La chose se fait en quelques secondes. Un battement de cil et le visage de Gi-Ja le surplombe, l’air blessé et déterminé, un autre et ses lèvres se sont à nouveau collées aux siennes.

Il s’attendait à une redite de ce qu’il vient d’expérimenter.  
Il ne pouvait pas plus surement se tromper.

La bouche de Gi-Ja se fait pressante, câline et vorace. Sa langue conquérante profite de la surprise du dragon pour l’envahir, court-circuitant alors toute pensée cohérente.
C’est étrange, humide, très animal, féroce et doux à la fois …
Neorvrim a l’impression que son corps est parcouru de lave en fusion qui déroule des langues de feu qui finissent toutes au creux de son ventre puis plus bas. Son cœur n’est pas en reste et crépite comme une toute jeune flamme.
Ce baiser n’a rien à voir avec ce qu’il a maladroitement initié il y a quelques secondes.

Trop surpris et absorbé par toutes ses nouvelles sensations, il a peine bougé, se contentant de poser ses paumes contre les mains de l’humain.
Lorsqu’il s’écarte finalement, il a l’air aussi chamboulé que le dragon. L’incendie persiste dans son corps mais le froid gagne déjà du terrain. Ils respirent fort tous deux, se fixent un instant, le temps pour le soldat de noter combien les iris de la créature ont retrouvé une teinte dorée.
Il a qualifié les câlins d’addictif… Il n’avait pas encore goûté aux baisers.
A ce baiser.
Il a libéré un appétit, tout aussi impérieux que ces besoins carnassiers, qui en réclame d’autre.

- Si tu dois garder un baiser en mémoire... Préfère-celui-là.
Gi-Ja a l’air horriblement triste, toujours aussi blessé et cela déchire le cœur du dragon. Il a peur soudain de l’avoir perdu. D’une façon ou d’une autre.
Déjà Gi-Ja se remet assis, il va partir, quitter le lit… Neorvrim se redresse à son tour, faisant glisser les couvertures sur lui et attrape son poignet.

- Attends ! … s’il te plait…
Il est pris d’un long frisson mais fait fi de la température bien plus basse de la pièce. Sa paume s’accroche à la nuque du soldat lorsqu’il vient presser son front contre le sien. Geste instinctif pour lui rappeler combien il tient à lui.
- Pardonne-moi…
Même s’il ne sait pas exactement pourquoi il s’excuse, il sait qu’il a fait un faux pas, qu’il a été maladroit d’une quelconque façon. Ses yeux d’or cherchent ceux du jeune homme.
- Ce baiser était… sans commune mesure avec tout ce que j’ai déjà expérimenté dans mon existence. C’était… il a un petit rire incertain. Je n’ai même pas les mots… Ce dont je suis certain, ce que c’était délicieux. Son nez caresse le sien et lentement, avec beaucoup d’hésitation, il approche à nouveau sa bouche de la sienne. Et que je voudrais recommencer. Était-ce aussi bon pour toi ? … Me laisseras-tu réessayer, Gi-Ja ? Puis-je t’embrasser à nouveau ou est-ce outrepasser des limites qui ne doivent pas être franchies ?

- Attends ! … s’il te plait…
- Il fait froid, reste sous les couver....

Gi-Ja est brusquement happé par la poigne du dragon qui l'oblige à lui faire face. Front contre front,  incapable d'échapper à cette grande main qui lui tient la nuque, il finit par croiser son regard. Une erreur fatale. Le jeune homme découvre que l'or fondu coule à nouveau dans les iris du draconien. Son cœur éclate en confettis.

- Pardonne-moi…
- Tu.. Tu n'as rien fait de mal.... articule doucement le jeune homme, la gorge nouée. C'est moi... qui...
"Abuse salement de ton état de faiblesse, qui te détourne de ta nature, qui suis dégeulasse..." Les mots infusent dans sa caboche, empoisonnés.
- Ce baiser était… sans commune mesure avec tout ce que j’ai déjà expérimenté dans mon existence.

Son existence entière ?
Mieux qu'avec Iska.
Pensée fielleuse.
Stupide qu'il est, les dragons n'embrassent pas, voyons. Il est son tout premier. Une expérience fraiche et dépaysante, tout au plus, à classé dans son grand annuaire anthropologique sur l'humanité.
"Je suis injuste, maintenant..."

- C’était… Ce dont je suis certain, ce que c’était délicieux.

Délicieux comme un bon repas ?
Délicieux est un terme galvaudé entre un carnivore et un cuisinier.
Son cœur choisit pourtant d'en tirer la meilleure des lectures : Neorvrim éprouve également une attirance pour lui. Une idée réconfortante en soit.

- Et que je voudrais recommencer. Était-ce aussi bon pour toi ?

Le Caporal Cosgrave devrait mettre un terme immédiat au dérapage. Il pervertit le dragon et sa vision honnête des relations. Il l'éloigne des préceptes de son peuple... Egoïstement, Gi-Ja se dit que cela l'empêchera peut-être de se rendormir à tout jamais. L'humain est déchiré par des émotions contradictoires, un bouillonnement qui lui brûle la poitrine et l'empêche de réfléchir. Il ferme les yeux  son nez répondant aux caresses de celui de Neorvrim.

-… Me laisseras-tu réessayer, Gi-Ja ? Puis-je t’embrasser à nouveau ou est-ce outrepasser des limites qui ne doivent pas être franchies.
- Quelles limites ? Il ouvre les yeux et hausse les épaules. Tu les connais, toi, les limites qui existent entre un humain et un dragon qui tiennent l'un à l'autre ? Depuis le début, on ne sait pas ce qu'on fait. On fait. Tout simplement.

"Les sentiments ne se commandent pas. Ils sont. Tout simplement."
Ses propres mots.
Mais il ne s'agit que de désir, n'est-ce pas ? De curiosité, de pulsion... Ca s'éteindra, sans doute. Alors il restera seul avec ce trop plein d'affection fusionnelle dont il ne saura que faire. Ce trop plein d'amour.

- Embrasse-moi, Neo, souffle-t-il contre sa bouche. J'en ai envie. Mais promets-moi de ne jamais le regretter, d'accord ?

Lui, ne regrettera rien.
Même si tout cela doit être oublié demain.

-… Me laisseras-tu réessayer, Gi-Ja ? Puis-je t’embrasser à nouveau ou est-ce outrepasser des limites qui ne doivent pas être franchies.
- Quelles limites ?
- Je ne sais pas. Les tiennes… celles que tu t’interdis d’outrepasser avec qui que ce soit…
- Tu les connais, toi, les limites qui existent entre un humain et un dragon qui tiennent l'un à l'autre ?
- Non… ce qu’il y a entre toi et moi, c’est…sans précédent. Unique.
- Depuis le début, on ne sait pas ce qu'on fait. On fait. Tout simplement.

Le dragon patiente, attend une réponse qui ne vient pas. Lui ne cherche plus à réfléchir ni à chercher un sens à tout cela. Il comprend que ce qui se joue à présent est plus affaire de sentiment que de réflexion, de pulsions plus que de raison. Ça n’est guidé ni par un sens du devoir, ni une sorte d’obligation ancrée en lui.
C’est.
Mais les choses sont sans doute différentes pour Gi-Ja. Il ne prétend nullement savoir comment l’humain pense, mais il arbore une expression qu’il n’aime pas, presque… déchirante.
Il soupire, ferme les yeux, tente de rassembler la volonté de le lâcher.

- Embrasse-moi, Neo. Neorvrim ouvre subitement les yeux et les plantent dans ceux de Gi-Ja.
- En es-tu certain ?
- J'en ai envie. Mais promets-moi de ne jamais le regretter, d'accord ?

La main sur sa nuque remonte lentement sur l’arrière de son crâne et ses doigts glissent dans ses cheveux aussi noirs que les siens.
- Je te le promets, murmure-t-il contre sa bouche qu’il happe aussitôt.

Cette fois, il oublie toute passivité et essaie de répéter les gestes qu’a eu le jeune homme lors de leur premier baiser. Neorvrim est lent, parfois maladroit, mais appliqué et suave. Puis il gagne vite en confiance, expérimente et se fait plus déterminé et passionné cherchant instinctivement plus à donner qu’à recevoir. Il recule finalement et susurre :

- Tu ne m’as pas dit Gi’… qu’est que cela te fait lorsqu’on s’embrasse… ?

Puis il recommence.
Une fois, deux, trois… il cesse de compter, oublie le temps qui s’étire. Il n’a aucune envie de s’arrêter et lorsqu’il s’y contraint finalement, il pourlèche ses lèvres pour savourer sa saveur toute particulière. Les flammèches sont revenues en puissance, embrasant son sang d’animal, tendant son corps comme au sortir de certain de ses rêves les plus inavouables. Il tire doucement sur les cheveux de l’humain pour faire basculer sa tête en arrière et lape la peau de son cou du bout de la langue avec une sorte de grondement de satisfaction.
Oui délicieux... 

- La nuit où je me suis nourri du feu devant toi… je me suis demandé qu’elle goût tu avais… ses dents égratignent son derme, maintenant j’en ai une vague idée.  
Il est horrifié par cette subite montée d'appétit féroce et recule aussitôt. Puis il revient presser son front contre le sien, le souffle plus court, les yeux plus dorés que jamais.
- Pardonne-moi… je sais que ça ne sont pas des pensées acceptables.
Et maintenant ? Où cela mène-t-il ? Il a peur de poser la question.
Tout ce dont il est certain c’est qu’il a encore faim. Une faim terrible qui trouve sa source dans son bas-ventre et l’effraie.

- Je te le promets

Cette promesse décapsule brusquement toutes les inhibitions de Gi-Ja. Il laisse libre court à sa sensualité dont il a muselé toutes formes d'expression jusqu'alors. Humain et dragon se caressent, s'embrassent, se goutent. Neorvrim a toujours appris vite et c'est avec la même célérité qu'il s'applique à rendre à son ami chaque démonstration d'affection offerte. Le jeune homme gémit et soupire, en tâchant de se faire discret au départ, puis en ne parvenant bientôt plus à se retenir.

- Tu ne m’as pas dit Gi’… qu’est que cela te fait lorsqu’on s’embrasse… ?
- J'ai.. La chair de poule.... J'ai le coeur qui bat... fort... et.. Je frissonne et j'ai chaud.. Je boue de l'intérieur....Des étincelles.. plein le ventre...égraine-t-il entre deux embrassades fiévreuses.

Ses doigts dévalent les reins de Neorvrim et ses mains s'emparent avidement de ses fesses fermes. Il presse son bassin contre le sien, découvrant avec plaisir que l'enveloppe humanoïde de son partenaire est aussi tendue que son corps à lui.

- Tu as envie de moi...lance-t-il soudain avec une forme de soulagement et de satisfaction sauvage dans la voix.

Comme pour le punir de cette impudente affirmation, le dragon empoigne sa chevelure et tire sa tête à la renverse. Il lape et mordille sa peau, arrachant un cri concupiscent à l'humain qui frissonne de désir entre ses doigts.

- La nuit où je me suis nourri du feu devant toi… je me suis demandé qu’elle goût tu avais… maintenant j’en ai une vague idée.

Neorvrim semble soudain effrayé parce qu'il vient de proférer. Il s'éloigne pour prendre une pause au sommet du front de Gi-Ja. Essoufflé, presque honteux, le dragon se confie :

- Pardonne-moi… je sais que ça ne sont pas des pensées acceptables.
- Neo... chuchote son ami tendrement, en lui caressant les joues. Les humains On deux manières de "manger". Nous utilisons le terme "d'appétit" pour qualifier à la fois le besoin de se nourrir, mais également nos désirs sexuels. Je te défends de me croquer comme une biche, mais tu peux me dévorer.... Autrement...

Le jeune homme bouge lascivement ses hanches contre les siennes. Une main accrochée à la nuque du draconien, l'autre s'aventure vers le contenu gonflé de son pantalon. Il libère sa virilité et la sienne et commence lentement à les faire danser l'une avec l'autre au creux de sa paume.

- Qu'est-ce que ça te fait... ? murmure-t-il en se noyant dans son regard crépitant. Dis-le moi.... ?

Jamais on ne l’a touché de cette façon.
Jamais il n’aurait même pu imaginer aimer cela.

Et pourtant, les mains de Gi-Ja sur lui provoquent des sons que sa gorge humanoïde n’a jamais produit auparavant et sa peau se réchauffe vivement au passage de ses doigts. La pression de son bassin contre le sien lui arrache un juron dans sa langue. S’il n’a aucune idée de ce qu’ils font exactement, tout est bien trop bon pour qu’il arrête maintenant.

Il se laisse emporter par l’expertise de Gi-Ja et pas l’instinct de ce corps.

Timidement, il répète à nouveau les gestes du jeune homme, touche sa peau d’une main qui se fait petit à petit plus conquérante, investie son torse nu, ciselé à la perfection, ses hanches qu’il agrippe possessivement et se risque à palper la chair ferme de son postérieur.

Mais toutes ses actions réveillent des pulsions bien carnassières et plus dangereuse pour l’humain et il s’en inquiète.
- Pardonne-moi… je sais que ce ne sont pas des pensées acceptables.
- Neo... Les humains on deux manières de "manger". Nous utilisons le terme "d'appétit" pour qualifier à la fois le besoin de se nourrir, mais également nos désirs sexuels.
- Oh… Je vois… comment faire la différence ? Comment savoir que je ne commettrai pas un geste malheureux.
- Je te défends de me croquer comme une biche, mais tu peux me dévorer.... Autrement...

Neorvrim a un sourire carnassier avant de croquer ses lèvres et de l’embrasser encore.
L’humain se met à bouger les hanches et le dragon a un grondement qu’il étouffe contre son cou. Naturellement son propre bassin se meut au même rythme comme il le ferait lors d’un accouplement. Tout cela est si intense, si charnel…

- Qu’est-ce que…

Les doigts du jeune homme s’invitent sur la bosse de son pantalon et de nouveaux jurons franchissent les lèvres du dragon. La friction se fait soudain peau à peau et Neorvrim baisse les yeux pour comprendre comment une sensation aussi exquise peut être invoqué. Le spectacle de leurs deux virilités se frottant l’un contre l’autre à chacun de leur mouvement s’imprime dans ses rétines. Il se gave de ce spectacle et lâche un long gémissement. Il relève finalement les yeux.

- Par la Flamme, Gi’… qu’est-ce que tu me fais… ?
- Qu'est-ce que ça te fait... ? Dis-le moi.... ?
- Divin… c’est… divin… aussi bon que de voler… Ma flamme… elle brûle…elle brûle si fort quand tu me touches…quand on se touche… Et elle se reflète jusque dans ses yeux qui retrouve l’exacte lueur qu’ils avaient le soir de son bain de feu.

Carnivores, affamés.
- J’ai envie de te dévorer… de toutes les manières possibles… goûter chaque parcelle de ta peau, que cela ne s’arrête pas… Gi’…

Il attrape soudain la cuisse de l’humain et la hisse sur sa hanche pour lui permettre de bouger les siennes plus vite, de presser plus fort tandis qu’il écrase sa bouche contre ses lèvres.
La tension dans son corps atteint des sommets et il a la sensation de prendre feu de l’intérieur.
Il implose et s’envole dans un râle ébloui.  

- Oh… Je vois… comment faire la différence ? Comment savoir que je ne commettrai pas un geste malheureux.
- La faim de nourriture vient du ventre, l'autre faim, de plus bas...Je te défends de me croquer comme une biche, mais tu peux me dévorer.... Autrement...

Gi-Ja décide alors de lui expliquer par l'exemple. Il compte bien lui montrer que cette apparence, qu'il considère comme secondaire, a aussi ses atouts et ses charmes. L'entendre gémir et perdre pieds suscite une ivresse chez le jeune homme, qu'il n'a jamais connue. Il découvre toute une nouvelle palette d'expression sur le visage de son compagnon qui alimente sa propre excitation. Il les grave sur sa rétine, il ne veut rien en oublier. Pour la première fois. Neorvrim est beau dans son abandon. Gi-Ja recouvre ce visage incroyable de baisers fougueux, mordillant à son tour là où la chair du draconien est la plus tendre : le lobbe de ses oreilles.

- Par la Flamme, Gi’… qu’est-ce que tu me fais… ?
- Je te mange.... souffle-t-il malicieusement. Qu'est-ce que ça te fait... ? Dis-le moi.... ?
- Divin… c’est… divin… aussi bon que de voler… Ma flamme… elle brûle…elle brûle si fort quand tu me touches…quand on se touche…

L'humain a un petit rire saccadé de halètement avant d'être littéralement harponné par son regard de feu.

- Neo... gémit-il, transi d'une bouffée soudaine de plaisir. J'aime tes yeux.... Regarde-moi.... encore...
- J’ai envie de te dévorer… de toutes les manières possibles… goûter chaque parcelle de ta peau, que cela ne s’arrête pas… Gi’…

Cette déclaration intempestive manque de faire perdre pied au soldat qui pousse une plainte lascive. Il s'accroche néanmoins aux traits extatiques de son compagnon, refusant de partir avant lui. Leur friction frénétique apporte enfin la libération promise. Les deux mâles jouissent tour à tour, entremêlés l'un à l'autre. Le corps imposant de Neorvrim retombe sur le sien et Gi-Ja referme ses bras autour avec un rien de possessivité. Leurs poitrines collées l'une à l'autre se soulèvent à l'unisson. De nouveau front contre front les deux amis se contemplent, essoufflés et bienheureux, repus. Les prunelles du dragon perdent peu à peu leur éclat.

- Est-ce que ça va... ? s'enquiert l'artificier avec douceur.

Au moment où Neorvrim s'apprête à répondre, les premières notes du "Baby one more time" de Britney Spear se met à cracher dans les hauts parleurs de la caserne à plein volume. Gi-Ja est pris alors d'un fou-rire irrépressible.

Neorvrim ne manque rien des expressions sur le beau visage de Gi-Ja. Il est absolument sublime lorsqu’il se laisse aller de cette façon et le plaisir irradie sur ses traits fins.
Encore chamboulé et étourdi après ce qui ne peut être qu’une jouissance bien différente de ce qu’il a connu, le dragon s’abat sur le jeune homme dans un soupir satisfait en retrouvant sa place entre ses bras.

Il frotte affectueusement son front contre le sien et le contemple sans un mot en reprenant son souffle. Il caresse du pouce ses lèvres gonflées avant de se laisser tomber sur le côté pour éviter de l’écraser.
Après le bouillonnement de lave dans ses veines, la tiédeur reprend ses droits et il frissonne, rabattant les couvertures sur eux d’un geste vif.

- Est-ce que ça va... ?

Neorvrim ouvre la bouche pour répondre au moment où une voix nasillarde et féminine accompagné de ce qu’il a appris être de la musique pop ébranlent les haut-parleurs. Il fronce les sourcils en comprenant les paroles et rejoint bientôt l’humain dans son hilarité.
Il faut bien les premières menaces de mort à l’encontre du Sergent Devane et quelques minutes aux deux tout nouveau amants pour se calmer. Le dragon continue de sourire devant l’air contenté de Gi-Ja qu’il regarde avec une tendresse palpable.

- Tu es beau… souffle-t-il, ému sans qu’il ne sache exactement pourquoi. Je vais parfaitement bien. Même si j’ai de nouveau froid après cette…flambée inattendue. Je ne savais pas que… je ne pensais pas que les choses pouvaient se dérouler de cette façon… que ce corps était capable de … cela.

Il ne sait même pas comment le nommer puisqu’il n’y a eu aucune sorte d’accouplement.
Mais quoique cela soit, il lui suffit de repenser au minutes précédentes pour avoir envie de recommencer. Son appétit semble aussi grand au niveau de l’estomac que bien plus bas. Mais il n’a aucune idée des envies du jeune homme à ce sujet. Les partenaires de sa vie n’ont été que des passades. Peut-être est-ce la même chose pour l’étreinte qu’ils viennent de partager ?
Une affaire d’une nuit, une brève envolée sur l'instant.

- Et toi ?  Il se souvient de sa profonde détestation de penchants qu’il juge coupable. Tu ne te sens pas … mal – sale comme il l’a déjà entendu dire – d’avoir fait cela avec moi ?

Les deux comparses cachent leur hilarité sous les couvertures, pelotonnés l'un contre l'autre, encore poisseux de leurs ébats.

- Tu es beau…

Gi-Ja perçoit une nouvelle fois nettement, cette fleur de lave qui s'épanouit dans sa poitrine, là, juste sous son plexus solaire. Neorvrim le couve d'un regard qui le fait fondre en dedans.

- Je vais parfaitement bien. Même si j’ai de nouveau froid après cette…flambée inattendue.
- Je note que les vertus médicales de ce traitement sont donc passagers, s'amuse le soldat.
- Je ne savais pas que… je ne pensais pas que les choses pouvaient se dérouler de cette façon… que ce corps était capable de … cela.
- Il est capable de davantage encore, tu sais... Le jeune homme se mordille la lippe pour masquer son sourire un brin provocateur, mais le pétillement malicieux de ses yeux le trahit.
- Et toi ?

La question l'oblige à reprendre un peu de sérieux et à se concentrer sur lui même. Il est étrange de constater qu'il n'est pas submergé par un sentiment de profond dégout, ou par une vague de culpabilité, comme il en a l'habitude. Au contraire, il est plutôt mû par une sorte d'euphorie, une ivresse qui peine à retomber. Neorvrim doit lire dans ses pensées, parce qu'il enchaine aussitôt :

- Tu ne te sens pas … mal d’avoir fait cela avec moi ?

Peut-être que cela viendra plus tard ?
Peut-être qu'une fois seul sous la douche, dans sa chambre ou dans son atelier, il aura envie de tout effacer ?
Peut-être qu'il a tout gâché ? Tout perverti... ?
Il se tourne vers Neorvrim qui le regarde intensément avec ses amandes noirs, son nez altier, ses pommettes de caractère, ses boucles sombres, ses multiples grains de beauté.... Par un phénomène inexplicable la boule d'angoisse qui venait de naitre au creux de ses entrailles se détricote aussitôt. Il tend les doigts vers la joue du dragon et l'englobe dans sa paume.

- Non.... C'est... C'est la première fois que je ne regrette pas d'être ce que je suis.... découvre-t-il, bizarrement ému. Son pouce caresse cette bouche fine qu'il a copieusement embrassée plus tôt. C'est toi... Toi, ça change tout... verbalise-t-il maladroitement.

En dehors de la chambre, la vie s'agite, reprend son cour. Bientôt, quelqu'un viendra frapper à la porte pour s'enquérir de l'état de santé du draconien. Il faudrait que le caporal Cosgrave se lève, prenne une douche, aille travailler...mais dans cette chambre tout s'est figé dans un cocon de chaleur et d'intimité, et les deux êtres qui s'y lovent n'ont pas envie d'êtres importunés par le monde extérieur.