- Pas sans être retracés... On aurait que les Priants à gérer, ça irait, mais chez les Hurlants, il y a des cerveaux.
Keelan ne peut pas s’empêcher de ricaner.
- C’est pas la grande majorité crois-moi… Et ils sont trop occupés à se foutre mutuellement sur la tronche pour savoir qui est le plus forts. Mais je comprends… Ca me rend dingue de savoir que Shane va là-haut de temps en temps sans moi… Il a tendance à être … franchement tête brûlée.
- J'ai plutôt entendu dire qu'il était sacrément efficace et Bertus comme Eustache apprécient de collaborer avec.
- C’est pas antinomique. Je ne doute pas de son efficacité mais… d’habitude c’est moi qui surveille ses arrières…
- Keelaaaan...
Il grimace en se faisant happer le nez comme un loup qui en réprimande un autre. Ca le fait rire que Nathan ait ce genre de geste instinctif qu’il veut croire pour lui seul.
- Oui oui… je sais, faut que j’arrête de le couver mais je peux pas arrêter de m’inquiéter pour lui non plus…
- Tu retourneras faire des raids en surface tôt ou tard...
- Oui, sans doute. Je crois que ça aide pas mal Malsheem.
- D'ailleurs... Je me suis décidé sur ce que j'allais t'offrir pour constituer ton dernier Huaca.
- Oh. Tu n’es pas obligé tu sais !
- Je sais que Shane et Hunter ont déjà fait leur part et que je suis à la bourre, mais je voulais consciencieusement y réfléchir.
Keelan l’embrasse avec un petit rire.
- Ca ne m’étonne pas. Mais je crois que tu te mets beaucoup trop de pression à ce propos.

Il fronce les sourcils en le voyant se lever pour verrouiller la porte.

- Pendant des siècles les djinns maritins ont été pourchassés pour leur forme élémentaire. On raconte que leur peau étaient très prisée. Keelan le regard se dévêtir avec un regard acéré. Je n'ai encore jamais montré la mienne à personne...

Sous ses yeux ébahis, il voit soudain Nathan changer de forme alors que la pièce se remplit d’une odeur qu’il commence à connaitre mais en bien plus puissante. Le spectacle est absolument extraordinaire et il reste muet et immobile, les yeux écarquillés et la bouche légèrement entrouverte.
Il miroite comme de l’eau claire et se pare d’un ensemble complexe d’écailles et d’une matière irisée. Il est l’eau.
Keelan a bien conscience d’assister à un spectacle rare, extrêmement rare et de la confiance que lui porte Nathan pour accepter de se dévoiler de cette façon.
Il en chérit la vision, tout en se sentant indigne et plus que jamais mortel et banal. Comment un être tel que lui peut-il le vouloir à ses côtés ?
Il n’a pas conscience de s’être mis debout face à lui. Sa main se lève de son propre chef pour toucher Nathan, essayer de retrouver dans cette créature l’homme qu’il aime, mais il la rabaisse vite. Comme s’il allait salir ou ternir sa perfection. De plus, il n’a aucune idée de l’effet qu’aurait un contact pour Nathan. Peut-être est-ce désagréable.  
Fasciné, le menton levé vers Nathan, il voit le couteau et frémit de tout son être lorsqu’il déloge une écaille de sa peau comme s’il venait lui-même de se blesser lui-même.
Et puis Nathan rejoint le sol à nouveau et tout s’arrête, il manque s’écrouler mais Keelan le récupère dans ses bras et le fait assoir avec lui au bord du matelas.

- Bambi, le retour...

Keelan n’arrive pas à émettre un son. Peu importe le nombre de fois que Nathan tombera, il sera là pour le récupérer. Il regard le jeune homme avec fascination et révérence. Il côtoie pourtant une déesse stellaire, mais ce à quoi il vient d’assister est bien plus fort à ses yeux, bien plus intime et précieux. Le djinn lui tend alors la pauvre et splendide écaille qui miroite comme un petit diamant. Keelan la contemple un instant, rechignant de la souiller de ses doigts.  

- Mon huaca... pour toi, mon coeur.

Il relève les yeux vers Nathan, ne semblant pas y croire. Il a encore du mal à se dire que la créature qu’il a eu le privilège d’admirer et l’homme qu’il aime ne font qu’un. Il commence par prendre délicatement son bras blessé et en lèche la plaie sans le quitter des yeux. Puis il embrasse le bout des doigts qui tiennent en leur creux l’offrande exceptionnelle qu’il vient de lui faire avant d’oser la récupérer avec une grande délicatesse.
L’écaille est lisse, douce. Il déglutit plusieurs fois avant d’arriver à émettre un son.

- Merci. Je…

Il tombe déjà à court de mots. Il récupère le pendentif à compartiment que Shane lui a confié. Ses parents lui sourient sur la photo de gauche et un petit garçon à la tignasse déjà épaisse et ébouriffé fixe l’objectif sur l’autre. Keelan y ajoute l’écaille et referme le bijou qu'il embrasse à son tour.

- Maintenant, tu fais partie de ma famille.
Avec une certaine hésitation encore, Keelan avance la main vers la joue de Nathan et attire son visage vers le sien pour l’embrasser chastement. Front à front il murmure :
- Je t’aime. Ces mots semblent avoir un poids différent, comme une promesse solennelle. Je t’aimerai et je chérirai ce cadeau inestimable jusqu’à mon dernier souffle. Merci de…de m’avoir montré qui tu es.
Retourner à une réalité plus terre à terre est compliqué mais Keelan s’y efforce et recule sa tête.
- La transformation semble t’avoir fatigué. Tu as besoin de quelque chose. Boire ? Manger ? Il a un petit rire de dérision. Mon loup va te paraitre un peu banal à côté de ce que tu viens de me montrer.

Je me laisse aller dans les bras de Keelan en toute confiance. Il me contemple comme si j'étais une des sept merveilles du monde, or je suis loin d'en être une. Un djinn sous sa forme élémentaire est un spectacle rare, il est vrai, mais c'est une peau que j'apprécie peu de porter. Je me sens davantage humain que... "ça".
Keelan semble profondément ému par mon geste, mais je suis bien plus par le sien. Mon écaille encore chaude et nacrée vient se loger entre son frère et ses parents, dans le pendentif qu'il porte à son cou.

- Maintenant, tu fais partie de ma famille.

J'ai un rire étranglé d'émotions vives. Je me pends à son cou sous peine de chavirer au milieu de cet océan d'affection.

- J'en suis très honoré.

Viens-je de m'imaginer avec mon nom accolé au sien comme si nous étions mariés ? Est-ce que ça me transporte bêtement le palpitant comme une adolescente énamourée ?  C'est possible. (Nathan Monaghan... Nathan Monaghan... Nathan Monaghan.... ça sonne bien !)

- Je t’aime.

Je frissonne, ma peau se grêle, les poils de ma nuque se hérissent. Il me l'a déjà dit et pourtant ces simples petits mots ont une toute autre portée aujourd'hui. J'ai vraiment la sensation qu'il me demande de l'épouser et ça me noue les entrailles d'un plaisir anxieux. (arrête tes idioties, Nath, on n'est pas dans un téléfilm de Noël!)

- Je t’aimerai et je chérirai ce cadeau inestimable jusqu’à mon dernier souffle.
- Moi aussi, je t'aime Keelan. De toute mon âme... Et une partie de moi mourra surement si tu venais à disparaitre.
- Merci de…de m’avoir montré qui tu es.
- Il n'y a qu'à toi que j'avais envie de me dévoiler aussi crûment, tu sais.

Je dépose sur ses lèvres des baisers fervents, étroitement blotti contre lui.

- N'oublie pas d'aller le faire bénir par Ch'aska, tout de même. Sinon, ce sera juste un jolie bibelot inutile...
- La transformation semble t’avoir fatigué. Tu as besoin de quelque chose. Boire ? Manger ?
- Toi ? Juste toi, ça me suffit. Et du sommeil. La forme élémentaire est couteuse en énergie. En principe, un djinn de mon âge n'est pas capable de la produire de façon stable, mais je suis du genre... curieux. Et tenace. Par contre, soixante secondes c'est mon maximum ! J'espère que tu en as bien profité parce que la plupart du temps ce sera moi en peau d'homme!

J'éclate de rire.

- Mon loup va te paraitre un peu banal à côté de ce que tu viens de me montrer.

Je prends son visage entre mes paumes. Ses poils de barbe me picotent agréablement le derme. J'affiche une mine sévère.

- Keelan Monaghan, arrête de te déprécier tout le temps et de t'excuser pour tout ! Petit coup de front tendre sur sa tête dure. Moi j'ai hâte de le découvrir, ton loup, et d'en caresser le pelage... Je l'imagine châtain, plus blond pas endroit, ... et avec des zones plus crémeuses... parce que tu es une crème d'homme ! Je glousse, tout sourire.

- Merci de…de m’avoir montré qui tu es.
- Il n'y a qu'à toi que j'avais envie de me dévoiler aussi crûment, tu sais.

Cette déclaration allume un feu ronronnant dans la poitrine du loup : la sensation de partager quelque chose d’hors du commun avec Nathan plus forte que jamais. Il n’a jamais cru au concept âme-sœur et commence à revoir sérieusement son jugement. Cela expliquera cette sensation qu’il a eu la première fois qu’il lui a parlé dans ces couloirs et qui disait « Bonjour toi, je te connais sans te connaitre et cela fait très longtemps que je t’attends. »
Il rend ses baisers à Nathan tout en le serrant contre lui avec la ferme intention de ne jamais le lâcher.

- N'oublie pas d'aller le faire bénir par Ch'aska, tout de même. Sinon, ce sera juste un joli bibelot inutile...
Keelan faut la moue.
- Oui je sais…c’est… j’ai pas tellement envie qu’elle la voit. Je sais c’est crétin. Je le ferai…évidemment.
Mais il a l’impression d’avoir trouver un trésor très précieux qu’il renâcle à partager. Il fronce les sourcils et fixe Nathan droit dans les yeux, faussement sévère.
- Et alors ? Ça serait mon joli bibelot et il n’a rien d’inutile ! Et puis comme ça j’aurais un bout de toi avec moi. La transformation semble t’avoir fatigué. Tu as besoin de quelque chose. Boire ? Manger ?
- Toi ? Juste toi, ça me suffit.
- Mmm vu que je n’ai pas l’intention de quitter cette chambre, ça doit pouvoir se faire.
- Et du sommeil. La forme élémentaire est couteuse en énergie. En principe, un djinn de mon âge n'est pas capable de la produire de façon stable, mais je suis du genre... curieux.
- Tu m’en diras tant…
- Et tenace.
- J’avais jamais remarqué !
- Par contre, soixante secondes c'est mon maximum ! J'espère que tu en as bien profité parce que la plupart du temps ce sera moi en peau d'homme !

Keelan vient happer ce rire contre sa bouche et sourit comme seul un demeuré amoureux peut sourire.

- Tu étais absolument magnifique et impressionnant en élémentaire d’eau mais j’avoue te préférer comme ça. Palpable, grignotable, embrassable et tout un tas d’autres trucs en -able. Sans parler du fait que tu mettrais de la flotte partout… non vraiment j’aime cent fois mieux « ta peau d’homme ».
Comme pour lui prouver, il embrasse ce derme humain partout où il le peut et comme Nathan est nu, son terrain de jeu est vaste.

- Mon loup va te paraitre un peu banal à côté de ce que tu viens de me montrer.
Keelan se fait redresser le menton pour contempler la version sévère du visage de Nathan.
- Keelan Monaghan, arrête de te déprécier tout le temps et de t'excuser pour tout !
- Oui m’sieur, badine-t-il tout sourire alors qu’il se prend un petit coup de tête, ce qui le fait rire. Tu as conscience d’avoir des gestes très animal ? Je trouve ça adorable…et sexy.
- Moi j'ai hâte de le découvrir, ton loup, et d'en caresser le pelage... Je l'imagine châtain, plus blond pas endroit, ... et avec des zones plus crémeuses... parce que tu es une crème d'homme !
Keelan secoue la tête, amusé.
- T’es content de toi hein ? Il regarde un instant autour de lui, évalue la place disponible et la probabilité de ne rien déplacer ou renverser dans son autre forme à lui. Tu voudrais ? Voir mon loup ?

L’assentiment obtenu, il dépose un dernier baiser sur son front et se lève pour retirer à son tour ses vêtements. Autant éviter de gâcher.
- C’est… peut-être un peu impressionnant mais ça va aller ok ?
Il commence par faire jouer les muscles de sa nuque avant d’appeler sa forme lupine. La chose est plus facile pendant la lune ascendante. Comme toujours, la souffrance le terrasse et il tombe à genoux alors que la mutation s’opère. Il est difficile d’évaluer la douleur qui est une donnée très personnelle, mais s’il en croit les autres membres de la meute, ses transformations sont particulièrement douloureuses.
Ses os craquent, s’étirent, sa chair se déchire pour prendre plus d’ampleur et sa peau se couvrent de fourrure épaisse et claire.
A genou, il endure ces affres stoïquement, laissant simplement filtrer un geignement ou deux. Heureusement, la transformation prend fin et un loup massif et haut sur pattes se tient bientôt sagement assis. Imposant sans être menaçant. L’animal toise Nathan avec les mêmes yeux que Keelan. Même forme, même couleur, même intensité et douceur dans le regard. Il prend garde à ne rien renverser lorsqu’il s’approche du djinn. Si un animal pouvait sourire, il aurait sans doute cette expression qu’arbore Keelan-loup.
Après un coup de langue sur la main de Nathan, il vient coller son museau contre sa paume, en geignant doucement, quémandant des caresses dans sa fourrure qui est effectivement un mélange de blond, de châtain et d’une sorte de blanc cassé.

- T’es content de toi hein ?
- Toujours pourquoi ? Oeillade malicieuse.
- Tu voudrais ?
- Quoi donc ?
- Voir mon loup ?
- Maintenant ?! Je m'anime brusquement, le regard qui pétille, exactement comme un gosse à Noël. C'est vrai ? Tu peux ? J'adorerais ! Mais... Je déchante presque aussitôt en pensant aux conséquence. Montagnes russes. Ce n'est pas douloureux ? Je ne veux pas que tu te fasses mal pour un caprice !
- C’est… peut-être un peu impressionnant mais ça va aller ok ?
- O.. Ok.

Agenouillé -toujours complétement nu- sur le matelas, je le contemple s'effeuiller, dévoiler son corps parfaitement modelé. (Dieux qu'il est beau!) Il échauffe ses muscles tel le boxeur s'apprêtant à monter sur le ring. L'angoisse grimpe les parois de mes entrailles. Le craquement d'os qui s'ensuit se répercute en écho d'un bout à l'autre de mon être. Je me suis tendu, presque à quatre pattes, vers lui, rongé par l'inquiétude. Il souffre et je souffre avec lui. La violence des métamorphoses lycanthropes ne m'avaient jamais frappé jusqu'ici. Je connaissais la théorie, la pratique est difficilement soutenable.
J'ai envie de le toucher, d'apaiser ses maux, d'embrasser son visage contorsionné par la douleur.
Finalement émerge de cette transformation un superbe canidé, plus large et imposant qu'un loup classique. Son regard est doux comme l'humain qui va avec et sa fourrure aux nuances caramel, telle que je me l'étais imaginée. Il vient délicatement me lécher la main. Je tombe du lit à genoux pour enlacer son poitrail et enfouir mon nez dans son pelage fourni.

- Keelan, tu m'as fichu une de ces trouilles... Soupir en inspirant son odeur animal. Tu es magnifique et si majestueux! Ton poil est aussi duveteux que celui d'une peluche ! C'est fou ! Sa gueule entre mes mains, je le câline et gratouille allégrement derrière ses oreilles puis j'embrasse sa truffe. Tu arrives à être sexy, même en loup ! Incroyable ! Je ris de bon coeur, mes rétines gavées de son image.

Nathan se poste à genou devant lui et l’étreint autant qu’il le peut. Keelan appose gentiment sa tête contre celle de Nathan.

- Keelan, tu m'as fichu une de ces trouilles...
Il le sent le respirer et lui aussi se gave de son odeur, bien plus prégnante. Il lèche sa peau en geignant comme pour s’excuser. Son goût aussi est différent.

« Délicieuse. Encore. »

Sa langue lape à nouveau sur cette chair exquise.
- Tu es magnifique et si majestueux !
Si un loup pouvait rouler des yeux, Keelan serait en train de le faire. Il n’a rien de majestueux. Mais une autre part de lui s’enorgueillie du compliment et il jappe de contentement.
- Ton poil est aussi duveteux que celui d'une peluche ! C'est fou !
Une peluche ? Pourquoi pas ? Il gronde un peu pour faire plus menaçant sans y mettre beaucoup du sien puis agite la tête comme s’il cherchait à le mordre. Mais ce petit jeu échauffe des instincts chez Keelan, bien plus honnête en loup qu’en humain.

L’envie de marquer l’autre.
Simple et primaire.
Faire sienne cette créature qui affole ses sens.
Parce qu’elle est à lui. C’est une certitude.
Rien qu’à lui.

A moi !

Nathan englobe son museau et se met à le câliner, désamorçant un peu ses bas instincts. Keelan en couine de contentement, frotte allégrement sa tête contre celle du djinn et agite son museau quand il lui embrasse la truffe.
- Tu arrives à être sexy, même en loup ! Incroyable !

Son rire est un son très agréable et il regarde cette hilarité explosée avec honnêteté sur le visage de son compagnon avec avidité.
Il le trouve si beau quand il rit…
Habile, Keelan use de sa force massive pour reverser Nathan sur le dos et se dresse au-dessus de lui à quatre pattes. S’il fait mine de bouger, Keelan grognera légèrement pour lui indiquer de rester immobile. Il lutte pour ne pas poursuivre son envie précédente de mordre et balade plutôt sa truffe sur son corps pour se gorger de son parfum de pluie et de ressac qui cache une odeur plus mâle et plus humaine.

Obsédante.

L’humain et le loup n’oublieront jamais cette odeur que le canidé goûte à nouveau dans son cou, se laissant aller à frotter ses crocs contre son derme avant de hocher la tête pour s’auto-discipliner. Keelan sait bien que le mordre ne rimerait à rien, quand bien même Nathan serait consentant. Sa marque partirait aussitôt pratiquée. Et du tréfond de sa cervelle maintenant animale, il se souvient de l’existence de cet autre.
L’officiel.

Il n’est pas à lui.
Pas encore, susurre le loup dont l’envie de possession redouble.

Mais Keelan le met au pas, il préfère poursuivre sa vertigineuse exploration de sens sur l’objet de tous ses désirs.
Nathan pourrait avoir l’impression d’être l’objet d’un rituel étrange et en quelque sorte, il l’est.
Si l’humain le connait par cœur, il a envie de se l’approprier aussi sous sa forme animale, de découvrir toutes les subtilités qu’il captera avec ses sens accrus. Et il ne s’en prive pas.
Finalement le loup colle sa tête contre celle de Nathan, comme s’ils étaient front à front et lentement il inverse la transformation, redevenant humain petit à petit.
- Pas déçu ? souffle-t-il.  

- Ton poil est aussi duveteux que celui d'une peluche ! C'est fou !

Keelan-loup gronde sa désapprobation et je le trouve plus adorable encore.

- Quoi ?! Tu n'aime pas que je te compare à une peluche ? Il joue à me mordre gentiment et je fais mine de lui croquer le museau moi aussi. C'est beaucoup trop charmant. Tu arrives à être sexy, même en loup ! Incroyable !

Je me fais laper le visage et l'hilarité par sa langue râpeuse.

- Qu'est-ce que tu fais?! Tu as décidé de faire ma toilette ?

Il me renverse littéralement au sol et je suis submergé de léchouilles voraces. Je gigote et glousse tout en même temps :

- Arrête ! Tu me chatouilles !!!

Rien ne semble pouvoir l'arrêter pourtant et mon corps réagit d'instinct. Les zones sensibles de mon anatomie dardent et s'érigent. Mes glapissements guillerets se métamorphosent en gémissements plaintifs, trahissant une excitation perverse (Depuis quand je suis zoophile, enfin ?!).

- A... Arrête.... Aaaah!

Je m'accroche au poil de Keelan en y plongeant mes doigts. Le plaisir de fourrager d'ordinaire dans sa chevelure est ici décuplé. Je suis à la merci du loup avec l'envie chevillée au ventre d'être dévoré. Je me sens aussi fragile et sensible qu'un agnelet venant de naitre. Mon sacrifice est consenti et heureux.
Mon délicieux supplice prend fin quand le front de la bête vient frotter le mien. J'assiste à la mue du lycanthrope vers le Keelan que je connais.

- Pas déçu ?

Je lui décoche un baiser fiévreux parfaitement éloquent tout en enroulant mes jambes autour de ses hanches.

- J'ai l'air... ?

- Arrête ! Tu me chatouilles !!!

A vrai dire il s’en fiche un peu. D’habitude ses proies sont bien moins vocales et actives mais aussi bien moins délectables. Mais petit à petit, il voit Nathan changer d’attitude, se faire moins virulent dans ses tentatives de le repousser. Il l’observe avec une acuité redoublée, les pupilles fixées sur son visage qui se chiffonnent d’autre chose que de l’hilarité.

- A... Arrête.... Aaaah !

Ses gémissements sonnent le glas de la raison du loup.
Il sent son désir. Il le voit.
Pour lui.

Il ne se pose pas la question de la décence de la chose. Le désir est quelque chose de naturel et sous la peau de l’homme et du loup, c’est le même cœur qui palpite pour Nathan, la même âme qu’ils abritent et qui s’épanouit constamment chaque jour passer au côté du djinn.
Il gronde de satisfaction en sentant ses doigts fourrager ses poils épais et Keelan amorce la métamorphose inverse avant de perdre toute capacité de réflexion.  
Dans ce sens la transformation est moins douloureuse et plus rapide. Essoufflé par l’effort de retenu et par la souffrance, il a encore les yeux brillants, le corps aussi tendu de désir que Nathan.

- Pas déçu ?

Le baiser le rend plus dingue encore et il enroule ses bras autour de Nathan

- J'ai l'air... ?
- Non. Il lui mord cette fois le cou sans réfléchir, presse son bassin contre le sien, le cerveau embrumé par un désir franc et sans limite. J’ai envie que tu sois à moi, Nath’, rien qu’à moi.

Il le soulève pour les réinstaller sur le matelas et lui fait l’amour malgré leur état de fatigue. Baignant encore dans son animalité, Keelan se montre plus passionné, possessif et bestial que jamais. Il s’en excusera certainement par la suite mais pour la première fois, il laisse s’exprimer librement ses envies. Repus l’un de l’autre, ils finissent par s’allonger face à face. Keelan s’endort paisiblement en contemplant le visage de celui que le loup a choisi pour compagnon jusqu’à sa mort.