Lewis aurait dû faire demi-tour sitôt qu’il a entendu des bribes de conversation.
Il aurait vraiment dû…
L’altercation entre McNamara et le vampire (Hyppolite ? Si sa mémoire est correcte, ce qui n’est absolument pas une certitude) est vive et ne fait qu’appuyer sur des points qu’il a lui-même déjà soulevé lorsqu’il y réfléchit. Ce qui arrive bien trop souvent.
Mais il entend soudain des bruits de lutte et ne peut pas se résoudre à partir. Ni à entrer précipitamment en violant son intimité de cette façon.

- LÂCHE-MOI ! LÂCHE-MOI TOUT DE SUITE !
Il opte donc pour la solution la plus « diplomatique » et frappe résolument à sa porte, la main déjà sur la poignée, prêt à intervenir à la moindre indication qu’elle a besoin d’aide.
- McNamara ? Tout va bien ?

Comme son Alpha, il n’a jamais cautionné la violence faite aux femmes, d’autant plus lorsque celle-ci sont affaiblies.
- Nous avions rendez-vous il y a plus d’une demi-heure.
- O.. oui, pardonnez-moi. J'ai eu un contre temps, mais je suis libre maintenant. Entrez....

Lewis sert les mâchoires, sentant un début de colère montée, chose assez rare pour être notée. Il dévisage le vampire qui lui ouvre avec une tranquillité teintée de mépris, peu impressionné par son regard polaire et pénètre dans la chambre après un temps d’arrêt. Il s’y est passé tellement de choses…Il referme lentement la porte derrière lui et prend la mesure de l’environnement.
Lentement, il s’approche de la sorcière et se plante devant elle pour la dévisager. Les traces de son émotion sont inscrites sur son visage et Lewis pousse un soupir désolé en posant maladroitement mais délicatement une main sur son épaule.

- Ygerne…commence-t-il avant de se faire interrompre.
- Excusez-moi, Lewis, je suis navrée, de vous avoir fait attendre.
- Il n’y a pas de mal. Vous êtes toute pardonnée. Comment vous sentez-vous ? Vous a-t-il fait du mal ?
- Je… Je réunie mes affaires et nous pourrons commencer.
Le Loup garde un instant le silence puis déclare avec une douceur insoupçonnée dans la voix tout en la guidant doucement par la main vers son lit.
- Asseyez-vous un instant. Je me charge de vos affaires.

A genoux par terre, il ramasse les pièces d’échecs et les remets avec beaucoup de respect dans leur sac en tissu. Il tombe alors sur le Roi noir – celui-là même qu’il a couché il y a quelques jours – et garde les deux parties brisées dans sa paume.

- M’autorisez-vous à emporter cette pièce ? Je ne devrais pas avoir trop de mal à la réparer. Colgan m’aidera. Il est doué avec le bois.  

Il replie le plateau et le pose sur le petit meuble avec le sac de pièces.

- Je ne vais pas vous mentir, j’ai entendu votre conversation avec votre… « ami ». Il plante son regard, exprimant une certaine forme de regret, dans le sien. Sachez que je ne vous en voudrais nullement si vous préférez arrêter. Je comprendrais même parfaitement. Il a peut-être raison sur certains points dont le plus important. Je reste et resterai l’assassin de votre fille, déclare-t-il avec toujours autant de douceur. Tout est arrivé très vite. Peut-être serait-il bon que vous preniez un peu de distance avec tout ça – avec lui – pour y réfléchir plus posément.

Une main d'homme, chaude, se pose sur son épaule, là où celle, glacée, d'Hyppolite l'a fermement maintenue. Elle en conserve certainement des ecchymoses.

- Ygerne…

La sorcière n'a pas envie de paraitre faible, fragile et instable alors elle tente de vaillamment entretenir une illusion qui ne trompe personne.

- Excusez-moi, Lewis, je suis navrée, de vous avoir fait attendre.
- Il n’y a pas de mal. Vous êtes toute pardonnée. Comment vous sentez-vous ? Vous a-t-il fait du mal ?

Elle ne peut pas répondre, ne veut pas répondre. Hyppolite n'a jamais eu un comportement aussi déplacé. Il est inquiet, terriblement inquiet. Et il ne comprend pas.

- Je… Je réunie mes affaires et nous pourrons commencer.
- Asseyez-vous un instant. Je me charge de vos affaires.

Troublée par sa sollicitude, Ygerne se laisse docilement faire. Elle balaie d'un air désolé et mélancolique ses affaires en vrac sur le sol. Lorsque Lewis lui présente la figurine de bois abîmée elle ne peut réprimer un sanglot et se recroqueville sur elle même, comme pour cacher le chagrin qui la prend aux trippes. Elle prend une inspiration, s'essuie les yeux aussi dignement que possible et lui répond. Sa voix est comme de la porcelaine malmenée prête à s'émietter à tout moment.

- E... Excusez-moi. Oui... Oui si vous pouvez la réparer, je vous la cède volontiers. Faible sourire, un fantôme voilé.
- Je ne vais pas vous mentir, j’ai entendu votre conversation avec votre… « ami ». Sachez que je ne vous en voudrais nullement si vous préférez arrêter. Je comprendrais même parfaitement. Il a peut-être raison sur certains points dont le plus important. Je reste et resterai l’assassin de votre fille.

Ygerne pince les lèvres.

- Tout est arrivé très vite. Peut-être serait-il bon que vous preniez un peu de distance avec tout ça pour y réfléchir plus posément.
- Non... décrète-t-elle dans un souffle. Elle agrippe son poignet. Je n'ai jamais été plus certaine de ce que je fais que le jour où j'ai décidé de vous venir en aide. Hyppolite ne le comprend pas. Personne ne semble comprendre ce que je suis en train d'entreprendre, pas même vous, je crois, ajoute-t-elle avec la même douceur que lui dans le timbre. Haussement d'épaules fataliste. Oui, vous avez tué ma fille. Oui, je me suis vengée. Ces deux faits sont avérés et appartiennent au passé. Ce que je tente de faire moi, c'est d'enrayer la fatalité qui nous a unis. Je veux pouvoir stopper l'engrenage de la haine. Sa voix se fêle quelque peu. J'y ai cédé, contre tous mes principes, et cet engrenage m'a broyée. Il vous a broyé, il a broyé Deborah, mais il aurait pu broyer Shane à la place....... Je.. Je ne suis pas en train de me punir ou de.. De faire tout ce dont il m'accuse... Je veux juste faire quelque chose de bien. Pour vous et pour moi. C'est.. C'est la seule chose qui saura m'apporter un peu de paix. Les larmes coulent en silence sur ses joues. Vous comprenez, Lewis ?

- Tout est arrivé très vite. Peut-être serait-il bon que vous preniez un peu de distance avec tout ça pour y réfléchir plus posément.
- Non...

A genoux devant elle, Lewis contemple ses doigts qui encerclent son poignet. Il se sent véritablement désolé de ce qu’elle subit. A cause de lui…

- Je n'ai jamais été plus certaine de ce que je fais que le jour où j'ai décidé de vous venir en aide. Hyppolite ne le comprend pas. Personne ne semble comprendre ce que je suis en train d'entreprendre, pas même vous, je crois.
- Pas toujours, avoue-t-il. Je ne me permettrais pas de juger vos sentiments ou votre façon de faire. J’espère simplement que tout cela nous vous brisera pas plus que ce que je vous ai déjà fait.
- Oui, vous avez tué ma fille. Oui, je me suis vengée. Ces deux faits sont avérés et appartiennent au passé. Ce que je tente de faire moi, c'est d'enrayer la fatalité qui nous a unis. Je veux pouvoir stopper l'engrenage de la haine.
Il la contemple un instant et tourne sa main pour pouvoir serrer délicatement à son tour le poignet de la sorcière.
- C’est très exactement ce que je souhaite. Je n’éprouve aucune haine à votre égard, Ygerne. Aucune. Et vous ? Est-ce que vous me détestez ? Si ça n’est pas le cas. La roue a déjà cessé de tourner.
- J'y ai cédé, contre tous mes principes, et cet engrenage m'a broyée. Il vous a broyé, il a broyé Deborah, mais il aurait pu broyer Shane à la place...
- Je ne vous en veux pas pour ça. Nous commentons tous des erreurs, nous dépassons tous nos limites, un jour où l’autre. C’est humain.
- Je… Je ne suis pas en train de me punir ou de… De faire tout ce dont il m'accuse... Je veux juste faire quelque chose de bien. Pour vous et pour moi. C'est… C'est la seule chose qui saura m'apporter un peu de paix.

Il met le roi brisé dans sa poche et lentement, son autre main remonte vers le visage de la sorcière pour essayer doucement les larmes qui coulent sur ses joues.

- Vous comprenez, Lewis ?
- Je comprends.

Ses doigts redescendent. Il vient de se rendre compte que son geste était parfaitement inapproprié.

- Bien. Dans ce cas, vous m’aiderez à retrouver toute ma tête et je vous aiderai à trouver la paix, continue-t-il sur le même timbre, les yeux dans les siens, comme s’il prononçait une sorte de serment. Il se lève et s’autorise à s’assoir à ses côtés, observant ses mains croisées. Après cela, vous pourrez tourner la page… Mais ne vous éloignez pas de ceux qui vous aiment et qui tiennent à vous dans ce processus.
Il pousse un soupir.
- Vous a-t-il fait mal ? Vous sembliez avoir peur… Vous avez besoin d’un médecin ? Je pense que nous ferions mieux d’ajourner notre séance du jour. J’insiste. Je peux rester là un instant si vous avez besoin de compagnie… il pourra en même temps s’assurer que le vampire ne revienne pas et que McNamara aille vraiment bien… ou je peux m’en aller si vous préférez être seule.

- Je comprends.
- Merci...

Une immense vague de soulagement envahit la sorcière, si bien qu'elle ne trouve rien de choquant à son geste. Il y a une sorte d'intimité dans la communion qui autorise ce genre d'acte. Ils communient présentement, se comprennent mutuellement et regarderont dans la même direction pour le futur.
C'est un immense progrès pour l'un comme pour l'autre.

- Bien. Dans ce cas, vous m’aiderez à retrouver toute ma tête et je vous aiderai à trouver la paix.
- Oui.

Elle lui sourit, les yeux dans les siens, avec une foi restaurée dans cette entreprise difficile. Elle se bat parfois contre elle-même, souvent contre lui, et davantage contre ceux qui les jugent. Elle y croit, pourtant.

- Après cela, vous pourrez tourner la page… Mais ne vous éloignez pas de ceux qui vous aiment et qui tiennent à vous dans ce processus.
- Je vais essayer.

Elle contemple leurs mains jointes comme hypnotisée par leur union. Il y a une certaine beauté dans cette image, un certain plaisir, aussi, à ce contact humain. Lewis est terriblement humain.

- Vous a-t-il fait mal ?
- Qui... ? Hyppolite ?
- Vous sembliez avoir peur… Vous avez besoin d’un médecin ?
- Non ! Non je vais bien. J'ai les épaules peut-être un peu contusionnées, mais rien de bien méchant.
- Je pense que nous ferions mieux d’ajourner notre séance du jour. J’insiste.

Elle soupire, mais abdique, pour cette fois.

- Entendu, mais il faudra rattraper, Lewis. Vous n'y échapperez pas! déclare-t-elle avec un sourire en coin.
- Je peux rester là un instant si vous avez besoin de compagnie…

Sa proposition la surprend tellement qu'elle en reste sans voix.

-...ou je peux m’en aller si vous préférez être seule.
- ... Non ! Non, non, vous pouvez rester. Vous êtes le bienvenu. Simplement, je ne voudrais pas vous déranger. Je sais que vous aimez votre tranquillité.... Mais j'apprécie et j'accepte, s'empresse-t-elle d'ajouter avant qu'il ne retire sa proposition.

Elle n'a pas envie d'être seule.
Un silence file.

- Hyppolite... Il n'est pas méchant, simplement inquiet. Ce n'est pas dans ses habitudes du tout d'être violent, mais.... Elle se mordille la lèvre avant de poursuivre sa confession, en remettant une mèche de cheveux derrière son oreille. J'ai eu une aventure avec lui, il y a longtemps. Une seule fois Une.. Une erreur dont nous avons convenu. Je venais de perdre mon mari et il était très... présent. Une pause. Depuis, il a parfois ce.... Enfin, cette façon d'être quand je ... Elle ouvre la bouche mais ne sait pas comment formuler les mots qui lui viennent spontanément : "Quand je m'intéresse à un homme." Cela sonne si déplacé aux vues de leur histoire... Il est juste très protecteur.

Elle regarde le loup et rosit en détournant les yeux, un peu honteuse de ce déballage qui lui ressemble si peu.

- Je ne devrais pas vous raconter ce genre de choses, je suis désolée... c'était simplement  pour.. Pour remettre dans le contexte.

L’idée qu’elle soit blessée ne lui plait pas vraiment et il aimerait y jeter un œil pour être certain qu’il ne s’agit que d’écorchures. Mais il ne se permettra jamais de demander.
- Je pense que nous ferions mieux d’ajourner notre séance du jour. J’insiste.
- Entendu, mais il faudra rattraper, Lewis. Vous n'y échapperez pas !
Il émet un petit rire en secouant la tête.
- Je n’en attendais pas moins de vous. Je peux rester là un instant si vous avez besoin de compagnie…

Elle semble tellement surprise qu’il se croit obligé de se reprendre.

- ... ou je peux m’en aller si vous préférez être seule.
- ... Non ! Non, non, vous pouvez rester. Vous êtes le bienvenu. Simplement, je ne voudrais pas vous déranger. Je sais que vous aimez votre tranquillité...
- C’est vrai. Je l’aime tellement que j’ai appris à la trouver même en turbulente compagnie. Vous êtes loin de l’être. Je devrais donc m’y accommoder facilement.
- Mais j'apprécie et j'accepte.
- Bien.

Le silence entre eux ne le dérange pas, et il reste inconsciemment aux aguets, attendant le retour d’Hyppolite ou de n’importe qui d’autre. Il retire doucement sa main de la sienne pour la poser sur sa cuisse. L’instant de vulnérabilité est passé.  

- Hyppolite... Il n'est pas méchant, simplement inquiet.
- Je sais. Je connais sa réputation.
- Ce n'est pas dans ses habitudes du tout d'être violent, mais.... Elle semble gênée et il se demande bien pourquoi. J'ai eu une aventure avec lui, il y a longtemps. Une seule fois Une… Une erreur dont nous avons convenu. Je venais de perdre mon mari et il était très... présent.
Lewis est surprend par sa confession, plutôt très intime mais il lève la main.
- Je vous en prie. Inutile de vous justifier. Je ne suis pas là pour vous juger.
- Depuis, il a parfois ce... Enfin, cette façon d'être quand je ... Il est juste très protecteur.

Son visage a rougi de charmante façon et Lewis observe le phénomène sans trop comprendre ce qui l’embarrasse autant. Même une veuve a le droit de se sentir femme après la mort de son mari. Enfin...c'est ce qu'il pense.

- Je comprends. On le serait pour moins. Je reste un ennemi et un meurtrier sans foi ni loi pour lui j’imagine. Toutefois je n’excuse pas son comportement. Je ne sais pas exactement ce qu’il vous a fait, mais c’est aller trop loin. Il a des limites que même moi je n’outrepasse pas.
- Je ne devrais pas vous raconter ce genre de choses, je suis désolée... c'était simplement pour... Pour remettre dans le contexte.
Lewis rit à nouveau.
- Vous savez comment on différencie un bon détective d’un mauvais ? Sa capacité à écouter et à inspirer ce genre de confessions, très précisément. Ne vous excusez pas. Il vous apprécie manifestement beaucoup et je comprends qu’il trouve cette situation…étrange. Comme Marisol d’ailleurs. Il est sans doute difficile de concevoir que nous puissions nous parler avec autant de calme de respect malgré…eh bien malgré tout le mal que l’on s’est fait.

Il laisse filer un autre silence puis confesse à son tour en toute franchise.
- Vous êtes quelqu'un de facile à apprécier. Dans d'autres circonstances, peut-être aurions-nous été...amis. Mais là... j'ai du mal à qualifier le lien qui nous unit. Que croyez-vous que Deborah penserait de toute ceci ? Vous êtes vous déjà posé la question ?

- Je comprends. On le serait pour moins. Je reste un ennemi et un meurtrier sans foi ni loi pour lui j’imagine.
- Il n'est pas aussi manichéen, mais, il se méfie de vous, oui.
- Toutefois je n’excuse pas son comportement. Je ne sais pas exactement ce qu’il vous a fait, mais c’est aller trop loin. Il a des limites que même moi je n’outrepasse pas.
- Je l'ai giflé. Un silence. Nous ne nous étions jamais disputé auparavant. Il m'a arraché mon sac et la jeté contre le mur. Tout s'est répandu sur le sol. J'ai voulu ramasser mais il m'a retenu fermement... Elle porte une main à son épaule et grimace en essayant de bouger les deux. Elle se sent mortifiée, brutalement, d'un tel déballage. Je ne devrais pas vous raconter ce genre de choses, je suis désolée... c'était simplement pour... Pour remettre dans le contexte.

Le rire de Lewis est rare, si rare qu'elle en relève la tête. Il est plaisant ce rire.

- Vous savez comment on différencie un bon détective d’un mauvais ? Sa capacité à écouter et à inspirer ce genre de confessions, très précisément.
- Il parait que c'est également ce qui fait la différence entre un bon psychologue et un mauvais. Je m'excuse, néanmoins, vous n'aviez pas forcément envie d'entendre... tout ceci.
- Ne vous excusez pas. Il vous apprécie manifestement beaucoup et je comprends qu’il trouve cette situation…étrange. Comme Marisol d’ailleurs.
- Comme beaucoup de monde j'imagine.  
- Il est sans doute difficile de concevoir que nous puissions nous parler avec autant de calme de respect malgré…eh bien malgré tout le mal que l’on s’est fait.

Elle hoche la tête en silence et ramasse ses jambes sur le lit adoptant une position très naturelle. Ygerne a l'habitude de s'asseoir un peu partout à même le sol et dans tout types de positions. Être droite sur une chaise lui parait incongru. Être sur une chaise tout court, du reste.

- Vous êtes quelqu'un de facile à apprécier.

Elle le regarde avec de grands yeux surpris. Lewis O'Keily se confie sur son ressenti. Elle a l'impression d'avoir décroché une victoire à un jeu très sélectif sans rien faire de particulier pour gagner.

- Dans d'autres circonstances, peut-être aurions-nous été...amis.
- C'est vrai, reconnait-elle avec un sourire.
- Mais là... j'ai du mal à qualifier le lien qui nous unit. Elle ne sait pas non plus. C'est... Trop inclassable. Trop hors normes. Que croyez-vous que Deborah penserait de toute ceci ? Vous êtes vous déjà posé la question ?

Ygerne prend un temps pour réfléchir à la question, le regard perdu en elle-même.

- Elle prônait les mêmes valeurs que David. Son père était un homme qui considérait qu'une vie était une vie, qu'elle soit celle d'un agresseur ou d'un ami, qu'elle soit humaine ou surnaturelle. Il nous avait écrit une lettre à ma fille et moi, en cas de décès. C'était une possibilité que cela arrive. Malsheem est une organisation de l'ombre qui œuvre pour un vaste "vivre ensemble". C'est une idée séduisante mais qui, malheureusement est plus difficile à appliquer dans les faits. Mon mari a sacrifié  sa vie pour donner du corps à cette idée et ses derniers mots ont été : "Ne me vengez pas, poursuivez pas ceux qui ont causé ma mort, ne perpétuez pas le cycle de deuils et de haine. Aujourd'hui vous perdez un père et un époux, mais tous les êtres sont liés et chacun est le père, l'époux, le fils ou le frère d'un autre." Cela l'a profondément marquée. Elle s'est engagée dans Malsheem à sa majorité pour appliquer cet enseignement.

La sorcière a une expression douloureuse.

- Mais moi je n'ai pas su ....

L'envie de pleurer la prend à nouveau mais elle se retient.

- Donc.... Donc je pense qu'elle aurait considéré ce fameux lien avec bienveillance, sans doute. Du moins, je le crois.

McNamara lui explique par le menu détail les valeurs que son époux avait transmis à leur fille. On ne peut que se sentir humble devant cette volonté farouche de voir le bien en ce monde… un peu cynique également et plus indigne encore. Ce David avait-il connu des difficultés pour croire ainsi en l’Humanité et en la coexistence des gens ? A-t-il senti le poison de la trahison ? De la souffrance ? Quoiqu’il en soi, il se dit qu’à l’avenir, il ne se laissera plus aller à la curiosité.

- Votre mari était un homme de bien, je vois. Si je ne suis pas aussi optimiste sur cette perspective de monde idyllique ou tout le monde vit en harmonie, je crois qu’il est toutefois important d’essayer. Ne serait-ce que pour les générations futures. Enfin tout ça… c’était avant Unseelie. Maintenant il s’agit de survivre tout court. Mais j’aimerais que ma Meute fasse partie de ce monde-là.
- Mais moi je n'ai pas su ...
- …être parfaite ? Ne vous blâmez pas. Votre époux n’a pas eu a enduré ce que vous avez enduré.

Il la sent à nouveau à fleur de peau. Décidemment il fait tout de travers. Il pose maladroitement une main sur son épaule.  

- Donc.... Donc je pense qu'elle aurait considéré ce fameux lien avec bienveillance, sans doute. Du moins, je le crois.
- Tant mieux. Bientôt, les choses redeviendront plus calmes. Vous pourrez alors songer à retirer ce bracelet et à continuer à honorer leurs mémoires et vos convictions.

Il vaut mieux voir les choses ainsi de toute façon. Rajouter de la culpabilité à la culpabilité ne lui apportera rien de bon. Un silence s’installe à nouveau qu’il rompe finalement.

- J’ai noté que vous mangiez souvent seule. Si le cœur vous en dis, joignez-vous à nous. Aux heures des repas vous trouverez forcément un Loup là-bas. Rassurez-vous tout le monde ne vous est pas hostile. Evitez simplement Shane, Colgan et sans doute Hunter et Ibakha s’ils sont seuls. Je vous promets que les autres ne mordent pas... enfin pas pour rien.

Evidemment cela permettrait d’enterrer les dernières rumeurs de guerre larvée entre les Abyssaux et Malsheem, mais peut-être que nouer des liens avec d’autres personnes, plus neutres, lui permettraient de chasser sa mélancolie et évidemment sa solitude.

- Mais moi je n'ai pas su ...
- …être parfaite ? Ne vous blâmez pas. Votre époux n’a pas eu a enduré ce que vous avez enduré.

Elle sent un vague reproche larvé, un jugement habilement  dissimulé. Ou n'est-ce qu'une impression de sa part ? Une projection de sa honte de s'être dévoilée sans pudeur à un homme avec lequel elle devrait maintenir une certaine distance rationnelle ? Il y a un moment que sa rationalité a fichu le camp, en vérité. Elle voit sa fille morte depuis des mois et personne ne l'a remarqué.

Lewis pose une main sur son épaule et elle émet un petit gémissement étouffé, produit d'une douleur qu'elle n'avait pas soupçonnée. Elle a peut-être quelque chose de cassé, tout compte fait.

- Vous trouvez ça probablement naïf. Je ne vous blâme pas...Pour en revenir à Deborah, donc.... Donc je pense qu'elle aurait considéré ce fameux lien avec bienveillance, sans doute. Du moins, je le crois.
- Tant mieux. Bientôt, les choses redeviendront plus calmes. Vous pourrez alors songer à retirer ce bracelet et à continuer à honorer leurs mémoires et vos convictions.
- Et vous pourrez retrouver votre... votre espace à vous.

Faible sourire qui s'étiole dans le silence qui s'ensuit.

- J’ai noté que vous mangiez souvent seule.
- Observation de détective, je présume.
- Si le cœur vous en dis, joignez-vous à nous.
- "Nous" ? Votre Meute, vous voulez dire ?
- Aux heures des repas vous trouverez forcément un Loup là-bas. Rassurez-vous tout le monde ne vous est pas hostile.
- A vous de vous montrer naïf, Lewis.
- Evitez simplement Shane, Colgan et sans doute Hunter et Ibakha s’ils sont seuls. Je vous promets que les autres ne mordent pas... enfin pas pour rien.
- Mais je ne serais pas accueillie avec bienveillance. Ne vous leurrez pas. Ceci dit, merci de le proposer. C'est... gentil. Inutile, mais gentil.

Nouveau silence de sa part.

- Ne vous forcez pas, si.. si vous ne voulez pas... Si c'est trop "bizarre"... Comment dire... Elle cherche ses mots, elle qui maitrise son verbe avec aisance d'ordinaire. Elle a un petit rire, un peu triste sans doute. Ne vous obligez pas à être gentil avec moi, à vous inquiéter ... Ou à montrer de l'intérêt pour la personne que je suis si vous ne désirez pas. J'ai... J'ai déjà assez empiété sur votre intimité comme ça, je crois. Vous n'êtes pas obligé de rester non plus.... Je.... Je supporte très mal la pitié, vous comprenez ?

Et la déception.
Elle se rend compte brutalement qu'il s'agit peut-être de cela. Quelle ironie que la seule personne nouvelle dans sa vie avec laquelle elle s'entende plutôt bien, soit également la personne qui ait tué son unique enfant.

- A vous de vous montrer naïf, Lewis.
Il lui dédit un regard presque amusé.
- Vraiment ? Alors c’est que vous trouvez vos propres convictions de « vivre ensemble » également naïves. Non il ne s’agit pas de cela. Mais si nous ne sommes même pas capables de manger avec une sorcière, alors c’est que nous ne sommes prêts à rien ! La Meute vit un peu trop en autarcie. Il est temps que l’on se mêle aux autres. Evitez simplement Shane, Colgan et sans doute Hunter et Ibakha s’ils sont seuls. Je vous promets que les autres ne mordent pas... enfin pas pour rien.
- Mais je ne serais pas accueillie avec bienveillance. Ne vous leurrez pas. Ceci dit, merci de le proposer.
- Je ne me leurre pas. J’essaie d’appliquer les nouvelles règles de ce monde, tout simplement et peut-être de nous mettre un peu à l’épreuve. Et puis vous vous sentiriez moins seule. Prenez ça comme une sorte de défi ou comme une action faisant partie de votre travail.  
- C'est... gentil. Inutile, mais gentil.
- Comme vous voulez.

Ils ne disent rien pendant de longues minutes.
- Ne vous forcez pas, si… si vous ne voulez pas... Si c'est trop "bizarre"... Comment dire...
Il la regarde avec curiosité.
- Quoi donc ?
Son rire un peu cassé ne lui dit rien qui vaille pour la suite.
- Ne vous obligez pas à être gentil avec moi, à vous inquiéter...
Il ne peut cacher son expression un peu interloquée.
- Je ne me force pas. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, je ne suis pas totalement hermétique à tout sentiment. Vous m’aidez, je vous aide, vous vous souvenez ?
- Ou à montrer de l'intérêt pour la personne que je suis si vous ne désirez pas. J'ai... J'ai déjà assez empiété sur votre intimité comme ça, je crois. Vous n'êtes pas obligé de rester non plus.... Je.... Je supporte très mal la pitié, vous comprenez ?

Il tente d’analyser ses propos un peu confus pour lui. Elle pense donc qu’il s’agit de pitié. Comment en est-elle venue à cette conclusion ? Il pensait pourtant qu’il passait plutôt pour un homme insensible à ses yeux.

- Ca n’en est pas. Je suis désolé. Il s’agit plutôt de curiosité mal placée. Comme je revis parfois quelques flashs de ce qu’était votre quotidien en famille, j’essaie sans doute…de comprendre ce que je ressens lorsque je rêve de vous deux…ou de vous tout simplement, les liens qui vous unissaient… Son regard se perd dans le coin de la pièce où Deborah lui sourit avec affection, comme toujours. Peut-être aussi pour voir si la vie idyllique que vous m’avez…soufflée, l’était autant dans la réalité. Mais vous avez raison. Nous avons largement dépassé les limites. Ca ne se reproduira plus.

Il se lève et lui tend la main.
- En attendant, je vous accompagne à l’infirmerie pour vérifier que tout va bien. Il lui coule un long regard entendu. Pas de protestation. J’ai à peine touché votre épaule que vous avez grimacé. Vous avez peut-être quelque chose de cassé. Et avant que vous ne posiez la question, je ne me force pas et j’ai simplement pitié pour votre épaule que vous alliez totalement ignorer.

- Ca n’en est pas. Je suis désolé. Il s’agit plutôt de curiosité mal placée.
- Oh...
- Comme je revis parfois quelques flashs de ce qu’était votre quotidien en famille, j’essaie sans doute…de comprendre ce que je ressens lorsque je rêve de vous deux…ou de vous tout simplement, les liens qui vous unissaient… Peut-être aussi pour voir si la vie idyllique que vous m’avez…soufflée, l’était autant dans la réalité.
- Je vois. Cela fait sens.
- Mais vous avez raison. Nous avons largement dépassé les limites. Ca ne se reproduira plus.
-Si cela vous aide à mieux comprendre vos hallucination et contribue à exorciser ces faux souvenirs, alors je suis disposée à répondre à vos question, je ne veux juste pas que cela vous... vous embarrasse ou vous mette mal à l'aise....

Il se lève et Ygerne s'imagine qu'il va partir, à présent. Pourquoi ne le ferait-il pas ? Mais il se retourne et lui tend la main.

- En attendant, je vous accompagne à l’infirmerie pour vérifier que tout va bien. Elle ouvre la bouche pour opposer un refus mais il la devance. Pas de protestation. J’ai à peine touché votre épaule que vous avez grimacé. Vous avez peut-être quelque chose de cassé. Et avant que vous ne posiez la question, je ne me force pas et j’ai simplement pitié pour votre épaule que vous alliez totalement ignorer.

Un sourire fleurit sur le visage de la sorcière.

- Que ne feriez-vous pas pour les épaules en détresse, Lewis ?

Elle saisit sa main et grimace de nouveau en se redressant. Effectivement, elle a plus mal qu'elle ne l'aurait cru. Ils quitte sa chambre qu'elle referme et suit Lewis à l'Infirmerie. A cette heure, il y a du monde dans les couloirs et pas mal de circulation. Certains s'en vont déjà prendre leur repas du soir, avec leur famille et le Mess bruisse déjà d'activité.

- Puisqu'il s'agit d'un défi visant à sociabiliser davantage les vôtres, j'accepte, déclare-t-elle soudain d'un ton détaché comme si leur conversation n'avait jamais été entrecoupée. Elle le regarde. Votre invitation à déjeuner, rappelle-t-elle. Je ne me défile pas devant un challenge, sachez-le, ajoute-t-elle avec un petit sourire en coin que d'aucun qualifierait de pétillant.

En entrant dans la parte médicale du Mess, le Docteur Josie King leur dédie une de ses expressions drolatique.

- Encore vous deux ? Qui a blessé l'autre ce coup-ci ? J'vais convoquer vos parents la prochaine fois : jeux de mains, jeux de vilains, hein ! Allez montrez-moi....

- Que ne feriez-vous pas pour les épaules en détresse, Lewis ?
- Vous avez de la chance. Avant je faisais payer mes services.

La grimace qui déforme son joli sourire lui confirme que la gravité de sa blessure est sans doute bien plus sérieuse qu’elle ne le pense.
Sans même y faire attention, il a vaguement posé une main dans le dos de la sorcière pour la guider à travers les réfugiés, se tenant du côté de sa blessure pour qu’elle n’heurte personne par mégarde. Malgré son air nonchalant, sa haute taille lui permet de se faufiler habilement.

- Puisqu'il s'agit d'un défi visant à sociabiliser davantage les vôtres, j'accepte.
Il lui adresse un coup d’œil interrogateur.
- Hum ?
- Votre invitation à déjeuner.
Il pivote la tête vers elle, surpris. Un lent sourire étire ses lèvres.
- Oh. A vrai dire ça concernant tous les repas que vous voulez mais à vous de voir.
- Je ne me défile pas devant un challenge, sachez-le.
Son sourire malicieux accentue le sien.
- Je note. Et c’est effectivement une information qu’il conservera précieusement. Je vous parlerai d’eux si vous voulez. Vous ne serez pas totalement perdue.

Ils arrivent finalement dans l’infirmerie et son accueillie par la drôle d’expression du docteur King.

- Docteur King, salue poliment Lewis. Pendant son séjour il a pu apprécier l’énergie et le franc-parler de la médecin.  
- Encore vous deux ?
- Sauf que cette fois, nous sommes venus jusqu’à vous et que nous sommes debout. J’appelle cela une amélioration.
- Qui a blessé l'autre ce coup-ci ?
- Si je vous dis, ni l’un, ni l’autre, me croyez-vous ? Nous venons pour l’épaule de madame, résume-t-il avec son pragmatisme coutumier.
- J'vais convoquer vos parents la prochaine fois : jeux de mains, jeux de vilains, hein !
- Quitte à être infantiliser avons-nous le droit à des bonbons si nous nous comportons sagement ?
- Allez montrez-moi....

Il échange un regarde avec Ygerne.
- Je vais attendre à l’extérieur le temps de l’examen.

Elle n’a sans doute pas envie de sa présence pendant la consultation du docteur.

L'un et l'autre retrouvent une attitude plus "légère" ainsi que leur sens de la répartie. Ygerne remarque que Lewis a une attitude des plus prévenante et elle a bien du mal à se dire, en cet instant, qu'il est le même loup noir et agressif qui lui a lacéré la chair et qui a décapité sa fille. Sa main lui chauffe le dos alors qu'il la touche à peine. Le frisson qui en découle est aussi agréable qu'inavouable.

- Puisqu'il s'agit d'un défi visant à sociabiliser davantage les vôtres, j'accepte.
- Hum ?
- Votre invitation à déjeuner.
- Oh. A vrai dire ça concernant tous les repas que vous voulez mais à vous de voir.
- Tous les repas. J'en prends acte. Je ne me défile pas devant un challenge, sachez-le.
- Je note. Je vous parlerai d’eux si vous voulez. Vous ne serez pas totalement perdue.
- Merci, ça m'aidera beaucoup à ne pas commettre d'impairs. Il parait que je suis parfois un peu trop piquante sans m'en rendre compte. Regard amusé à la dérobée.

Le docteur King les accueille avec la gouaille qui a a fait rapidement sa renommée auprès des réfugiés. Elle est le pendant énergique et sympathique du Docteur Maintenon. L'encéphalogramme plat du dernier met en exergue la verve de la première. Ygerne observe Lewis jouter avec Josie et étouffe un petit rire discret.

- Allez montrez-moi....

le loup et la sorcière échangent un regard de compréhension silencieuse.

- Je vais attendre à l’extérieur le temps de l’examen.
- Merci, Lewis, lui répond Ygerne en lui effleurant délicatement le bras avant de s'enfermer dans la salle d'examens individuelle avec Josie.

Quelques minutes plus tard, le Docteur King sort, seule, et referme la porte. Elle fait signe à Lewis de la suivre discrètement pendant qu'elle va farfouiller sur une étagère parmi les baumes et les cataplasmes fournis par Dysderie.

- Qui lui a fait ça ? demande-t-elle sans détour. Elle refuse de me le dire. Elle prétend qu'elle a été maladroite et qu'elle s'est cognée mais je n'y crois pas une seule seconde. Elle a des hématomes profonds et gonflés qui ont presque la forme d'une main parfaite. On dirait qu'on lui a presser l'épaule comme un citron. Je ne vois qu'une personne avec une force surnaturelle faire un truc pareil. Si c'est vous Lewis, je vais devoir le signaler vus vos antécédents avec la donzelle. Ca m'emmerderait, j'vous aime bien. Si vous avez pas senti vot' force, ça arrive, hein ! Je ferais jouer ça dans mon rapport !

Elle plisse les yeux en le regardant attentivement. Lewis lui renvoie davantage l'image d'un mari sincèrement inquiet que d'un agresseur. Et puis Marisol lui a certifié à plusieurs reprise que sa meute ne portait pas atteinte aux femmes et aux enfants. Bizarre cette affaire.

- J'pense pas qu'elle ait l'os d'abîmé, elle peut effectuer des rotations de l'épaule et bouger le bras, mais vous préférez que je fasse une radio pour en être sûre ?

- Je vais attendre à l’extérieur le temps de l’examen.
- Merci, Lewis.
- Je vous en prie.

La caresse légère sur son bras le surprend suffisamment pour qu’il observe cette main délicate et féminine qui n’appartient à aucun des membres féminins de sa meute puis la suit du regard alors qu’elle s’éclipse avec le docteur King.
L’attente ne dure pas mais lui parait relativement longue. Etrange. Il sait pourtant qu’une blessure à l’épaule n’est pas léthale.
Sans doute est-ce plus la façon dont elle l’a reçu qui le gêne. Il considère quelque part que c’est de sa faute. Alors même qu’il sait pertinemment que ça n’est pas sa main qui a amoché le muscle voire plus.
Enfin le Docteur King sort et il s’avance vers elle pendant qu’elle s’affaire.

- Qui lui a fait ça ?
Lewis hésite. Dénoncer le coupable ne ferait que fragiliser d’avantage Malsheem, ce qui ne serait bon pour personne.
- Elle refuse de me le dire. Elle prétend qu'elle a été maladroite et qu'elle s'est cognée mais je n'y crois pas une seule seconde.
- Comment va-t-elle ? élude-t-il.
- Elle a des hématomes profonds et gonflés qui ont presque la forme d'une main parfaite. On dirait qu'on lui a presser l'épaule comme un citron.
- Seigneur…souffle-t-il en passant une main sur son visage, ressentant la même montée de colère. Rien de ravageur mais quelque chose qui ronge doucement. Il déteste foncièrement cette situation.
- Je ne vois qu'une personne avec une force surnaturelle faire un truc pareil. Si c'est vous Lewis, je vais devoir le signaler vus vos antécédents avec la donzelle. Ca m'emmerderait, j'vous aime bien. Si vous avez pas senti vot' force, ça arrive, hein ! Je ferais jouer ça dans mon rapport !
Il la fixe un instant puis lâche sobrement.
- Ca n’était pas moi, mais je sais qui est le coupable. Si elle refuse de vous le dire, je ne me permettrais pas de le faire à sa place. Il garde le silence quelques instants puis poursuit. Vous n’avez aucune raison de me croire, si ce n’est ma parole.
- J'pense pas qu'elle ait l'os d'abîmé, elle peut effectuer des rotations de l'épaule et bouger le bras, mais vous préférez que je fasse une radio pour en être sûre ?
Lewis pousse un soupir.
- Faites, on ne sait jamais. Et si vous pouviez vous assurez qu’elle se soigne correctement… Elle n’allait même pas venir vous voir. Il semble hésiter un instant, tergiverser... Pourriez-vous lui dire que je suis navré d’être parti ? J’ai une visite à faire…je reviendrai plus tard, merci beaucoup docteur, lâche-t-il par-dessus son épaule.

- Faites, on ne sait jamais. Et si vous pouviez vous assurez qu’elle se soigne correctement…
- Chuis pas sa mère, Lewis ! J'peux pas fliquer tous mes patients au quotidien. Vous imaginez le bordel ? J'en ai treize à la douzaine.
- Elle n’allait même pas venir vous voir.
- C'est une adulte. J'vais pas la poursuivre avec des pansement si elle veut pas se soigner.
- Pourriez-vous lui dire que je suis navré d’être parti ?
- Quoi ?!! Vous la laissez en plan ?
- J’ai une visite à faire…je reviendrai plus tard, merci beaucoup docteur
- Ben vous savez quoi, O'Keily! Puisque je joue les facteurs pour votre pomme, vous allez jouer les flics à ma place et vérifier qu'elle prenne bien son traitement !
- Pourquoi tu beugles encore... demande laconiquement le Docteur Maintenon qui passe par là.
- Tiens ! Tu tombes bien toi ! Puisque tu glandes, va me préparer la salle de radio.
-........
"Pourquoi ça me retombe dessus ?" pense Ebène en haussant les épaules. Mais formuler la question susciterait plus d'efforts que d'exécuter sa requête alors il s'en va faire docilement ce qu'on lui a ordonné.

***

Hyppolite Poirot n'est pas d'un naturel anxieux. Vampire de près de deux siècles, il ne se considère ni jeune, ni vieux. Il travaille avec des créatures millénaires qui peuvent se montrer aussi puériles que des enfants et d'autres, bien plus éphémères, d'une étonnante sagesse. Fin limier, habile psychologue, il décortique la nature humaine aussi bien que son homonyme détective. Et pour cause, il est celui qui inspira Agatha Christie.

Hippolyte Poirot n'a jamais eu de chance avec les femmes. Il faut aussi comprendre, que le vampire aime à les choisir intelligentes, talentueuses et surtout déjà prises.
Agatha fut l'un des amours de sa vie bien qu'elle ne lui accorda pas la moindre affection de cet ordre. Il était son meilleur ami, son confident et à ce titre, il fût celui avec qui elle se réconforta en 1926, lorsqu'elle disparut mystérieusement après avoir subi les infidélités de son mari et la mort de sa mère. Elle refusa de poursuivre leur idylle au delà de leur escapade de deux semaines.
Ygerne, fût son autre élan du coeur. Une fois encore il s'évertua à ramasser les morceaux d'une femme éplorée pour ensuite être gentiment congédié. Il l'aime toujours mais se fait discret, respectant la distance de sécurité qu'elle a instauré autour d'elle, réinvestissant son costume d'ami fidèle. Un jour, peut-être, lui accordera-t-elle un regard plus tendre.

Sauf qu'il est plus simple de supporter d'être éconduit lorsque l'objet de votre affection se contente de sa solitude. La chose s'avère plus ardue lorsque cette personne laisse entrer un homme dans sa bulle d'intimité très fermée. C'est encore moins supportable quand l'homme en question est l'assassin de Deborah qu'il aimait comme un membre de sa famille.
Pourquoi Ygerne a-t-elle cessé d'haïr le loup qui lui a pris sa fille ?
Pourquoi s'obstine-t-elle à s'impliquer dans sa vie ?
C'est un mystère obsédant.
Accoudé à la rembarde de la coursive qui surplombe le Q-G, une cigarette entre les doigts, Poirot rumine son indignation et ses regrets. Il revoit la colère déformant le beau visage d'Ygerne, sa gifle sans appel. Rarement, s'est-il senti rejeté de la sorte. Rarement, a-t-il fait montre d'une telle violence inconsidérée. L'expression terrifiée de la sorcière le poursuit. Il voulait s'excuser, faire amende honorable, mais une nouvelle fois, il était là, lui.

Lewis O'Keily.

Comme il l'est présentement.
Hyppolite continue de fumer nonchalamment en toisant le lycanthrope. En silence. Il n'aime pas cet homme. Il ne l'aime pas du tout. Il ne fera donc pas l'effort d'engager une conversation dont il a grandement envie de se dispenser.

Lewis a à peine accordé un geste de la main au bon docteur avant de s’éclipser.
Le limier est en traque et fort heureusement pour lui, la configuration du bunker l’aide à traquer rapidement sa proie. Il le retrouve près du QG de Malsheem en train de fumer, la mine sombre.
Lewis s’est composé un visage tranquille et posé, même s’il sait parfaitement qu’il pourrait arborer n’importe quelle expression sans que cela ne change l’attitude du vampire.

Il ne l’aime pas.
Soit.

Lewis peut totalement gérer ce fait sans soucis. Il a plus de mal à digérer son attitude envers Ygerne. Il vient nonchalamment s’accouder à la même rambarde, à distance respectable. Il sent son regard glacial sur lui mais continue à observer en contre-bas l’activité bruissante.
Comme toujours, il choisit d’aller droit au but sans atermoiement ni rond de jambe.

- Je venais vous informer que McNamara est à l’infirmerie. Votre « éclat » à endommager les tissus de son épaule. Rien de casser à priori.

Un soupçon de jugement filtre malgré tout, tout à fait peu habituel, dans sa voix. Enfin il accepte de croire son regard. Si celui d’Hyppolite exprime une hostilité larvée, celui de Lewis reste neutre.

- Vous ne m’aimez pas. C’est un fait, qui l’indiffère totalement. Si elle ne souhaite pas vous dénoncer pour l'agression dont vous vous êtes rendu coupable, je ne dirai rien non plus. Malsheem n’a pas besoin de plus d’ennui qu’il n’en a déjà. Mais si vous la blesser à nouveau, je ne restera pas passif, qu’elle le veuille ou non. Peut-être que vous me considérez comme un animal cruel et sans jugeote, en vous basant sur la façon dont j’ai traité mes ennemis. C’est possible. Mais si j’en juge par la façon dont vous traité vos amis, vous ne valez guère mieux, déclare-t-il toujours aussi calmement.

Il pousse un long soupir et son regard revient vers le passage incessant de personnes en dessous d’eux.

- Vous ne comprenez pas pourquoi elle s’obstine à vouloir m’aider et moi non plus à vrai dire. Mais j’essaie. Peut-être devriez-vous commencer par là, vous aussi. Nous avons… une sorte de pacte. Elle veut me guérir parce que ce qu’elle m’a fait lui fait horreur et va à l’encontre de tout ce qu’elle croit. Elle s’accroche à tout cela avec force et peut-être que cela l’aidera à faire son deuil. C’est bien la seule chose que je puisse lui offrir. Une fois cela fait, le…lien qui existe entre nous n’aura plus lieu d’être et elle n’aura plus à fréquenter le meurtrier de sa fille. Je pense qu’elle a plus besoin d’un ami, maintenant et après, que d’un juge et d’un bourreau. Croyez-vous être capable de cela ?

- Je venais vous informer que McNamara est à l’infirmerie. Votre « éclat » à endommager les tissus de son épaule. Rien de casser à priori.
- ... C'est aimable à vous de l'y avoir emmené, finit par lui répondre son interlocuteur.
- Vous ne m’aimez pas.
- C'est si évident ? répond Hyppolite avec flegme.  
- Si elle ne souhaite pas vous dénoncer pour l'agression dont vous vous êtes rendu coupable, je ne dirai rien non plus. Malsheem n’a pas besoin de plus d’ennui qu’il n’en a déjà.
- Trop aimable.
- Mais si vous la blessez à nouveau, je ne restera pas passif, qu’elle le veuille ou non. Peut-être que vous me considérez comme un animal cruel et sans jugeote, en vous basant sur la façon dont j’ai traité mes ennemis. C’est possible. Mais si j’en juge par la façon dont vous traité vos amis, vous ne valez guère mieux

Plissement de regard.

- Êtes-vous en train de me faire la moral, Monsieur O'Keily ? Je trouve ça "ironique", pour le moins, de la part d'un fauteur de troubles doublé d'un assassin.
- Vous ne comprenez pas pourquoi elle s’obstine à vouloir m’aider et moi non plus à vrai dire. Mais j’essaie. Peut-être devriez-vous commencer par là, vous aussi. Nous avons… une sorte de pacte.
- Un pacte... ?
- Elle veut me guérir parce que ce qu’elle m’a fait lui fait horreur et va à l’encontre de tout ce qu’elle croit. Elle s’accroche à tout cela avec force et peut-être que cela l’aidera à faire son deuil. C’est bien la seule chose que je puisse lui offrir. Une fois cela fait, le…lien qui existe entre nous n’aura plus lieu d’être et elle n’aura plus à fréquenter le meurtrier de sa fille. Je pense qu’elle a plus besoin d’un ami, maintenant et après, que d’un juge et d’un bourreau. Croyez-vous être capable de cela ?
- Ce dont je suis capable ou non ne vous regarde en rien, réplique froidement le vampire. Je n'ai ni besoin de vos conseils, ni de votre paternalisme nauséabond. Ce qui s'est produit aujourd'hui ne se reproduira plus jamais, mais je ne peux en garantir autant de l'assurance que vous disparaitrez. Vous êtes bien naïf de croire qu'Ygerne vous laissera sortir de sa vie. Une fois qu'elle en a ouvert les portes, nous demeurons avec elle, c'est ainsi. Votre "lien" ne s'effacera jamais : Il se renforcera avec le temps. Elle ne le sait pas encore, vous vous êtes persuadé du contraire et il ne reste que des gens comme moi, de simples observateurs résignés, pour s'interroger sur où tout cela va mener. Tôt ou tard, vous serait une source pour elle de désarroi et de dépit.

Une bouffée de tabac qui s'exhale paresseusement et s'étire en volutes tranquilles.

- Je m'en inquiète mais je ne peux agir devant l'inéluctable et... Il se lisse un sourcil du pouce. Cela génère parfois une certaine frustration, d'être toujours là, quoi qu'il arrive, à pressentir les catastrophe tout en demeurant impuissant.....

Un silence.

- Si vous en avez fini, je vous invite à retourner de là où vous venez. Les cigarettes se font aussi rare que les pauses et j'aimerais savourer cette dernière avant que la première ne se soit parfaitement consumée.

Petit sourire crispé qui s'éteint aussitôt. L'entretien accordé est terminé.

- Ce dont je suis capable ou non ne vous regarde en rien.

Lewis hausse les épaules. Evidemment que lui se fiche de savoir ce que le vampire veut ou peut faire. C’est entre lui et McNamara tout ça. Il n’est qu’une sorte de messager.

- Je n'ai ni besoin de vos conseils, ni de votre paternalisme nauséabond.
- Du paternalisme ? Que la Lune m’en préserve ! C’était un simple constat des choses de mon point de vue. Vous en faîtes bien ce que vous voulez.
- Ce qui s'est produit aujourd'hui ne se reproduira plus jamais, mais je ne peux en garantir autant de l'assurance que vous disparaitrez. Vous êtes bien naïf de croire qu'Ygerne vous laissera sortir de sa vie. Une fois qu'elle en a ouvert les portes, nous demeurons avec elle, c'est ainsi. Votre "lien" ne s'effacera jamais : Il se renforcera avec le temps. Elle ne le sait pas encore, vous vous êtes persuadé du contraire et il ne reste que des gens comme moi, de simples observateurs résignés, pour s'interroger sur où tout cela va mener. Tôt ou tard, vous serait une source pour elle de désarroi et de dépit.
- Fâcheux. Et quand bien même vous avez raison et que nous gardons une relation … amicale et respectueuse, si cela est son choix et qu’elle n’en souffre pas, je ne vois pas tellement où est le problème en réalité. Vous dramatisez les choses, beaucoup de votre espèce ont cette tendance.
- Je m'en inquiète mais je ne peux agir devant l'inéluctable et... Cela génère parfois une certaine frustration, d'être toujours là, quoi qu'il arrive, à pressentir les catastrophes tout en demeurant impuissant...
- Catastrophe ? Lewis émet un petit rire. Vous ne faites que renforcer cette dramatisation inutile. En tous les cas, tâcher de ne plus extérioriser tout cela sur elle. C’est tout.  
- Si vous en avez fini, je vous invite à retourner de là où vous venez. Les cigarettes se font aussi rare que les pauses et j'aimerais savourer cette dernière avant que la première ne se soit parfaitement consumée.

Lewis lui lance un regard indéchiffrable. Peut-être est-ce de la pitié, peut-être une certaine forme de compréhension mais tout cela s’efface vite sous le coup d’une indifférence certaine.

- Oui…prenez donc votre pause. Vous semblez en avoir besoin. Bonne soirée M. Poirot.

Lewis quitte le vampire en méditant ses paroles. Cela fait bien longtemps qu’il n’a plus côtoyer des personnes hors de sa meute avec autant de régularité. Et il est vrai qu’ils…s’entendent plutôt bien malgré cet énorme passif entre eux. Serait-ce si terrible s’ils devenaient amis ? Rien n’est certain de toute façon. Elle pourrait très bien finir par s’éloigner naturellement une fois sa guérison bien entamée. Cette situation le dépasse…les dépasse et il est très difficile de prévoir ce qu’il va découler de tout cela.
Lorsqu’il revient à l’infirmerie, il part en quête du docteur King qu’il trouve finalement, seule.
- Qu’ont donné les radios, docteur ? McNamara a déjà quitté les lieux ?

L'infermerie est plus calme au retour de Lewis. Le Docteur King compare des radios en prenant des notes sur une tablette.

- Qu’ont donné les radios, docteur ?

Josie sursaute et manque de faire tomber son écran.

- Bordel, O'Keily! Prévenez quand vous débarquez! J'ai failli avoir une attaque. Chuis pas dotée d'une ouïe surhumaine, moi ! Votre copine va bien. Y'a pas de fêlure ou de cassure. Je lui ai prescrit une pommade antalgique à appliquer matin et soir et des antidouleurs au besoin. Je vous charge de fliquer Ygerne. Moi j'ai transmis le message.
- McNamara a déjà quitté les lieux ?
- Nope! Elle discute avec Lucie, la petite albinos aide-soignante. Elle aperçoit la rouquine se diriger vers eux. Ah bah, la revoilà.

La sorcière, munie d'un petit sac en papier avec ses médications, s'approche du loup et de l'humaine avec un sourire souligné d'un froncement de sourcils.

- Lewis ? Vous êtes revenu ? Je pensais que vous aviez une course à faire...

Elle se sent pourtant étrangement ravie que ce ne soit pas le cas. Elle s'en surprend elle même mais décide de ne pas s'attarder sur la question. Une bizarrerie de plus.

- Il est l'heure du dîner. Insinue-t-elle avec un regard en coin... Et des défis, je présume.
- C'est ça, allez manger, ouste, j'ai autre chose à turbiner que de vous regarder faire... Grogne Josie, visiblement oubliée en son propre royaume.

- Qu’ont donné les radios, docteur ?
Le docteur semble totalement surprise par son arrivée et il retient la tablette qui a bien failli lui échapper des mains.
- Bordel, O'Keily! Prévenez quand vous débarquez ! J'ai failli avoir une attaque. Chuis pas dotée d'une ouïe surhumaine, moi !
Sorti d’on ne sait où, un petit sourire amusé étire ses lèvres.
- Navré. Je ne souhaitais pas vous faire peur. Et donc, les radios ?
- Votre copine va bien. Y'a pas de fêlure ou de cassure. Je lui ai prescrit une pommade antalgique à appliquer matin et soir et des antidouleurs au besoin. Je vous charge de fliquer Ygerne. Moi j'ai transmis le message.
Il ne cherche pas à contredire le "copine".
- Ca n’est pas vraiment dans mes attributions. C’est une grande fille. D’ailleurs… McNamara a déjà quitté les lieux ?
- Nope ! Elle discute avec Lucie, la petite albinos aide-soignante. Ah bah, la revoilà.
Lewis tourne automatiquement la tête. Elle semble surprise de le voir. Il a pourtant promis de repasser rapidement.
- Lewis ? Vous êtes revenu ? Je pensais que vous aviez une course à faire...
- Et c’est fait. Ca n’est pas comme si j’avais des kilomètres à parcourir.
- Il est l'heure du dîner. Et des défis, je présume.
Lewis regarde sa montre et approuve.
- Oui, la plupart des membres de la Meute sont certainement au Mess.
- C'est ça, allez manger, ouste, j'ai autre chose à turbiner que de vous regarder faire...
- Merci docteur King.

Ils n’ont pas beaucoup de couloirs à parcourir. Lewis fouille le sac fourni par l’infirmerie et trouve la crème qu’il débouche. Il la porte à son nez et en hume les effluves : arnica, camphre, menthe poivrée et laurier…

- Si vous n’en mettez pas, je le sentirais. Pas une menace, plus une mise en garde. N’oubliez pas, déclare-t-il en poussant la porte pour la lui tenir.

Il est encore relativement tôt pour le reste des réfugiés, l’heure idéale pour les Loups qui souhaitent être un peu tranquilles après une journée de travail au Silo. Lui et la sorcière remplissent leurs plateaux et Lewis porte celui de McNamara au-dessus du sien sans même lui laisser le choix. Il indique une table où se trouve déjà Malone, Shareen, Nina, Sally, Matilda, Sasha, Chun et Ayda. Ca bruisse de conversations en tout genre qui se stoppent soudain quand Lewis et McNamara s’approche. Sans un mot, le Loup dépose le plateau de la sorcière en face du sien et s’assoit à côté de Shareen.
Malone les observe un long moment puis refait partir la conversation comme si de rien n’était. Lewis échange un long regard presque amusé avec sa voisine d’une face alors que Nina qui se trouve assise de l’autre côté de Malone lui lance sur un ton désolé.

- Lewis chéri, ton aura est toujours en vrac. Comment tu te sens aujourd’hui ?
- Mieux que hier, déclare placidement le vieux loup.
Malone les regarde tout à tour puis se tourne vers McNamara.
- Est-ce qu'il y a déjà des progrès notables ? Comment vous comptez le guérir exactement ?

Le loup et la sorcière prennent congé du Docteur King. Sur le chemin vers le Mess, Lewis récupère son sac de médicament et le renifle.

- Si vous n’en mettez pas, je le sentirais. N’oubliez pas.
- Et si ça arrive, que se passera-t-il ? Allez-vous me gronder ? fait-elle amusée par sa considération, lui qui se défend d'en avoir aucune.

Ils pénètrent sous la voute du vaste réfectoire. Aujourd'hui, comme souvent, le menu est simple, mais équilibré et nourrissant. Après lui avoir ouvert la porte, il lui prend son plateau des mains, faisant montre d'une galanterie rare et désintéressée qui, malgré tout, reste tout à fait exquise. Elle reste consciente qu'il lui facilite la tâche parce qu'il la guide droit en terrain miné. Lewis O'keily est pétri de ce genre de contradictions. Elle s'y habitue, doucement.

Aussitôt installés, les conversations meurent. Il fallait s'y attendre. Deux loups, un asiatique et une femme, se lèvent même et quittent la table prétextant qu'ils ont terminé.  Ygerne, avec son port droit et digne, laisse les réactions de la tablée glisser sur elle sans broncher. Elle découpe sa patate douce pour l'écraser avec du beurre consciencieusement. Elle regarde Lewis par en dessous et leur oeillade suscite autant d'amusement chez l'un et chez l'autre. Elle se pince les lèvres pour réprimer une envie de sourire. Lewis semble savourer l'incongru de la situation et elle sa difficulté.

"Qu'est-ce qui ne va pas chez moi, franchement ?"

- Lewis chéri, ton aura est toujours en vrac. Comment tu te sens aujourd’hui ?
- Mieux que hier.

Ygerne hausse un sourcil sarcastique en fixant son patient des yeux. "L'aura" de Lewis est-elle rose, verte ou orangée ?

- Je me demande à quoi ressemble votre aura d'ordinaire, Lewis.... lance-t-elle comme un appât dangereux. A-t-elle une couleur, une texture, une saveur particulière, peut-être ? Je suis curieuse. Dit-elle en achevant son écrasé de patate douce et en mettant une première fourchetée en bouche.
- Est-ce qu'il y a déjà des progrès notables ? demande l'homme à son flanc, qu'elle connait comme Malone Sargent.
- Il y en a, mais vous savez comme moi que Lewis n'avance que lorsqu'il l'a décidé : à son rythme et à sa convenance. Une jolie pirouette éloquente pour souligner qu'il n'y met pas toujours du sien.
- Comment vous comptez le guérir exactement ?
- Sur deux fronts, amorce-t-elle avec grand sérieux.... En fabriquant un huaca qui soit efficace et adapté à Lewis, ce qui demande un peu d'implications émotionnelles de sa part, et en travaillant sur le renforcement de ses facultés cognitives : muscler sa mémoire, sa capacité de restitution de ses souvenirs mais également créer des points d'ancrage concrets qui pourront lui permettre de discerner la réalité du "souvenir-fantôme".
- Et euh.. Vous vous y prenez comment ? tente Shareen pour suivre l'exemple de Malone.
- Par tout un tas d'exercices qui font que  Lewis me trouve passablement enquiquinante. Cette fois elle ne cache pas son sourire. Mais il peut vous les évoquer lui-même, ça n'a rien de secret, vous savez ?

- Je me demande à quoi ressemble votre aura d'ordinaire, Lewis.... A-t-elle une couleur, une texture, une saveur particulière, peut-être ? Je suis curieuse.

Lewis lui lance un coup d’œil ennuyé par-dessus son assiette mais le mal est fait et Nina s’empresse de répondre.

- Oh et bien, d’habitude elle est très lisse avec quelques très légers remous comme un lac tranquille vous voyez avec le même bleu-vert. Pour la saveur…encore faudrait-il que quelqu’un puisse y goûter, ajoute Nina en papillonnant des cils. Vous aurez peut-être plus de chance que nous !
Lewis la dévisage un long moment d’un air mi-ennuyé mi-impassible et la jeune femme éclate de rire.
- Est-ce qu'il y a déjà des progrès notables ?
- Il y en a, mais vous savez comme moi que Lewis n'avance que lorsqu'il l'a décidé : à son rythme et à sa convenance.
- Elle veut dire par là que je suis…comment vous avez dit déjà ? Un patient récalcitrant, traduit Lewis en coupant sa viande avec précision.
- Comment vous comptez le guérir exactement ?
- Sur deux fronts. En fabriquant un huaca qui soit efficace et adapté à Lewis, ce qui demande un peu d'implications émotionnelles de sa part, et en travaillant sur le renforcement de ses facultés cognitives : muscler sa mémoire, sa capacité de restitution de ses souvenirs mais également créer des points d'ancrage concrets qui pourront lui permettre de discerner la réalité du "souvenir-fantôme".
- Et euh.. Vous vous y prenez comment ?
- Par tout un tas d'exercices qui font que Lewis me trouve passablement enquiquinante.
- Une torture, ajoute Lewis sur un ton très sérieux et très neutre. Ses yeux pétillent pourtant légèrement en voyant le sourire de la sorcière.
- Mais il peut vous les évoquer lui-même, ça n'a rien de secret, vous savez ?
- Hummm, non, ça gâcherait mon repas. Il enfourne une bouchée de nourriture avec un plaisir manifeste. Les petites joies de la vie.
Malone rit tout bas en sauçant son assiette.
- Je vous plains presque. Ça veut dire que ton Huaca n’a pas fonctionné, demande-t-il, plus inquiet. Ça expliquerait que certains d’entre nous n’est pas résisté…
Un silence certain plane sur la tablée, tout comme l’absence de ceux qui ont été malheureusement enrôlé par Unseelie.
- Trois d’entre nous ont été gardés de force loin de la Meute et sans Shareen, le frère de Shane aurait fait parti de ce nombre, explique Lewis.
Malone dédit un large sourire à la Louve et lui attrape la main qu’il sert dans la sienne.
- Nous les récupèrerons, assure Lewis avec une certitude tranquille.
- En tout cas, c’est gentil à vous de nous avoir accueilli, assure Matilda. Notre défection des Hurlants était toute neuve, vous auriez pu nous jeter dehors. Et… merci d’aider notre Lewis…
Elle lui adresse un sourire hésitant.
- Et comment vous compter l’attacher « émotionnellement » ? ironise Malone. C’est un sacré défi que vous vous lancez ! Sans offense Lewis, c’est pas ta spécialité.
- Aucune offense, c’est effectivement le cas, réplique le vieux loup. Selon Marisol, McNamara devrait m’en faire un. Du coup je l’attends,   déclare-t-il avec un sourire tranquille, les coudes sur la table alors que la plupart des femmes de la table retiennent leur souffle en dévisageant la sorcière avec une sorte de curiosité avide.

- Oh et bien, d’habitude elle est très lisse avec quelques très légers remous comme un lac tranquille vous voyez avec le même bleu-vert.
- Très intéressant. Ponctue Ygerne en n'en pensant pas un mot. Ceci étant les réactions de Lewis sont distrayantes.
- Pour la saveur…encore faudrait-il que quelqu’un puisse y goûter. Vous aurez peut-être plus de chance que nous !

La louve éclate de rire à son propre trait d'humour.

- Si je découvre un jour ce secret, je crois que je ne le divulguerais pas. Je ne suis pas certaine de vouloir offrir facilement ce que j'aurais sué à obtenir. Sourire en coin.

Malone recentre les débats sur le traitement du loup noir et la méthodologie employée. Ygerne répond avec franchise et honnêteté aux questions qu'on lui pose.

- Et euh.. Vous vous y prenez comment ?
- Par tout un tas d'exercices qui font que Lewis me trouve passablement enquiquinante.
- Une torture.

Echange de regards qui, pour un oeil extérieur, pourrait presque s'avérer "complice".

- Mais il peut vous les évoquer lui-même, ça n'a rien de secret, vous savez ?
- Hummm, non, ça gâcherait mon repas.

Ygerne laisse échapper un rire inopiné, musical, qu'elle cache avec sa main de nouveau.

- Constatez vous-même ce avec quoi je me bas au jour le jour...
- Je vous plains presque. Ça veut dire que ton Huaca n’a pas fonctionné. Ça expliquerait que certains d’entre nous n’est pas résisté…
- Il y a eu des antécédents semblables ? s'enquière la sorcière.
- Trois d’entre nous ont été gardés de force loin de la Meute et sans Shareen, le frère de Shane aurait fait parti de ce nombre. Shareen sourit, radieux soleil de cette vaste tablée, tout en entrelaçant ses doigts à ceux de Sargent. Nous les récupèrerons
- Je vois. Il y a plusieurs explications possibles à cela : on leur a arraché leur huaca ce qui laissait libre champ à de Landuc pour agir, ou celui-ci a pu exploiter une faille dans la psyché du sujet plus profonde et forte que la foi portée à l'huacas, ou enfin, comme pour Lewis, souligne-t-elle, son manque d'implication émotionnelle dans le choix de l'objet et/ou son manque de foi en Ch'aska a pu affaiblir l'artefact.
- En tout cas, c’est gentil à vous de nous avoir accueilli. Ygerne tourne lentement la tête vers la femme métisse qui a pris la parole. Elle ne se sent pas franchement légitime à cette démonstration de gratitude. Notre défection des Hurlants était toute neuve, vous auriez pu nous jeter dehors.
- Madame considère qu'une vie est une vie. C'est un enseignement que nous tentons d'appliquer tous... au mieux. fait-elle en baissant le regard pudiquement vers son assiette. Et puis, Bertus Taur a milité en votre faveur depuis les premières informations qu'il nous a fourni, faisant bien le distingo entre Abyssaux et Hurlants. Vous lui devait beaucoup, à mon avis. Elle poursuit sur le ton de la confidence. Ne lui dites pas trop, il est déjà gonflé de son statut de "Héros". Petit ricanement gracieux. Tout est toujours gracieux chez McNamara, mais avec un naturel tranquille qui n'est pas celui de la distinguée Simone Montespan.
- Et… merci d’aider notre Lewis…

Ygerne coule un regard vers l'intéressé. Une émotion inexplicable passe dans son regard. Une forme de tendresse et de regret mêlé peut-être.

- C'est le moins que je puisse faire, répond-elle sobrement.
- Et comment vous compter l’attacher « émotionnellement » ? ironise Malone. C’est un sacré défi que vous vous lancez !
- A qui le dites-vous !
- Sans offense Lewis, c’est pas ta spécialité.
- Aucune offense, c’est effectivement le cas.
- Et c'est quoi l'alternative chouchou ?
- Selon Marisol, McNamara devrait m’en faire un. Du coup je l’attends.

Ygerne le déviseage avec une expression faussement choquée. Ses prunelles pétillent d'amusement comme comme ceux d' une vieille renarde.

- Eut égards de ce que vous avez déclaré à Marisol, je prends cela comme une provocation éhontée... Et elle ne se défilera pas devant une telle tentative de la prendre en défaut. L'idée lui parait toujours éthiquement discutable mais moins que son envie de retourner ses paroles contre le loup. Donnez-moi votre poignet Lewis, je vous prie.

Elle défait le cordon de son ancien Huaca qu'elle coupe en deux avec son couteau de cantine. Elle sourit pleinement tout en nattant serré une mèche longue et rousse de ses cheveux qu'elle noue avec les deux lanières de cuir. Elle coupe la fine tresse avec son couvert et l'attache autour de son poignet toujours tendu. Durant tout le processus, elle ne quitte pas Lewis des yeux.

- Voilà mon don, Lewis. Et devant témoins. Vous ne pourrez pas prétendre que j'ai refusé de coopérer.

Dans les croyances d'Ygerne, il n'y a rien de plus intime qu'une mèche de chevelure. Elle conserve précieusement une de David, offerte lors de leur mariage devant Odin, et de Deborah, recueillie à sa mort, dans ses effets personnels. C'est à la fois un souvenir, un lien symbolique, une preuve d'union indéfectible.

- J'ai hâte de voir la bénédiction de Marisol opérer... ajoute-t-elle avec un certain mordant de compétitrice.

- Eut égards de ce que vous avez déclaré à Marisol, je prends cela comme une provocation éhontée…
- Je n’ai pas dit que je l’accepterai, juste que j’attends de voir votre proposition.
- Donnez-moi votre poignet Lewis, je vous prie.
- J’hésite… la dernière fois que je vous ai confié quelque chose de ma personne ça a plutôt mal tourné, lance-t-il tout naturellement avec une décontraction teintée d’un humour que seule la sorcière qui lui fait face pourra comprendre.

Toutefois, il lui laisse son poignet sans rechigner plus que ça, sous le regard ébahi de la plupart des loups qui s’échange des regards entre l’incompréhension et la curiosité la plus totale. Seul Malone dévisage son ami avant de marquer une expression qui signifie clairement qu’il ne chercha pas à comprendre exactement ce qui se joue devant ses yeux.
- Euh…Lewis, mon chou… tu es certain que…
- Que quoi ? Même si je devais craindre quoique ce soit, McNamara n’est pas assez bête pour le faire devant une telle audience. De ce que j’en ai vu, ses plans sont bien plus recherchés que ça.

Pendant ce temps, la sorcière s’affaire à découper son Huaca.
- J’imagine qu’on peut considérer que cette fois, mon talisman est bel et bien mort. Puis-je lui offrir un enterrement digne de ce nom ?

Manifestement non, puisqu’elle noue une longue mèche rousse à son bracelet. Lewis observe le processus, fasciné et curieux alors qu’elle découpe l’ornement enroulé à ses cheveux et qu’elle noue le nouvel artefact créé à son poignet. La couleur incroyable de ses cheveux se marie naturellement au cuir.

- Voilà mon don, Lewis. Et devant témoins.
- Me voilà rassuré, je m’attendais à un quelque chose en macramé …
- Vous ne pourrez pas prétendre que j'ai refusé de coopérer.
- Je suis donc… émotionnellement impliqué avec vos cheveux. Ils ont beau avoir une couleur exceptionnelle, je ne suis pas certain de leur efficacité. Et puis, ça ne risque pas de partir avec le temps ? Je note que l’effort ne vous a pas trop coûté, ajoute-t-il, toujours plein de pragmatisme avec une légère grimace.
- Vous venez… de lui offrir une mèche de vos cheveux ???? s’étonne Nina qui a quasiment les yeux qui lui sortent de la tête.
- Remets-toi, Nina, déclare Malone.
- Mais…mais…c’est comme une sorte d’union sacrée !!!! C’est très symbolique !!!!
- J'ai hâte de voir la bénédiction de Marisol opérer...

Lewis coule un regard à la louve avant de planter son regard dans celui de la sorcière en agitant son poignet.

- A la base, vous deviez simplement participer à nos repas et me voilà marié au premier dîner ? Vous auriez pu me faire une demande en bonne et due forme tout de même ! Je demande le divorce.

Il a beau en plaisanter parce qu’il ne croit absolument pas à tout ça, il fronce légèrement les sourcils en contemplant son nouveau bracelet. Il touche la mèche rousse et incroyablement douce du bout des doigts. Il trouve tout de même qu’il y a quelque chose d’effectivement très intime à porter sur soi les cheveux de quelqu’un d’autre. A fortiori lorsqu’il s’agit de cheveux féminins.

- Félicitations Lewis, rétorque un Malone passablement amusé de le voir si…détendu.
- La plupart des cheveux risquent de partir après ma première douche tout à l’heure. Ne nous emballons pas. La bonne nouvelle c’est que les procédures de divorce ne sont plus nécessaires.
Pour fêter cela il décide d'entamer son dessert, soit un morceau de tarte aux pommes.

- Donnez-moi votre poignet Lewis, je vous prie.
- J’hésite… la dernière fois que je vous ai confié quelque chose de ma personne ça a plutôt mal tourné
- Allons, nous nous sommes touchés de nombreuses fois depuis et ce fût sans danger, assure-t-elle avec un petit sourire, laissant flotter l'ambiguïté de l'affirmation pendant qu'elle fabrique un huaca sur le pouce au loup noir.Voilà mon don, Lewis. Et devant témoins.
- Me voilà rassuré, je m’attendais à un quelque chose en macramé …
- En macramé, comme vous y allez. Je n'en suis pas à vous tricoter des pulls, non plus. Vous ne pourrez pas prétendre que j'ai refusé de coopérer.
- Je suis donc… émotionnellement impliqué avec vos cheveux.

Elle éclate de rire à nouveau.

- Je vous souhaite d'être plus démonstratif avec eux que vous ne l'êtes avec vos compagnons.
- Ils ont beau avoir une couleur exceptionnelle...
-Vous me flattez.
- ...Je ne suis pas certain de leur efficacité. Et puis, ça ne risque pas de partir avec le temps ? Je note que l’effort ne vous a pas trop coûté.
- J'ai opté pour le pragmatisme. Je croyais que vous aimiez le pragmatisme Lewis ?
- Vous venez… de lui offrir une mèche de vos cheveux ????
- Remets-toi, Nina.
- Mais…mais…c’est comme une sorte d’union sacrée !!!! C’est très symbolique !!!!
- Pour le coup, chuis d'accord avec Nina, c'est... euh.. vachement perso, appuie Shareen en rougissant, pensant sans doute à celle qu'elle a glissée dans la petite poupée cousue pour Malone.
- J'ai hâte de voir la bénédiction de Marisol opérer... Déclare Ygerne avec un battement de cil amusé avant de porter les lèvres à son verre d'eau.
- A la base, vous deviez simplement participer à nos repas et me voilà marié au premier dîner ? Vous auriez pu me faire une demande en bonne et due forme tout de même !
- J'aurais eu du mal à me relever si j'avais du mettre genou à terre, pensez à mon épaule, Lewis.
- Je demande le divorce.
- Vous avez un bon avocat ou à défaut un bon druide ? s'enquiert-elle avec un sourire mutin tout en croquant dans sa part de tarte. Le mariage par cheveux sont difficile à briser.

Nina s'étouffe dans son verre de jus de pomme et très certainement dans son aura brouillés. Ceci étant, elle n'est pas la seule troublée par l'étrange échange. Les loups présent observent la joute verbale entre Ygerne et Lewis avec un air ahuri. Lewis serait-il en train de badiner avec son bourreau en toute décomplexions ?

- Félicitations Lewis.
- La plupart des cheveux risquent de partir après ma première douche tout à l’heure. Ne nous emballons pas.
- Que nenni ! Ce sont des cheveux de sorcière. Chacun sait que la chevelure fait notre pouvoir, ironise-t-elle.
- La bonne nouvelle c’est que les procédures de divorce ne sont plus nécessaires.
- J'en déduis que vous souhaitez rester mon époux fictif. Je suis flattée, bis repetitas, retorque-t-elle sur le même ton enjoué. Elle est délicieuse cette tarte, ce sont les dernière pommes que vous avez récoltées ? Demande-t-elle alors aux autres loups comme si de rien n'était. Votre nouveau travail vous plait ?

- A la base, vous deviez simplement participer à nos repas et me voilà marié au premier dîner ? Vous auriez pu me faire une demande en bonne et due forme tout de même !
- J'aurais eu du mal à me relever si j'avais du mettre genou à terre, pensez à mon épaule, Lewis.
- Etrange squelette que le votre… votre épaule est donc directement reliée à votre genou ? Quoi qu’il en soit…Je demande le divorce.
- Vous avez un bon avocat ou à défaut un bon druide ?
- Une sorte de chaman…
- Le mariage par cheveux est difficile à briser.
- Hunter s’en sortira parfaitement, déclare Lewis du tac au tac.

Lewis est tout à fait conscient d’offrir un spectacle tout à fait inhabituel à ses compagnons-loups mais cette petite bataille verbale s’avère stimulante pour son esprit qui se focalise entièrement dessus. Il n’a eu à déplorer aucune apparition étrange ou déconnexion de la réalité pendant le repas.
Ce qui lui donne un certain appétit.

- Félicitations Lewis.
- La plupart des cheveux risquent de partir après ma première douche tout à l’heure. Ne nous emballons pas.
- Que nenni ! Ce sont des cheveux de sorcière. Chacun sait que la chevelure fait notre pouvoir, ironise-t-elle.
- La bonne nouvelle c’est que les procédures de divorce ne sont plus nécessaires.
- J'en déduis que vous souhaitez rester mon époux fictif. Je suis flattée, bis repetitas.
- Vous déduisez mal. L’usure du temps altèrera fatalement les cheveux et cette union vouée à l’échec. Je nous économise simplement des longues procédures.
- Elle est délicieuse cette tarte, ce sont les dernières pommes que vous avez récoltées ? Votre nouveau travail vous plait ?
- Euh…oui…et oui. Mais un détail n’a pas échappé à Malone et il se tourne vers la sorcière. Votre épaule ? Vous vous êtes blessée ?
- Je t’assure que je n’ai pas levé la main sur ma victime/bourreau/thérapeute/épouse fictive. Espérons que la liste s’arrête là, elle devient très longue à dérouler.
- Je ne pensais pas à toi à vrai dire…
- Aucun loup n’est responsable de son épaule, déclare sobrement Lewis. Ne t’en fais pas pour ça.
- Bien… Je ne m’en fais pas alors.
- Effectivement la tarte était délicieuse ! Je vous raccompagne jusqu’à votre chambre, annonce-t-il à la sorcière lorsqu’elle a fini son plateau qu’il débarrasse pour elle.
Il ne demande pas son avis, il souhaite simplement s’assurer qu’elle ne croise pas Hyppolite ce soir et qu’elle regagne son cagibi en sécurité.
Après avoir saluer les loups, le trajet du retour s’effectue de la même façon que celui vers le Mess. Il laisse la sorcière sur le seuil de sa porte, inspire un grand coup pour s’assurer que les effluves du vampire ne trainent pas dans les parages.
- Bonne nuit. Soignez cette épaule, ne m’obligez pas à me montrer encore plus réticent que je ne le suis en guise de représailles.