Fran se regarde dans le miroir, et ça va pas. Ca va pas du tout. Dans la petite salle de bain miniature de leur van, le constat est sans appel : ses tifs sont trop longs. Ca atteint les épaules, là, oh. C'est bon, hein. Comme souvent dans ces cas là, le regard de la siphon dévie lentement vers le placard où est rangée la tondeuse. C'est tentant. Très tentant. Mais elle entend déjà les récriminations de sa chère et tendre. Généralement, Fran a deux options : soit le faire trop rapidement pour que Gervy puisse l'arrêter et la prendre sur le coup, soit parlementer et prévenir que non, elle n'aura plus les cheveux assez longs pour jouer avec. N'importe qui d'autres se serait pris un simple "Fuck off" mais Gervaise..

C'est Gervaise. C'est tout.

Du remue ménage de l'autre coté de la cloison lui arrache un bref soupir : le choix est fait. Si elle lance la machine maintenant, sans doute que sa douce entendra. Va pour y aller tranquillement, donc.

- Bibiche ?

C'est crié depuis la salle de bain, tout en sachant qu'il y a une chance sur deux que cette méthode foire. Apres tout, elle ne sait pas exactement où est Gervaise, ni ce qui l'occupe. Un mouvement dans sa vision périphérique, et la baroudeuse récupère Bergamote avec un léger sourire. Le rat se musse contre sa maitresse, puis commence à vouloir partir en exploration sur elle. Ce que Fran laisse faire, évidemment.

- Gervy, tu trouves pas que cette longueur est bizarre ? Rasé ce serait mieux, quand même.

L'octogénaire sort enfin de la piece minuscule en quête de sa moitié, le rat toujours sur elle. Il est où, maintenant ? L'épaule ? On dirait bien.

- Et puis si ca me tombe dans la gueule, hein. C'est chiant, ça peut être une distraction. C'est pas top pendant nos piques-niques.

Les piques-niques étant les chasses qu'elles font parfois, donc. C'est bucolique, comme mot. Et ca traduit bien le sentiment un peu vain que Fran a parfois quand elle réalise que la créature qu'elles chassent et qui fout le bronx est en fait juste un gosse fouteur un peu paumé. La britannique a meme gardé contact avec certains d'entre eux. Le dernier en date, c'était un petit garou un peu trop sûr de lui a qui il avait fallu remettre quelques idées en place, mais s'était avéré presque mignon ensuite. Assez pour qu'il faille rappeler à Gervaise que non, on ne le ramène pas aller viens on rentre.