- Bye Ygerne !
- Aurevoir les garçons, à bientôt !

La discrète institutrice a su se faire oublier des jumeaux mais n'a pourtant rien manqué de leurs échanges. Elle ne manquera pas d'en discuter avec qui de droit.

Sur le chemin, Silviu se déverrouille lentement mais courageusement, et cela paie. Pour la première fois depuis leur brutale séparation, le prêtre a la sensation de retrouver un frère et de partager un terrain de compréhension mutuelle. Son rythme cardiaque s'accélère et une vague de soulagement et de félicité inonde son être.

- Je sais…que je suis moins patient et réfléchi que toi, plus emporté aussi mais je veux vraiment faire des efforts pour… pour que tu puisses les retrouver tranquillement ses marques. Et pour être un meilleur frère pour toi que je l’ai été. Ca m’empêchera pas d’échouer… sans doute pas mal de fois même. Mais tu veux bien me promettre de ne pas nous abandonner trop vite ?

Silviu lui sourit avec chaleur et sans forcer.

- Seulement si tu me promets de faire de même quand je me crispe et que je m'enlise comme un imbécile dans l'agressivité passive. Cela pourra encore m'arriver, malheureusement... C'est un mauvais reflexe qui s'est incrusté. Soyons patients l'un envers l'autre et attentifs, autant que faire se peut.
- Ca me ferait trop mal...de te perdre.

Son cadet de quelques secondes lui presse l'épaule.

- Moi aussi, frate. Moi aussi. Il n'imagine sans doute pas à quel point. Thalie m'a dit quelque chose de très juste : "Tant que vous continuerez à faire un pas l’un vers l’autre, vous finirez par vous accordez." Alors, voilà... Même si nos pas sont petits, tâchons d'avancer l'un vers l'autre quand même, d'accord ?

Cette conversation, diamétralement inverse de la précédente, éclaire singulièrement Silviu de l'intérieur. Qu'il est sain et bon de se sentir compris !

- Mais tu veux bien me promettre de ne pas nous abandonner trop vite ?

Silviu me sourit alors et j’en reste tout ému. C’est que c’est, un beau sourire, honnête, un vrai qui monte jusque ses yeux et ça me réchauffe de l’intérieur aussi bien que le sang que je me force à ingurgiter.

- Seulement si tu me promets de faire de même quand je me crispe et que je m'enlise comme un imbécile dans l'agressivité passive.
- Ahhh c’est comme ça que ça s’appelle quand tu fais ton ronchon…
- Cela pourra encore m'arriver, malheureusement...
- On est loin d’être parfait toi et moi. Mais c’est pas grave. Je vais échouer, toi aussi, on le sait tous les deux.
- C'est un mauvais reflexe qui s'est incrusté. Soyons patients l'un envers l'autre et attentifs, autant que faire se peut.
Je hoche la tête solennellement.
- Pormisiune. Ca me ferait trop mal...de te perdre.

La chaleur de sa paume sur mon épaule me fait un bien fou. Le contact avec Silviu c’est la première chose que mon cerveau à enregistrer avant même de naître et je me rends compte que j’en ai toujours besoin, plus de soixante-dix ans plus tard. Je me permets de poser ma paume contre la sienne et de la serrer brièvement.

- Moi aussi, frate. Moi aussi.
- Vrai ? que je balance avec un petit coup d’épaule contre le sien, le sourire banane aux lèvres et le cœur éclairé d’un espoir nouveau pour nous deux. Je ne sais pas tellement ce qui a changé depuis notre dernière conversation, peut-être simplement que l’acidité des mots échangés ce jour-là a fait son chemin et nous a permis d’assainir nos plaies.
- Thalie m'a dit quelque chose de très juste : "Tant que vous continuerez à faire un pas l’un vers l’autre, vous finirez par vous accordez."
- Une femme pleine de bon sens que tu t’es dégoté ! La laisse pas partir celle-ci… conseil d’ami.
- Alors, voilà... Même si nos pas sont petits, tâchons d'avancer l'un vers l'autre quand même, d'accord ?
- C’est le plan. Ça a toujours été le plan, je déclare avec gravité.

Je me sens tellement léger que je décoche des sourires à tout va et salue volontiers ceux qui le font, cheminant fièrement aux côtés de mon jumeau. Enfin on arrive devant la porte que je désigne du menton.
- Home sweet home ! Dis moi si ça te convient.

Je le laisse utiliser sa clé et reste sur le seuil, appuyé contre le chambranle de la porte, les mains dans les poches. Je le laisse s’approprier son espace. La chambre n’est pas très grande mais reste au-dessus de la moyenne de ce qui se fait dans les bunkers. Elle est déjà équipée d’un lit double aux draps propre, une armoire, un petit bureau et le clou du spectacle un petit évier. J’ai le plaisir de constater qu’elle sent encore bon le savon et fait presque accueillante. La seule déco, c’est un petit bouquet de pivoine sauvage qui ne pousse que chez nous sur une étagère pour l’instant vide. J’ai largement fait chier Dysderie pour les obtenir. On en faisait des bouquets à maman quand on se baladait. Le reste, je leur laisse le soin de décorer à leur façon.

- C’est pour ça que je voulais cette chambre en particulier… pour ta maritin, je fais en montrant l’évier. J’ai le droit de dire ta maintenant on est d’accord ? C’est pas une douche mais c’est mieux que rien. Ça vous ira ? Si vous avez besoin de meuble ou autre, dites-moi. L’alpha des Abyssaux est un artiste du bois dans son genre et un pote accessoirement.

- Une femme pleine de bon sens que tu t’es dégoté !
- C'est ... Ce n'est pas vraiment....
- La laisse pas partir celle-ci… conseil d’ami.
- Je n'ai pas laissé partir Paula, tu sais, j'ai juste... accepté ses conditions. Et ce sans penser au mal que cela lui ferait. Paula s'est gardé l'autre jumeau sous le coude toute sa vie durant. Mais peu importe, elle appartient au passé désormais.

La chappe de plomb qui pesait sur les épaules des deux frères se délite et une atmosphère plus légère et respirable les entoure. Silviu remarque que son frère est toujours aussi populaire, néanmoins, il note que certains sourires s'adresse directement à lui et cela le laisse tout étonné.
Il arrive finalement à la porte figurant le numéro du porte-clé.

- Home sweet home !

Silviu vient glisser l'une des cartes magnétiques dans la fente et la porte s'ouvre sur une chambrette à taille humaine, avec un lavabo.

- Dis moi si ça te convient.
- Ca m'a l'air parfait... Fait Silviu en pénétrant dans la pièce pour mieux s'en imprégner. Il y a même un point d'eau personnel !
- C’est pour ça que je voulais cette chambre en particulier… pour ta maritin... Le prêtre pique un fard comme à chaque fois que le sujet dérape vers l'intime. J’ai le droit de dire ta maintenant on est d’accord ?
- Thalie n'appartient à personne... c'est une fière pirate. Long silence. Mais je suppose que , oui, on peut dire ça comme ça.
- C’est pas une douche mais c’est mieux que rien. Ça vous ira ?
- Je pense oui.
- Si vous avez besoin de meuble ou autre, dites-moi. L’alpha des Abyssaux est un artiste du bois dans son genre et un pote accessoirement.

Le vieil homme fait halte devant le bouquet de pivoines.

- Des fleurs, ici... ? C'était les préférées de mama...

Une sorte de mélancolie s'empare de Silviu et il s'assoie sur le lit propret qui hume bon la lessive fraiche.

- Est-ce que j'ai l'air ridicule ? ... A soudain me mettre en ménage à mon âge ? J'ai attendu Paula toute ma vie. J'ai même accepté de devenir un temps son amant, après son mariage. Je pensais être condamné à aimer cette femme sans jamais avoir sa considération. Je m'étais fait à l'idée que je ne connaitrais plus ce genre de sentiments... Et voilà que je ramasse une femme sur la plage, et qu'en deux semaines elle me retourne le cœur plus surement que Paula en quarante ans. Je ne serais qu'une poignées d'instant dans son éternité... et pourtant j'ai choisi de m'accrocher à ces instants.... Est-ce que je suis ridicule ?

Il semble aussi désemparé que le jeune homme qu'il était, intense et secret, maladroitement passionné et forcément inquiet.

- Des fleurs, ici... ?
Je souris parce que je sais qu’il éprouve sans doute la même bouffée de nostalgie que moi à chaque fois que je pose les yeux sur les pétales rouge.
- Oui. Petit cadeau de roumain à roumain.
- C'était les préférées de mama...
- Je sais… Elle était toujours heureuse qu’on lui en ramène.

Le visage de mon jumeau s’affaisse un peu. Je me demande soudain si j’ai fait une connerie quelque part.

- Est-ce que j'ai l'air ridicule ?
- Ridicule ? je répète sans comprendre en m’approchant pour m’assoir à côté de lui après avoir refermé la porte. Le matelas proteste, manifestement pas conçu pour accueillir le poids de deux Taur.

Il se livre ensuite à quelques confessions et je l’écoute sans l’interrompre, savourant simplement ses pensées comme des marques de confiance retrouvée.
Cela dit, je réfléchis sérieusement à ses atermoiements que je peux comprendre sans vraiment les partager. Moi il me reste tout le temps du monde – donc peut-être plus grand-chose s’il décide de nous radier tous de la surface.

- On n’était vraiment pas doué pour choisir les élus de nos cœurs hein…je commence en soupirant. Paula a toujours été une sale égoïste. J’aurais sans doute attendu Lavinia toute ma vie aussi si elle m’avait pas tué. Et puis j’ai rencontré Simone… et j’ai fait des conneries monumentales pour essayer de saborder notre relation juste parce que j’avais la trouille. Alors… je comprends et je te trouve pas ridicule du tout. Ni même le fait que tu te poses la question. Ce que tu vis en ce moment, tu le mérites Silviu, de trouver quelqu’un qui te respecte et de considère comme l’homme de bien que tu es. Qui t’aime peut-être ? Je sais pas bien où vous en êtes, mais ce qui est certain c’est qu’elle tient à toi. T’aurais vu son état quand t’étais entre la vie et la mort… Je pose une main sur son épaule et la serre doucement. Et puis tu sais quoi ? Même si c’était ridicule et crétin, qu’est-ce qu’on en a à foutre de l’opinion des autres à nos âges ? La vraie question c’est : est-ce que ça te rend heureux ? Est-ce que ça la rend heureuse ? Si c’est le cas, te pose même pas de question, fonce. Le bonheur est assez dur à trouver sans qu’on le repousse quand il pointe le bout de son nez. Alors profite… Je le contemple avec une infinie tendresse… vis et sois heureux frate. C’est tout ce que je te souhaite.

- On n’était vraiment pas doué pour choisir les élus de nos cœurs hein…
- Il faut croire...
- Paula a toujours été une sale égoïste. J’aurais sans doute attendu Lavinia toute ma vie aussi si elle m’avait pas tué. Et puis j’ai rencontré Simone… et j’ai fait des conneries monumentales pour essayer de saborder notre relation juste parce que j’avais la trouille. Alors… je comprends et je te trouve pas ridicule du tout. Ni même le fait que tu te poses la question.
- C'est rassurant, d'une certaine manière... pas pour l'auto-sabordage, néanmoins. Simone a décidemment une patience de sainte.
- Ce que tu vis en ce moment, tu le mérites Silviu, de trouver quelqu’un qui te respecte et de considère comme l’homme de bien que tu es. Qui t’aime peut-être ?

Silviu rosit, prend une expression franchement embarrassée et secoue sa main devant lui.

- Euh.. je... s'embourbe-t-il face à d'aussi "gros" mots.
- Je sais pas bien où vous en êtes, mais ce qui est certain c’est qu’elle tient à toi. T’aurais vu son état quand t’étais entre la vie et la mort…
- Je ne voulais pas lui causer de soucis. J'étais...résolu à partir.
- Et puis tu sais quoi ? Même si c’était ridicule et crétin, qu’est-ce qu’on en a à foutre de l’opinion des autres à nos âges ? La vraie question c’est : est-ce que ça te rend heureux ?
- Oui... répond-il avec pudeur. Beaucoup.
- Est-ce que ça la rend heureuse ?
- Je ne peux pas m'avancer pour elle, mais.... Il se souvient de sa réaction spontanément joyeuse. Je crois que oui.
- Si c’est le cas, te pose même pas de question, fonce. Le bonheur est assez dur à trouver sans qu’on le repousse quand il pointe le bout de son nez. Alors profite… vis et sois heureux frate. C’est tout ce que je te souhaite.

Silviu a un petit rire.

- La notion de bonheur me semble si étrangère que j'ai besoin d'éclaircissements de la part de mon frère pour vérifier que c'en est... Soixante-douze-ans et toujours aussi peu dégourdi avec les femmes comme tu peux le constater. Un silence. Est-ce que tu as des nouvelles de Paula ? Il est certain qu'elle n'est pas à l'extérieur, mais, comme tu ne m'en as rien dit, je suppose qu'elle n'est pas non plus à l'abri ici ?

- La notion de bonheur me semble si étrangère que j'ai besoin d'éclaircissements de la part de mon frère pour vérifier que c'en est...
Je ne peux pas m’empêcher d’éclater de rire.
- Parce que tu crois que j’suis un spécialiste de la question ? J’t’ai dit… c’est Kaelig qui a dû me sortir de mon bourbier intérieur parce que je pataugeais sévère à l’idée même d’être…attends, c’est quoi le mot déjà ? Ah oui… heureux.
- Soixante-douze-ans et toujours aussi peu dégourdi avec les femmes comme tu peux le constater.
- Ca mon p’tit Silv, je suis pas certain que ça changera un jour. J’imagine que ça fait partie de ton charme ! Thalie doit avoir pas mal de patience en réserve aussi… je crois bien que c’est un trait essentiel pour supporter notre charmante petite famille disfonctionnelle non ?

Un silence complice – oui j’insiste sur ce mot – s’installe entre nous. C’est le genre de silence qui se savoure même. Mais finalement, il amène un autre sujet qui doit lui tenir à cœur.

-- Est-ce que tu as des nouvelles de Paula ? Il est certain qu'elle n'est pas à l'extérieur, mais, comme tu ne m'en as rien dit, je suppose qu'elle n'est pas non plus à l'abri ici ?
Long soupir.
- Si, elle est là. Je ne t’ai rien dit parce qu’il est quasiment impossible de l’approcher et que j’avoue oublier son existence tellement elle est en marge. Ses hommes la couvent et je trouve ça assez louche. Mais bon, comme elle se contente sans doute de marmonner des saloperies dans son coin et qu’elle nous fout une paix royale, on va pas vraiment la voir non plus. On a autre chose à faire que d’écouter le venin et le sel d’une vieille femme qui est en train de tourner dingue. Enfin tu dois savoir ça mieux que moi puisque ça ne date pas d’hier. Les Vulpe occupent un dortoir à eux seuls. Je ne sais pas si tu as dans l’intention d’aller la voir mais… fais gaffe. Elle a la rage.
Je tapote gentiment sa cuisse…
- Bon…et lui décoche un large sourire, sans aucune arrière-pensée si ce n’est d’exprimer ma certitude qu’on est sur le bon chemin tous les deux et que ça me fait un bien fou. J’aimerais beaucoup rester papoter avec toi mais j’ai du taff… il parait. Je te laisse prendre possession de vos nouveaux quartiers et de faire faire le tour du propriétaire à ta djinn. Ca risque de vous prendre des plombes… je sais.

Je suis beaucoup trop de bonne humeur, je vais être insupportable – désolé pas désolé ‘Stache et Hyppo –. Je me penche pour le serrer quelques secondes dans mes bras, recule vite fait avec une grimace.

- Désolé… c’est parti tout seul. Soyez sage, je veux pas de plainte pour "tapage nocturne" ! A plus frate.
Et c’est un sifflotant que je me rends jusqu’au QG de Malsheem.  

Bertus le met au parfum concernant Paula. Les nouvelles sont aussi inquiétantes que tristes. La Matriarche des Vulpe a clairement perdu la raison.

- Je ne sais pas si tu as dans l’intention d’aller la voir mais… fais gaffe. Elle a la rage.
- Non, j'ai fait mon maximum en tant qu'ami et confesseur pour elle. A partir du moment où elle a voulu tuer son petit fils et forcer sa petite-fille à récupérer la mémoire par la force, occasionnant de sérieux dégâts parmi les enfants sous la garde de celle-ci, j'ai perdu foi en ma capacité à la ramener à la raison. Je crois que personne ne le pourra. Cela me peine, sincèrement, mais je pense avoir assez donné de mon temps et de ma personne pour elle.
- Bon… J’aimerais beaucoup rester papoter avec toi mais j’ai du taff… il parait.
- Le rôle de Héros implique de grandes responsabilités... et un chapeau de cowboy semble-t-il. Silviu se fend d'un sourire en coin.
- Je te laisse prendre possession de vos nouveaux quartiers et de faire faire le tour du propriétaire à ta djinn. Ca risque de vous prendre des plombes… je sais.
- Une éternité, au bas mot.

Silviu se lève pour accompagner Bertus vers la porte, mais celui-ci le cueille pour une étreinte à l'emporte-pièce. Sa victime finit par lui tapoter gauchement le dos, le cœur tambourinant.

- Désolé… c’est parti tout seul.
- Ne.. Ne t'en fait pas, bredouille-t-il tout emberlificoté dans ses émotions.
- Soyez sage, je veux pas de plainte pour "tapage nocturne" !
- Prost ! gourmande son jumeau.
- A plus frate.
- Oui, à très vite...

Une fois seul il regarde autour de lui et son sourire fleurit comme celui d'un enfant en tombant sur les pivoines. Petit à petit, les liens détricotés se renouent...

***

- Non, ne triche pas ! Garde les yeux fermés ! sermonne Silviu en bouchant la vue de Thalie avec ses paumes. Fais-moi juste confiance...lui souffle-t-il à l'oreille.

Il la guide avec douceur dans les couloirs, sous les regards curieux ou attendris de quelques passants. Le vieil homme a le sourire aux lèvres, ragaillardi par sa conversation avec son frère et fortement amusé par la rétivité de sa compagne aux surprises.

-On arrive bientôt.. Et ne triche pas pendant que je retire mes mains, petite pirate ! Tu dois garder les yeux fermés. Promets-le...

Il ouvre la porte de leur nouvelle chambre tout en lui tenant la main de l'autre.

- Voilà... Tu peux les ouvrir...

La chambre s'offre à ses yeux : l'armoire, le bureau, la vasque avec son robinet, le bouquet de pivoines et le le lit pour deux où trône son paquetage.

- J'ai pris la liberté de rapatrier tes affaires, fait le prêtre sur un ton d'excuse. Tu ne m'en veux pas ? ... Ceci est notre nouveau chez nous.

De cette manière, il espère un peu égayer son humeur morose et la faire sourire. Il aime son sourire de sirène.

- Non, ne triche pas !
Thalie s’agrippe à cette main qui lui obstrue la vue à moitié amusée et un chouillat inquiète de ce que Silviu a derrière la tête.
- Mais où tu m’emmène à la fin ? Tu sais que je ne suis pas très fan des surprises.
- Garde les yeux fermés !
- C'est ce que je fais ! proteste-t-elle alors qu'elle essayait effectivement de tricher. Je vais finir par tom… le reste finit dans un petit cri puis un gloussement. Thalie manque de tomber et ne doit son salut qu’au bras de Silviu qui la ceinture gentiment. Regarde un peu ce que tu me fais faire !

- Fais-moi juste confiance...
Sentir son souffle contre son oreille la fait agréablement frissonner et elle décide de se laisser guider sans trop de réticence. A peine grogne-t-elle un peu pour le jeu. Elle perçoit la bonne humeur dans sa voix, quelque chose de subtilement changé et voudrait voir s’il sourit.

- On arrive bientôt…
- Parfait, j’en ai assez de jouer les taupes.
- Et ne triche pas pendant que je retire mes mains, petite pirate ! Tu dois garder les yeux fermés. Promets-le...
Long soupire presque théâtral avant de tracer une croix sur son cœur.
- Croix de bois, croix de fer, si je mens je vais en enfer. Si j’étais en train de tricher tu verrais que je suis en train de lever les yeux au ciel. Elle pivote la tête et se hisser jusqu’à pouvoir déposer un baiser sur la joue barbue de Silviu au radar. Tu as l’air particulièrement guilleret aujourd’hui. On peut savoir ce qui en est la cause ?

Elle le sent s’éloigner un peu et entend une porte s’ouvrir. Il lui prend ensuite la main et elle fait encore quelques pas avant de s’arrêter.

- Voilà... Tu peux les ouvrir...

La djinn s’exécute, fronce d’abord les sourcils et fait lentement un tour sur elle-même avant de comprendre.
Ses yeux s’attardent sur certains détails, mais le plus important reste son paquetage sur un grand lit double. Elle s’approche de ses affaires comme pour être certaine qu’il s’agit bien de cela, attrape la fleur pour la humer avant de pivoter vers le prêtre.
- Silviu, souffle-t-elle, émue et la voix enraillée.
- J'ai pris la liberté de rapatrier tes affaires. Tu ne m'en veux pas ?
Elle secoue la tête de droite à gauche.

- Ceci est notre nouveau chez nous.

Envolée cette nouvelle journée de rien, sans visite de son fils.
Envolée sa morosité et cette vague sensation de ne pas être à sa place.
Les yeux brillants, un large sourire trouve son chemin sur ses lèvres alors qu’un petit rire s’égrène dans la pièce.

- Chez nous ? répète-t-elle avant de presque se jeter à son cou et de ses serrer contre lui, le coeur gonflé de quelque chose qui se rapproche presque du bonheur.
Elle finit par reculer pour l’embrasser longuement.
- Merci. C’est une très belle surprise. Je l’adore !
Thalie s’écarte alors que ses yeux font à nouveau le tour de la pièce.
- C’est presque un palace !... J’ai envie de repeindre les murs ! s’exclame-t-elle avec un nouveau petit rire. Mais comment c’est possible ? Je croyais qu’il allait falloir nous armer de patience pour obtenir une chambre pour deux !

- Chez nous ?
- Chez nous, appuie-t-il avant d'accueillir son étreinte joyeuse.

Lui aussi, affiche un sourire rayonnant. Il y a un moment qu'il ne s'est plus senti aussi galvanisé par quoi que ce soit. C'est futile, ce nouveau toit, sans doute, eut égard de tout ce qu'il se passe autour d'eux, mais c'est une futilité qu'il partage avec Thalie et cela fait toute la différence. Ils échangent un tendre baiser, alors que la porte est toujours ouverte et qu'ils sont toujours plus ou moins sur son seuil.

- Merci. C’est une très belle surprise. Je l’adore !
- Tant mieux.
- C’est presque un palace !
- Comparé aux dortoir, je veux bien te croire. Nous avons enfin une enclave de tranquillité rien que pour nous. Et tu vas enfin pouvoir te reposer.
-.... J’ai envie de repeindre les murs !

Silviu éclate de rire, se délectant de son excitation et de son adorable minois plissé de joie. Le bonheur lui sied merveilleusement bien.

- J'imagine qu'en tirant les bonnes ficelles, on doit pouvoir se dégotter de la peinture quelque part.
- Mais comment c’est possible ? Je croyais qu’il allait falloir nous armer de patience pour obtenir une chambre pour deux !
- Disons que Bertus s'est efforcé d'accélérer le processus. Je ne l'en remercierais jamais assez... Viens par là ! fait-il soudain en l'attirant vers l'extérieur. Il nous faut faire les choses comme il se doit... déclare-t-il d'un ton mystérieux.

Il l'attrape soudain et la soulève de terre comme on porte une princesse que l'on vient de sauver. Ils passent la porte tels de jeunes mariés et Silviu la repose à terre, tout sourire.  Il ferme la porte d'une main sans la quitter des yeux. Ses prunelles la dévorent avec intensité.

- Et voilà... Petit rire idiot. Pardon ! Je n'aurais sans doute jamais d'autres occasions et je voulais faire cette expérience au moins une fois dans ma vie.

Il se sent stupide et content de lui à la fois, un drôle de mélange qui lui confère un charme radieux.

- C’est presque un palace !
- Comparé aux dortoirs, je veux bien te croire. Nous avons enfin une enclave de tranquillité rien que pour nous. Et tu vas enfin pouvoir te reposer.
- Avec toi, grâce à toi... fait-elle, les yeux toujours aussi pétillants.
La simple perspective de pouvoir être seul à seul et de dormir entre ses bras la transporte d’une joie simple mais authentique...
- J’ai envie de repeindre les murs ! lâche-t-elle.

Elle voit un ciel étoilé au plafond et quelques créatures marines sur les murs. Elle est récompensée par le rire de moins en moins rare de Silviu et qui fait fondre son cœur. Elle se rend compte à quel point elle aime ce son et n’arriverait plus à s’en passer.

- J'imagine qu'en tirant les bonnes ficelles, on doit pouvoir se dégotter de la peinture quelque part.
- J’espère bien ! Tu as des relations après tout non ? Mais comment c’est possible ? Je croyais qu’il allait falloir nous armer de patience pour obtenir une chambre pour deux !
- Disons que Bertus s'est efforcé d'accélérer le processus. Je ne l'en remercierais jamais assez...
Thalie affiche un petit air entendu et un sourire plus mystérieux.
- Ahhh c’est donc ça ! Je vais devoir me fendre de quelques remerciements moi aussi.
- Viens par là !
- Quoi ? J’ai à peine emménagé que tu me jettes déjà dehors !

Elle glousse tout en l’observant alors qu’il la tire hors de la chambre. Elle n’arrive plus à détacher son regard de son air réjoui qui lui confère un charme et une séduction qui le fait rayonner et lui donne envie de l’embrasser encore et encore, de le rendre aussi heureux constamment.

- Il nous faut faire les choses comme il se doit...
- Mais de quoi tu parles ?

En guise de réponse, il la soulève dans ses bras et lui fait passer le seuil de leur chambre avant de la reposer au sol. La signification du geste qu’il vient de faire ne lui échappe pas et les joues chauffées soudain, elle plante son regard dans le sien, le visage bien plus sérieux. Silviu l’observe avec la même intensité et elle en oublie de respirer pendant quelques secondes. Personne ne l’avait jamais regardé de cette façon.

- Et voilà...
Il rit à nouveau. Il est merveilleusement beau.
- Pardon ! Je n'aurais sans doute jamais d'autres occasions et je voulais faire cette expérience au moins une fois dans ma vie.

Thalie prend son visage toujours aussi réjoui entre ses paumes et son pouce caresse ce doux sourire. Les joues de la djinn arborent toujours ce rouge, signe de son émotion.

- Pourquoi pas ? Et dans ce cas, allons jusqu’au bout des choses. Elle se hisse jusqu’à sa bouche pour l’embrasser. Oui Silviu Taur, je veux passer le temps qu’il nous reste à vivre à tes côtés. Chez nous, souffle-t-elle contre ses lèvres.

Il n’y a pas eu de demande, de publication de bans, pas de prêtre, d’église, de jolie robe mais elle en fait néanmoins le sermon solennel. Et elle l’embrasser à nouveau pour le sceller avec tous ce qu’elle éprouve pour lui mais n’ose pas encore formuler à voix haute.
Front à front, elle soupire de contentement.

- Tu n’as pas idée à quel point tu me rends heureuse…merci...d'être là, d'être venu avec moi...Elle redresse brusquement la tête, comme si elle venait de se souvenir de quelque chose. Tu as revu ton frère alors ! Je devine que les choses se sont mieux déroulées…

Thalie a rosi délicatement -sans doute bien moins que lui- et le contemple avec une émotion vive.

- Pourquoi pas ? Et dans ce cas, allons jusqu’au bout des choses. Un chaste baiser en ponctuation. Oui Silviu Taur, je veux passer le temps qu’il nous reste à vivre à tes côtés. Chez nous...

Le vieux cœur craquelé de Silviu bat plus fort et plus vite. A l'abri des regards indiscret, il peu pleinement dévoiler ses facettes intimes. Il lui décoche un baiser enflammé, d'une passion toute "Taurienne". Sa fratrie obéit à la même règle : en amour, ils sont intense, fidèle et constant, à s'en oublier eux-même parfois.

- Tu n’as pas idée à quel point tu me rends heureuse…
- Sans doute pas, mais cela satisfait mon égoïste désir de te voir sourire. Ton bonheur me comble, déclare-t-il avec une sincérité drue et dépourvue d'emphase. Il ne remplacera jamais le fils qu'elle attend désespérément, mais il espère malgré tout lui inspirer de la gaité.
- Merci...d'être là, d'être venu avec moi...
- Non.. C'est moi qui te remercie... lui chuchote-t-il avec un réel émoi.

Avant la venue de Thalie, ile se sentait plus mort que vivant.
Les deux amants tout neufs se picorent voluptueusement en sillonnant jusqu'au lit, quand soudain la djinn interrompt leur progression.

- Tu as revu ton frère alors !
- Oui...
- Je devine que les choses se sont mieux déroulées…
- Il  est venu à moi et je lui en suis gré. Je ne sais pas quand j'aurais osé faire moi même le premier pas. Pour la première fois depuis des lustres, j'ai eu l'impression qu'on se comprenait. Je t'avoue que cela m'a procuré un immense soulagement... J'ai suivi tes sages paroles, frumoasa pirat.

Il dépose un bisou barbu sur son front alors que ses prunelles expriment en vouloir bien davantage. Cependant, il s'astreint à poursuivre la conversation.

- Qu'as-tu fait, pendant que je donnais cours aux enfants ?

- Non... C'est moi qui te remercie...
Elle lui sourit tendrement.
- Pour avoir chambouler ta vie ? L’avoir mise en danger ? La remplir de mes drames familiaux ?

Il la fait taire avec un autre baiser propre à lui faire oublier son propre prénom et elle soupire lascivement en se faisait repousser vers le leur lit. Il semblerait que son cher et merveilleux colocataire est une idée très précise de ce qu’il souhaite faire pour leur première soirée dans leur chambre. Elle ne semble pas en désaccord avec cette envie puisque ses doigts s’affairent déjà à déboutonner la chemise de Silviu. Mais Thalie est soudain traversée par un flash assez important pour qu’elle s’interrompt.

- Tu as revu ton frère alors !
- Oui...
Amusée par sa réponse plus que cryptique, elle hausse un sourcil interrogateur.
- Je devine que les choses se sont mieux déroulées… commence-t-elle dans l’espoir d’avoir un peu plus de détails.
- Il est venu à moi et je lui en suis gré. Je ne sais pas quand j'aurais osé faire moi-même le premier pas.
- L’impatience de ton frère a donc parfois du bon. Surtout si c’est pour nous offrir cette pièce.
- Pour la première fois depuis des lustres, j'ai eu l'impression qu'on se comprenait. Je t'avoue que cela m'a procuré un immense soulagement...
Elle lui caresse délicatement la joue.
- C’est donc ça. Tu as l’air … libéré d’un poids. Te voir sourire de cette façon est une vision très agréable. Ca te rend tout à fait irrésistible.  
- J'ai suivi tes sages paroles, frumoasa pirat.
Elle rit en comprenant presque le petit surnom dont il vient de l’affubler.
- Tu fais bien de profiter de ma grande sagesse centenaire. Je suis très heureuse que les choses s’arrangent entre vous. Même si j’étais certaine que cela arriverait tôt ou tard…

Le baiser très, très, très chaste sur son front lui fait plisser le nez et elle lève les yeux alors que ses doigts reprennent leur travail.

- Qu'as-tu fait, pendant que je donnais cours aux enfants ?
Elle émet un long soupire. Attendre. En vérité, elle ne fait que cela.
- J’ai essayé de me montrer une maritin efficace et utile à l’infirmerie, mais il semblerait que je ne sois ni l’un ni l’autre… Elle fait glisser la chemise de Silviu sur ses larges épaules, qu’elle picore paresseusement, puis le long de ses bras. Alors je suis allée voir si je pouvais participer aux expéditions extérieures. Je pense que j’y serais bien plus utile…et ça m’occupera bien plus efficacement l’esprit. Du moins je l’espère… J’attends l’aval de Malsheem. Je ne suis pas certaine que Poirot et les autres me fassent suffisamment confiance. Elle remonte ses baisers légers sur son cou et sa mâchoire tandis que ses doigts courent distraitement sur son torse. Et ta leçon alors ? Les enfants se sont montrés réceptifs ?

Un sourire un brin malicieux sur les lèvres, elle effectue un pas en arrière, ôte son gilet et le fait négligemment tomber au sol, bientôt suivi par son débardeur.  

- Pour avoir chambouler ta vie ? L’avoir mise en danger ? La remplir de mes drames familiaux ?
- Pour me rappeler ce que cela fait d'être vivant...

Là, présentement, il a l'impérieux désir de l'allonger sur ce lit et de l'entendre rire, gémir et jouir. Pas forcément dans cet ordre. Cependant, Thalie semble insister pour faire la conversation, alors, galant-homme qu'il est, il la lui fait.
Cela n'empêche pas les doigts vagabonds de la djinn d'insidieusement déboutonner sa chemise.

- Qu'as-tu fait, pendant que je donnais cours aux enfants ?
- J’ai essayé de me montrer une maritin efficace et utile à l’infirmerie, mais il semblerait que je ne sois ni l’un ni l’autre…
- Je vois.

En vérité, Silviu ne voit rien du tout, accaparé par la sensation délicieuse de se faire effeuiller langoureusement par deux mains pâles et curieuses et de se faire explorer par des lèvres si douces.

- Alors je suis allée voir si je pouvais participer aux expéditions extérieures. Je pense que j’y serais bien plus utile…
- Ton maniement de l'eau est plus ... offensif, clairement.

Il caresse sa joue du bout des doigts alors qu'elle me mitraille de démonstrations de sensualité. Il en a le souffle plus court et haché.

- ....et ça m’occupera bien plus efficacement l’esprit. Du moins je l’espère… J’attends l’aval de Malsheem. Je ne suis pas certaine que Poirot et les autres me fassent suffisamment confiance.
- L'important est de convaincre Simone. Si Madame est d'accord, il le seront tous... soupire-t-il alangui par cette pluie de baisers équivoques sur sa peau abimée. Il se penche avec la ferme intention de l'embrasser mais celle-ci se dérobe, une expression des plus mutine sur le visage.
- Et ta leçon alors ? Les pupilles dilatées du prêtre suit la chute du chandail et de son débardeur avant de revenir sur cette poitrine insolente qui darde sur lui ses deux mamelons dénudés. Les enfants se sont montrés réceptifs ?

Silviu attrape Thalie par la ceinture de son pantalon, et la ramène plaquée contre lui.

- Je crois que j'ai su... L'une de ses main s'aventure au creux de ses reines et remonte lentement la courbe de son échine jusqu'à empoigner sa nuque... capter leur attention.

Il l'embrasse à pleine bouche et la seconde suivante les voilà basculés sur le matelas.

- L'important est de convaincre Simone. Si Madame est d'accord, ils le seront tous...
- Tu crois… ? Elle a l’air d’être une femme de raison. Au pire je passerai honteusement par ton frère pour lui soumettre mon idée.

Elle sourit en le voyant tendre le cou vers elle puis lui échappe pour mieux s’effeuiller tout en continuant la conversation.

- Et ta leçon alors ? Les enfants se sont montrés réceptifs ?
C’est bien la première fois qu’il la regarde de cette façon et son pouls s’accélère subtilement. Il se montre à cet instant bien plus chasseur à l’affut que sage prêtre et cela affole tous ses sens. Elle relève le menton sans le quitter des yeux et se mord la lèvre.
- Silviu ?
Elle se fait soudain tirée vers lui dans un petit cri de surprise. Ses paumes se placent d’elles-mêmes sur son torse qu’elles grimpent en caresses légères.

- Je crois que j'ai su... capter leur attention.
- Ca ne m’étonne pas… tu as un don… pour ça… halète-t-elle tout bas.

Un violent frisson la parcourt au passage de la main de Silviu le long de sa colonne vertébrale, en dessous de sa longue chevelure. Sa peau se grêle et la pointe de ses seins, plaquées contre son torse, durcissent. Thalie accueille son baiser avec un petit gémissement qui se transforme en rire lorsqu’ils s’écroulent sur le matelas.

- Ce lit… elle écarte les cuisses pour mieux presser son bassin contre le sien… est définitivement meilleur que celui que j’avais…

Elle soupire, languide, tandis que ses doigts se faufilent à nouveau sur la peau pleine d’histoires de Silviu pour tracer tatouages et cicatrices dans son dos et sur ses bras. Ses lèvres échappent aux siennes pour mieux se poser un peu partout. Elle se frotte contre ses joues barbues comme un chaton en manque de câlins sans cesser d’agiter les hanches comme un ressac régulier, accentuant son propre désir de le sentir en elle.  

- Sur quoi portait … la leçon ? demande-t-elle pile au moment où ses paumes se referment possessivement sur la fermeté des fesses du chasseur alors qu’elle lui vole un baiser à couper le souffle avant de finalement le libérer.  

Leur chute la fait rire. Son rire est une mélodie formidable qui évoque des ruisseaux tempêtueux et limpides qui ricochent sur leurs rochers. Il l'éclabousse de manière vivifiante. Il adore ça.

- Ce lit… ronronne-t-elle contre ses lèvres... est définitivement meilleur que celui que j’avais…

Silviu s'empare de ses cuisses à pleines paumes et plaque son corps massif contre le sien.

- A cause du matelas ou... de ce qu'il y a dessus...? s'amuse-t-il (car il lui arrive d'être grivois en de très rares occasions) tout en déposant une pluie de baisers piquetés de barbe dans le tendre de son cou.

Le vieil homme se sent étrangement impétueux aujourd'hui, mû par un désir à qui il souhaite lâcher bride. Chaque caresse lascive de Thalie est un encouragement en ce sens. Leurs bouches se perdent, se retrouvent, se trompent mutuellement avec la peau de l'autre. Silviu se découvre possessif, au sens charnel du terme. Il aime posséder ses hanches entre ses grandes mains rugueuses. Il aime posséder ces seins fiers et arrogants et ces jambes interminables entre ses doigts. Il veut se laisser bercer par l'illusion que Thalie est à lui, rien qu'un peu.

- Sur quoi portait … la leçon ?

Silviu laisse échapper un grognement rauque. Sa virilité un peu trop sollicitée par la houle de leurs bassin réclame son dû.

- Sur Mère-Nuit... souffle-t-il à son oreille après en avoir mordillé le lobe. Sur les croyances... qui... l'entourent, égraine-t-il en dévalant sa gorge. Et le dogme auquel j'appartiens... fait-il en attrapant l'un de ses mamelons pointus entre ses dents et en tirant dessus, en guise de représailles.

Thalie enregistre la moindre réaction qui traverse le visage de Silviu, la savoure et la conserves dans un coin de sa mémoire comme de précieux trésors qu’elle viendrait de déterrer. Des trésors qui n’appartiennent qu’à elle.
Il y a définitivement quelque chose de changer chez lui ce soir. Peut-être voit-elle pour le première fois un Silviu heureux, délester en partie du poids de ses regrets et qui se laisse aller à être lui-même. Quelle que soit la raison, elle le trouve particulièrement ensorcelant et magnétique.  

- Sur Mère-Nuit...
Elle gémit impudiquement lorsqu’il referme ses dents sur la chair de son lobe.
- Le contraire… m’aurait étonné…
- Sur les croyances... qui... l'entourent.
- Hum hum… répond-elle vaporeusement en essayant de garder le fil de la conversation qu’elle leur a infliger.
- Et le dogme auquel j'appartiens...

Elle se cambre dans un petit cri, les doigts plein de ses cheveux blanc et gris, la respiration bien plus courte. Elle l’attire vers le haut pour un long baiser qui se fait de plus en plus dévorant à mesure que l’impatience et le désir grimpent.

- Ca devait être très intéressant. J’imagine qu’ils devaient tous être … elle lui croque la lèvre… suspendus à tes lèvres.

Ses mains descendent le long du corps musculeux du prêtre et s’appliquent à ouvrir les boutons de son pantalon avec une lenteur étudiée.  

- Je vais…finir par être jalouse de cette femme… son petit nez pointu frotte amoureusement contre le sien alors que le dernier bouton cède. Non… cette divinité… qui occupe toutes tes pensées. Front contre le sien, ils échangent quelques baisers. Elle cherche ensuite son regarde tandis que ses doigts se referment enfin sur la large bosse qu’elle vient de libérer de son carcan de tissu. Qu’a-t-elle de si extraordinaire, Silviu ? Dis-moi …, susurre-t-elle en le cajolant habilement.

Silviu se délecte de chacune des réactions de sa compagne qui, comme l'eau qui la constitue, se montrent fluides et changeantes. Lui, réapprend doucement à écouter le corps des femmes. Leur deux seuls étreintes ont été teintées de tristesse et d'un besoin de réconfort maladif ; deux bêtes blessées léchant leurs plaies. Celle-ci, n'est motivée par rien d'autre que le bonheur d'être réunis, l'un avec l'autre. C'est la première fois, en plus de quarante années que l'acte charnel n'a aucune connotation nostalgique, honteuse ou coupable.

- Ca devait être très intéressant. J’imagine qu’ils devaient tous être … suspendus à tes lèvres.

Sa lippe claque après qu'elle ait tiré dessus et Silviu se presse contre elle un peu plus fortement.

- Tu es suspendue à mes lèvres... Eux, se sont montrés... Il lape sa gorge et mordille l'une de ses clavicules... Intéressés et curieux.

Il ne la quitte pas des yeux, alors que ses doigts cheminent jusqu'à son entre-jambe pour la libérer de sa gaine de tissus.

- Je vais…finir par être jalouse de cette femme…
- Ce n'est pourtant pas elle que je tiens dans mes bras... murmure-t-il à son oreille, tout en frottant sa tête contre la sienne, tel un chaton.
- Non… cette divinité… qui occupe toutes tes pensées.
- Ce n'est pas... une simple divinité.. c'est.... bien plus.....

Un gémissement rauque s'échappe de sa gorge alors que la djinn flatte sa virilité (en pleine forme pour un homme de son âge).

- Qu’a-t-elle de si extraordinaire, Silviu ? Dis-moi …
- Tu... Tu tiens vraiment à le savoir ... maintenant... ? Il y a une nuance de supplique dans son timbre haché. Il lui vole quelques fiévreux baiser. C'est... une Mère... la Mère de toutes les mères. Ses mouvements de bassin se font plus avides. Ils quémandent misérablement une connexion plus profonde. Elle enfante... les monstres et les chasseurs qui... sont finalement des.. des monstres eux aussi...

N'y tenant plus, il s'arrache à ses baisers et se redresse de toute sa hauteur. D'un geste impérieux, il dépouille Thalie de tout vêtement qu'elle porte sous la ceinture. Ses pupilles dilatées par un désir manifeste il passe une main possessive sur ce magnifique corps nu.

- Tu es tellement belle, Thalie...

Et lui est si vieux...
Si humain...

- Ce n'est pas... une simple divinité… c'est... bien plus...
Thalie avale son gémissement dans un baiser sans jamais le quitter des yeux ni arrêter la douce exploration de ses doigts.

- Bien plus… Comment tenir la comparaison dans ce cas… Plus précipitamment, elle descend pantalon et jeans pour avoir accès à sa chair sans plus de barrière. Qu’a-t-elle de si extraordinaire, Silviu ? Dis-moi …
- Tu... Tu tiens vraiment à le savoir ... maintenant... ?

Les yeux pétillants d’émotions diverses, Thalie se mord la lèvre et hoche la tête. Elle sait qu’elle le met un peu au supplice mais elle souhaite inexplicablement étirer ce moment, stopper la course du temps quelques instants pour qu’ils n’appartiennent qu’à eux. Leurs baisers se font plus pressants et urgents.

- C'est... une Mère... la Mère de toutes les mères.
Son corps se tend sous le sien, avide de plus lui aussi et elle renverse la tête vers le plafond en gémissement autant de plaisir que de frustration.
- Tu passes donc… de la Mère de tout… à la mère de rien… la compétition est biaisée…depuis le début.
Elle halète de plus en plus à mesure que l’impatience monte et suppure dans chacun de leurs baisers.
- Elle enfante... les monstres et les chasseurs qui... sont finalement des… des monstres eux aussi...
- Alors… nous sommes… deux monstres ?

Elle passe les bras autour de son cou et se serre avec force contre lui en agitant désespérément son bassin, une jambe crochetée à sa hanche. Mais il s’arrache à son étreinte et le froid remplace sa chaleur. Elle en éprouve une terrible sensation d’abandon et tend misérablement le bras.
- Silviu…
Son prénom lui échappe comme une prière.
Mais il est là. Il la déshabille rapidement et la regarde avec une telle envie au fond des yeux qu’elle n’arrive plus à s’en détacher. Son corps se cambre légèrement à la recherche du contact de cette main vagabonde et caressante.  

- Tu es tellement belle, Thalie...

Elle sourit, un peu tristement car elle sait ce que cache ce compliment. Fluide et gracile, elle se redresse et grimpe sur les genoux de Silviu. Un bras fermement accroché à son cou, une main posée sur sa joue barbue qu’elle gratouille doucement, elle le dévisage avec gravité.

- Toi aussi tu es beau Silviu. Tu l’as juste oublié… laisse-moi te le rappeler. Lentement, elle le fait glisser en elle. Ses doigts se crispent un peu alors qu’elle laisse échapper un petit gémissement de contentement. J’aime ton corps… qui me raconte ton histoire comme le mien. Elle ondule du bassin et leurs corps unis sont soudain nimbés d’un bleu océan émanant de tous ses tatouages sous la peau. Elle l’embrasse longuement. J’aime… ta bouche et ta voix… qui font de leur mieux pour apporter réconfort et bienveillance. Elle se frotte contre sa joue tout en poursuivant ses lents mouvements de bassin. Ta barbe toute douce. Le bout de ses doigts frôle les ridules aux coins de ses yeux. J’aime les lignes qui se forment au coin de tes yeux lorsque tu ris…tu es si beau lorsque tu ris…Son regard se plante dans le sien. Tes yeux… je pourrais m’y noyer pour l’éternité. Sa paume dévale son torse jusqu’à s’arrêter contre son cœur. Et ton grand cœur et ton âme Silviu Taur… si tu savais comme je les trouve beaux…
Elle revient s’arrimer à ses épaules et l’embrasse en accélérant le rythme de la houle de son bassin.

Elle est assoiffée de lui.
Assoiffée d’amour.  

Yeux dans les yeux, les deux amants s'offrent à leurs contemplations mutuels, sans artifice, sans faux semblants. Le Prêtre et la Pirate. Ce pourrait être le titre d'une romance épique et gorgées d'aventures. Les lecteurs seraient déçus : ce n'est que le périple de deux âmes solitaires écorchées qui ne se sont trouvés qu'en bout de route.

- Toi aussi tu es beau Silviu. Tu l’as juste oublié…

Il n'en croit pas un mot, et, pourtant il se surprend à espérer que ce soit vrai, au moins dans ses yeux. Il se prend à rêver d'un avenir véritable, heureux et épanoui.Une famille à lui, éternelle. Les prunelles perdues dans les siennes, il s'abandonne à la chaleur de sa matrice avec un râle voluptueux. Thalie égraine avec douceur et sensualité tout ce qui la fait chavirer chez lui, et, il s'en laisse convaincre petit à petit, à coups de reins et de baisers.

Il la fait ployer avec délicatesse sur le lit -leur lit- et lui fait l'amour passionnément.

Il n'est plus ni un frère, ni un prêcheur, pas même un ancien chasseur, il est juste un homme qui aime. Non, il n'y a eu ni bancs, ni cérémonie, mais son cœur s'est engagé cette fameuse Nuit, juste avant leur départ, peut-être même avant, en ramassant cette inconnue effarée sur la plage. Mère-Nuit envoie des signes inattendus et Thalie en est un, il en est désormais persuadé. Son espoir s'était éteint et le voilà ravivé par l'Eau revigorante de la maritin. Alors, même si leur "mariage" ne doit durer qu'une poignée de secondes aux yeux de l'éternité, il profitera de chacune pleinement, avec elle.

- Tu es ma lumière dans le noir, Thalie... ma Thalie....

Il la comble, encore et encore, jusqu'aux étoiles qu'ils ne peuvent plus voir.