Il y a trop de choses qui la frustre en ce moment.
Beaucoup trop.
Poudjinn la frustre parce que l'idéale qu'apprennent les Djinns là-bas ne reflète pas la réalité assez pour permettre à qui que ce soit de survivre.
Amon la fruste en ne lui donnant aucune information sur Nadim mise à part -Evidemment- qu'il faut protéger les personnes importantes de lui.
Ah oui, mais sans le tuer. Il s'agirait d'être le moins cohérent possible.
Surveiller constamment, et éliminer les menaces envoyées par un Jim Djinnique l'amuse moyennement.
Ca lui fait perdre un temps précieux et ça aussi, ça la frustre.
Elle n'aime pas cette situation et elle l'aime d'autant moins que sa volonté de se plier aux caprices de son père lui paraît hautement illogique, hautement stupide et dommageable à long terme.
Elle sait qu'il lui cache des choses, elle sait qu'elle n'a pas toutes les cartes en main.

Elle sait que tout ces paramètres lui font perdre de l'éfficacité. Et ça... Ca, c'est une épine dans son pied. Un douloureuse et agaçante épine.
Parce que Amon ne peut pas ne pas voir les tentatives incessantes de Nadim, les petits coups de pression. Amon est un poisson rouge mais ce n'est pas le pire d'entre eux. Il est même au dessus du banc.
Elle n'imagine même pas qu'il puisse être aussi aveugle à tout ce qui se passe autour de lui.
Dans tout ce marasme, le seul intérêt qu'elle y trouve, c'est les leçons de Nathan. Cet enfant est brillant et ça lui fait un bien fou de discuter avec quelqu'un d'un peu sensé dans cette histoire.

Ce n'est pas comme si elle frolait le Sheitan avec toute cette histoire... Même si ça reste sa décision.
Elle lance un regard noir au petit carnet rouge avant de le ranger dans la poche interieur de sa veste. Le poid est familier mais, depuis peu, il devient irritant.
Elle finit de préparer ses sacs, ils contiennent des mallettes en fer dans lesquels reposent ses dernières créations. Le client n'avait pas vraiment d'imagination mais retourner à son atelier, fabriquer et retrouver la logique brute d'une construction, l'a un peu apaisée. C'est dire à quel point elle en a marre de toute cette histoire.
La seule originalité du client, c'est qu'il a demandé à avoir une cible « réelle » pour tester.

Alors Enyo, profondément blasée de tout ça, a eu une petite idée pour ajouter une petite touche piquante à tout ça. Un retour à la glorieuse époque où elle fréquentait et jouait avec Jim.
Elle a contacté Klaudia. Un message simple, efficace, qui laissait voir des promesses d'amusement pour la femme aux ciseaux. Un message par une interface cryptée qu'elle a installé sur les mobiles de tous les gens importants. Elle ne désire pas laisser de trace.

« J'ai une livraison à effectuer. J'ai aussi besoin d'une cible. Ils n'ont pas précisés qu'elle ne devait pas répliquer. J'ai pensé à toi. »

Je roule une nouvelle fois sur ce tapis dont je connais intimement chaque poil. Soupir monotone. Je compulse une nouvelle fois la petite note froissée que je sers contre ma poitrine. Soupir plus monotone que le précédent. L'écriture biscornue et enfantine de Gontrand s'étale en quelques mots simples : "Pas là ! Je bourlingue avec Kaelig. Termine pas la grille de sudokoloriage sans moi. Bisettes !" Assorti d'un petit dessin de lui entouré de cœur, effectué avec les compétences d'un gosse de trois piges.

Couillon...
Je me demande toujours pourquoi tu t'es entiché de ce... "phénomène".
T'es là, toi ?
Visiblement.
Yvaiiin, je m'ennuie !!!!
Il y a une grille de sudokoloriage à finir...
Tu es le mal incarné.

Je suis sur le point de céder à cette vile tentation quand mon téléphone m'indique une notification : l'application pirate d'Enyo. La lecture du message étire les coin de mes lèvres, dévoilant une rangée de dent carnassières. Mes doigts triturent les touches pour une réponse piquante.

"J'aime quand tu m'écris ce genre de sexto, chérie..."

Yvain, les affaires reprennent !
Tu m'en vois ravi.
PLATEAU. PIONS. JOUEURS.
QUE LA PARTIE COMMENCE, ALORS...

***

Un menton se pose sur l'épaule d'Enyo alors que deux bras menus s'enroulent à sa taille. Je ne sais pas si elle m'a sentie approcher mais elle fait toujours mine de ne pas se retourner. Pour me faire plaisir, sans doute. Quelle adorable crétine ! Je lui lèche la joue pour la faire réagir et lui décoche un bécot-torpille au coin de la bouche.

- Coucou Enyo-jolie ! Alors ? Alors ? Que je piaille comme une gamine toure excitée par la perspective d'un jeu dantesque. Je peux choisir mon rôle ? J'ai réfléchi en chemin et je me suis dit : un gros lard inoffensif ça pourrait être intéressant pour les leurrer. Genre nerd indécrottable, ou alors une jeune fille style fugueuse. Classique, mais que veux-tu ? Si mes traqueur sont des mâles, ça excite toujours une petite proie baisable...Surtout que j'ai dans mon escarcelle, le physique de la petite Taur ! Une bombasse...

Petite vengeance pour m'avoir pris mon Gontrand alors que qu'il était sensé me distraire, moi !

Enyo s'occupe pour ne pas s'énerver. Elle travaille sur une babiole inutile mais qui la fascine par sa simplicité apparente. Un cube. Un gros cube en métal. Il tient en équilibre sur sa pointe qu'importe l'inclinaison, toujours droit par rapport au sol. C'est un jouet de plus dans la collection de la Djinn, elle en a créé des babioles en tout genres dans le seul but de les rendre insolites.
Bien entendu, elle entend Klaudia arriver. L'air se froisse avec ce mouvement caractéristique, entre le félin et la gamine. Elle continue son oeuvre, elle sait que Klaudia aime jouer et si Enyo n'est pas véhémente dans le jeu, c'est sa manière à elle de participer. Le menton de Klaudia se pose sur son épaule. Elle travaille toujours, concentrée. Elle lui lêche la joue et ça tire un sourire à Enyo qui lui lance un coup d'oeil avant d'être gratifiée d'un bisou.
Elle ne s'en formalise pas. C'est Klaudia et Klaudia fait toujours ce genre de chose. Elle oublie souvent qu'il est agréable de l'avoir dans le coin. En ce moment, elle pense de plus en plus à ce qui se passerait si elle rejoignait complètement Klaudia.
A vrai dire, elle n'est pas vraiment sûre de ce qui la retient. Son père, sans doute, mais pourquoi... Il n'a montré que de la condescendance à son égare, de la méfiance même. A moins qu'elle se trompe, les sentiments n'ont jamais été son fort. Tout ce qu'elle sait, c'est que la situation l'ennuie profondément. Les petits secrets d'Amon, les petits tour de Nadim... Elle en a marre et sait que ça pourrait être réglé si facilement.

-Coucou Enyo-jolie!
-Bonjour Klau.
-Alors ? Alors ?

Elle se retourne vers sa comparse qui sautille comme un cabris, les yeux brillants d'excitations. Ca lui rappelle d'autres temps. Ca lui rappelle l'excitation qu'elle ressentait à jouer avec Jim. Klaudia et Jim sont les exceptions. Avec eux, parfois, elle s'amuse. Plus qu'elle ne l'admet, en tout cas.

-Alors, on a un peu de temps avant de devoir partir.
-Je peux choisir mon rôle ?
-Où serait le plaisir si tu ne choisissais pas ton rôle ?
-J'ai réfléchi en chemin et je me suis dit : un gros lard inoffensif ça pourrait être intéressant pour les leurrer. Genre nerd indécrottable, ou alors une jeune fille style fugueuse. Classique, mais que veux-tu ? Si mes traqueurs sont des mâles, ça excite toujours une petite proie baisable... Surtout que j'ai dans mon escarcelle, le physique de la petite Taur ! Une bombasse...

Enyo penche la tête en l'écoutant. Ses mains s'agitent un peu dans le vide, comme si elle cherchait des dossiers dans un classeur. Ca dure à peine, juste le temps pour elle d'invoquer le souvenir. Elle revoit les hommes, ce qu'ils portaient, leurs attitudes, la manière qu'ils avaient de la dévisager.

-Si je leur ramène une cible facile, je doute qu'ils soient satisfaits... Pourquoi pas Vioréa Taur? Tout le monde la connait en ville et je me demande bien s'ils seront capables de quoique ce soit en la voyant...

Enyo s'étire un peu et se lève. Elle ouvre un des sacs, sort une de ses mallettes et l'ouvre.

-Ils vont tester ces armes-là. Automatiques, en soi l'arme est assez ennuyeuse... Pas très intéréssants. Les balles éclatent à l'impact. Une nouvelle génération de la balle Dum Dum. Rien de bien excitant. Je doute que tu te fasses toucher et je n'aime pas la façon dont ont ces poissons rouges de me prendre de haut.

Elle referme la mallette et la range.

-Ils testent, on leur apprend une petite leçon de vie et on partage l'argent. J'envoie un message aux autres abrutis pensant pouvoir me prendre de haut. Pour ça, il faudrait qu'ils vivent, au moins quelques uns.

-Si je leur ramène une cible facile, je doute qu'ils soient satisfaits... Pourquoi pas Vioréa Taur? Tout le monde la connait en ville et je me demande bien s'ils seront capables de quoique ce soit en la voyant...
- Chic ! Chic! Chic! fais-je en applaudissant d'enthousiasme. C’est une si jolie petite chose et une parfaite petite princesse au cul bordé de diamant. Ça va les exciter, pour sûr !

Je m'assoie tranquillement sur le bord de la table, jambe croisées, cambrure de pin-up. Je m'allume une clope avec la grâce indifférente des gravures de film noir. Puis, la nonchalance au bord des lèvres, je me penche sur le contenu de la mallette.

-Ils vont tester ces armes-là. Automatiques, en soi l'arme est assez ennuyeuse... Pas très intéressants. Les balles éclatent à l'impact. Une nouvelle génération de la balle Dum Dum. Rien de bien excitant.
- Les mâles et leur passions pour les grosses pétoires...Une arme blanche c’est tellement plus raffiné, tellement plus intime ! Tête renversée, je fais des ronds de fumée parfaits avec ma bouche en cœur qui s'en vont taquiner le plafond.
- Je doute que tu te fasses toucher
- Je doute qu'ils sachent seulement viser...
- ...et je n'aime pas la façon dont ont ces poissons rouges de me prendre de haut.

Petit rire pointu. Je pichenette son adorable petit nez.

J'ai toujours préféré Enyo à Gontrand.
Tu n'as pas à faire le moindre choix
puisque ce sont MES amis et pas les tiens.
Ce qui est à toi est à moi, ma douce.
Tu es à moi...
Va te faire foutre !

- Je te l'ai déjà dit mille-fois, Enyo-jolie ! Les hommes seront toujours persuadés d'être supérieurs aux femmes. Et puis, ils se retrouvent avec un ciseaux sous la gorge et des testicules en moins...
-Ils testent, on leur apprend une petite leçon de vie et on partage l'argent.
- Simple, efficace et promesse d'amusement ! J'adore, j'adhère !
- J'envoie un message aux autres abrutis pensant pouvoir me prendre de haut. Pour ça, il faudrait qu'ils vivent, au moins quelques uns.
- Ouiouioui, ne t'inquiète pas, je ne referais pas comme à Accapulco. Je m'étais un poil emballée... Mais avoue que l'étranglement avec ses propres tripes c'était super bien trouvé ! Nan ?

Sourire espiègle. Je l'aime mon Enyo quand elle prends la peine de s'éclater. J'aime quand on joue les Bonnie&Bonnie du crime. Le patriarcat n'a qu'à bien se tenir les valseuses, ça va swinguer !
Clope dans un coin de bec, je saute de la table en frappant dans mes mains.

- BON ! Je me change maintenant ou sur place ?

- Chic ! Chic ! Chic !

Klaudia est amusée, elle le sait. Ca, elle arrive à le lire sans mal. L'avantage de Klaudia, c'est qu'elle fait toujours l'effort de faire la démonstration de l'état d'esprit qu'elle veut transmettre. Non pas qu'il soit toujours véridique, non pas que ça soit exactement ce qui se trame dans son cerveau mais ça empêche Enyo d'avoir à jouer à ce "qui suis-je" des émotions. Ce jeu auquel elle s'adonne avec tout les autres et qui l'agace profondément. Elle écoute, mentalise, regarde et repère. Elle suit les micro-expressions, vérifie les postures... Ca ne prend pas forcément longtemps mais c'est irritant. Tous ces codes lui semblent absconds et ridicules. Tellement compliqué pour rien. Avec Klaudia, tout est plus simple, même quand elle ment, elle est claire comme de l'eau de roche. Enyo sait quelle partition jouer. Plus simple, tellement, tellement plus simple.

-C'est une si jolie petite chose et une parfaite petite princesse au cul bordé de diamant. Ca va les exciter, pour sûr !
-Si tu le dis. Elle m'a l'air insupportable mais si ça sert notre cause...

Elle a vu passer les posts sur les réseaux sociaux. Elle a vu passé les inévitables articles sur la jeunesse dorée. Il est évident pour Enyo qu'il y a un manque de structures et un manque de respect de soi. Un constat simple, sans conséquence. Pas sa vie, pas son problème. Un poisson rouge parmi tant d'autres et qui se pense original et révolutionnaire quand il nage un peu à contre-courant.

-Les mâles et leur passions pour les grosses pétoires... Une arme blanche c'est tellement plus raffiné, tellement plus intime !

Elle regarde la fumée monter en rond, l'air vibre avec la fumée. Il circonvolue autour de lui même, tourbillonne et s'entre-lace.

-Les trois m'indiffèrent. Les trois peuvent être ennuyeux à mourir. Archaïques même. Peu distrayant...

Son esprit passe en revue les commandes des derniers mois en même temps que les projets sur lesquels elle travaille. Elle soupire. Le manque d'ambition flagrant chez les poissons rouges l'ennuient. Pas autant que toute la situation autour de Amon. Pas le même ennui sans doute.

-Je te l'ai déjà dit mille-fois, Enyo-jolie ! Les hommes seront toujours persuadés d'être supérieurs aux femmes.
-Comme ils se trompent... C'est presque triste.

Presque. Pourtant, la djinn sourit. Ca l'amuse à vrai dire et elle n'a pas l'impression que ça s'arrête aux femmes. Les chasseurs se croient supérieurs aux chassés, les dominants aux dominés. Ca continue comme ça en spirale. Elle en fait sans doute parti, de cette spirale. Qu'importe. Elle n'a pas la prétention d'en sortir. Au final, tout ce qui lui importe, c'est de tromper l'ennui.

-Et puis, il se retrouvent avec un ciseaux sous la gorge et des testicules en moins...

Enyo laisse échapper un rire bref. Peu de gens l'entendent rire. Klaudia est l'une de ses personnes. Jim en est une autre.
Klaudia a l'air ravi de la proposition. Non pas qu'Enyo en doutait. Elle connait Klaudia, elle connait sa passion pour ce genre de petit jeu. Elle l'a bien vu à Londres. En tout cas, elle a besoin de survivants pour raconter l'histoire. Elle n'a pas envie qu'Accapulco se reproduise, non pas que l'expérience n'a pas été intéressante, simplement, l'expérience a rendu la suite du plan particulièrement complexe et agaçante.

-Ouiouioui, ne t'inquiète pas, je ne referais pas comme à Accapulco. Je m'étais un poil emballée...
-Tu t'es filmée. Les camescopes étaient à peine sorti, c'est vrai.
-Mais avoue que l'étranglement avec ses propres tripes c'était super bien trouvé ! Nan?

Enyo revoit la scène et les paroles de l'homme avant de se faire éviscérer puis étrangler.

-T'aurais jamais les tripes, ma jolie... Tu en as profité pour me faire une leçon sur l'ironie de situation... J'ai gardé la cassette jusqu'à l'innondation de mon atelier. J'aimais bien cette cassette.

-BON ! Je me change maintenant ou sur place ?
-Maintenant. A un certain point, on risque d'être suivies. Autant jouer le jeu depuis le début, plus ou moins.

Enyo s'écarte et va s'équiper. Il y a quelque chose qu'elle n'a pas aimé du tout dans son entretien avec ces clients-là. Elle n'a pas vraiment mis le doigt dessus mais elle sera armé. Pas de raison que Klaudia soit la seule à profiter. Couteaux de lancé, armes à feu... Elle passe tout ça en revu pendant que Klaudia se prépare. Toutes sont ses créations.
Ce soir risque d'être divertissant.

La réponse ne tarde pas. Tout est tellement efficace et millimétré avec Enyo chérie. Il est bon parfois de la bousculer, de lui offrir un soupçon d'imprévu. Je sais que malgré son air agacé, elle aime ce moment de pirouette volubile propre aux funambules. ce moment de dérapage qui nécessite intelligence, vivacité d'esprit et réflexes huilés pour retomber habilement sur ses pattes.

Et toi ?
Moi?
Moi je suis le grain de sable qui grippe les rouages.
L'élément perturbateur
Le chaos mis en bouteille.
Une nuisance donc.
Pour toi, seulement Yvain... Pour toi !

- Parfait, je t'empreinte la douche de ton atelier !

Si c'est pas de la prévenance, ça ! Je lui évite la corvée d'astiquage. Et pourtant, j'adore la peinture aux grumeaux de mes propres viscères sur les murs. Je suis la nouvelle Pollock, quelque part!

Quelle haute opinion de toi-même...
Oh, pardon, c'est vrai qu'en tant que femme
je devrais passer mon temps à me déprécier.
Rappelle-moi qui de nous deux est mort, déjà ?
Tu es morte un peu avec moi ce jour là.
Quelle haute opinion de toi même...

Quelques minutes plus tard j'ai fait peau neuve, au sens littéral du terme. Je me rhabille avec une petite moue.

- Tu ne crois pas que je devrais faire les magasins avant, pour m'acheter des vêtements qui colle plus pleinement au personnage ? C'est pour parfaire ma composition d'actrice, vois-tu ?

Sourire mutin qui avec les traits de la petite Taur sont un appel à la débauche de carte bleue.

- Tu ne crois pas que je devrais faire les magasins avant, pour m'acheter des vêtements qui colle plus pleinement au personnage ?

Enyo jette un coup d'oeil à l'horloge et penche la tête.

-On n'aura pas le temps. Je sais que tu aimes faire patienter ton auditoire mais dans notre cas, le faire patienter, c'est perdre notre petite partie.
-C'est pour parfaire ma composition d'actrice, vois-tu ?

Elle sourit dans la peau de quelqu'un d'autre. C'est toujours étonnant pour Enyo parce qu'elle voit toujours Klaudia, qu'importe les peaux. Il lui semble qu'elle pourrait la reconnaitre dans n'importe laquelle. La façon dont l'air bruisse autour d'elle. Peut-être qu'elle se trompe parce qu'il faut admettre qu'objectivement, la transformation est parfaite. Peut-être trop... propre.

-La tenue n'y fera rien... Tu es parfaite comme ça. Si je t'ai capturé, en revanche, je doute que tu sois si... Propre.

Enyo s'approche et détaille Klaudia d'un oeil attentif. Juste assez pour que ça soit visible, pas trop pour l'handicaper.  Elle examine l'idée de la prévenir avant puis finalement, elle décide de suivre un conseil. Elle frappe, juste à niveau de la pomette, ni trop fort, ni trop peu. Juste pour que ça laisse une marque bien visible. Elle se fige dans son mouvement, réalise qu'il manque un truc et claque un baiser sur son front. On fait ça, non? Elle va dans sa salle de bain, récupère un mascara premier prix et le ramène.

-Mets ça et pleure... J'ai encore les robes que tu avais acheté pour la jeune héritière de Brisbank. On prendra une de ces tenues-là.

Elle revient quelques minutes plus tard avec les vêtements.

-Laquelle te plait et laquelle te plait assez peu pour qu'on la déchire.

Elle sait que Klaudia et la mode, parfois, c'est compliqué.

-La tenue n'y fera rien... Tu es parfaite comme ça. Si je t'ai capturé, en revanche, je doute que tu sois si... Propre.
- C'est juste tu devrais...

Le coup est parti très vite et m'écrase la trogne. Je suis secouée d'un fou rire en sentant la douleur irradier la partie gauche de mon visage. Enfin, de celui de cette Vioréa...

- OUIIIIIIIIIIIIIIIII ! Oui ça c’est parfait ! Faudrait essayer de me fendre la lè...

Enyo me prend au dépourvu en m'embrassant le front. Je reste là, les yeux ronds, la chique coupée, alors qu'elle va me chercher du maquillage. Je souris bêtement et à pleines dents, même si ma pommette me fait un mal de chien. J'ai le muscle zygomatique qui tire dessus. Salaud !

- Mets ça et pleure... J'ai encore les robes que tu avais acheté pour la jeune héritière de Brisbank. On prendra une de ces tenues-là.
- Mais on ferra du shopping ensemble plus tard ? Tu promets !? que je quémande, capricieuse comme jamais.

Je me barbouille de rimmel et pleure sur commande avec un réalisme confondant. Le noir dégouline sur mes joues et s'écaille sur mes cernes.

Chialer, tu as toujours su faire.
Sans doute parce que tu m'en a souvent donné la motivation...

Enyo me présente deux robes une un peu ample à motif  python et fauve de parfaite petite "sassy bitch" et une autre plus sage et guidée, avec des oiseaux comme inspiration.

- Laquelle te plait et laquelle te plait assez peu pour qu'on la déchire.
- Tu ne poses pas les bonnes questions, ma chérie ! La seule interrogation qui prévaut est "Quelle image dois-je donner ?". D'un côté nous avons une tenue qui colle plus à ce que l'on connait de cette vilaine petite hit girl qui pavoise en boite et de l'autre une tenue qui donne une image plus virginale de la victime plein aux as à qui on aimerait faire du mal. Que va-t-on privilégié ? Véracité ou fantasme ? Tout dépend de tes clients, Enyo-de-mon-coeur ! que je chantonne à ses oreilles. C'est toi qui les connais le mieux!

Le baiser sur le front déclenche une réaction surprenante. Un énorme sourire. Enyo se demande pourquoi, exactement, mais décide de conclure que c'est une réaction positive.
En attendant, elle va chercher les robes en question.

-Mais on ferra du shopping ensemble plus tard ? tu promets !?

Enyo a un demi sourire. Elle secoue doucement la tête à la demande, amusée.

-Promis. Je n'ai plus rien de satisfaisant à me mettre, de toute façon...

Les parties de Shopping avec Klaudia sont toujours un moment agréable. Klaudia a assez d'énergie et d'émotion pour deux et surtout, on ne se focalise pas sur le manque de réaction d'Enyo et son aspect étrange.
Elle expose les robes et demande à Klaudia de choisir.

-Tu ne poses pas les bonnes questions, ma chérie !
-Ah bon?
-La seule interrogation qui prévaut est "Quelle image dois-je donner?".
-... Alors pourquoi tu as boudé pour l'ensemble d'Haven que j'ai sali?

Le but était sensiblement le même du point de vue d'Enyo. La réponse ne vient pas de suite, Klaudia continue son monologue et Enyo écoute. Klaudia est plus éclairée sur ces sujets là qu'Enyo.
Donc hit girl qui se pavoise ou image virginale...

Enyo considère les deux tenues.

-Véracité. Tout le monde sait ce qu'il en est de Vioréa Taur. Il serait dangereux de prétendre qu'elle est pur et chaste...

Enyo fait jouer ses muscles pour les dénouer un peu. Elle a encore une chose en réserve pour Klaudia.

-J'ai un outil pour toi en réserve. Prototype mais je pense que tu les trouveras à ton gout...

Elle ouvre une armoire blindée et s'agenouille pour en sortir une boite en bois vernis usé. Elle l'ouvre pour révéler une paire de ciseaux et un bracelet.

-Tu peux les utiliser comme d'habitude et les lancer mais si tu poses ton doigts ici. dit-elle en designant un petit losange sur le bracelet. Ils devraient revenir à toi. Je n'ai pas encore pris le temps de les tester en situation...

Elle a un sourire tranquille.

-Véracité. Tout le monde sait ce qu'il en est de Vioréa Taur. Il serait dangereux de prétendre qu'elle est pur et chaste...
- Chouette, j'adore jouer les petites pétasses !

C'est sans doute que tu n'as pas trop à forcer.
Tu l'as simplement mauvaise Yvain.
Je suis une pétasse, mais je ne suis plus ta pute.
Et ça, ça te fait bien suer !

Je me déshabille sans la moindre pudeur. Enyo comme moi en sommes dépourvues. Quand on vous a vu changer de peau dans une baignoire sanglante, changer de culotte n'a plus rien d'intime. Me voilà à présent prête à jouer mon rôle !

- J'ai un outil pour toi en réserve. Prototype mais je pense que tu les trouveras à ton gout...
- Un cadeau ? Oooouh j'aime les cadeaux ! fais-je en trépignant comme une petite fille la veille de Noël. Je sautille littéralement lorsqu'elle ouvre sa boite à malice.
-Tu peux les utiliser comme d'habitude et les lancer mais si tu poses ton doigts ici. Ils devraient revenir à toi. Je n'ai pas encore pris le temps de les tester en situation...
- Hiiiiii !!! c'est l'accessoire qu'il me fallait pour agrémenter ma tenuuue ! Tu es merveilleuse ma Yoyo Je claque un bécot sur la joue de ma copine et  je me rue sur les ciseaux comme si c'était de nouveaux escarpins. Je perds toujours les plus jolis.

Je me recule  faisant quelques mouvements avec, ajustant le bracelet à mon poignet, comparant les deux objets, bras tendus en avant.

- Il sont beaux et tout rouges ! Et tout rutilants ! Je les adooooore !

Sans prévenir, avec une précision brusque, je lance ma paire de cisailles comme un shuriken en direction du visage de la djinn. Au moment d'impacter sa jolie bouille boudeuse, j'appuie sur le losange et les lames l'évitent de justesse pour me revenir en main.

- Par-fait ! Je glousse de contentement.