But on my tombstone when I go
Just put death by rock n roll

Elle vient chercher la merde.
Elle le sait pertinemment.
Le cul moulé dans un minishirt en jean déchiré, un marcel  blanc sexy et bien ample pour laisser voir sa lingerie noire, un perfecto en cuir sombre qui lui tombe d'une épaule, Viorea Taur chaloupe sur ses magnifiques échasses en résille en quête du grand frisson. Elie lui a bien déconseillé de frayer avec les  fils de Samain, ces "Heksens" comme s'appelle ce gang de motards tout en poil, en sueur et en came abordable. Mickey, lui a sciemment fait comprendre qu'il la niquerait à leur prochaine rencontre, et pourtant la voilà aux portes de cet enfer viril de "mes-deux" avec tous les atours de l’Avalon Girl en bouton.

Elle entre.

Elle laisse le temps à la salle de noter sa présence en marchant lentement jusqu'au bar. Elle arbore un demi-sourire en entendant quelques sifflements appréciateurs, elle soutient le regard de quelques régulières qui voient d'un sale oeil cette nouvelle poule investir les lieux. Elle s'accoude au comptoir, cambrant les reins avec soin.

- Une bière.
- T'as l'âge légal ?
- J'ai ma carte d'identité dans la poche arrière de mon jean... Tu veux venir la chercher pour vérifier? aguiche-t-elle sans vergogne.

Le Barman a un petit rire graveleux.

- T'as pas froid aux yeux, rien que pour ça, je t'offre le premier verre...
- Merci.... appuie-t-elle d'un petit clin d'oeil.

Avec l’assurance de la femme fatale qu'elle n'est pas, elle pose une clope sur la bordure de ses lèvres puis se tourne vers l'homme assis à coté d'elle. C'est un dadais immense à la coiffure drolatique teinte en noire avec des allures joufflues d'ado mal fini qui aurait poussé trop vite. Il n'a pas l'air malin. Parfait pour se faire la main.

- Excuse-moi, minaude-t-elle, t'aurais du feu ?

Une petite voix au fond d'elle qui prend étrangement le timbre de Sorin essaie de l'interpeller avec la même angoisse à fleur de peau que son petit frère : "Pourquoi tu fais ça, Vio ? Pourquoi tu te mets exprès en danger ?"

Parce que je ressens rien. Plus rien.
Juste la sensation de mes boyaux vides après avoir vomis.
Juste l'épuisement des insomnies.
Je veux ressentir un truc... même si c'est mauvais.

Le poisson mord à l'hameçon sans la moindre difficulté. En l'observant jouer avec son couteau, Viorea a sentit des frissons d'excitation lui parcourir le ventre. C'est un début d'étincelle sur laquelle elle pourrait s'amuser à se brûler. L'inconnu approche avec un briquet et une question. La clope grésille. La jeune femme tire une bouffée et laisse échapper langoureusement la fumée non sans quitter son interlocuteur des yeux.

- Je suis d'ici et d'ailleurs. Ce qui n’est pas un mensonge en soi. Ce bar avait l'air sympa alors je me suis invitée.
- J'te paye un verre peut-être? Elle boit quoi la Newbie?
- On vient de m'offrir une bière mais... Tu peux peut-être me proposer quelque chose de plus fort....

La roumaine attrape le couteau de l'inconnu qu'elle extirpe de la chair boisée du comptoir. Elle tourne la lame vers le torse de son possesseur, et fait glisser nonchalamment la pointe contre le tissus de son T-shirt. Une caresse équivoque avant qu'elle ne retourne l'arme, manche vers lui pour la lui rendre.

- Il est à toi ? As-tu gravé autre chose que du bois avec...? murmure-t-elle très -trop- près de son visage.

Son regard fardé de noir fait ressortir le bleu cristallin de ses iris et les tâches de rousseur sur sa peau laiteuse. Elle est belle, c’est une certitude. Elle surjoue, c'en est une autre.

- Je m'appelle Violet... Là encore, elle ne ment pas tout à fait, c'est la signification de son prénom en anglais. Et toi...?

- Violet.. c’est mignon. Appelle moi Corey.
- On me le dit souvent... Coooooreeeey! qu'elle minaude en appuyant sur les syllabes de son prénom avec ostentation.
- T’as bien dis que t’étais majeure hein ? Ça m’plait bien...

Allant jusqu'au bout de la provocation, elle attrape les doigts de Corey en les faisant glisser dans sa poche arrière, les faisant épouser la courbe de ses fesses jusqu'à entrer en collision avec l'arrête de sa carte d'identité, effectivement planquée là.

- Tu veux vérifier ?

Visiblement pas. Corey lui commande un whisky. Elle lui rend l'usage de ses phalanges en le dévorant des yeux. Sa mère lui a appris le pouvoir d'un regard planté comme un harpon dans une proie prête à vaciller. Corey a l'air de marcher, voir même de courir. Viorea ignore encore si elle ne fera que le balader ou se montrera clémente. Elie lui a pourtant répété que les Heksens étaient dangereux, pas spécialement féministes vertueux... Et après ? Corey a beau jouer du couteau, elle n'a pas peur de lui. Un grand dadais, c'est tout ce dont il a l'air.

"Pas encore."
Susurre la voix de Sorin sous son crâne.

Viorea écarte cette mise en garde raisonnable. Elle attrape le whisky, un sourire joueur aux lèvres.

- Cul-sec ?

Elle se lance la première. Le liquide ambrée coule dans sa gorge. Elle fait claquer le cul du godet sur le plat du comptoir et se pourlèche les babines plus provocatrice que jamais. Visiblement, elle enquille l'alcool aussi bien que le veut la tradition roumaine. Vioréa vient jouer avec le col de T-shirt de Corey.

- A toi...

Corey se fait plus audacieux. Viorea camoufle avec habilité une vague sensation de dégoût. En même tant ne l'a-t-elle pas sciemment conduit à le faire ? Elle l'allume au chalumeau depuis moins de dix minutes et elle lit dans son regard toute la lubricité masculine du "mâle" tel que décrit par sa mère. Tenir les hommes par les deux ventres, c'est la seule manière pour une femme d'exister.

"C'est faux !
Pourquoi tu fais ça?!"
Fous-moi la paix, Sorin.
J'ai juste envie de plus m'entendre penser.

Corey vient essuyer ses lèvres de la pulpe du pouce. Les étincelles reviennent, électriques, dans ce bide évidé par les nausées successives. Pourquoi ça l'excite comme ça ? Aucune idée. Elle ne le trouve même pas beau.

- Elle a des projets pour ce soir, la Newbie? Qu'il vient lui souffler.

Le pouls de Viorea s'accélère. Son coeur cogne fort dans sa poitrine d'angoisse et d'exaltation mêlées. Elle est venue pour ça, pour le plaisir transgressif de l'interdiction.  Elle caresse la nuque de Corey du bout de ses phalanges peinturlurées.

- Les mêmes que les tiens, je crois bien.... Déclare-t-elle au creux de son tympan, contrôlant sa voix pour ne pas trahir sa peur infantile. Elle reflue lentement, le regard brûlant. Une balade en forêt....

Sourire suivi d'un mordillement de lippe.
Elle se lève lentement, sans le quitter du regard et se dirige vers la sortie, avec la même démarche sulfureuse qu'à son entrée. Une oeillade appuyée vers Corey. Puisque le Chaperon Rouge a alpagué le Grand Méchant Loup, autant qu'ils aillent se perdre dans les bois, n'est-ce pas ?

Mauvais garçon rime avec moto. C'est une règle d'or à laquelle Corey obéit avec panache.

- Prête ?

Elle enfourche l'engin gracieusement, laissant à son comparse le loisir de savourer le spectacle de ses jambes fuselées pleines de promesses.

- A ton avis ... ?

La bécane vrombit entre les cuisses Viorea quand le biker la démarre. Elle ne peut refouler un petit rire de pure fébrilité. Elle accepte le casque si galamment fourni. Une odeur de cuir et de musc envahit ses narines. Elle se presse contre le Heksen, ses bras ceinturant son torse. Il est plus musclé qu'il en l'air sous ses airs de tige. "Intéressant" se prend-elle à penser. Pourquoi, au juste ? Elle l'ignore encore.
Les roues mordent l'asphalte puis la terre battue des sentiers forestiers. Le temps est comme suspendu dans un paysage baigné d'ombres. La Nuit et ses dentelles mouchetées sont sublimées par la vitesse. Viorea sent son esprit s'affranchir des pesanteurs mortifères qui la ronge. Le vent fouette le casque, fait claquer leur blousons comme des drapeaux furieux. Mue soudain par l’énergie de l'instant, Viorea se libère une main pour défaire les sangles du casque et le retirer. Une bourrasque pleine de vie lui gifle les joues et génère des larmes au coin de ses yeux. Corey l'entend brusquement rire à gorge déployée.

- YOUHOUUUUUU!!! Hurle-t-elle en brandissant le casque vers la lune.

Nuit je n'ai pas besoin de ta protection.
Tu t'es foutue de moi pendant des années.
J'ai obéi  à tes préceptes, fait tout ce que Mère attendait...
Et tu me remercies en me faisant pourrir de l'intérieur.
Franchement, Nuit, VA CHIER !

La forêt est sombre. L'air plus frais. Viorea a parfaitement conscience que lorsque le moteur s'arrêtera elle devra faire face aux crocs de la Bête, celle qui a faim, celle qui dévore.  C'est ce qu'elle est venue chercher, non ? Il n'empêche qu'elle a les boyaux en pelote, nouée par une angoisse qui monte.

"Tu regrettes.
Je sais que tu regrettes."
Ta gueule!

Corey ne lui laisse pas le temps de tergiverser. Il vient quémander ce qu'on lui a promis.  Il a une odeur trop mâle, bien loin des adolescents qui la courtisent habituellement. C'est un homme plus âgé, plus expérimenté, plus décidé que ces gringalets ne le seront jamais. C'est effrayant, vaguement dégueulasse, aussi, et pourtant, son corps réagit naturellement aux incursions invasives de son partenaire. Elle s'entend soupirer un peu trop vite et se tendre à mesure qu'il s'accapare son épiderme.

- T’sens bon… j’aime.

Clairement pas un poète.
Pas même un bon dragueur. Elle préférait presque qu'il se taise. Il vient lui manger la bouche. Ils échangent langues et salive jusqu'à ce qu'elle lui morde délibérément la lippe pour qu'il lâche prise.

- Tu dis ça à toutes celles que tu viens baiser en pleine nature...?

Elle le défie du regard. Elle se sait parfaitement sur le fil du rasoir. Personne ne viendra la sauver ici. C'est peut-être ce qu'elle désire au fond : chuter et se briser en milles morceaux. Il y a un aspect "définitif" séduisant. Une sorte de bouton "arrêt" qui n'inclut plus aucun "après".

-... Romantique. Douce ironie.

Viorea ignore sa peur, les clignotants de sa raison qui lui dise de fuir tant qu'elle peut. Elle vibre de cette frayeur qui libère ses araignées le long de sa colonne vertébrale. Elle se désolidarise de cette jeune femme qui pense toujours valoir mieux. Elle aspire juste à l'abandon.

Je suis en train de crever,
autant lâcher prise, non?

Elle tire sur la ceinture du Heksen et enroule une jambe autour de ses hanches. Ses ongles viennent se planter dans les avants-bras de Corey.

- Et maintenant, fait-elle railleuse, tu veux que je te rencarde sur la marque de mon gel douche ?

- Ton gel, j’m’en carre un peu là.

Corey n'est clairement pas un cérébral. Les tentatives de piques de Viorea n'ont aucune prise sur lui, ce qui la déroute quelque peu. Elle n'a pas l'habitude qu'on se montre à ce point premier degré. Elle n'a, de fait, aucun moyen de paraître plus mature qu'elle ne l'est.
Pour autant, elle ne fait pas l'effarouchée lorsqu'il la dépiaute du peu de ses vêtements. Elle le trouve terriblement brusque et maladroit.

- Ouais.. Pas adepte du lubrifiant j'imagine, murmure-t-elle en grimaçant un peu alors qu'il malmène son soutien-gorge et la chair de sa poitrine.

Il me pince, ce con !

Étrangement, elle apprécie ce regard de bête sauvage qui glisse sur elle. Il brille d'un désir brut et honnête qui la flatte. Depuis qu'elle a cette foutue maladie, elle ne fait que perdre du poids. Ses côtes semblent prêtent à perforer sa peau. Si elle avait plus de rondeurs, peut-être que Corey lui paraîtrait plus doux. Elle se prend à préférer ses morsures à ses caresses gauches. La pression des dents sur son épiderme l'électrisent.

Trop bizarre...

Son soutif est dégrafé à la hâte. Aucun égard pour la belle dentelle noire de celui-ci. Corey va vite, trop vite, au point qu'elle se sent obligée d'attraper sa tignasse par l'arrière du crâne et de tirer sèchement pour l'obliger à la regarder. Il est hors de question qu'elle lui laisse prendre l'ascendant. Elle veut sa part, aussi.

- Je ne serais pas la seule à me foutre à poil. Mets ta bite en pause deux secondes... fait-elle, haletante en plongeant son regard dans le sien.

Avec une autorité naturelle - héritage familial sans doute- elle écarte les pans de son blouson en cuir et de cette veste (?) - Rahat, y'a combien de couches - qui roulent sur ses épaules sans la moindre tendresse. Elle fait diversion en l'embrassant à pleine bouche. Ils est trop grand ce qui l'oblige à se contorsionner pour le désaper, à le repousser dos jusqu'à un tronc d'arbre pour obtenir le droit de contempler ne serait-ce que son T-shirt. Il se laisse faire sans renâcler. Cette soudaine docilité lui donne juste envie de déchirer le tissus rayé qui couvre le torse de Corey.

"Pourquoi es-tu si en colère ?"
Dégage !
Fous-moi la paix!

Comme pour faire taire cette voix raisonnable qui s'échine à la faire réfléchir. Elle plonge ses doigts sous le vêtement du Heksen et découvre le relief de cicatrices multiples. Viorea prend conscience que Corey, le grand dadais mutique, a toute une histoire gravée sur le corps. Un corps de combattant ou de victime.

Ou bien les deux.

Instant en suspension.
Elle dessine les contours de certaines marques à la faveur de la clarté lunaire. Viorea est fascinée.  L'idée de laisser sa marque à elle la traverse. Elle retire ses propres vêtements parasites laissant visible l’entièreté d'un buste pâle et immaculé. La jeune femme est soudain gagnée par une pudeur  qui ne l'a pas effleurée jusqu’ici.

Je n'ai rien vécu.
Mon corps ne raconte rien.
Je n'ai... aucune identité propre.

- Magnifique.

Viorea se retient de lui rétorquer un "Tu trouves ?" fragile qui révélerait bien trop ses insécurités juvéniles. Son expression trahit néanmoins la bouffée de gratitude pathétique une poignée de secondes. La jeune femme se reprend vite et se laisse aller à la pluie de baisers voraces. C'est agréable d'être désiré. Elle pourrait y prendre gout.

- Je sais.

Les doigts de Corey serpentent sur sa colonne vertébrale. Lorsque ses phalanges sillonnent entre les omoplates, il découvre les creux et les bosses de griffures multiples. Certaines sont fraîches, d'autres encroûtées.
Elle ne lutte pas lorsque le biker s'immisce sous ce qu'il lui reste de tissus. Les étincelles électriques qui agitent son bas-ventre sont plus puissantes que sa peur. Et puis, elle se rend compte que c’est cette angoisse qui alimente les feux d’artifice. La sensation est nouvelle. Elle frissonne de tout son être de cette épiphanie.

Qu'est-ce que ça peut bien dire sur moi ?

Ils chutent. Sous ses genoux, elle sent la mousse humide et la terre gorgée de racines. Elle le surplombe de toute son adolescence ce pauvre adulte. C'est grisant.

J'aime bien.
J'ai l'impression de régner sur le genre humain.

- C’pas ma position préf’ ça...
- Il y a un début à tout, Corey.

Elle ploie vers lui et lui lape les lèvres en riant. Tout en l'embrassant ostensiblement, elle vient lui subtiliser le coutelas à sa ceinture. Elle se redresse doucement.

- Hum.. Hum... Fait-elle en agitant la lame, joueuse. Viorea se mord la lèvre, une idée bien précise en tête.

Lentement, très lentement, elle massacre le T-shirt rayé du Heksen qui s'ouvre en deux du bas jusqu’au col. Le torse tatoué et couturé de Corey se révèle à sa curiosité. Fascinée, excitée aussi, par cette découverte, elle se penche vers lui.

- J'éspère que tu n'y tenais pas trop... à ton polo.

Avec une étrange douceur, elle lui rend son arme, glissant le manche entre les doigts de son partenaire -adversaire ?- elle ne sait pas très bien. Elle surligne de l'index les lettres qui s'étalent de ses pectoraux au nombril.

- Qu'est-ce qu'il y a d'écrit, là ?

Corey est une véritable pierre de Rosette avec ses hiéroglyphes mystérieux et cryptiques.

- Si tu devais marquer mon corps, Corey, où le ferais-tu ? demande-t-elle, les yeux plantés dans les siens.

Elle a envie d'avoir mal pour une raison qu'elle maîtrise.
Un mal qui lui ferait du bien.

- J'avais pas demandé ça, mais c'est fun...
- J'aime pas faire ce qu'on me demande, réplique-t-elle, du tac au tac.

Un mensonge.
Elle s'est toujours montré obéissante. Pas comme Sorin, personne n'est aussi honnête et droit que Sorin, davantage comme une bonne dissimulatrice qui protège une excellente couverture. Une planquée derrière ses faux-semblants. Il n'y a pas grand chose chez elle qui soit vrai.

- Je suis une vilaine fille.

Qui soit, tout court.

Corey n'aime pas s'attarder en préliminaires. Il élude les questions et les chemins détournés. Ca le fait clairement chier qu'elle les emprunte. Elle ne saura donc jamais ce que signifient cet amoncèlement d'inscriptions sur sa peau. "Fiction" et "Fraude" ça commence par un "F". Quelque part, peut-être qu'ils se ressemblent. Ce serait une connexion comme une autre qui justifie ce qu'elle s'apprête à faire. En réalité, elle n'a aucun mobile pour le crime qu'elle va commettre, et puis qu'est-ce que ça peut foutre puisqu'elle en est elle-même la victime.

La lame du couteau est gelée au contact de son derme. Le contraste avec la moiteur brulante de sa bouche sur son mamelon n'en est que plus saisissant. Viorea frissonne : un mélange d'excitation et d'angoisse mêlées.

- J'veux pas m'battre avec toi, j'veux ton cul. Pour quelle raison j'voudrais t'blesser avec ça?

Elle l'ignore. Elle ne sait même pas à quoi elle joue. De fait, elle ne répond pas.

- Moi j'veux t'marquer avec mes dents...

L'émail de ses canines agresse le tendre de son cou, le dévore par petits bouts. Viorea laisse échapper un gémissement. La lame du couteau se réchauffe contre leurs peaux jumelées.

- Alors vas-y, qu'est-ce que t'attends...Fais-le! exige-t-elle. Mords-moi ! Mords-moi pour de vrai, rahat ! jappe-t-elle.

A grand renforts de gestes rendus maladroits par la panique et l'expectative, Viorea libère Corey de son jean, puis écarte ce qu'il lui reste de vêtements en remparts. C'est la première fois qu'elle va aussi loin. Un voile d'inquiétude retient ses doigts, un court instant. Elle déglutit et toise l'homme qui va lui prendre sa virginité.

- Mords-moi, s'il te plait, quémande-t-elle plus doucement, comme une petite fille qui souhaite affronter les cauchemars sous son lit.

Soit mon épreuve, mon rite de passage, mon strigoï.
Que je te tue pour sortir du puits.