Quand le grain de folie devient un roc

|| @Baphomet & Samaël

Ce soir-là Andy était de service, et il s’ennuyait à mourir. Comme à chaque fois, il tentait de passer le temps en gribouillant ce qui lui passait par la tête. Cela faisait un bon moment qu’il était assis dans le salon, un fusain à la main, quand il se mit à dessiner de façon automatique, ne faisant plus attention aux lignes qu’il traçait. Le mouvement leste et gracile se fit alors plus rude et brusque, tandis qu’il était comme dans un état second, un besoin urgent pour son subconscient de mettre sur papier ce qui le hantait. Aussi soudainement que la crise était arrivée, elle partit, laissant alors Samaël seul face à ce qu’il venait de faire.

– Putain…

Son regard fut à peine posé sur son calepin qu’il eut un sursaut, se rappelant brutalement les visions terribles que ses cauchemars lui offraient. Sans chercher à observer davantage ce croquis, il arracha la page et la brula entre ses mains. Il respira un grand coup, regardant un instant ses mains tremblantes et couvertes de cendres à présent. Ce qu’il voyait dans ses cauchemars… même éveillé ça l’atteignait… Résigné, il se leva pour aller dans une pièce plus intime où il pourrait pratiquer la magie.

Le nombre d’échec ne se comptait plus, mais Samaël était du genre persistant, voire extrêmement buté sur certaines questions : celles de ses origines en faisaient partie. Depuis qu’il avait su, il y a bien des années, que son père était un démon, le mystère sur ces cauchemars s’était levé. Cette révélation avait cependant apporté son lot de questions auxquels ils avaient besoin de réponses : Pourquoi faire un enfant à une humaine ? Pourquoi n’était-il pas resté ? Comment Samaël pourrait-il devenir démon à son tour pour ne plus être tiraillé par cette dualité qui l’habitait ? Et la plus importe de toute : qui était son père ? Bien des questions le tourmentaient, mais il avait bon espoir que toutes ces pensées cessent lorsqu’il le retrouverait. C’est pourquoi il continuait, appelant à la magie dans l’espoir de localiser son père.

Dans le noir, assis en tailleur, quelques braises dans une de ses mains crépitaient, laissant voir partiellement son visage. Ses lèvres bougeaient alors qu’il psalmodiait un sort. Il se tut alors et la magie s’activa autour de lui tandis qu’il porta sa main libre à ses lèvres. Il se mordit et fit couler le sang, taisant également un gémissement de douleur tandis qu’il reprenait son sort. Jusque-là il avait tenté des sorts complexes, laissant de côté la magie la plus rudimentaire, mais cette fois il voulait faire un test : et si un simple sort pouvait lui permettre de localiser un membre de sa famille. Il avait apporté les précisions pour « le sang du père ». Le sort s’acheva et la magie partie subitement, laissant derrière elle un grand silence ainsi qu’un triste vide. Sans grande surprise, il n’eut aucune réponse.

– A quoi je m’attendais aussi…

Samaël y avait cru malgré tout, comme à chaque fois. Après tout, sans l’espoir de réussir, le sort aurait été voué à l’échec. Il ne se sentit pas bien à cet instant, seul dans ce foyer si chaleureux quand son aimée était là. Ne tenant plus, le cambion alla se laver les mains, soigna son pouce tailladé par ses incisives, puis il décida de sortir s’aérer l’esprit, errant sans réel but si ce n’était oublié cette absence paternelle qui lui pesait de plus en plus. Il était à présent dans les rues du centre-ville, cherchant un endroit où se poser pour se divertir.

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|| @Baphomet &a Samaël

Les mains dans les poches, Samaël arpentait les rues du centre-ville avec cette question sur ses origines qui devenait de plus en plus obsédante. Depuis que son Andy lui avait partagé la grande nouvelle, il ne savait plus où il en était dans sa vie. Il allait être père… Lui. Plusieurs inquiétudes l’avaient alors saisi. Comment devient-on père ? À quel moment on se sent père ? C’est quoi au fond un père ? Sera-t-il un bon père ? Toutes ces questions qui tournaient dans son esprit déjà bien torturé… Il en parlerait bien à son psy, après tout elle était tenue au secret professionnel, mais Andy l’avait caché tout ce temps, même à lui, par précaution. Jouer les agents doubles est un jeu extrêmement dangereux. Andy s’exposait trop… et ça le rendait malade… mais elle était trop mouillée dans les affaires de l’Émeraude pour pouvoir en sortir tant que le plan n’était pas exécuté jusqu’au bout.

Il sentait l’agitation en lui s’intensifier quand un frisson le parcourut soudainement. L’Ombre s’agitait subitement sans que Samaël ne parvint à identifier la source de cet éveil soudain. Il se figea alors et observa autour de lui, mais rien ne sembla sortir de l’ordinaire… jusqu’au moment où son regard se posa sur deux corbeaux.

– Ça c’est pas banal…

Les corbeaux, il en avait l’habitude. Combien de fois il en croisait dans son sillage ? Après tout, son nom signifiait « corbeau noir ». Un vieux nom en lien avec une vieille histoire familiale d’après son grand-père, mais sans plus, bien que Samaël doutait de l’aspect anecdotique. Entre son nom, l’omniprésence du corbeau dans sa vie et sa marque de sorcier… Il n’aurait cependant pas fait cas de ces deux corbeaux si l’un d’entre eux n’était pas blanc. C’était assez rare en soit et le sorcier ne put s’empêcher de voir ça comme un signe : est-ce que finalement son sort aurait fonctionné ?

Il n’eut pas le temps de se questionner davantage car il sentit quelqu’un lui rentrer dedans. Par habitude, Samaël baissa les yeux mais il fut surpris de constater que la personne était quasiment aussi grande que lui. Perdu dans ses pensées, il ne l’avait ni vu arrivé ni entendu. Il s’apprêtait à rassurer l’homme quand il vit une belle fiente atterrir sur l’inconnu. Instinctivement, il recula pour éviter toute éclaboussure potentielle et leva les yeux vers les deux corbeaux qui semblaient d’en aller en riant, collant à la perfection avec l’image populaire du corbeau farceur et fauteur de trouble.

L’homme vociféra et Samaël se mordit la langue pour ne pas pouffer de rire face à cette scène. C’est tellement ridicule que c’en était presque surréaliste, et les jurons ne firent qu’ajouter une touche au tableau. Malgré lui, son regard pétillait légèrement de malice pendant qu’il achèvait de taire le rire qui avait manqué de lui échapper. L’homme se tourna alors vers lui, lui demandant s’il avait besoin d’aide.

– C’est gentil mais ça va.

Un regard vers l’épaule de son interlocuteur et il ne put s’empêcher de pouffer, se mordant la lèvre inférieure pour tenter de se contenir, en vain.

– Désolé, vraiment mais… Il ne vous a pas loupé l’enfoiré.

Un petit rire et il tenta de respirer pour ne pas froisser l’inconnu, ce serait dommage qu’il se fâche et que ça dégénère pour une histoire de fiente. Comment il expliquerait ça à Andy ? Après, ce ne serait pas la première fois qu’une situation vire au chaos avec Samaël dans les parages. À croire qu’il avait ça dans le sang.

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L’homme face à lui ne sembla pas s’offusquer de la situation, ni du rire de Samaël. Il fit même une remarque qui amusa le sorcier. Tant mieux parce qu’il n’était pas là pour chercher querelle. L’homme retira sa veste, révélant partiellement ses bras où un tatouage était visible. Une plume d’aile de corbeau. Détail qui attira aussitôt le regard du sorcier. Cette plume était étrangement semblable à sa marque, du moins en ce qui concernait les plumes d’ailes qui allaient jusque sur ses avant-bras. Était-ce une coïncidence ? Samaël ne pouvait s’empêcher de penser au rituel qu’il avait fait avant de sortir. Les corbeaux… cet homme au tatouage proche de sa marque de sorcier… Sans parler de l’aura qui se dégageait de lui. Beaucoup trop d’indices pour que cela ne soit qu’une simple coïncidence… Sa curiosité et ses espoirs s’accentuèrent davantage quand l’homme lui donna l’opportunité d’en savoir plus sur lui.

– Je veux bien partager un café et une clope. Pas de joint par contre… ça ne me réussit pas.

Samaël avait déjà tenté de calmer ses cauchemars dû à sa nature avec diverses méthodes : la drogue en avait fait partie, ça n’avait fait qu’accentuer l’horreur qu’il voyait dans ses cauchemars. Il n’y avait donc plus touché depuis et ne comptait pas recommencer. Il aurait pu se braquer face à la proposition de l’inconnu mais une fois de plus son interpelait le cambion qui sentait qu’il y avait quelque chose : il devait suivre cet homme tout en restant sur ses gardes.
Il eut alors la sensation d’une douche froide quand l’homme lui demanda s’il avait cherché à le contacter. Son cœur s’emballa un instant tandis qu’il se demandait si celui qu’il avait en face de lui était bien celui qu’il espérait. S’il était bien celui qu’il cherchait, il devait donc faire très attention. Il ignorait tout de son père sauf une chose : il s’agissait d’un démon. Prudent, il décida de ne pas laisser tergiverser l’inconnu.

– C’est possible. Tout dépend de qui vous êtes.

Il resta volontairement flou dans ses propos. Il n’était pas encore sûr de l’identité de l’inconnu face à lui. Au plus profond de son être, l’Ombre s’agita et réagit, signe qu’il approchait de son but, mais elle restait en retrait, ce qui le poussait un peu plus à rester vigilent

Samaël n’avait pas peur de passer pour un fou : les allers-retours à l’hôpital lui étaient assez familiers pour. Ce dont il se méfiait, c’était de savoir ce que ferait l’inconnu des informations qu’il lui donnerait car à cet instant il en était persuadé : il n’était pas humain. Le cambion ne pouvait pas encore parler librement, ignorant tout des intentions de l’inconnu.

– On pourrait discuter autour d’un café et voir si, effectivement, c’est vous que j’ai tenté de contacter.

Il jouait un peu avec le feu, c’était certain mais il sentait que l’homme face à lui était peut-être une pièce importante dans le puzzle bordélique qu’était sa vie. Soit il tentait le diable, soit il laissait passer une occasion dont il se mordrait les doigts pendant un bon moment. De plus, le sort appelait à lui un membre de sa famille donc s’il n’avait pas son père face à lui, de qui pouvait-il s’agir ?

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Samaël sentait qu’il venait de tomber sur un personnage haut en couleur… et probablement encore plus borderline que lui. Étrangement il ne serait pas étonné de découvrir qu’il avait bel et bien un lien de parenté avec cet hurluberlu. À cette pensée, l’Ombre s’agita, venant renforcer cette intuition. Que devait-il faire ? Quoi formuler pour être sûr de l’identité de l’individu ? Samaël l’ignorait et ça l’énervait un peu, il avait envie de se gratter nerveusement le crâne, d’ébouriffer ses cheveux de frustration, mais il se retint. Ce n’est pas le moment de flancher…

« Qui demandes-tu ? »

Ces mots le firent redresser la tête, le tirant de ses pensées tortueuses. Plus de doute, il y avait dans son intonation quelque chose qui faisait comprendre qu’il n’était pas humain… comme si Samaël l’avait invoqué. Un frisson glacé le parcourut quand il comprit qu’il avait très probablement, et avec peu de marge d’erreur, un démon face à lui. Si c’était le cas, il se pouvait bien qu’il soit son père ou du moins rattaché à ce dernier. Une bouffée de chaleur lui monta à la tête, lui donnant l’impression que ça grouillait dans sa caboche tant son esprit était en effervescence.

Il fut cependant soulagé que l’inconnu accepte la proposition d’en parler ailleurs qu’au milieu de la rue, il trouvait cela tellement indélicat d’annoncer ce qu’il avait à dire dans de telles conditions. Il ignorait en plus comment il pouvait réagir, un endroit public mais plus intime serait surement une meilleure option.
Ils se dirigèrent donc vers le café le plus proche afin de s’y poser. L’inconnu qui intriguait tant Samaël fit une demande des plus gourmandes au serveur et il fut tenté de demander la même chose. Son addiction à la caféine revint cependant au galop, ne le laissant guère beaucoup de choix. Il vit cependant l’expression du serveur, ce qui l’agaça grandement, le décidant par provocation et gourmandise.

– Je dois reconnaître que c’est très tentant. Mettez en un deuxième, et un café. Je vous remercie.

Samaël ne put s’empêcher d’adresser un petit sourire en rendant la carte. Le serveur sembla, un instant, moins enclin à juger. Était-ce parce qu’il sentait qu’à la moindre remarque il pourrait se retrouver à faire trois fois le tour sur lui-même avant de toucher terre ? L’idée plaisait bien au jeune cambion. Une fois le serveur parti, ils purent enfin parler sans risque d’oreilles indiscrètes et cela n’échappa pas à son interlocuteur. Le moment de vérité était arrivé : s’était-il planté en beauté une fois de plus ? Il respira un bon coup et se jeta à l’eau, à présent persuadé qu’il avait enfin une piste. L’inconnu parlait de forces occultes, si ce n’était pas un indice de poids, il ne savait pas quoi penser.

– Je me nomme Samaël… Samaël Branfuhb et… je suis à la recherche de mon père.

Il ignore si son nom va le faire tiquer. Branfubh signifiant « corbeau noir » et avec les deux corbeaux qu’ils avaient croisés, il y avait de quoi être suspicieux. Il continua cependant.

– Je n’ai pas beaucoup d’informations le concernant, sachant juste qu’il est… enfin il ne vient pas du coin si vous voyez ce que je veux dire… Il est plutôt du sud profond.

Il ignorait si l’expression parlerait à l’inconnu, mais il préférait éviter de dire les mots « démon » et « enfer », il ne savait pas vraiment pourquoi. La situation ne le mettait pas le plus à l’aise au monde.

– J’ignore tout des circonstances de ma naissance et depuis quelques années j’aimerai en savoir plus. Comprendre cette part d’Ombre en moi. Des années que je tente différentes méthodes occultes et je dois avouer être surpris que ça ait marché cette fois… J’ai fait un rituel de sang… Pour retrouver un parent.

Il laissa un moment de silence, pour laisser à son interlocuteur le temps de bien tout assimiler. Le sang ne saurait mentir donc si le sort l’avait localisé lui, c’est qu’ils étaient de la même famille, peut-être pas un père mais un parent assez proche pour que ça marche.

– Voilà qui je suis et pourquoi j’ai envoyé cet appel… Du coup, si je peux me permettre… J’aimerais savoir en retour si vous êtes bien celui que je recherche.

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Samaël aurait d’ordinaire ricané aux paroles de l’inconnu. Il devait reconnaître qu’il semblait avoir le sens de l’humour et ne pas se prendre la tête avec les futilités. Sans s’en rendre compte, le cambion était en train de faire le portrait de cet homme des plus mystérieux. Il semblait agir avec une certaine immaturité, mais était-ce naturel ou calculé pour lui faire baisser sa garde ? Qu’importe car le jeune homme livra ses intentions dans un flot d’informations. Inutile de tenter la dissimulation : il avait clairement à faire à une entité tout à fait capable de lui extraire les vers du nez.

Il l’observa, attentif et attendant le moment fatidique où la vérité allait surgir. Soudainement, le doute le saisit avec une brutalité qui lui coupe presque le souffle. Son estomac se noue face au stress : veut-il réellement savoir ? Bien sûr ! Samaël chassa cette pensée parasite, ce doute qui semblait jouer avec lui.
Face à lui, l’inconnu semblait… en plein crash de ses systèmes. Il pouvait clairement lire dans son regard une légèrement vague de panique. Était-ce bien lui ? Allait-il s’évaporer pour ne plus jamais revenir ?
Le cambion retint son souffle pendant ce qui lui sembla être une éternité avant qu’une étincelle vînt à passer dans le regard de l’inconnu qui reprit enfin la parole.

La respiration revint, accompagnée par un soulagement : l’inconnu était toujours là. Cependant… la déception ne tarda pas à arriver : ce n’était pas lui. Samaël tenta de cacher sa mine défaite au moment où les commandes arrivaient. Il se concentra alors sur son café, l’estomac un peu trop noué pour apprécier à sa juste valeur la chantilly qui semblait pourtant l’inviter à la gourmandise.

Chechi dit…

Il redressa vivement sa tête, comprenant ce que cela pouvait signifier : il n’était pas son père, mais il savait qui l’était. Le cœur au bord des lèvres, il écouta attentivement l’inconnu… qui se révéla être… son oncle !
Son oncle… il avait un oncle… Samaël resta un instant bouche-bée, ignorant complètement ce qu’il ressentait à cet instant précis. C’est alors qu’une chose finit par s’échapper de ses lèvres.

– Putain de bordel…

Il se tut, se raclant un instant la gorgée. Il enregistra l’information, cherchant dans sa mémoire à quel démon il avait à faire. Cette fois, plus de doute possible… Le nom de Baphomet lui était familier mais il ne parvenait pas à savoir qui il était exactement.

– Désolé… Je ne m’attendais pas à tomber sur… mon oncle. Du coup… Salut tonton Bapho ?

Il laissa échapper un petit rire nerveux avant de prendre une gorgée de café pour se focaliser sur ce que lui proposait Baphomet. Il faisait du mystère. Une façon de jouer avec lui ? Non. Visiblement son père était quelqu’un d’important. Il réfléchit un instant, hésita, puis se lança.

– D’un côté j’ai envie de savoir qui il est… mais je crois bien que je préfère l’apprendre autrement. Des années que je le cherche et… maintenant que je touche au but… j’ai besoin de l’entendre de sa bouche et non d’un autre.

Cela pouvait paraître stupide, mais cela faisait sens pour lui. C’était plus important et plus clair à présent qu’il se rapprochait. Le nœud qui s’était formé dans son estomac se dénoua alors qu’il prenait conscience de cela.

– Je choisis donc la surprise.

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Samaël ne put s’empêcher de hausser un sourcil en entendant Baphomet l’appeler « Sam ». Il tiqua un bref instant, ce disant que seul les membres de sa famille pouvaient l’appeler ainsi… quand il percuta qu’il en faisait justement partie. Il haussa donc les épaules, se disant pour lui-même que c’était « ok », même s’il doutait d’avoir la possibilité de s’y opposer. Certes, il n’était pas son père, mais il le mettait à l’aise avec sa décontraction naturelle.

Il reposa sa tasse de café, qu’il avait vidée d’une traite sans s’en rendre compte. Maudite addiction à la caféine… Heureusement pour lui, son estomac retrouvait sa forme olympique à présent que le stress était retombé. Il attrapa donc sa cuillère tout en écoutant Baphomet. Une bouchée de chantilly et ça alla aussitôt mieux. Il s’était inquiété pour rien au final. Son oncle lui posa plusieurs questions. La cuillère encore dans la bouche, il hocha de la tête à l’évocation du mot « cambion ». Cela lui fit d’ailleurs se demander comment les démons les appelaient si le terme n’était pas évident pour Baphomet.
Lorsqu’il lui demanda comment il était parvenu à le retrouver, Samaël posa sa cuillère et eu un petit rire amusé.

– J’en reviens toujours pas que ça ait marché. J’ai essayé plein de sorts complexes, allant parfois loin dans la magie… et au lieu de me concentrer sur l’invocation d’un démon, j’ai fait un sort pour localiser un membre de ma famille. J’ai juste adapté la formule pour que le sort se concentre sur mon côté paternel.

C’était tellement « simple » qu’il avait encore du mal à y croire. Peut-être qu’il y avait une autre raison qui l’avait mené à cette réussite… ou peut-être que la simplicité du sort en avait fait sa force.

– Au final, je n’ai pas invoqué de démon mais demandé à retrouver quelqu’un partageant le même sang que moi.

Samaël continua de manger un peu de chantilly avant de touiller un peu l’ensemble, la mélangeant au chocolat, pendant qu’une nouvelle question arrivait. Cette fois-ci, il sécha, se demandant pourquoi il avait de la magie.

– Je dois avoir un ancêtre sorcier. Ma magie s’est éveillée quand j’étais jeune… mais je ne sais pas d’où ça vient. Pendant longtemps, j’ai pensé que c’était de mon père jusqu’à ce qu’on m’apprenne que les cambions n’avaient pas spécialement de magie, sauf si un des parents étaient sorciers.

Samaël se disait que c’était encore là un grand mystère qui l’entourait, ignorant tout du secret familial. Il ne savait pas qu’il venait d’une famille de sorciers dont son grand-père était le gardien de ce passé révolu suite à des dérives dont il ignorait tout, la mémoire bloquée suite à un événement tragique.

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Samaël but une nouvelle gorgée de café à présent que son stress s’était calmé. Il avait encore du mal à réaliser qu’il avait son oncle face à lui quand ce dernier le félicita d’avoir réussi son sort. Ce « GG » sorti de nul part le fit avaler de travers. Il reposa sa tasse, toussant, la main devant sa bouche pour éviter de tout recracher par le nez.

– Désolé… J’ai plus l’habitude d’entendre cette expression avec un casque sur les oreilles et une manette à la main.

Un amusement certain perçait derrière la surprise. Pour sûr, il avait gagné un oncle haut en couleur et une petite voix lui murmurait qu’il l’appréciait déjà ; mais il ne saurait dire si c’était l’ombre en lui qui l’influençait ou non.
Baphomet reformula ses félicitations et Samaël se sentit presque rougir aux compliments, avant de sourire face à l’analogie.

– Je ne sais pas si on peut dire que je suis vraiment équipé pour cette rencontre… mais pour l’instant…

Samaël posa le café et passa à son chocolat viennois de luxe pour prendre une cuillérée de chantilly et la savourer.

– … je dois reconnaitre que c’est plus la cerise que la mauvaise surprise.

Peut-être qu’il parlait trop vite, mais à cet instant, il avait envie d’être sociable et non ce type bizarre qui reste dans un coin à se méfier de sa propre ombre. Il revint cependant à la conversation et afficha une mine plus sérieuse avec un léger soupir quand il réfléchit à la question que Baphomet lui avait posée.

– Depuis combien de temps ? Je me rappelle d’avoir toujours voulu savoir qui était mon père… et j’ai dû savoir ce qu’il était il y a quoi… dix ? quinze ans ? J’ai perdu le compte… Je tente vraiment des rituels un peu plus… costaud, dira-t-on, depuis que j’ai quitté mon coven. Moins de risque de se faire bannir ou que sais-je. Je suis libre.

L’enthousiasme du démon est palpable, visiblement la situation l’amuse beaucoup mais dans le bon sens, c’était du moins l’impression qu’il laissait à Samaël. Pour la première fois depuis un moment, il se sentit moins pommé concernant ses origines. Depuis qu’il savait qu’il allait être père, son besoin de savoir d’où il venait s’était fait pressant. Il voulait laisser un héritage généalogique à ses enfants et non un arbre dont la moitié des branches seraient coupées.

Baphomet parla de cumul familial, mais Samaël ne comprit pas trop ce qu’il voulait dire. Peut-être parlait-il de son côté sorcier. Il n’eut pas le temps de se questionner davantage car Baphomet le questionna sur ses dons. C’était donc bien ça. Le jeune homme allait pour répondre mais son oncle le stoppa, décidant d’entrer dans le jeu des devinettes… en lui mettant son doigt sur la bouche de son neveu. Ce dernier le regarda un instant, à la fois perplexe et amusé tandis que Baphomet tentait de trouver son don : quels types de pouvoirs pouvaient bien avoir son côté paternel pour qu’il pense à des mains-éponges ?
Le démon continua, sous le regard amusé de son neveu qui secouait négativement de la tête tout en douceur avant de siroter son chocolat. Il alternait ainsi ses tasses, passant du café au viennois et ainsi de suite.

– Je vais me demander quels sont les pouvoirs habituels dans la famille. Enfin, si ce que j’ai viens du côté paternel. Mes grands-parents sont de vrais moldus… et je n’ai pas souvenir d’avoir vu ma mère jouer les Samantha quand j’étais petit. Je suppose que je dois avoir un ancêtre de son côté qui avaient des dons et ça a sauté quelques générations.

Tout en parlant, il jouait avec sa cuillère, la faisant tourner machinalement entre ses doigts. Cette version, une partie de lui n’y croyait pas, bien enfouie dans son subconscient, mais il n’avait connu que ça donc ça devait être la vérité. Il était fréquent de rêver à de grands secrets familiaux dans les familles les plus banales.

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La conversation était vraiment des plus agréables et Samaël se sentait bien en compagnie de son oncle. Son oncle… Une notion qu’il avait encore du mal à percevoir comme réelle. Sa mère étant fille unique, il n’avait jamais connu que le lien avec ses grands-parents. Combien de ses camarades avait-il envié quand ils parlaient de leur « tonton trop cool » qui leur apprenait à faire plein de bêtises. Maintenant, c’était à son tour de découvrir ces petits bonheurs complices. Il sirota son chocolat chaud maintenant qu’il avait fini le café. Je vais avoir une sacrée envie de pisser après tout ça. Pensée triviale à part, il se concentra sur la conversation et ne put s’empêcher de rougir légèrement au compliment de Baphomet. Il en avait eu des qualifications, mais « bon garçon » lui avait été rarement attribué. Avec ses crises de folies, difficile de montrer ses qualités.
Baphomet évoqua son frère sans le nommer et le cambion lui fut reconnaissant de respecter son souhait de découvrir par lui-même qui était son paternel. La curiosité et l’avenance du démon l’étonna d’ailleurs. Ils avaient entendu tellement de choses sur eux et Baphomet était loin de ces portraits dressés depuis qu’il était jeune. Il réfléchit cependant à la question de son oncle : comment avait-il réagi en apprenant ses origines ?

– Hmmm. Ça peut paraître bizarre mais j’ai été soulagé… Depuis que je suis jeune j’ai ces… cauchemars. Mes grands-parents m’ont fait voir une flopée de médecins, sans parler des internements… Mais rien n’y faisait. Quand j’ai su que j’étais sorcier, mon ancien coven est venu à moi et mon mentor a vite compris le pourquoi du comment concernant mes cauchemars. Savoir que finalement… on est moins fou que le monde veut nous laisser croire, ça soulage.

Bon, Samaël savait qu’il avait des troubles psychiques bien ancrés mais il avait bon espoir qu’une fois débarrassé de son humanité, son tourment ne soit plus qu’un lointain souvenir. C’est alors que Baphomet le mit en garde contre ses semblables. Apparemment, les récits ne sont pas tous sans fondements. Il écouta donc attentivement avant de finalement prendre la parole dans un haussement d’épaules.

– Arf… J’imagine que c’est comme pour tout : il y a des cons partout. Merci pour le conseil, je garderai ça en tête… Je peux donc dire que j’ai le tonton le plus cool des démons.

Une petite lueur de fierté vint pointer dans son regard. Et oui, Samaël avait visiblement un des oncles les plus cools de la terre. Du moins c’était l’impression qu’il dégageait. De toute façon, il était devenu le meilleur à ses yeux dès l’instant où il avait décidé de se poser dans un coin au lieu de fuir à l’autre bout de la Terre. Voilà ce que pensait le jeune cambion quand Baphomet lui fit une promesse : celle d’être toujours là pour lui. Bordel de merde… C’est officiel, j’ai le meilleur oncle qui soit !

– Merci… Vraiment, ça me touche. Ça fait du bien de pouvoir compter sur un membre de la famille.

Il se sentait galvaniser et chanceux à ce moment précis. Heureux même et il avait déjà hâte de présenter son oncle à sa moitié. Puis revient ce petit jeu des devinettes concernant son pouvoir. Lorsqu’il demande à Samaël s’il avait du feu, ce dernier comprit et sourire avec un regard espiègle.

– Toujours.

Il se concentra un bref instant, laissant la magie le parcourir et il présenta la paume de sa main ouverte avec, en son centre, de la cendre rougeoyante.

– Bravo, t’as gagné.

Il fit alors apparaître une étincelle pour faire grandir les braises cendrées en une petite flamme pour que Baphomet puisse venir allumer sa cigarette.

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Samaël continuait de s’abreuver des conseils de son oncle. Il lui montrait une compassion que peu lui avait accordée jusque-là, il le mit même en garde contre les profiteurs, ceux qui voudraient utiliser sa « particularité ». Il hocha de la tête, le regard soudainement plus dur : oh que oui, il y en avait, il y en avait même qu’il tenait dans le collimateur depuis un moment.

Il porta sa boisson à ses lèvres pour chasser « cette bande de connards » de son esprit… et manqua de s’étrangler, mais parvint à garder tout le chocolat à l’intérieur : on ne gâche pas la nourriture. Son parrain. Son oncle lui proposait d’être son parrain. Cela voulait-il dire qu’il aiderait pour ses projets ? Et pour l’après, une fois qu’il sera démon ? Il ne le connaissait pas encore mais l’enthousiasme s’empara de lui. Déjà il avait hâte de passer davantage de temps avec lui.

– Sérieux ? Pour de vrai ?

Il n’en croyait pas ses oreilles. Il avait déjà hâte d’en parler à Andy. Non ! L’ombre avait parlé, et Samaël pouvait percevoir l’appréhension qui la saisissait. Qu’en penserait sa fiancée ? Après tout, elle faisait partie du coven de l’Émeraude, un coven qui n’aimait pas trop les démons, comme la plupart des covens d’ailleurs. La connivence avec eux était un tabou et bien qu’il aimât Andr’héïa, il ne voulait pas prendre de risques.

– Ça serait un honneur d’avoir mon oncle comme parrain… J’avoue aussi qu’avoir un allier qui soit de ma famille ne serait pas de refus.

En une journée, il allait gagner un oncle et un parrain : deux en un, quelle aubaine ! Pendant qu’il allumait la cigarette de son oncle, il vit à son regard qu’il était épaté, et ça le rendit fier. Il avait l’impression d’être enfin à sa place quelque part dans ce foutu chaos qu’était son quotidien. Même quand il était avec Andy, il avait l’impression de devoir jouer un rôle, gardant son ombre loin d’elle car, il le savait… elle l’avait en horreur et ça… ça le foutait en l’air à petit feu.

– J’avoue que j’ai rarement besoin de mon briquet.

Baphomet revint alors sur les mauvaises influences, et il ne put que lui donner raison : Samaël était vraiment partie dans la vie avec les mauvaises cartes d’entrée de jeu. Il changea cependant de sujet, lui demandant plus d’infos sur lui. Quelque part, sa réponse allait rejoindre les deux conversations.

– Je ne te le fais pas dire. Les rats… il y en a partout. Rien que le coven de l’Émeraude par exemple… Je sais de source sure qu’ils me veulent dans leur rang, justement parce que je suis un cambion. Ils me prennent pour une arme de destruction massive ou un truc comme ça.

Samaël s’arrêta un instant, réfléchissant ce qu’il pouvait lui dire. Il ne pouvait pas révéler qu’Andy jouait les agents doubles, ça serait l’exposée. Même s’il avait confiance en Baphomet, il ne le connaissait pas assez pour ça.

– Ça va te surprendre mais je suis photographe et illustrateur. Je sais, j’ai plus le physique à faire videur dans une boîte de nuit qu’à prendre des photos de mariage et dessiner des portraits au fusain.

Il laissa échapper un petit rire amusé. Sa vocation pouvait facilement surprendre.

– Sinon niveau famille, je suis en couple sans enfant. J’avoue que ça me plairait bien d’être père mais en même temps ça fout les chocottes.

Il ignorait ce que c’était d’avoir un père, il avait donc grandi sans ce modèle et l’idée qu’il dût se retrouver dans ce rôle lui faisait envie autant que ça le terrifiait de ne pas être à la hauteur, mais aussi par crainte de leur transmettre sa nature.
Ce fut à cet instant précis que Baphomet lui parla de sa propre entreprise et… lui proposa même un job. Il frisa alors, ne sachant pas trop comment réagir. C’était une blague ? Non, du peu qu’il connaissait de Baphomet, il avait l’air plus que sérieux.

– C’est sympa de proposé mais j’avoue que je suis plus habitué aux donjons sur un plateau avec des figurines et un maître du jeu que celui avec l’ambiance fistinière.

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Quand le grain de folie devient un roc

|| @Baphomet &a Samaël

Samaël peinait à en croire ses oreilles, lui qui avait appris à grandir seul bien qu’entouré. C’était étrange comme sensation de se dire que dans sa quête de découvrir qui il était réellement, il avait trouvé un allié. Ce n’était pas qu’il n’en avait pas au quotidien mais… ils ne pouvaient pas forcément comprendre ce qu’il ressentait, tandis que son oncle, lui, pourrait. Quand on avait quelque chose d’aussi obscur en soi, il valait mieux s’allier aux ténèbres qu’à la lumière.

Lorsqu’il parla des covens, il remarqua le silence de Baphomet, ainsi que son regard. Samaël n’était pas dupe, il se doutait de la puissance qui sommeillait en lui, il le constatait quand l’Ombre prenait le dessus. Il se doutait également qu’il pouvait compter sur lui pour l’aider à l’avenir, même sa part sombre s’en réjouissait, c’était donc un très bon point.

Quand vint ensuite le moment de parler de chose plus terre à terre, comme son métier, Samaël constata que l’enthousiasme de son oncle ne retombait pas, outre mesure, cela semblait l’intéresser grandement. Un philanthrope ? Non… un créatif ! Il évoqua même les secrets croustillants des mariages et le neveu ne put s’empêcher de rire.

– Quand on est photographe, on est partout mais invisible à la fois. On est essentiel aux mariés mais au final ils nous oublient comme notre visage n’est pas sur les photos. Et j’en ai vu des trucs de dingues dans des mariages.

Il rit en repensant à certains moments de pure absurdité humaine, puis continua d’écouter Baphomet qui parlait d’aider en cas de vernissage. L’information ne tomba pas dans l’oreille d’un sourd et il hocha la tête de manière entendue avant de continuer, parlant à présent de sa vie de famille… et lorsque Baphomet parla de son bonheur, son regard se voila un instant, se perdant dans ses pensées. Mais très vite il revint à la conversation, et aux pratiques professionnelles de son oncle.

– Qui sait, si un jour la curiosité me prends, je passerais.

En vérité, il était assez curieux, mais n’osait pas s’avouer les choses. La conversation dériva alors de nouveau sur sa famille, et l’évocation d’en fonder une.

– Ouais ça fait peur mais ça serait extra…

Il hocha de la tête avec un sourire mais très vite, ce dernier se ternit tandis qu’une ombre vint progressivement s’ajouter au tableau.

– Je suis heureux… mais… des fois je me demande si je suis si heureux que ça… je me demande par moment si le boulot de ma fiancée n’est pas plus important…

Les mots étaient presque sortis malgré lui, mais il avait besoin d’exprimer ce malaise qu’il éprouvait parfois. La « mission » qu’Andr’héia avait concernant l’Émeraude… parfois il avait le sentiment que si elle devait choisir entre sa mission et lui… Il ne termina pas sa pensée, s’y refusant.

– Enfin, elle est débordée en ce moment mais je suis sûr que les choses redeviendront très vite normales.

Sourire de façade pour cacher ses craintes qui ne tromperait probablement pas Baphomet.

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Quand le grain de folie devient un roc

|| @Baphomet &a Samaël

Visiblement, son métier intéressait grandement son oncle et à ces paroles, le cambion ne put que rire, amusé, avant de répondre, non sans une certaine espièglerie dans le regard.

– T’en fais pas, je n’ai pas besoin de rouler sous la table pour raconter mes anecdotes, mais je ne dis pas non à quelque verres avec toi.

L’enthousiasme de Baphomet sembla des plus sincères aux yeux de Samaël qui ne put que sourire. Ce dernier le rassura même quant à son donjon des plaisirs. Il devait reconnaître que la chose l’intriguait. Peut-être qu’il pourrait s’y rendre à l’occasion par curiosité ou, comme le proposait son oncle, venir boire un verre.
Détendu, il sentait que c’était le début d’un lien familial haut en couleur, mais également sincère : un ancrage qui ne pouvait que lui faire du bien.

La discussion se poursuivit alors mais une ombre passa dans son regard et il confia ses craintes concernant Andy, la peur de la voir s’éloigner. Il le cachait mais Samaël avait une peur de l’abandon profondément enfouie en lui depuis son plus jeune âge : un père absent, une mère aimante que la vie lui a arrachée, des grands-parents présents et distants à la fois… puis son coven qui disparait. Samaël voyait au cours de sa vie tous ceux qui comptaient pour lui disparaitre ou l’abandonner…
Baphomet reprit alors la parole, tentant de lui remonter le moral, il parvint d’ailleurs à lui arracher un petit pouffement quand il lui révéla être une calamité dans les relations amoureuse.

Il resta cependant silencieux, regardant son oncle finir sa cigarette tout en lui tendant une carte de visite. Samaël s’en empara et l’observa avec attention. Un coup d’œil sur le logo et il eut un sourire au coin, se doutant qu’il s’agissait de la véritable forme du démon. En cas d’urgence. Il hocha de la tête avant d’entendre Baphomet lui donner des cas concrets d’urgence… et cette fois un rire lui échappa, chassant l’ombre de sa crainte.

– Merci. Vraiment… ça me touche d’avoir un membre de la famille sur qui compter.

Précieusement, il rangea la carte de visite dans l’étui de son porteplume fétiche, celui qu’il avait toujours sur lui au cas où l’envie de dessiner le prenait. Il redressa alors la tête quand Baphomet parla du « sud » et il déglutit malgré lui, mais il hocha la tête d’un air entendu. Quelque part, ça le rassurait d’avoir quelqu’un sur qui il pouvait compter en toute circonstance, même en enfer.
La rencontre improbable prit alors fin, chacun devait vaquer à ses propres occupations. Sourire aux lèvres, Samaël promit d’appeler son oncle, tapotant sur sa poche intérieure où se trouvait le porteplume avec la carte de visite.

– Maintenant que j’ai trouvé mon oncle, je ne vais pas le lâcher de sitôt.

Petit rire, Samaël finit par reprendre la route de son studio, soudainement plus léger et plein d’un nouvel espoir. Certes, il n’avait pas retrouvé son père, mais son oncle qui avait montré une bienveillance à en faire pâlir d’envie les anges.

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