouser ? Je t’en voudrais pas si tu bouffes ma magnifique bague de fiançailles, j’ajoute plus bas, les yeux pétillants.

Si j'étais convaincu-e que mon cher mari nous donnerais son feu vert, j'en demeure quand même hyper content-e qand il confirme avec son éternel sourire peinard. Ca troue le joli petit cul de Caleb

- T’es… ok ? Juste… comme ça ? Il me regarde avec des yeux ronds comme flanc. Donc… on peut se marier ? Pour de vrai ?

Je me marre.

- Bah ouais, écoute !

Mon beau soldat met un certain temps à réaliser. Rahat, qu'il est mignon avec sa gueule de gosse réjoui qui vit son meilleur Noël. J'échange un regard de connivence attendri avec Ass. J'ai une banane d'enfer.

- Putain j’suis fiancé. C’est improbable ! Bah… merci pour la bénédiction. Attendez… faut que je le redemande mieux que ça parce que la dernière fois c’était un peu à chier.

A mon tour de le fixer avec des mirettes ébahies.
Qu'est-ce qu'il branle avec sa rondelle de sauciflard ?
Il met genoux à terre là ? On est d'accord ?! Je regarde mon démon divin avec un brin de trac idiot.

- Ciulin Mari, tu veux bien me faire l’honneur de m’épouser ?

J'éclate d'un rire nerveux parce qu'ému, très ému.

- Oui, j'le veux...
- Je t’en voudrais pas si tu bouffes ma magnifique bague de fiançailles.

Je le laisse me mettre la "bague" au doigt.

- C'toi qu'j'v'ais bouffer..

Je l'attrape par le col, le hisse à moi et, dérogeant un peu à la règle que je me suis fixée pour la soirée, lui roule un patin infernal. L'atmosphère s'est allégée d'un coup ! On va pouvoir enfin s'amuser et fêter la bonne nouvelle.

Mais parfois les fils de la destinée se rompent.
Parfois ce que l'on gagne d'un côté,
Nous le perdons de l'autre.

Le téléphone portable de Caleb bipe dans sa poche de treillis. Le Lieutenant-Colonel Salomée Sparklewhite tente de le joindre et laisse finalement un message sur le répondeur. "Bonsoir. Je cherche à contacter Ciulin Mari. J'ai une mauvaise nouvelle à lui annoncer au sujet de son amie Vesper."