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Dim 21 Nov - 21:31
Your world has got you controlled and silent You can't fill the hole with a billion empty souls
Your world will fail my love It's far beyond repair
Debout. Marche. Tiens le coup. Droite, poings serrés. Illusion de solidité. Tiens-toi droite, j'ai dit ! Ne ploie pas l'échine. Marche. Ce n'est pas si difficile. Un pas devant l'autre. De la volonté, du nerf, de la prestance, du vert. Tu es tout ce qu'il reste aux résistants d'Emeraude. De ce coté. Ils ont besoin de toi, ces miraculés. Ils ont besoin qu'on les dirige. Ils ont peur de ce que tu es ? Et alors ? Ils te préfèrent de leur côté que du sien. Tu dois survivre. Fais les choix qui s'imposent. Tu dois les protéger. Mets ton égo de côté. Tu n'a jamais eu d'égo ? Alors, c'est parfait. Les pactes sont meubles comme de la cire. L'ennemi d'hier, sera l'allié de demain. C'est aussi versatile que cela, oui. La guerre est déclarée, tu le comprends ça, n'est-ce pas ? Je t'interdit de flancher ! Debout. Marche. Avance. Pare au plus pressé. Veille sur les blessés. Rassemble tes hommes. Fais comme il aurait fait. Organise, table, statue. Ordonne. Tu es la dernière tête qu'il reste à cette Hydre.
Tu n'es pas seule.
Ne crois pas le vide qui te ronge et te fait suffoquer. Ne crois pas cette absence qui t'aspire. Il est parti. La porte de ta cage est ouverte. Tu es libre.
Alors.. Pourquoi tu pleures ?
Il fait nuit noire. Recroquevillée sur elle-même, affaissée sur le sol, Salomée Sparklewhite laisse éclater un maëlstrom d'émotions qu'elle a retenues jusqu'ici au point de s'en étrangler. A la faveur d'une brève interlude d'intimité, elle s'est éclipsée telle une ombre. Loin de la ferme des Gaffney. Loin de toutes âmes humaines. Elle a marché tout d'abord, puis s'est surprise à courir, à grandes enjambées, sprintant droit vers la forêt, jusqu'à ce que les bois la gobent. Une fois franchie sa lisière, la sorcière a repris son souffle, la paume appuyée sur un tronc, la sueur ruisselant sur son front.
Edgar est mort.
Elle pensait s'en réjouir, mais elle éprouve une vacuité abyssale.
Edgar est mort.
Le petit garçon qui lui avait tendu la main et offert le silence dans sa cacophonie perpétuelle n'est plus. L'adolescent imbu de lui-même, intelligent et ambitieux, fragile dans sa soif touchante de reconnaissance n'est plus. Le jeune homme abusant de son autorité et de son charme, auxquels elle n'a jamais su se dérober n'est plus.
Edgar est mort.
Une vingtaine d'années à tenter de crocheter la serrure de ce verrou insurmontable et se perdre en route, oublier jusqu'à son histoire et son nom et pourtant, pleurer ce geôlier.
Edgard est mort. Il était tout ce qu'elle avait.
Marcus
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Dim 21 Nov - 22:48
L’appel résonne dans la forêt depuis près d’une heure, troublant sa tranquillité nocturne. D’habitude, il ne se mêle pas de la façon dont la Nature décide de vie ou de mort sur les habitants de ses bois, mais les râles d’agonie que lui seul perçoit sont devenus difficilement supportables et aucun prédateur ne semble vouloir approcher la bête. Impossible d’y échapper, impossible de s’y soustraire.
Alors il est sorti de chez lui, Chien sur les talons, le suivant comme son ombre, Rat blotti dans sa poche et Corbeau en éclaireur. Le volatile a déjà repéré le pauvre animal mourant et guide les pas de Marcus. « Humain sur chemin ». Marcus claque de la langue, parfaitement conscient de son agacement. Il devient de plus en plus compliqué de circuler en forêt sans tomber sur l’un de ces refugiés du Brouillard. « Loin du mourant ? » « Six battements d’aile. » Voilà sans doute la raison pour laquelle aucun animal n’a encore mis fin aux souffrances de l’agonisant pour en faire son dîner.
Stupides et inconséquents humains !
« Toi humain aussi ! » se moque l’oiseau à l’esprit malicieux. Marcus lève les yeux au ciel pour apercevoir la silhouette sombre de Corbeau. « Très amusant ! » Il n’y a que Corbeau qui comprenne ce concept, c’est pourquoi Marcus l’apprécie autant. Chien et Rat ont bien moins de conversation. Ça n’est pas de leurs fautes. Plus ils approchent et plus le sorcier perçoit la douleur du blessé. Il se fait encore plus silencieux que d’habitude, ne souhaitant nullement tomber sur l’intru. « L’Humain est toujours là ? » « Immobile. » Tiens ! Voilà qui est étrange. Qu’est-ce qu’un homme est venu faire en pleine forêt seul sans bouger ? « Vivant ? » « Drôles de bruit. » Franchement bizarre. Une petite part de lui, curieuse, se dit qu’il devrait aller jeter un coup d’œil. Mais Marcus n’a pas survécu aussi longtemps et n’a pas su rester caché pendant toutes ses années en écoutant sa curiosité. « De quel côté il se trouve ? » Corbeau croisse sans qu’il puisse l’entendre. « Droit devant. » « Merde ! » Trop tard. Il aperçoit la forme recroquevillée sur elle-même dans une position qui exprime une affliction qui lui est étrangère, lui qui n’a jamais pleuré. « Silence Chien ! » ordonne-t-il aussitôt pour ne pas attirer l’attention de l’inconnu. Rat a sorti sa frimousse de la poche de sa veste, conscient que quelque chose se trame. Mais Corbeau croisse à nouveau dans l’arbre juste au-dessus de l’humain, attirant son attention et lui faisant relever la tête.
Une femme. Le visage ravagé par les larmes et une détresse qu’il ne comprend pas. Elle l’a vu.
Marcus se fige, Chien se poste en position défensive devant lui. "Protéger" clame-t-il. Rat cavale jusque son épaule et se dresse sur ses pattes arrières en délivrant une série de couinements. La tête légèrement penchée sur le côté, Marcus observe l’inconnue et tente de décider si elle représente une menace ou non. Tout dépendra de sa réaction…
Salomée Sparklewhite
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Dim 21 Nov - 23:23
Lèvre tremblante, elle jugule ses sanglots. Son affliction reste silencieuse. On ne l'autorisait pas à larmoyer, aussi se sent elle incapable de transgresser l'interdit, même maintenant qu'il est parti. Elle pleure sans bruit, reniflant de temps à autre, incapable de comprendre la source de ce chagrin. Elle devrait exulter d'être à nouveau libre. Sa présente, parasite, intrusive, parfois despotique, était familière, pourtant. Rassurante. Le temps nous rend dépendant. On s'habitue à la servilité en oubliant ce que c'est de ne pas porter de fers à son cou. Depuis son enfance, Edgar était là, présence immuable sous son crâne. Il était tour à tour son bourreau, son maitre, son ami, sa conscience, sa clé. Toujours, il restait son geôlier. Toujours, elle demeurait sa chose.
Suis-je encore capable de penser par moi même ? Qui est ce "moi" dont je ne sais rien ? Qui était-je, Edgar, avant que tu ne fasses parti de moi ?
Un bruissement. Un craquement de branche. Un faible croassement.
Aussitôt la guerrière se redresse, ses sens en alerte. Elle essuie ses larmes d'un revers de manches bref. On ne doit pas soupçonner sa faiblesse. Dure. Implacable. C'est cette image qui doit primer. Elle lève le nez et repère le corbeau dont le plumage sombre accroche quelques rayons de lune. Froncement de sourcils.
- Es-tu un bon, ou un mauvais présage, toi ? murmure-t-elle, d'un timbre rendu rauque par le manque d'usage. L'oiseau croasse à nouveau. Il lui rappelle le rire d'Edgar. Il était drôle, cruel souvent, mais avec un indéniable sens de l'humour. Ce n'est pas vraiment une réponse, tu sais...
Alors, seulement elle repère l'autre présence dans la pénombre : Un homme, un quadrupède, et un truc qui grouille sur l'épaule du premier.
- Qui est là ? Montrez-vous. Fait-elle d'un ton sec et autoritaire, qui tranche totalement avec les quelques paroles qu'elle a eu pour le corvidé.
Par reflexe, elle recule jusqu'à sentir la présence d'un tronc dans son dos, afin de se prémunir des attaques en traitre. Elle attrape une sorte de bulle de verre accrochée à sa ceinture, qui à son contact produit de la lumière. Un artefact de forgemagie élaborée. Elle tend le bras devant elle pour éclairer l'inconnu.
Un jeune homme. Un chien. Un rat sur l'épaule.
Elle porte toujours son uniforme de Dragon d'Emeraude. Le velours vert est déchiré par endroit, ensanglanté à d'autre. Ses larmes ont tracé des sillons de peau pâle sur ses joues souillées de crasse.
- Qui êtes-vous ? Demande-t-elle une seconde fois en détachant chaque syllabe.
Marcus
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Lun 22 Nov - 0:10
Les yeux habitués par l’obscurité éclairée par la simple et pâle lumière lunaire, Marcus voit la femme reculer et chercher quelque chose dans sa poche. Aussitôt il se tend prêt au moindre signe à ordonner l’assaut. « Attaque ? » « Patience » répond-il. « Rats, entendez-moi. Venez à moi. Tenez-vous prêts. »
Imperceptibles, des centaines de pattes se mettent à fouler le sol de la forêt, répondant à son appel. Il est soudain aveuglé par la clarté d’une boule étrange et porte instinctivement son bras devant ses yeux qui se plissent. Ne souhaitant pas restant en position de faiblesse, il le retire aussitôt. Il a noté l’habit vert dans un état déplorable, les joues souillées par la saleté et les larmes. Mais c’est surtout la première information qui l’intéresse. Elle fait sans doute partie des Humains qui faisaient de régulier va et viens entre la ville et l’ancien cimetière. Les perdants, s’il doit en croire les dires du Professeur Fleming. Pleure-t-elle la disparition des siens dans la lutte ? Peu lui importe après tout. Il n’est pas là pour ça. Il n’est pas là pour elle.
Par réflexe, comme à chaque qu’il se trouve devant un Humain, il fixe ses lèvres. Et il fait bien puisqu’elles remuent soudain. - Qui êtes-vous ? Il lit parfaitement sur ses lèvres et arque un sourcil. Il n’entend ni les mots, ni le ton employé mais son langage corporel est pourtant très clair. Elle a la posture martiale, le menton levé, l’attitude autoritaire de celle qui est obéie. Très lentement, il lève ses mains et se gratte la gorge pour répondre, faisant là un effort que les entendants ne prennent jamais à sa juste valeur. Il parle et signe en même temps, manière bien plus naturelle pour lui de s’exprimer et d’être plus à l’aise.
~- Un habitant de ces bois. Il a la voix grave et rauque comme les fumeurs de cigarettes alors qu’il n’en a jamais touché une de sa vie. Mais aucune fluctuation ou fausse note dans son timbre n’indique son handicap. Ses professeurs à l’ICV ont été intraitables, le faisant répéter les mots, encore et encore, jusqu’à ce qu’ils soient satisfaits de sa façon de communiquer. Ses yeux très bleus remontent vers les siens et il la scrute intensément. ~- Et vous êtes une intruse. Ce serait donc à moi de vous poser la question.
Tout autour d’eux, le concert de pattes galopantes s’intensifie et d’innombrables petits yeux s’allument à leurs pieds, d’inquantifiables museaux frémissent alors que Chien, poil hérissé, gronde.
~ - Je ne fais que passer. Faisons comme si on ne s’était jamais croisé… Quittez la forêt si vous ne voulez pas faire de mauvaise rencontre. Elle n'est pas sûre.
L’énergie qu’il doit déployer pour parler est importante et il pousse un soupir en maudissant sa malchance. Corbeau vient se percher sur son épaule disponible et croisse comme pour appuyer ses propos... ou se moquer de lui peut-être.
Salomée Sparklewhite
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Lun 22 Nov - 9:43
~- Un habitant de ces bois.
Sa voix est étrange, gutturale. L'inflexion est parfaite et dissonante à la fois. Une sensation de malaise envahit la jeune femme dont elle maquille parfaitement les effets. Elle est habituée à donner le change. Edgar l'a façonnée en ce sens afin que rien ne suppure : ni émotions, ni paroles. La bullampe qu'elle tient en main accroche le reflet des iris animales, conférant une aura inquiétante à l'inconnu. Ses prunelles claires, non réfléchissantes, lui assurent au moins qu'il n'est pas un lycanthrope. Ses tympans perçoivent les bruissements dans les feuilles mortes alentours. Elle ressent les centaines de regards qui la fixent sans les voir.
Salomée déglutit.
~- Et vous êtes une intruse. Ce serait donc à moi de vous poser la question.
Les rayons glacés de la bullampe révèlent un foisonnement d'yeux. Le son de leurs pattes minuscules rappelle le fourmillement des nuées de phalènes. Unseelie. Elle a un moment de faiblesse et ferme les paupières, vacillant légèrement sur ses appuis. Elle est submergé par l'ennemi. Ennemi, vraiment ? Si Edgar avait été là, il lui aurait commandé de balayer ces contretemps d'une simple démonstration de pouvoir. Cependant, il n'est plus là. Son premier acte de femme libre doit-il être un meurtre ?
~ - Je ne fais que passer. Faisons comme si on ne s’était jamais croisé…
Une suée froide dévale sa colonne vertébrale. Les images parasites s'invitent sous son crâne, encore fraiches : des cadavres, des papillons voraces, de terreur pétrifiées sur les visage.... Toutes les sensations s'infiltrent jusqu'à ces os grelotants. Elle ressent presque les mandibules lui grignoter la chair. Le fourmillement emplit toute sa tête, engourdit sa volonté. Elle ne parvient pas à entendre ce que l'inconnu lui dit. Ses lèvres bougent, le corbeau bat des ailes, la bullampe échappe à ses doigts.
Le vertige la fauche sans prévenir.
Edgar, lui, aurait su l'éviter.
Marcus
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Lun 22 Nov - 10:59
Marcus observe avec une certaine fascination le visage de la femme se métamorphoser sous ses yeux. L’air martial et dur se dissout petit à petit pour laisser place à quelque chose de bien plus « animal » et primaire. Un sentiment qu’il connait. La peur. Pire que cela, une peur panique qui balaie tout sur son passage. Il se demande brièvement s’il en est la cause…ou peut-être sont-ce les rats, de plus en plus proches ? Et alors qu’il tente de rester sur un terrain neutre son visage pâli encore…et elle s’effondre soudain.
Ah…pense-t-il, un peu dépassé par la situation.
Chien jappe d’incompréhension et son museau se tord dans ce qu’on pourrait presque croire être une grimace. Corbeau ricane, amusé par la tournure des évènements et ces impayables humaines. Rats eux s’agitent. « Manger. Dévorer. Déchiqueter la chair. » « Non » ordonne simplement Marcus.
Et il en revoie une bonne partie, décidant que l’inconnue n’était pas une menace dans l’immédiat. Seules une centaine de Muridaes reste avec lui. Nouveau soupir de Marcus qui danse d’un pied sur l’autre, sans savoir comment réagir exactement. La laisser là, à la merci du froid et des choses étranges qui grouillent dans la forêt ? L’aider ? L’animal agonisant s’est tu. Peut-être mort, peut-être pas. Il devrait aller vérifier… Il observe la forme allongée, indécis. Après tout, il ne connait pas cette femme, ne lui doit rien et n’a lui-même jamais reçu d’aide du genre humain.
Faux…Malone… Non Malone est autant Bête qu’Humain. Mais il ne l’a pas laissé alors qu’il était aussi vulnérable que cette femme.
« Humain faible et trop curieux ! » lance Corbeau alors que Marcus s’approche prudemment. « Tu peux parler… » « Attention compagnon ! » gronde Chien qui finit toutefois par le suivre, comme toujours. Du bout du pied, le sorcier retourne l’inconnue pour que son visage se tourne vers le ciel. Elle est bel et bien dans les vapes. Soupir. Vraiment…quelle chance il a aujourd’hui… « Chien allonge toi à ses côtés. » Celui-ci tourne son museau indigné vers Marcus qui l’apaise d’une caresse. « Elle va avoir froid sinon. » Le canidé s’exécute et se love contre la silhouette féminine. Le sorcier en profite pour ramasser la drôle de boule qui fait de la lumière et qui s’allume à nouveau dès qu’il la touche.
Etrange. Chaud. Il aime bien. Il s’assoit en tailleur à une distance raisonnable et joue avec la boule, la faisant rebondir sur sa main. Eteinte. Allumée. Encore et encore.
Rats, attirés par cette étrange source de clarté s’approchent un peu, courent sur ses jambes, se perchent sur lui sans qu’il ne réagisse. Corbeau effectue de larges cercles dans le ciel en sentinelle aux aguets. Lorsque la femme commence à s’agiter, il cesse ses enfantillages, fouille dans son sac à dos contenant toujours un nécessaire de survie, au cas où, et en sort une pomme qu’il lui tend, sans un mot, le visage neutre éclairé par la boule qu’il tient à présent fermement dans sa paume.
Salomée Sparklewhite
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Lun 22 Nov - 11:48
La gifle retentit, brutale, laissant une marque rouge sur la joue blême de la fillette. Son expression choquée se meut en douleur humide. Elle sanglote à gros bouillons. Elle n'a que cinq ans et plus de maman, plus de maison, plus rien.
- Tant que tu ne sauras pas la faire cesser de pleurer, Edgar, elle ne nous sera d'aucune utilité, déclare la femme dans sa robe cintrée d'un vert si sombre qu'il en parait presque noir. De la discipline et de la fermeté. C'est ainsi que l'on taille une pierre. - Oui, Mère. - Les Mac Mahon n'échouent pas, mon fils. Prouve-moi que tu en es un. - Oui, Mère.
Le garçon, de deux ans son ainé, ploie respectueusement le buste en avant, mains jointes dans son dos. Une fois l'adulte parti, son maintien se relâche et il s'approche nonchalamment de la gamine éplorée.
- Quelle vieille bique, celle là! Elle pue de la bouche en plus...
De la manche immaculée de sa chemise, il essuie la morve et les larmes du visage poupon de sa cadette.
- T'inquiète... On finira par lui montrer. Un jour, tu lui péteras le ciboulot, promis, mais en attendant faut que t'essaies un peu de m'obéir quand je te cause là dedans! Il lui pichenette le front qu'elle se frotte vivement. Amène-toi, on va aller piquer des cookies en cuisine. je sais où Miss Murray les planque.
Salomée glisse sa menotte dans la main d'Edgar en espérant que jamais il ne la lâche.
***
Quelque chose de chaud, de velu et qui hume fort le poil mouillé, se tient tout contre son ventre. Sous sa joue, il y a le sol glacé et rêche. Son corps est à l'horizontale. Pourquoi ? Elle papillonne des cils et ses yeux fond le point sur le ciel nocturne et sa lune laiteuse. Elle a mal au crane. Elle a du chuter et se faire une bosse. Merde.
Je suis vulnérable, à la merci de l'ennemi.
Salomée se redresse brusquement, aux aguets, prête à frapper si besoin. Mais il n'y a pas le moindre agresseur en face d'elle. Juste un bras tendu, avec une pomme. Elle louche dessus, sourcil froncés, puis son regard remonte lentement vers le possesseur du bras. Il est plus jeune qu'elle ne l'aurait cru. Une tignasse bouclée, un visage allongé au regard tombant, des yeux limpides tout comme les siens. Elle déglutit. Elle remarque que la paume de l'inconnu déclenche la bullampe. C'est un sorcier. L'artefact ne fonctionne que si un sorcier le tient en main.
Ami ou Ennemi ?
Ses vêtements n'ont pas été touchés. Il n'a pas tenté de la fouiller ou de l'abuser. La balance pencherait en faveur du premier constat. Méfie-toi. Reste sur tes gardes. Ses yeux en reviennent au fruit, offert. Il est peut-être empoisonné. Néanmoins, la vision de cette nourriture lui rappelle soudain qu'elle a faim, qu'elle est harassée de fatigue et qu'elle ne s'est pas hydratée depuis un moment. Avec une défiance affichée, elle approche lentement ses doigts de l'offrande, puis le récupère vivement, pour le ramener contre sa poitrine et le renifler, sans quitter l'homme des yeux. Pas d'odeur suspecte. Elle croque dedans et le fructose ramène aussitôt des couleurs à ses joues.
- Merci, grogne-t-elle sobrement entre deux mastications peu élégantes. Après avoir avalé plusieurs morceaux, elle articule un : Salomée. Nouvelle bouchée. Toi ?
Parler l'éreinte. Elle a gaspillé toute son éloquence avec Sorin, avec ses hommes, avec tous ces gens qui sont désormais sous sa responsabilité. D'ordinaire, c'est le rôle d'Edgar de converser. Il aime le son de sa propre voix autant que ses cheveux dont il prend grand soin.
Prenait.
Edgar est mort. Il faut qu'elle s'y fasse.
Marcus
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Lun 22 Nov - 12:19
Elle regarde l’offrande sucrée avec tellement de méfiance que le coin des lèvres de Marcus frémit. Elle pense vraiment qu’il utiliserait le poison pour lui faire du mal ? Elle le prend tout de même, le renifle comme un animal et ça ça le fait sourire finalement. Un sourire palot pour les autres, lumineux si on le compare à sa mine habituellement stoïque. Il pourrait gaspiller son énergie à lui dire qu’elle ne risque rien en mangeant une pomme, mais c’est finalement plus amusant de la regarder faire et elle n’aurait de toute façon aucune raison de le croire. Chien ayant accompli sa mission, il revient se poster près de lui, couché à ses pieds, dispersant un peu Rats, et Marcus le remercie de quelques caresses.
Marcus patiente et l’observe. Il n’a jamais été doué pour saisir l’âge des gens, ce genre de détail l’indiffère. Mais ses yeux bleus encadrés par des sourcils épais et expressifs semblent francs, tout comme son regard. Finalement, elle croque le fruit. Il continue de fixer ses lèvres, ce qui pourrait paraitre déconcertant pour certains mais le jeune sorcier ne se préoccupe certainement pas de ce genre de considération. Elle devait avoir faim, vu à la vitesse où elle dévore le fruit. - Merci. Il voit sa bouche bouger rapidement derrière la pomme qui la cache à moitié. Il pose la boule entre ses cuisses puis mime un fruit qu’il tiendrait dans sa main et qu’il éloigne de sa bouche. ~- Je dois voir tes lèvres. Pour comprendre.
Elle semble avoir saisi quand elle reprend. - Salomée. Toi ? Il a rarement rencontré quelqu’un qui utilise aussi peu de mot. D’habitude, les entendants semblent aimer le son de leur propre voix et pérorent sans arrêt. A tort et à travers. Souvent pour ne rien dire. Visiblement pas elle. C’est reposant pour lui qui doit déployer des trésors de concentration pour lire des mots souvent pourtant simples sur des lèvres.
- Sa-lo-mée. Il hoche la tête, comme s’il avait enregistré la façon de le dire puis le signe avant de la désigner. ~- Marcus, fait-il ensuite en posant une main sur son torse. Il sort sa gourde de son sac et la lui tend ensuite, se demandant si elle allait se livrer au même manège qu’avec la pomme. Quelques Rats, gourmands, s’approchent de la femme, museaux levés et Marcus les rappelle à l’ordre. « Laissez-là. » Aussitôt ils s'éloignent en couinant de déception et il leur lance quelques raisins séchés. ~- Tu peux rentrer seule ?
Salomée Sparklewhite
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Lun 22 Nov - 12:50
L'homme mime un geste que Salomée ne comprend pas tout de suite. Ce n'est que lorsqu'il répète son nom en détachant chaque syllabe, avec cette dissonance étrange dans le timbre qu'elle saisit qu'il est sourd. Elle n'en fait aucune remarque. Il se débrouille plutôt bien pour un homme privé de ses tympans. Cela a le don d'attiser sa curiosité. Qui a pu lui apprendre ? Il reprend sa gestuelle et la désigne. Elle pose le trognon de pomme sur sa cuisse, sans le quitter des yeux.
- Trop vite. Fais plus lentement.
Elle essaie de retrouver les mouvements de mémoire avec plus ou moins de réussite.
~- Marcus. - Ok.
Sobre. Elle consigne et enregistre l'information. C'est tout. Elle n'a pas encore statué sur le camp de ce Marcus. Elle réserve son opinion pour plus tard. Aussi quand, il lui tend sa gourde, elle essaie d'en distinguer le contenu, elle hume le liquide avant de le boire. De l'eau. Juste de l'eau. Elle est si assoiffée que le liquide lui coule sur le menton et qu'elle pousse un soupir en reprenant sa respiration. Un rat plus audacieux que les autres essaie de s'emparer du reste de sa pomme. Elle lui claque le museau avec un : "Non!" abrupte.
- A moi, précise-t-elle à la bestiole avec les sourcils courroucés. Personne ne touche à sa nourriture : "Donner c'est donner, reprendre c'est voler." Edgar s'en amusait souvent, avant de la contraindre à le regarder manger sa part sans ciller en guise de punition.
Les rats s'éloignent comme un seul homme et Marcus leur donne de quoi satisfaire leur gourmandise.
- Ton pouvoir ? questionne-t-elle sans s'embêter à ajouter un verbe et un complément pour faire une véritable phrase. Tu es sorcier. Comme moi.
Il répond à sa question par une autre question.
~- Tu peux rentrer seule ?
Elle observe autour d'elle sans reconnaitre le moindre élément du paysage. Lors de sa petite crise d'angoisse, elle a du courir au hasard. Elle ne s'imaginait pas être allez si loin, par contre. Etrange.
- Aucune idée, déclare-t-elle en toute sincérité. Un long silence. Un simple regard. Un aveu d'impuissance. Non.
Ridicule. Péter une durite, chialer et s'évanouir. Avec Edgar ce ne serait jamais arrivé.
Edgar est mort. La liberté implique-t-il vraiment d'être si faible ?
Marcus
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Lun 22 Nov - 14:53
- A moi. Rat vient se réfugier dans le giron de Marcus et couine doucement. Le jeune homme gratte sa fourrure de son menton légèrement rugueux avant de scruter la femme – Salomée – en fronçant les sourcils. Il n’apprécie pas spécialement la violence gratuite, surtout envers les animaux. Il avait simplement faim.
- Ton pouvoir ? Tu es sorcier. Comme moi.
Il ne souhaite pas spécialement répondre même si la même curiosité le titille. Moins on en sait sur lui, mieux il se porte. Il a évidemment compris qu’ils faisaient partie de la même « engeance ». Espèce plutôt.
~- Tu peux rentrer seule ?
Il espère sincèrement que oui. Il remballe sa gourde et la secoue pour constater qu’elle en a vidé plus de la moitié. Ça lui apprendra à être « serviable ».
- Aucune idée. C’est donc plutôt mal parti et avant même qu’elle ne reprenne il connait la suite. - Non. Gros soupir. Evidemment. Et ça n’est pas comme s’il pouvait se détourner d’elle maintenant. Il se redresse, remet son sac sur le dos. ~- Ok. Truc à faire avant. Après suis-moi. Après tout si elle ne fait pas l’effort de parler plus, il ne voit pas tellement pourquoi il le ferait. Il ramasse la boule lumineuse et sans même vérifier si elle le suit déjà ou pas, il se met en marche, escorté de son cortège animal. Il lève le nez au ciel.
« Corbeau ? L’animal blessé est toujours là ? » « Toujours. Par là. » Il croisse et redescend en piqué, lui servant de repère visuel pour lui montrer la voie. La tâche n’est pas facile mais la pratique aidant, Marcus arrive à garder le cap. « Toujours vivant ? » « Plus pour longtemps. »
Marcus se faufile entre les buissons, les ronces et les branches basses avec agilité, évoluant dans cet environnement comme s’il était chez lui. Ce qui est presque le cas. Au pied d’un escarpement rocheux et couvert de mousse, gît une biche dans un pauvre état. Elle a visiblement l’arrière-train cassé comme les pattes avant. Marcus lève la tête et en déduit qu’elle a chuté de quelques mètres. Suffisamment pour la condamner à mort. Elle souffle fort et s’agite en sentant l’odeur humaine et canine. « Paix Biche. Je suis là pour t’aider.» « Mal. Mal. Mal… » Les mêmes râles qui l’ont tirés de chez lui emplissent la tête du sorcier qui grimace. Il pose la main sur la tête de Chien qui s’assoit docilement sans même qu’il est besoin de dire quoique ce soit et fourre la boule lumineuse entre les doigts de la sorcière. ~- Tiens. Lentement, il s’approche de la Bête et s’agenouille entre ses pattes brisées. Ses doigts caressent la fourrure un peu rêche tandis qu’il endort son esprit pour l’empêcher de gesticuler. « Chut. Tout va bien. Je vais t’aider. Ne bouge plus. » Il sort son couteau papillon à la lame large, pose la main sur le cou de l’animal. « Bientôt tu ne sentiras plus rien. Tu retourneras à la terre. » Ses doigts cherchent son cœur, juste derrière sa patte avant gauche et en prenant une profonde inspiration il enfonce son couteau dans l’organe vital. La biche se raidit mais sous le contrôle mental de Marcus, ne bouge toujours pas. Elle expire en quelques secondes. Le sorcier pousse un soupir triste, essuie sa lame sur le pelage et se redresse.
« Manger. Grignoter. Faim. » lui lance les quelques Rats qui le suivent toujours et quémandent son approbation. « Si vous voulez. » Les bestioles se jettent sur le cadavre encore chaud sans que le spectacle ne perturbe en quoique ce soit le jeune homme. La nature retourne à la nature. Il range son couteau et revient vers la sorcière. ~- Range. Trop lumineux. Suis-moi.
Salomée Sparklewhite
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Lun 22 Nov - 18:01
~- Ok. Truc à faire avant. Après suis-moi.
Salomée hoche la tête et lui emboite le pas en silence. Elle n'est pas douée pour la conversation. Du reste, elle doute qu'il ait des yeux dans le dos pour lire sur ses lèvres. Il s'est accaparé sa bullampe sans lui demander la permission. Cela ne valait pas une pomme et un peu d'eau, mais soit. Habituée des efforts de longue haleine, la jeune femme tiens la cadence, observant le dos large de Marcus. Il est plus grand qu'Edgar de peu, plus leste aussi. Pour un homme des bois, il semble plutôt propre sur lui. Où vit-il ?
Ils font halte aux pieds d'un éboulis rocheux. Dans l'herbe grasse, humide de sang frais, ils découvre le corps d'une biche qui respire à peine. Que veut-il faire à ce pauvre animal ? Le soigner ? Elle a suffisamment foulé de champ de bataille pour déterminer quand un blessé ne peut être sauver. Cette biche agonise et personne ne peut ressouder des os brisés. Alors, que font-ils ici ?
~- Tiens.
Elle prend leur source de lumière entre ses doigts, le regard toujours braqué sur lui. Curieuse, elle s'accroupit en face de lui de l'autre côté de la biche à la respiration sifflante, afin de mieux l'éclairer. A la vue du coutelas, elle comprend ce qu'il compte accomplir. Par mimétisme, elle pose sa paume sur le pelage de l'animal. Marcu lui ôte la vie et met un terme, ainsi, à ses souffrance. D'antiques paroles remontent alors à sa mémoire, les mots d'une femme au timbre berçant.
- Grand cerf aux cornes d'or, maître de la vie et de la mort, coureurs des landes et des bois, accepte cette âme auprès de toi.*
Elle caresse le poil hirsute et lève les yeux vers son guide. Elle se redresse à son tour, mutique, comme si ces quelques vers échappés de ses lèvres n'avaient jamais existés. Aucune émotion ne transparait lorsque les rongeurs se précipitent sur le cadavre frais. Elle a vu bien plus affreux dans sa vie, à commencer par aujourd'hui.
~- Range. Trop lumineux.
Elle obéit. Elle est rompue à cela depuis tellement d'années qu'elle accueille l'ordre avec une forme de soulagement.
~-Suis-moi.
Elle suit, après avoir raccroché la bullampe à sa ceinture. Il est plus ardu de le suivre dans cette semi-pénombre. Le terrain est difficile et il ne fait pas le moindre effort pour ralentir l'allure. De guerre lasse, elle attrape un pan de sa veste pour le retenir.
- Trop vite. Je vais te perdre. Un silence. Tu connais mieux le terrain que moi.
C'est la phrase la plus longue qu'elle ait prononcée, du moins dans leurs échanges. Autour d'eux il n'y a que les silhouettes décharnées des arbres accrochées par des lambeaux de lune. Elle peine à distinguer quoi que ce soit autour et ce manque de visibilité l'oppresse. Ses phalanges blanchissent sur sa prise.
Craquements sinistres. Tout autour d'eux. Craquements sinistres et mugissements rocailleux Quelque chose bouge. Pas "quelque" mais "tout".
Le paysage nocturne et inquiétant s'ébroue à une vitesse lancinante. Le sol parait meuble et mouvant. Le petit monticule rocheux où ils ont trouvé la biche est tout près d'eux, comme si ils ne l'avaient quitté que de quelques pas au lieux de plusieurs mètres. Pire encore, il donne l'impression d'avoir des yeux énormes et caverneux fixés sur eux.
Un troll de pierre !? Comme dans les contes !
Impossible! Les trolls n'existent pas.
Il n'existe pas, hein, Edgar ?
*en gaélique
Marcus
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Lun 22 Nov - 19:15
Marcus file vers la ferme de Gaffney. Il sait que de nombreux réfugiés logent là-bas. Au pire, elle pourra retrouver la route et la sienne par la même occasion. Le sol est plus escarpé, rocailleux mais le raccourci en vaut la peine. Ils se meuvent en silence, de toute façon, il ne peut ni faire la conversation, ni l’entendre alors… Soudain on le retient par la manche. Son regard tombe sur la main de Salomée qui a agrippé sa veste, sourcils froncés et il remonte rapidement vers son visage, penchant la tête vers elle pour voir sa bouche.
- Trop vite. Je vais te perdre. Tu connais mieux le terrain que moi.
Il n’a effectivement pas pris en considération la vitesse de la jeune femme ni si elle arrivait à le suivre facilement. L’habitude d’être seul, sans doute. Au même moment il sent une vibration étrange sous ses pieds. Quelque chose qu’il n’a encore jamais senti, quelque chose de peu naturel. Instinctivement il pose son index sur sa propre bouche pour lui indiquer de faire silence. « Danger ! » croisse Corbeau. « Derrière ! » aboie Chien qui gronde, l’échine hérissée et la tête tournée vers l’arrière. Il sent la tension de ses Compagnons, de la femme aussi. Marcus pose la main sur le sol. Il vibre, fort, de plus en plus fort. Il se redresse soudain et fait face aux roches qu’ils viennent de quitter avec le cadavre de la biche. Impossible. Comme ses deux billes noire reflétés par la lune et qui semblent les observer. Fasciné, il prend la pleine mesure de l’étrangeté à laquelle ils font face. Inconsciemment, il tente de prendre contact avec lui, mais l’être n’est apparemment pas organique. Magique de cela c’est presque certain.
Qu'est-ce que c'est ?
Ça gronde autour d’eux, Marcus sent l’air vibrer comme si une gigantesque corde invisible venait d’être pincé et avait libéré une onde qui le traverse de part en part.
« Fuir ! » recommande Corbeau avec une certaine forme d’inquiétude pour l’Humain qui parle. « Fuir, » décide le jeune homme qui a appris depuis longtemps qu’il s’agissait souvent de la chose la plus intelligente à faire pour survivre. Surtout contre un gros bloc de pierres et de cailloux. Il attrape le poignet de Salomée et se met à courir, trouvant naturellement le chemin le plus sûr pour elle. « Guidez-nous en sécurité », impose-t-il à toute la faune présente aux alentours. Aussitôt la forêt bruisse d’autres bruits, des légers, des plus imposants. Des pattes courent à leur côté, et des frémissements d’ailes les accompagnent. Le vrombissement du sol est juste derrière eux, leur colle au train. « Là ! Par ici, Humain qui Parle ! » Un cerf aux bois imposants coupe leur route et part vers la gauche. Sans réfléchir Marcus bifurque. Là droit devant eux ! Une sorte de caverne à l’ouverture bien plus petite que lui. Si elle est profonde ça fera l’affaire. « Va voir ! » ordonne-t-il à Chien à l’instant précis où l’atmosphère picote dans son dos. « ROCHER ! » hurle Corbeau. Il a juste le temps de repousser Salomée sur le côté avant de rouler de l’autre. Son épaule émet un craquement sinistre lorsqu’il se réceptionne sur un sol rocheux et inégal et il pousse un cri.
Déboîtée, diagnostique-t-il très vite.
A l’endroit où lui et Salomée se tenait ne reste qu’une vaste trainée de poussière et de sol défoncé qui mène à un énorme rocher.
Bouge…il faut que je bouge !
Il se remet débout en serrant les dents et en se tenant l’épaule, le regard fixé sur la caverne devant laquelle Chien aboie. « Sécurité ! Protection ! Viens compagnon ! »
Salomée Sparklewhite
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Lun 22 Nov - 20:58
Inutile d'intimer à Salomée de se taire, elle reste coite de stupeur. C'est la deuxième fois de la journée qu'elle subit une telle sidération traumatique. Ce n'est que lorsque Marcus attrape son poignet qu'elle sort de sa tétanie et se laisse entrainée. Le sol vibre, les arbres se déracine, un rugissement caverneux que seule elle peut entendre soulève la poussière dans leurs dos.
Plus vite ! Plus vite ! Plus vite !
Focalisée sur sa course et sur le fait que son compagnon ne la lâche pas, elle ne perçoit le sifflement d'air que lorsqu'il est trop tard. Marcus la pousse violemment pour éviter l'impact. Elle ne doit une meilleure réception qu'à ses réflexes affutés de soldat. Elle se redresse d'un bon, saute par dessus le sillon fumant et attrape son binôme de galère par la taille. Elle insuffle à leur course combinée une bien plus grande amplitude. Après deux ou trois embardées pour éviter d'autres rochers tombant du ciel, ils terminent en glissade et en roulé-boulé vers l'intérieur de la cavité. Salomée a juste le temps d'enrober le corp de Marcus avec le sien pour amortir la chute de ce dernier, protégeant sa tête en l'encerclant de son bras. Le dernier projectile du troll de pierre enragé obstrue la caverne les plongeant dans un noir total.
Les vrombissements cessent peu à peu pour laisser place au silence.
Salomée, enchevêtrée à Marcus, dont elle perçoit la respiration et le coeur en cavale, est hors d'haleine. Elle s'accorde une poignée de secondes pour récupérer son souffle et sonder sa carcasse. A part la meurtrissure des contusions, elle ne sent aucune douleur plus alarmante. À tâtons, elle cherche la bullampe qui par chance ne s'est pas brisée sous le choc. Elle remercie secrètement la qualité inégalée des créations forgemagiques d'Emeraude. La petite balle s'allume dès que les phalanges malhabiles de la jeune femme entre en contact.
Salomée se découvre nez à nez avec Marcus.
- Salut. fait sa bouche plus vite que son cerveau. Pousse-toi. Elle se dégage de lui avec une grimace puis se souvient qu'il se tenait le bras en galopant. Ton bras, montre.
Elle glisse la bullampe entre les doigts de Marcus et retire aussi délicatement que possible les couches de vêtements qui l'empêchent de palper correctement l'ossature. Son doigté est aussi doux que méticuleux. Le verdict tombe, semblable à celui du charmeur de bêtes.
- Hum.. Epaule déboitée. Allonge-toi et sert les dents, ça va faire un peu mal.
D'un geste précis et sans bavure, elle tire sur son bras en appuyant son pied sur son torse. La tête de l'humérus produit un claquement sec en se calant de nouveau sous l'omoplate. Elle se redresse pour mieux le dévisager.
- C'est mieux ?
Marcus
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Lun 22 Nov - 22:01
C’est avec une profonde stupeur que Marcus voit Salomée non seulement l’aider mais le protéger, ses bras se refermant sur lui comme un bouclier de chair. Sensation étrange… aucun Humain n’a jamais cherché à le protéger. Personne ne l’a jamais enlacé non plus d’ailleurs… Pas le temps de penser. Ils atterrissent dans un foutoir de jambes et de bras à l’intérieur de la cavité, précédés de Chien qui exhorte les Humains à être plus rapides. La lumière lunaire est soudain bloquée par un dernier rocher balancé par … la chose de pierre qui visiblement avait une dent contre eux. Immobile, Marcus tente de retrouver son souffle et un rythme cardiaque moins précipité. Il le perçoit désordonné, bien trop rapide. Des élancements de douleurs réguliers et intenses irradient de son bras déboîté et encore malmené par leur chute. Salomée est toujours là, tout contre lui mais il n’a pas encore la force de se dégager.
La lumière de sa bulle les éclaire soudain et il cligne des yeux, constatant que la tête de la jeune femme est toute proche de la sienne. Peut-être rougit-il un peu sous ses quelques tâches de rousseur… la proximité avec un autre…une autre est chose inédite pour lui, tout comme avoir failli être écrasé par un rocher balancé par un plus gros rocher. Par automatisme, son regard tombe sur ses lèvres.
- Salut. Il écarquille ses yeux, perplexe. - Pousse-toi. C’est ce qu’il fait aussitôt et sert les dents sous la douleur. Chien vient alors à ses côtés et couine en posant son museau contre sa cuisse. « Blessé ? » « Ca va aller…je vais bien. Merci Chien. Tu es un bon compagnon. » L’animal aboie doucement et remue la queue sans bouger.
- Ton bras, montre. Elle lui met d’autorité la lampe entre les doigts. Marcus a un vif mouvement de recul aussitôt qu’elle approche la main de lui, le front plissé par la méfiance. Une méfiance automatique, dictée par une conscience de son corps qu’il n’a jamais eu le luxe d’avoir pendant de nombreuses années.
Elle veut juste regarder ton bras, idiot.
Il prend une profonde inspiration puis retire la manche de son bras valide et l’invite à simplement tirer sur l’autre. Jongler entre une blessure au bras et une boule à ne pas lâcher, s’avère bien complexe pour se déshabiller. Ils ôtent, ainsi, couche après couche jusqu’à ce qu’il ne soit plus qu’en tee-shirt. Salomée palpe la blessure et Marcus est obligé de fixer son visage pour ne pas couper toute communication.
- Hum.. Epaule déboitée. Il hoche la tête. C’est bien ce qu’il pensait aussi. - Allonge-toi et sert les dents, ça va faire un peu mal. ~- Tu sais faire ?
Il grogne en signant mais fait de son mieux puis s’allonge docilement. Elle se met en position et remet l’articulation en place dans un mouvement appliqué et sûr. Marcus ressent comme une brûlure infernale au niveau de son épaule et pousse un cri qu’il jugule comme il peut. Elle lui fait face à nouveau.
- C'est mieux ? Il se remet doucement en position assise et fait délicatement jouer son bras. Avec soulagement, il constate que la douleur est bien plus ténue et supportable. Il vient chercher le regard de la jeune femme et déclare avec gravité.
~- Oui. Merci Salomée. Chien acclame la nouvelle avec l’exubérance d’un jeune chiot lui montant à moitié dessus et Marcus le caresse avec affection, victime consentante de ses coups de pattes, tête ou langue joueurs. « Compagnon pas blessé ! Compagnon va bien. Chien content. Caresses ! » Marcus a même un petit rire, sans doute pour évacuer toute la tension des dernières minutes. « Grâce à l’Humaine. Salomée. » En bon Chien, le canidé vient donner une timide léchouille sur la main de la sorcière avant de se caler contre Marcus. La paume a plat contre le sol, celui-ci tente de percevoir des vibrations. Mais rien. Soit la « chose » dehors est partie, soit il ne capte simplement plus rien ici. Le jeune homme déglutit avec difficulté et demande avec réticence, comme à chaque fois qu’il doit faire face à ses limites. ~- Qu’est-ce que tu entends ? Puis après un silence. C’était quoi ?
Il se relève soudain et courbe le cou pour ne pas se prendre le plafond dans la tête. La cavité n’est pas bien grande, ni très profonde mais est assez spacieuse pour eux trois. A condition d’aimer être proches les uns des autres. Il s’approche de la pierre et teste son poids en appuyant dessus. Evidemment elle ne bouge pas d’un millimètre. Harassé par les évènements, il se laisse glisser au sol, en se disant qu’il paie bien cher son envie d’aider les autres.
Salomée Sparklewhite
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Lun 22 Nov - 23:01
~- Oui. Merci Salomée.
Personne n'a jamais pris la peine de la remercier. Edgar a toujours considéré ce qu'elle offrait pour acquis. Les coins de sa bouche s'étirent et se recourbent légèrement en un sourire timide. Le mouvement musculaire parait complétement alien à ses zygomatiques si bien qu'elle se pince les lèvres et arrête aussitôt.
- De rien, répond-t-elle le regard fuyant.
Le chien se charge d'être démonstratif pour trois. Il manque de renverser Marcus dans sa joie incommensurable aussi baveuse que débordante. Puis, le cabot vient prudemment lécher les doigts de la sorcière. Surprise, elle fronce des sourcils et l'observe, indécise sur l'interprétation à donner à cet acte. Finalement, elle tend prudemment la main vers l'animal et lui gratouille maladroitement le sommet du crâne.
- De rien... répète-t-elle, choisissant de croire qu'il la remerciait également.
Elle n'a jamais eu d'animaux domestiques. Une fois, elle avait ramassé un chaton et l'avait caché dans sa chambre. Edgar avait fini par le trouver et lui avait ordonnée de lui tordre le cou. Elle avait obéi comme elle avait appris à ne plus pleurer. Elle avait ensuite fait une croix sur la perspective d'avoir quoi que ce soit à elle qui ne soit pas décidé par Edgar : animaux comme amis. Rien à part lui, en somme. Rien du tout, maintenant.
Marcus touche le sol. Salomée comprend qu'il tente de décrypter par le toucher ce qu'il ne peut entendre.
~- Qu’est-ce que tu entends ?
Elle tend l'oreille, aux aguets, puis secoue la tête.
- Rien. ~- C’était quoi ? - Aucune idée... Froncement de sourcils. On aurait dit un troll de pierre, comme dans les légendes.
Rien que de prononcer cette hypothèse à voix haute lui semble idiot. Marcus l'extirpe hors de ses réflexions en se levant pour tenter de pousser le rocher qui obstrue l'entrée. La sorcière le regarde faire entre effarement et amusement. Avec sa constitution dégingandé, qu'espère-t-il au juste ? Elle se redresse et ploie l'échine à son tour pour se hisser jusqu'à lui. Elle s'accroupit face au charmeur de bête abattu et désemparé. Elle pause une main sur sa jambe.
- Pousse-toi.
Il a beau ne pas avoir le ton, elle se dit que le geste adoucira cette deuxième injonction à dégager son séant de là.
- Tu pourrais être blessé, insiste-t-elle.
Elle se tourne vers l'obstacle et prend une grande inspiration qu'elle expulse lentement. Après avoir serré les poings à deux ou trois reprise comme pour s'échauffer les doigts, elle les pose à plat sur la surface de la pierre. Ses pommettes hautes et ses tempes s'irisent d'écailles translucides en camaïeu de vert, comme celles d'un poisson ou bien d'un serpent. Ses iris rétrécissent au point de disparaitre. Elle tente de percevoir la matière au niveau le plus moléculaire pour en changer l'état. Grande fatigue ou bien constitution spécifique de la roche, elle peine à effectuer la transformation. Elle grimace, pousse un geignement plaintif sous l'effort, son corps chauffe -augmentant sensiblement la température de la caverne- et la fait souffrir, mais finalement le métabolisme du rocher magique cède et la pierre rougit. De solide impénétrable, la roche se meut en lave dégoulinante qui s'épanche paresseusement sur le sol. La lumière de l'astre lunaire pénètre à nouveau dans la cavité.
Ils pourront sortir.
A bout d'énergie et de souffle, Salomée se laisse choir sur le sol. Elle tremble de fièvre et saigne abondamment du nez. Elle sait que cela n'arrive que lorsqu'elle outrepasse ses limites. Elle sait aussi que cela passe.
Tout passe. Même le manque, Edgar.
Marcus
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Mar 23 Nov - 0:01
~- Qu’est-ce que tu entends ? - Rien. ~- C’était quoi ? - Aucune idée... On aurait dit un troll de pierre, comme dans les légendes.
Marcus ne sait pas tellement quoi penser de ça. Les légendes ne marchent pas. Les légendes n’attaquent pas. Ce qu’ils ont vu n’avait rien d’une légende. Après un essai qu’il savait par avance infructueux, il se laisse aller à un petit moment d’abattement. Dans quelques minutes, il tentera de trouver une solution ou au moins d’y réfléchir. Là il se sent juste épuisé, l’épaule encore douloureuse, bien qu’à nouveau en place, le moral en berne et soucieux des nouvelles menaces qui apparaissent dans la forêt à une vitesse vertigineuse depuis l’expansion du brouillard. Le visage de Salomée apparait à nouveau devant lui et il décale sa jambe lorsqu’elle pose sa main dessus.
- Pousse-toi.
Il hausse les épaules, l’air un brin moqueur qui dit clairement : Pourquoi ? Tu as décidé que c’était ta place ?
- Tu pourrais être blessé. Cette fois, il la regarde, intrigué et s’exécute avec plus au moins de lenteur, entrainant Chien avec lui contre le mur du fond. Il en profite pour se rhabiller avec des gestes lents tout en gardant un œil sur la sorcière. Elle semble se concentrer, pose ses paumes contre la pierre à priori bien calée. Les doigts crispés sur la boule de lumière, il voit les écailles autour de ses yeux mais la sent surtout peiner, en atteste sa grimace. Une chaleur infernale envahit la caverne et Chien s’agite. La pierre devient rouge incandescente et semble fondre libérant le passage. Marcus observe le phénomène avec une fascination certaine. Son pouvoir est terrifiant et puissant. Il s’approche – fichue curiosité – pose la main sur la roche encore chaude qui se trouvait autour de l’entrée au moment où Salomée s’écroule. Au sol, la lave a déjà durci. Il s’agenouille devant elle, note son regard fiévreux et tout le sang qui s’échappe de ses narines. Il sort un mouchoir en tissu de sa poche et qui sent certainement le savon qu’il utilise pour sa lessive et essuie aussi délicatement que possible le sang sous son nez tout en réfléchissant.
« Humain ! En vie…miracle ! » « Moi aussi je suis heureux de te voir Corbeau. » Le volatile croasse et se pose sur son épaule en fourrageant sa chevelure de son bec. « Le Géant de Pierres est parti ? » « Retourné chez lui. » « Est-ce qu’on est plus près du Nid ou des Chevaux. » « Nid. Pas loin. » « Tu me guides ? » Nouveau cri aigüe pour marquer l’évidence.
~- Pas en état de marcher. Je vais te porter.
Il détourne aussitôt la tête pour ne pas avoir à lire ses protestations. Il passe son sac à dos sur le ventre et la hisse sans trop d’effort sur son dos, lui faisant une assise de ses bras. Il ne songe pas trop à se rapprochement forcé, à ce corps étranger contre le sien, sous peine de la lâcher. Il l’aide simplement à regagner une certaine sécurité. S’assurant qu’elle est bien calée, il se met en marche, la démarche sûre, même s’il sent ses propres forces diminuées rapidement. Sans compter sa propre blessure à l’épaule qui se réveille au moindre pas. Marcus n’a peut-être pas la carrure d’un as de la gonflette mais il n’est pas dépourvu de muscles et d’endurance. Alors il continue à marcher, à endurer jusqu’à ce qu’il arrive à la cabane qu’il a fait sienne depuis quelques temps déjà. Toute en bois, le toit recouvert de mousse, elle dispose d’un minuscule perron abrité où trône une chaise à bascule. Elle a un système de recyclage d’eau et chauffe grâce à un poêle au milieu de la pièce principale qui fait office de chambre, salon et cuisine. Seuls la salle de bain et un débarras compose le reste de sa « maison ». Marcus entre en poussant un soupir soulagé et va directement déposer la sorcière sur la couverture de son lit avant d’allumer ses lampes en craquant une allumette puis de redonner vie au feu dans son poêle à moitié éteint. Une fois le chauffage reparti, il revient vers Salomé et s’agenouille à sa hauteur.
~- Chez moi. En sécurité pour te reposer. Te ramène chez toi après, ok ?
Elle n’a pas tellement le choix. Lui non plus à vrai dire. Il tente une sorte de sourire. C’est après tout comme ça que les Humains se rassurent entre eux non ? Il se redresse, masse son épaule et s’écroule finalement sur la petite banquette qui lui sert de canapé et qui se trouve tout contre une fenêtre, Chien à ses pieds. Corbeau a trouvé sa place sur son perchoir et picore dans les graines qui se trouve dans une petite gamelle attachée au bois.
Spoiler:
Salomée Sparklewhite
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Mar 23 Nov - 17:34
Pathétique. Je sais Edgar. J'ai été pathétique et misérable. Mais ne va croire que je ne vaux plus rien sans toi. C'est juste un faux semblant...
- Te moques pas, articule-t-elle avec difficulté à Marcus en s'adressant moins à lui qu'à cette partie d'elle qui n'est plus. ~- Pas en état de marcher. Je vais te porter.
Elle aimerait protester, cependant l'énergie lui manque et la gaspiller en vaines paroles serait bien trop couteux. Elle se laisse faire, mortifiée, gênée par la proximité avec Marcus.
La dernière fois qu'on l'a portée de cette façon, elle avec neuf ans et elle s'était blessée après un exercice trop périlleux. Une démonstration de pouvoir mal contrôlé. Edgar l'avait ramenée à la maison sur son dos. Elle se souvenait de son odeur déjà très masculine, de sa joue écrasée contre son épaule et de ses mots gentils. Il savait l'être parfois. "T'inquiète pas. Moi, je sais que t'es la meilleure. On leur montrera. La prochaine fois." Car de "fois", il y en avait toujours. Il l'en convainquait systématiquement.
Marcus n'exhale pas le même parfum. Il hume cette forêt ombrageuse et fauve. Indisciplinée. Cette sauvagerie qu'elle ne peut se permettre. Un étranger. Le spectateur de sa faiblesse. De cela, elle ne pourra jamais pardonner. Elle a bien trop honte.
Edgar, je te hais. Edgar, tu me manques.
Elle ressert ses bras autour des épaules de Marcus, inconsciemment. Ses glandes lacrymales lui jouent encore des tours. La fatigue, c'est sûr. Elle ferme yeux pour refouler cette tristesse déplacée et enfouit son visage dans le creux du cou du sorcier. Peut-être s'endort-elle, car c'est avec un sursaut et un sentiment de déboussolement qu'elle embrasse la pièce du regard lorsqu'il la dépose sur l'édredon.
- Où ... ? ~- Chez moi.
Elle observe tour à tour la maisonnée, tout droit tirée d'un conte pour enfant, et le jeune homme, ses tâches de rousseur et son air d'elfe sylvain raté. Une impression d'irréalité s'empare de la jeune femme et la plonge dans une ouate aussi douce qu'isolante.
~-En sécurité pour te reposer. Te ramène chez toi après, ok ?
Il lui sourit. Il essaie en tous cas. Il est tout tordu ce sourire... Elle tend lentement ses pouces vers les commissures de sa bouche et les effleure, comme pour rajuster l'équilibre du rictus de Marcus. Qu'est-ce que je fais.... ? N'importe quoi. Ses bras retombent sur ses cuisses, ballants.
- Ok. Je vais dormir, alors.
Elle s'allonge en chien de fusil, le bras sous sa tête en guise d'oreiller. Elle regarde son hôte investir une sorte de banquette pleine de plaids pour l'imiter. Elle détaille Marcus un moment, tentant de graver cette étrange tableau bucolique dans sa mémoire.
Et toi, Charmeur de Bête... ? Es-tu un bon ou un mauvais présage ?
Le sommeil la gobe comme un poisson gourmand sur cette étrange interrogation.
***
Elle papillonne des cils tout doucement et met quelques minutes à resituer l'espace et le temps. Il fait encore nuit. Elle ignore pour combien d'heure encore. Je dois rentrer. Elle se redresse dans la pénombre relative de cette cabane tout droit sortie d'un récit de Grimm. Le poêle diffuse une lueur rougeoyante et feutrée qui accentue l'intimité des lieux. Avec beaucoup de précaution, elle part en quête d'un peu d'eau chaude pour se débarbouiller et reprendre pied dans la réalité après cette déconcertante parenthèse.
Marcus
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Mar 23 Nov - 19:41
Bien qu’épuisé, Marcus a du mal à trouver le sommeil à cause de l’adrénaline et des évènements de la soirée. Sans doute également parce qu’il n’a jamais dormi avec personne. Certes, ils sont loin l’un de l’autre et pourtant il sent confusément sa présence chez lui, un lieu qu’aucun autre humain n’a foulé. Et il ne comptait bien n’y faire venir personne.
Mais il pense avoir pris la bonne décision. Non seulement Salomée était assez faible pour se laisser faire sans protester… mais aussi parce qu’il a senti une légère humidité dans son cou et des soubresauts subtiles de son corps contre son dos. Elle est triste, elle a peut-être encore pleuré. C’est un fait. Il ne se pose toutefois pas la question du pourquoi. Marcus ne se préoccupe plus depuis longtemps des sentiments des autres en réponse au peu d’intérêt que l’on a porté aux siens.
La chaleur du poêle lui chauffe le dos alors qu’il touche doucement la commissure de ses lèvres, là où elle a posé ses doigts pour remonter sa bouche, ou plutôt son sourire. Preuve que peu importe ses efforts, il passe à côté de ce qu’on attend de lui.
Ca n’est pas grave. Contente-toi d’être toi.
Oui. C’est ce qu’il a décidé de faire en s’échappant de l’ICV. Ne plus se préoccuper de ce qu’on veut de lui. Ne plus rien attendre des autres non plus. Un compromis qui lui va très bien. Pourtant, il se trouve un peu déçu de ne pas avoir réussi ce sourire. Il aurait aimé le réussir.
« Humaine dort ! » « Tant mieux. Fais pareil. » « Scrutait Humain qui parle. » Marcus se retourne soudain vers la pièce, les joues un tantinet plus rouges, et constate que le Corbeau a raison. Salomée se repose. « Et alors ? » « Rien. Humain qui parle veut regarder aussi Humaine ? » Gêné sans qu’il ne comprenne pourquoi, Marcus lui balance. « Non ! Occupe toi de tes plumes ! »
Le corvidé pousse un croassement léger et tout à fait moqueur avant d’entreprendre la toilette de ses plumes. Marcus tourne ostensiblement le dos à son ami volatile – et donc à Salomée – et regarde la forêt au-dehors en fronçant les sourcils. Elle change. La faune le lui murmure, il le constate de ses propres yeux. Et maintenant…une sorte de géant de pierres ? Une vérité insidieuse commence à se faire un chemin dans son esprit…il n’est plus à l’abri nulle part…
*****
« Humaine bouge ! Humaine bouge ! » Marcus se réveille en sursaut comme si on venait de lui hurler dans l’oreille, sauf qu’en guise d’oreille, c’est dans son esprit. Il se demande de qui parle Chien et pourquoi il s’est endormi sur sa banquette avant qu’il ne se rappelle de tout et qu’il a ramené Salomée chez lui. Le lit est vide. Il jette un coup d’œil sur sa montre : cinq heures du matin. Il se relève et frotte ses yeux plein de fatigue, pressant ses paupières avec ses paumes. « Debout, debout ! Réveillé ! Humaine par là ! » « Ca va, ça va… je me lève. » Chien est assis devant la porte tirée de sa minuscule salle de bain. « Besoin ! » déclare Chien soudain en se précipitant vers l’entrée de la cabane. Marcus secoue la tête, amusé et vient lui ouvrir. Il lace ses chaussures de marche et prépare à nouveau son sac à dos, remplissant sa gourde et empaquetant un peu de nourriture. Il en profite pour nettoyer la lame de son couteau. « Humaine Sortie ! Plus pimpante. » commente Corbeau. Marcus se retourne vers la jeune femme, moins pâle, les traits bien moins tirés, et sans comprendre dans quel but, la commissure de ses lèvres se retrousse comme pour…oui sourire. Il s’arrête aussitôt. Il ne sait pas faire, ça ne sert à rien, et de toute façon, il n’a aucune raison de lui sourire. ~- Reposée ? Il hésite, très peu à l’aise sur la marche à suivre. Tu veux…manger ? Ou partir ?...chez Gaffney ? Il hausse les épaules et soupire, aveu de sa totale ignorance des interactions sociales normales.
Salomée Sparklewhite
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Mar 23 Nov - 20:37
Salomée trouve la minuscule alcôve qui sert de cabine de propreté. Elle déboutonne le haut de son uniforme, en désengage ses bras et le fait rouler sur sa taille. Buste presque nu, elle constate l'ensemble des hématomes sur son derme pâle. Un soupir de lassitude. Elle récupère un peu d'eau recyclée et effectue quelques ablution qui chassent la crasse et les restes de sommeil de son visage. Elle nettoie sa chevelure du sang crouté et de la terre, les peignant avec ses doigts pour les discipliner au mieux. Elle use du seul morceau de tissus qui traine pour se sécher. D'après le miroir abîmé, elle semble plus alerte et plus proche de l'image qu'on se fait d'un commandant d'armée. Elle se rhabille, satisfaite du constat. Son uniforme de Lieutenant-Dragon a perdu de sa superbe et l'émeraude du tissus est souillé ou élimé par endroit. Qu'importe. Elle n'a que cela pour se vêtir.
En sortant du recoin, elle découvre Marcus, debout, prêt de pied en cape à repartir. Il la contemple et sourit. Un vrai sourire, spontané et lumineux. Surprise, prise au dépourvu par cette soudaine image candide, Salomée sourit à son tour. Mimétisme naturel et totalement inconscient. Le Charmeur de bêtes cesse aussitôt. La Dragonne, baisse le regard et se pince les lèvres, mue par une gêne inexplicable.
~- Reposée ? - Oui. ~- Tu veux…manger ? Ou partir ?...chez Gaffney ? - Gaffney. Un silence. Elle force son éloquence. Elle lui doit au moins une phrase complète après ce qu'ils ont vécu ensemble. Je dois retourner auprès de nos hommes. Ses Dragons, leurs Dormeurs, les Autres... Les informer pour le Troll. La forêt n'est pas sûre..... Quelle heure est-il ?
Elle prend une inspiration : sa mâchoire se contracte, son visage se durcit comme pour retrouver sa stature de dirigeante. Elle est droite, solide, imperméable.
J'en suis capable, Edgar. Tu verras.
- Allons-y.
La parenthèse sur ce moment de sentimentalisme passager se clôt, maintenant.
Marcus
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Mar 23 Nov - 21:45
~- Reposée ? - Oui. ~- Tu veux…manger ? Ou partir ?...chez Gaffney ? - Gaffney. Il hoche la tête en se sentant décidemment bien inadapté à fréquenter le genre humain. Tout ce qu’il sait c’est qu’il semble louper chaque occasion de se montrer normal… Depuis hier il a l’impression d’étouffer un peu sous le trop plein de gêne.
Les animaux sont tellement plus reposants.
Il a du penser trop fort parce que la réplique moqueuse de Corbeau ne tarde pas. « Risque de finir aussi stupide qu’eux ! Humains plus amusants…et stimulants. » « Personne ne demande ton avis Corbeau. » « Non. Le donne quand même. »
Il glisse un regard noir en direction de son compagnon à plumes. Il a encore le sourire de Salomée sur les rétines. Il était bien plus beau et naturel que le sien. Est-ce qu’elle se moquait de lui ? Comment savoir. Et surtout, qu’est-ce qu’il en a à faire ? Rien. Ou peut-être que si. Peut-être qu’il n’a pas envie de paraitre totalement stupide aux yeux de la première inconnue qu’il croise depuis longtemps. Il se tourne vers ladite inconnue et saisit ses phrases au vol.
- … retourner auprès de nos hommes. Il penche la tête, sourcils froncés puis enfile son sweat-shirt en grimaçant un peu, exécutant ses mouvements au ralenti. Il allait devoir se faire un cataplasme pour son épaule encore douloureuse. Finalement il demande. ~- « Nos » hommes ? Quels hommes ?
« Histoire d’humains. Pas nos soucis. » « Il faudrait savoir…je croyais que j’étais un humain moi aussi ! » Mais Corbeau a raison. Ca n’est pas leurs affaires. Les bisbilles entre les Hommes l’indiffèrent complètement. Il a eu vent de rumeur lorsqu’il vivant encore en ville, mais n’a jamais pris, ni souhaité prendre de parti. Personne n’a jamais pris le sien.
- Les informer pour le Troll. La forêt n'est pas sûre... Il hoche à nouveau la tête. Ca il peut comprendre. Ca lui évitera de recroiser d’autres perdus. Pensivement, il songe qu’il va bien falloir qu’il enquête sur les étrangetés qui naissent au cœur de la forêt et qui s’étendent. Ce Troll en particulier. - Quelle heure est-il ?
~ Cinq heures. Il ne fait que signer. Salomée prend alors une expression décidée qu’il ne lui a jamais vu encore. Il arque un sourcil et sans qu’il ne s’en rende compte, une esquisse de sourire flotte sur ses lèvres. Décidemment, ça devient une manie. ~- Tu fais très sérieuse, s’applique-t-il à articuler. Il s’éclipse quelques minutes dans le cabinet de douche pour se rafraichir puis revient dans la pièce principale. - Allons-y. Il acquiesce silencieusement, son sac sur le dos, Corbeau sur l’épaule. Il sort et siffle Chien qui accourt et gambade joyeusement autour d’eux. Rat ne tarde pas à revenir et grimpe sur sa jambe pour se blottir dans sa poche de veste, le ventre repu de biche, il va sans doute s'endormir.
Cette fois Marcus connait le chemin et ils restent sur un chemin à travers forêt qu’il connait et empreinte souvent. Ils marchent à nouveau en silence et il fait l’effort d’adapter son pas à celui de Salomée, se rappelant avoir été trop rapide pour elle hier dans le noir. « Gardez les yeux et les oreilles bien ouvertes pour nous. » Lentement, le jour se lève à l’est et illumine la forêt d’une lumière bien spécifique, éclairant la brume gorgée d’humidité qui s’enroule autour des troncs. Alors qu’ils arrivent en vue du ranch de Gaffney, Marcus constante un peu perplexe que, bien qu’en plein hiver, les arbres semblent plus nombreux et plus serrés, tous comme les buissons. Il s’arrête, méfiant, les sens aux aguets puis fait un tour sur lui-même. « Bizarre… » commente aussi Corbeau en s’envolant. « C’est bien ce que je pense ? » « Oui. La forêt… »
Marcus se tourne vers Salomée, profondément inquiet.
~- Quelque chose se passe... La forêt…elle a bougé…elle avance…
Salomée Sparklewhite
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Mar 23 Nov - 22:42
~- « Nos » hommes ? Quels hommes ? - Les survivants. Différentes factions : humain, sorciers, démons....A l'extérieur du Brouillard. Tu sais pour son expansion ? Je dois les informer pour le Troll. La forêt n'est pas sûre.....
Peut-être que tout cela est lié. C'est une hypothèse à ne pas négliger.
- Quelle heure est-il ?
Marcus lui montre ses cinq doigts. Salomée hoche la tête. Elle se prépare mentalement à réendosser son rôle de chef.
~- Tu fais très sérieuse.
Il sourit encore, moins franchement. Moins rayonnant. Avec un soupçon d'amusement qui anime les éclaboussures rousse de ses joues.
- Pas le choix, répond-elle avec une oeillade qui pourrait passer pour blasée.
Marcus se rafraichit à son tour et les voilà partis, baignant dans leurs mutismes conjoints. Une bénédiction. Elle s'économise pour l'après. Parler, parlementer, ordonner, convaincre, rassurer, coaliser ... Tant de verbes qui impliquent sa bouche, sa concentration et ses nerfs. Tant de sources d'éreintement. Les gens ergotent sans arrêt, pour tout et n'importe quoi.
Comment font-ils ? Comment faisais-tu ? Ce serait si simple s'ils étaient tous des rats que l'on pourrait nourrir en égorgeant la première biche venue.
Marcher dans l'ombre de Marcus et savourer son silence, lui permet d'apprécier la beauté des bois qui s'éveillent. L'aube révèle la grande dame raffinée qu'elle est, parée de perles de rosées et de dentelles de givre. Néanmoins, pour une forêt d'hiver, elle semble foisonnante de vert. Soudain, son compagnon se fige. Salomée en fait de même. Le charmeur de bêtes fait un tour complet sur lui même, observant les troncs, leurs cimes, les frondaisons comme les racines. Lorsqu'il pivote vers la jeune femme c'est avec une expression inédite : de l'appréhension.
~- Quelque chose se passe... - Quoi ? demande-t-elle sourcils froncés. ~- La forêt…elle a bougé…elle avance…
La sorcière écarquille les yeux, lèvres légèrement entrouvertes. Elle se retourne vivement, comme si elle s'apprêtait à voir un arbre pris sur le fait dans une partie de "un , deux, trois... soleil!". L'atmosphère lui parait bien lourde, opaque même. Le chemin qu'ils ont parcouru est grignoté d'obscurité, comme pour effacer leur récent passage.
Est-ce mon imagination ? Edgard ? .... Pourquoi suis-je encore à te poser la question? Tu es mort.
Elle en revient à Marcus dont elle attrape le coude.
- Ne retourne pas là bas, dit-elle vivement. La forêt est hostile, même pour toi.
Ce n'est pas dans ses habitudes de céder à l'alarmisme, mais ce qu'elle a vu cette nuit ouvre la porte à toutes les perspectives possibles et inimaginables. Surtout les inimaginables.
Marcus
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Mar 23 Nov - 23:54
Etonnement, Salomée le croit sur parole et observe la forêt avec méfiance. Marcus se tourne à nouveau vers le chemin qu’ils viennent d’emprunter, presque aussi fasciné qu’effrayé. Une tension certaine règne sur les lieux, c’est poisseux, ça colle à la peau et hérisse tous les poils de son corps. Il se plante sur le chemin tapissé d’un reste de feuilles mortes, comme l’un des nombreux troncs qui les entourent, et observe chaque ombre comme si quelque chose allait en sortir. Les mains callées sur les sangles de son sac à dos, il écoute, non pas avec ses oreilles mais avec son esprit. Les milles voix de la forêt assaillent son pouvoir et Marcus se concentre pour faire le tri, tenter de les comprendre.
Marcus se referme soudain et secoue la tête, le souffle court. Comme à chaque fois qu’il tente ce genre de communion, il a du mal à revenir dans son corps et à s’y raccrocher. Chien s’inquiète et colle sa truffe toute froide et humide contre sa main. Il a une vilaine angoisse qui lui étreint le cœur et il pose une main tremblante sur la tête de son fidèle compagnon. « Je vais bien. » On l’attrape soudain par le coude et il tourne la tête pour croiser le regard clair et vibrant de Salomée. Les yeux de Marcus glissent vers ses lèvres mais elle parle vite et il ne saisit qu’un mot sur deux ou trois. Lentement il dégage sa manche de sa main pour signer.
~- Moins vite, Salomée. Peux pas suivre. - Ne retourne pas là-bas. La forêt est hostile, même pour toi.
Elle répète obligeamment et Marcus la regarde avec une réelle incompréhension qu’il laisse filer dans un souffle entre ses lèvres sans même le parler avec les mains.
- Tu…t’inquiètes pour moi ?....pourquoi ? Il n’y croit pas. Il n’y a que Malone qui se soit préoccupé de son sort et il le sait prisonnier du Brouillard. De l’autre côté. Il se reprend très vite. Ces questions n'ont aucune importance. ~- Mais c’est…chez moi. Dans la forêt. Il hausse des épaules impuissantes. ~- Où j’irai ?
Il réalise soudain qu’elle sous-entend certainement de vivre parmi les survivants et une réelle peur panique s’allume dans ses prunelles bleues. Quand bien même il a vécu un moment en ville, il s’est toujours arrangé pour sortir à l’heure où il était certain de ne croiser personne. Corbeau revient se hisser sur son épaule et croasse. « Humaine a raison. Forêt plus un nid sûr. » « Pas pour moi ! Pas tant que je vous aurais avec moi ! » Il cogne sa petite tête contre son menton. « Resterons avec toi. Même entourés d’Humains affligeants. Promesse. » « Rester avec compagnon » appuie Chien en aboyant alors que Rat sort sa frimousse de sa poche. Non…non il refuse de vivre entourés de « personnes », s’expliquer sans arrêt, parler tout le temps.
~- Je peux pas… ses mains s’embrouillent autant que son esprit… Je suis pas fait…pour vivre avec les autres. Tu l’as vu. J’ai pas ma place là-bas. Il fait un mouvement vague vers le ranch. Les animaux me protègeront. Ils l’ont toujours fait. Il plonge directement son regard grave dans le sien. Il préfère affronter l'inconnu que renferme à présent sa maison que la proximité des Hommes. ~- Toi, va. Va les prévenir. N'entrez plus dans la forêt, surtout pas la nuit.
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Mer 24 Nov - 12:24
- Tu…t’inquiètes pour moi ?....pourquoi ?
La question la prend de court. Elle le regarde avec un étonnement similaire puis fronce les sourcils, cherchant en elle-même la réponse. C'est vrai, pourquoi ? Edgar l'aurait sommée de ne pas s'encombrer de plébéien. Il faisait le tri entre les êtres avec une conviction ancrée par son statut. Il y avait les hautes lignées, et les basses, et puis les autres, les incastables, les rebus. Une hiérarchie définie par le pouvoir et l'influence. "Mais ne t'inquiète pas, toi, tu es spéciale mais si tu viens de la lie. Ton don fera ma renommée. Tu verras..."
J'ai vu, Edgar. Regarde où cela nous a menés...
Salomée se mord la lèvre avant de lever ses yeux limpides vers lui. Ses doigts s'accrochent à un pan de son informe blouson.
- Chaque vie compte. N'y retourne pas. ~- Mais c’est…chez moi. Dans la forêt. - Non. C'est chez "eux". Et par "eux" elle entend cette puissance inconnue qui fait bouger les arbres et transforme les rochers en géant. ~- Où j’irai ? - Viens avec moi. ~- Je peux pas… Elle secoue la tête, en pinçant les lèvres. On ne disait jamais non à Edgar. Pourquoi est-ce toujours la réponse qu'elle obtient elle. Je suis pas fait…pour vivre avec les autres. Tu l’as vu. J’ai pas ma place là-bas. - Moi non plus... Chuchote-t-elle presque comme une confession odieuse. Honteuse. Impardonnable. Mais c'est le seul endroit sûr. ~- Les animaux me protègeront. Ils l’ont toujours fait. - Et quand ils ne le pourront plus ? insiste-t-elle.
Il affronte ses billes d'acier avec une gravité résignée. Là est sa limite. Elle ne dispose pas de plus d'arguments pour le convaincre. Je ne peux pas tous les sauver. Je peux simplement essayer.
~- Toi, va. Va les prévenir.
Elle baisse le nez vers ses propres phalanges, figées sur la laine. Elle pose sa paume à plat sur son torse et reflue.
- Ok. ~- N'entrez plus dans la forêt, surtout pas la nuit.
Après une hésitation, elle se hisse jusqu'à sa joue et y dépose un baiser léger, presque un souffle.
- Merci de m'avoir aidée. Un silence. Elle regarde avec une gravité semblable à la sienne. Ne meurs pas, Marcus.
Elle ordonne sans garantie d'obéissance. C'est cela de gouverner sans tyrannie.
Marcus
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Mer 24 Nov - 14:11
- Chaque vie compte. N'y retourne pas. La réflexion de Marcus est un peu court-circuitée par ses doigts qui s’agrippent à son pull. Il peut comprendre la logique mais s’étonne encore qu’on prenne son existence en compte. Sans doute est-ce parce qu’il est sorcier et qu’elle a besoin de ses pouvoirs d’une façon ou d’une autre. ~- Mais c’est…chez moi. Dans la forêt. - Non. C'est chez "eux". Froncement de sourcils alors qu’il jette un bref coup d’œil vers les bois, qu’il voit pour la première fois, menaçants. Mais c’est son refuge, là où il se sent plus à sa place et bien. ~- On peut peut-être cohabiter. On sait rien de ce qui se passe. Et puis où j’irai ? - Viens avec moi. Marcus la fixe avec intensité, les yeux dans les siens. L’envisage-t-il vraiment ? Pendant une ou deux secondes peut-être. Parce que Salomée n’est pas comme les autres humains. Elle ne passe pas son temps à parler, ne lui demande pas mille explications. Ca ne serait sans doute pas le cas de tous les autres. ~- Je peux pas… Je suis pas fait…pour vivre avec les autres. Tu l’as vu. J’ai pas ma place là-bas. - Moi non plus... Les lèvres de Marcus s’étirent dans un rictus entendu. Il sait. Il sait qu’elle n’est pas pareil que les autres. Son instinct le lui dicte. Taiseuse, solitaire, femme d’action. Et triste. Très triste. Et il ne sait toujours pas pourquoi et n’a pas chercher à savoir. Sa curiosité s’arrête à son esprit et ne franchit jamais la barrière du langage. - Mais c'est le seul endroit sûr. Il veut croire que non. Il espère que non. Sinon il va devoir se résigner à quitter son seul abri pour affronter les « autres ». Or il n’a jamais été préparé pour ça. ~- Les animaux me protègeront. Ils l’ont toujours fait. - Et quand ils ne le pourront plus ?
Il laisse filer un silence.
~- Ils ne m’ont jamais abandonné. Toi, va. Va les prévenir.
Elle pose soudain la paume contre son pull et il fixe la présence de cette main sans en saisir la signification. Malgré les couches de vêtements, il la sent bel et bien, étrangère, alien. Au moment où il va faire un pas en arrière pour se dérober, elle l'abaisse, laissant un soupçon de chaleur. - Ok. ~- N'entrez plus dans la forêt, surtout pas la nuit.
Quelque chose de doux se pose soudain sur sa joue et s’éloigne en quelques secondes. Marcus se fige, incapable de comprendre tout de suite ce qu’il vient de se passer, le cœur complètement affolé. « Bisou ! Moi aussi caresse ! » Clame Chien. « Parade nuptiale Humaine étrange. » commente Corbeau avant de glousser en corvidé. Elle vient…de l’embrasser ? Ses joues rougissent subitement. C’était la première fois. C’était beaucoup trop bizarre. C’était pas totalement désagréable bien que très rapide.
- Merci de m'avoir aidée. Marcus hoche simplement la tête, rendu complètement muet. - Ne meurs pas, Marcus. ~- Toi non plus…
Il la regarde s’éloigner, préoccupé, désorienté et peinant à croire que tout ce qu’il vient de vivre est réel. Va-t-il la revoir ? Il en doute… Corbeau s’agite sur son épaule.
« Regarder Humaine maintenant. Aurais dû la suivre, Idiot ! » « Tu penses vraiment ? Je préfère rester avec vous. » « Toujours là. Quoi qu’il arrive. Compagnon. » « Alors vous allez m’aider à comprendre ce qui se passe. » Il se tourne vers la forêt et frissonne malgré ses habits chauds avant de se remettre en route vers sa cabane, aux aguets comme il ne l’a jamais été.