Localisation : Arena le plus souvent, à vos trousses sinon...
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Infernaux
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Ven 29 Mar - 9:18
Come a long way Just to say Doesn't matter when it mattered yesterday And tomorrow ain't too far Come a long way From small beginnings
Come big endings
Je suis planté là, au milieu d'une courette avec un terrain de basketball grillagé. Une bande d'adolescents sont déjà en train d’agresser la balle dans des T-shirt en sueur. Ça rigole fort. Ça cause de filles. Ça se charcle en toute camaraderie.
C'est savoureux comme la vie.
Et douloureusement étranger. Je suis le messager de la Mort, subjugué par cet éclat de vie mal dégrossi. Il m'aveugle. Vague sourire aux lèvres, je finis par pousser la porte du foyer. La Maison de Jeunes d'Even est de dimensions modestes mais grouille d'une certaine activité. Il y a une volière d'une demi-douzaine de très jeunes filles en pleine causerie dans le couloir. Pas plus de quinze ou seize ans. Des fugueuses, des sans-abris, des gamines violées ou abusées de coups. Ou tout simplement désœuvrées et laissées à la dérive par leurs parents. L'une d'elle ressemble un peu à Vioréa et j'en viens à me demander si Ciulin a fréquenté ce genre d'endroit. Si Elie l'a fait.
J'en reste songeur, ma main sur l'enveloppe que je m'apprête à délivrer. Even est jeune, je ne connais pas ses antécédents mais par le prisme d'Elie je devine un jeune homme fragile et cassant. Il a beau être le plus âgé des deux, elle semblait le porter à bout de bras. Je ne sais pas comment il accueillera la nouvelle.
- J'peux vous aider ?
Un grand noir me regarde avec des yeux inquisiteurs. Une petite vingtaine, je dirais. Une carrure de sportif. Mes réflexes d’entraîneur se lancent dans l'analyse de son potentiel malgré moi. J'écarte les données parasites pour me concentrer sur le but de ma venue.
- Je cherche Even Njall. Sauriez-vous où je peux le trouver, s'il vous plait ? - Ouais, bien sûr ! Venez !
Et je me laisse guider dans l'établissement, l'appréhension montant en moi, telle une poussée de venin.
Even Njall
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Dim 16 Juin - 0:57
Je traîne dans mes papiers l’air pensif. Les recherches sur mon frère ne menaient pas plus loin que l’année dernière. Je ne sais plus où donner de la tête, mais d’un côté c’est le seul moyen que j’ai pour me sortir l’état de ma meilleure amie de la tête.
Je reprends un verre d’eau, regardant par la fenêtre où je vois Keith, une jeune black qui est ici depuis plusieurs mois, ayant tourné dans pas mal de petits trafics notamment d’herbes, parler avec un homme d’un âge certain et d’une carrure plutôt imposante.
“Qu’est-ce que…”
Je les vois entrer dans le bâtiment et j’ai à peine le temps de me diriger vers la porte que Keith entre en toquant.
“Even, y a quelqu’un pour toi.”
Je regarde Kealig d’un oeil suspect, ne comprenant pas la raison de sa venue. Il est certain que je n’aimais pas l’homme. J’avais promis à Elie de faire des efforts. Mais cela ne s’appliquait que lorsqu’elle était présente, pour lui faire plaisir. Là, je me fous éperdument de ce mec qui débarque ici comme s’il avait tous les droits.
“Merci Keith, retourne t’entraîner dehors s’il te plaît.” dis-je d'un ton plus froid qu'à mes habitudes, ce qui semble surprendre le jeune homme.
Il repart donc en fermant la porte derrière lui. J’indique au bucheron un siège de la main et m’assois à mon bureau, croisant mes mains tout en le regardant.
“Qu’est-ce que je peux faire pour toi, Kaelig ?” dis-je sans plus de cérémonie. Inutile de s'envelir dans les faux semblants, je ne l'apprécie pas, je ne vais pas m'en cacher.
Kaelig Taur
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Infernaux
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Lun 1 Juil - 14:08
J'apprends que le jeune homme se nomme Keith. Keith est bien plus aimable que son aîné qui me lorgne avec une expression de roquet prêt à mordre qui me laisse froid. Entre Enzo et Even, j'ai toujours cru que le premier serait plus difficile à gérer que le second. Je me suis peut-être trompé. Je remercie mon guide d'un hochement de tête et d'un sourire fatigué.
Cette confrontation m'épuise déjà.
-Qu’est-ce que je peux faire pour toi, Kaelig ?
Je referme la porte posément sur nous. Le bureau est chiche, un bureau de travailleur social.
- Je suis venu te remettre une lettre.
Je sors l'enveloppe, la dépose et la fait glisser sur son bureau vers lui. La calligraphie de son nom comme seul indication d’expéditeur est reconnaissable entre mille. Je prend une inspiration avant de plonger mon regard dans celui du jeune homme. - Elle est morte, Even.
Lettre à Even:
Even, choupi,
Si tu lis cette lettre, c’est que je suis morte et je voulais t’écrire quelques mots. J’ai du mal à savoir par quoi commencer. Déjà, merci. Ca peut te paraître stupide et peut-être que ça l’est mais je voulais te remercier pour avoir été là ces derniers mois, pour m’avoir permis de me changer les idées. Merci infiniment. Ca a compté énormément. Tu n’imagines pas à quel point. J’avais plein de chose à dire en commençant à écrire et puis plus j’essaie de les coucher sur la feuille et plus ça m’échappe. Alors désolée si je meuble un peu. Oh oui. Des fois, j’ai l’impression que tu crois que je t’en veux d’être parti de Blackwater Falls. Je voulais te dire que ça n’a jamais été le cas. J’ai été triste, c’est vrai mais tu cherchais ta famille et j’ai sincèrement espéré que tu l’aies retrouvé. Je ne t’en ai jamais voulu et tu ne devrais pas t’en vouloir non plus, tu sais. Tu comptes énormément, t’as été un soutien infaillible pendant toute notre traversée des Etats-Unis jusqu’ici. Sans toi jamais j’aurais réussi à m’inscrire dans mon école - je comprends toujours que dalle au papier administratif. Je t’en suis infiniment reconnaissante, ça m’a donné un but, tout ça. Je me souviens de nos soirées passées à rouler dans notre caisse pourris, des nuits sur le coffre à mater les étoiles en racontant n’importe quoi et à boire de la bière tiède. Je retiens tout ça : nos rires, nos moments de joie, les trucs où on s’est entraidés. Je voudrais que tu retiennes ça, toi aussi. Je voudrais vraiment te laisser ça. Et je voudrais te demander quelque chose : veille sur Enzo et Kaelig? C’est un peu injuste de te demander ça mais je sais que si quelqu’un peut leur faire garder le cap, c’est toi. T’as tellement de force en toi, t’es tellement résilient. J’ai une confiance aveugle en toi, Even. Absolue et aveugle. Je t’aime comme un frère, tu sais. Toi et Enzo, vous êtes ma famille.J’imaginais pas ma fin aussi belle et elle l’a été grâce à toi. Alors, ne sois pas trop triste ou alors pas trop longtemps, s’il te plait.
Je t’aime, Elie.
Je me fais roc ou bien racine. J'ignore si tu deviendras cassant ou liquide. Dans l'éventualité où tu tombes, je te rattraperais. Tu ne voudras pas de mon aide, mais je ne t'en laisserais pas le choix. Tu devra faire avec.
Toi, sa seule famille
Even Njall
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Mar 2 Juil - 3:55
The time has come, to say fair’s fair…
La radio chantonne une mélodie de fond à la scène qui se déroule dans mon bureau. Je ne comprends pas pourquoi l’autre bûcheron vient se déplacer jusqu’ici. On peut pas dire qu’on soit les meilleurs amis du monde. Et à vrai dire, je fais simplement preuve d’une courtoisie hypocrite lorsqu’Elie est là. D’ailleurs pourquoi est-il venu seul ? Elie ne manque pas vraiment une occasion de venir me voir. Et quand elle ne vient pas me voir, elle est avec lui. Sauf si elle passe du temps avec Pète Des Paillettes.
“J’ai pas le temps pour tes petits poèmes d’amour.”
The time has come, a fact's a fact...
Le bûcheron sextagénaire sort une enveloppe qu’il glisse sur le bureau jusqu’à moi. Je lis mon nom sur l’enveloppe. J’arque un sourcil à son intention, me demandant ce qu’il me veut à la fin. C’est pas que j’ai autre chose à faire que de lire ses courriers du coeur, mais un peu quand même. J’ouvre l’enveloppe sans vraiment entendre ce qu’il raconte, me plongeant dans la lecture du courrier.
How can we dance when our earth is turning?
Elie. Dès la première ligne je reconnais son écriture, ses mots.
How do we sleep while our beds are burning?
Mon visage se fige alors que mes yeux suivent les formes manuscrites. Je prends sur moi et respire un bon coup pour pouvoir poursuivre la lecture. Elie, ma petite Elie, pas toi aussi. Je n’ai plus de famille, je suis maintenant orphelin. Plus de parents, plus de frère et désormais ma soeur. Même pas ma soeur, mon âme-soeur. Je suis sûr que si Dieu existe, il nous a forgé dans la même putain d’argile. Elle était moi, et j’étais elle. Comment puis-je être moi sans elle à mes côtés ? Comment on danse quand notre monde s’écroule ? Comment on dort dans les flammes du désespoir ?
Je replie la lettre soigneusement, le visage fermé. Je reporte mon attention sur Kaelig Taur, face à moi. Je le vois sous un nouveau jour, je dois faire honneur aux dernières volontés de ma p’tite soeur. Même si sur le coup je la déteste de me coller cette corvée, parce qu’elle sait que je le ferais. Je ne sais plus trop quoi penser sur l’instant présent.
“Très bien Kaelig, merci d’avoir pris le temps d'apporter ça. Tu peux y aller. Tu dois avoir d’autres choses à faire.”
Kaelig Taur
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Infernaux
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Dim 14 Juil - 19:20
Je laisse l'animosité me glisser dessus comme une petite averse sur un pardessus ciré. Ce n'est qu'un gosse qui tente de jouer les durs, un gamin émotif qui se donne des airs d'adulte sans savoir ce que ce mot signifie. J'observe les expressions sur son visage, la contraction de mâchoire, le teint qui se délave, la pomme d’Adam qui tressaute en déglutissant. Il accuse le coup.
- Even... la phrase s'entame aussitôt coupée. - Très bien Kaelig, merci d’avoir pris le temps d'apporter ça. Tu peux y aller. Tu dois avoir d’autres choses à faire.
Le ton est sec. Les émotions contenues, enclavées. Chacun réagit à sa manière face au deuil.
- Comme tu voudras. Enzo va organiser sa soirée de commémoration, je me suis occupé des obsèques. Elle voulait que vous la fêtiez avec force et sans rien lâcher...
Je pose la carte de visite de l'Arena sur la table. J'y ai griffonné en plus mon numéro de portable au stylo bille.
- Sache que je suis là pour toi, si tu as besoin. J'ai fait cette promesse à Elehiel de veiller sur toi et Enzo. Appelle-moi quand tu n'arriveras plus à encaisser tout seul.
Pudiquement, je me retire, laissant le jeune homme à sa tristesse et à sa solitude. Sa fierté a fait barrage là où les nôtres se sont effritées avec Enzo. Accepter l'aide des autres demande un certain courage. C’est Elie qui me l'a appris. Je referme la porte et m'éloigne dans le couloir. Au dehors, je laisse mes yeux courir sur le terrain de basket où Keith joue avec d'autres gamins. Une image viride de la vie qui continue. Mes pas m'emportent loin du foyer.