And every time you vent your spleen
I seem to lose the power of speech
You're slipping slowly from my reach
You grow me like an evergreen
You've never seen the lonely me at all

La grange est paisible. Derrière le rideau rabattu aux motifs fleuris désuets, une patiente dort. Pour toujours. Le visage détendu, ses cheveux brun étendu sur le coton immaculé, elle a l'air bien.
J'ai envie de hurler.

Vesper ! Pourquoi ?!
Pourquoi t'es partie sans un mot ?
J'ai rien su, rien vu. Je me retrouve comme toujours devant le fait accompli.
Siobhan est partie sans laisser de contact, ni d'adresse.
Antoine s'est tué en fanfare, m'envoyant toute sa dégout à a gueule.
Toi, tu m'as abandonné-e en silence en quittant ton propre corps et toute cette vie dont visiblement tu ne voulais plus.
La naiba!
Est-ce que c'est moi qui provoque ça ?
Est-ce moi le problème ?
Est-ce que je suis horrible, égoïste et insupportable ?
Est-ce que je n'ai que ce que je mérite ?
J'empoisonne les gens que j'aime à les faire craquer et toujours, toujours, je reste sur le carreau, sans explications, sans le moindre indice. Sans rien. Je tombe des nues.
Je suis donc toxique à ce point ?
Toxique et aveugle.

Un jour Caleb me quittera aussi.
Asmodée est déjà en passe de le faire, non ?
C'est Kaelig qui me l'a dit : je l'oppresse en tant que Frigg.

Je suis incapable de regarder cette enveloppe vide plus longtemps. La lèvre tremblante je sors précipitamment en bousculant Ass qui m'accompagnait au putain de chevet d'une fuyarde.
Besoin de respirer.
Besoin d'une clope.
Besoin de lâcher les vannes.
J'allume ma cigarette maladroitement, les doigts gourds et la tronche pleine de sel. J'ai les joues en mousson et la colère qui vinaigre mes trippes. J'entends des pas derrière moi et je n'ai pas besoin de me retourner pour savoir que mon époux m'a rejoint-e.

- Alors c'est comme ça que ça va s'finir à chaque fois, hein ? Je vous suce la moelle et vous décidez de partir d'une manière ou d'une autre. Mon timbre se brise. Est-ce que c'est moi qui fait autant de mal ? Je croyais... Je croyais qu'on s'aimait... A quel moment ça n'a plus été le cas ?

Pour elle.
Pour eux.
Pour toi ?

- P't'êt que j'aurais dû mourir, finalement, nan ? que je sanglote piteusement.

Vesper.

J'observe l'éternelle dormeuse avec une absence de sentiment qui confine au ridicule. Est-ce que c'est parce que je m'y attendais? Depuis que Magie était apparue et ces phases d'absence de plus en plus longues.... Je m'y attendais. Il n'y avait pas de doute dans mon esprit. Est-ce que c'est pessimiste? Trop? Est-ce que ça me rend moins humain?
Je n'ai plus aucun affecte pour elle depuis que je la sais perdue.
J'ai de l'affecte pour Ciulin. J'ai plus que de l'affecte. Je l'aime profondément, iel fait parti.e de moi autant que je fais parti d'iel. Et pour cette raison, j'éprouve une colère gigantesque envers Vesper. Je n'admets pas qu'elle ai baissé les bras malgré toutes les solutions mises à sa disposition, malgré tous les soutiens.
Ciulin le vit mal. Je n'ai pas besoin d'entendre ses sanglots ou de voir ses larmes pour le savoir.
J'attends la spirale en silence. Parce qu'elle vient.
J'écoute sans entendre l'énumération des pertes de liens.
Je sais la conclusion qui se profile dans le crâne de Ciulin.
Je me prépare mentalement à stopper la spirale, à soutenir au mieux de mes capacités.
Ciulin sort sans m'éviter. J'attends un peu et rejoins Ciulin.

-Alors c'est comme ça que ça va s'finir à chaque fois, hein ? Je vous suce la moelle et vous décidez de partir d'une manière ou d'une autre.

Sa voix se brise et je m'approche et l'enlace fort contre moi.

-Est-ce que c'est moi qui fait autant de mal ?
-Non.
- Je croyais... Je croyais qu'on s'aimait... A quel moment ça n'a plus été le cas?
-Ca a toujours été le cas et ça l'est toujours.

Pour elle.
Pour moi.

-P't'êt que j'aurais dû mourir, finalement, nan?
-Non. Jamais.

Je laisse un temps où je ne fais que lae serrer contre moi.

-Vesper n'a pas voulu se battre. ou n'a pas pu. On ne saura jamais. Ce n'est pas ta faute. Tu n'es pas responsable de sa disparition.

Je ponctue d'une caresse.

-Je n'ai aucune intention de partir. Sache-le.

J'essuie doucement les larmes et plonge mon regard dans le sien.

-Tu n'es pas responsable de ce qu'il se passe. Tu n'y es pour rien, Asti min. C'était un combat entre elle et elle-même.

De nouveau, je l'étreins, fort.

Ca ne sera pas aussi simple. La spirale est retorse et semées d'épines de traumatismes. Chacune de ses épines à un visages, une histoire, un violence différente.
J'espère juste pouvoir l'apaiser assez. J'espère atténuer les angles pour qu'iel puisse gérer ce qui se passe en éprouvant le moins de dégats possibles. Vesper, qu'est-ce que t'as fait, putain...

-Non. Jamais.

Je chiale comme une madeleine. (Je trouve l'expression stupide : pourquoi un gâteau pleurerait ?). Je trempe la belle chemise de mon mari divin. J'en ai tellement marre de constater que tôt ou tard ceux que j'aime finissent par jeter l'éponge. L'éponge c'est moi et je ne retiens plus l'eau.

- Vesper n'a pas voulu se battre. ou n'a pas pu. On ne saura jamais. Ce n'est pas ta faute. Tu n'es pas responsable de sa disparition. Je n'ai aucune intention de partir. Sache-le.

Je relève le menton, mâchoire serrée.

- Menteur ! Chais qu'tu veux t'offrir en pâture à Pandy. Tu veux r'tourner en Enfers pour te constituer prisonnier. J'tai tellement foutu la pression en d'venant Frigg que tu préfères t'faire exploser sur une mine anti-personnel plutôt qu'red'venir un dieu ! Tu vois? ! C'est encore moi qui fait d'la merde! Et j'ai merdé pareil avec Vesper... J'ai raté un truc, j'ai pas vu c'qui fallait voir ! J'étais trop heureuxse d'être en vie !
- Tu n'es pas responsable de ce qu'il se passe. Tu n'y es pour rien, Asti min. C'était un combat entre elle et elle-même.

Je frappe du poing sur son torse, la gorge gonflée de désespoir.

- Pourquoi elle m'a rien demandé ? Pourquoi elle m'parlait plus ? J'ai l'impression qu'elle m'en voulait d'avoir refusé de d'venir un simple esprit qu'elle seule pourrait voir. J'pensais, couillonnement qu'elle accept'rait Caleb aussi bien qu'toi. J'en ai marre d'être naïf et CON ! J'blesse tout le monde sans le vouloir....

Mon front chute sur sa clavicule.

- Chuis une putain d'malédiction qui bousille tout c'qu'elle approche. Le paternel l'avait vu, ma mère l'avait vu. Pour ça qu'ils m'ont laissé-e partir. Nouveau hoquet, nouveau sanglot étranglé. J'écrase les coussinets de mes paumes sur mes yeux. J'veux pas qu'Caleb et toi vous creviez... Qu'est-ce que j'dois faire.... ? Vous quitter ?

Je fais parti-e de ces couillons qui pensent qu'on peut se relever de tout, qu'on peut rebondir de chaque situation, mais là j'ai plus de ressort. Je suis à sec de crédulité.

- Menteur ! Chais qu'tu veux t'offrir en pâture à Pandy. Tu veux r'tourner en Enfers pour te constituer prisonnier.
-Ca n'a rien à voir avec toi et c'est même pas dit que ça soit encore d'actualité...

J'inspire doucement.

-J'tai tellement foutu la pression en d'venant Frigg que tu préfères t'faire exploser sur une mine anti-personnel plutôt qu'red'venir un dieu ! Tu vois? ! C'est encore moi qui fait d'la merde!
-Je préfères me faire exploser plutot que de redevenir un dieu parce que j'ai toujours été mieux en étant plusieurs chose. J'ai hésité à revenir sur ma décision de me sacrifier à moi-même à cause de la pression dont tu parles. Tu n'as rien merdé du tout. C'est moi qui suis parti en couille tout seul.
-Et j'ai merdé pareil avec Vesper... J'ai raté un truc, j'ai pas vu c'qui fallait voir ! J'étais trop heureuxse d'être en vie !

J'accuse le coup de poing sans broncher. J'inspire doucement, j'expire.

-Tu as raté des choses parce que tu étais à l'article de la mort, Ciulin. Tu étais allité.e depuis des mois, maintenu en vie par des djinns avec peu de chance de t'en sortir. Tu as non seulement le droit de te réjouir d'être en vie mais tu n'avais aucune raison de voir ce qu'on cherchait à te cacher.

Soyons clair, Vesper n'a pas parlé. Elle n'a pas évoqué ses problématiques. Elle a trouvé une solution - égoïste- pour garder Ciulin pour elle et mort.e. Ca, elle était capable d'en parler. Evoquer son trouble et ses problématique, réellement, elle n'en a jamais été capable. Et je ne suis même pas sûr qu'elle s'y soit réellement essayée avec l'intention de s'y tenir. C'est un triste constat. C'est celui qui m'a fait prendre la décision de rester à distance raisonnable.

-Pourquoi elle m'a rien demandé ? Pourquoi elle m'parlait plus ? J'ai l'impression qu'elle m'en voulait d'avoir refusé de d'venir un simple esprit qu'elle seule pourrait voir.

...Ca, j'aurais du mal à lea contre-dire. Cette simple proposition me fout hors de moi tant elle est éloignée de la manière dont Ciulin vit l'amour et ses relations. Tant ça me couterait de lea savoir présent.e mais inatteignable.

-J'pensais, couillonnement qu'elle accept'rait Caleb aussi bien qu'toi. J'en ai marre d'être naïf et CON! J'blesse tout le monde sans le vouloir.

Je receptionne sa nuque et la masse doucement. Je laisse Ciulin sortir tout ce qu'iel a à dire.

-Chuis une putain d'malédiction qui bousille tout c'qu'elle approche. Le paternel l'avait vu, ma mère l'avait vu. Pour ça qu'ils m'ont laissé.e partir.

Je viens lea presser contre moi, fort.

-J'veux pas qu'Caleb et toi vous creviez... Qu'est-ce que j'dois faire....? Vous quitter ?

Toujours contre moi, j'embrasse son crâne et relève sa tête pour regarder Ciulin dans les yeux.

-Non. Déjà parce que personne n'est réellement éternels et que tant qu'à faire je préfère vivre ma vie ave toi dedans aussi longtemps que faire ce peut. Mais... Permets moi de remettre les choses en perspectives, s'il te plait.

Je passe la main dans ses cheveux, tendrement.

-Tu as mal et je comprends. Je ne peux pas te laisser croire que c'est tout de ta faute. Parce que c'est faux.

J'inspire profondément une nouvelle fois.

-Je suis d'accord sur un point. Vesper a très mal vécu ta réponse à sa proposition. C'est un fait. Un autre fait, tout aussi important, c'est qu'elle te l'ai proposé alors même que tu as mis clairement sur la table de votre relation et ce depuis le début que tu étais polyamoureux.euse . Qu'il y avait moi - et crois moi, je te remercie d'avoir refuser cette proposition - et qu'il y aurait probablement d'autres personnes, comme Caleb. La responsabilité de la décéption de Vesper ne te revient pas. Tu l'as prévenue de ce que tu cherchais dans une relation, de ce que tu souhaitais, tu as été clair, précis et tu t'es assuré.e plus d'une fois qu'elle était à l'aise.

Je caresse doucement son visage.

-Si elle n'a pas pris la pleine mesure, si elle n'a pas pris ça au sérieux, Asti min. Ca n'est certainement pas ta faute. Si elle n'a pas voulu te parler, si elle a préféré ne rien te demandé parce qu'elle était vexée de ta décision de n'appartenir qu'à elle alors c'est elle la fautive. Ca n'est pas toi. Vesper a été égoïste et a pris ses décisions. C'est une adulte. Pour mauvaises qu'elles soient, ses décisions sont les siennes et tu as le droit d'avoir mal, tu as le droit de faire ton deuil mais ne porte pas la culpabilité de ses actes à elle. C'était une adulte qui savait les enjeux de tout ce qui se jouaient. Que ça soit pour sa magie ou dans votre vie à tout les deux.

Je lui souris tristement.

-Si tu m'quittes et que tu quittes Caleb, c'est là que tu vas vraiment devenir maudi, j'te préviens. Je lacherais pas ton p'tit cul et j'crois pas que Toy boy fasse différemment.

Je l'embrasse.

-Ton père n'a rien vu du tout. Regarde donc, il regrette tellement qu'il ne sait pas quoi faire pour se rapprocher de toi et avoir un semblant de lien.

Je nous assois tranquillement et lui attrape les mains pour les masser.

-Ce que tu dois faire, c'est continuer à avancer. Peut-être pas aujourd'hui. Ce qui est sûr c'est que Caleb et moi serons à tes cotés, parfois pertinents, parfois maladroits. Parfois on aura du mal à communiquer mais ça viendra. Et toi, tu seras au notre de la même manière.

-Non. Déjà parce que personne n'est réellement éternels et que tant qu'à faire je préfère vivre ma vie ave toi dedans aussi longtemps que faire ce peut.

J'éclate littéralement en sanglots, comme si je chialais pas déjà suffisamment. Mais cette fois, il s'agit de pur soulagement.

- Mais... Permets moi de remettre les choses en perspectives, s'il te plait.

J'écoute.
J'écoute parce que d'une part je ne parviens pas à dire quoi que ce soit avec autant de morve au nez mais également parce qu'Ass, sous ses airs de fanfaron qui joue les couillons, a toujours eu une justesse de point de vue sur les relations humaines et la vie en général. Son portrait de Vesper me glace tant il me rappelle celui d'Antoine par certains aspects. Pourquoi est-ce que je m'acoquine de gens comme ça ? Et surtout, quand est-ce devenu si toxique entre elle et moi ?

- Si tu m'quittes et que tu quittes Caleb, c'est là que tu vas vraiment devenir maudit-e, j'te préviens. Je lâcherais pas ton p'tit cul et j'crois pas que Toy boy fasse différemment.
- Tant mieux, pass'que j'pense pas qu'mon coeur y survivrais, que je lui réponds dans un rire étranglé. J'vous aime tellement, p'tain. J'déborde comme un con...

La preuve : c'est une nouvelle rafale de grandes eaux. Je vais me dessécher comme un pruneau à force.

- Ton père n'a rien vu du tout. Regarde donc, il regrette tellement qu'il ne sait pas quoi faire pour se rapprocher de toi et avoir un semblant de lien.
- C'était mon héros quand j'étais p'tite. Mon alpha et mon oméga. J'voulais lui r'ssembler et en même temps j'voulais qu'il m'reconnaisse en tant qu'fille, qu'il m'aime comme chuis. Parfois chuis jalouxse de Vio et Sorin d'avoir l'père que j'aurais voulu avoir...

Je renifle, m'essuie les yeux vaillamment, un vague sourire aux lèvres, et je lui souffle.

- Lui dis jamais ça, ok ?
- Ce que tu dois faire, c'est continuer à avancer. Peut-être pas aujourd'hui. Ce qui est sûr c'est que Caleb et moi serons à tes cotés, parfois pertinents, parfois maladroits. Parfois on aura du mal à communiquer mais ça viendra. Et toi, tu seras au notre de la même manière.

Je viens me blottir, la tête sur son épaule.

- Tu vas pas partir en enfers alors ? T'sais, chuis désolé-e, si j'ai rien compris. J'pensais qu'tu aspirais à red'venir Odin. Frigg.. Nous... on a jamais rien voulu t'forcer à rien. Mais si tu m'dis rien, toi non plus, j'peux pas d'viner ! M'fais pas une vesper, ok ? Dis-moi c'qui s'passe. Je lui poke le front du bout de mon index. Là.

Ciulin pleure et je ne fais qu'accompagner la pluie. C'est le mieux à faire, laisser toute cette douleur s'évacuer pour mieux repartir.

- Tant mieux, pass'que j'pense pas qu'mon coeur y survivrais. J'vous aime tellement, p'tain. J'déborde comme un con...
-Moi aussi je t'aime, Asti min.

Ce petit rire étouffé sonne comme les prémices du printemps et allège mon coeur. J'écoute, je caresse et je réconforte. Je l'entoure de mes bras quand iel vient se blottir, petit chaton sorti de la tempête. J'appuie ma tête contre la sienne.

-Tu vas pas partir en enfers alors ?
-Non. Non, je ne crois pas.

Je n'en suis pas sûr encore. Une part de moi continue de s'imaginer que cette hybridation n'est qu'une version malpropre et incomplète. Elle recule doucement mais ça ne se passe pas sans une estoc insidieuse de temps à autre. Je joue la carte du temps.

-T'sais, chuis désolé-e si j'ai rien compris. J'pensais qu'tu aspirais à red'venir Odin. Frigg.. Nous... on a jamais rien voulu t'forcer à rien. Mais si tu m'dis rien, toi non plus, j'peux pas d'viner ! M'fais pas une vesper, ok ? Dis-moi c'qui s'passe. Là.

Je ris et hausse les épaules.

-Je pensais aussi que j'aspirai à redevenir Odin - complètement - mais... L'insistance que Frigg et toi avez eu m'ont fait réalisé que, finalement, je le faisais plus parce que je ne sais pas quoi faire pour me préparer à ce qui arrive. Ca m'a fait réalisé - non sans l'aide d'un bulldozer à cheveux bleu et d'un vieux bucheron - que c'était fuir en avant que de redevenir Odin. Que ce que je voulais, je pouvais sans doute l'atteindre avec ce que j'ai déjà si j'accepte juste de rester encore un peu inconfortable pour trouver des solutions plus pertinente.

Je lui offre un sourire amusé.

-J'essaie de te dire quand ça vient. Le truc, c'est que j'suis aussi un vieux con et des fois, je mets un temps fou à comprendre ce qui se passe dans ma propre tête. Pour le moment, voilà ce qui se passe.

Je l'embrasse.

-Je ne pars plus pour le Pandémonium. Je t'aime. Caleb est une personne fiable et solide, ça me rassure grandement de te voir t'entourrer de gens comme lui - aussi peu à l'aise soit-il avec tout ça, il fait des efforts-. Simone me manque beaucoup. Oh et je t'aime, aussi.

Je lui souris à nouveau.

- Je pensais aussi que j'aspirai à redevenir Odin - complètement - mais... L'insistance que Frigg et toi avez eu m'ont fait réalisé que, finalement, je le faisais plus parce que je ne sais pas quoi faire pour me préparer à ce qui arrive.
- Toi ? Tu es à court d'idées ?
- Ca m'a fait réalisé - non sans l'aide d'un bulldozer à cheveux bleu et d'un vieux bucheron - que c'était fuir en avant que de redevenir Odin. Que ce que je voulais, je pouvais sans doute l'atteindre avec ce que j'ai déjà si j'accepte juste de rester encore un peu inconfortable pour trouver des solutions plus pertinente.
- On dirait du blabla d'bureaucrate qui noie l'poisson... Je ricane. Concrètement, ça veut dire quoi ? Qu'être un dieu ça t'fout la trouille ? Qu't'aime bien être un prince-démon ?
- J'essaie de te dire quand ça vient. Le truc, c'est que j'suis aussi un vieux con et des fois, je mets un temps fou à comprendre ce qui se passe dans ma propre tête.
- D'où l'flou artistique. T'veux que j'te présente ma psy ? C'est une asatru aussi et une p'tain d'bombasse, que je fais avec un sourire canaille.
- Pour le moment, voilà ce qui se passe.eb

J'écoute, redressant la tête pour mieux m'accrocher à ses prunelles bleues-glacier.

-Je ne pars plus pour le Pandémonium.
- Ok.
- Je t'aime.
- Moi aussi, comme un dingue.
Mon coeur battant s'entend à des kilomètres pour son ouïe superfine de démon.
- Caleb est une personne fiable et solide.
- Il est merveilleux, hein ? Chuis fiancé-e p'tain! T'imagines ? "Ciulin Jenson". C'est plutôt la classe non ?
- ça me rassure grandement de te voir t'entourer de gens comme lui - aussi peu à l'aise soit-il avec tout ça, il fait des efforts-.
- Oui. Et mon kokoro d'guimauve pense toujours que vous pourriez super bien vous entendre.
- Simone me manque beaucoup.
- Chais, elskan mín. Je lui caresse la joue. T'as pas ton équilibre sans elle. Mais on va la retrouver, promis. J'ajoute avec amusement. C'est quand même elle ta "Madame".
- Oh et je t'aime, aussi.

Pour toute réponse, mes lèvres viennent cueillir les siennes et je l'embrasse à pleine bouche.