Allongée dans l'herbe tendre, entourée par une couverture épaisse, Diana prend un bain de lune. Pas n'importe laquelle : une lune rousse, chargée d'énergie capable de rechargée ses batteries druidiques...ou quelque chose comme ça. Elle n'a jamais vraiment cherché à savoir le pourquoi du comment. Son intérêt s'est toujours porté sur l'utilisation de ses capacités plutôt que sur leurs origines.

Elle sent en tout cas ses rayons faire du bien à son corps engourdi par le froid de ce foutu pays. Lové contre son ventre, en dessous de la couverture, son python dort paisiblement, roulé en boule. Elle n'aurait peut-être pas dû l'emmener vu le froid ambiant mais égoïstement elle n'a pas eu envie d'être seule ce soir et la présence de sa vieille amie lui apporte une certaine forme de réconfort.
Un peu plus loin, ses ustensiles sont étalés sur une vieille souche et l'argent qui les constitue brille faiblement. Eux aussi se gorgent des rayons lunaires et retrouveront leur efficacité optimales.

La jeune femme est d'humeur particulièrement mélancolique ce soir et joue distraitement avec la bouteille vide de sa bière d'une main, tout en serrant son médaillon dans l'autre. L'alcool n'est pas très bien vue parmi les siennes mais Diana n'a jamais vraiment respecté les règles. Elle chatonne des berceuses que ses mères lui chantaient petites et un puissant mal du pays l'étreint. Il allait pourtant falloir qu'elle s'y fasse, elle ne rentrerait pas de sitôt...
Sa voix s'élève doucement dans la nuit et couvre la cacophonie nocturne qui inonde ses sens. Diana n'est pas idiote. Elle sait ce que l'épaisseur de la forêt cache en son sein. Bien malgré elle. Pour éviter toute rencontre désagréable, elle a avalé une mixture de sa composition qui décuple sa perception pendant quelques heures. Si bien qu'elle a tous les sens aux aguets. C'est à la fois fatigant et fascinant de voir à quel point la vie grouille partout.

La nuit est déjà bien entamée mais, comme souvent Diana ne dormira presque pas. Elle n'a jamais eu besoin de beaucoup de sommeil de toute façon.
Languide, elle s'étire comme une chatte sous la soleil. Blottie contre la terre, elle a l'impression d'être à l'abri, protégée de tout.
Rien n'est plus faux mais le croire n'est pas déplaisant. Juste pour quelques heures… La terre pulse sous son dos, comme un battement de coeur lent, à peine perceptible mais elle l’entend. Madre Tierra est là, toujours. Diana se sent en phase, non pas avec sa vie mais avec l’instant présent. A sa place, reliée aux éléments qui ont forgé les mères de ses mères.  

Tout est si calme, si tranquille...

Jusqu'à ce qu'elle entende des pas qui se rapprochent.
Aussitôt elle se tait, mais elle sait que le mal est fait. On a dû l’entendre. Elle tend l'oreille, crispée soudain. Son odorat boosté ne lui apporte aucune effluves animal, ni aucun parfum de mort. Humain donc. Et très discret. Sans sa potion, il est possible qu'elle ne se soit même pas rendu compte de sa présence. Évidemment son chemin l'amène directement vers elle. Manifestement son visiteur n'a pas envie de la contourner.

Mierda !

Diana pousse un petit soupir mais ne bouge pas...pas encore, hormis une main gracile qu'elle lève en guise de salut.

- Buenas noches niño de la luna ! Le timbre est chaude, presque suave. Si tu cherche de la compagnie tu es bienvenue. Si tu cherches les emmerdes...pitié pas ce soir, j'ai aucune envie de bouger !

Imperceptiblement ses doigts trouvent la manche de sa dague qui gît au sol, la lame enduite de poison. Au moindre mouvement suspect, elle n’hésitera pas à s’en servir.

There's something inside you
It's hard to explain
I'm gonna show you where it's dumped
But have no fear

Je te fixe.
Tu ne bouges pas.
Je contracte la mâchoire.
Tu restes stoïque.
Je finis même par montrer les crocs, la sueur dégoulinant sur mes tempes. J'ai la chevelure moite d'efforts, les muscles crispés, les tendons prêts à péter. Volonté vouée à rien.
Tu ne succombes pas, chienne que tu es.
Connasse.
Salope.

- MAIS BORDEL ! TU VAS BOUGER CAILLASSE DE MERDE !

La pierre me regarde dans le vert de sa mousse. Elle m'assène son silence méprisant. Elle n'a strictement rien à foutre de ma frustration ou de ma colère. Je frappe dessus à coup de talons de rangers, pour m'assouplir les nerfs. J'en ai plein le cul.
Le coup de sang passé, je passe aux suppliques.  Je m'affaisse, à genoux dans l'humus et la boue.

- Aller... steplé ! Steplé... Un tout p'tit centimètre.... Même un millimètre j'm'en contenterais.

C'est quoi les phases du deuil déjà ? Ah ouais. Après la colère, le marchandage. Je suis pathétique, putain. Je m'adosse au petit rocher, qui m'accueille sans broncher. Je suis submergé.e par une vague de désespoir abyssal. J'ai tout essayé, c'est fini. Parti. Eteint. Je refoule une envie de chialer infantile.
Pourquoi fallait que ça déconne maintenant ?
J'allais tellement mieux. Je venais à peine d'accepter mon pouvoir, ma condition de sorcier.re, l'héritage de ma mère. Voilà qu'on me le reprend, qu'on me l'arrache. Mes chardons n'ont jamais repoussés. "Pas encore" m'assure Ass. Je crois en lui mais l'attente me tue. Je suis à bout de patience. Tout ce que je constate c'est que ma carcasse n'est plus que de la terre brulée.

Tout à refaire.
Encore.
A force, j'y perd des morceaux de moi qui ne reviendront jamais.

Le reste est un peu flou.
J'ai évacué, marché au hasard  (titubé serait plus juste), déambulé entre les troncs, clope au bec, sous l'oeil unique de Mère-Nuit. On dirait qu'elle a pleuré elle aussi, elle a la lune toute rougie. Et puis, là, comme ça, au détour d'un buisson, dans une trouée de feuillage baignée de lumière nocturne, je l'ai vue.

Elle.

Une gonzesse qui pique-nique en pleine nuit d'hiver c'est pas courant. Je vais finir par croire que Magni a raison : cette forêt regorge de meufs cheloues qui ne sortent que lorsque le soleil se cache. Je l'observe un moment, parfaitement immobile, furtif.ve plus par reflexe que par volonté. Et puis merde, pourquoi s'embarrasser ? J'ai besoin d'une bonne diversion. Je m'avance, donc, détendu.e du slibard. Elle a les sens affûtés parce qu'elle lève paresseusement une main pour me saluer à défaut du reste. Je vais pas lui en vouloir d'être flemmasse : après tout c'est moi qui m'incruste.

- Buenas noches niño de la luna ! Si tu cherches de la compagnie tu es bienvenue. Si tu cherches les emmerdes...pitié pas ce soir, j'ai aucune envie de bouger !
-Bună seara, fata ciudata din padure! que je réponds sur le même ton. Je pose mon derche à côté d'elle et je m'allonge comme si on étaient des potes de toujours. En vrai, j'cherche du feu. J'pas l'énergie pour les emmerdes ce soir. Je brandis ma cigarette neuve comme témoin de ma bonne foi. T'en as ?

- Bună seara, fata ciudata din padure!
Bon au moins, l’inconnu ne semble pas avoir l’intention de lui sauter dessus pour l’assassiner. Un bon départ donc. Diana fronce le nez. Les consonnances de la langue utilisée lui semblent presque familières et elle sourit soudain.
- Roumain verdad ? Elle glousse un peu. Vous avez envahi la ville à ce que je vois.

Elle tourne la tête sur le côté lorsque son visiteur vient s’allonger à côté d’elle sans aucune gêne et toise un instant son profil, petit sourire en coin sur les lèvres.

Intéressant. Hors du commun. Plaisant.    

L’inconnu dégage quelque chose de sympathique et d’un peu fragile. De plus près, elle constate qu’effectivement il semble tout ce qu’il y a de plus humain. Sauf que les apparences sont parfois trompeuses…
Sans baisser tout à fait sa garde, elle décide de se détendre à nouveau. Ses doigts relâchent leur pression sur le manche de sa dague.

- En vrai, j'cherche du feu. J'pas l'énergie pour les emmerdes ce soir.
- Parfait alors. Installe-toi, donc ! Ah non, c’est déjà fait…réplique-t-elle, amusée.
- T'en as ?
Elle réfléchit un instant puis vient chiper la cigarette entre ses doigts.
- J’ai même mieux que ça… déclare-t-elle sur un ton mystérieux.

Elle balance la clope d’un geste théâtral vers l’arrière et retire doucement la couverture qui recouvre son python toujours immobile et en boule contre elle.

- Lo siento cariño…chuchote-t-elle en soulevant doucement le reptile.
Petit bisou déposé sur ses anneaux avant de le placer entre ses jambes pendant qu’elle se redresse. Elle ouvre son sac en frissonnant face à l’air froid, chope ses propres cigarettes ainsi que son briquet. Si elle se sent finalement assez détendue ce soir pour s’en passer, ça ne semble pas être le cas de l’inconnu qui malgré sa décontraction à l'air…sous tension.
Munie de ses « armes », elle constate qu’Akasha a sorti la tête de son long corps et darde sa langue à tout va. Elle a commencé à serpenter vers l’inconnu mais Diana la rattrape doucement.

- Ah no, cariño. Soit, tu roupilles tranquillement sur moi, soit c’est dans la boite ! J’ai aucune envie de te courir après dans la forêt. Elle glisse un petit sourire d’excuse à la grande gigue à la dégaine de bad boy qui vient squatter sa couverture. Désolée, c’est une sale curieuse.

Une fois rallongée, le python, qui reprend obligeamment sa forme de boule, callé sur son ventre, elle rabat la couverture.
- Voilà ! A nous deux… elle allume sa cigarette maison, tire une longue bouffée, avant de la tendre à son partenaire. Tiens…composition maison. Son souffle plein de fumée s’échappe vers le ciel. Rien de méchant, que du naturel. Juste de quoi se relaxer un peu.

Ils restent silencieux quelques secondes à observer la lune. La situation est assez…étrange. Mais Diana ne s’émeut plus des bizarreries de la vie depuis longtemps. Tout redevient presque aussi tranquille qu'avant, si bien qu'elle se remet à chantonner inconsciemment, en piquant une bouffée de temps à autre.

- Quelque chose me dit que tu en as besoin Chulo…A moins que ça soit ton truc de trainer dans la forêt à hum… elle consulte sa montre… plus d’une heure du matin juste pour fumer ?

- Roumain verdad ? Vous avez envahi la ville à ce que je vois.

Elle a une voix d'actrice porno et un petit rire charmant. Toutes mes alarmes de chasseur.esse sont allumées. Tu pues la sorcière à plein nez.

- L'exode roumain, c'est nous. "La petite Roumanie" c'est le surnom de Tir nà Nog maintenant... Je me marre et je m'impose. C'est mon style. Tu fais pas très locale non plus, chica...En vrai, j'cherche du feu. J'pas l'énergie pour les emmerdes ce soir.
- Parfait alors. Installe-toi, donc ! Ah non, c’est déjà fait…
- T'en as ?
- J’ai même mieux que ça…

Elle envoie valser ma clope et je l'ai un peu mauvaise. Ma précieuse nicotine, putain !

- Heeey, c'tait ma dernière ! que je proteste comme un gosse malheureux.

Je lorgne les hautes herbes baignées d'ombre, dépité.e. Ce n'est qu'en me retournant que je remarque la forme luisante, larvée contre l'abdomen de la gonzesse. Ca me rappelle ce fameux film de Tarantino avec une reine vampire chicanos. Sexy, mais mortelle. N'empêche , le claire de lune rougeâtre révèle une bouche pulpeuse qui bénit le serpent de quelques bécots qui me font presque envie. Le reste de sa personne est tout à fait baisable aussi.
J'ai séduit la bestiole en tous les cas, qui s'avance vers moi en sinuant. Sa maitresse la rattrape et lui passe un petit savon.

- Désolée, c’est une sale curieuse.
- Laisse-le faire connaissance si il a envie... Chuis pas farouche, que je fais avec un sourire con.
- Voilà ! A nous deux… La demoiselle nous sort ni plus, ni moins qu'un pétard. Rien de méchant, que du naturel. Juste de quoi se relaxer un peu.
- Tu sors carrément le calumet de la paix à la première rencontre? Chavais pas que les roumains et les hidalgos étaient en guerre...
- Quelque chose me dit que tu en as besoin Chulo…A moins que ça soit ton truc de trainer dans la forêt à hum...plus d’une heure du matin juste pour fumer ?
- Dis la meuf au serpent qui se tape un trip bucolique en pleine nuit glaciale.

J'attrape le joint, néanmoins.

- Rien de méchant... sauf si c'est pour m'droguer et m'bouloter ensuite. Faut aimer la viande persillée ceci dit...

Je tire une latte d'herbes épicées. C'est pas vraiment la marijuana à laquelle je m'attendais. On dirait les décoctions zarbies du beauf. Pas dégueu, juste déroutant.

- Mère-Nuit et moi, on est d'vieilles potes. elle a été d'toutes mes bringues et d'tous mes déboires. J'avais juste b'soin d'sa bienveillance, c'soir.... Je lui rend son spliff après une dernière taffe. Et toi, Bella, c'quoi ton histoire avec elle ?

Entre Nocturnes, on se comprend, non ?

Son allure et ses manières de gamin désinvolte lui plaisent et l'amusent. Mais ce soir la séductrice est au repos. Reste la druidesse qui profite simplement de l'instant. C'est assez reposant de ne pas être en constante représentation.
- Quelque chose me dit que tu en as besoin Chulo…A moins que ça soit ton truc de trainer dans la forêt à hum...plus d’une heure du matin juste pour fumer ?
- Dis la meuf au serpent qui se tape un trip bucolique en pleine nuit glaciale.

Nouveau rire de gorge pour ne pas trop secouer dame reptile trop fort. Elle n'aime pas spécialement les vibrations.

- Dis comme ça ! Mais je doute être le spectacle le plus étrange auquel t'aies assisté...
- Rien de méchant... sauf si c'est pour m'droguer et m'bouloter ensuite. Faut aimer la viande persillée ceci dit…
- Oh Chulo si j'avais voulu te manger ça serait déjà fait ! Et puis je gâcherai pas mon herbe pour un repas... Ça ne paie pas de mine comme ça mais dans quelques minutes tu vas te sentir très, très, très bien.
- Mère-Nuit et moi, on est d'vieilles potes. Elle a été d'toutes mes bringues et d'tous mes déboires. J'avais juste b'soin d'sa bienveillance, c'soir…

Diana attrape son pétard maison pour en tirer une longue bouffée. Elle sent déjà ses muscles s'alanguir, son esprit s'alléger considérablement. Sans doute peu prudent mais vivre sur ses gardes constamment est épuisant.

Pour vivre mieux, vivons caché…
A tomar por culo !
Des jolis mots pour dire de la belle connerie !

- Et toi, Bella, c'quoi ton histoire avec elle ?
- Mmm moi c'est la lune ma maîtresse du soir. Disons qu'elle est ma gardienne...et ma batterie. Je suis actuellement en recharge. Petit gloussement idiot qu'elle met totalement sur le dos de ses herbes. J'ai jamais eu besoin de dormir beaucoup. Du coup elle et moi on est intime aussi, tu vois…

Elle laisse filer un silence et lui laisse la fin du joint puis reprend.

- Et donc tu noche de madre est-ce qu'elle est ce soir ? Bienveillante ? demande-t-elle en tournant la tête. Aucune entité naturelle ne l'est à mon avis mais c'est mignon d'y croire, ajoute-t-elle avec un petit sourire qui n'a rien de moqueur.

Elle sent son python gigoter en dessous de la couverture et sa tête légèrement pointue sort soudain. Quelques reptations sinueuses l'amènent dans le cou de sa maîtresse mais bien vite elle retourne vers l'inconnu qui semble représenter une source de curiosité et glisse ses anneaux vers sa deuxième source de chaleur.

- Tu lui as tapé dans l'œil on dirait, constate-t-elle avec en clignant du sien. Si tu es si peu farouche que ça, laisse la venir… Il semblerait donc que la séductrice ne soit jamais bien loin finalement vu le ton aguicheur et voilé de défi qu'elle emploie naturellement. Pas de gestes brusques, elle ne mord que si elle se sent acculée. Tu verras qu'elle n'est ni visqueuse ni froide. Elle est à la température de mon corps.

Effectivement, sa beuh est de qualité supérieure. Je me sens déjà vaporeux.se et les sens émoussés. Je cale mes paumes derrière mon crâne, peinard.

- Mmm moi c'est la lune ma maîtresse du soir. Disons qu'elle est ma gardienne...et ma batterie. Je suis actuellement en recharge.
- Tu marches à l'énergie lunaire! T'es une sorte de cyborg écolo ?
- J'ai jamais eu besoin de dormir beaucoup.
- Tu confirmes ma théorie d'femme robot, fais gaffe!
- Du coup elle et moi on est intime aussi, tu vois…

Je tourne mon visage vers elle pour mieux regarder son charmant minois baignée de luminescence astrale.

- Je me d'mande où t'as planqué ta jauge... Histoire d'connaitre la rapidité d'chargement. Grimace d'abruti. Pure curiosité scientifique....

Je lui prends le pet des doigts et tire quelques bouffées piquante , un brin caramélisée. Etonnant ce truc.

- J'connais un mec, qui s'rait putain d'content d'causer plantations avec toi. Il est un peu cramé du bulbe, mais franchement, en terme de jardinette c'est l'meilleur.

Sal est LE démon de la botanique et des maladies. Autant dire que c'est plus qu'un amateur éclairé de la bêche.

- Et donc tu noche de madre est-ce qu'elle est ce soir ? Bienveillante ?

Elle me regarde, et j'entends la petite voix goguenarde de Nardus se foutre de ma gueule : "T'as un kink chelou avec les latinos." Peut-être bien, ouais.

- Aucune entité naturelle ne l'est à mon avis mais c'est mignon d'y croire.
- J'ai l'air mignon, tu trouves?

Je taquine le joint encore un peu en regardant la lune.

- Comme toutes les Mères, la Nuit protège ses enfants et les pleure, mais elle les regarde se perdre sans bouger le p'tit doigt... Fais-je en laissant mon regard voguer vers les étoiles.

Le gros serpent gigote à nouveau contre le giron de sa propriétaire. Je démange sa curiosité, semble-t-il.

- Tu lui as tapé dans l'œil on dirait. Si tu es si peu farouche que ça, laisse la venir…
- "La", c'est donc une femelle ? que je fais en lui remettant son joint entre les mains pour mieux accueillir Miss Sarpe. Viens ma jolie....
- Pas de gestes brusques, elle ne mord que si elle se sent acculée. Tu verras qu'elle n'est ni visqueuse ni froide. Elle est à la température de mon corps.
- Hum... Un avant-gout en somme, que je fais avec un haussement de sourcil salace vers elle et mon éternel sourire canaille. C'quoi son p'tit nom ?

Je caresse délicatement le sommet de son crâne luisant et ses anneaux. On dirait qu'elle apprécie. Elle vient se couler sur mes cuisses et pèse un poids étrangement réconfortant.

- T'es une vraie lady, un drăguța mea viperă... L'est vachement câline dites donc !

Ouais, je sais. J'ai l'air d'un.e gosse avec les animaux. Vous me verriez avec les loups d'Ass, on dirait que j'ai douze ans et demie.

- Et toi l'andalouse? Comment qu'on t'appelle ?

- Je me d'mande où t'as planqué ta jauge... Histoire d'connaitre la rapidité d'chargement. Pure curiosité scientifique....
- Cómo no ! Mais je ne révèle jamais tous mes secrets dès le premier soir Chulo ! Question de principe...
- J'connais un mec, qui s'rait putain d'content d'causer plantations avec toi. Il est un peu cramé du bulbe, mais franchement, en terme de jardinette c'est l'meilleur.
- Vraiment ? Pourquoi pas !

Tant que ça n'est pas l'un de ces types de chez les Heksens… Elle a réussi à les éviter pour l'instant et elle aime autant que ça continue.

- Et donc tu noche de madre est-ce qu'elle est ce soir ? Bienveillante ? Aucune entité naturelle ne l'est à mon avis mais c'est mignon d'y croire.
- J'ai l'air mignon, tu trouves?
- J'ai pas bien vu attends...

Joueuse, Diana se hisse prudemment sur un coude et penche son visage vers l'inconnu. Elle le scrute plus attentivement de haut en bas, les yeux plissés comme pour ne manquer aucun détail. Ce qui est sûr c'est qu'il dégage un charme certain auquel elle n'est pas indifférente. L'examen fini,  un sourire paresseux étire ses lèvres et elle pique le joint pour en tirer une longue bouffée avant de lui refourrer entre les doigts.
Une fois rallongée, elle lâche son jugement.

- Sí. A mon goût. Mais ça ne répond pas à ma question.
- Comme toutes les Mères, la Nuit protège ses enfants et les pleure, mais elle les regarde se perdre sans bouger le p'tit doigt…
Diana hausse un sourcil.
- Mes mères ne sont pas comme ça… lâche-t-elle avec une pointe de nostalgie et en le regrettant aussitôt

Akasha refait des siennes et Diana lui donne obligemment des instructions pour que la rencontre se passe au mieux.
- Hum... Un avant-gout en somme…
La mine coquine et le sourire libineux la font rire à nouveau. Elle affiche à son tour une petite moue charmeuse.
- Tu peux toujours espérer…
- C'quoi son p'tit nom ?
- Akasha. Oui comme la Reine des Damnés d'Anne Rice. J'étais fan, adolescente. On a tous des phases...

Diana observe son serpent se faire bichonner par ces grandes mains et se dit qu'elle ne serait pas contre une ou deux caresses elle aussi. Son python semble être du même avis et serpente sur son grand corps deginguandé.

- T'es une vraie lady, un drăguța mea viperă... L'est vachement câline dites donc !
- Tsss traîtresse oui ! Elle est habituée au contact humain depuis presque toujours. Je la faisais dormir avec moi quand elle était petite. Ça nous arrive encore...Tu dois être plus chaud que moi à priori.
- Et toi l'andalouse? Comment qu'on t'appelle ?
Diana claque de la langue.
- Je viens de Galice, au Nord de l'Espagne ! Précise-t-elle avec indignation. Est-que j'ai l'air d'une décérébrée d'Andalouse franchement...Et tu peux m'appeler Diana...et toi, Chulo? C'est quoi ton petit nom ?

Débarrassée du poids de son reptile, elle s'étire paresseusement et se retourne sur le ventre pour mieux observer son camarade nocturne. Le python a fini par s'arrêter sur ses cuisses et reprend sa position de boule. La jeune femme relève la tête et sourit. Ses doigts fouillent les mèches sombres pour en retirer des brins d'herbe perdus avec une grande délicatesse.

- Tu es tombé dans mon piège. Te voilà détendu et réchauffé par cinq kilos d'amour reptilien...à notre merci... ! Qu'est- ce qu'on va bien pouvoir faire de toi, hum ?

Elle penche légèrement la tête sur le côté. Maintenant qu'elle l'observe attentivement elle note derrière ses attitudes cools et décontractées quelque chose de plus profond et de plus sombre. Alors qu'elle devrait s'en foutre royalement, elle se surprend à vouloir en savoir plus.

- Je sais... et si tu commencais par nous dire ce qui tracasse cette belle petite gueule ?

- Akasha. Oui comme la Reine des Damnés d'Anne Rice. J'étais fan, adolescente. On a tous des phases...

Des phases.
Moi, mon adolescence s'est résumée à buter des moches et sucer des types. On ne peut pas dire que ça me soit vraiment passé...

- T'es une vraie lady, un drăguța mea viperă... L'est vachement câline dites donc !
- Tsss traîtresse oui !
- Fais pas ta jalouse, tu pourras v'nir sur mes genoux après.... clin d'oeil bien lourdingue. I'm a bitch you know...
- Elle est habituée au contact humain depuis presque toujours. Je la faisais dormir avec moi quand elle était petite. Ça nous arrive encore...Tu dois être plus chaud que moi à priori.
- Comme la braise...Et toi l'andalouse? Comment qu'on t'appelle ?
- Je viens de Galice, au Nord de l'Espagne ! Est-que j'ai l'air d'une décérébrée d'Andalouse franchement...
- Excusez-moaaa, Senoritaaaa ! que je fais en roulant exprès les "r".
- Et tu peux m'appeler Diana...
- Comme .. ... La déesse d'la lune? Sérieux ?
- Et toi, Chulo? C'est quoi ton petit nom ?
- Ciulin.

La prononciation ressemble presque à "Chulo" (dont je pige toujours pas la signification) : elle ne devrait pas être dépaysée.

- 'Veut dire "Chardon" en roumain.

Ce prénom demeure un mystère. Les deux seuls prénoms que Kaelig a choisit pour ses gosses à été pour ses filles. Des prénoms de fleurs. Chardon et Violette. Qu'est-ce qu'on a pu se foutre de ma gueule à l'école primaire ! Mais bon, j'ai vite prouvé que j'avais des épines et qu'il ne fallait pas s'y frotter. C'est peut-être le seul truc sur lequel le paternel c'est pas foiré en ce qui me concerne.
Akasha prend ses aises et, je rabats la couverture à mon tour sur ses anneaux.

- Prends pas froid frumusețea mea, que je lui fais amoureusement.
- Tu es tombé dans mon piège. Te voilà détendu et réchauffé par cinq kilos d'amour reptilien...à notre merci... !
- A l'aide! aiiiidez-moaaaaaa ! Je me fais câliner à mort par deux superbes inconnues! J'ai pris une voix de toon et un air crétin. Je ponctue d'un ricanement idiot.
- Qu'est- ce qu'on va bien pouvoir faire de toi, hum ?
- Meuf, j'tai donné un gros indice, là...
- Je sais... et si tu commençais par nous dire ce qui tracasse cette belle petite gueule ?
- T'es psy, Diana ? Ceci étant tous les psy d'c'te bled sont un poil chelous. Et puis, j'ai d'jà un abonnement longue durée à l'hosto.

Mon rire est un peu plus aigre. On frôle le cynisme ma bonne dame. Je pousse un long soupir.

- Pourquoi t'as l'air d'penser qu'j'en ai gros sur la patate ? Je viens chiper une de ses mèches de cheveux. Vu comment elle les tritures, ça a l'air marrant de jouer avec. Qu'est-ce qui m'a trahi ? Dis-je doucement.

- Comme .. ... La déesse d'la lune? Sérieux ?
- Sí, ça s’invente pas un truc pareil ! Je crois qu’elles ont hésité entre Espéranza et Diana. Autant dire que j’ai eu du bol ! Et toi, Chulo? C'est quoi ton petit nom ?
- Ciulin.
- Ciulin, répète-t-elle avec concentration pour cacher sa surprise. Evidemment qu’elle a entendu parler de la fille Taur, revenue après des années d’absence et qui a changé de sexe au passage. Chasseur.esse émérite, fatal.e. La réputation que Ciulin se traine est bien loin d’être reluisante, ce qui intrigue d’autant plus la jeune femme. Mais pour préserver sa nature à elle, Diana fait comme si ce prénom ne lui dit rien. La prononciation n’est pas trop difficile. C’est commun pour un prénom roumain ? Ca a une signification ?
- 'Veut dire "Chardon" en roumain.
- Chardon ? Intéressant… c’est un bon antipoison et à forte dose il fait battre le cœur plus vite, révèle-t-elle. Je devrais peut-être pendre ma tension artérielle…
Mais le serpent semble avoir toute son attention et Diana lève les yeux au ciel.
- Prends pas froid frumusețea mea.
- Je peux vous laisser en tête à tête si tu préfères, ironise-t-elle en faisant la moue.
Comme si le python comprenait, elle sort sa tête de son enchevêtrement d’anneaux et darde sa langue vers sa maitresse.
- Et elle me nargue en plus ! Pas de souris demain, t’as gagné ! En attendant, tu es tombé dans mon piège. Te voilà détendu et réchauffé par cinq kilos d'amour reptilien...à notre merci... !
- A l'aide! aiiiidez-moaaaaaa ! Je me fais câliner à mort par deux superbes inconnues !
Ses gamineries amènent un nouveau rire franc et chaud qui résonne dans le silence de la nuit.
- Je n'ose même pas demandé qui entre elle, elle désigne le serpent du menton, et moi a ta préférence. Mon égo ne s'en remettrait pas...Bon...Qu'est- ce qu'on va bien pouvoir faire de toi, hum ?
- Meuf, j'tai donné un gros indice, là...
- La mise à mort est encore loin Ciulin. Nous les hispaniques on aime bien jouer avec nos proies avant de les achever. T’as jamais entendu parler des corridas ? Je sais... et si tu commençais par nous dire ce qui tracasse cette belle petite gueule ?
- T'es psy, Diana ?
Elle ouvre des yeux ronds et ricane un peu.
- Madre naturaleza ! No ! Absolument pas. Je ne propose pas de thérapie...juste une oreille attentive. Je sais écouter…  et conserver les secrets pour elle, en attendant de pouvoir les sortir à bon escient. On dit qu'il est plus facile de se confier à quelqu'un qu'on ne connait pas.
- Ceci étant tous les psy d'c'te bled sont un poil chelous.
- Tu m’en diras tant…la vraie question est plutôt, qui n’est pas louche dans cette ville ?
- Et puis, j'ai d'jà un abonnement longue durée à l'hosto.

Cette fois elle ne réplique pas et son sourire se fane un peu. Le rire de Ciulin n’a plus rien de léger et sonne même caustique.

- Pourquoi t'as l'air d'penser qu'j'en ai gros sur la patate ?
- Tu veux dire en dehors de la balade au clair de lune ? Des tas de petits choses si on regarde avec attention.
Diana s’aventure à frôler les cheveux rasés courts sur le côté du crâne de Ciulin avant de finir par immerger le bout de ses doigts dans la tignasse plus épaisse sur le haut.
- Qu'est-ce qui m'a trahi ?
Diana le dévisage avec une certaine gravité.
- La ridule ici… Ses doigts redescendent vers le front de lea chasseur.esse et appuie sur une ride légère qui le barre de haut en bas. Elle poursuit plus bas en-dessous de ses yeux et effleure les marques foncées qui les ornent, les cernes là. Enfin son index finit sur un pli un peu trop prononcé sur le côté de sa bouche. Et puis, ici.
Diana appuie finalement son coude contre le sol et pose son menton contre le dos de sa main.
- Et il y a tes yeux. J’y vois une petite ombre tout au fond. Elle la connait bien pour l’avoir déjà aperçu dans les siens, une forme de désespoir qui avale tout le reste, qui donne envie de hurler à la face du monde contre son injustice. Tu es sous les rayons de ma déesse après tout. Tu ne peux rien me cacher ! Léger sourire.
- Tu n’es évidemment pas obligé de me répondre… Depuis combien de temps n’a-t-elle pas prononcé cette phrase ? D’habitude, les informations elle les obtient toujours. De gré ou de force…souvent de force. Mais les choses sont différentes dans le cas présent. Ciulin n’est pas un job. Mais ce qui se dit ou se fait sous la lune rousse, reste sous la lune rousse !

On est là à se tripoter les cheveux comme des ados. C'est plutôt agréable, même je conserve un fond de prudence. Une jolie créature en plein coeur de la forêt qui vous accueille les bras ouverts, ça pue toujours un peu l'entourloupe. Ses doigts redéfinissent les contour de mon visage. Je ne sais pas si c'est le chichon et ou la langueur de ses mouvements, mais je me sens hyper bien. A des kilomètres de mes cailloux et de ma détresse. Paupières mi-close, j'anticipe chaque fois qu'elle vient faire du patin à glace sur mes traits fatigués. On dirait un chaton qui cherche à nicher sa tête dans le creux de paume de son propriétaire.
L'herbe sous la couverture produit un froissement tranquille. Diana a changé de position. Elle ne me touchera plus et c'est franchement à regret. J'ouvre les yeux.

- T'es équipée du mode vision nocturne ? que je fais, pirouettant pour contourner les vérités qu'elle vient de déceler. Ou alors t'es une sacrée belle parleuse....

Moi, j'ai pas lâché ce petit bout soyeux de chevelure qui s'enroule en couleuvre entre mon index et mon pouce.

- Tu es sous les rayons de ma déesse après tout. Tu ne peux rien me cacher !
- Ah... Me vlà bien barré.e...

Elle sourit.
Je remarque sa fossette au menton.
Sexy.

- Tu n’es évidemment pas obligé de me répondre… Mais ce qui se dit ou se fait sous la lune rousse, reste sous la lune rousse !
- Comme à Las Vegas... ? J'ai un petit rire idiot mais sincère. L'oeuvre de la beuh. J'ai pas de dés sur lesquels tu pourrais souffler, belle gosse, mais.... Mais tu peux continuer à m'patouner la couenne, j'aimais bien... J'attrape ses doigts pour les ramener au contact de ma peau. T'veux bien ?

Je dessers ma prise. Elle fera bien ce qu'elle veut. Je laisse filer une poignée de secondes silencieuses, le regard perdu dans les jupons de Mère-Nuit.

- J'ai perdu un "truc". Un "truc" qui me définissait. Un "truc" donc je voulais pas au départ mais auquel j'avais fini par m'habituer.... J'avais accepté que ce soit là.... Et finalement, au moment où j'commençais à apprivoiser c'truc, on me l'a arraché.

Littéralement. Je n'ai plus aucun tatouage hormis la marque d'Odin et le sigil de protection des Sang-Coureurs. Mes chardons n'ont pas repoussé. Mon pouvoir ne refleurira peut-être jamais.

- Juste quand tu commences à trouver un équilibre précaire, la vie te fais bouffer l'bitume. J'vais m'relever. J'le fais bien à chaque mandale.... Chuis juste.... Juste crevé.e....Sourire un peu triste. S'tout. Une histoire qui vaut pas le coup d'être raconté, tu vois....

- Tu n’es évidemment pas obligé de me répondre… Mais ce qui se dit ou se fait sous la lune rousse, reste sous la lune rousse !
- Comme à Las Vegas... ?
- Exacto ! Sans les mariages avec Elvis Presley…
- J'ai pas de dés sur lesquels tu pourrais souffler, belle gosse, mais.... Mais tu peux continuer à m'patouner la couenne, j'aimais bien...
Diana sourit à nouveau. Elle se rapproche un peu, venant se plaquer contre le grand corps effectivement plus chaud que le sien et se laisse manipuler obligeamment.
- T'veux bien ?
- Sí, ça ne me dérange pas.

Ses doigts repartent donc à l’assaut de son visage, dégage les mèches qui tombent sur son front, caresse une joue puis l’autre. Finalement, Ciulin se laisse aller à quelques confidences que Diana écoute avec attention, enregistrant par réflexe toutes les informations récoltées.

- J'ai perdu un "truc". Un "truc" qui me définissait. Un "truc" donc je voulais pas au départ mais auquel j'avais fini par m'habituer.... J'avais accepté que ce soit là.... Et finalement, au moment où j'commençais à apprivoiser c'truc, on me l'a arraché.

Diana réfléchit à ce que pourrait être ce truc, elle se doute bien qu’iel n’ira pas plus loin dans ses explications. « Truc ». Pas « quelqu’un » ou une « chose », donc qui relève de l’intangible peut-être…de surnaturel ? Le terme arraché est fort. C’est aussi ce qu’elle a vécu.
Ses doigts glissent sur la peau du cou puis se baladent sur le torse plat.

- « Perdu » suggère que tu pourrais le retrouver Chulo. « Perdu » ça n’a rien de définitif.
- Juste quand tu commences à trouver un équilibre précaire, la vie te fais bouffer l'bitume.
- Elle a tendance à faire ça oui…
- J'vais m'relever. J'le fais bien à chaque mandale.... Chuis juste.... Juste crevé.e... S'tout.

La bouffée de compassion est assez violente et la prend totalement au dépourvu. En temps normal, les soucis des autres s’arrêtent à partir du moment où elle a été payée. A cet instant, la tristesse résignée de Ciulin la frappe un plein cœur et son médaillon pèse lourd autour de son cou.
La paume calée sur sa joue, elle oblige Ciulin a tourné la tête vers elle.

- Une histoire qui vaut pas le coup d'être raconté, tu vois...
- Toutes les histoires valent le coup d’être racontées ; c’est juste que tout le monde ne mérite pas de les écouter. Elle a une petite moue ironique. On dirait que la fumette me rend philosophique.

Elle vrille ses yeux dans les siens, remarquant pour la première fois combien ils sont bleus.

- Tu sais… il n’y a pas de honte à ne pas se relever tout de suite après une grosse claque... à rester au sol un moment, ne serait-ce que pour reprendre des forces. Arrêter de se battre quelques temps ne veut pas dire qu’on abandonne. Sinon je ne serais plus là… Laisse-toi le temps.

Combien de temps est-elle restée à terre elle ? Des semaines… et elle y serait sans doute encore si elle n’avait pas l’instinct de survie aussi chevillé au corps.
- Tu n’as qu'à te reposer un peu avec moi… te recharger sous la lune, suggère-t-elle dans un souffle en caressant la lèvre inférieure de Ciulin de son pouce. On est pas bien là ? Je ne suis pas un ravisseur si terrible… A moins que tu sois attendu quelque part…

- « Perdu » suggère que tu pourrais le retrouver Chulo. « Perdu » ça n’a rien de définitif.

Je sais.
Je m'accroche à cette idée. Les efforts que je déploie en ce sens ne portent pas franchement leurs fruits et ça me gave sérieusement le cul. Merde, quoi ! Pourquoi je joue sans cesse en hard mode ce putain de jeu de la vie ?

- Une histoire qui vaut pas le coup d'être raconté, tu vois...
-Toutes les histoires valent le coup d’être racontées ; c’est juste que tout le monde ne mérite pas de les écouter. ... On dirait que la fumette me rend philosophique.
- Moi, elle m'rend super chiant, sans dec... La morosité c'pas mon truc, j't'assure !
- Tu sais… il n’y a pas de honte à ne pas se relever tout de suite après une grosse claque... à rester au sol un moment, ne serait-ce que pour reprendre des forces. Arrêter de se battre quelques temps ne veut pas dire qu’on abandonne.

Ass me le répète sans arrêt, le doc Mooney me le suggère avec ses démarches non-orthodoxes (mais bon maintenant que j'ai compris qu'elle abritait une déesse du chaos, je pige mieux sa méthodologie), Vesper essaie de m'obliger à relâcher la pression que je me colle tout.e seul.e. Plus le monde entier me le serine, plus mon connard de cerveau me susurre le contraire : "Ciu, si tu te remets pas debout , maintenant, t'es foutu. Tu vivras à genoux, plutôt que debout!". Dans ces moments là, mon cerveau a la voix de mon paternel. "Un Taur vit et meurt debout". On m'a inscrit la devise familial au burin dans mon adn.

- Sinon je ne serais plus là… Je tique. Laisse-toi le temps. Tu n’as qu'à te reposer un peu avec moi… te recharger sous la lune.

Elle me taquine délicatement la pulpe des lèvres du pouce. Par reflexe conditionné, j'ouvre la bouche pour essayer de lui mordiller. J'ai les sens émoussé par l'herbe, et l'envie toute naturelle de l'embrasser. Je me contente de câliner l'idée de loin. Pour le moment.

- On est pas bien là ?
- On est pas mal, ouais... que je soupire d'aise.
- Je ne suis pas un ravisseur si terrible… A moins que tu sois attendu quelque part…
- On m'attend, oui, mais ils savent être patients...

Je culbute sur une autre idée tout aussi séduisante. Mes doigts s'aventurent jusqu'à la fossette de son menton. Mon pouce explore à son tour les contours de ses lèvres, cherchant à s'immiscer entre. Je me réapproprie son pétard, tire une profonde bouffée et me redresse. Nous partageons la sacro-sainte fumée du calumet, à quelques millimètres à peine de la collision buccale.
Petit sourire vaporeux.

- C'est quoi ton histoire à toi, Diana... ?

- On m'attend, oui, mais ils savent être patients...
- Tant mieux…

Elle laisse flotter un silence plein de sous-entendu. Sa drogue maison lui donne des envies câlines pas forcément prévues à la base. Mais chassez le naturel et il revient au triple galop.
Le pouce de Ciulin vient taquiner sa lèvre à son tour et le bout de sa langue vient en caresser la pulpe légèrement caleuse.  
Ils s’aventurent clairement sur d’autres sentiers que la grande discussion qui dure toute la nuit. La cigarette chipée, Ciulin se rapproche tout près, soufflant la fumée parfumée qu’elle peut presque avaler. Elle hausse un sourcil, amusée par leurs petits pas de danse où ils ne font que se tourner autour sans se trouver encore. Tout ce qu’elle aime.
La lente montée de l’envie jusqu’à finir par succomber.
Tôt ou tard.
Les yeux de Diana valsent entre les lèvres un peu abruptes mais tentantes qui lui font face et les yeux pétillants qui la dévisagent.

- C'est quoi ton histoire à toi, Diana... ?

La jeune femme réprime à peine une grimace. Voilà le genre de question auquel elle n’aime pas particulièrement répondre…voir pas du tout. Mais botter en touche maintenant ne ferait sans doute qu’attirer plus d’attention sur elle et comme elle n’a pas tellement envie de partir maintenant, Diana choisit l’esquive et les demi-vérités.
Pourquoi faut-il qu’elle se sente attirer uniquement par des chasseurs dans cette foutue ville ?

- Rien de bien intéressant non plus, Chulo, susurre-t-elle d’une voix suave tout en venant caresser à nouveau sa joue du dos de l’index. Une expatriée qui a atterri ici alors qu’elle voulait voir le monde et qui essaie de survivre dans cette ville de dingue… Heureusement j’y trouve aussi mon compte parfois et j’y fais des rencontres…intéressantes.

Diana en profite pour récupérer la clope presque finie et en prend à son tour une profonde bouffée. Joueuse, elle brise la mince distance qui les sépare encore, une lueur malicieuse dans le regard et dépose un baiser excessivement délicat sur les lèvres de Ciulin. Elle entrouvre légèrement la bouche pour partager la fumée qu’elle souffle doucement et vient enrouler un bras autour de son cou. Elle recule ensuite de quelques millimètre et esquisse un sourire charmeur.

- D’un ennui mortel, comme tu vois, conclut-elle.

Diana est lascive et suave comme une plante vénéneuse. Je ne sais pas si c'est calculé ou naturel. La fumette nous désinhibe et nous ramène sans doute à ce que nous sommes au plus profond de nous. Visiblement, des êtres de séduction.

- Rien de bien intéressant non plus, Chulo...
- Tu bottes en touche, toi aussi ? Sourire canaille.
- Une expatriée qui a atterri ici alors qu’elle voulait voir le monde et qui essaie de survivre dans cette ville de dingue… Heureusement j’y trouve aussi mon compte parfois et j’y fais des rencontres…intéressantes.
- Je vois....

On échange une soufflette terriblement érotique. Je plane à plein tube, et pas que dans mes endorphines. Le sujet de mes soucis me semble lointain, perdu dans la purée de pois.

- D’un ennui mortel, comme tu vois.
- Tu es une terrible menteuse....

Cette fois j'assouvis ma pieuse envie de lui bouffer les lèvres. Ma langue cherche la sienne, valse des plus agréable. Elle a un petit gout épicé au palais qui me fait sourire comme un âne (bander aussi , si j'avais ce qu'il faut.)

- Tout à l'heure tu as dit que si tu n'étais pas rester à terre pour récupérer, tu ne serais plus de ce monde... C'est quoi qui t'a fauché les jambes ma belle? Je joue toujours avec ses cheveux et lui caresse l'ovale du visage du bout des phalanges. On a tous des démons, tu sais...

Moi j'en baise même un et j'y suis marié.e. Penser à Ass, fait naitre une bouffée d'amour dans ma poitrine que je me sens obligé.e de partager avec la fille de lune. Je reviens boire à sa bouche comme au goulot d'une bonne bière désaltérante pour le gosier. Comme je gigote, Akasha siffle de mécontentement sur mes cuisses.

- Sois pas si possessive, draga! J'aime bien partager! Je glousse vaporeusement. Je me tourne vers sa maitresse. Tu veux jouer à un petit jeu ? Je te dis un truc sur moi, tu me dis un truc sur toi, même si c'est trois fois rien... Une sorte d'action ou vérité, en somme avec un peu moins d'action...

Faut pas m'en vouloir, cette atmosphère de camping à la belle étoile, ça me donne envie de m'amuser comme un.e ado.

- D’un ennui mortel, comme tu vois.
- Tu es une terrible menteuse....

Point culminant de leur petite danse. Leurs premier baiser n’a rien de doux et comble toutes ses attentes. Cette seule étreinte lui révèle toute la passion qui couve dans ce grand corps. Son bras se fait étau autour du cou de Ciulin alors qu’elle goûte le parfum de ses herbes sur sa langue. Bizarrement elles ont bien meilleur goût ici.

- Tout à l'heure tu as dit que si tu n'étais pas rester à terre pour récupérer, tu ne serais plus de ce monde... C'est quoi qui t'a fauché les jambes ma belle ?
Encore un peu vaporeuse, la question a du mal à se frayer un chemin dans l’esprit de Diana et les caresses légères sur son visage ne font rien pour l’aider. Voilà une question à laquelle elle ne devrait pas répondre. Peut-être que se jeter sur cette bouche empêchera Ciulin de parler ? Mais iel reprend la parole avant qu’elle ait pu réagir.
- On a tous des démons, tu sais...
Diana faillit s’étrangler d’un rire amer.
- Oh, ni lo menciones ! On m’a arrachée quelque chose à moi aussi…quelque chose que je ne pourrais plus jamais récupérer.

Les souvenirs trop frais affluent, mais un nouveau baiser bien plus doux, les éloignent et ils redisparaissent dans le brouillard des opiacés et du plaisir qu’elle ressent. Ils bougent un peu se rapprochent alors que Diana répond avec ardeur à cette nouvelle étreinte. Mais leur fougue ne semble pas plaire à Akasha qui crachotte sa contrariété alors que Diana souffle son dépit.  

- Sois pas si possessive, draga ! J'aime bien partager !
Diana pouffe un peu mais se redresse pour venir calmer son python qui a dressé la tête et se tient en position défensive. Après quelques mots tendres roucoulés et des gestes doux et apaisants, sa tête vient à nouveau reposer sur ses anneaux mochetés.
- C’est juste qu’elle est ronchon au réveil. Il faut la comprendre…elle était bien là…au chaud… jusqu’à ce qu’on vienne tout gâcher. Perdóname mi alma
- Tu veux jouer à un petit jeu ? Je te dis un truc sur moi, tu me dis un truc sur toi, même si c'est trois fois rien... Une sorte d'action ou vérité, en somme avec un peu moins d'action...

Diana se fige, réfléchit mais son cerveau flotte dans une brume apaisante qui ne laisse pas beaucoup de place à la méfiance ou à la réflexion. Si bien qu’elle se surprend à sourire comme une gosse avant de venir se rallonger.

- Mmmm, j’apprécie plus l’action d’habitude – moins compliquée à gérer – Mais ok…j’ajoute une règle : impossible de poser deux fois la même question. Bon je commence alors. Elle lâche un autre gloussement avant de tourner la tête vers Ciulin et vient frôler son visage du bout des doigts, comme incapable de ne pas le toucher. Qu’est-ce qui te rend heureux…vraiment heureux ?
Le serpent s'agite encore un peu.
- Je peux la retirer de là si tu préfères...

On est donc tous les deux dépossédés par la vie et ses blagounettes de mauvaises augures. C'est ce qui me la rend plus charmante que toutes les minauderies labiales qu'elle peut me servir. Je propose mon petit jeu de dupe. Elle semble réticente au début, mais se laisse finalement aller. Parfait.

- Mmmm, j’apprécie plus l’action d’habitude
- Héhé... J'ai cru comprendre....
- Mais ok…j’ajoute une règle : impossible de poser deux fois la même question. Bon je commence alors.
- Honneur aux fille de lune sexy.
- Qu’est-ce qui te rend heureux…vraiment heureux ?
- Ah ouais.. Tu commences directe par du lourd !
- Je peux la retirer de là si tu préfères...
- La question ou Akasha... ? Je me marre gentiment. Tout dépend. Tu veux prendre sa place ? Je plisse le regard avec un rictus de mauvais garçon. T'as l'air d'en avoir envie...

Je ferme les yeux quelques secondes pour réfléchir sincèrement à sa question. Je les ouvre avec un gémissement frustré.

- C'est trop dur ! Y'a plein de choses qui me rendent heureux.se... L'adrénaline de la castagne ou du sexe, de la vitesse quand je roule à pleins tubes avec ma moto... Les bras de mon mari. C'est con, mais parfois je le regarde juste pioncer et ça me gonfle d'amour. Je ricane bêtement. C'est teeeellement cheesy putain.... Et y'a mes fous-rire avec ma meuf, aussi. Quand je suis avec, j'ai l'impression qu'on a pas besoin de se causer. On sait d'instinct ! Les animaux, je kiffe les animaux!!! .... Et apprendre... ça c'est nouveau ... j'aime bien apprendre des trucs! ça m'amuse vachement plus que j'aurais cru !... Ouais.... Le bonheur, pour moi ça se compose de beaucoup trop d'trucs : des petits riens et des grands machins... Des gens. Pas mal de gens...

Je ris de bon coeur et soupire d'aise. La beuh me rend inexplicablement guimauve. C'est taré!

- C'était une réponse bordélique, mais j'ai essayé fort, ok ! Alors te moque pas!

Un silence file, je continue de découvrir le velours tendre de ses joues avec mes doigts curieux.

-On t'a arraché quoi, jolie fille de lune... ? que je fais doucement.

- Je peux la retirer de là si tu préfères...
- La question ou Akasha... ?
Diana roule des yeux et glousse comme une idiote, sans doute sous le charme ou alors c’est l’herbe qu’ils fument qui relâche son corps et son esprit.
- Tout dépend.
- A toi de voir Chulo c’est pas ma couenne qu’elle va mordre si tu bouges trop. Ce qui risque d’arriver…
- Tu veux prendre sa place ? T'as l'air d'en avoir envie...
- Pourquoi pas…mais je ne garantie pas de rester aussi immobile qu’elle…

Ciulin répond ensuite à sa question en lui balançant tant d’informations d’un coup qu’elle le regarde un peu interloquée. Quand le flot de paroles se tarie enfin, elle éclate de rire.

- Madre naturaleza ! J’ai cru que tu t’arrêterai jamais !
- C'était une réponse bordélique, mais j'ai essayé fort, ok ! Alors te moque pas !
- Je salue l’effort. Donc laisse-moi résumer. Tu as un mari, une moto, une nana, tu aimes les animaux, le sexe, l’adrénaline et apprendre. Bueno, bueno…on ne doit pas s’ennuyer avec toi.
Nouveau rire incontrôlable.
- C’est effectivement mignon tout plein…adorable, prononce-t-elle dans sa langue natale. Cela dit, ça a l’air chouette d’avoir une vie si…remplie et mouvementée ! A ton tour…

Ses doigts courent toujours sur ses joues et elle fronce le nez quand la caresse chatouille sa peau.

-On t'a arraché quoi, jolie fille de lune... ?

Diana lui décoche une œillade torturée avant de détourner rapidement les yeux qui se perdent vers la lune. Elle déglutit plusieurs fois et arrête de ciller pour empêcher ses yeux humides de libérer les larmes qui menacent. A chaque fois qu’elle repense à cette nuit, elle a l’impression qu’on lui arrache le cœur et les entrailles et elle pose une main machinale contre son ventre. Malgré tout, sa langue se délie sans l’accord de sa tête et la réponse est lâchée dans un souffle.

- Mi hija… ma fille.

Elle s’étrangle sur la traduction et avale l’ultime bouffée de son joint avant de l’écraser contre un caillou.
Finalement elle revient vers le visage de Cuilin et demande d’une voix à peine plus assurée.

- Pas de question sur elle… s’il te plait ? A moi donc… Si tu avais le choix et en admettant qu'on puisse quitter cette ville, tu irais où là, tout de suite ?

Diana a un rire musical et je me sens comme un.e connard.asse de lui niquer sa bonne humeur. J'ai pas réfléchi, j'y suis allé franco. Mon bulldozer n'est pas équipé d'une jauge d'empathie. Son regard triste, son expression grave, autant d'indices qui me dégrisent un poil.

- Mi hija… ma fille.
- Rahat! Chuis désolé.e Diana...

Je me redresse maladroitement sur mes coudes, la cervelle qui me flotte au dessus du crâne. La maternité, c'est un truc que je connaitrais jamais. Mon corps a tellement vécu de traumatismes, qu'il pouvait déjà plus faire le taf à l'adolescence. Ou bien il n'a jamais pu, je ne le saurais jamais. Ca me manque pas de pas pouvoir procréer, même que ça me soulage. Les grossesses de ma mère m'ont vacciné.e pour l'éternité.

Je rattrape Diana par la taille, et je la force à basculer contre moi. Je la câline avec des gestes patauds d'ivrogne, trop affectueux, trop plein d'envie de lui sucer sa tristesse empoisonnée. Je viens aspirer son mal par la bouche. Tu vois ? Je suis pas qu'un.e abruti.e sans gêne qui trouille les blessures intimes.

- Pas de question sur elle… s’il te plait ?
- Promisiune, que je fais paume sur me coeur.
- A moi donc… Si tu avais le choix et en admettant qu'on puisse quitter cette ville, tu irais où là, tout de suite ?
- Hum.... Je me mets à rire. Nulle part..... J'm'en fous d'l'endroit, finalement. J'ai roulé ma bosse sur deux continents mais je me suis jamais senti.e aussi bien qu'auprès des "miens". C'est la première fois qu'j'ai un "chez moi". Un vrai... Je songe à ma prochaine question tout en lui prodiguant quelque caresses.... tu parlais d'tes mères d'taleur... T'as été élevée par des lesbiennes ? Je ricane comme le couillon.ne que je suis. Loin d'moi d'fantasmer sur l'tableau... Mais p'tain... Un peu quand même !

Pour s’excuser, Ciulin la ceinture maladroitement si bien qu’elle se retrouve à moitié sur son torse. Iel la couvre de câlins malhabiles mais sincères avant de l’embrasser. Non seulement Diana se laisse faire mais elle se nourrit bien volontiers de son étrange tendresse, donnée sans arrière-pensée. Elle en aspire chaque bribe avec envie et parce que ça apaise la douleur.
Elle finit par reculer, un sourire vaillant sur les lèvres.

- On va finir par déranger à nouveau Akasha…
 
La nouvelle question est un bon changement de sujet et Diana l’écoute, la tête en appui contre le haut de son torse.

- Hum... Nulle part..... J'm'en fous d'l'endroit, finalement. J'ai roulé ma bosse sur deux continents mais je me suis jamais senti.e aussi bien qu'auprès des "miens". C'est la première fois qu'j'ai un "chez moi". Un vrai...

Diana se rend compte qu’elle aurait bien été incapable de répondre aux deux questions qu’elle vient de poser. A près de 30 ans, elle n’a plus rien… quel gâchis… reste ce qu’elle est. Reste sa famille. Elle aura toujours sa famille. Elle veillera a ce qu’il ne la lui retire jamais.

- Tu parlais d'tes mères d'taleur... T'as été élevée par des lesbiennes ?
La question la fait rire et le ricanement idiot de Ciulin ne fait que le renforcer son hilarité.
- Loin d'moi d'fantasmer sur l'tableau... Mais p'tain... Un peu quand même !
- Bah tiens…C’est pas…exactement ça ! On vit…en communauté…que des femmes. Une vie en générale tranquille, quand ça ne tourne pas en crêpage de chignon pour des conneries. Je n’ai qu’une mère biologique évidemment mais l’éducation de nos filles…c’est l’affaire de toutes. J’ai qu’une Mama, mais plusieurs Madres, tu vois ? Ce qui est parfois…un peu prise de tête. Diana relève la tête, la mine amusée. Et si ta question tournait autour de la sexualité…disons que c’est un joyeux partage. Parfois il y a des « couples » officielles et exclusifs, parfois pas. Certaines aiment tâter du mâle de temps en temps, certaines pas du tout ou d’autres, les deux. Bref, c’est très…libre. Mierda ! Dis comme ça on dirait presque une secte ! Elle hausse maladroitement ses épaules. C’est une chouette famille qui ne rentre pas vraiment dans les conventions sociales. Petite œillade en coin. Mais si j’ai bien tout compris, c’est pas ton truc non plus de rentrer dans des moules pré-établis…

Elle soupire d’aise, sous les doigts vagabonds qui poursuivent leurs douces explorations et vient nicher sa tête contre son cou qu’elle parsème de baisers. Juste parce que c’est terriblement bon. Elle en ronronne de plaisir.

- C’est si agréable…ah oui ! Donc…question suivante… elle remonte ses baisers plus haut jusqu'à pouvoir vriller ses yeux dans les siens. Est-ce que je peux te faire confiance Ciulin ? Elle fronce un peu ses sourcils, comme si elle cherchait un peu ses mots et ses idées. Je suis pas...sensée faire des confidences à qui que ce soit...c'est dangereux pour moi, tu vois...alors j'ai besoin de savoir si... si elle va devoir lui faire ingurgité autre chose que de la simple fumée apaisante, si mes secrets sont en sécurité avec toi.

Il lui est vraiment de plus en plus difficile de réfléchir raisonnablement et elle louche bien trop sur les lèvres de Ciulin.
Madre ! Elle s'est mise dans de beaux draps toute seule...

La description de son cadre familial me fait rire. C'est tellement à mille lieu de ma propre enfance baignée de masculinité toxique et de misogynie intégrée. Je suis hilare, à moitié à cause du chichon, à moitié parce que je me demande si le moi-fillette aurait évolué autrement dans un contexte comme celui-là.

- Mierda ! Dis comme ça on dirait presque une secte !
- AHAHA ! Nan ! Nan, t'sais pas ce que c'est une vraie secte ! Clairement tes amazones là, on dirait un club de vacances à côté de ce que j'ai vécu !
- C’est une chouette famille qui ne rentre pas vraiment dans les conventions sociales. Mais si j’ai bien tout compris, c’est pas ton truc non plus de rentrer dans des moules pré-établis…
- Ouais...C'est chiant les cases! J'aime sans m' limiter au nombre, au genre ou à la forme.

Elle me picore le cou et ça me chatouille. Je glousse tranquillement, détendu.e et savourant la paix du moment. Mes soucis ont foutu le camp. Je la rétribue en gratouilles, caresses et bécots perdus dans sa chevelure qui sent bon. J'ai l'impression qu'on est deux chats frileux qui se bouinent l'un contre l'autres en se léchant le museau.

- C’est si agréable…ah oui ! Donc…question suivante…
- Chuis tout ouïe...

Elle m'embrasse le menton et gazouille au coin de mes lèvres. Si c'est ça sa question, elle me convient au poil !

- Est-ce que je peux te faire confiance Ciulin ?
- Bah Oui.

Evidence. Même pas pris le temps de la réflexion : c'est sorti tout seul comme si je respirais. Je respire souvent la vérité.

- Je suis pas...sensée faire des confidences à qui que ce soit...c'est dangereux pour moi, tu vois...alors j'ai besoin de savoir si..., si mes secrets sont en sécurité avec toi.
- Ce qui s'passe sous la Lune rousse, reste à la Lune Rousse. S'bien tes paroles, non ? Ma paume se cale sereinement sur sa joue. Ma vie à moi aussi, l'est pleine d'secrets. J'ai pas l'air comme ça, chais bien... mais... Une partie d'mon job c'est d'savoir les garder. Chuis pas un danger pour toi et ta pote à écailles.

Pas ce soir.
Pas tant que tu ne nuiras pas à l'œuvre de Malsheem.

- Baisse la garde pour ce soir, jolie frimousse et laisse-toi aller... Visiblement ça t'arrive pas souvent, j'me trompe ? J'enchaine précipitamment : C'tait pas ma question ok ?! J'te vois v'nir resquilleuse! Je ricane. Bon... j'vais en poser une toute simple alors : T'as envie que j't'embrasse, Diana ?... Tu r'gardes ma bouche comme si c'était l'truc le plus délicieux au monde... Faut pas t'gêner... Mes bisous sont en libre service.

- Est-ce que je peux te faire confiance Ciulin ?
- Bah Oui.

Diana arque un sourcil et pouffe un peu.

- Bah oui ? Juste… comme ça…tu balances ça comme si c’était évident. Mais je suis pas...sensée faire des confidences à qui que ce soit...c'est dangereux pour moi, tu vois...alors j'ai besoin de savoir si..., si mes secrets sont en sécurité avec toi.
- Ce qui s'passe sous la Lune rousse, reste à la Lune Rousse. S'bien tes paroles, non ? Diana se contente de hocher la tête et vient frotter sa joue contre la paume chaude qui vient s’y coller. Ma vie à moi aussi, l'est pleine d'secrets. J'ai pas l'air comme ça, chais bien... mais... Une partie d'mon job c'est d'savoir les garder. Chuis pas un danger pour toi et ta pote à écailles.

Elle plisse les yeux, scrute les siens avec attention mais son état ne lui permet pas franchement une analyse précise.

- J’espère…ok…je vais essayer de croire que c’est la vérité…elle étire un sourire malicieux incontrôlé. Je finis toujours par la connaitre de toute façon !
- Baisse la garde pour ce soir, jolie frimousse et laisse-toi aller... Visiblement ça t'arrive pas souvent, j'me trompe ?
- Ca m’est arrivé une fois ou deux depuis que je suis là. Avec un beau blond à la gueule d’ange. Mais à force d’être toujours aux aguets on oublie un peu comment se comporter normalement. Elle s’arrête soudain frappée par une soudaine révélation. Dis donc ! C’était pas une quest… ?
- C'tait pas ma question ok ?! J'te vois v'nir resquilleuse! Diana fait la moue. Bon... j'vais en poser une toute simple alors : T'as envie que j't'embrasse, Diana ?... Tu r'gardes ma bouche comme si c'était l'truc le plus délicieux au monde... Faut pas t'gêner... Mes bisous sont en libre-service.

Un pétillement nouveau s’allume dans le regard de la jeune femme. Lentement, elle se redresse, soulève son serpent en lui prodiguant mille bisous pour se faire pardonner et la blottit amoureusement dans la couverture qu’elle a délaissé. Alors seulement, elle vient souplement chevaucher le corps de Ciulin et se penche lentement jusqu’à y être moulée étroitement, les mains de part et d’autre de son visage.

Ses lèvres frôlent son cou, remontent sur sa mâchoire jusqu’à son oreille où elle souffle.

- No Ciulin. Je n’ai pas envie que tu m’embrasses. J’ai envie de t’embrasser. C’est très différent… A mi manera.

Elle revient lentement vers son visage, caresse d’abord ses lèvres du bout des doigts, en trace les contours, se penche pour les frôler à peine de sa bouche puis de sa langue. Une fois, deux fois, trois fois. Elle attise avec un savoir faire certain mais ne réfléchit plus à ses réactions. Elle agit, naturellement. Enfin elle vient l’embrasser plus franchement, langoureuse, suave comme si elle avait tout le temps du monde. Celui-ci n’a plus de prise sur elle de toute façon.
Elle est perdue dans une danse sensuelle des sens.
Finalement elle recule, l’esprit complètement embrouillé, le corps en feu.

- Comment c’était ? murmure-t-elle par simple curiosité un sourire vaporeux aux lèvres. J'aime t'embrasser... susurre-t-elle avec une désinhibition totale. C’était pas ma question non plus… elle cogite quelques secondes mais n’arrive décidemment plus à grand-chose. Ou peut-être que si… j’ai du mal à réfléchir, avoue-t-elle en fronçant les sourcils.          

- Bah oui ? Juste… comme ça…tu balances ça comme si c’était évident.
- Parce que ça l'est. Les choses sont aussi simples qu'ça, parfois!

Diana argumente et, malgré la high s'inquiète que je sois arrivée "trop près". Ma philo, c'est "Chacun ses secrets et la Nuit pour tous." J'essaie donc de lui expliquer. Elle se laisse convaincre à demi. La beuh est mon amie ce soir ! A moi donc de poser une question. Elle est assez fastoche, en vrai : c'est plus une action qu'une vérité.
La réponse est bien celle que j'escomptais.

- No Ciulin. Je n’ai pas envie que tu m’embrasses. J’ai envie de t’embrasser. C’est très différent… A mi manera.
- J't'en prie, montre-moi!

J'ai déjà une latina à la maison qui s'avère experte en maniement du feu. On va bien voir de quel bois tu me chauffes. Vesper c'est de la dynamite qui explose, Diana est une braise qui prend son temps pour t'incendier. Deux saveurs épicées différemment. Merci Mère-Nuit pour lces femmes merveilleuses que tu mets sur ma route!

- Comment c’était ?
- Très sexy... Et vachement excitant. J'imagine qu'tu pratiques souvent....
- J'aime t'embrasser...
- Tu le fais plutôt bien, alors va pas t'en priver. Ma langue pourlèche mes lèvres de façon délibérément obscène.
- C’était pas ma question non plus…Ou peut-être que si… j’ai du mal à réfléchir...
- Ok... Je vais t'en poser une autre alors... Je viens mordiller son lobe avant de murmurer au creux de son tympan. Tu veux que je te fasse jouir Diana ?

Je la fixe avec mon sourire irrésistible, la lune se reflète dans mes prunelle bleues.

- Et me dis pas que c'est c'que TU veux faire TOI. C'est moi qu'ai dit en prems, d'une, et de d'deux, laisse-moi t'offrir d'quoi t'laisser aller. Vois ça comme un r'merciement pour m'avoir... distrait d'ma déveine.

- Comment c’était ?
- Très sexy... Et vachement excitant.

Diana se sent inexplicablement fière. Ce qui est assez ridicule. Comme si savoir bien embrasser était un accomplissement dans la vie. Ce qui ne l'empêche pas de sourire bêtement.

- J'imagine qu'tu pratiques souvent....
- Nan tout est naturel...une sorte de don...J'aime t'embrasser...
- Tu le fais plutôt bien, alors va pas t'en priver.
Elle sourit face à la provocation de cette langue affûtée.

- C’était pas ma question non plus…Ou peut-être que si… j’ai du mal à réfléchir...
- Ok... Je vais t'en poser une autre alors...
- Buena idea...

Diana laisse s'échapper un gémissement impudique quand les dents de Ciulin se referment sur son lobe. Zone sensible.
- Tu veux que je te fasse jouir Diana ?

Elle reste un moment sans répondre. En tout cas pas avec des mots. Mais son corps réagit à la proposition bien plus vite que son cerveau et son bassin ondule comme pour signifier son accord. Elle scrute ce sourire canaille qui lui va comme un gant mais fait mine de réfléchir à la question, une moue songeuse sur le visage.

- Tu crois que tu en es capable, Ciulin ? Peut-être que je devrais...
- Et me dis pas que c'est c'que TU veux faire TOI. C'est moi qu'ai dit en prems, d'une, et de d'deux, laisse-moi t'offrir d'quoi t'laisser aller. Vois ça comme un r'merciement pour m'avoir... distrait d'ma déveine.

Son sourire s'élargit alors qu'elle ploie à nouveau pour venir frotter son nez contre le sien avec un petit soupir d'envie.

- Je n'ai pas besoin de remerciements pour ça Chulo...tu m'as distrait de ma mélancolie toi aussi. C'est donc du donnant donnant. Et puis franchement…ça ferait mal à mon égo de savoir que tu ne le fais que pour ça. Cela dit...c'est difficile de dire non à une proposition pareille… réponds d'abord à ma question à moi.

L'esprit embrouillé, elle cède d'abord à son envie de l'embrasser encore, les doigts perdus dans sa tignasse sombre.

- Mmm… la question donc...Est-ce que tu veux me faire jouir, Ciulin ? Si c'est le cas...c'est différent...je suis toute à toi  ! Enfin pas tout à fait … j'ai l'impression que mon cerveau s'est évaporé. Elle glousse bêtement. Je crois que je l'ai bien chargé ce pétard...je devrais pas fumer...ça me fait trop d'effet...je te confie Akasha si jamais j'arrive plus à quitter cet endroit ou si mon cerveau ne revient jamais...tu prendras soin d'elle, ok ?

- Tu crois que tu en es capable, Ciulin ?

Tu n'as pas idée, ma douce, de la stratosphère où tu vas voltiger.

- Je n'ai pas besoin de remerciements pour ça Chulo...tu m'as distrait de ma mélancolie toi aussi. C'est donc du donnant donnant. Et puis franchement…ça ferait mal à mon égo de savoir que tu ne le fais que pour ça. Cela dit...c'est difficile de dire non à une proposition pareille…
- Pourquoi t'fais semblant d'tergiverser alors qu'ton corps est vachement plus honnêtement, lui....

Je presse ses cuisses tendues autour de ma taille et mes pouces viennent lui chatouiller l'entre-jambe.

- Réponds d'abord à ma question à moi.

Nous échangeons un baiser fiévreux et la voire lutter pour retrouver le fil de ses pensées me fait ricaner.

- Du mal à t'concentrer , Diana ?
- Mmm… la question donc...Est-ce que tu veux me faire jouir, Ciulin ?
- Je veux... et j'peux.

Sans sommation, je viens croquer dans sa poitrine charnue qui pointe sous son petit pull moulant.

- Si c'est le cas...c'est différent...je suis toute à toi !
- Cool...

Le consentement est acquis, passons aux choses sérieuses.
Je me redresse en position assise et cherche le galbe de ses fesses que j'empoigne. L'hiver ne semble pas avoir prise sur nous. J'ai la cervelle cotonneuse et ensuquée de désir. Une éponge imbibée de beuh et d'hormones.

- Enfin pas tout à fait …
- T'cherches pas d'excuses....
- J'ai l'impression que mon cerveau s'est évaporé. Je crois que je l'ai bien chargé ce pétard...
- J'avoue qu'j'ai rar'ment plané aussi haut....
- Je devrais pas fumer...ça me fait trop d'effet...
- Mais moi, ça posait pas d'souçis d'me faire tirer, hein... que je roucoule contre sa gorge, les doigts sous l'épaisseur de son pantalon, caressant la peau et ses parures de dentelles. Frumoasa mea otrăvitoare...
- Je te confie Akasha si jamais j'arrive plus à quitter cet endroit ou si mon cerveau ne revient jamais...tu prendras soin d'elle, ok ?
- T'as raison d'faire ton testament avant l'septième ciel... Et promis, j'trait'rais ta princesse comme une reine...

Est-ce que les loups et les serpents font bon ménage ?
Idée débile.
Je l'embrasse à pleine bouche et la bascule sans prévenir sur le dos. Avec un regard canaille, je descend goulument vers sa taille, parsemant mon chemin d'une myriade de caresses, de baisers et de morsures humides. Le sexe, meilleur dérivatif à l'anxiété du monde ! J'ai envie de lui faire du bien, de me sentir enfin en pleine possession de mes moyens.

Ce talent là, on ne me l'enlèvera pas.

Ciulin lui promet le septième ciel et c'est exactement là où iel l'amène. Les yeux levés vers la lune et les doigts enfouis dans la tignasse sombre elle se laisse aller. Son corps, parcouru de frémissements délicieux, ondule, chante sous les caresses qui lui sont prodiguées. Elle se fiche d'être bruyante, multipliant les démonstrations de son plaisir, la plupart du temps dans sa langue natale.

Cuilin a un talent indéniable et semble connaître tous les boutons pour la faire réagir. Elle n'a plus conscience de rien si ce n'est cette bouche et ces doigts. Le froid de cette nuit ne l'atteint plus, elle a au contraire le corps bouillonnant. Ses cris s'élèvent hauts comme ses petits mots affectueux qu'elle déverse avec passion sur son amant.e nocturne. Le plaisir ressenti balaie un peu la brume qui a envahi son cerveau mais chaque sensation semble décuplée.

L'apothéose arrive enfin, violente, délectable. Tous ses muscles se tendent, ses cuisses se resserre comme un étau et son dos se cambre. Ses cris se font plus sonores plus haletants.

Diana met quelques longues secondes à  redescendre et relâche finalement sa poigne dans les cheveux de Ciulin. Elle émet un faible rire éblouie et l'oblige à remonter vers elle, le souffle saccadé. Elle englobe son visage entre ses mains et dépose une série de lents et profonds baisers sur ses lèvres.

- Madre...c'était...j'ai peur de faire gonfler tes chevilles qui n'en n'ont certainement pas besoin si je te dis exactement ce que j'en ai pensé…

Elle caresse tendrement son visage.
- Merci Ciulin...elle glousse soudain. Les chasseurs de cette ville ne rigole pas au pieu à ce que je vois…

Ça n'est qu'après qu'elle se rend compte d'avoir peut-être laissé filtrer l'information de trop.