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Lun 9 Mar - 16:37
Ah, il n'y a pas plus belle agitation que les rues vrombissantes pleines chairs à brûler ! Le soleil poudre et marque chacun de leur visage cimenté par le quotidien de manière absolument délicieuse. Que de rayons sur leurs faces blêmes ! Que de rehaussement de couleurs, adieu le terne, bonjour les émois de teints rougeoyants ! Splendide, absolument splendide. Tout ce petit paquet de combustibles ambulants battent le pavé façon foule en dérive. Mon humble personne est immiscée dans ce flot déambulatoire, suivant le rythme de l'air fredonné à mes lèvres. Mon pas est léger, primesautier. Je souris à qui le veut bien, aux enfants, aux mères, aux chiens. Aujourd'hui, après tout, est une superbe journée ! Un jour de fête !
Des retrouvailles en grande pompe, à honorer dignement. Dans mes yeux cristal bouge l'Enfant, quelques mètres en avant. Je scrute son dos et son trajet depuis bien une heure. Mes toutous à ma botte sont restés bien plus discrets quand moi, trop avide de l'observer, je me suis dangereusement approché.
Nathan a bien grandi.
Incroyablement bien grandi.
Un peu moins d'un an que je l'ai laissé filé hors du champs de ma surveillance. J'étais bien trop exalté à l'idée ce que cette ville allait faire de lui. De ce à quoi notre sublime famille allait bien pouvoir ressembler.
Mon cœur papillonne de mille images fantasmées. Je vais enfin pouvoir m'enquérir avec lui des dernières nouveautés. Alors, alors, petit, tu es content pas vrai ? Tu as eu ce que tu voulais ? Je reviens bientôt à la maison pour vous retrouver.
Toi et ton Second Papa.
Et nous serons terriblement heureux, tu sais ? Tout les trois.
Je stoppe net ma course quand je l'aperçois entrer dans un café. Un coffee shop d'étudiants. Un pittoresque petit établissement dégoûtant aux moulures trop modernes et à la population fumante et bien trop vulgaire. J'arque un sourcil dépité et soupire un peu. Qu'est-ce qu'on ne ferait pas pour sa progéniture... Mes deux compères me délaissent, tout en restant bien postés en sentinelles dociles, tandis que je pénètre à l'intérieur. L'odeur me prend à la gorge. Mélange de sucre raffiné et de café bon marché. Au secours. Ça empeste la pauvreté !! Nathan, mon chéri, je t'offrirai le goût d'un luxe bien plus prononcé. C'est urgent !
Voilà que je te retrouve à une table à laquelle je m'assois sans demander mon reste. Croiser ton regard est une chance valant tout les trésors de Sabbah. Mon ton se confond en tremblements enthousiastes de gamin émerveillés. Je suis presque ému d'une telle rencontre après tant d'années. Tes yeux sont sublimes, mon garçon !
« Salut toi ! J'espère que tu n'attendais personne ! Bon au pire, c'est pas très grave hein... ! »
Mes joues s'élèvent d'un sourire marqué. Je hèle une serveuse à proximité. Elle a l'air d'une bonne fille malgré son air commun. Elle doit avoir un prénom terriblement banal.
« Molly, ma biche, s'il te plaît apporte-nous un chocolat chaud au caramel pour lui et un double expresso pour moi. Avec un nuage de lait, merci ! - Je, euh... Je m'appelle Karen, monsi-... - MERCI Molly, tu es un ange ! »
Je détourne mon attention vers plus important. Mon menton repose dans ma paume alors que je souris toujours, à l'observer, passionnément désinvolte. Mais... il n'a pas l'air ravi. Ma tête se penche sur le côté. Mon expression s'inquiète d'une telle froideur. Pourquoi ?
« … Tu tires une de ces gueules. Un problème ?... T'aimes pas le caramel, c'est ça ? » Aurais-je commis une fausse note quelque part ? Me serais-je trompé ?
Impossible. Tu apprendras, fiston, Que ton père a toujours raison.
Nathan Brunelle
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Mar 10 Mar - 13:16
◈الاب الضال◈ "Le Père prodigue" Everybody knows it's coming apart Take one last look at this Sacred Heart Before it blows And everybody knows Everybody knows, everybody knows That's how it goes
Le monde m’apparaît moins brumeux en cette après-midi dominicale. A moins que mon cœur aérien influe sur ma vision. Il est bien léger depuis que mon audace a porté ses fruits. Je n'aurais jamais cru être ainsi exaucé par le cour des événements. Pourtant l'évidence est là : elle forme cette petite boule de chaleur qui ne s'éteint jamais, prisonnière de mes côtes. Cette incandescence m'offre une quiétude jusque là, jamais atteinte. Je m'évertue à penser qu'elle n'est pas mauvaise.
Que ces sentiments ne sont pas toxiques. Que notre connexion n'est pas nocive.
Elle ne peut pas être un stratagème de mon père pour torturer Amon. Il a l'air tellement plus naturel et heureux depuis que nous nous sommes sommes découverts ce lien, ces émotions, cet attachement. Oserais-je déjà qualifier cela d'Amour ?
Si j'avais la confiance et l'insolence du courage qui va avec.
Si c'est là une instrumentalisation de Nadim, elle s'avérerait dévastatrice. Ce serait terriblement monstrueux et tordu. Et pourtant, même si les probabilités sont faibles et les mobiles incohérents, l'idée trotte dans un coin sombre de ma cervelle, indécrottable tumeur.
J'ai besoin de causer à Hui.
Je m'installe comme d'ordinaire, dans un petit coffee shop du centre, sympathique et familial. Je pose mon ordinateur portable sur une des tables libres, sourire au lèvres, humant l'agréable odeur de café et de crème. J'ouvre l'écran et et en route ma machine. J'éspère qu'Hui n’est pas occupée au restaurant...
- Salut toi ! - Bonjour ! fais-je un peu surpris par la vivacité de l'interpellation. - J'espère que tu n'attendais personne ! J'affiche un sourire amusé par le dynamisme de l'énergumène. - Bon au pire, c'est pas très grave hein... ! - Non je t'en prie, installe-toi... Dis-je en lui désignant la chaise qui me fait face.
Le jeune homme (est-il vraiment si jeune ? Ses yeux me semblent infiniment plus mûres que son attitude primesautière.) est de petite taille, le geste vif, d'une grandiloquence nerveuse, et habillé avec un soin excessif, quasi hors de prix. Il jure dans le décor par son absence totale de simplicité.
Une sensation de familiarité me picore l'arrière de la nuque.
- Molly, ma biche, s'il te plaît apporte-nous un chocolat chaud au caramel pour lui et un double expresso pour moi. Avec un nuage de lait, merci !
Je fronce les sourcils. Dans le dessin anguleux de ses pommettes, dans la malice de son son sourire, dans la couleur de ses prunelles intelligentes, je distingue une concordance qui me chatouille la mémoire. - Je, euh... Je m'appelle Karen, monsi-... - MERCI Molly, tu es un ange !
Il la congédie avec un mépris qui me claque la cervelle tel un fouet. Ces traits d'expressions sont ceux que me renvoie le miroir chaque matin.
Déglutition.
-… Tu tires une de ces gueules. Un problème ?... T'aimes pas le caramel, c'est ça ?
Je le fixe sans détour. Malgré la sueur glacée qui dégringole mon dos, malgré la poigne qui me tord violemment les boyaux, je ne faiblirais pas.
- Non, ça n'est pas un problème, j'ai le bec plutôt sucré. Je t'ai juste trouvé quelque peu indélicat avec cette demoiselle, "papa".
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الحب
Farah Crescent
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Embrumés
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Mar 10 Mar - 14:17
Il est beaucoup trop trognon avec son émoi palpable, mon petit garçon. Sa bouille de gamin est troublée, on dirait qu'il y a un grand cri à la lisière de ses lèvres bien dessinées, un hurlement frustré d'être contenu. Ça me pousse à sourire davantage. J'ai le cœur qui vibre à ses mots.
« Papa. »
Oh, comme il est intelligent. Brillant. Mon fils, indéniablement. Ma bouche s'élargit et s'exclame d'un petit rire satisfait. Je hausse cependant les épaules. Cette serveuse est déjà de l'histoire ancienne.
« Moi ? Mais j'ai été très poli, je ne vois ce que tu veux dire... » Je l'ai même baptisée d'un prénom plus approprié. Je ne vois pas le mal, vraiment. Tu t'attardes bien trop sur des facéties facultatives.
Hâtons-nous vers le plus important. Je fixe ces prunelles claires et limpides qui se reflètent dans les miennes. Des bijoux d'argent scintillant à la lumière d'hiver. Cet écho me ravit au plus haut point.
« Si tu savais depuis combien de temps j'attendais que nous nous rencontrions, Nathan... » Ton intime, susurré. Je ne cesse pourtant de sourire. Une folle envie de le prendre dans mes bras vient à poindre mais ne grillons pas les étapes. Les gosses de sa génération ne sont pas fans des parents lourdingues. Je brûle pourtant d'une envie indicible de lui parler de tout et de rien. Volubile, très certainement inconscient, mais diable, ce n'est pas le moment d'être raisonnable, pas vrai ? « J'ai tout un tas de choses à rattraper, c'est fou ! Je ne sais pas par où commencer, j'ai bien... oh, un bon millier de questions à te poser ! Bon, déjà, les Brunelle, ça va ? Ils doivent commencer à se faire vieux à force. Et Paris ne te manque pas trop ? Oh et la petite Hui, j'espère que tu lui donnes des nouvelles régulièrement... Vous aviez l'air de tellement bien vous entendre tout les deux, ce serait dommage de ne pas lui raconter tes aventures ici ! »
J'aborde un nouveau rire quand je suis coupé par Molly, de retour à notre table avec nos boissons. Je lui flanque une expression d'amabilité versatile quand elle, cette guenon en guenilles, me toise un peu trop froidement. Oh, on dirait bien que je l'ai vexée. Pauvre bichette.
Je remue le lait dans le liquide sombre, au rythme d'un air de jazz fredonné. Ma joie demeure inaltérable, si bien qu'elle en écarte le reste. Alors que je goûte à ce dégoutant café de la plèbe, mon regard s'ouvre brusquement, réalisant l'impensable.
« Mais où ai-je la tête ?? J'en oublie l'essentiel !! »
Je fouille au fond de la poche interne de mon cardigan. Le paquet est bien là. Je le dépose en face de lui, impatient qu'il ouvre son cadeau.
« ... C'est pour toi !! Bon anniversaire ! C'était récemment, non ? Je n'ai plus trop la notion des mois, tu sais, avec le temps hein ! »
Au pire, ce sera pour le prochain. Et celui d'après. Et celui d'encore après. Ou pour tout ceux que j'ai loupé. Une famille pour l’éternité.
« J'espère que ça te plaira ! ♡ »
Nathan Brunelle
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Mar 10 Mar - 18:48
- Si tu savais depuis combien de temps j'attendais que nous nous rencontrions, Nathan... - Tu as du raté ton train un sacré paquet de fois pour laisser filer plus de vingt ans....Fais-je avec un haussement de sourcil et un coin de sourire. - J'ai tout un tas de choses à rattraper, c'est fou ! Je ne sais pas par où commencer, j'ai bien... oh, un bon millier de questions à te poser !
Quelle comédie est-ce là ? Le bonhomme semble des plus sincère, ce qui me déroute. Ses expressions ne trahissent pas de mensonges et je ne vois que de l'enthousiasme fervent dans les grande prunelles claires qu'il m'a léguées. Me voilà confus.
Ne te laisse pas berner. Ton géniteur est dangereux.
-Bon, déjà, les Brunelle, ça va ? Ils doivent commencer à se faire vieux à force. - Tu t'en soucis sincèrement ? La réponse ne semble pas lui importer, il continue sur sa lancée. - Et Paris ne te manque pas trop ? Oh et la petite Hui, j'espère que tu lui donnes des nouvelles régulièrement... Je me raidis à la mention de ma meilleure amie. Depuis quand cet escogriffe m'espionne-t-il ? Sait-il pour moi et Amon ? Tout ceci n'est qu'une tentative de manipulation. Reste discret.Vous aviez l'air de tellement bien vous entendre tout les deux, ce serait dommage de ne pas lui raconter tes aventures ici. - Je comptais justement l'appeler avant que tu ne m'interrompes. Je vois que tu as su te garder informé malgré ton absence. Je suis curieux de savoir ce qui t'a tenu éloigné si longtemps de ton fils unique... Enfin, si je le suis vraiment. Dis-je avec ironie. On n’est jamais sûr de rien en ce monde. Je l'ai appris bien assez tôt, grâce à toi.
La serveuse coupe le rire irritant de mon père qui sonne à la fois insouciant et cruel. C'est d'une injustice crasse. J'avais besoin de lui à mes seize ans , quand perdu devant ma nouvel nature, je me croyais un monstrueux assassin. Pas maintenant. Plus maintenant. Je ne comprends pas où il souhaite en venir ni quel est le but réelle de sa démarche ? Me faire comprendre que je ne suis qu'un jouet ? Qu'il maîtrise bien plus de cartes que je n'en ai ?
Tout cela, je l'avais déjà assimilé, cher père.
- Mais où ai-je la tête ?? J'en oublie l'essentiel !!
Qu'est-ce qui peut paraître plus essentiel que vingt ans d'abandon et la forfaiture de toute une vie ?
- ... C'est pour toi !! Bon anniversaire ! C'était récemment, non ? Je n'ai plus trop la notion des mois, tu sais, avec le temps hein ! - ... La sénilité. Je compatis.
Je pousse un soupire et ouvre finalement le paquet qui m'est tendu. Débauche de papiers dorés pour un écrin de cuir embossé. Le contenue est une rolex clinquante en or rose et cadran onyx. Je suis pris d'un petit ricanement cynique.
- J'espère que ça te plaira ! déclame le Monstre avec des cœurs palpables dans la voix. - Oh... très certainement. Une belle compensation pour une mère inconnue et un père absent. Ton égal, sourire froid. Je la mettrais dans la boite que tu m'as léguée, avec le reste. Merci.
Je referme la boite avec un claquement sec. Je joue quelques secondes avec le manche de ma petite cuillère puis je la plonge dans la chantilly nappée de caramel et la déguste plaisamment.
Je ne me laisserais pas démonter.
- Que veux-tu, "Papa" ? Est-ce parce que je suis arrivé à venir à bout de ton jeu de piste que tu reparais enfin ? Tu te considères comme le gros-lot de fin de parcours dont je peux enfin être digne ? fais-je très calmement en finissant de laper la crème fouettée en surplus.