Je ferme la porte de mon bureau et m’y appuie le temps de laisser derrière moi tout ce qui m’empêchera d’être efficace ici.

La peur, le chagrin, l’inquiétude, la certitude de pas être à ma place, la fatigue, mon cœur en miette, l’envie de m’enfuir à toutes jambes loin de toute cette merde.

Je garde que ma résistance de cafard et ma volonté d’avancer. Envers et contre tout.
Long soupir alors que je retrousse les manches de ma veste camouflage. J’ai du taff par-dessus la tête. D’autant plus depuis ma visite au Sergent-Colonel. Drôle de nana.

Allez savoir pourquoi je l’aime bien ! Peut-être parce qu’elle semble pas avoir beaucoup de filtre et m’oblige à pas trop m’éparpiller partout. J’ai besoin de gens comme ça. Et puis, elle et moi on a récupéré un commandement qu’on voulait pas vraiment mais on s’accroche. Mais j’arrive pas encore à statuer si je l’emmerde au point de l’agacer franchement ou juste un peu. Va falloir que j’enquête lors de mes prochaines visites.
Parce qu’il y en aura !

Bref coup d’œil à ma montre. Je suis pas en retard, je suis même carrément en avance. L’avantage de pas dormir plus de quelques heures. Je prends pas toujours la potion de Salomon.
Parfois j’ai envie de me rappeler des bons moments avant. Même s’ils font mal. Même si ça me fait arborer de jolis cernes violet. Je fais en sorte de les faire disparaitre quand je vais rendre visite à Ciulin.

Bon allez ! On a dit qu’on arrêtait de penser à ça.
Après m’être fait un café (oui j’ai le luxe d’avoir une cafetière à moi !) je m’assoie derrière mon bureau et me mets au taff. J’ai déjà sélectionné quelques hommes pour commencer l’entrainement avec les mecs de Salomée mais faut que j’établisse un planning et faut que je vois les gus avant.
Je relève les yeux lorsqu’on frappe à ma porte et balance un « Entrez » que j’espère digne de l’autorité d’un Major.
Je souris en voyant le Caporal Cosgrave. Je le connais pas des masses, on s’est que brièvement croisé mais il me fait l’effet d’un type stable. De ça aussi j’ai besoin.

- Repos Caporal. Le protocole ça me gonfle vite !
Je désigne une chaise devant moi. Hors de question que je le fasse poireauter debout au garde à vous devant moi. Je sais bien que mes méthodes en hérissent plus d’un mais je m’en balance totalement.
- Café ? je propose en me levant pour en refaire un.
Je reviens m’assoir en face de lui et examine son dossier. Les lettres dansent un peu devant mes yeux fatigués que je frotte pour en ôter le léger voile opaque. On a grosso modo le même âge et ça me fait sourire.

- Artificier hein ? Jamais vu un dossier aussi nickel ! Tu verrais la gueule du mien ! Ça m’intrigue… je balance en l’observant avec attention. Ça cache forcément des trucs… personne n’est aussi parfait ! Même si on est fils de militos. Légère grimace. Ça a pas dû être simple tous les jours de ce taper l’armée jusque dans la sphère familiale… Je baisse à nouveau les yeux sur le papier. Mon unité t’a récupéré dans le brouillard… un bol de cocu, mon gars ! Mon expression se fait un peu plus dure, hantée… T’as vu ce qu’il y avait là-dedans, alors.

Je referme le dossier et le balance négligemment sur le côté. Je sors un paquet de clopes et lui en propose une.  

- Mais tout ça on s’en fout en fait. Je prends un briquet et me penche pour allumer sa cigarette et la mienne. Ce qui m’intéresse, c’est que t’as pas pété un plomb avec tout ça. Ce qui est la preuve d’une adaptabilité dont j’ai cruellement besoin. Il me faut des mecs fiables, des soldats en qui je peux avoir confiance. Je peux te faire confiance Cosgrave ? … En gros je te propose de rejoindre mon unité. Enfin ancienne unité, techniquement j’en ai plus parce que j’ai récupéré le gros lot… vous tous quoi. Petit sourire canaille alors que je balance de la fumée au plafond. Et donc mon ancienne unité sera la première à travailler en équipe avec celle du Sergent-Colonel Sparklewhite. Les "Dragons d'Emeraude". Et je mime les guillemets en levant les yeux. Tu parles d'un nom clinquant... Des sorciers… Je sais que ça fait beaucoup et t’es pas obligé de me donner une réponse toute de suite mais qu’est-ce que tu penses de l’idée ?

Everybody has a hidden story
You can try to reset
But it just won't come back
Everybody needs a hidden story
Can you cope with the fact?
So cover up

Presque deux mois que Gi-Ja traine ses guêtres ici, dans cette base, à attendre ou plutôt à laisser le temps filer. Il laisse la bobine se dérouler sans chercher à la retenir, exactement comme ses cheveux qu'il a cessé de raser. Ils poussent à une vitesse démesurée. Est-il dans le déni ? Possible. Ou bien son délabrement intérieur est tel que cette ambiance crépusculaire de fin du monde n'a aucune prise sur lui. Il évolue au milieu des réfugiés ou de ses pairs avec une égale constance. "Serviable, rassurant, gentil et fiable" sont des qualificatifs qui reviennent souvent dans la bouche d'autrui. Il continue donc de maintenir la façade sans effort. Lorsque ses nuits s'agitent, que sa cervelle se remémore que les monstres n'existent pas que dans les cauchemars, il se lève et s'occupe le corps ou les mains : footing avec Pati, gueuleton cuisiné à minuit, bidouillage de minuteurs pour une bombe... L'Apocalypse n'a guère changé sa vie. Il a perdu l'intégralité de ses compagnons d'unité et malgré la sincère tristesse qu'il éprouve, il s'est vite fait à leur absence. Il se sentait déjà seul auparavant.
Parfois, à l'abri des regards, il fume en regardant le ciel, du haut du toit du mess. Sa mélancolie exsude de tout son être qui s'abandonne au spectacle des volutes de brume. Que devienne ses parents ? Que fait le monde autre part qu'ici ? Il n'a aucune réponse à s'offrir, alors il cesse d'y penser. Inutile de se faire du mal avec ce qu'il ne peut pas obtenir.

Le Major Jenson, par exemple.

Gi-Ja a suivi sa silhouette dans le Brouillard pour en sortir et depuis, il ne la lâche plus. Il la cherche même dès qu'il peut. L'homme est une énigme pour ses standards : hyper sensible, hyper clivant, le gars n'est jamais rien à moitié. Il a dû se faire remarqué toute sa vie en qualité de rebelle là où Gi-Ja s'est employé à ne jamais sortir des sentiers battus (de manière visible du moins). Pour le Caporal Cosgrave, c'est une énigme plaisante, une pensée douce dans son néant personnel. Depuis qu'il a marché dans ses pas, il caresse l'idée stupide qu'il ait besoin de lui. Peut importe pourquoi du moment qu'il s'approche, rien qu'un peu, de cet homme magnétique.

Alors qu'il prend une pause, Hailey lui fait savoir qu'il est attendu dans le bureau du chef. Gi-Ja caresse sa chienne avec flegme et se dirige vers le bureau du Major. Il y est accueilli avec la décomplexion coutumière de son supérieur et ce malgré son salut rigoureux.

- Repos Caporal. Le protocole ça me gonfle vite !

Cosgrave ponctue l'exclamation d'un sourire discret et s'assoit.

- Café ?
- D'accord.

Le jeune homme ne peut s'empêcher de couler une oeillade involontaire vers le joli petit cul de son Major moulé dans son treillis. Il se reprend avec une célérité de ninja insoupçonnable. Jenson parcourent son dossier avec une grimace approbatrice.

- Artificier hein ?
- Oui.
- Jamais vu un dossier aussi nickel ! Encore heureux vue l'énergie qu'il a déployé pour rendre fier son père, au détriment de sa santé psychique. Tu verrais la gueule du mien ! Ça m’intrigue…
- Ah ?
- Ça cache forcément des trucs… Gi-Ja se dandine imperceptiblement sur sa chaise. Personne n’est aussi parfait !
- Mon père exigeait que je le sois.
- Même si on est fils de militos. Ça a pas dû être simple tous les jours de ce taper l’armée jusque dans la sphère familiale…
Le jeune métisse a un haussement d'épaules assorti d'un sourire énigmatique.
- On a pas toujours le choix... Jamais dans son cas.
- Mon unité t’a récupéré dans le brouillard… un bol de cocu, mon gars !
- C'est surtout à Pati que je dois mon salut. Elle vous a flairé et m'a guidé vers vous.
-T’as vu ce qu’il y avait là-dedans, alors.

Long silence plus éloquent que n'importe quel discours.

- Oui.

Il revoit nettement les visages déformés de O'Malley et Bec se transformant en monstres dégénérés affamés. Bec pondant dans la bouche de Laurens dont le ventre gonfle et explose en nuées de papillons rouges. Il entend encore les suppliques de Brooke pleurant comme un bébé en s'éloignant dans la purée de poix, attiré par je ne sais quoi.

- Mais tout ça on s’en fout en fait.

Gi-Ja attrape la cigarette offerte et la cale dans sa bouche. Il contemple le grésillement rougeoyant de la clope. La couleur est semblable à l'embrasement de la grenade qu'il a jeté au milieu de ses camarades devenus mutants et qui les a tous fauchés.

- Ce qui m’intéresse, c’est que t’as pas pété un plomb avec tout ça. Ce qui est la preuve d’une adaptabilité dont j’ai cruellement besoin. "Ou de sociopathie ?" pense l'artificier en tirant une bouffée de nicotine. Il me faut des mecs fiables, des soldats en qui je peux avoir confiance. Je peux te faire confiance Cosgrave ?
- Evidemment ! fait-il en essayant de ne pas avoir l'air de trop frétiller de cette marque de reconnaissance.
- En gros je te propose de rejoindre mon unité.
- Votre... unité ?
- Enfin ancienne unité, techniquement j’en ai plus parce que j’ai récupéré le gros lot… vous tous quoi. Son sourire irrésistible chatouille celui de Gi-Ja qui fleurit doucement. Et donc mon ancienne unité sera la première à travailler en équipe avec celle du Sergent-Colonel Sparklewhite. Les "Dragons d'Emeraude". Tu parles d'un nom clinquant...
- Très nom de guilde de jeux de rôle.
- Des sorciers…
- Ca explique sans doute ! Petit rire avant de tirer à nouveau sur sa cigarette.
- Je sais que ça fait beaucoup et t’es pas obligé de me donner une réponse toute de suite mais qu’est-ce que tu penses de l’idée ?
- Non, ça fait pas "beaucoup".... Enfin pas plus que tout ce qui nous tombe comme révélations sur le coin de la cervelle depuis deux mois, lui répond Gi-Ja d'une voix douce et posée. Au contraire, c'est la première proposition qui me donne l'impression de ne pas subir les événements les bras ballants. Regard un tantinet malicieux. Je prépare mes dés de 20, vous croyez ? Il corrige cette attitude familière aussitôt. J'accepte, bien sûr. Merci d'avoir pensé à moi.

Et tant pis si le Major le sous-estime : ce qu'il prend pour de la stabilité, n'est juste de l'anesthésie mentale.

- Et donc mon ancienne unité sera la première à travailler en équipe avec celle du Sergent-Colonel Sparklewhite. Les "Dragons d'Emeraude". Tu parles d'un nom clinquant...
- Très nom de guilde de jeux de rôle.
Je me marre en toussant ma fumée et fais passer le tout avec une gorgée de café.
- Mais carrément ! Des sorciers…
- Ca explique sans doute !
- Le pire c’est qu’ils ont l’air d’en être fier ! Du coup j’ai pas voulu leur niquer le groove en leur disant que ça faisant nom de faction de Donjon et Dragons un peu datée… je reprends mon sérieux et le fixe un moment. Je sais que ça fait beaucoup et t’es pas obligé de me donner une réponse toute de suite mais qu’est-ce que tu penses de l’idée ?
- Non, ça fait pas "beaucoup".... Enfin pas plus que tout ce qui nous tombe comme révélations sur le coin de la cervelle depuis deux mois.

Je hoche la tête, sérieux à nouveau. J’aime la façon posée avec laquelle il parle. C’est le genre à ne jamais paniquer et à rassurer les autres j’imagine. Il possède une sorte d’aura de tranquillité que je lui envie. Même sur moi ça fonctionne un peu.

- J’en suis conscient. Vous avez eu la version hyper accélérée et brutale. Moi j’ai eu quelques temps avant de m’y faire à tout ce bordel. La première fois, je me suis farci des vampires. Avec de l’aide évidemment, sinon… addio maggiore ! Je finissais en hors d’œuvre à sangsue. Ce qui aurait été franchement donner de la nourriture aux cochons !
- Au contraire, c'est la première proposition qui me donne l'impression de ne pas subir les événements les bras ballants.
- C’est exactement ça, Cosgrave ! J’en ai ma claque qu’on nous envoie au casse-pipe dans le noir et avec un casque anti-bruit. Je veux qu’on ait les moyens de se défendre, de compter pour quelque chose ! Je m’enflamme un peu. Mais ça vient des tripes. C’est vraiment ce que j’essaie de faire. Quand on retournera dans ce putain de brouillard et qu’on affrontera à nouveau ces saloperies, je veux qu’on ait les bonnes armes pour en sortir vivants et … bah… pas traumatisés.
- Je prépare mes dés de 20, vous croyez ?
Je ricane à nouveau.
- Non mais laisse tomber ce vouvoiement ! On a presque le même âge, c’est franchement ridicule… et ça me fait prendre dix piges d’un coup. Prends une pelletée de dés ! Je te préviens toute suite ton maitre du jeu parait un poil froidasse au premier abord mais elle est cool quand on gratouille un peu à la surface. Haussement d’épaule. Mais le plus important c’est qu’elle semble compétente pour vous inculquer ce qui nous manque comme infos pour survivre dans ce nouveau monde.

Survivre… ouais… ça va être ça maintenant. Plus vivre. On peut pas vivre avec un cœur en miette, si ?
- J'accepte, bien sûr.
Je me rends compte que j’ai pris une expression beaucoup trop à vif soudain et je me reprends en lui souriant franchement.
- Vrai ? Cool ! J’veux dire, je me gratte la gorge. Reçu, caporal ! J’aimerai que vous commenciez le plus tôt possible pour voir où ça nous mène. L’ancien lieutenant Finglas sera sur place les premiers temps et je viendrais vous faire des coucous de temps en temps pour agacer le Sergent-Colonel et voir comment se comportent mes pulcinos. Tu te sens d’attaque ?
- Merci d'avoir pensé à moi.

Je finis ma tasse de café et lui sourit à nouveau. Un peu trop étalé sur ma chaise pour paraitre respectable, je me berce lentement de droit à gauche en finissant ma clope.

- J’t’en prie. C’est pas qu’un cadeau, tu sais… faut se les farcir ces couillons… Le groupe est déjà bien soudé mais je te promets qu’on fera tout pour que tu te sens comme un coq en pâte. Bien… maintenant qu’on a fini avec l’officiel, j’aimerai bien savoir qui j’intègre vraiment à mon unité de déglingos un peu trop attachants pour mon propre bien. Je le fixe avec un sourire en coin. J’ai envie de savoir qui est Gi-Ja Cosgrave. J’ai lu ton dossier mais ça raconte pas tout. Carrément pas tout même. Je hausse les épaules. Je sais, c’est pas réglementaire… comme tes cheveux j’en envie de te dire… mais tu sais où je fous le protocole. Les états de service c’est bon pour nos colonels et non commandants, moi je veux savoir qui est l’homme derrière. Question de confiance, tu vois…c’est ma façon de fonctionner. T'as qu'à faire comme si on était dans un bar autour d'un verre... , je conclue avec un petit rire pour le détendre.

Je veux essayer d'évaluer son taux d’encaissement, ce qu’il a dû traverser dans la vie… tout ça, ça compte bien plus que les remarques impeccables qui jalonnent son parcours de soldat.

- J’en suis conscient. Vous avez eu la version hyper accélérée et brutale. Moi j’ai eu quelques temps avant de m’y faire à tout ce bordel. La première fois, je me suis farci des vampires.
- Au débotté ?
- Avec de l’aide évidemment, sinon… addio maggiore ! Je finissais en hors d’œuvre à sangsue. Ce qui aurait été franchement donner de la nourriture aux cochons !

Gi-Ja ne va pas lui donner tord. Sans cette fameuse aide providentielle, ils ne seraient pas là à deviser, à partager une cigarette, à se donner une illusion d'intimité.... "A me donner l'occasion de mater son cul de plus près..." Le caporal chasse aussitôt cette mauvaise pensée en la noyant avec une gorgée de café.

- Au contraire, c'est la première proposition qui me donne l'impression de ne pas subir les événements les bras ballants.
- C’est exactement ça, Cosgrave ! J’en ai ma claque qu’on nous envoie au casse-pipe dans le noir et avec un casque anti-bruit. Je veux qu’on ait les moyens de se défendre, de compter pour quelque chose ! Quand on retournera dans ce putain de brouillard et qu’on affrontera à nouveau ces saloperies, je veux qu’on ait les bonnes armes pour en sortir vivants et … bah… pas traumatisés.

Fasciné, le jeune artificier contemple Caleb s'allumer comme une torche, exploser comme une bombe, se consumer comme un fétu de paille. Tout ce qu'il n'est pas. Cette passion viscérale est magnifique à observer. Son supérieur est comme un brasier brulant dont l'impétuosité l'attire irrémédiablement.

- J'émets des réserve sur la partie traumatisme, mais au moins on aura de quoi riposter et agir. C'est une bonne chose.... Je prépare mes dés de 20, vous croyez ?

Ce rire... Difficile de ne pas le trouver contagieux. Il aimerait bien l'enregistrer pour ces moments où il a l'impression que son existence est vaine, juste pour attraper un peu de la chaleur de sa flamme.

- Non mais laisse tomber ce vouvoiement !
- Peut-être, avec le temps. Mais ça va être compliqué. On m'a seriné le respect de la hiérarchie avant même que je ne sache marcher.
- On a presque le même âge, c’est franchement ridicule… et ça me fait prendre dix piges d’un coup.
- Vous ne faites pas vos quarante ans, Major, rétorque Gi-Ja avec humour.
- Prends une pelletée de dés ! Je te préviens toute suite ton maitre du jeu parait un poil froidasse au premier abord mais elle est cool quand on gratouille un peu à la surface.
- Je jouerais de mon charme stoïque.

Ces dames le trouvent en général rassurant, fiable et galant, puis elles se lassent de sa présence impavide. Elles prennent son calme imperturbable pour du désintérêt.
Elles ont parfaitement raison.

- Mais le plus important c’est qu’elle semble compétente pour vous inculquer ce qui nous manque comme infos pour survivre dans ce nouveau monde.
- Parfait ! J'accepte, bien sûr.
- Vrai ? Cool ! J’veux dire... Reçu, caporal ! Cosgrave a un petit pouffement. J’aimerai que vous commenciez le plus tôt possible pour voir où ça nous mène.
- Entendu, je suis prêt dès à présent.
- L’ancien lieutenant Finglas sera sur place les premiers temps...
- Je ne l'ai jamais rencontrée mais mon père connait très bien le sien.
- ...et je viendrais vous faire des coucous de temps en temps pour agacer le Sergent-Colonel et voir comment se comportent mes pulcinos. Tu te sens d’attaque ?
- Toujours ! Merci d'avoir pensé à moi.
- J’t’en prie. C’est pas qu’un cadeau, tu sais… faut se les farcir ces couillons… Le groupe est déjà bien soudé mais je te promets qu’on fera tout pour que tu te sens comme un coq en pâte. Bien… maintenant qu’on a fini avec l’officiel, j’aimerai bien savoir qui j’intègre vraiment à mon unité de déglingos un peu trop attachants pour mon propre bien.

L'artificier se redresse imperceptiblement sur son siège. Il n'est pas sûr d'apprécier la tournure que prend l'entretien.

- J’ai envie de savoir qui est Gi-Ja Cosgrave.
- Pas un déglinguos, du coup. Petite grimace d'excuse. Je reste quand même ?
- J’ai lu ton dossier mais ça raconte pas tout. Carrément pas tout même. Je sais, c’est pas réglementaire… comme tes cheveux j’en envie de te dire… mais tu sais où je fous le protocole.
- J'ai vu, oui. Et je compte les laisser encore pousser, à titre d'information.
- Les états de service c’est bon pour nos colonels et non commandants, moi je veux savoir qui est l’homme derrière. Question de confiance, tu vois…c’est ma façon de fonctionner. T'as qu'à faire comme si on était dans un bar autour d'un verre...

Gi-Ja s'accoude sur ses genoux, avec un malaise évident. Il souhaite plus que tout gagner la confiance du Major, mais n'est pas capable de se dévoiler de la sorte.

- Je ne suis pas quelqu'un de très intéressant, .... Caleb. C'est la première fois qu'il ose l'appeler par son prénom et il se sent presque rougir de la transgression. Désolé, vous avez dit de faire comme dans un bar, je ... je ne vais pas boire un coup avec mes supérieurs en général. Silence embarrassé. Je ne suis pas très doué pour parler de moi... Ne m'en veuillez pas, d'accord. Il se mordille la lèvre, le regard fuyant. Je suis du genre pudique. Dans ma famille, on étale rien en public, on garde tout en dedans. C'est très... Coréen. Petit ricanement gêné. Il fume pour se donner contenance. Posez... Pose-moi des questions, je ferais du mieux que je peux pour y répondre.

Et trafiquer la réalité, au besoin.

J’avais réussi à le détendre un peu, à lui soutirer rires et sourires et v’là que mon gars se recrispe de partout. Je vois bien qu’il est du genre discret et hyper respectueux de la hiérarchie mais y’a un je ne sais quoi chez lui qui picote mon rebelle intérieur. Soit parce qu’il s’agace de le voir si policé, soit parce qu’il reconnait des trucs similaires en lui. J’ai pas encore statué. Du coup je persiste et signe.

- J’ai envie de savoir qui est Gi-Ja Cosgrave.
- Pas un déglinguos, du coup. Je reste quand même ?
J’ai une petite moue en secouant légèrement la tête.
- Pas encore, Gigi, mais ça va venir ! Petit clin d’œil de connivence. Garanti. J’ai lu ton dossier mais ça raconte pas tout. Carrément pas tout même. Je sais, c’est pas réglementaire… comme tes cheveux j’en envie de te dire… mais tu sais où je fous le protocole.
- J'ai vu, oui. Et je compte les laisser encore pousser, à titre d'information.
- Cool ! P’tit rebelle va ! Je passe les doigts dans ma propre tignasse trop épaisse. C’est pas moi qui vais te le reprocher. Par contre, t’approche pas trop près de Devane, il a la tondeuse facile cet abruti. Je me penche vers le bureau et écrase mon mégot pour lui souffler. Les états de service c’est bon pour nos colonels et nos commandants, moi je veux savoir qui est l’homme derrière. Question de confiance, tu vois…c’est ma façon de fonctionner. T'as qu'à faire comme si on était dans un bar autour d'un verre...

Je l’observe avec un large sourire. L'exercice a pas l'air simple. Bizarrement je trouve ça un peu triste. Et la tristesse je commence à en déborder, donc je m'applique pour le détendre à nouveau. Le charme ça me connait après tout.  

- Pas facile hein…
- Je ne suis pas quelqu'un de très intéressant, .... Caleb.
J’éclate de rire et sort une nouvelle clope que je lui tends avant de me réinstaller comme un pacha sur mon siège.  
- Cadeau ! Pour avoir su m’appeler par mon prénom. Je le trouvais franchement naze avant mais plus on le prononce et plus je me dis que ça aurait pu être pire. Du coup, t’étonne pas si on me donne du Jenson quand on est avec les gars. Mais Caleb, c’est cool…Pour le reste... le fait que tu sois pas intéressant, laisse moi donc juger sur pièce tu veux ?
- Désolé, vous avez dit de faire comme dans un bar, je ... je ne vais pas boire un coup avec mes supérieurs en général.
Je roule des yeux.
- Ce vouvoiement me colle des frissons d’horreur. Je relève ma manche de veste pour lui montrer. Tiens regarde-moi ça !  
- Je ne suis pas très doué pour parler de moi...
J’ouvre de grands yeux faussement étonnés.
- J’aurais pas deviné, dit donc ! Tu fais comment pour tes rencards ? Remarque t’as peut-être pas besoin de beaucoup parler. L’avantage des belles gueules.
- Ne m'en veuillez pas, d'accord.
- Promesso ! je fais, une main sur le cœur.
J’ai l’impression d’être un prof qui interroge un élève qui n’a pas révisé, c’est mignon tout autant qu’amusant.
- Je suis du genre pudique. Dans ma famille, on étale rien en public, on garde tout en dedans. C'est très... Coréen.
- Tu devrais passer quelques heures avec ma grand-mère, je ricane. Italienne. C’est juste tout l’inverse. Elle sort tout. Tout le temps et elle s’arrête jamais. Mais pudique ça me va… ça va me changer !
- Posez... Pose-moi des questions, je ferais du mieux que je peux pour y répondre.
Je plisse les yeux, l’air malicieux.
- Ouhh on se la joue speed dating alors ! Ok… Je tapote mon menton. Pour être fair t’as le droit de m’en poser en retour. Ça fera moins interrogatoire.
Je réfléchis un instant et commence par un truc simple, presque professionnel.
- Pourquoi tu t’es engagé ? J’veux dire… t’as suivi la tradition familiale ou c’était un vrai désir de ta part ? Tu t’y plais où tu regrettes ?

"Belle gueule", "Speed dating", autant de termes ambigües, jetés avec humour en pâture à la bête qui sommeille en lui. Gi-Ja a des papillons dans le ventre dès que Caleb prononce ce genre de mots. Les miettes deviennent vite un festin lorsqu'on est condamné à simplement toucher avec les yeux. Le soldat se flatte, quoi qu'il en soit, de pouvoir être "reposant" pour le Major. Par les temps qui courent c'est un luxe. Et puis, qui sait, sa présence deviendra-t-elle indispensable. Un soupçon de "quiétude coréenne" dans sa vie mouvementée "à l'italienne".

- Pour être fair t’as le droit de m’en poser en retour. Ça fera moins interrogatoire.

Petit rire si léger qu'on dirait juste une respiration un peu plus sonore.

- Ok, si v...tu veux.
- Pourquoi tu t’es engagé ?  Sempiternelle question. Gi-Ja a sa réponse déjà toute prête. J’veux dire… t’as suivi la tradition familiale ou c’était un vrai désir de ta part ?
- Un peu des deux. Mon père est dans la Maison depuis longtemps et j'ai baigné dans l'armée avant même de savoir marcher. On peut dire que j'ai été bercé avec des chants patriotes et des récit de batailles. Mais plus que ça, j'ai une admiration sans borne pour mon père et son travail sur le terrain. Je voulais en être, me sentir utile.
- Tu t’y plais où tu regrettes ?
- Ca fait deux questions d'affilé, ça, s'amuse-t-il. Au début je cherchais un peu ma place. : l'armée c'est vaste, ça couvre un paquet de domaines de compétence. Ma mère voulait pas que j'aille directement au front, du coup j'ai voulu la tranquilliser en bossant plutôt dans le soutien, dans les munitions... et j'ai découvert la pyrotechnie. J'ai appris non seulement que j'aimais faire exploser des trucs, mais que j'étais plutôt doué pour ça.

Gi-Ja ponctue d'un petit rire parfaitement chronométré. Combien de fois a-t-il cité cette tirade à ceux qui voulait l'entendre ? C'est si facile de contrefaire la réalité. Les gens ne s'intéressent jamais vraiment aux autres, ils se contentent d'effleurer la surface. Creuser, se serait s'éloigner de sa propre petite personne, cela demanderait bien trop d'investissements. Le jeune homme offre donc ce que chacun souhaite entendre, en s'adaptant à son interlocuteur.

- Et toi alors ? Tu as une réputation... plutôt sulfureuse, avant même d'être Major.

- Un peu des deux. Mon père est dans la Maison depuis longtemps et j'ai baigné dans l'armée avant même de savoir marcher. On peut dire que j'ai été bercé avec des chants patriotes et des récits de batailles. Mais plus que ça, j'ai une admiration sans borne pour mon père et son travail sur le terrain. Je voulais en être, me sentir utile.

Je le regarde par en-dessous en me berçant toujours sur ma chaise. Mes doigts ont trouvé un pauvre stylo que je fais valser autour de mes doigts comme les cancres au fond de la salle de classe. Je fais la moue, sceptique.  

- Tu m’as pris pour un recruteur ? C’est ta réponse ça ? Pour de vrai… genre de vrai ??? T’étais fan de ton père ?

Après tout c’est pas parce que le mien était franchement à chier qu’ils le sont tous. Mais je sais pas…ça sonne … faux ? Sans doute parce que ces jolies paroles s’accompagnent de rien. Pas de pétillement dans les yeux, pas de sourire, pas de visage transcendé par l’admiration paternelle.
Mais pour le moment je ne dis rien et poursuis.

- Tu t’y plais où tu regrettes ?
- Ca fait deux questions d'affilé, ça.
Haussement d’épaules et sourire en coin.
- Les règles c’est fait pour être transgressés. Et puis c’est moi qui décide non ? Sois mignon et réponds à ton Major.
- Au début je cherchais un peu ma place. : l'armée c'est vaste, ça couvre un paquet de domaines de compétence. Ma mère voulait pas que j'aille directement au front, du coup j'ai voulu la tranquilliser en bossant plutôt dans le soutien, dans les munitions... et j'ai découvert la pyrotechnie. J'ai appris non seulement que j'aimais faire exploser des trucs, mais que j'étais plutôt doué pour ça.
- Mmm mmmm…

Je balance mon stylo dans son pot – dans le mille – observe le caporal, longtemps, plisse les yeux et me penche soudain.

- Hormis la dernière phrase y’a quelque chose de vrai là-dedans ? Je veux bien croire qu’il faut aimer faire péter des trucs pour être artificier… et être un peu givré on va pas se mentir. Note que j’aime les gens givrés, on s’ennuie jamais avec eux. J’ai un petit rire. On dirait un discours d’entretien d’embauche tout policé, tu vois ? Je suis pas là pour te juger tu sais ! T’as le droit de me dire que ton père était un emmerdeur de première comme celui de Finglas et qu’il t’a forcé à t’engager ! Enfin ce que j’essaie maladroitement de dire parce que j’ai les neurones HS c’est qu’on a tous des failles et des gros squelettes dans le placard. Mais moi, j’trouve que c’est ça qui rend les gens intéressants. T’as pas besoin d’être un bon petit soldat parfait dans mon unité.

- Et toi alors ? Tu as une réputation... plutôt sulfureuse, avant même d'être Major.

Je joue des sourcils, aguicheur avant de me relever pour refaire un café. Si je pouvais en avoir en intraveineuse, ça serait plus simple.  

- Oh oui, je suis l'incarnation démoniaque à moi tout seul ! Qu’est-ce que tu veux que je te dise ! Faire enrager les gens c'est un passe-temps comme un autre - et un moyen de protéger ceux que j'aime - Un autre café ? Faut croire que je suis né pour l’insolence et l’insubordination. Ça m’a pas trop mal réussi, j’dois dire. Le plus ironique, c’est que je suis rentré dans l’armée pour « m’assagir ». J’éclate de rire. Ouais j’étais pire avant. Le genre de gosse tête à claque qui cherche les emmerdes et les trouve le plus souvent. Une petite frappe à la con qui se prenait pour le roi du bitume ! Et puis j’ai eu un électrochoc et ma grand-mère m’a clairement dit que si je me bougeais pas le cul je finirais comme mon paternel. Et ça c’était hors de question. Comme les études ça me gonflait et que j’avais besoin d’un cadre…disons strict, je me suis engagé. Moi c’est du film Black Hawk Down dont je suis fan, j’avoue avec un sourire de dérision. Sauver le monde ! Tu parles de conneries toi…
Je m’enfile une gorgée de caféine avec un claquement de langue appréciateur. Le deuxième est toujours meilleur.
- On m’a dit que tu faisais hyper bien la bouffe ! Tu me cuisineras un truc ? J’adore découvrir de nouvelles saveurs. En échange je te ferai goûter la cuisine de Nonna… sans mentir, elle déchire tout. Petit silence. C’est quoi ton souvenir le plus marquant ? je balance soudain en passant du coq à l’âne pour l’empêcher de trop réfléchir à ses réponses.

- Hormis la dernière phrase y’a quelque chose de vrai là-dedans ?
- Demande à ma mère, réplique Gi-Ja sur le même ton, un léger sourire en coin.
- Je veux bien croire qu’il faut aimer faire péter des trucs pour être artificier… et être un peu givré on va pas se mentir.

L'artificier s'octroie le droit de ricaner. Il n'ira pas contredire le Major sur ce point : il a une attirance défouloir pour la pyrotechnie qui n'a rien de très sain.

- Note que j’aime les gens givrés, on s’ennuie jamais avec eux.
- Tant mieux dans ce cas.
- On dirait un discours d’entretien d’embauche tout policé, tu vois ? Je suis pas là pour te juger tu sais ! T’as le droit de me dire que ton père était un emmerdeur de première comme celui de Finglas et qu’il t’a forcé à t’engager ! Enfin ce que j’essaie maladroitement de dire parce que j’ai les neurones HS c’est qu’on a tous des failles et des gros squelettes dans le placard. Mais moi, j’trouve que c’est ça qui rend les gens intéressants. T’as pas besoin d’être un bon petit soldat parfait dans mon unité.

Le caporal Cosgrave se contente de hausser les épaules.

- Peut-être que je suis juste pas un gars intéressant. Ca corroborait les dires de ma dernière copine...Peut-être aussi que je suis archinul pour les confidences. Il grimace. Je suis pas à l'aise pour causer de moi... Faudra juste, découvrir sur le tas l'état de mes placards. Je suis sincèrement désolé si ça te déçoit...... Et toi alors ? Tu as une réputation... plutôt sulfureuse, avant même d'être Major.
- Oh oui, je suis l'incarnation démoniaque à moi tout seul ! Qu’est-ce que tu veux que je te dise....

Contrairement à lui, Caleb Jenson n'éprouve aucune difficulté à se confier. Il étale sa vie, ses frasques et même "l'origin story" de son engagement dans l'armée. Gi-Ja est impressionné par l'aisance de cette logorrhée et son naturel déconcertant. Il est bien incapable d'une telle débauche de sincérité.

- On m’a dit que tu faisais hyper bien la bouffe ! Tu me cuisineras un truc ?

Le visage du caporal s'éclaire d'un enthousiasme non feint, qui fait pétiller l'amande de ses yeux.

- Carrément ! Ce serait avec plaisir.
- J’adore découvrir de nouvelles saveurs. En échange je te ferai goûter la cuisine de Nonna… sans mentir, elle déchire tout.
- Banco !
- C’est quoi ton souvenir le plus marquant ?

Gi-Ja fronce les sourcils.

- A quel niveau  ? En terme d'affectation, tu veux dire ? Ou en général ? Parce que, personnellement, je vais difficilement trouver plus marquant que des monstres dégeulasses qui lâchent des larves dans la gorge de types encore vivants.... lâche-t-il avec un cynisme tranquille.

- Peut-être que je suis juste pas un gars intéressant. Ça corroborait les dires de ma dernière copine...
Je me marre copieusement.
- S’xcuse hein mais j’ai pas vraiment le temps de checker les avis des ex. Et j’suis pas certain que ça soit une source hyper fiable.

Heureusement que j’en ai pas. L’avantage des coups d’un soir c’est que tu restes pas assez longtemps pour qu’elle ait un avis sur le fait que tu sois intéressant ou pas.

- Peut-être aussi que je suis archinul pour les confidences.
- J’dirais plutôt ça d’instinct, tu vois.
- Je suis pas à l'aise pour causer de moi... Faudra juste, découvrir sur le tas l'état de mes placards.
Je joins mes doigts les uns contre les autres avec une expression digne d’un méchant de James Bond. Manque plus que le chat sur les genoux.
- Da ! Nous trouverons les moyens de vous faire parler, Agent Cosgrave, je déclare avec un faux accent russe que je trouve personnellement nul.
- Je suis sincèrement désolé si ça te déçoit…
- J’ai l’air déçu ? Noooon j’suis comme un gosse devant un gros coffre barder de cadenas. Sûr que le trésor dedans vaut le coup, non ? Sinon LA je serai déçu.
- Et toi alors ? Tu as une réputation... plutôt sulfureuse, avant même d'être Major.

Je lui déballe donc les grandes lignes pour le mettre à l’aise. Pour lui prouver qu’en effet, je peux absolument pas attendre de mes soldats qu’ils soient parfaits parce que je suis bien loin, mais alors à des kilomètres, de l’être !
Je rembraie sur la bouffe et sans transition BAM une autre question.

- A quel niveau ? En terme d'affectation, tu veux dire ? Ou en général ?
- Surprends moi !
- Parce que, personnellement, je vais difficilement trouver plus marquant que des monstres dégueulasses qui lâchent des larves dans la gorge de types encore vivants…
A mon tour de grimacer.
- Quoi ? T’as pas eu le droit aux papillons dévoreurs de chair humaine ? Rhaaa t’as loupé un truc, je déclare sur le même ton que lui. Quoique le coup de la ponte dans la bouche ça a l’air d’être pas mal non plus. Très alien tout ça. Un plagiat honteux même.
Je me redresse sur mon siège et prend un air plus sérieux.
- T’as pas vu… les illusions ? je demande sans plus aucune ironie. Franchement, c’est bien le truc le plus flippant je crois. Ca te montre ce que tu veux voir ou ton pire cauchemar… c’est selon. Je passe une main foutrement lasse sur mon visage. Bref y’a du boulot jusqu’à ce qu’on soit capable de retourner là-dedans sans subir autant de perte. Mais maintenant on a l’option « ta gueule c’est magique » de notre côté aussi … on va dire qu’on a une chance d’y arriver ?
Je lui souris plus franchement, me lève et lui tend une main.
- Quoi qu’il en soit… bienvenue dans l’unité Jenson, Gi’ ! J’peux t’appeler Gi’, hein ? Je lui fais un clin d’œil. Techniquement, elle s’appelle pas comme ça, mais Devane a lancé la mode et… c’est resté. Allez viens, j’vais te présenter à ma p’tite bande de joyeux lurons !

Mon instinct me souffle que j’viens de faire le bon choix avec lui.
Mon p’tit Gi’, j’te sens bien mec !
Toi et nous, ça va le faire.