- Je suis désolée, Urdred. Sincèrement.
- Je sais que tu l’es. Même si tu n’as pas à l’être. Cela n’est en rien… ta faute… c’est… la mienne. Elle m'a effacé de sa vie... voilà tout. Je n’ai pas su… pas pu…

Cassandra lui frotte gentiment le dos.

- Ce n'est pas de la tienne non plus. Tu l'as aimée et tu l'aimes encore sans jamais avoir failli ou douté. Le cœur de Mab n'a pas eu cette force. La vie est parfois simplement injuste...

Elle l'entend pleurer et réprimer son émotion.

- Tu peux pleurer, tu sais, ça soulage parfois. Et ça n'a rien de honteux.

La vampire laisse filer un silence avant de se lancer sur une proposition spontanée qu'elle regrettera peut-être ensuite. Mais sur l'instant, c'est le seul moyen qui lui vient en tête pour lui éteindre le cerveau et amenuiser sa conscience de la douleur.

- Je ... Je ne peux pas effacer ce que tu éprouves...
- C’est bien dommage ! A quoi me sers-tu dans ce cas ?
- Je n'en ai pas le pouvoir, mais je peux t'aider à oublier, quelques heures...
- Que… que veux-tu dire exactement ? Plus d’alcool et de biscuits ?

La suceuse de sang rit doucement et récupère délicatement ses grandes paluches perchées sur ses épaules.

- Non... Je peux faire mieux. Viens...

Le tenant par la main, elle le guide vers le canapé pour l'y asseoir.

- Tu vas fermer les yeux et juste te laisser faire... D'accord ? Fait-elle en lui caressant la joue. Je vais juste... t'offrir un peu de douceur. C'est tout...

Elle grimpe sur ses genoux et passe ses doigts sur les paupières d'Urdred pour les clore, comme on le ferait avec un enfant cherchant le sommeil... ou un mort.

- Oublie que je suis là et prends juste ce qu'il y a à prendre... lui souffle-t-elle dans le creux de l'oreille, son front collé à sa tempe.

Cassandra s'emploie à le câliner, alternant baisers-papillons et caresses enveloppantes. Comme lorsqu'elle soignait ses brûlures, elle s'avère d'une application attentive : elle sait ce qu'elle fait, elle sait où elle va. Elle a pour elle la pratique des corps, ceux en quête de chaleur et d'affection. Elle en prend soin. Elle veut lui apporter un peu de bien.
La pulpe de ses lèvres rencontre vite quelques frissons sur cette peau à demi-humaine et encore jamais touchée de cette manière. Ses doigt retroussent son t-shirt et trouvent son derme. Ils sont frais mais, telle un objet inerte que l'on tient longtemps dans sa paume, se réchauffent jusqu'à épouser la température du dragon. Elle se concentre sur ses réactions, sur le plaisir qu'elle espère lui faire éprouver pour qu'il libère son esprit - au moins pour cette nuit - de cette déchirure du coeur.
Elle a appris, d'expérience que l'organe est élastique, résilient et plus capable de guérison qu'on ne le croit, mais Urdred n'en est pas encore là.

A mesure que sa bouche et ses phalanges dévalent son torse athlétique, elle se coule souplement à terre, entre ses cuisses, et défait les attaches du jean qui compresse son compagnon. Une poignée de secondes, elle guette sur son expression les trace d'un dégout possible.
Elle ne le prendrait pas mal : elle n'a rien de commun avec Mab.

Et puis, elle offre à sa verge les même attentions qu'au reste de sa personne...

- Non... Je peux faire mieux. Viens...

Nous retournons vers le canapé où je m’assois lourdement.

- Tu vas fermer les yeux et juste te laisser faire... D'accord ?
Je fronce les sourcils de perplexité face à son geste… tendre ? mais l’alcool aide à passer outre cet instant étrange.
- Comment cela ?
- Je vais juste... t'offrir un peu de douceur. C'est tout...
- De la douceur ? je répète bêtement, alors que ce que je voudrais savoir c’est pourquoi ? Comment ?
Ma perplexité grimpe des sommets lorsqu’elle s’installe sur mes genoux et sans lui obéir nullement je lève mon visage incrédule vers elle. Me prend-elle pour son siège ? Elle m’oblige à fermer les paupières et j’y consent finalement.

- Oublie que je suis là et prends juste ce qu'il y a à prendre...
Je me tends un peu en sentant son souffle dans mon oreille.
- Cela m’semble difficile, tu es littéralement sur moi. Et ton corps a un poids peu aisé a ignorer.

Je ne saurais dire à quoi je m’attendais. L’un de ses massages qu’elle m’a déjà prodigué, certainement.
Mais pas à ses baisers. Pas à ses caresses sur ma peau.
Excessivement tendu au départ, je finis par me détendre, laissant échapper un soupir, puis deux. Mon corps s’enfonce dans le canapé, ma tête s’appuie sur le dossier.
- C'est... agréable...
Elle est fraiche, non, froide au début mais son contact se réchauffe petit à petit. A cause de moi sans doute. J’ai à peine senti lorsqu’elle a dévoilé mon torse. Pourtant mon tee-shirt gît, esseulé, par terre. Enfin je le crois.
J’oublie effectivement tout ce qui n’est pas cette bouche et ses doigts incroyablement doux. Je ne crois pas avoir déjà connu une sensation pareille. J’ai l’impression d’être dans une bulle, un cocon.
Loin de Titania. Loin de Mab. Loin de ce qui pèse sur mes épaules.

Soudain, je ne sens plus son poids sur mes genoux. Sa bouche court sur mon ventre et j’ai un sursaut de sensation qui s’y éveille, largement confirmer lorsque ses doigts cherchent à ouvrir mon pantalon et y parviennent.
- Attends ! Attends… Cass ? Cassandra… Arrête !
Je me suis redressé, ai pris son visage entre mes mains pour la relever vers moi. J’ai un sourire un peu triste en plantant mon regard dans le sien.
- Il est vrai… que j’ai du chagrin. Et je sais que tu veux m’aider. Mes pouces caresses aussi délicatement que possible ses pommettes piquetées de tâches. Et je t’en suis reconnaissant. Mais… faire cela par compassion… non ! Tu n’as pas à… ! Tu…  Je cherche piteusement mes mots. J’ai… du respect pour toi, Cassandra. Et tu devrais en avoir plus pour toi.  

Copuler pour procréer est une chose. Et je peux concevoir qu’on le fasse par plaisir… mais par pitié. C’est hors de question.

- Attends ! Attends… Cass ? Cassandra… Arrête !

La jeune femme s'interrompt aussitôt en sentant la panique d'Urdred. C'est parfaitement contreproductif de ce qu'elle voulait générer. Elle est surprise, par contre de voir son visage cueilli en coupe, avec ce qu'elle croit interpréter comme de la tendresse. L'expression du dragon, poignante, la laisse un peu chose et elle se rassoie mollement sur les genoux de ce dernier, sans le quitter des yeux.

- Il est vrai… que j’ai du chagrin. Et je sais que tu veux m’aider. Et je t’en suis reconnaissant. Mais… faire cela par compassion… non !
- Ok... Pas de problème... souffle-t-elle à mi-voix.
- Tu n’as pas à… ! Tu…
- Ca va, c'est ok... Sa paume épouse sa joue, délicatement. Je t'assure....Je suis désolée. Je voulais juste... Juste te court-circuiter le cerveau.Elle s'ébroue d'un faible rire... Pardon. Je t'ai fait flipper...
- J’ai… du respect pour toi, Cassandra. Et tu devrais en avoir plus pour toi.

Une drôle d'express passe sur son visage, elle baisse les yeux, se mordille la lèvre inférieure. Derrière ses long cils noirs, il y a une émotion vive qu'elle essaie pudiquement de dissimuler.

- ... Merci. Murmure à peine audible.

Il ne lui avouera certainement jamais plus mais cela la gonfle d'une chaleur que son corps n'est plus capable de produire. Elle se laisse tomber vers l'avant et se blottit contre lui.

- Je ne suis pas très douée comme amie, moi non plus. Excuse-moi....chuchote-t-elle. Tu veux que je te laisse tranquille ?

- Ca va, c'est ok...
Je n’ai aucune idée de ce qui est « ok ».
- Je t'assure... Je suis désolée.
J’ai une grimace et lève les yeux au ciel.
- Mais de quoi enfin ? Tu t’excuses beaucoup trop, Sangsue.
- Je voulais juste... Juste te court-circuiter le cerveau.
- Toi et l’alcool former un duo assez efficace. Je n’ai pas menti. C’était agréable.
Pas assez toutefois pour l’utiliser aussi bassement.
- Pardon. Je t'ai fait flipper...
- Flipper ?… oh peur ? Non ! Enfin… disons que ça n’est pas quelque chose dont j’ai l’habitude.

Pour ne pas dire qu’on ne m’a jamais fait une chose pareille ! Et peut-être qu’une partie de moi, la partie la plus imbibée, se demande pourquoi je n’ai pas profité de l’expérience. Sans doute à cause de ce mot. Profiter.
Oui, j’ai toujours eu toutes les femelles que je voulais, mais elles me voulaient aussi. Là était toute la différence.  
- J’ai… du respect pour toi, Cassandra. Et tu devrais en avoir plus pour toi.
- ... Merci.
- Je t’en prie, je lui réponds avec un sourire en cherchant une autre bouteille des yeux. Il est possible que je ne me rappelle pas te l’avoir avoué demain matin donc nous ferons comme si je ne t’avais jamais dit cela.

Elle se sert contre mon torse nu, et je frissonne encore. Par la Flamme que je déteste cela… frissonner… avoir froid… J’aurais pu la réchauffer bien plus efficacement avec mon corps… d’avant. Maladroitement, je pose ma main dans son dos et le frotte doucement. Sans avoir aucune idée de ce que je fais.

- Je ne suis pas très douée comme amie, moi non plus.
- Mieux que moi, je te rassure. Mais tu es peut-être un peu trop dans le don de toi.
- Excuse moi...
Lourd soupir.
- Sangsue, je suis fatigué de t’entendre t’excuser.
- Tu veux que je te laisse tranquille ?
- C’est… certainement mieux oui. Je te l’ai dit, je ne vais pas être de très bonne compagnie.
Je l’écarte de moi et lui sourit.
- Merci.

Je me relève maladroitement et mes doigts rendus malhabiles remontent mon pantalon sans le refermer. Je ramasse mon tee-shirt et empoigne une autre bouteille.

- Bonne nuit, Cassandra.

Cassandra hoche doucement la tête.

- De rien...

Elle dépose un chaste baiser sur sa joue avant qu'il ne se relève et ne disparaisse dans la chambre avec pour seule compagne, une bouteille d'alcool. Une fois seule avec elle-même, elle contemple le salon vide, les cadavres de verre sur la table basse et les meubles bousculés par le chahut. Elle se sent aussi creuse que le décor qui lui sert d'écrin. Ne sachant que faire d'elle-même, elle finit par faire le ménage, la vaisselle et terminer la préparation des biscuits. La nuit est encore jeune et elle opte pour une sortie salutaire, histoire de changer d'air. Elle se rend au haras pour récupérer quelques décoctions en prévision de la méchante gueule de bois qu'Urdred risque d'avoir le lendemain.

Après ça, le désœuvrement la rattrape.
C'en est risible.
Seule, sans personne à s'occuper, elle se sent mal avec sa propre compagnie.

"J’ai… du respect pour toi, Cassandra.
Et tu devrais en avoir plus pour toi."

- Ca va... C'était qu'une pipe, putain ! ronchonne-t-elle tout haut.

N'importe quel type en aurait profité.
Pas lui.
Le respect, à quoi ça sert ?
ne vous nourrit pas, ça ne vous réchauffe pas et ça n'offre aucun but à l'existence. Elle a couru après tout son vivant avant de comprendre que tout ce dont elle avait besoin c'était un peu d'amour. Le respect, elle lui crache à la gueule.

Finalement, ses pas se sont égarés vers la caserne. Voir Neorvrim l'aidera peut-être à se sentir moins misérable. Elle va faire son petit rapport sur Mab et rentrer avant l'aube pour nettoyer le vomis et la mauvaise humeur d'Urdred. Une merveilleuse perspective.

Comme à leur habitude les bidasses en planton lui pointe leurs canons au visage alors qu'elle approche.

- C'est bon les gars, là, vous me faites le coup à chaque fois. Je viens juste voir Neorvrim...
- Rôder la nuit, ça n'aide pas ton cas.
- Je suis une vampire, bande de tanches, je ne peux pas faire autrement !
- Raison de plus pour se méfier. On aime pas les vampires ici...
- Vous m'emmerdez sec ! J'ai eu un mauvais début de soirée et j'ai plus de patience. Je vous fait une fleur en me présentant à la porte poliment et pas en entrant en scred. Mais si ça continue, je vais arrêter de m'embarrasser de ronds de jambes, en vous foutant une bonne raclée en plus d'une grosse honte. Donc, je vais me répéter une dernière fois : Je. Viens. Voir. Ne. Or. Vrim... fait-elle en détachant chaque syllabe avec lenteur comme s'ils étaient trop demeurés pour les enregistrer à vitesse normale.

Des coups discrets à la porte réveillent le dragon étroitement enlacé par son humain.
- Neorvrim ? chuchote une voix à travers la porte.
- Oui ? répond-il sur le même ton en ayant bien du mal à émerger.
- La vampire est là. Elle veut vous voir.
- Cassandra ? J’arrive.  

Cette fois, il y a un peu plus de panique dans sa voix.
Est-il arrivé quelque chose à la jeune femme ? Ou à Urdred ?

Il embrasse brièvement le front de Gi-Ja et sort du lit avec autant de précautions que possibles pour ne pas l’éveiller tout à fait.
- Tout va bien, mon aimé. Je reviens. Juste une affaire de … famille, murmure-t-il contre sa peau.

Il s’habille rapidement et rejoint le soldat qui l’attend dehors, l’esprit emplit de scénarios catastrophes, de morts brutales, de disputes de trop… tout et n’importe quoi.
Une fois à la lisière de la caserne, il se dirige automatiquement vers la jeune femme et la scrute de haut en bas, avant de poser ses mains sur ses épaules. Il ne voit aucune blessure apparente puis se souvient alors qu’elle est une vampire et c’est son expression qu’il cherche à déchiffrer.

- Tout va bien, Cassandra ? Vous a-t-il blessé d’une façon ou d’un autre ? … Une autre pensée le traverse alors. Et il se rend compte combien cette idée le dévasterait. Est-il arrivé quelque chose à Urdred ?

Gi-Ja marmonne dans un demi-sommeil pâteux : "Encore... Urdred... ?" avant de laisser son aimé courir au devant de celle qui lui sert de garde-fou. On a finalement laissé Cassandra passer, non sans un petit coup de pouce d'une charmante blondinette en treillis, visiblement moins obtuse que ses congénères munis d'un braquemart.

Neorvrim accourt vers elle, tout échevelé, dans une sorte de peignoir qu'il arrive à rendre noble et digne. Il semble sincèrement paniqué et la jeune femme se morigène immédiatement. Décidément, elle ne crée que des soucis.

- Tout va bien, Cassandra ? Vous a-t-il blessé d’une façon ou d’un autre ?
- Quoi ?! Non, Urdred ne me ferait jamais de mal !

La conviction qui vibre dans sa propre voix l'effraie. A quel moment s'est-elle forgée une certitude aussi inébranlable ? Cet absence de recul risque de lui être fatale un jour.

- Je veux dire... Rien de neuf, c'est toujours un emmerdeur égocentrique de première qui me prend pour son larbin, déclare-t-elle pour contrer ses propres affirmations. Il n'est pas plus blessant que d'habitude.
- Est-il arrivé quelque chose à Urdred ?

La mâchoire de la vampire se crispe.

- Mab... Elle a débarqué chez nous avec une petite escouade armée. Elle a essayé de le provoquer et comme ça ne prenait pas, elle m'a menacée pour qu'il commette un faux pas. Silence gêné. Il a buté un de ses soldats chelous et Mab a voulu user de ce prétexte pour le ramener au Bosquet.

Elle se passe une main nerveuse dans les cheveux.

- J'avais l'impression d'être prise en sandwich dans une parade nuptiale hyper nauséabonde. J'ai manœuvré, pas trop mal je crois, pour qu'elle dégage et elle s'est finalement barrée... Mais....

Cassandra a une expression douloureuse.

- Cette connasse l'a complétement laminé. J'ai.. J'ai essayé de le consoler comme j'ai pu, mais je ... J'ai.. Elle hausse les épaules, incapable de poursuivre sa phrase. Un éloquent aveux d'impuissance. Il s'est soulé jusqu'à s'écrouler. ... Neo.. Je ne sais pas quoi faire....

Et le peu qu'elle fait ne sert à rien.

- Quoi ?! Non, Urdred ne me ferait jamais de mal !

Neorvrim fronce les sourcils et la regarde, surpris par l'accent de certitude qui vibre dans la voix de Cassandra. Lui n'est pas si certain que son cher prince ne profitera pas d'un mauvais mot à faire pour la blesser mais comme il n'arrive pas vraiment à mettre le doigt sur le type de relation qui s'est instaurée entre Cassandra et Urdred tout est possible.

- Je veux dire... Rien de neuf, c'est toujours un emmerdeur égocentrique de première qui me prend pour son larbin. Il n'est pas plus blessant que d'habitude.
- Vous m’en voyez ravi. J’ai cru un instant qu’il avait changé…. Est-il arrivé quelque chose à Urdred ?

- Mab...
- Mab ? Elle est…venue lui parler ?
Cela n'annonce rien de bon. La fragilité émotionnelle d'Urdred n'était certainement pas prête à cela.
- Elle a débarqué chez nous avec une petite escouade armée. Elle a essayé de le provoquer et comme ça ne prenait pas, elle m'a menacée pour qu'il commette un faux pas.
- Et…? L'a-t-il commis ce faux pas ?
- Il a buté un de ses soldats chelous et Mab a voulu user de ce prétexte pour le ramener au Bosquet.
Par la Flamme ! Grogne le dragon en se passant la main sur le visage. Je suppose qu'on peut dire que cela c'est…relativement bien passé. Il va falloir que je réaffirme sa protection auprès de nos ambassadeurs. Il reste inadmissible que Mab puisse venir vous menacer.
- J'avais l'impression d'être prise en sandwich dans une parade nuptiale hyper nauséabonde. J'ai manœuvré, pas trop mal je crois, pour qu'elle dégage et elle s'est finalement barrée...
- Je n'en doute pas une seconde. Vous avez les ressources nécessaires pour tenir tête à une princesse fae.
- Mais....
Il laisse le silence s'étirer tout en observant attentivement la jeune femme. Étonnemment il a l'impression que tout cela la peine énormément. Mais il oublie parfois la force de compassion de la race humaine.
- Cette connasse l'a complétement laminé.
- Je vois. Urdred est toujours très épris donc. Le pauvre… il est étonnant qu'elle soit venue le provoquer ainsi. Elle aurait largement pu laisser couler toute cette histoire. Surtout si elle a fait son choix. Et ce depuis des centaines d'années.
- J'ai.. J'ai essayé de le consoler comme j'ai pu, mais je ... J'ai.. Il s'est soulé jusqu'à s'écrouler. ... Neo.. Je ne sais pas quoi faire....

Neorvrim sourit tranquillement et pose une main sereine sur l'épaule de la jeune femme.

- J'ai consolé Gi-Ja d'un chagrin du cœur moi aussi. Je crains que dans pareille situation il n'y ait pas de solution miracle et j’ai eu l’impression de ne pas être d'une grande utilité Mais jai compris qu’il avait juste besoin de quelqu'un de présent. Quelqu'un pour l'écouter, compatir ou essayer de le faire rire. Choses que vous avez certainement faites. La sincérité et la profondeur des sentiments sont une force lorsqu'ils sont retournés et un fardeau lorsqu'ils ne le sont pas. Il va falloir qu'Urdred laisse faire le temps, qu'il accepte. Et vu le caractère de notre royal ami, cela risque de prendre…un certain temps. C'est une historie compliquée que la leur. Il faut espérer qu’Urdred l'ait vu comme un point final, qu'il puisse aller de l'avant…Nous ne pouvons qu'être là pour l'accompagner sur ce chemin. Du moins si vous le souhaitez. Le dragon a un petit rire grondant. Il va être exécrable pendant les heures à venir…as tu besoin d'aide ou que je prenne le relais ?

- Je n'en doute pas une seconde. Vous avez les ressources nécessaires pour tenir tête à une princesse fae.
- C'est... gentil, fait Cassandra un peu surprise du compliment. Elle n'a pas l'impression d'avoir quoi que ce soit pour elle. Mais....

Elle exprime son désarroi et son sentiment d'impuissance face à la tristesse d'Urdred. Elle déteste que cela la remue à ce point.

- Je vois. Urdred est toujours très épris donc. Le pauvre… il est étonnant qu'elle soit venue le provoquer ainsi. Elle aurait largement pu laisser couler toute cette histoire. Surtout si elle a fait son choix. Et ce depuis des centaines d'années.
- J'ai ma petite idée sur la question mais je n'avais pas envie de m'en ouvrir à Urdred. ça aurait pu nourrir des espoirs déplacés. Je pense qu'elle a peur de céder de nouveau à ses sentiments tant qu'Urdred est libre de ses mouvements. C'est plus simple d'écarter la tentation si on l'enterre dans les racines d'un arbre piégé, hein ?... Je déteste le voir perdre toute sa fierté face à cette... cette sale pétasse ! Il n'a pas cesser de répéter qu'il avait essayé d'être suffisamment bien pour elle. Sérieux... ?! Depuis quand son égo flamboyant est inférieur à qui que ce soit ?! C'est insupportable de l'entendre se trainer pathétiquement au sol pour une meuf qui a pas eu assez de force de caractère et d'amour dans le cœur pour rester avec lui ! crache-t-elle avec une colère inattendue. J'ai.. J'ai essayé de le consoler comme j'ai pu, mais je ... J'ai.. Il s'est soulé jusqu'à s'écrouler. ... Neo.. Je ne sais pas quoi faire....

L'aveu d'impuissance est cruel et lui noyaute les entrailles, d'autant qu'elle a l'impression, en plus, de l'avoir déçu d'une certaine manière, avec un comportement jugé déplacé.

- J'ai consolé Gi-Ja d'un chagrin du cœur moi aussi.
- Comment tu t'y es pris ?
- Je crains que dans pareille situation il n'y ait pas de solution miracle et j’ai eu l’impression de ne pas être d'une grande utilité. Mais j'ai compris qu’il avait juste besoin de quelqu'un de présent. Quelqu'un pour l'écouter, compatir ou essayer de le faire rire. Choses que vous avez certainement faites.
- Oui... Oui j'ai fait ça... Et d'autres trucs...
- La sincérité et la profondeur des sentiments sont une force lorsqu'ils sont retournés et un fardeau lorsqu'ils ne le sont pas. Il va falloir qu'Urdred laisse faire le temps, qu'il accepte. Et vu le caractère de notre royal ami, cela risque de prendre…un certain temps. C'est une historie compliquée que la leur. Il faut espérer qu’Urdred l'ait vu comme un point final, qu'il puisse aller de l'avant…
- Oui, je crois.... J'espère... Oh ! J'y pense, j'ai vu des écailles apparaitre sur son visage !
- Nous ne pouvons qu'être là pour l'accompagner sur ce chemin. Du moins si vous le souhaitez.
- Je ne crache jamais sur un peu de soutien moral.
- Il va être exécrable pendant les heures à venir…
- Le retour de cuite couplé à la mélancolie... Ca va être aussi sympa que de récurer le cul d'un éléphant diarrhéique.
- As tu besoin d'aide ou que je prenne le relais ?
- Il aura peut-être besoin de causer à quelqu'un qui a connu Mab à un moment donné, ouais... Je lui en veux, Neo ! Je lui en veux parce que ces derniers temps il avait fait des progrès : il était allé voir le doc, il faisait des croquis pour la forge et des idées d'armes, il essayait d'être plus agréable, il avait même évoqué la possibilité de rencontrer des humaines pour.. euh.. tu vois ce que je veux dire ? Bref... c'était de petits pas mais des pas quand même... Quelques mots d'elle et j'ai l'impression que tout s'est effondré.


Et que peut-elle y faire, elle ?
Elle ne dispose pas du moindre argument pour contrer l'aura absolue de cette femme. Elle n'est qu'une risible sangsue pour qui il a un peu de respect. Cela ne pèse guère lourd fasse à l'amour de toute une existence.

Neorvrim l'écoute exposer son avis en le trouvant parfaitement cohérent tout comme un peu alarmant.

- Espérons qu'elle abandonne rapidement cette idée. Et tu as bien fait de ne pas en parler à Urdred. L'espoir aurait été cruel.
D'autant que Mab n'aurait certainement pas changé quoique ce soit à sa décision.
- Je déteste le voir perdre toute sa fierté face à cette... cette sale pétasse ! Il n'a pas cesser de répéter qu'il avait essayé d'être suffisamment bien pour elle. Sérieux... ?! Depuis quand son égo flamboyant est inférieur à qui que ce soit ?!
- La force des sentiments, très chère. Capable de mettre à terre notre fierté même la plus… imposante.
- C'est insupportable de l'entendre se trainer pathétiquement au sol pour une meuf qui a pas eu assez de force de caractère et d'amour dans le cœur pour rester avec lui !
Neorvrim lui jette un coup d'œil surpris à nouveau.
- Ne prends pas les choses tant à cœur… Tu tiens à lui, n'est-ce pas ?

Si c'est le cas, c'est heureux pour Urdred. Lui si peu à l'aise avec les autres…qu'il ait réussi l'exploit de ce faire une amie capable de le défendre avec une telle véhémence est aussi inattendu que bénéfique.

- J'ai.. J'ai essayé de le consoler comme j'ai pu, mais je ... J'ai.. Il s'est soulé jusqu'à s'écrouler. ... Neo.. Je ne sais pas quoi faire....

Il lui parle alors de sa propre expérience en la matière, faisant remonter des souvenirs pas si lointains mais qui le font à présent sourire. Il reste persuadé que Cassandra a fait ce qu'il fallait.

- Oui, je crois.... J'espère... Oh ! J'y pense, j'ai vu des écailles apparaitre sur son visage !
Un large sourire éclaire les traits nobles du dragon.
- Vraiment ? Dans quelle circonstance ? Quoi qu'il en soit, nous ne pouvons qu'être là pour l'accompagner sur ce chemin. Du moins si tu le souhaites.
- Je ne crache jamais sur un peu de soutien moral.
- Et je suis là. A nimporte quelle heure du jour ou de la nuit. Il va être exécrable pendant les heures à venir…
- Le retour de cuite couplé à la mélancolie... Ca va être aussi sympa que de récurer le cul d'un éléphant diarrhéique.
- Mmm je vois bien l'image oui. As tu besoin d'aide ou que je prenne le relais ?
- Il aura peut-être besoin de causer à quelqu'un qui a connu Mab à un moment donné, ouais…
- Je viendrais le voir en soirée. Lorsqu'il aura récupéré.
- Je lui en veux, Neo !
- A qui donc ?
- Je lui en veux parce que ces derniers temps il avait fait des progrès : il était allé voir le doc, il faisait des croquis pour la forge et des idées d'armes, il essayait d'être plus agréable, il avait même évoqué la possibilité de rencontrer des humaines pour.. euh.. tu vois ce que je veux dire ? Bref... c'était de petits pas mais des pas quand même...
- Ce sont même d'excellentes nouvelles ! A son échelle évidemment. Ainsi il commence à…envisager de…mmm embrasser sa mixité. Que lui a dit Salomon ?
- Quelques mots d'elle et j'ai l'impression que tout s'est effondré.
- Oui. J'imagine que la nouvelle a été … difficile à avaler. Urdred a eu peu de gens pour qui il comptait vraiment. Il est normal que la trahison de celle que son cœur avait choisi est plus que douloureuse. Je peux… parfaitement le comprendre. Preuve que notre prince a bel et bien un cœur ! Plaisante-t-il. Il s'en remettra, je crois. Peut-être que cela lui redonnera même un sursaut de fierté... qu'a-t-il dit à Mab ?

- Ne prends pas les choses tant à cœur… Tu tiens à lui, n'est-ce pas ?

Cassandra a un petit ricanement aigre, cassé. Elle est émotionnellement beaucoup trop impliquée. En même temps, toute sa vie tourne autour d'Urdred depuis qu'ils se sont rencontrés, une manière comme une autre de ne pas s'attarder sur son cas. Elle n'est pas stupide. Elle voit parfaitement que son attachement pour lui gonfle exponentiellement et que les contours de cette affection sont poreux et mal définis.
À son corps défendant, il lui plait.
À son coeur défendant, il l'émeut.
Il n'y a pourtant absolument rien à attendre d'un être comme lui. Elle le sait, il le sait. Il le lui a toujours clairement énoncé.
Pourtant, elle continue de s'enfoncer.

Je suis en train de faire n'importe quoi.

- Sans doute trop pour mon propre bien, déclare-t-elle avec une lucidité tragique. On se ressemble bien trop pour qu'il en ressorte quelque chose de bien, Neo. Je vais l'accompagner jusqu'à ce qu'il se sente de nouveau lui-même, mais ensuite, il faudra que je m'éclipse. Je suis juste une béquille momentanée. J'ai parfois tendance à l'oblitérer...

Elle lui évoque les écailles, les progrès, et sa crainte que, fatalement, Mab ait tout saboté.

- Il lui a tenu un discours... Je te jure tu aurais été aussi fier que moi ! Il était royal ! J'ai plus exactement les mots, mais il l'a prise à témoin en lui balançant qu'il rebâtirait la nation draconique pierre par pierre, que les dragons renaitraient de leurs cendres plus forts et plus évolués, et qu'il en serait le roi. Et il avait des écailles dorées qui miroitait autour de ses yeux et de son front, c'était... hyper beau... confie-t-elle dans un souffle, encore émerveillée de ce souvenir. Hum... Enfin... c'était surprenant, quoi... s'auto-nivèle-t-elle. Je pense que c'est sa foi en ce qu'il disait qui a réveillé sa part dragon... enfin, je pense.... En tous cas, c'est la première fois que je l'entendais dire que sa métamorphose était un atout évolutif et pas... une tare. Je ne sais pas ce que lui a dit le Doc exactement, simplement qu'il a fait une prise de sang. C'est le secret professionnel, tout ça...

La vampire se masse la nuque.

- Le sursaut de fierté était là, ouais... mais j'ai peur du contre-coup. Enfin, on verra bien, j'imagine.

Elle adresse un vaillant sourire à son interlocuteur.

- Je suis désolée de t'avoir réveillé en pleine nuit et de t'avoir inquiété. Ton chéri va me détester à force...

- Sans doute trop pour mon propre bien. On se ressemble bien trop pour qu'il en ressorte quelque chose de bien, Neo.Je vais l'accompagner jusqu'à ce qu'il se sente de nouveau lui-même, mais ensuite, il faudra que je m'éclipse. Je suis juste une béquille momentanée. J'ai parfois tendance à l'oblitérer...

Il la regarde avec une profonde compassion.
- Ne vaut-il mieux pas te préserver et arrêter les frais dès à présent ? Pour toi. Vous êtes… très proches tous les deux. Physiquement je veux dire. Vous vous côtoyez tous les jours. Et pour tout le reste, c'est toi qui doit encaisser. Même si je pense que ta présence et ton affection lui sont bénéfiques.

- Il lui a tenu un discours... Je te jure tu aurais été aussi fier que moi ! Il était royal !
- Comme il se doit. Cette lignée a du charisme à revendre quand ils le veulent.
- J'ai plus exactement les mots, mais il l'a prise à témoin en lui balançant qu'il rebâtirait la nation draconique pierre par pierre, que les dragons renaitraient de leurs cendres plus forts et plus évolués, et qu'il en serait le roi. Et il avait des écailles dorées qui miroitait autour de ses yeux et de son front, c'était... hyper beau…

Le dragon a un petit sourire un peu triste. Il voit bien qu'effectivement elle s'implique un peu trop. Il espère sincèrement que Cassandra ne ressortira pas trop blessée par tout cela.
Au delà de cela, il est ravi de voir qu’Urdred fait de tel progrès.

- Roi ! Rien que cela. Après tout pourquoi pas. Il en a tous les droits même si c'est peu habituel.
Hum... Enfin... c'était surprenant, quoi... Je pense que c'est sa foi en ce qu'il disait qui a réveillé sa part dragon... enfin, je pense.... En tous cas, c'est la première fois que je l'entendais dire que sa métamorphose était un atout évolutif et pas... une tare.
- Tu avais donc bien raison. Le blocage est peut-être tout simplement dans sa tête. Il a besoin de…s'accepter.
- Je ne sais pas ce que lui a dit le Doc exactement, simplement qu'il a fait une prise de sang. C'est le secret professionnel, tout ça… Le sursaut de fierté était là, ouais... mais j'ai peur du contre-coup. Enfin, on verra bien, j'imagine.
- Je comprends. Il est assez imprévisible dans son genre.
- Je suis désolée de t'avoir réveillé en pleine nuit et de t'avoir inquiété. Ton chéri va me détester à force…
La dragon a un petit rire et passe chaleureusement son bras sur les épaules de la vampire.
- Ne t'en fais donc pas. Gi-Ja comprend je crois. Et puis, je subis bien les réveils constants et intempestifs de sa "famille". Tu es la bienvenue quoi qu'il t'arrive. Après tout tu t'occupes du seul membre de ma famille. Je peux bien être ton soutien moral lorsque tu en as besoin. Est-ce que cela ira ? Tu es certaine ?

- Ne vaut-il mieux pas te préserver et arrêter les frais dès à présent ? Pour toi.

Cassandra a une expression d'une profonde mélancolie. Elle devrait, oui. Elle n'a jamais su obéir à la raison.

- Vous êtes… très proches tous les deux. Physiquement je veux dire. Vous vous côtoyez tous les jours. Et pour tout le reste, c'est toi qui doit encaisser. Même si je pense que ta présence et ton affection lui sont bénéfiques.
- Est-ce que tu me jugerais pathétique si je te disais que c'est la seule chose qui motive mon existence pour le moment ? Je m'accroche à cet idée, qu'au moins je lui apporte un peu de bien.

Haussement d'épaules. Sa résignation est palpable, actée.

- Je n'ai rien d'autre.

La conversation en revient à son sujet principal : Mab, Urdred, ses progrès... Lorsqu'elle s'excuse de bouleverser sa vie avec ses visites nocturnes, Neorvrim lui répond avec bienveillance.

- Ne t'en fais donc pas. Gi-Ja comprend je crois. Et puis, je subis bien les réveils constants et intempestifs de sa "famille". Tu es la bienvenue quoi qu'il t'arrive.
- Ok... On ne vas pas se mentir, nos petites conversations m'aident à.. à garder le cap on va dire !
- Après tout tu t'occupes du seul membre de ma famille. Je peux bien être ton soutien moral lorsque tu en as besoin. Est-ce que cela ira ? Tu es certaine ?
- Il faudra bien, non ? Il y a longtemps que je ne suis plus certaine de rien de toute façon.

Elle lui dédie un de ses sourires mutins qui fait pétiller ses prunelles d'ambre vert. Un sursaut de vaillance dans ce corps refroidi par la mort. Elle se hisse jusqu'à sa joue et y colle un bécot de gratitude.

- Merci d'être là... Je vais y aller avant que le jour se lève. A demain soir, alors ?

Elle s'éloigne, puis se retourne avec un petit mouvement de main avant de disparaitre dans les ombres de la nuit.

A l'aube, fidèle au poste, elle a préparé un petit déjeuner anti-gueule de bois pour son colocataire : un thermos de citron chaud au miel, des bananes, un jus de tomate, et, évidemment, ses biscuits... Recroquevillé dans le fauteuil dans une position improbable, elle sirote un thé en lisant "Les Trois Mousquetaires" d'Alexandre Dumas. Elle fait mine de ne pas le remarquer quand il émerge enfin alors qu'elle l'a guetté. Une idiotie de plus à son actif.

J’ai commencé par faire un rêve merveilleux dont je n’ai plus aucun souvenir. Et puis le rêve a évolué vers de nombreux cauchemars qui s’enchainaient sans queue ni tête. Souvent il y avait Mab, pas toujours.
L’éveil est donc un soulagement.
Pendant les trois premières secondes.

Puis viennent les pulsations douloureuses dans le crâne, comme si l’on m’enfonçait une lame dans la tête. La bouche horriblement pâteuse, l’estomac qui s’agite de désapprobation, la lumière qui m’agressent les yeux… la liste est longue et désagréable.

Bref, un état physique déplorable. Quel horrible corps, incapable de gérer un peu d’alcool…
Bon peut-être plus « qu’un peu » qui ne semble pas être le terme approprié. Surtout si l’on considère le fait que je me suis endormi avec une bouteille vide entre les bras.
Je pousse un soupir alors que vient soudain une sensation de perte terrible et celle-ci vient de mon cœur.
Je me souviens alors pourquoi j’ai décidé de m’imbiber d’alcool hier soir et les douleurs se généralisent, s’étendent. J’ai une sorte de hoquet et j’enfouie mon visage dans l’oreiller en posant une main sur mon cœur avec la peur irrationnelle de l’entendre se briser en mille morceaux, jusqu’à ce que les choses deviennent… à peu près supportable.  

Ensuite, je respire profondément, regardant l’heure. La matinée est déjà bien avancée. Lentement je me lève et me traine jusqu’à la douche.
Je pue, c’est une infection. Je reste sous l’eau chaude un moment, espérant faire couler mon mal être avec le reste. Mais je ne vois rien s’en aller avec l’eau.

C’est tel un mort-vivant, grognant contre le gazouilli insupportable des oiseaux, que je rejoins le salon. La pénombre qui y règne est une bénédiction pour ma vision sensible.
Sans vraiment penser droit je m’assoie au pied du fauteuil occupé par la Sangsue et attrape sa main pour la coller sur mon front. Sa fraicheur me fait un bien fou.

- Pourquoi tout fait souffrir ce matin ? Et ces odieux piafs qui chantent dehors… comme s’il y avait une raison de se réjouir…

Cassandra tressaille quand elle voit sa main brusquement confisquée. Quelque chose d'anormalement pointu lui aiguillonne la poitrine. Elle chasse l'impression comme on chasse un moustique. Urdred use de sa main comme d'un gant de toilette, c'est dire si la considération dont il a fait preuve hier a fondu comme neige au soleil.
Pourtant, la vampire en profite allégrement.

Merde après tout !
J'ai besoin de ma dose de contacts.

Elle abandonne son roman pour caler Urdred entre ses jambes. Elle plonge ses doigts dans ses cheveux courts et lui masse délicatement la tête.

- Pourquoi tout fait souffrir ce matin ?
- Bienvenue dans le monde merveilleux de la Gueule de Bois. "Geuldeub" pour les intimes. Le corps humain, même à demi, n'est pas fait pour encaisser tout l'alcool dont tu t'es imbibé.
- Et ces odieux piafs qui chantent dehors… comme s’il y avait une raison de se réjouir…
- Tu as pris une douche. Ils ont toutes les raisons de se réjouir...

Elle attrape le flacon d'huile essentielle de menthe poivrée que Grass lui a donné hier et en applique délicatement sur les tempes du dragon.

- Tu as des nausées ? demande-t-elle. Il faut que je te l'applique sur la poitrine et le ventre, si oui. C'est ce qu'a dit le doc, en tous cas.

Voilà qui fait un bien innommable. Je me suis décalé sans rechigner. Les os de mon crâne semblent ramollir sous ses doigts et ils adoucissent un peu les coups de burin qui l’ébranle à chaque battement de cœur.  

- Pourquoi tout fait souffrir ce matin ?
- Bienvenue dans le monde merveilleux de la Gueule de Bois. "Geuldeub" pour les intimes.
- Chhuuuuuuut, pitié arrête de hurler ! Surtout si c’est pour sortir des sarcasmes.
- Le corps humain, même à demi, n'est pas fait pour encaisser tout l'alcool dont tu t'es imbibé.
- Je ne vois pas du tout de quoi tu parles… Vraiment ce corps ne cesse de m’étonner. Je manie toujours l’ironie même avec une cervelle à moitié fonctionnelle. C’est bon à savoir. Et ces odieux piafs qui chantent dehors… comme s’il y avait une raison de se réjouir…
- Tu as pris une douche. Ils ont toutes les raisons de se réjouir...
- Ce que tu es drôle…truculente !  

Elle ouvre un petit flacon dont l’odeur me reprend aussi à la gorge et lorsqu’elle en badigeonne mes tempes, j’ai un vif mouvement de recul.

- Par la… aïe ! J’ai bougé trop vite la tête et j’en paie aussitôt le prix. L’odeur … est très forte, je parviens à articuler.
- Tu as des nausées ?
Rien que d’entendre le mot, mon estomac fait la cabriole.
- Ne prononce même pas ce mot. Je fais de très gros effort pour ne pas perdre tout le reste de ma dignité sur le sol.
- Il faut que je te l'applique sur la poitrine et le ventre, si oui.
- Tsss tout ça pour me tripoter à nouveau, tu n’en manques jamais une toi…
- C'est ce qu'a dit le doc, en tous cas.
- Le doc a bon dos… Je crois que je vais me terrer dans un coin et me laisser mourir. Cela me parait une excellente idée.

Je pose ma joue contre son genou et ferme les yeux.
- C’était réel n’est-ce pas ? Hier ? Mab et ses gardes… tes biscuits… je crois me souvenir que nous sommes tombés par terre et que tu m’as bassement accusé de je ne sais quoi…
Mon front se plisse sous la concentration mais tout reste très flou…
- Aide-moi à refaire la soirée.

- Ne prononce même pas ce mot. Je fais de très gros effort pour ne pas perdre tout le reste de ma dignité sur le sol.
- Et le sol et moi t'en sommes grés. On a pas spécialement envie de recevoir et d'éponger tes galettes. Ceci dit cela répond à ma question : Il faut que je te l'applique sur la poitrine et le ventre, si oui.
- Tsss tout ça pour me tripoter à nouveau, tu n’en manques jamais une toi…
- Mais oui Trouduc, je vis littéralement pour ces moments... ironise-t-elle, laconique.  C'est ce qu'a dit le doc, en tous cas. Allez, retire ton t-shirt.

Urdred préfère se blottir contre son genou et Cassandra se trouve partagée entre deux sentiments violents d'égale importance : celui de le dégager de là à coups de poing et celui de l'enlacer tendrement. Elle opte pour un entre-deux prudent : ne rien faire.
Ou presque.
Ses doigts lui désobéissent et viennent gentiment lui caresser la tête.

- C’était réel n’est-ce pas ? Hier ?
- Quoi donc ?

Malgré un léger temps de suspension de ses gestes, rien ne trahit son embarras.

- Mab et ses gardes… tes biscuits… je crois me souvenir que nous sommes tombés par terre et que tu m’as bassement accusé de je ne sais quoi…
- D'être un Trouduc très certainement... fait-elle avec douceur.
- Aide-moi à refaire la soirée.
- Urdred... Franchement ça ne t'avancerait à rien. Tu étais malheureux et tu t'es soulé jusqu'à épuisement. Tu veux vraiment revivre ce sale moment ? Tu n'as pas bu comme un trou pour oublier, justement ?

Elle marque un temps.

- Si c'est vraiment important, ça te reviendra.

Et comme elle ne l'est pas, il n'y a aucune chance qu'il s'en souvienne.

- C’était réel n’est-ce pas ? Hier ?
- Quoi donc ?

Est-ce un fond de tension que je ressens soudain dans l’air. As-tu des choses à me cacher Sangsue ? Je fais mine de rien, lui servant des banalités tout en réfléchissant. Malheureusement rien ne me revient en plus.

- Aide-moi à refaire la soirée.
- Urdred... Franchement ça ne t'avancerait à rien.
Je relève la tête et la scrute avec attention. Définitivement, elle refuse de me parler de quelque chose. Je n’ai aucune idée de quoi.  
- Si. Cela m’avancerait à savoir pourquoi tu as eu une hésitation quand je t’ai posé la question. Quoi ? Crois-tu que je sois totalement aveugle ?

A force de la côtoyer, de l’entrainer, je commence à bien connaitre ses mimiques, et la signification d’un plissement d’yeux, un pincement de lèvre et d’un léger arrêt dans ses mouvements.

- Tu étais malheureux et tu t'es soulé jusqu'à épuisement.
- Je le sais parfaitement et ça n’était pas ma question.
- Tu veux vraiment revivre ce sale moment ?
- Ca n’était toujours pas la question, j’insiste.
- Tu n'as pas bu comme un trou pour oublier, justement ?

Son regard se vrille dans le sien.
- J’ai voulu oublier ce qu’il s’est passé avant que je ne me mette à boire. Ne me prends pas pour un idiot.
- Si c'est vraiment important, ça te reviendra.

Je ne sais pas pourquoi je me sens soudain… déçu. Qu’elle ne me dise pas la vérité. Qu’elle ne me fasse pas confiance et qu’elle se cache derrière un « tu retrouveras bien la mémoire si tu le veux vraiment. »
Mon mal de tête me reprend, vicieux et je grimace en me frottant les tempes.

- Très bien. Comme tu le souhaites.

Lentement je me relève et retire mon tee-shirt. Après tout quelle importance ? Elle a raison. J’ai d’autres chats à fouetter, non ? Comme éviter de rendre tout ce que contient mon estomac.

- Très bien. Comme tu le souhaites.

Les mots claquent, froids, cinglants.
Une pierre lourde lui tombe dans l'estomac. Cassandra se sent aspirée de l'intérieur par un sentiment de honte et de culpabilité.

Elle l'a déçu.
Encore.

La vampire prend une inspiration alors qu'elle n'a plus besoin d'oxygène. Un vieux réflexe de vivant. Elle triture le flacon d'huile essentielle, lèvres pincées, regard fuyant.

- Tu voulais manger les biscuits que j'avais commencé à préparer avant que Mab débarque avec sa clique, amorce-t-elle en fixant un point sur le sol. Ils n'étaient pas cuits. Tu as voulu que j'aille immédiatement le faire, j'ai exigé que tu me le demandes gentiment et comme d'habitude, tu as préféré n'en faire qu'à ta tête en te levant pour manipuler le four toi-même. J'ai essayé de t'en empêcher, je t'ai ceinturé, tu t'es vautré en m'entrainant avec toi...

Le petit flacon en verre tape sur sa cuisse à rythme répété, alors qu'elle joue avec.

- Tu étais en train de m'écraser et j'essayais de te pousser de là, ce qui t'as excité -je cite- "comme de sentir une proie se débattre." Léger silence. Tu m'as avoué que le palais te manquait, que tu écrivais de la poésie pour Mab, que tu avais tout fait pour être à sa hauteur et que tu n'avais pas réussi. Je suis allez faire les biscuits, je t'ai proposé de m'aider parce que tu t'es plaint que ça n'allait pas assez vite. Tu as fait exprès de t'y prendre comme un manche, juste pour m'emmerder. Finalement tu as pu gouter la première fournée.

Là, le silence s'étire.
Sa mâchoire se crispe.

- Tu étais déprimé, et triste alors je t'ai pris dans mes bras. Je voulais prendre un peu de ta peine avec moi, te faire oublier momentanément ton chagrin, sauf que je ne savais pas comment faire... Alors j'ai appliqué une méthode que je m'applique à moi même pour me vider la tête : le sexe.

Elle déglutit et s'humecte les lèvres avant d'enfin lever le regard vers lui.

- Tu m'as repoussée en disant qu'il fallait que j'apprenne à me respecter et tu es parti te coucher en câlinant une bouteille d'hydromel.

Il sait désormais, et ce n'est pas moins humiliant à raconter qu'à vivre.
Cassandra lui tend le flacon de décoction de menthe poivrée.

- C'est à appliquer sur la zone du plexus solaire et du ventre, fait-elle d'une voix dangereusement atone.

Je l’écoute attentivement déballer le récit de notre soirée, sourit parfois lorsque je me souviens de certains moments à présent qu’ils sont évoqués. Même largement éméché je reste… moi-même. C’est assez rassurant quelque part.

Puis vient la partie qui la met beaucoup moins à l’aise. Sa voix et sa posture changent subtilement, son regard cherche à éviter le mien.
Ohhh voilà donc le grand secret ! Eh bien pas de quoi en faire un drame. Je pousse toutefois un soupir.
J’ai vaguement la sensation de la fraicheur de ses lèvres sur ma peau qui me revient en mémoire. Mais rien de plus précis.

- Tu as vraiment beaucoup trop le sens du sacrifice, Sangsue. Un sacrifice que je ne mérite sans doute pas.
J’ai du mal à avoir cette vision des rapports intimes comme simple défouloir. Celui-ci aurait été teinté de tristesse et sans doute de regrets, pour elle comme pour moi. Pire, il aurait fatalement chamboulé notre équilibre. Or cet équilibre, j’y tiens. La Flamme en soit remerciée, je l’ai arrêtée… je ne veux même pas songer à ce qu’il se serait passé dans le cas contraire.

- C'est à appliquer sur la zone du plexus solaire et du ventre.
J’attrape le flacon d’une main et son menton de l’autre pour lever son visage vers le mien.
- Hors de question que ce qui s’est déroulé hier soir change quoi que ce soit à nos rapports. Alors n’arbore pas cet air-là, entendu ? Merci de m’en avoir parlé. A présent n’y pensons plus.

Je recule et étale quelques gouttes de cette eau odorante sur les zones indiquées.

- Je retiendrais simplement que tu as été présente lors de ces moments… difficiles. Et de cela aussi, je te suis reconnaissant.  

- Tu as vraiment beaucoup trop le sens du sacrifice, Sangsue.
- Peut-être....
- Un sacrifice que je ne mérite sans doute pas.
- Ca, ce n'est pas à toi d'en décider.

C'est à elle
Il n'a aucun droit de choisir à sa place pour qui elle peut ou ne peut pas se donner.
Sur le moment, elle en avait eu envie. Sincèrement envie.

- Hors de question que ce qui s’est déroulé hier soir change quoi que ce soit à nos rapports. Alors n’arbore pas cet air-là, entendu ?
- "Nos rapports" ? ironise Cassandra. On a des "rapports" maintenant ? Je croyais que j'étais ton esclave, les mauvais jours et ton sujet, les bons.

Pourtant, hier, il lui a certifié qu'il la respectait.
Il l'a appelé par son prénom.
Il l'a défendue devant Mab.

N'importe qui trouverait que c'est le minimum de la part d'un ami.

- Merci de m’en avoir parlé. A présent n’y pensons plus.

Facile à dire, pour lui.
Cassandra doit, pour sa part, jongler avec une frustration délétère, une honte sournoise et un sentiment de rejet larvé, qui lui tapisse le fond du coeur et de la tête.

- Je retiendrais simplement que tu as été présente lors de ces moments… difficiles. Et de cela aussi, je te suis reconnaissant.

La vampire s'adoucit malgré elle.

- Je t'ai dit que je ne te lâcherais pas. J'ai promis de te soutenir jusqu'à ce que tu te sentes suffisamment vaillant pour tes projets de grandeur et de couronne... C'est mon choix. C'est moi qui détermine qui mérite mon affection. Pas l'inverse. Je serais toujours là pour toi, Urdred.

Même s'il ne veut pas d'elle.
Même s'il piétine résolument son égo et parfois sa dignité.
Même s'il est certain qu'il finira par, lui aussi, l'abandonner.
Elle restera.

Jusqu'à ce que le soleil les sépare...

- Pour la nausée, je peux te faire de l'eau de riz, si tu veux, c'est radical. reprend-elle en toute normalité. Les bananes ça te fera un truc dans le ventre de sain... Et puis il va falloir que tu bois de l'eau en quantité t'hydrater c'est la seule solution pour efficacement chasser la migraine. Y'a de l'eau chaude citronnée, si jamais...

- "Nos rapports" ? On a des "rapports" maintenant ? Je croyais que j'étais ton esclave, les mauvais jours et ton sujet, les bons.
- C’est plus que ce que j’ai eu depuis… un long moment. Donc je dirai que oui, je poursuis dans l’ironie. Et ne te déprécie pas de la sorte tu es une très bonne servante et une excellente sujet. N’ayons pas peur des mots… Merci de m’en avoir parlé. A présent n’y pensons plus.

Vœu pieu puisque je suis déjà en train de me demander si j’ai réellement ressenti de l’envie pour elle hier soir. Si cela reviendra sans alcool. Nous sommes nous embrasser encore ? Dommage que je ne m’en souvienne pas. La chose avait été plutôt agréable.
Mais mieux vaut enterrer tout cela.

- Je retiendrais simplement que tu as été présente lors de ces moments… difficiles. Et de cela aussi, je te suis reconnaissant.
- Je t'ai dit que je ne te lâcherais pas.
- J’ai tendance à ne plus croire sur parole.
J’ai du mal à respirer par le nez tant l’odeur de cette drôle d’huile sent fort.
- J'ai promis de te soutenir jusqu'à ce que tu te sentes suffisamment vaillant pour tes projets de grandeur et de couronne...
- De quoi tu… oh ! Oui. Ce que j’ai dit à Mab. Nouvelle grimace. J’imagine qu’il va me falloir trouver le moyen d’accomplir ces miracles. Hors de question de perdre la face.
- C'est mon choix. C'est moi qui détermine qui mérite mon affection. Pas l'inverse. Je serais toujours là pour toi, Urdred.

J’enfile à nouveau mon tee-shirt et la regarde assez intensément pour aller jusqu’à fouiller son âme. La conviction qui vibre dans sa voix est aussi plaisante que dangereuse. Je ne souhaite absolument pas qu’elle s’enfonce dans un nouveau schéma malsain. Je m’approche alors et me penche pour donner un tout petit coup de front sur le sien.

- Accroche toi bien dans ce cas, Cassandra Tate. Tu as pu constater que la vie à mes côtés n’est jamais de tout repos et qu’il est plus simple de me laisser. Mais je refuse que tu fasses de moi ton nouveau… j’ai oublié le nom de ce détritus de cafard qui te servait d’ami. Alors soigne-toi. Parce qu’à ma cour, il n’y aura la place que pour les êtres forts et sûrs d’eux. Petit sourire de malfrat. Nous avons encore du chemin à faire, toi et moi.  
- Pour la nausée, je peux te faire de l'eau de riz, si tu veux, c'est radical.
- Visiblement tu veux surtout me tuer. C’est la chose la plus ignoble que l’on m’ai proposé de toute ma vie.
- Les bananes ça te fera un truc dans le ventre de sain... Et puis il va falloir que tu bois de l'eau en quantité t'hydrater c'est la seule solution pour efficacement chasser la migraine. Y'a de l'eau chaude citronnée, si jamais...
- De l’eau… merveilleuuuuux.

Mais je vois parfaitement ce que ces propositions veulent dire. Elle a préparé ce lendemain de beuverie. Pour… prendre soin de moi. Encore.
- Allons-y pour le tout…
Une autre manière silencieuse de la remercier.

Urdred cloue Cassandra dans son fauteuil à coup d'oeillades-poignards. La vampire soutient son regard, avec une lueur de défi et des pétillements inhabituels dans le creux de son abdomen.

Il est beau, ce salopard.
C'est indéniable.

Il s'approche au point que la jeune femme se demande si son cœur s'est brusquement remis à battre et lui assène une sorte de câlin de tête, comme un chat, geste qu'il avait déjà eu la veille. Une chance que sa carcasse soit morte, parce que sinon le dragon pourrait vite comprendre qu'il la chamboule dans les grandes largeurs. Vivre aux côtés d'Urdred c'est accepter d'être émotionnellement ballottée en permanence dans le tambour d'une machine à laver. Cassandra en est réduite à s'agripper comme une forcenée en attendant la prochaine boucle de grand huit.
Comme s'il lisait en elle de façon limpide le draconien s'exprime alors :

- Accroche toi bien dans ce cas, Cassandra Tate. Tu as pu constater que la vie à mes côtés n’est jamais de tout repos et qu’il est plus simple de me laisser.
- Je déteste la facilité. Habitues-toi à m'avoir sur tes talons, déclare-t-elle avec un sourire féroce.
- Mais je refuse que tu fasses de moi ton nouveau… j’ai oublié le nom de ce détritus de cafard qui te servait d’ami. Alors soigne-toi. Parce qu’à ma cour, il n’y aura la place que pour les êtres forts et sûrs d’eux. Nous avons encore du chemin à faire, toi et moi.

L'expression de la vampire s'adoucit.
Il n'est pas Jim.
C'est une certitude.
À sa manière, il lui affirme qu'ils vont parcourir ce bout de chemin côte à côte. C'est sa façon de l'accepter. La jeune femme se fait alors la promesse de progresser sur sa propre voie, pour lui, afin d'être une meilleure alliée, mais surtout pour elle, pour ne serait-ce que parvenir à faire un pas devant l'autre sans s'arrêter sur le bas-côté. Ce n'est que comme ça qu'elle parviendra, peut-être, à se hisser hors de son rôle de "béquille" et à simplement "être". Elle part en reconquête d'elle-même.

- Ok...

Comme pour entériner ce contrat silencieux, elle lui caresse la joue avec une profonde tendresse et dépose un baiser léger sur sa pommette. Puis, elle se lève comme si de rien n'était et préconise quelques conseils pour soigner sa gueule de bois. Il râle, comme à l'accoutumée, plus pour la forme que pour le fond.

- Allons-y pour le tout…
- Ca marche ! Je vais aller te faire ça. Elle s'éloigne vers la cuisine et se retourne dans l'encadrement de la porte. Repose-toi pour aujourd'hui, promis ? Tu as besoin... Au fait, Neorvrim passera peut-être te voir ce soir. J'ai été obligée de l'avertir pour Mab. Il connait bien Obéron, ça aidera peut-être à apaiser les tensions...

J’ai une petite moue ennuyée lorsqu’elle m’embrasse et me touche. Cette manie… j’en ai presque l’habitude maintenant. Non pas que je lui dirai un jour.
- Allons-y pour le tout…
- Ca marche ! Je vais aller te faire ça.
- Comme il se doit, je lui glisse avec un sourire hypocrite.
- Repose-toi pour aujourd'hui, promis ? Tu as besoin...
- Hum hum… tant que le le marteau dans ma tête ne cessera pas de frapper, je doute être efficace à quoique ce soit…
- Au fait, Neorvrim passera peut-être te voir ce soir. J'ai été obligée de l'avertir pour Mab. Il connait bien Obéron, ça aidera peut-être à apaiser les tensions...

J’ai une grimace qu’elle ne peut pas voir. La dernière chose que je souhaite, c’est qu’Obéron sache que son épouse est venue à moi simplement pour me rejeter à nouveau. La simple pensée de ce fae remplit ma vision de rouge.

- Quelles tensions ? Tout cela est réglé.
Mab a été claire, moi aussi. Je doute qu’elle revienne à présent, elle a suffisamment piétiné ma fierté et mon cœur.

La journée s’écoule simplement. J’ingurgite en râlant tout ce qu’elle me propose pour faire passer cette fameuse « gueule de bois » - aucune idée d’où vient ce nom. Je me traine comme une misérable âme en peine toute la journée et je déteste me sentir si mal dans ma peau. Si mes nausées passent, le mal de tête lui, persiste.
Quel enfer… je ne suis absolument pas certain que le jeu en valait la chandelle. Non, je suis certain qu’il ne le valait pas.
Pendant que Sangsue lit tranquillement – comment fait-elle pour rester des heures, immobile à juste lire ? – je finis par inviter ma tête sur ses genoux pour réclamer des massages de ses doigts froids. Evidemment je les obtiens. Je ne comptais, de toute façon, pas bouger de là.
Je finis même par glisser vers le sommeil, sans même m’en rendre compte. Lorsque je réouvre les yeux, il fait déjà plus sombre dehors et je mets un temps avant de me souvenir où je suis. J’offre un sourire d’excuse qu’à moitié sincère à la vampire pour avoir monopoliser… sa personne.

- Sangsue ? J’en ai assez de faire des schémas qui ne servent à rien pour cette fichue forge. Je vais y aller et commencer à déblayer les lieux. J’ai besoin de voir l’espace. Je n’entends rien aux plans. Est-ce que tu souhaites m’accompagner ?

- Quelles tensions ? Tout cela est réglé.

Cassandra n'en est pas si sûre, pour sa part. Elle a appris à se méfier des femmes amoureuses et jalouses. Mab reviendra, et si elle craint de se frotter à Urdred, elle n'aura aucun mal à reporter sa colère sur son "animal de compagnie". Elle, en d'autre terme. De cela, elle ne s'en ouvre pas, afin de ne pas polluer la cervelle de son colocataire, déjà encombrée par les restes d'alcool et de chagrin .

Le reste de la journée s'écoule de manière étonnamment paisible. Urdred grogne pour la forme mais se montre docile, obéissant à toutes ses recommandations. Cela fait sourire la vampire qui a du mal à ne pas s'attendrir devant ce comportement de gros bébé. Ou plutôt de matou...
Tel un chat capricieux, le prince dragon dispense son intérêt parcimonieusement, quand il le désire et le décide, au détriment, le plus souvent, de la personne dont il dispose. Cassandra se laisse ainsi gentiment envahir. Elle lui masse le crâne , jusqu'à transformer le fier draconien en chaton ronronnant. Elle lui caresse la tête distraitement, les doigts perdus dans ses cheveux courts, tout en lisant son livre, son thermos de sang chaud à portée de main. À la vérité, il y a longtemps que Cassandra n'a pas connu de moment de quiétude aussi heureux. Elle devrait en éprouver de la culpabilité, peut-être de la honte, sans pourtant y parvenir. Tout en dessinant les contours escarpés du visage d'Urdred du bout des doigts, elle se prend à sourire.

- Vraiment... qu'est-ce que tu me fais faire...? fait-elle dans un murmure à peine audible.

Elle reprend sa lecture en toute tranquillité, savourant ce rare moment d'harmonie. Une bonne heure plus tard, le dragon s'éveille dans la confortable position où il s'est alangui, toujours câliné d'une main aérienne par la vampire.

- Sangsue ?
-... Hum ? fait-elle en quittant les dernières lignes de son chapitre pour les baisser vers son squatteur de genoux.
- J’en ai assez de faire des schémas qui ne servent à rien pour cette fichue forge.
- Oh... Je vois. Elle Marque sa page et referme son bouquin, l'abandonnant sur le bras du canapé.
- Je vais y aller et commencer à déblayer les lieux. J’ai besoin de voir l’espace.
- D'accord...
- Je n’entends rien aux plans.

Les lèvres de la jeune femme esquissent un amusement que ses lèvres pincent immédiatement. Est-ce là une manière de quémander son aide ?

- Est-ce que tu souhaites m’accompagner ?

Le sourire de la vampire s'élargit.

- Maintenant ? Cassandra soupçonne une manoeuvre d'évitement de la visite de Neorvrim mais ne compte pas gâcher une requête aussi exceptionnelle avec de pareilles hypothèses. Si tu te sens assez d'aplomb, je suis ta femme... Euh.... Enfin, je te suis... Tu m'as comprise... se rattrape-t-elle, embarrassée. Petite tape sur son torse. Debout, monsieur le futur forgeron, il faut que j'aille chercher de quoi nous éclairer et quelques outils. Tu réunis tes plans, que je puisse y jeter un oeil ?