Voir Ciulin entrer en contact avec Rolegur et lui parler, voir ce regard de joie tranquille, de découverte, ça me touche en plein coeur. C’est sans doute débile et pas très digne d’un prince démon mais j’en ai absolument rien à foutre. Je l’écoute discuter avec Rolegur qui, avec sa nature paisible, réponds avec quelques ébrouement. Je sais pas pourquoi je ris comme un débile amoureux quand iel appelle Rolegur “copain” mais putain, qu’est-ce que je suis amoureux. C’est dingo, j’ai la sensation de nager dans l’amour et de tout éclabousser avec. Je dois être parfaitement insupportable. Pauvre Simone.

Non, en fait, je suis absolument pas désolé.

Je l’aide à monter, je l’installe et puis on est partis.

Putain, la vie est belle malgré toute cette merde. On part au trot, mes habitudes reviennent comme si j’avais jamais quitté mes terres. Ca me fait un bien fou. Je balade un cortège de fantômes sympathiques avec moi, des souvenirs en pagaille qui m’emplissent d’une tranquilité que je ne retrouve qu’ici. Le rire de Ciulin m’electrise, je lui jette un regard tendre. Ils sont loins, les pleurs, pour le moment et c’est tant mieux.

-On peut aller plus vite pour voir ? Comment qu’on change les vitesses ?

Je pouffe de rire et secoue la tête.

-Pour aller plus vite, tu donnes un petit coup de talon mais là, dans la forêt, ça va être complexe.

On entre dans le domaine des chiens de la lune et je vois les émerveillements de Ciulin face aux cerfs d’eau. Ca aussi, ça me fait un plaisir fou et ça me donne des tas d’envies, aussi. Quand ils finissent par fuir. Je peux les sentir pas loin.
Les chien de la lune.
Le silence est pesant. Il a perdu la paisibilité d’il y a quelques minutes. C’est comme si le vent soufflait avec appréhension. Hachette sortie, je fais accélérer Eldingar. Les Managarm sont peu et devoir les affronter m’agacerait. Je préviens Ciulin sans trop forcé sur ma voix. J’entends les bruits caractéristiques de leurs arrivés et les bruits plus ténus d’une proie. Je sors de ma poche quelques galets gravés. Je stoppe nos montures.

-C’quoi ces foutus Manatrucs ?

Je reste en selle, lance les galets dans la neige. Un écran de protection apparait, nous rendant invisible pendant quelques minutes.

-Managarm signifie “Chien de la Lune”. Ce sont les enfants d’une géante qui vivait à Midgard.

Je pointe ma hachette vers l’endroit où une meute de trois loups gigantesques apparaissent. Leur pelage est gris clairs et leur yeux sont jaunes et brillants. L’un d’eux grondent, beaucoup plus gros et surtout noir comme l’ébène, de ses yeux bleus quasi blanc émanent une lumière fumante. La meute fait halte.

-Le gros noir, c’est Skoll. La légende veut que lui et son frère Hati courent après le soleil et la lune afin de les dévorer. L’histoire dit qu’ils y parviennent et que c’est l’un des déclencheur du Ragnarok.

Skoll s’approche de nous, le grondement dans sa gorge fait trembler les arbres. La réalité, c’est qu’il me regarde et qu’il n’est pas dupe. Il me tolère sur ses terres uniquement parce qu’il sait parfaitement que sans mon achat compulsif de terre aux alentours de mon domaine, lui et ses semblables auraient probablement été chassé. Ce n’est pas de la reconnaissance, c’est simplement de l’honneur. Nous en sommes tous les deux conscients.

J’incline un peu la tête en signe de respect. Il ne répond pas. Il se contente de faire demi tour en grognant. L’un des siens tient un jeune faon dans la gueule et déjà d’autre managarms affluent.

-On y va…[/color]

Je talonne Eldingar et avance tranquillement et silencieusement sur tout pendant qu’ils dévorent le malheureux herbivores. Le bosquet s’ouvre sur une clairière glacée.

-Si tu viens te balader ici sans moi et que tu recroises leur routes : ils ne sont jamais seuls, même s’ils te semblent l’être. S’ils te voient : fuis. S’ils te rattrappent, bats toi pour fuir. Ils ne sont plus très nombreux, ils sont redoutables et en combattre un est déjà un putain d’exploit.

Je souris à Ciulin.

-Même si j’sais que t’as un talent de dingue. Demain, si tu veux, on se levera aux aurores, j’aimerais bien savoir s’il reste encore des dragons sur ces terres, t’en dis quoi?

J’ai mon sourire de petit con amusé.
En attendant, maintenant qu’on est sur un terrain plus propice et loin des managarms…. Je talonne, Eldingar qui piaffe depuis un moment.

-Fara!

Il part d’un coup au galop et Rolegur suit le mouvement subitement. L’air fouette mon visage et m’arrache un rire exalté. Je jette un coup d’oeil à Ciulin et reprends la course dans la clairière.

-Bah alors, les nains, on s’laisse devancer?

-Managarm signifie “Chien de la Lune”. Ce sont les enfants d’une géante qui vivait à Midgard.

Tu poursuis tes explications alors que, fascinée, j'observe les fils de Mère-Nuit. Car, peu importe le lieu et le folklore, Mère-Nuit est partout et enfante monstres, chimères et guerriers. Cette géante, c'est surement elle. Je me dis, que ma lignée également est née des entrailles fumantes d'un animal qu'elle a sacralisé.

- Le gros noir, c’est Skoll.
- La Bête... Murmure presque inaudible.
- La légende veut que lui et son frère Hati courent après le soleil et la lune afin de les dévorer. L’histoire dit qu’ils y parviennent et que c’est l’un des déclencheur du Ragnarok.

La créature s'avance, toute en majesté et en muscles. Je n'ai même pas fait attention aux précautions magiques que tu as installé. Tout mon corps c'est naturellement porté vers l'avant.

Je suis fille de Nuit, je suis de la même portée.

- Bucură-te, Bestia. Nu te vânez.

Il gronde et se détourne. Je n'ai pas conscience immédiatement du mon sourire carnassier qui me fend la face.

- On y va…Si tu viens te balader ici sans moi et que tu recroises leur routes : ils ne sont jamais seuls, même s’ils te semblent l’être. S’ils te voient : fuis. S’ils te rattrapent, bats toi pour fuir. Ils ne sont plus très nombreux, ils sont redoutables et en combattre un est déjà un putain d’exploit....Même si j’sais que t’as un talent de dingue.
- Merde... J'ai super envie d'en défier un maintenant !
- Demain, si tu veux, on se lèvera aux aurores, j’aimerais bien savoir s’il reste encore des dragons sur ces terres, t’en dis quoi?
- J'en dis qu'tu sais m'causer, foutu beau pareur !
- Fara!
- WwoooooHOOO!!!

L'accélération est venue d'un coup, poussée vive, sanguine. J'ai cru que j'allais me culbuter la tronche en arrière. Heureusement, que j'ai des réflexes, Rahat ! Rolegur chevauche dans la foulée de son comparse. Tu tempêtes dans ta cavalcade et tes éclats de rires conquérants m’électrisent les reins.

Et l'esprit bravache.

- Bah alors, les nains, on s’laisse devancer?
- Lingi meu pizda ! Rol', le laisse pas nous insulter comme ça !

Je talonne Rolegur, comme je t'ai vu faire. Le brave canasson semble répondre à l'appel et je bénis la robustesse de mes cuissots pour arriver à conserver mon assise. Je ne songe pas aux courbatures qui m'achèveront ensuite. Je sens bien que ça tire et que mes fessiers souffre du tape-cul. Ce sera toujours l'occasion de te réclamer des soins approfondis. L'instinct prend le dessus. Ma carcasse s'arque comme elle l'a toujours fait à moto. Mon pif est profilé pour la vitesse. Le vent qui fouette, le paysage diluée, les cheveux fous.
Je parviens à t'arriver au coude à coude.

- Niquez-vous les elfes ! Que je beugle, hilare et exalté.

Et je presse ma monture pour qu'il nous fasse gagner la course. Je sais juste pas comment arrêter un cheval. Mais bon, c'est accessoire. Pour l'heure ma caboche est fouettée d'adrénaline. Je ne pense plus à "lui".

Je ne pense plus à rien.

Ciulin détaille Skoll avec des yeux remplis d’une certaine avidité. Son murmure n’est pas passé inaperçu et je ne peux pas dire qu’il ai tort. Si une créature pouvait incarner la Bête, ça serait Skoll. J’explique tranquillement à Ciulin qu’iel devrait éviter de se confronter à eux. Vu son sourire carnassier, j’imagine parfaitement que ça lui traverse l’esprit.

-Merde… J’ai super envie d’en défier un maintenant !
-Evite, ils sont peu et en voie d’extinction.

Je dis ça d’une voix tranquille et j’enchaine avec une chasse aux dragons. Quoi de mieux. Nos amis les dragons, fut une époque où on faisait notre possible pour ne jamais les croiser et voilà que maintenant j’emmène Asti min à la chasse aux dragons.

Et puis, c’est le moment de pousser un peu les chevaux, ça fait quelques minutes que je sens Eldingar piaffer. Ce cheval a besoin de se défouler. Je lance les deux cheveux dans un galop effréné. L’accélération surprend Ciulin et je l’entends crier. Ca me fait mourir de rire. Ils restent à la traîne un peu et je les motive un peu.
Une bonne petite pic made in Asmo. Iel fait accéléré Rolegur en m’insultant faussement.

-Je l’fais déjà souvent, j’te signale, hein!

J’imagine pas dans quel état iel sera quand ses muscles auront refroidis, les courbatures faites à cheval n’ont rien à voir avec les courbatures qu’on crée en faisant du sport ou en se battant. Les deux compères nous rattrape. Ils arrivent à notre niveau.

-Niquez-vous les elfes!

Ciulin est magnifique, comme ça, exalté, heureuxeuse. Je me penche pour lui voler un baiser avant de talonner Eld’ une nouvelle fois. Ma monture accélère et dépasse Rolegur sans difficulté. Eldingar est taillé pour la vitesse alors que Rolegur est plus endurant que rapide. Je me retourne sur ma selle et regarde Ciulin.

-Si tu veux m’baiser va encore falloire me rattraper, Asti min.

Clin d’oeil, je me retourne. On arrive face à l’orée du bois et je ralentis quand même un peu. Je lance tranquillement.

-Tire sur les rennes doucement pour le faire ralentir.

Je descends de cheval, fais passer les rênes par dessus l’encolure de Eld’.

-On continue à pied, on est pas loin.

Si on tend l’oreille, on entend le bruissement de l’eau. La petite surprise, c’est que c’est une source chaude. On en trouve plus des comme ça. Quand Ciulin descend de cheval je l’attrappe par la taille pour l’embrasser passionnément. C’est débile d’être amoureux à ce point mais pas de soucis, mon cerveau est déjà en pls de toute façon.

-T’es magnifique, putain.

Sourire amoureux puis j’avance dans la forêt, Eld’ derrière moi, avançant tranquillement.