Gris perle contre gris béton. Froid contre froideur. Fureur, à contre cœur.
Les yeux pèsent. Les épaules s’affaissent, quand la carcasse du viking daigne à bouger de sa position assise. La seule qu’il parvient à tenir, alors que ses veines gorgées de tranquillisants palpitent d’un élan groggy. Vaporeuses sous la peau morte, elles n’irriguent la puissante carrure que d’une paix fausse, loin du véritable repos. Et loin du tumulte et des cris, quittés dans une souffrance partagée.
Kolbeinn se souvient de tout. Mais est incapable de se rappeler de quand. Il pourrait s’être écoulé à peine une heure ou plusieurs mois, qu’il n’en saurait pas plus. Son échec reste cuisant, sur bien trop de plans. Lui-même en est conscient, et sait que les pertes lourdes lui seront reprochées, tout comme sa défaite face aux forces adverses.
Pourtant.
Pourtant, battu, il a choisi d’être ici.
Sur ce qu’il reste de son honneur, sa nuque a ployée entre les griffes de l’ennemi. Prêt à se rendre. A servir de monnaie d’échange, ou peu importe quelle autre utilité on lui imputera.
Peu importe. Peu importe… Plus rien n’a d’importance.
La pensée tourne et retourne dans l’esprit fracassé. Son corps a beau avoir été soigné, les séquelles demeurent là où personne d’autre que lui ne peut les voir. Des sensations amères, encore présentes derrière ses yeux clos, à nouveau. Dans sa gorge également, pleine de bile et suintant de trahison. Ashira et Priam sont morts. Son armée a été damée par les pions de Melvin. Et… elle...
Les affres des sédatifs lui font perdre le fil. Calmé, camé, Kolbeinn a du mal à faire le point sur ce qui le retient. Il n’a plus rien. Ni titre, ni terre, ni gloire. Il ne reste… que le vide.
Mais non. Il reste quelqu’un. Il reste...
Les craquements lents de la porte métallique résonnent soudainement. Les cervicales du nordique se tendent de concert, relevant un regard pâle de sa silhouette adossée au mur. Face à l’aura qu’il présume, quelques souvenirs lointains remontent à la surface de sa mémoire.
Une nuit, sur les toits des docks. Rencontre à peine providentielle avec la reine des Vampires de ces lieux. Boucle rendue, perdue de vue.
Simone Montespan vient emplir son champs de vision, pénétrant la petite cellule.
D’aucun dirait que Madame toujours resplendit, si loin de sa Nuit. Six pieds sous terre, comme leur place de cadavres devrait leur revenir. Mais Kolbeinn n’en a que faire, puisse-t-elle lui demander ce qu’elle voudra. Il n’a rien à avouer, pas à cette femme.
Parce que n’est pas elle qu’il veut voir. Et sa dernière volonté ira à une autre.
C’est bien là tout qu’il désire. Si tant est qu’il en aie encore le droit, en sa qualité de prisonnier.
Simone Montespan
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Mar 12 Avr - 9:53
I am flesh, bones I am skin, soul I am human Nothing more than human As you are.
Kolbeinn Assonar. La prise est de taille est pourtant, elle peine Madame. Les requins aux dents les plus pointues saignent, eux aussi. Elle l'avait prévenu, main tendue, trait d'union entre lui et son père.
Kolbeinn, fils d'Asmodée. A présent, elle contemple l'homme à terre, déchu, blessé par la lames de ses trop nombreux mauvais choix. il a refusé son aide, il récolte ce qu'il a semé. Elle n'a pas de larmes pour lui, pas plus qu'elle n'a de haine. Simone Montespan connait le gout du gâchis.
Kolbeinn, le Gheare des Hurlants. C'est en cette qualité qu'il a été capturé et c'est à ce titre qu'il sera interrogé. Madame n'en est pas à sa première valse. Pour cette ouverture du bal, elle a souhaité être seule. Le vampire est suffisamment drogué pour lui être inoffensif. Bertus a copieusement renâclé mais a fini par y consentir. Elle sait qu'il attend, aux aguets, derrière la porte au besoin. Dans un deuxième temps, elle emploiera peut-être les talents d'inquisiteur d'Hyppolite. Pour l'heure, elle se contente simplement de le toiser de toute sa hauteur. Il s'agit simplement d'une conversation.
- Bonjour Kolbeinn. Comment vous sentez-vous aujourd'hui ? demande Madame de son timbre grave et posé. Vos blessures semblent avoir correctement cicatrisé. Tant mieux. Les conditions de votre détention ont été assouplies eu égard de votre état. Il n'en demeure pas moins que je suis surprise qu'on ait pu vous capturer aussi aisément...
Une amorce badine. Un hameçon facile.
_________________
Madame is not amused.
Kolbeinn Assonar
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Ven 11 Nov - 16:07
C’est le parfum poudré qui lui parvient en premier, avant même qu'elle ne se montre. Une réminiscence du haut des toits de la ville, sous la lune ronde. Une seule rencontre qui a permis à Kolbeinn de poser un visage sur une réputation. Un visage qu’il, malgré le refus de sa proposition, n’a pas oublié depuis lors. Malgré l’antagonisme qui les anime, les coutumes vampiriques font foi, et s’il se sait étranger dans son royaume, Kolbeinn en respecte la Reine.
Même en tant qu'ennemie, même s’il est prêt à mettre le royaume à feu et à sang dés lors qu’il passera ces maudits barreaux.
Madame Montespan est donc belle et bien là. Le regard glacé du vampire millénaire s’aiguise, comme une proie qui refuse de se soumettre au piège dans lequel elle est tombée.
« Bonjour Kolbeinn. Comment vous sentez-vous aujourd'hui ? »
Les yeux glissent vers ses avant-bras nus, où serpente les veines sombres gorgées de verveine, les canaux porteurs de poison dont le remous le noie de docilité, sous la bride de ses geôliers.
« … Vivifié. », ironise-t-il, du bout des lèvres. Un certain temps s’écoule, avant qu’il ne rende la politesse d’usage, murée de froideur. « Bonjour, Simone. »
« Vos blessures semblent avoir correctement cicatrisé. Tant mieux. Les conditions de votre détention ont été assouplies eu égard de votre état. - Trop aimable. - Il n'en demeure pas moins que je suis surprise qu'on ait pu vous capturer aussi aisément... »
Le silence à nouveau. Le temps est étiré dans cette cellule, mais les images demeurent, implantées, agrippées à l’esprit qui n’oublie que peu de choses. Les évènements du centre commercial sont tous imprégnés, du moindre cadavre au moindre transformé, de la moindre blessure jusqu’au moindre soldat de Melvin trahissant l’autre Gheare. Et il y a Elle. Toujours Elle, dans l’oeil du cyclone.
« … Vous n’êtes pas la seule à avoir été surprise. » L’honnêteté amère glisse de sa bouche lourde, le mur est effrité par la fatigue et les injections à répétition. Mais encore debout, cela dit. « Je ne pensais pas vous revoir dans telles circonstances. Ni même vous revoir, tout simplement. »
Ses yeux bleus soutient le vert des siens. Le destin, et la résignation, offrent de drôles d’opportunités qu’il n’est pas certain d’apprécier. Il sait ce dont elle est capable et ce qu’elle attend de lui. Autant lui donner ses propres réponses le plus rapidement possible, qu’il puisse cesser cette conversation déjà éprouvante. Ou ne rien dire, et la laisser repartir aussi démunie qu'elle est venue. Tout dépendra d'elle.
« Je suppose que vous demander la raison de votre visite est superflu. », souffle-t-il. « Venez-en au fait. Que voulez-vous savoir ? »