Après leurs ébats, Neorvrim a fini par s’endormir, harassé de fatigue, l’esprit bouillonnant de questions sans réponse et le corps flottant encore dans une bulle orgasmique.
Lorsqu’il a réouvert les yeux, l’après-midi touche déjà à sa fin et Rory veillait sur lui. Il se trouve à nouveau tout emmitouflé sous les couvertures le corps désagréablement tiède.
Sans la présence de Gi-Ja au creux des draps, sa température corporelle a chuté drastiquement et les frissons ont repris du service.
Le jeune homme, qui est visiblement en train de travailler, lève le nez des feuilles qu’il est en train d’annoté et lui offre son sourire lumineux.

- Salut !
- Bonjour Rory. Ou bonsoir. Quelle heure est-il ?
- Presque dix-huit heures. Tu as pratiquement dormi pendant deux jours.

Le dragon tousse. Presque oui. Quand il n’était pas occupé à se faire câliner par le Caporal Cosgrave ou expérimenter les plaisirs que ce corps a à offrir. Il est presque certain que le simple fait d’y penser vient de réchauffer ses sangs. Et pourtant, il n’a aucune idée du comportement à adopter avec Gi-Ja à présent. Il ne connait aucun des codes qui s’appliquent dans ce genre de situation et se rend compte qu’il ne peut s’en ouvrir à personne au risque de révéler le secret du caporal. Et il a bien compris à quel point il tenait à ce qu’il ne filtre pas.  
Hailey peut-être ?
Il ne voit bien qu’elle…

- Tu nous as fait peur, tu sais ? Tu étais dans un sale état lorsqu’ils t’ont ramené.
Neorvrim esquisse un sourire en revenant à son garde malade et se redresse un peu dans le lit.
- Je suis navré. Votre inquiétude à tous me touche beaucoup.  
- Ne t'excuses pas. Je sais ce que tu as fait.

Le jeune Rory repose ses affaires au sol et s’arme d’une drôle de machine qu’il fait biper sur le front du dragon. Son visage se plisse avant qu’il ne jette un coup d’œil à une feuille.
- 36°, t’es moins chaud que ce matin. Pourtant le chauffage tourne à fond et Gi-Ja a même rajouter des couvertures.
- A propos du caporal Cosgrave, t’a-t-il dit s’il comptait revenir ou… ?
Rory hoche la tête.
- Oui, dès qu’il a fini à l’atelier. Caleb veut le faire travailler sur une sorte de lance-flamme pour le Brouillard. Je crois que tu l’as inspiré.
L’idée le fait rire mais il part soudain dans une toux fumante qui ne fait que renforcer l’inquiétude du jeune homme.
- C’est normal ça ?
- Non … et oui.
- Bref, Gi-Ja a dit qu’il repasserait te voir. Il jette un coup d’œil à sa montre… dans peu de temps maintenant j’imagine. Le garçon laisse filer un silence avec de reprendre sur un ton plus doux. C’est chouette que vous passiez du temps ensemble. Avec Gi’.
- Ah oui ? Pourquoi ?
- Il est plutôt du genre… solitaire. Et même quand il était dans une pièce remplie de plein de monde, il était là sans être là. Mais depuis que t’es là, il est vachement plus ouvert, je trouve. Et toi t’as l’air de bien t’adapter à… bah nous tous et la situation. Du donnant-donnant.
- Tu es très observateur.
Le jeune homme hausse les épaules.
- Je fais juste attention aux gens. Tu dois avoir faim non ? Bouge pas, je vais te chercher un truc. Tu as quelques repas à rattraper.
Lorsqu’il ouvre la porte, il tombe nez à nez avec le caporal Cosgrave qui tient un plateau repas entre les mains.
- Oh ! Justement on parlait de toi ! Neorvrim demandait si tu allais repasser… ah bah j’allais chercher de quoi nourrir notre dragon ! Du coup je vous laisse. Repose-toi bien Neorvrim !
- Merci Rory.
En passant devant le soldat, Rory lui glisse à voix basse.
- Surveille-le bien, sa température à chuter depuis ce matin.

Il s’éclipse finalement, les laissant seuls, et le dragon ne peut s’empêcher de regarder le soldat avec une intensité troublante. Il n’a jamais remarqué à quel point il le trouvait séduisant de bien des façons. De ses yeux sombres étirés, à la petite moue de cette mouche qui semble quémander des baisers à la perfection de son corps taillé par l’entrainement et marqué de nombreux dessins. Jamais pourtant il n’a été plus beau qu’au moment où il a joui de leurs deux corps étroitement enlacés.  

- Bonsoir, Gi-Ja.  

No, it's too much, burn my sun
Up in flames we go you fire breather
Ash your dust on my door, smoke rise
Tryin' to survive inside your arms

Il a bien fallu partir, quitter la contemplation de son visage endormi. Paisible. Gi-Ja a le coeur qui se sert chaque fois qu'il s'attarde un peu trop à regarder Neorvrim. Il s'abime une dernière fois dans le décompte des grains de beauté sur son visage puis dépose un baiser léger sur son large front. Il sort du lit, se rhabille malgré l'inconfort de leurs fluides répandus sur sa peau, et l'emmitoufle dans les couvertures avec un soin attentif.

- 잘 자, 나의 보물...

Le soldat le quitte à regret, emportant le plateau de nourriture apporté par Hailey. Sous la douche, il se laisse aller à la rêverie, revivant les caresses prodiguées par son dragon, revoyant ses expressions surprises et alanguies dès qu'il clôt les paupières. Malheureusement, loin de la chaleur de sa présence, de bien mauvaises pensées s'infiltre dans son esprit.
Il est son premier. Passé la surprise de la découverte, se lassera-t-il ? Voudra-t-il retrouver des chemins plus conventionnels, expérimenter avec d'autre ?
Dès lors qu'elles apparaissent, la culpabilité revient, galopante : celle d'être un sale type pervers. Anormal.

"La normalité n’est qu’un mot sans consistance."

La voix grondante et douce de Neorvrim emplit sa pauvre tête et balaie momentanément ses angoisses. "Oui. C'est moi qui décide de ma normalité !"profère-t-il en silence en affrontant son reflet dans le miroir.
Ce matin dans le mess, on l'assaille de questions, de vannes aussi sur son air crevé. Il se contente d'un rictus en coin sans répondre à personne. Par contre, à la surprise générale, il vient subitement enlacer Hailey par derrière et lui coller un bécot sur la tempe. Même elle n'en revient pas.

- Merci.
- Pourquoi ?
- Pour tout, fait-il simplement avec un large sourire, si lumineux que la plupart des observateurs en reste sans voix.
- Qu'est-ce qu'il a voulu dire ? s'enquiert O'shea en lorgnant sur Cosgrave qui s'éclipse en cuisine.
- T'occupe, fait la donzelle avec une expression féline. C'est une question d'ardoise...

Devant les fourneaux, le caporal a dans l'idée de préparer un bon plat de bœuf en sauce, une spécialité de sa mère, pour le réveil de son compagnon à écailles. Il laisse évidement un petit mot en précisant de laisser mijoter sur feu doux, qu'il reviendra checker et un post scriptum spécifique pour Eghan précisant "qu'il le fumera s'il découvre qu'il a encore tapé dans sa bouffe".

La journée est difficile à tenir.
Elie est aussi volubile qu'erratique : la cadrer pour lui permettre de donner à ses projets tout l'essor qu'il peut lui offrir est ardu. Surtout si le Major y met son grain de sel en déboulant en fanfare pour balancer une idée "révolutionnaire" de lance-flammes. En milieu d'après-midi, la Dormeuse lui suggère de faire une sieste et qu'elle le couvrira. Il saisit l'opportunité avec une sincère gratitude. Son plat est prêt, il n'aura plus qu'à le réchauffer tout à l'heure avant de prendre le relais de Rory au chevet de Neorvrim.

C'est donc reposé, muni d'un plateau fumant humant divinement bon, et avec une appréhension grimpante qu'il se rend dans la chambre du dragon. La porte s'ouvre avant même qu'il ne toque, sur le visage rayonnant du plus jeune des Jenson.

- Oh ! Justement on parlait de toi !
- Ah bon ?
- Neorvrim demandait si tu allais repasser… ah bah j’allais chercher de quoi nourrir notre dragon ! Du coup je vous laisse. Repose-toi bien Neorvrim !
- Merci Rory.
- Surveille-le bien, sa température à chuter depuis ce matin, glisse Rory en aparté à Gi-Ja qui hoche sobrement la tête.

Ce matin.
Il a donc véritablement réussi à le réchauffer.
"Ne rougis pas... Ne rougis pas..."
L'humain croise le regard du dragon et oublie jusqu'à son prénom. Voilà que des étincelles pétillent à nouveau dans sa poitrine. Son expression s'attendrit et ses prunelles soutiennent l'intensité de celles de son ami amant.

- Bonsoir, Gi-Ja.
- Salut, Neo.

Il s'approche et vient asseoir une fesse sur le bord du lit.

- Comment tu te sens ? Je t'ai préparé du soe galbijim avec les moyens du bord. Je me suis dit que tu aurais besoin de viande au réveil.

Il pose le plateau sur la table de chevet et aide le draconien à se redresser pour manger, puis, sans prévenir -sans réellement le préméditer non plus - il chute jusqu'à sa bouche et y dépose un baiser. Il lève les yeux pour observer sa réaction, juste pour se confirmer à lui même qu'il n'a pas inventé tout ce qu'il ont fait au petit matin.

- Bonsoir, Gi-Ja.
- Salut, Neo.

Des mots banals qui ne traduisent en rien le langage de leurs regards qui expriment bien mieux le tumulte que la présence de l’un provoque à l’autre.
Il note toutefois son air chiffonné et fatigué et s’en veut terriblement de lui avoir infligé une nuit – et un début de matinée – mouvementé.
Ses yeux tombent alors sur le plateau et la bonne odeur qu’il dégage et un appétit plus stomacal se fait entendre. Depuis quand n’a-t-il pas mangé ?

Il en a l’eau à la bouche alors que Gi-Ja vient s’assoir sur le lit.

- Comment tu te sens ?
- Je songe à mordre la prochaine personne qui me posera la question, répond-il avec un sourire amusé avant de rouler des yeux. Je vais au mieux. Fatigué mais j’en ai déjà assez de cette chambre et de me faire dorloter comme un dragonneau à peine sorti de l'oeuf.
- Je t'ai préparé du soe galbijim avec les moyens du bord.
- Bœuf mijoté, c’est cela ? Cela sent divinement bon !
Divin… il a utilisé ce terme pour tout autre chose ce matin et ce souvenir étire un sourire plus gourmand sur ses lèvres.
- Je me suis dit que tu aurais besoin de viande au réveil.
- Tu n’as pas idée à quel point ! Merci Gi-Ja, il ne fallait pas te donner cette peine.

La prévenance de l’humain est aussi tendre qu’elle est contrariante. Cela dit, le manque de nourriture l’a plus affaibli encore et il est bien contraint d’accepter son aide pour se redresser. Enfin calé et entouré d’autant de couverture que possible, Gi-Ja le gratifie d’un baiser qui fait aussitôt crépiter sa poitrine et le réchauffe un peu.

Ainsi, le caporal souhaite poursuivre ce qu’ils ont entamé ce matin. Du moins pour les baisers.
Le dragon s’en trouve profondément soulagé et revient chercher ses lèvres lorsqu’elles lui échappent trop rapidement avec un petit grondement contrarié. Il est étonnant de voir à quel point les baisers des humains peuvent être différents et traduisent des émotions bien mieux que des paroles.

En l’occurrence son soulagement, son manque de lui, déjà et de la tendresse pour tout ce qu’il fait pour lui.
Il reflue ensuite avec un petit rire.
- Passe-moi donc ce plateau avant que je ne mette une autre nourriture coréenne sur mon menu.

Trop affamé pour se montrer aussi délicat que d’ordinaire, il dévore le plat sans cérémonie, les yeux plissés de contentement. Il n’en laisse pas une miette.
- C’était exquis, déclare-t-il en se léchant les lèvres barbouillées de jus.
L’estomac rempli, sa pleine attention se focalise sur le soldat alors qu’il resserre les couvertures autour de lui.
- Comment s’est déroulé ta journée ? Sa main se dresse pour trouver la joue du jeune homme et l’englober. Tu as l’air fatigué. Cette nuit je t’interdis de me veiller. Tu dormiras. Et je ne veux même pas entendre la moindre protestation. C’est simplement de la logique. Si tu dors, tu iras mieux, je me sentirai moins coupable et donc j’aurais plus d’énergie à consacrer à ma remise en forme.

Neorvrim lui rend son baiser, en réclamant même d'avantage. Gi-Ja ne se fait pas prier attrapant délicatement une de ses joues et se pressant contre son grand corps qui a effectivement perdu en degré. Il ppusse cet état de fait angoissant à plus tard. Il est si doux d'embrasser quelqu'un auquel on tient profondément, si remarquablement apaisant et électrique en même temps. Au moins l'humain est-il sûr sur un point : le dragon n'a pas l'intention de faire comme si rien de rien n'était et encore moins de le rejeter. Pour preuve la difficulté mutuelle qu'ils ont à s'arracher à l'attraction de l'autre.

- Passe-moi donc ce plateau avant que je ne mette une autre nourriture coréenne sur mon menu.

Gi-Ja a un gloussement charmant -ou idiot selon le point de vue- en le lui lançant une oeillade pétillante.

- Tu auras peut-être de la place pour le dessert...

Il installe le plateau sur les cuisses du dragon et le contemple baffrer avec un plaisir évident. Il a toujours adoré le regarder savourer ses plats avec une honnêteté toute animale.

- C’était exquis !
- J'ai cru comprendre ! réplique le soldat amusé. Il passe son pouce sur la moustache maculée de sauce au dessus de sa lèvre et glisse la nourriture récupérée dans sa propre bouche. J'en ai une marmite pleine, si tu en reveux...
- Comment s’est déroulé ta journée ?
- Fastidieusement.. Je n'avais qu'une envie c'était de retourner auprès de toi. Te voir roupiller comme un bébé alors que je devais me lever c'est une technique de torture franchement sournoise. Il laisse un soupir lui échapper. J'ai été beaucoup sollicité : Elehiel, Caleb, les remarques désobligeantes de Griffin, et même Pati se sont concertés pour me faire vivre une journée... compliquée.
- Tu as l’air fatigué.
Le jeune homme recouvre sa main de la sienne, pour la presser tendrement contre sa joue.
- Ce n'est rien... Je m'inquiète pour toi, surtout.
- Cette nuit je t’interdis de me veiller.
- Neo... ta température n'augmente que quand je suis là...
- Tu dormiras. Et je ne veux même pas entendre la moindre . C’est simplement de la logique. Si tu dors, tu iras mieux, je me sentirai moins coupable et donc j’aurais plus d’énergie à consacrer à ma remise en forme.
- Parfait, je vais dormir, mais avec toi. Et il reprend sur le même ton que le dragon : Et je ne veux pas entendre la moindre protestation ! Il pose son index sur sa bouche. Non ! Chhhhut! Rien du tout...

Il frotte son nez contre le sien et se redresse.

- Qu'est-ce que je peux faire pour te rendre ta convalescence moins pénible ? La lecture ? Un jeu de société ?... Un câlin ? ajoute-t-il un rien espiègle.

Encore une fois, il a cette sensation d'ivresse joyeuse qui l'envahit, un état étrange auquel il n'est pas habitué. Neorvrim transforme décidément beaucoup de choses.

- J'ai été beaucoup sollicité : Elehiel, Caleb, les remarques désobligeantes de Griffin, et même Pati se sont concertés pour me faire vivre une journée... compliquée.
- Des remarques désobligeante ? Il fronce les sourcils et son expression se fait plus dure. A quel propos ? Pauvre Pati… elle est peut-être simplement jalouse de te voir préférer ma compagnie à la sienne... Tu as l’air fatigué.
Il se blottit contre sa paume et Neorvrim trouve ses manières presque animales tout à fait charmante. Irrésistible…
- Ce n'est rien... Je m'inquiète pour toi, surtout.
- Moi c’est toi qui m’inquiètes… j’ai de la ressource. Son pouce frotte contre sa joue. Cette nuit je t’interdis de me veiller.
- Neo... ta température n'augmente que quand je suis là...
- Il me faut simplement du temps. Tu dormiras. Et je ne veux même pas entendre la moindre protestation. C’est simplement de la logique. Si tu dors, tu iras mieux, je me sentirai moins coupable et donc j’aurais plus d’énergie à consacrer à ma remise en forme.
- Parfait, je vais dormir, mais avec toi. Et je ne veux pas entendre la moindre protestation !
- Mais …
Il se voit clouer le bec par un doigt contre ses lèvres qui s’étirent dans un sourire malicieux.
- Non ! Chhhhut ! Rien du tout...
Joueur, le dragon mordille cet insolent index.
- Je n’ai pas tellement envie de négocier à vrai dire. Si tu dors et que je peux t’avoir contre moi, je reste gagnant.

Il ferme les yeux dans l’espoir de commencer son dessert mais le caporal lui échappe. Peut-être en demande-t-il trop ? Mais s’il se fie au comportement de Caleb et Ciulin, trop n’est jamais assez.
Il est plutôt d’accord avec ce principe mais Gi-Ja ne le partage peut-être pas.

- Qu'est-ce que je peux faire pour te rendre ta convalescence moins pénible ? La lecture ? Un jeu de société ?... Un câlin ?

Sans un mot, Neorvrim ouvre les draps en se poussant avec un haussement de sourcil et le même air espiègle sur le visage.

- Je ne suis pas certain de pouvoir me concentrer sur de la lecture et je ne connais pas vos jeux. Cela dit, j’aime apprendre.  
Malgré la fatigue, le caporal semble exceptionnellement joyeux, un rien juvénile et cela le fait sourire inexplicablement avec qu’un frisson ne secoue son corps puis un second. Insidieusement, il commence à se dire que tout ne va peut-être pas si bien que cela. N’ayant jamais expérimenter une telle perte d’énergie, il a bien du mal à savoir s’il court un quelconque danger ou non.
Mourir maintenant lui semblerait bien cruel.
- Gi-Ja, déclare-t-il soudain avec une gravité qui se lit sur chacun de ses traits altiers. Peut-être me faudrait-il un autre feu. Plus modeste que celui que tu as fait à Tae’Alam…

- Je n’ai pas tellement envie de négocier à vrai dire.
- Sage décision ! Fait le pontifiant caporal Cosgrave en se laissant amoureusement grignoter le doigt.
- Si tu dors et que je peux t’avoir contre moi, je reste gagnant.

Neovrim ferme les yeux et semble attendre de Gi-Ja qu'il le bécote. Le jeune homme se mord la lèvre et poursuit d'un air détaché :

- Qu'est-ce que je peux faire pour te rendre ta convalescence moins pénible ? La lecture ? Un jeu de société ?... Un câlin ?

Le dragon soulève immédiatement les couvertures, comme si la réponse était une évidence. L'humain éclate de rire et vient se blottir contre lui.

- Je ne suis pas certain de pouvoir me concentrer sur de la lecture....
-Tiens donc, serais-ce parce que quelqu'un te distrait? Questionne-t-il innocemment.
-...et je ne connais pas vos jeux. Cela dit, j’aime apprendre.
Je suis persuadé que tu adorerais les échecs! Je crois que Devane a toujours son plate.... Néo?!

Gi-Ja s'est redressé d'un coup, alarmé par ces frissons mortifères à répétition.

- C'est n'est vraiment pas normal ! Murmure-t-il l'angoisse de le perdre au ventre. Néo semble partager ses inquiétudes.
- Gi-Ja....Peut-être me faudrait-il un autre feu. Plus modeste que celui que tu as fait à Tae’Alam…
- Je m'en occupe ! Son air déterminé annonce que la déclaration sera suivie d'une action prompte. Il l'emmitoufle dans les couvertures et l'embrasse longuement. Je reviens te chercher vite. Reste au chaud, d'accord ?

Le soldat sort en trombe et il l'entend héler dehors d'une voix forte qu'il a besoin de bois sec pour allumer un feu va et que ceci est une manœuvre d'urgence. Aussitôt les militaires se mobilisent, faisant preuve de leur habituel esprit de corps. En moins de vingt minutes un bûcher est organisé devant le quartier des officiers, occupé désormais par quelques chanceux et un dragon. Les flammes le dévorent avidement.
Gi-Ja revient chercher Neovrim et l'enroule dans plusieurs couches de couvertures à l'aide de Hailey.

- Tu te sens de marcher jusqu'à dehors ? Demande t-il en tenant le visage du dragon entre ses paumes.

- Gi-Ja....Peut-être me faudrait-il un autre feu. Plus modeste que celui que tu as fait à Tae’Alam…
- Je m'en occupe !
- Ce n’est pas…
Mais déjà Gi-Ja se lève et l’enroule dans les couvertures qui ne réussissent que tant bien que mal à juguler ses frissons. Ses lèvres sont si chaude pressées contre les siennes. Il souhaiterait qu’elles s’attardent, reste là, pour lui communiquer de leur chaleur. Malheureusement, l’humain reflue déjà.
- Je reviens te chercher vite. Reste au chaud, d'accord ?
- Je ne bouge pas.

Il perçoit que l’on s’agite dehors et la voix de Gi-Ja résonne avec une autorité qu’il ne lui a jamais entendu.
Le dragon fait toutefois l’effort de se redresser lorsque des pas précipités claquent sur le béton du couloir et se tient assis au bord du lit lorsque Hailey et le caporal reviennent le chercher.

- Tu te sens de marcher jusqu'à dehors ?
Il pose une paume rassurante mais fraiche sur la main de Gi-Ja.
- Evidemment. Ma fierté ne souffrira pas de me faire porter une seconde fois, je crois. Je vais simplement avoir besoin d’aide.
Après une profonde inspiration, il se met debout et sert les dents pour ne pas retomber. Par la Flamme qu’il déteste se sentir faible à ce point ! Un bras cerclant la taille de Gi-Ja et l’autre autour des épaules d’Hailey, il chemine vers ce qu’il espère être le remède dont il a besoin.
Malgré les températures plutôt douces en ce début du moins de juin, l’air extérieur lui mord la peau comme s’il se trouvait dans les Pôles.  

- Qu’est-ce qui se passe ? s’enquiert le Major, alerté par tout ce raffut et passablement inquiet lui aussi en voyant le trio s’avancer vers le feu.
- Mon remède avec un peu de chance déclare sobrement Neorvrim en indiquant le brasier du menton. Cette fois, il ne commet pas l’erreur de laisser les deux humains s’approcher trop près du feu, quand bien même il est bien moins impressionnant que celui qui lui a sans doute sauvé la vie. Il cesse d’avancer et les obliger à s’arrêter.
- Cela ira. C’est assez près.
Nouvelle inspiration pour s’armer de courage alors qu’il émerge des couvertures et se met légèrement à grelotter. Il confie l’amas de tissu au caporal ainsi qu’un sourire pour tenter d’effacer l’angoisse dans ses yeux.
- Je … reviens tout … de suite.

Il s’avance vers le feu en titubant mais avec beaucoup de détermination et à mesure de son approche, les flammes se tendent vers lui dans une étrange révérence. Neorvrim leur offre sa main, son bras puis tout son corps. Il se laisse tomber à genou au milieu des flammes, mains sur les cuisses et lève le menton bien haut vers le ciel, une expression de plaisir presque extatique à se tenir dans un environnement apte à le réchauffer. Pendant de longues secondes, il reste en communion avec son élément, les yeux clos et lui adresse une prière :
- Komeyt tol dovah krah. Gahvon dovah yolos. (Délivre-moi du froid. Rends-moi ma flamme)

Puis il ouvre les yeux et son corps boit toute cette énergie vitale qui lui manque cruellement. Il sent son cœur flamboyer avec force et transmettre cette nourriture dans ses membres. Le dragon se remet lentement debout au milieu des flammes et exulte en se sentant à nouveau plein de vigueur, lâchant un rire exalté vers le ciel. En quelques minutes le foyer disparait, entièrement avalé. Ne reste que le corps nu et fumant de Neorvrim entouré d’un bon nombre de spectateurs ébahis par le phénomène.

Sans plus de flammes pour le nourrir, son corps perd un peu de cette étourdissante puissance mais Neorvrim se sent assez vaillant pour tenir plus fermement sur ses jambes. Les coins de sa bouche relevés dans un rictus, son regard doré et acéré parcourt l’assemblée comme s’il allait choisir sa prochaine proie avant de se planter dans celui de Gi-Ja pour qui il a un sourire extrêmement satisfait. L’atmosphère se fait soudain tendue et oppressante. Le dragon passe la langue sur ses dents et effectue un pas vers lui. Au même moment quelques armes sont soudain pointées sur lui.

Neorvrim laisse échapper un ricanement. Comme si cela pouvait l’arrêter ! Risibles humain… mais attachants toutefois. Inconscient de la menace qu’il renvoie, il penche la tête et se décide finalement à tendre la main vers son humain.

- Puis-je avoir de quoi me couvrir, Gi-Ja.  
Sa voix gronde dangereusement basse.
- On ne bouge pas Caporal ! ordonne le Major, qui a une main sur son arme de service et une autre levée comme pour stopper quiconque de tirer. Il a pas l’air dans son état normal… Personne ne tire ou ne fait le moindre geste.

- Je … reviens tout … de suite.
- Je sais.... Répond Gi-Ja avec douceur.

Le soldat observe la progression de Neorvrim vers les flammes, la boule au ventre. Voir le dragon se relever, puisant dans sa seule volonté, pour finalement exulter suscite chez l'humain une joie féroce qui se lit sans retenue sur son visage. Comme la toute première fois, le spectacle est subjuguant. Viscéral. Gi-Ja vibre au diapason de la rémission progressive du draconien, le cœur brûlant.
Comme à chaque fois qu'il communie avec son élément, Neorvrim revient plus carnassier, la violence de sa race à fleur d'écailles. Son rictus prédateur affole les étincelles dans le bas-ventre de son compagnon. Si cela ne surprend nullement le caporal, ses frères d'armes s'en inquiètent immédiatement. Les canons sont levés, les doigts nerveusement arqués sur chaque gâchette.

- Puis-je avoir de quoi me couvrir, Gi-Ja.  

Le jeune homme avance d'un pas mais se trouve aussitôt stoppé par un Caleb plus Major Jenson que jamais.

- On ne bouge pas Caporal ! Il a pas l’air dans son état normal… Personne ne tire ou ne fait le moindre geste.
- Major, commence Gi-Ja d'un ton calme et confiant. Neorvrim ne nous fera aucun mal. Le retour à des instincts plus primaires n'est que l'expression d'un regain de santé. Il s'agit d'un effet secondaire de sa communion avec son élément primordial de vie. J'ai déjà assisté au phénomène et je vous affirme que Neorvrim n'est pas une  menace. Je requiers votre permission de me laisser m'en occuper, Major. S'il vous plaît..

Tendu mais fermement campé sur ses certitudes, Gi-Ja attend la décision de son supérieur mais néanmoins ami.

- On ne bouge pas Caporal ! Il a pas l’air dans son état normal… Personne ne tire ou ne fait le moindre geste.

L’intervention du Major ne semble pas être au goût du dragon qui plisse les yeux. Les militaires autour de lui suinte la peur et ce fumet particulier affole ses sens de chasseur. Ses narines frémissent et il lutte pour ne pas reprendre sa véritable forme ici et maintenant. Il s’accroche à la vision de Gi-Ja. Ce qui n’est pas franchement mieux. De tout ceux présent ici, il est sans comparaison possible le plus appétissant de tous.

- Major. Neorvrim ne nous fera aucun mal. Le retour à des instincts plus primaires n'est que l'expression d'un regain de santé.
- Super. C’est sensé être rassurant qu’un dragon retrouve ses instincts primaires ? Parce que là il nous regarde tous comme un bon buffet gratuit.
Neorvrim répond à cette image par un sourire provocant en baissant la main.  
- Préfèreriez-vous que j’aille chasser ailleurs, Major ? demande-t-il d’une voix caressante.
- Il s'agit d'un effet secondaire de sa communion avec son élément primordial de vie.
- T’as l’air bien calé sur la question.
- J'ai déjà assisté au phénomène et je vous affirme que Neorvrim n'est pas une menace.
- Quoi ? Tu l’as déjà vu dans cet état et t’as rien dit ? Et comment tu peux en être certain ?
- Je requiers votre permission de me laisser m'en occuper, Major.
- Non ! C’est trop dangereux. C’est hors de question !
- Je ne demande qu’à me couvrir Major. Mais ma patience à des limites.

Surtout s’il se dresse entre Gi-Ja et lui. N’est-il pas sa proie privilégiée ? Son ton reflète cet agacement et s’est fait bien plus incisif.

- S'il vous plaît…

La Major Jenson le dévisage un moment, puis fixe Gi-Ja dans les yeux. Il peste, serre les mâchoires et sort son flingue qu’il tient le long de sa jambe.
- Je te jure que si tu crèves à cause de tes conneries, j’irai te chercher aux Enfers juste pour avoir le plaisir de te flinguer moi-même. Accordé.  
Le dragon recentre toute son attention sur le caporal et lui tend à nouveau la main. Son regard ne le lâchera pas une seconde lorsqu’il s’avancera vers lui, tout comme son sourire fauve ne quittera pas sa bouche.

- Quoi ? Tu l’as déjà vu dans cet état et t’as rien dit ?
- Ca ne méritez pas un rapport. Traduction : Cela ne regardait personne d'autre que lui et Neorvrim.
- Et comment tu peux en être certain ?
- Je le sais c'est tout. Je requiers votre permission de me laisser m'en occuper, Major.
- Non ! C’est trop dangereux. C’est hors de question !
- Je ne demande qu’à me couvrir Major. Mais ma patience à des limites.

Gi-Ja aimerait faire comprendre que plus ils agiront de façon menaçante, plus cela aiguisera les appétits du dragon. Il faut calmer le jeu immédiatement.

- S'il vous plaît…

Caleb tergiverse, bataille avec lui même, pèse le pour et le contre. Son caporal soutient fermement son regard avec une sérénité quasi totale. Il a l'intime conviction que tout se passera bien... si on le laisse agir maintenant.. Une chance que Ciulin ne soit pas là ou les événements auraient été absolument hors de contrôle. Frigg et Neorvrim auraient littéralement rasé la base.

- Je te jure que si tu crèves à cause de tes conneries, j’irai te chercher aux Enfers juste pour avoir le plaisir de te flinguer moi-même.
- C'est de bonne guerre, répond Cosgrave avec un fin rictus.
- Accordé.

Gi-ja comble la distance qui le sépare de Neorvrim, séduisant en diable, et qui le lorgne comme une proie qui le ferait saliver. Malgré le parfum de peur qui empoisse l'air, le jeune homme ne semble pas en être imprégné. Au contraire, pour  les témoins de la scène, il y a une connexion fascinante et hypnotique entre la Bête et celui qui s'apprête à le dompter.
Finalement, Cosgrave déplie l'une des couvertures et la fait voler au dessus de la tête du dragon pour mieux enrober sa grande carcasse.

- Tu es en train de leur foutre une trouille bleue, tu sais, lui susurre-t-il, rien que pour lui. Ca t'amuse avoue... Un menu sourire étire les lèvres de l'humain, il lui touche le front pour prendre sa température. C'est bon signe, ceci dit, tu a repris de la vigueur.

Sans le quitter des yeux, il enroule une autre couverture  autour de ses hanches, s'approchant sciemment pour passer son bras dans le creux de ses reins. Il noue les deux pans de laine en un nœud grossier, cachant cette nudité dont il aurait voulu rester le seul spectateur.

- Comment souhaites-tu procéder pour ... évacuer ton "trop plein" de bestialité ? Lui murmure-t-il sur une tonalité qui ne permet pas qu'on les entendent.

Il aurait presque pu lui demander, avec quel ventre il souhaite manger.

Le tissu claque dans l’air puis retombe sur ses épaules. Le dragon n’en a cure, il ne voit que le soldat qui se tient sans crainte devant lui. Il se demande brièvement s’il arriverait à provoquer la moindre peur chez lui et souhaiterai un bref instant être en tête à tête avec lui pour le vérifier. Non… non pas son humain. Pas de cette façon.

- Tu es en train de leur foutre une trouille bleue, tu sais.
Neorvrim a un ricanement.
- Je sais. Je sens leur peur, elle a un odeur âcre désagréable et excitante.
- Ça t'amuse avoue...
- Evidemment, souffle-t-il comme une caresse en se laissant toucher.
- C'est bon signe, ceci dit, tu as repris de la vigueur.
- Souhaites-tu vérifiez cela aussi ? Ma température est remontée. Elle n’est pas encore optimale mais c’est une nette amélioration.

Il dévisage Gi-Ja alors qu’il passe les bras autour de sa taille. La sensation de ses doigts dans le bas de son dos est délicieuse. Puis il ploie légèrement vers lui et inspire profondément avant de relever les yeux vers le Major qui fronce les sourcils, tendu. Il lui adresse un sourire un rien provocateur puis murmure tout bas.

- Ton Major nous regarde Gi’… pense-t-il vraiment que je vais te dévorer ici et maintenant ? Puis sur un ton plus bas. Sait-il à quel point j’ai envie de le faire ?
- Comment souhaites-tu procéder pour ... évacuer ton "trop plein" de bestialité ?

Des images très vivides de ce qu’il aimerait lui viennent en tête, entre érotisme cru et chasse bestiale. Il est heureux qu’il soit couvert et que le caporal le cache un peu.
Il se penche vers son oreille et susurre.

- Tu as déjà rassasié mon estomac, mon tendre humain. Il ne me déplairait pas que tu t’occupes à présent de mon autre appétit.

S’il s’écoutait, il l’entrainerait certainement dans la forêt pour se repaître de lui, sans savoir exactement quelle forme prendrait cette pulsion. Tout son corps frémit de retenu.

- Mais la chose pourrait se révéler dangereuse pour toi. Mieux vaut que vous restiez éloignés de moi le temps que … je me reprenne.
Il se redresse et déclare à voix plus haute en posant simplement la main sur son épaule.
- Merci, mon ami.

Paré de couvertures, il n’en garde pas moi une noblesse et une prestance que rien n’altère. Après avoir échanger un dernier regard plein d’envie avec le caporal. Neorvrim se met en marche vers les quartiers des officiers. Trop faible encore pour chasser, il devra trouver le moyen de se calmer seul dans sa chambre.
En passant devant le Major, celui-ci lui jeter une œillade méfiante.
- A quoi tu joues Neo ?
Le dragon s’arrête à sa hauteur et coule son regard de lave liquide vers lui.
- A rien Major. C’est vous qui oubliez qui je suis. Une créature sauvage et bestiale parée d’atours moins effrayants. Et votre allié parce que la chose me sied. Ne me prenez pas pour un animal de compagnie.

Sur ces derniers mots il rentre dans le bâtiment et la cour semble respirer à nouveau.  

- Souhaites-tu vérifiez cela aussi ?

Gi-Ja se pince les lèvres pour éviter un rire nerveux au beau milieu de cette situation diplomatiquement tendue.

- Non, j'ai eu l'occasion de ... constater.
- Ma température est remontée. Elle n’est pas encore optimale mais c’est une nette amélioration. Ton Major nous regarde Gi’…
- Arrête de le provoquer...
- Pense-t-il vraiment que je vais te dévorer ici et maintenant ?
- Si tu continues à lui lancer ce genre de regard, c'est possible.
- Sait-il à quel point j’ai envie de le faire ?
- Pas plus qu'à quel point j'ai envie que tu le fasses.... souffle le jeune avec la même suavité à peine audible. Comment souhaites-tu procéder pour ... évacuer ton "trop plein" de bestialité ?
- Tu as déjà rassasié mon estomac, mon tendre humain. Il ne me déplairait pas que tu t’occupes à présent de mon autre appétit. Gi-Ja est parcouru d'un frisson qui n'a rien à voir avec un reflexe de survie primaire. Telle une phalène, il a toujours été attiré par le feu. Neorvrim est le feu. Mais la chose pourrait se révéler dangereuse pour toi. Mieux vaut que vous restiez éloignés de moi le temps que … je me reprenne.
- Je resterais auprès de toi. J'ai l'habitude d'affronter le danger de près.
- Merci, mon ami, fait le dragon, pour satisfaire la galerie.

Caleb n'est pas ravi d'avoir découvert cette facette de son invité. Il lui fait savoir avec une méfiance que Gi-Ja trouve à la fois prudente et injuste. Il ne pourra pas le blâmer d'avoir peur là où l'artificier a déjà accepté cette vérité : Neorvrim est un animal. Magique, savant, ancien et doué de parole mais un animal tout de même obéissant à une sauvagerie intrinsèque.

- A quoi tu joues Neo ?
- A rien Major. C’est vous qui oubliez qui je suis. Une créature sauvage et bestiale parée d’atours moins effrayants. Et votre allié parce que la chose me sied. Ne me prenez pas pour un animal de compagnie.

Le caporal Cosgrave, dans le dos du dragon a une petite grimace d'excuse pour son Major, avant de suivre le dragon jusque dans sa chambre. Là, il ferme la porte par prudence. Il sait très bien ce qu'il l'attend et il est parfaitement prêt à s'y soumettre.

- Tu n'étais pas obligé de lui dire ça, tu sais ? lui dit-il sur un ton mi-amusé, mi-de reproche. Mais bon, j'imagine que mettre de l'huile sur le feu quand tu es dans cet état est un moindre mal ! On reste au figuré.

Neorvrim a simplement eu le temps de réenfiler un pantalon et un pull qu’il trouve bien rêches lorsque Gi-Ja pénètre dans sa chambre. Aussitôt ses sens se trouvent submergés par sa présence et l’effort de retenu n’en est que plus difficile. Il sert les mâchoires et les poings. D’autant plus lorsqu’il referme la porte derrière lui

- Que fais-tu là ?
- Tu n'étais pas obligé de lui dire ça, tu sais ?
- Je fais ce qu’il me plait. De plus il s’agissait d’un simple rappel amical. J’aurais pu tous les brûler sur place pour leur signifier la même chose. Pourquoi n’arrives-tu pas à suivre une demande des plus simples ? Vas-t-en.
Le caporal esquive sciemment ses notes d’agacement et son ordre.
- Mais bon, j'imagine que mettre de l'huile sur le feu quand tu es dans cet état est un moindre mal ! On reste au figuré.

Rapidement, Neorvrim s’avance et accule le soldat entre son propre corps et la porte, y posant ses paumes à plat de part et d’autre de sa tête.
- Je m’occuperai de faire amende honorable auprès de ton Major quand le feu cessera de couler dans mes veines de cette façon.

Il lui vole un baiser bref et vorace, pressant son corps contre le sien. Il se laisse un instant aller à sentir sa peau, à s’imaginer planter ses crocs dedans, arracher la chair et gronde de frustration aussi bien que d’horreur.

Malgré tout, son deuxième appétit qui provient de plus bas que son ventre s’agite et ses hanches bougent contre les siennes. Elles cherchent désespérement cette friction si agréable contre sa virilité durcie depuis que l’humain s’est approché de lui dans la cour. A présent se sont ses dents et ses lèvres qui remplacent ses crocs sur sa peau.

- Avec toi mes appétits s’emmêlent, ils se nourrissent l’un l’autre jusqu’à ce qu’il me soit impossible de discerner ou l’un s’arrête et l’autre commence. C’est encore pire lorsque je suis dans cet état et c’est dangereux… Si tu avais seulement connaissance des choses qui me passent par la tête, Gi-Ja… tu t’enfuirais en courant.  

Il est en étourdi d’envie primaires et indissociables. Neorvrim agrippe fermement son menton et le lève vers lui. Ses yeux brûlants ouverts, il l’embrasse encore et finit par lui mordre sauvagement la lèvre inférieure.  

- Toi tu sais… tu sais ce que je suis. Tu comprends… alors pourquoi ne m’obéis-tu pas ? Pourquoi vouloir rester ? Souhaites-tu à ce point succomber entre mes griffes ? C’est cela que tu cherches ? Malgré mes pulsions, cela n’est pas ce que moi je souhaite, Gi… je veux te garder pour moi, pulsant de vie... Reviens-moi lorsque je serais plus calme…  

- Je m’occuperai de faire amende honorable auprès de ton Major quand le feu cessera de couler dans mes veines de cette façon.

Le baiser impérieux du dragon amène une réaction éléctrique quasi immédiate. Néanmoins, Gi-Ja sait qu'il doit rester calme, ferme, et ne pas céder à cet ouragan pulsionnel qui le démange.

- Je ne m'en irais pas, Neo. Tu as besoin d'aide.

Il caresse délicatement la joue du dragon dont le corps réclame une fusion désespéré en se pressant contre le sien. Il le laisse mordre et suçoter sa peau, lui tendant même sa gorge pour qu'il puisse se satisfaire. Avec une tendresse constante, il passe ses doigts dans ses boucles sombres et vivaces. Bien que réceptif à l'ardeur de Neorvrim, le soldat se contraint à agir paisiblement. Seule sa respiration saccadée le trahit.

- Avec toi mes appétits s’emmêlent, ils se nourrissent l’un l’autre jusqu’à ce qu’il me soit impossible de discerner ou l’un s’arrête et l’autre commence. C’est encore pire lorsque je suis dans cet état et c’est dangereux…
- Peut-être que ça l'est, oui. Mais je travaille avec le feu depuis des années. Je ne le crains pas. Je suis à même d'affronter ce qui t'agite.
- Si tu avais seulement connaissance des choses qui me passent par la tête, Gi-Ja… tu t’enfuirais en courant.

L'humain frotte son front contre le sien.

- Je sais ce qu'il y a sous ce crâne... J'ai lu ton désir de me dévorer dès ton premier bain de feu. J'accepte cette partie instinctive et naturelle de toi et je sais que tu dois la laisser s'exprimer de temps à autre. Mais, je sais aussi que tu es terrifié à l'idée d'un jour planter tes crocs dans ma chair et de t'en délecter. Et que, par conséquent, tu ne cèderas pas.
- Toi tu sais… tu sais ce que je suis. Tu comprends… alors pourquoi ne m’obéis-tu pas ?
- Moi aussi, je fais ce qu'il me plait, répond le jeune homme avec un sourire.
- Pourquoi vouloir rester ? Souhaites-tu à ce point succomber entre mes griffes ? C’est cela que tu cherches ?
- Bien sûr que non, aussi tentante soit la proposition.
- Malgré mes pulsions, cela n’est pas ce que moi je souhaite, Gi… je veux te garder pour moi, pulsant de vie... Reviens-moi lorsque je serais plus calme…
- Et je suis persuadé que tu y arriveras. Je suis là pour t'aider... Laisse-moi te soulager...

Lentement, il déboutonne le pantalon dont le draconien s'est affublé et se laisse tomber souplement, à genoux, sur le sol. Avec une certaine maladresse compensé par une volonté de bien faire, Gi-Ja lape son membre douloureusement congestionné. Il n'a jamais fait cela, avec ou pour qui que ce soit, mais à cet instant précis, il repousse au loin toutes formes d'appréhension. Il ne pense qu'à Neorvrim.
Sa bouche s'ouvre pour le gober tout entier.

Front à front, Neorvrim aimerait pouvoir implanter un peu de bon sens dans cette caboche.

- Je sais ce qu'il y a sous ce crâne... Le dragon émet un pauvre ricanement. Il en doute fortement. Peut-être en a-t-il une vague idée… J'ai lu ton désir de me dévorer dès ton premier bain de feu. J'accepte cette partie instinctive et naturelle de toi et je sais que tu dois la laisser s'exprimer de temps à autre.
- Et crois-tu que d’avoir l’objet même de mon désir viscéral sous les yeux est une bonne idée ?
- Mais, je sais aussi que tu es terrifié à l'idée d'un jour planter tes crocs dans ma chair et de t'en délecter. Et que, par conséquent, tu ne cèderas pas.
- Et as-tu conscience de l’effort que cela me demande ? Pourtant… Toi tu sais… tu sais ce que je suis. Tu comprends… alors pourquoi ne m’obéis-tu pas ?
- Moi aussi, je fais ce qu'il me plait.
Il jure en draconien et cogne une fois contre ce front.
- Pourquoi vouloir rester ? Souhaites-tu à ce point succomber entre mes griffes ? C’est cela que tu cherches ?
- Bien sûr que non, aussi tentante soit la proposition.
- Tentante… il gronde, le mot est faible… bien faible. Malgré mes pulsions, cela n’est pas ce que moi je souhaite, Gi… je veux te garder pour moi, pulsant de vie... Reviens-moi lorsque je serais plus calme…
- Et je suis persuadé que tu y arriveras. Je suis là pour t'aider... Laisse-moi te soulager...
- Comment tu… ? Il balbutie stupidement en sentant ses doigts s’affairer contre son entrejambe gonflé et douloureuse. Qu’est-ce que…? il ouvre stupidement la bouche en le voyant se mettre à genoux devant lui et sa virilité libérée.

Un flot de mots incompréhensibles pour le jeune homme s’égraine dans l’air alors qu’il baisse les yeux sur ce nouveau spectacle. C’est… indescriptible. Il en a pourtant vu des gens à ses pieds mais jamais comme cela. Cette vision associée aux sensation incroyables que sa bouche fait naitre réembrase son sang. De pauvres halètements lui échappent accompagnés de gémissements. A défaut de pouvoir planter ses crocs dans la chair de Gi-Ja c’est sur sa propre épaule qu’il referme ses dents pour les étouffer. Le sang coule mais il n’en a cure. Ses doits trouvent les cheveux de l’humain, s’y glissent puis s’y accrochent avec force.
- Gi’…
A chaque fois, il pense que rien ne pourrait être plus merveilleusement délectable que l’expérience qu’il découvre avec l’humain. Et celui-ci le détrompe de la plus inattendue et la plus délicieuse des façons.
Le feu le consume, le dragon brûle de l’intérieur. Ses hanches se sont d’instinct mises à bouger. C’est dans un tout autre brasier qu’il se trouve à présent.

Et puis, il se rend soudain compte à quel point tout cela est égoïste, à quel point il se sert de lui et tout son être s’en trouve consterné et révolté. Il n’a pas été créé pour l’égoïsme mais pour donner.

Ses conseils, son appui, son amour sans partage, des héritiers…

Et bien qu’il ait échoué sur de nombreux points, n’en reste pas moins que cela est inscrit en lui aussi surement que son Feu.
- Non… non…
Il fait soudain un pas en arrière, puis deux avec un effort de volonté surnaturelle.
- C’est… tu n’es pas un objet…tu n'as pas à faire cela...
Il recule jusqu’à rencontrer le mur opposé et ferme les yeux pour se soustraire à la vision de Gi-Ja. Grave erreur. Même paupières closes, il est là… à ces pieds, si beau, si désirable dans tous les sens du terme.
Il doit sortir de là, se transformer et s’éloigner…

Gi-Ja s'applique, guidé par les soupir et les geignements de Neorvrim. Il souhaite sincèrement lui prodiguer plaisir et soulagement et espère que la manœuvre allégera un peu son excitation carnassière. Il trouve même une certaine satisfaction dans l'échange, n'ayant jamais été en mesure d'assumer un tel acte avec qui que ce soit. C'est un progrès manifeste, pour lui. Pour eux, peut-être, même.

Mais brusquement tout s'arrête.

La brutalité d'un "Non" le gifle plus durement qu'un uppercut. Le jeune homme reste interdit, choqué, le regard rivé sur son ami qui semble souffrir et regretter. "Il me rejette" pense-t-il aussitôt en contemplant l'attitude abattue et terrifiée du draconien. Il se revoit alors, adopter la même posture, vouloir effacer ce qu'il ressent, vouloir s'effacer lui même. La porte s'ouvre sur une floppée d'idées néfastes et paralysantes : "Je suis horrible, je le fais souffrir, j'abuse de lui, je suis sale, je suis un violeur, un dégénéré, je...."

- C’est… tu n’es pas un objet…tu n'as pas à faire cela...

Cette plainte, le fait soudain sortir de sa spirale mentale toxique. L'humain fronce les sourcils, se redresse et s'approche avec beaucoup de précautions de Neorvrim. Il remarque la trace de morsure sur son bras, le sang goutte encore.

- Neo... Je ne suis pas un objet. Je ne suis pas ta proie. Je ne suis pas contraint... égraine-t-il en lui caressant avec une délicatesse infinie son faciès crispé d'angoisse. Je voulais t'offrir, un peu de plaisir, un peu de plénitude, parce que tu es trop faible pour chasser ou même voler. C'était un désir de ma part de prendre simplement soin de toi...Je m'y suis mal pris. Sourire triste. Je t'ai brusqué, et je t'ai fait peur. Je suis sincèrement désolé.

Aussi doux que ses mots, ses doigts le rhabillent. Cosgrave déglutit, honteux.

- Je comprends que ma démarche était sans doute... unilatérale et que je t'ai forcé la main. J'aurais dû t'écouter et partir. Je vais te laisser tranquille maintenant.

Il s'écarte et coupe tout contact désormais, pour laisser au fragon tout l'espace nécessaire.

- Ne me déteste pas, d'accord ?

Il tourne les talons et se dirige vers la porte.

- Neo... Je ne suis pas un objet. Je ne suis pas ta proie. Je ne suis pas contraint...

Il sursaute en sentant la caresse de ses doigts puis réouvre des yeux de feu liquide. Il penche la tête pour cherche leurs contacts apaisants.
- Je voulais t'offrir, un peu de plaisir, un peu de plénitude, parce que tu es trop faible pour chasser ou même voler. C'était un désir de ma part de prendre simplement soin de toi...
- Tu… c’était…
Pourquoi faut-il que les mots se dérobent à lui maintenant ? Ses idées sont trop embrouillées et confuses.
- Je m'y suis mal pris. Son sourire lui tord les tripes. Je t'ai brusqué, et je t'ai fait peur. Je suis sincèrement désolé.

Est-ce ce qu’il est ? Brusqué et apeuré ? Peut-être un peu, mais c’est aussi plus viscéral que cela. Il cogne brusquement l’arrière de son crâne contre le mur lorsque les doigts de Gi-Ja reviennent titiller sa pauvre virilité à l’agonie pour le rhabiller et il perd totalement le fil de ses pensées.
Il attrape son poignet la volonté claire de le retenir là puis le lâche soudain.

- Je comprends que ma démarche était sans doute... unilatérale et que je t'ai forcé la main. J'aurais dû t'écouter et partir. Je vais te laisser tranquille maintenant.
- Gi…
- Ne me déteste pas, d'accord ?

Ses jambes se meuvent toute seule. Il l’attrape d’une main et l’attire contre lui. Leurs fronts se retrouvent et il plonge son regard flamboyant dans le brun chaud du sien.

- Laisse-moi… laisse-moi quelques secondes, d’accord. Sa paume glisse sur l’arrière de son crâne. Neorvrim inspire à fond avant de reprendre. Ce que tu m’as fait, ce que j’ai ressenti c’était… extraordinaire. Mais je n’ai pas été fait pour cela. Cette … cette sexualité faite pour le simple plaisir et égoïste. Mon existence entière a été régi par la servitude, surtout dans l’intimidé. Découvrir cela avec toi est une expérience… unique. Et oh combien plaisante ! Mais aussi… effrayante. Tu as raison. Surtout lorsque je suis incapable de me contrôler parfaitement et que je navigue sur un terrain parfaitement inconnu. Il ferme un instant les yeux et avoue dans un souffle. J’ai tellement… tellement faim de toi. D’elle-même, sa bouche cherche la sienne, la frôle. Je suis bien loin… bien loin de te détester. Alors pars… mais ne pense pas cela une seule seconde.

Gi-Ja est rattrapé dans son élan par une main ferme et retrouve le front de Neorvrim. Son regard flamboyant est teinté d'inquiétude

- Laisse-moi… laisse-moi quelques secondes, d’accord.
- D'accord...

Il se laisse câliner, frottant son nez contre le sien.

- Ce que tu m’as fait, ce que j’ai ressenti c’était… extraordinaire. Mais je n’ai pas été fait pour cela.
- Comment ça... ?
- Cette … cette sexualité faite pour le simple plaisir est égoïste.
- Bien sûr que non ! Tu... Tu as le droit d'éprouver ce genre de sensations. N'importe qui y a droit... Même lui, ironiquement.
- Mon existence entière a été régi par la servitude, surtout dans l’intimidé.

Cette révélation soudaine frappe Gi-Ja de plein fouet. Il a désormais une autre lecture de son couple avec Iska bien moins romantique et noble. Prince-consort c'est donc être l'esclave des désiderata d'une reine, sans le moindre consentement ou libre-arbitre..

- Découvrir cela avec toi est une expérience… unique. Et oh combien plaisante ! Mais aussi… effrayante. Tu as raison. Surtout lorsque je suis incapable de me contrôler parfaitement et que je navigue sur un terrain parfaitement inconnu.
- Neo....
- J’ai tellement… tellement faim de toi.

La confession fait vibrer l'humain de la tête aux pieds. Son coeur fond et se répand entre ses côtes en lave brûlante. Il repêche ces lèvres vagabondes et leur vole un fiévreux baiser.

- Moi aussi, j'ai envie de toi.... souffle-t-il éperdu.
- Je suis bien loin… bien loin de te détester. Alors pars… mais ne pense pas cela une seule seconde.
- Je veux rester... gémit Gi-Ja d'un air malheureux en le serrant dans ses bras comme si s'arracher à son étreinte n'était que pure souffrance. Néanmoins il fait l'effort de s'écarter pour le bien du dragon.  Moi aussi, j'ai peur... Petit rire humide, il s'essuie vaillamment les yeux. Je n'ai jamais eu tout ce que je vis avec toi. Je me découvre... en même temps que toi. Alors, c'est sans doute, maladroit... Mais je ne ferais jamais rien, sans ton consentement, sans ton plein accord, tu comprends ? Je veux que ce soit vécu comme.... une expérience commune, partagée d'égal à égal. Si je te donne du plaisir c'est parce que cela me fait plaisir à moi aussi...Je ne veux rien t'imposer. Si ma présence est un supplice, je m'en vais, promis et j'attendrais patiemment que tu souhaites m'ouvrir à nouveau la porte... ok ?

Neorvrim ne saurait dit s’il a le droit à ce qu’il vit avec Gi-Ja, comme il n’est pas certain qu’il ait mérité de survivre alors que tous les siens ont péri. A l’époque florissante des dragons, on l’aurait sans doute moqué et exilé pour son comportement avec un humain, sous cette forme et avec un mâle.
Il transgresse toutes les valeurs et les croyances des dragons.
Mais les temps ont changé, le monde avec lui.

A après tout, ces considérations importent peu, le mérite, l’honneur de son peuple...
Il en a envie. Gi-Ja lui fait du bien, et il s’y accroche parce qu’il ne l’a plus ressenti depuis maintenant bien longtemps.

Le baiser qu’ils échangent met ses nerfs à vifs tout comme l’affirmation claire de son désir pour lui.

- Je veux rester... il se blottit contre lui et Neorvrim referment ses bras sur lui juste avant qu’il ne recule.
Ses bras suivent pathétiquement son geste, cherchent à le retenir.
- Moi aussi, j'ai peur...
- De quoi ?... demande-t-il avec douceur.
- Je n'ai jamais eu tout ce que je vis avec toi. Je me découvre... en même temps que toi. Neorvrim lui sourit. Alors, c'est sans doute, maladroit... Mais je ne ferais jamais rien, sans ton consentement, sans ton plein accord, tu comprends ?
- Je le comprends et je t’en remercie.

Il caresse délicatement sa joue du dos de ses phalanges. Geste qu’il ne connaissant pas il y a quelques semaines encore et qui lui parait aujourd’hui bien plus naturel.

- Je veux que ce soit vécu comme.... une expérience commune, partagée d'égal à égal.
- Je suis d’accord.
- Si je te donne du plaisir c'est parce que cela me fait plaisir à moi aussi... Je veux rien t'imposer. Si ma présence est un supplice, je m'en vais, promis et j'attendrais patiemment que tu souhaites m'ouvrir à nouveau la porte... ok ?

Le dragon le dévisage un long moment puis effectue les quelques pas qui les séparent. Il embrasse le coin de la bouche de Gi-Ja et laisse trainer ses lèvres jusque son oreille.

- Ma porte te sera toujours ouverte. Et oui… ta présence est un supplice de chaque instant. Il commence à déboutonner la veste militaire que porte le jeune homme et l’en débarrasse. Une torture que je n’ai jamais expérimentée jusqu’alors. Son nez furète à l’angle de sa mâchoire qu’il mordille tandis qu’il relève petit à petit son tee-shirt. Mais si douce et si… exquise. Sa langue lape lentement la veine de son cou puis le dragon fait passer son haut par-dessus sa tête. Ne pas t’avoir à mes côtés est une autre forme de torture bien plus douloureuse.

Ses mains s’invitent sur son torse nu alors que ses dents croquent sa peau.
Bien plus à l’aise dans ce rôle de « donneur », Neorvrim se montre d’une patience nouvellement retrouvée. Ses paumes glissent plus bas, empoignent la fermeté de ses fesses en mimant là un geste qui lui avait plu.
- Alors reste…
Puis ses mains repassent à l’avant et retire le bouton de son pantalon, laissant trainer ses doigts curieux.
- Apprenons-nous ensemble.
A genoux maintenant, il lui retire ses chaussures et fait glisser l’ensemble de ses vêtements jusqu’à ce que l’humain soit nu devant lui. Le regard brûlant et appréciateur du dragon coulisse sur son corps et il se mord la lèvre en se relevant reculant comme pour mieux contempler la vision présentée à ses yeux.
- Regarde-toi… murmure-t-il.
Il arbore à nouveau le même regard que dans la cour et comme là-bas, il lui tend la main.
- Tu es ma proie Gi-Ja. Mais sache que je suis la tienne... Dis-moi ce que tu veux ?

Gi-Ja se laisse de nouveau attraper, embrasser, déshabiller sans chercher le moins du monde à se débattre. Tout son corps réclame ce contact qu'il désire du plus profond de son âme. C'est la première fois qu'il est prêt à en assumer les conséquences. Bouche ouverte, suintante de soupirs et d'envie, il geint faiblement quand le dragon s'approprie sa peau avec les doigts ou les dents. Il passe sa langue sur la morsure que le draconien s'est infligée et étanche le sang de la plaie avec des baisers.

"Alors reste…Apprenons-nous ensemble."
Les plus beaux mots du monde.

Le jeune homme s'agrippe à ses larges épaules quand celui-ci s'invite à l'intérieur de son treillis. Il étouffe une plainte qui sonne terriblement lascive dans le tendre du cou de Neorvrim. Ce dernier le fait asseoir sur le lit et achève de l'effeuiller. Gi-Ja frissonne sous ce regard de braise qui le décortique dans sa nudité la plus crue.

- Regarde-toi…

L'humain rougit jusqu'à la pointe de ses cheveux, démuni devant cette expression de pure gourmandise arboré par son compagnon. Il se cache le visage, embarrassé en ricanant nerveusement.

- Je vais avoir du mal... trait de dérision pour tenter de désamorcer une certaine anxiété grimpante. Une sorte de trac qui n'a rien de fondamentalement désagréable. Son coeur palpite si forte que sa poitrine tremble à l'oeil nu.
- Tu es ma proie Gi-Ja. Mais sache que je suis la tienne... Dis-moi ce que tu veux ?

Gi-Ja attrape la main de Neorvrim et l'attire sur le matelas avec lui.

- Toi... dit-il simplement en plongeant ses phalanges dans ses boucles pour s'emparer de sa nuque. Il happe ses lèvres, l'embrasse à pleine bouche avec une sensualité farouche.

Il n'a rien de plus précis à formuler.
Il veut tout essayer avec lui.
Tout lui offrir.
Tout prendre.
Tout.

Il défait son chignon grossier et libère sa chevelure de plus en plus longue. Puis, il s'alanguit dans les draps, tenant toujours le visage princier du dragon entre ses doigts et lui sourit:

- Je suis ton terrain d'expérimentation, vas-y... et il répète mot pour mot : Apprenons-nous ensembles.

- Je vais avoir du mal...
La rougeur, témoin coloré de la gêne de Gi-Ja le faire rire et il écarte de force le rideau de ses doigts.
- Tu n’es pas obligé de me priver de ton visage pour autant.

Il le sent soudain fébrile et note les très légers soubresauts de sa poitrine. Il pose la paume contre cet organe palpitant sous ses doigts.
- Ton cœur bat si fort… Tu as peur Gi’ ? Ne sois pas effrayé. Tu es ma proie Gi-Ja. Mais sache que je suis la tienne... Dis-moi ce que tu veux ?

Il se fait alors tirer sur le matelas et s’allonge à côté du jeune homme, le corps tourné vers lui.
- Toi...
Il n’a pas le temps de dire quoique ce soit. Gi-Ja l’embrasse avec une ardeur féroce et Neorvrim colle instinctivement son corps contre le sien.
- Je suis là, chuchote-t-il entre deux embrassades aussi enflammées que son regard. Tout à toi. Les capacités de cette forme à recevoir du plaisir lui semblent sans limite. Plus il goute à ses lèvres plus il les veut.
Une addiction dangereuse.  

- Je suis ton terrain d'expérimentation, vas-y...
- Voilà beaucoup de pression pour les épaules d’un pauvre dragon, s’amuse-t-il en passant les doigts dans ses cheveux libérés.
- Apprenons-nous ensembles.
Il se redresse et se poste à genoux entre les jambes de l’humain, attirant son corps contre le sien d’un geste sec.
- Très bien, consent-il avec un sourire carnassier. Je commence. Mais tu vas devoir me guider, Gi-Ja. Ses larges paumes empoignent ses cuisses et en pétrissent doucement la chair ferme. Me dire si tu apprécies mes attentions ou non. Entendu ?

Il se sent un peu anxieux lui aussi. Sa volonté de bien faire, de lui donner autant de plaisir que possible est grande mais il se sait également parfaitement novice. Il ne peut que suivre son instinct et s’appuyer sur ce qu’il sait déjà.

Il fait d’abord courir ses mains sur son corps, s’attardant sur certaine zone comme son torse ciselé avec la perfection d’une sculpture. Ses doigts tracent chaque muscle, chaque dessin sous sa peau qu’il voit bouger avec toujours autant de fascination lorsque le derme se hérisse à son passage. Il découvre la sensibilité de ses mamelons avec laquelle il joue, celle de son ventre qui frémit et évidemment de cette virilité dressée qui semble quémander son attention. Mais Neorvrim ne lui accorde que peu de temps, juste de quoi sentir sa texture différente et contrôler les réactions de l’humain lorsqu’il l’empoigne plus fermement pour mimer les frictions qui les avaient menés au septième ciel.

Ses mains repues, il se penche pour goûter les mêmes zones avec sa bouche, ses dents et sa langue. Il alterne, essaie un peu tout, attentif et appliqué et finit par croquer bien plus fort qu’il ne le voulait la peau juste au-dessus de son cœur qui bat encore plus fort qu’avant. Il apaise la morsure d’un baiser.

- Chuuut, mon cœur, je ne te dévorerai pas aujourd’hui, sois sans crainte.
Sachant parfaitement quelle sensation il provoquerait, sa bouche évite sciemment sa verge, se contentant de quelques baisers et coups de langue appuyés.

Il revient finalement vers la bouche de Gi-Ja qu’il a négligé tout le long de son expérimentation et l’embrasser goulument. Lorsqu’il était concentré sur lui et ses réactions, son désir était contrôlable mais il est à présent si fébrile, le corps tendu comme une corde sur le point de céder. Il halète, sa propre virilité douloureuse.
- Et maintenant Gi’ ?

- Ton cœur bat si fort… Tu as peur Gi’ ?
- Un peu...
- Ne sois pas effrayé.
- Je suis tout aussi excité, je crois...

Les deux amis amants se rejoignent dans le même lit, aussi fébriles l'un que l'autre. Gi-Ja couve Neorvrim d'un regard énamouré. Il a l'impression de se transformer de nouveau en pastille effervescente qui pétille de tout son être. Accroché au cou du dragon, le jeune homme est brusquement hissé sur ses cuisses et étouffe un petit hoquet obscène qui lui a filé entre les lèvres.

- Très bien. Je commence. Mais tu vas devoir me guider, Gi-Ja.

Les paumes brulantes du draconien s'emparant de sa chair sont déjà en train de lui faire de l'effet. Il n'est jamais allé aussi loin, consciemment. Le maximum qu'il ait commis dans ses souvenirs c'est de se masturber en compagnie d'un copain de lycée. Les deux garçons s'étaient touchés l'un l'autre, une après-midi particulièrement ennuyeuse, mais sans jamais revenir sur ce drôle d'incident de parcours ensuite. La fin de leurs études secondaires les avaient séparés à tout jamais.

- Me dire si tu apprécies mes attentions ou non. Entendu ?

Gi-Ja hoche la tête comme le garçon obéissant qu'il a toujours été.
Les gestes de Neorvrim sont lents, appliqués, tâtonnants. Il explore minutieusement ce corps étranger, d'humain et de mâle, teste certaines zones plus érogènes que d'autres, attentif aux conséquences de chacune de ses caresses. Les réactions du soldat son honnêtes. Il a beau tenter de refouler ses gémissements ou ses expirations trop prononcées, au début, par habitude et pudeur, il finit par peiner à les maitriser. Il apparait bientôt évident qu'il aime la sensation d'aspiration un peu abrupte des suçons et les mordillements répétés. Ce sont eux qui produisent chez lui le plus de vocalises. Lorsque Neorvrim enfonce ses dents au creux de ses pectoraux, une étincelle plus brutale que les autres court-circuite sa cervelle. Il s'entend couiner et haleter sauvagement, les larmes aux yeux, le corps tremblant de douleur et de plaisir mêlé.

- Chuuut, mon cœur, je ne te dévorerai pas aujourd’hui, sois sans crainte.

"Mon coeur".
Il l'a appelé "Mon coeur".
Il n'a jamais été le coeur de qui que ce soit.
L'idée le chamboule.

- Et maintenant Gi’ ?

Le jeune homme aussi chauffé à blanc que lui, attrape la main de son compagnon et le guide.

- Là... lui désigne-t-il timidement, les prunelles pourtant enflammées. Et se faisant, il lui montre avec ses propres phalanges la manière de procéder. C'est sans doute l'acte la plus licencieuse et humiliante qu'il ait jamais fait devant témoin. Malgré l'opprobre de la situation, il en est également fortement grisé.

Neorvrim l’observe avec attention pendant que l’humain lui montre comment faire grimper les choses au-delà des caresses et de la simple friction des corps.

Il scrute son visage autant que la démonstration, harponné par la lueur qui brille dans les yeux légèrement voilés de Gi-Ja.
A la fois sceptique et curieux, son doigt remplace finalement celui de son compagnon. D’abord parfaitement étonné par cette nouvelle sensation, il se met à mimer un acte avec lequel il est bien plus familier. Il déploie des trésors de délicatesse et de douceur, attentif à la moindre de ses réactions qu’elles soient plaisantes ou non. L’acte à quelque chose d’interdit mais de grisant.

Il se penche pour l’embrasser sans jamais s’arrêter. Ses propres hanches bougent imperceptiblement au même rythme que sa main, comme si elles savaient déjà ce qu’elles voulaient mais le dragon bride complètement son désir pour ne se préoccuper que de son humain. La chose n’est pas difficile pour lui, il a presque passé son existence à le faire. Il recommence volontiers pour son jeune amant aujourd’hui.
Mais il a bien noté ce qui faisait vibrer le corps de Gi-Ja. Il délaisse donc sa bouche et descend dans son cou qu’il marque à plusieurs reprises de ses dents avant d’aspirer avec force la peau là où bat son pouls.

Son torse reçoit le même traitement et ses dents s’impriment cette fois dans ce cœur tatoué puisqu’il ne peut se repaitre de celui qui bat à quelques centimètres de là. Il relève les yeux pour le contempler et en reste saisi.

- Tu aimes, Gi-Ja ? Tu es si beau lorsque tu t’abandonnes entre mes griffes…

Son visage plissé de plaisir, la légère sueur de son derme qu’il a déjà goûté du bout de la langue, ses yeux bridés à la noirceur terriblement hypnotique… il exsude une sensualité qu’il n’a encore jamais vu et dont il se gave.

Son contrôle lui échappe. Jamais il ne l’a trouvé plus appétissant qu’à cet instant. L’effort pour tenir en respect ses pulsions lui coûte de plus en plus et il pousse un faible grondement de frustration en réattaquant son derme à coup de dents. Erzatz de ce que ces crocs aimeraient lui faire.

- Dis… dis-moi ce que cela te fait ? Dis-moi si tu veux que je continue...

« Distrais moi de mes envies… »

Neorvrim s'aventure alors en lui, avec une délicatesse précautionneuse. L'étroitesse du chemin emprunté, crispe Gi-Ja qui se raidit de tout son être et s'accroche fermement au cou de son compagnon, serrant les doigts sur sa chevelure, larmes aux yeux. Ce corps étranger est angoissant, douloureux et paradoxalement... plaisant. Patiemment, le dragon s'emploie à détendre l'humain. Il remarque qu'une zone spécifique, de la taille d'une châtaigne, produit des effets inattendus sur le jeune homme. Il gémit plus fort, se tend à la renverse, menton levé vers le plafond, entortillant les couvertures dans ses poings. Il halète même son prénom, suppliques voluptueuses qui sonne comme des encouragement à persévérer sur cette voie.
Aux doux baisers se succèdent des morsures bien plus sauvages. Le visage du jeune homme est ravagé par un mélange d'extase et de souffrance mêlées d'un érotique consommé. Il en oublie d'avoir peur, trop ballotés par la multitude de sensations neuves. Exquises.

- Tu aimes, Gi-Ja ?
- O... Oui.... parvient à articuler l'interpelé.
- Tu es si beau lorsque tu t’abandonnes entre mes griffes…

Comme pour illustrer son propos, le corps du soldat s'arque-boute une nouvelle fois sous ses caresses. Neorvrim le mord de plus belle et Gi-Ja plante ses ongles dans le dos de son ami comme pour lui arracher les omoplates. Ses griffures dévalent cette échine houleuse, gravant des sillons de sang dans la chair blanche.

- Dis… dis-moi ce que cela te fait ?

Le pauvre garçon n'arrive pas à réfléchir, à penser suffisamment droit pour formuler une pensée cohérente. Il a la sensation d'être devenu complétement stupide.

- Dis-moi si tu veux que je continue...
- O.. Oui.. Encore... Neo... C'est...

Une explosion d'étincelles l'empêche d'être un peu plus éloquent. Qu'importe, son corps s'exprime pour lui dans un langage universelle. Il tremble et se contorsionne, emporté par des vagues de plaisir qu'il n'a jamais encore connues. Un filet de salive s'échappe de la commissure de ses lèvres. Dans un sursaut de désir violent, il attrape la virilité de Neorvrim à pleine paume pour la diriger vers ce fameux chemin que le dragon à défriché en éclaireur.

- A.. Avec ça, s'il te plait.... implore-t-il sur un timbre dont il ne reconnait pas les propres intonations. Viens....Je te veux... là.....

Plus tard, il aura l'occasion d'avoir honte de s'exprimer avec aussi peu de vocabulaire et avec autant d'indécence.

- Dis-le... encore... que je suis ton coeur.... quémande-t-il alors que sa carcasse accueille le membre turgescent de Neorvrim avec un peu plus de complication que ses doigts.

La progression est plus lente, plus épineuse et le jeune homme a la sensation de bruler de l'intérieur et de perdre complétement son souffle. Des flashs l'assaillent, d'un lui lubrique et pilonné comme une vulgaire poupée de chiffon, couinant tel la pire des salopes en manque, avec cet homme...l'homme de la plage. Un sursaut de panique l'étreint et il pause une main sur le torse du dragon.

- A.. Attend ! Stop !

- Dis-moi si tu veux que je continue...
- O.. Oui.. Encore... Neo... C'est...

Le dragon émet un petit rire satisfait. A vrai dire le langage corporel de Gi-Ja s’exprime bien mieux qu’il n’en est capable. Neorvrim ne les quémande que parce qu’il trouve cela terriblement excitant de l’entendre haleter une réponse. Associée à la vision lubrique qu’il lui offre depuis quelques minutes, c’est à en perdre toute raison. A chaque fois qu’il se tend vers lui, le dragon prend cela pour une invitation à le croquer encore. Peu lui importe les longues estafilades dans son dos, leur légère piqûre ne fait qu’aviver le feu dans son sang.

Lorsqu’il empoigne soudain sa virilité au supplice, il pousse un long gémissement.

- A.. Avec ça, s'il te plait...
Neorvrim le contemple avec une surprise certaine. Il comprend la sorte d’accouplement qui résultera de sa volonté, quand bien même elle lui parait peu naturelle.
- Tu  es certain ? demande-t-il toutefois sur un timbre tendu.
- Viens....Je te veux... là...

Il n’est pas dragon à dénier une supplique aussi envoûtante et la perspective d’une union des corps le rend bouillonnant d’excitation.
Alors il s’exécute. Il commence par le hisser un peu plus haut sur ses cuisses et presse son front contre le sien. La pénétration est difficile, douloureuse pour le jeune homme mais terriblement délicieuse. Il en perd son souffle un instant et à l’impression de prendre feu de toute part. Il est presque trop occupé à tenir en respect sa volonté animale d’aller plus loin, plus vite et plus fort pour voir l’ampleur de l’inconfort du jeune homme.

- Dis-le... encore... que je suis ton coeur....
- Par la Flamme… Gi’…
C’est au tour de ses mots de se perdre entre sa cervelle ensuquée de plaisir et sa bouche qui ne semble capable de lâcher que des râles et des gémissements.
Chaque millimètre conquis effectue une pression sur sa virilité qui le rend à moitié délirant d’extase.
Jamais il n’a connu quelque chose de comparable. Ses mains, de part et d’autre du visage de Gi-Ja se referment avec force sur les draps et ses dents continuent à mutiler son derme sensible pour lui éviter tout débordement.

Et puis quelque chose change, il le sent quelques secondes avant que cela ne se produise. La paume de l’humain se pose sur son torse et il lève le nez, alerté.

- A.. Attend !
- Quoi ? … il ne comprend pas, bien trop emporté par l’ensemble de ses pulsions qui appelle à une domination plus complète jusqu’à la mise à mort. S’il te plait… supplie-t-il dans son cou. Arrêter maintenant lui parait impensable, il en mourra de frustration ou quelqu’un d’autre périra à cause de ce même sentiment.
- Stop !
L’ordre claque dans sa cervelle comme un coup de tonnerre.

Ses désirs ne sont rien.
Ils ne passeront jamais avant.
Pour qui se prend-il donc ?

Il recule précipitamment, comme si on venait de le frapper et s’éloigne à l’agonie. La tête entre ses mains, il respire fort, le corps tendu par la volonté de revenir dans ce lit et de faire fi de la demande de Gi-Ja.
Il est sa proie ! Et il lui appartiendra d’une façon ou d’un autre.    

- Pardon… pardonne-moi… chuchote-t-il comme si le jeune homme pouvait lire dans ses pensées immorales.

Le dragon pousse un rugissement de frustration terrible et frappe le mur de son poing serré.
Trop de feu, il a bien trop de feu en lui...

Il doit sortir de cette pièce. Il ne peut pas rester là… il n’arrivera pas à …

Il enfile rapidement son pantalon sans plus le regarder de peur de ne plus savoir se maitriser et quitte la chambre.
Quelques secondes plus tard, la porte du bâtiment claque et le bruit de battement lourd d’ailes se fait entendre. Peu importe son état de faiblesse, il chassera ou tout du moins, il s’éloignera le plus possible jusqu'à tomber d'épuisement.