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 Au nom de l'eau, au nom du sang // Amon & Thalie

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Thalie Busset
Thalie Busset
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Thalie est au bout de sa quête et le tremblement de ses mains atteste de sa fébrilité. Elle les discipline sans grand succès mais elle ne peut juguler les battements précipités de son cœur.

« Bientôt, bientôt, bientôt… » chante-t-il dans une mélopée qui la guidée jusque-là.

Non, il n’est pas fait de granit comme l’a prétendu la Merrow. Il n’est juste plus capable de battre que pour un seul être.
Cette fois, elle sera plus forte.
Cette fois, elle ne laissera rien ni personne se mettre en travers de sa route.
On lui a tout arraché mais on ne lui prendra pas les retrouvailles qu’elle appelle de ses vœux depuis presque vingt deux ans.
Nadim hors du tableau, elle n’a maintenant plus qu’une crainte : qu’il ait laissé son empreinte sur son petit garçon, qu’il l’ait modelé d’une quelconque façon à son image. Même ainsi, elle sait qu’elle fera tout pour faire partie de sa vie. Rien qu’un peu, juste assez pour le sauver de lui-même. Elle y mettra toute l’énergie et la hargne qu’elle a accumulé pendant tout ce temps.

Elle savait qu’Amon ne serait pas accessible comme le tout-venant, mais elle ne s’attendait certainement pas à tout ce cirque et toutes ses barrières. Combien de fois, a-t-elle dû s’expliquer ? Encore et encore ?

- Je viens voir Amon, j’ai besoin de lui parler à propos de Nathan. Je ne lui veux aucun mal. Juste parler. Je me fiche de savoir que ça n’est pas le moment !

Et lorsqu’on ne l’écoute pas assez, elle sort le nom de Nadim. Les regards se font suspicieux, méfiants mais on lui laisse la voie libre. Ils n’ont pas le choix, elle est de toute façon bien décidée à faire le planton si nécessaire.
Attendre, elle sait faire. La patience, bien que contre sa nature, elle l’a apprivoisée.
Mais strates par strates, elle empoche le droit de voir le Saint des Saints.
L’homme pour qui Nadim la piégée, son obsession, la vraie mère qu’il avait choisi pour son fils. Elle tente de ravaler sa rancœur, elle n’est pas là pour se venger.
Elle n’est là que pour lui. Son bébé.
Grandi sans elle, peut-être avec des valeurs biaisées, étouffé par un amour malsain et qui n’a qu’une vague ressemblance avec ce qui devrait être.

On l’a fait pénétrer dans un large bureau mais les lieux, bien qu’insolites ne l’intéressent pas. L’homme qui se tient debout devant la fenêtre par contre, à toute son attention. Elle marque un temps d’arrêt et le fixe avec avidité sauf que… rien ne colle.
Il ne ressemble en rien au portrait qu’il exécutait sans cesse. Se serait-elle trompée ?
- Vous n’êtes pas Amon… souffle-t-elle, le désespoir au creux du ventre avant de se reprendre.

C’est forcément lui. La coïncidence est trop belle… Maudit soit Nadim et ses « talents » de dessinateur ! Il était aussi bon en croquis qu’en sentiment. Elle redresse le menton, droite comme un i.
Tant d’émotions la traversent qu’elle n’arrive même plus à faire le tri…
- Je viens… pour Nathan, croasse-t-elle d’une voix rauque comme si elle avait fumé toute sa vie, ce qui est loin d’être le cas. Une voix qui a perdu l’habitude de parler, une voix pourtant déterminée et plein d’espoir.
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Amon El-Hadji
Amon El-Hadji
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Sa renaissance est une plongée en eaux troubles.
La Sienne l’a protégé de ses propres cataclysmes agissant dans son coeur, avec l’intervention de la déesse Frigg comme catalyseur. Amon n’a jamais pris conscience, avant aujourd’hui, de l’impact tempétueux des vagues émotives qui se sont fracassées dans sa carcasse d’écume. Mais après deux semaines complètes à l’état liquide, réduit sous sa forme primaire, puis cette soudaine reformation moléculaire sous une autre apparence humaine, le Maritin est bien forcé d’admettre que quelque chose l’a profondément impacté. Un mélange savant entre apocalypse, traumatismes récents et passés, et ce mal-être qui ne disparaît pas, en dépit des efforts fait pour l’endiguer.

Jarvis et Maâti, en plus de le tenir au courant de la situation globale, lui ont aussi parlé d’elle. Cette femme qui veut le voir, qui persiste et insiste depuis plusieurs jours, au point de ne pas quitter le sillage de l’école. À peine remis de sa stase aqueuse, Amon a perçu, via les détails donnés et ses propres connaissances, qu’il devait la rencontrer au plus vite.
Ses doutes se sont éveillés au même titre que sa conscience.
Il sait que cette entrevue apportera son lot d’émotions nouvelles, qui le fragiliseront d’autant plus. Mais l’heure n’est plus à la conjecture : il a perdu suffisamment de temps.

Comme requis auprès de son intendant, Thalie est conviée dans son bureau, trois heures à peine après son retour. Il l’attend, droit et grand de sa nouvelle hauteur, légèrement engoncé dans des habits un brin trop petits pour lui. L’apparence n’a que peu d’importance face à l’urgence, et ce n’est que lorsqu’elle entre et que leurs regards se croisent qu’il sait que la sienne ne correspond pas à ses attentes.
Elle l’a vu. L’ancien Lui.
Certainement représenté de la main de l’Homme dont l’ombre les unis.

« … Je crains que si. » déclare-t-il, d’un ton à mi-chemin entre le résolu et l’épuisement. « Mon apparence a quelque peu changée, mais c’est bel et bien moi. »

Il soutient ses yeux un instant, se remémore ses traits, aperçu eux aussi sur un portrait jauni au fond d’une boîte. C’est bien elle, ou du moins, elle lui ressemble à s’y méprendre.

D’un pas lent, Amon rejoint son bureau trônant au milieu de la pièce, y adosse son nouveau corps, cherche à comment se placer dans l’espace. La gêne l’étreint, aussi bien physique que psychique.

« On vient de m’informer que vous souhaitiez me voir, mademoiselle Busset. Je suis navré de vous avoir fait attendre : notre école a subi un trouble sans précédent, et je viens à peine de revenir à moi. »

C’est un doux euphémisme : une poignée d’heures en arrière, il flottait encore en tant que masse liquide cristalline dans un aquarium. Cependant, s’il a choisi de ne pas remettre à plus tard cet instant, c’est qu’il a besoin de réponses autant qu’elle.
Et elle en donne une, malgré elle, en le nommant, immédiatement.

Nathan.

Le regard brun du djinn luit, quelques secondes, de son doré mystique propre à sa caste. Ses doutes ne sont plus permis. L’incroyable s’est produit.

« … Vous êtes donc sa mère. », comprend-il, sans détour. Ce constat le pousse à la détailler et noter tout ces traits qu’ils partagent. Ces pommettes, ce regard franc, cette détermination.
Amon sent son coeur se soulever un instant, avant de sourire, sans véritable joie, sans véritable force. « La ressemblance est… bien plus frappante, maintenant que je vous rencontre. »

Les mains accrochées au bois du meuble, l’expression pleine de culpabilité mal placée et pétrie d’une inquiétude lancinante pour le jeune homme, il poursuit :

« Il n’est pas ici. J’aimerais le retrouver moi aussi, mais hélas, c’est impossible pour l’instant. »

Et pourtant, Les Primordiaux savent à quel point il aimerait…
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Thalie Busset
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- … Je crains que si. Mon apparence a quelque peu changée, mais c’est bel et bien moi.

Thalie accepte ce fait. Elle n’a même pas besoin de son eau pour savoir qu’il dit la vérité. Manifestement, elle a face à elle un homme usé, drainé. Par quoi ? Elle n’en sait rien et après tout ça n’est pas son problème.
Ils s’observent un instant en silence. Comme deux inconnus qui se connaissent pourtant, comme deux êtres liés par le même bout d’histoire, aussi horrible soit-elle.

- On vient de m’informer que vous souhaitiez me voir, mademoiselle Busset.
- Thalie, claque-t-elle. Personne ne m’appelle mademoiselle Busset et « Capitaine » me semble hors de propos.
- Je suis navré de vous avoir fait attendre : notre école a subi un trouble sans précédent, et je viens à peine de revenir à moi.
- J’ai cru comprendre. L’Apocalypse a tendance à bouleverser les choses.

Mais rapidement, elle en vient au but de sa visite. Thalie n’aime ni les mondanités sans beaucoup de sens, ni tourner autour du pot.

-… Vous êtes donc sa mère.
Thalie tique, fend ses yeux devenus extrêmement bleus et ne peut empêcher sa répartie de fuser, lancer par une hargne qu’elle s’était pourtant juré de ravaler.
- Je ne sais pas. Il  m’avait dit que ce rôle vous revenait de droit. Quel droit ? Je cherche encore.
Elle ferme un instant les yeux, prend une inspiration salvatrice et songe au calme inébranlable de Silviu comme s’il pouvait le lui infuser directement dans les veines.  
- Oui… je suis sa mère. Hier, aujourd’hui, demain et pour l’éternité. Quand bien même il  a mis beaucoup d’effort à m’éliminer de l’équation.
- La ressemblance est… bien plus frappante, maintenant que je vous rencontre.
Un instant de faiblesse, son visage se plisse d’émotion et quelques larmes lui échappent. Elle renifle et essuie ses joues, un léger sourire relevant la commissure de ses lèvres.
- Vraiment ?  Aucune ironie cette fois. Juste l’affirmation d’un espoir qu’elle entretient sur du vide depuis des années.

Nathan lui ressemble.

- Ilil avait gardé une photographie de moi ? Nathan sait donc à quoi je ressemble ?
Ce serait mieux que rien, mieux que de n’avoir aucune existence à ses yeux.

Le visage d’Amon exprime une palette d’émotions à la mention de son fils : amour, inquiétude, culpabilité. Un vrai livre ouvert. Et quelque chose, en fond d’elle, déclenche une tempête aqueuse en son sein. Une rage protectrice comme elle n’en a jamais connu.

" Tu n’as pas le droit de l’aimer de cette façon ! Tu n’as pas le droit de te l’approprier ! Pas le droit de l’impliquer lui aussi dans votre jeu sadique et tordu !! Il est mon fils ! "
Au prix d’un effort titanesque, Thalie calme son raz de marée intérieur comme elle a en calmé de nombreux en navigant.

- Il n’est pas ici.
- Je sais.  Et ces deux petits mots expriment bien mal la déception et l’attente qui la ronge.
- J’aimerais le retrouver, moi aussi, mais hélas, c’est impossible pour l’instant.
- Je ne me satisfais pas de l’impossible et je le rejoindrai prochainement dans les bunkers.  Elle lève la main comme pour contrer toute remarque. Je sais ce qu’il m’en coûtera et je m’y préparerai.

Ce ton-là n’admet aucune réplique. Et puis, elle ne partira pas seule.
Elle s’avance dans la pièce, se plante fermement devant lui sans le quitter du regard, sans aucun répit pour l’apparente fragilité émotionnelle de l’homme. Elle estime qu’elle ne lui doit rien.
- J’aimerai que vous m’expliquiez ce qu’il s’est passé lorsque mon fils vous a retrouvé et ce qui vous lie exactement.
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Amon El-Hadji
Amon El-Hadji
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Les ondes de rage de Thalie se répercutent sur son eau calme, perturbée, chahutée par ce qu’émane l’autre Maritin. Amon tente de demeurer de marbre, à retenir ses propres émotions, suscité par la fracas de cette rencontre. Il sait. Il sait ce qu’a dû traverser cette femme, il sait comment Nadim l'a utilisé, et il sait aussi que cette colère est légitime, franche et pure.

Il a ressenti la même.

Alors il l’accepte, ne cille pas, laisse le courant violent s’emporter et se rompre en larmes sur ses joues quand il évoque la ressemblance. L’armure se rompt quelques instants, et la vague apaisante du djinn plus âgé s’engouffre dans les sillons.

« Ce n’était pas une photographie, mais un dessin. De vous. » Il empêche avec difficulté un soupir peiné. « Et oui, il sait. » La boîte contenait tant et tant d’indices, tant et tant de surprises, que la présence de Thalie comme élément essentiel à la naissance de Nathan semblait évident. Amon se souvient distinctement de la sensation de la mèche de cheveux blonds noués en tresse, présente aussi parmi les offrandes à l’héritier. Comme un hommage à la mission accomplie, reliant l’enfant de la manière dont il l’avait choisi.
Les yeux d’Amon dérivent une seconde vers la chevelure, avant de revenir vers le bleu étincelant de ceux de la Maritin. C’est parfaitement terrible pour lui, à cet instant, de comprendre ce qui a pu lui plaire chez elle. Il n’en laisse rien paraître, se contentant de soutenir son regard. « Mais il était loin de se douter que vous étiez toujours en vie. C’était aussi mon cas… avant aujourd’hui. »

C’est malgré lui que la tension s’installe. Ni Amon, ni sans doute Thalie, ne veulent vraiment vivre ce moment. Bien qu’il ne soit plus là, ses ficelles continuent de se jouer de ses pantins adorés, comme s’il était capable d’admirer la scène depuis un Ailleurs indéfini.
Une sensation qui ne quitte pas Amon, et ce depuis bien plus longtemps que son éveil aqueux.

Depuis que ce dernier a disparu, en réalité.

Thalie mentionne les bunkers et le directeur suppose que Silviu a dû l’informer de toute la situation frappant la ville. La détermination ne fait aucun doute, et Amon n’a pas à coeur de la rejeter. Il sait simplement qu’il ne la laissera pas risquer sa vie seule, pas maintenant que Nathan a enfin une chance de rencontrer celle qui l’a mis au monde.

Elle s’approche, et il l’observe. Sa question tombe et ravive des souvenirs enfouis, remontant bien plus loin que sa rencontre avec le jeune djinn.
L’origine des maux de tous ceux impliqués dans cette histoire date de plusieurs siècles.
Dans un soupir, il se concentre pourtant sur les quelques années récentes, et ce qu’elles lui ont apporté : cette rencontre orchestrée de toutes pièces sur un immense jeu d’échecs.

Un temps infini s’étend, avant qu’il ne réponde, cherchant ses mots :

« … Nathan est venu me trouver, il y a environ trois ans. Il ignorait tout de sa nature de djinn, puisque N-… son père l’a laissé à une famille humaine avant de disparaître dans la nature. Des parents de substitution, servant de cadre jusqu’au jour où sa nature s’éveillerait par elle-même. »
Il se souvient de la confession à propos de la mort de son premier petit-ami, et de l’apparition du tatouage. Son regard se voile un instant, avant qu’il ne poursuive.
« Il lui a légué une boîte, contenant en outre de quoi me pister quand le jour serait venu. Nathan devait me retrouver par lui-même et quand ce serait fait, il viendrait nous rejoindre, pour que nous formions cette famille qu’il espérait tant. Aux yeux de son père, Nathan représentait l’être parfait, son héritage, celui qu’il a toujours cherché à léguer. Le fait que je fasse parti de son cadre idéal était… à la fois son but, son acte d’amour, et sa vengeance envers moi. »

L’étau serre sa gorge pluri-centenaire. Il fait pourtant face, continuant son récit du mieux qu’il le peut.

« … En ayant compris ça, je me suis senti immédiatement coupable. J’ai voulu prendre Nathan sous mon aile, parce qu’il n’était qu’une victime des machinations de son géniteur, et que je ne pouvais pas me résoudre à le laisser tomber. Je voulais le protéger, l'aider du mieux que je le pouvais, afin qu’il soit en paix avec son pouvoir, qu’il arrive à comprendre la maîtrise de son élément, de la personne qu’il était réellement. Cependant… » Un temps d’arrêt, face à l’amer constat. « … Je n’y suis pas parvenu. Pas en tant que professeur, du moins. »

Amon hésite. La suite relève de l’intime, mais elle est aussi honnête, réelle. Et fait parti de leur construction mutuelle, celle qui les a mené jusqu’ici.
Thalie lui a demandé la vérité, il lui la donnera.

« Nos Eaux se sont rencontrées, elles se sont attirées mutuellement, sans que nous y soyons préparé. Nous avons tenté de lutter un temps. Mais nous avons fini par succomber. »

Face à son regard, Amon anticipe la réaction de la mère.

« Je sais ce que vous pensez. Et je le comprends. »

Ses propres yeux se parent d’une sincérité et d’une détermination profonde, à leur tour. La fatigue le pèse, mais ne le fera pas tomber. Qu’importe ce qu’il a vu, dans la vision offerte par Frigg. Qu’importe les doutes étreignant son coeur : leur passé est réel et ne peut être nié.

«  Mais je tiens à lui. Sincèrement. Tout comme vous l’aimez à votre manière. »

Sa propre curiosité se pare de bienveillance. Il pressent la tempête interne qui vogue dans l’Eau de la Maritin. Tout deux sont marqués, à leur façon. Et Amon voudrait comprendre quel feu a brûlé son âme, au point d’y laisser les mêmes cicatrices que les siennes.

« … Où étiez-vous, Thalie ? Que vous est-il arrivé ? »
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Thalie Busset
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Thalie l’écoute avec attention, laisse les vagues de son eau enfler puis se briser pour mieux recommencer, plus fort, encore et encore à mesure qu’il parle. Elle attrape le dossier d’une chaise en bois et le sert à l’en faire gémir. Quel jeu cruel…quel horrible échiquier.
La nausée la prend à nouveau. Malade de tous ces stratagèmes, malade de ces plans, ces interrogations.

- Cependant… Je n’y suis pas parvenu. Pas en tant que professeur, du moins.
Elle ne peut retenir un petit rictus de mépris.
Alors c’est pour lui qu’elle a été évincée ? Pour cet homme perclu de culpabilité et incapable même de guider Nathan dans sa nature. La déception est aussi forte que l’amertume. Elle s’attendait à… à quoi exactement ? Un être meilleur qu’elle, bien meilleur pour avoir le droit d’aimer son fils à sa place. Alors qu’il n’est « qu’un homme » après tout. Avec toutes ses faiblesses qui s’étalent devant elle comme une vaste farce. Elle n’a rien de moins. Rien de plus.  
- … pas en tant que professeur ? demande-t-elle d’une voix anormalement calme.

Elle sait pourtant. Mais elle veut l’entendre l’admettre. A sa décharge, il ne cherche pas à camoufler ou nier quoique ce soit.

- Nos Eaux se sont rencontrées, elles se sont attirées mutuellement, sans que nous y soyons préparé. Nous avons tenté de lutter un temps. Mais nous avons fini par succomber.
- … Succomber ? répète-t-elle à nouveau d’une voix aussi froide que la mer du Groenland.
Elle le fusille sur place de son regard redevenu ombrageux.

- Je sais ce que vous pensez. Et je le comprends.
- NON ! assène-t-elle comme un coup de fouet. Je vous interdis… ! Je vous interdis de me déposséder également de mes pensées. Vous n’avez aucune idée de ce qui se passe dans ma tête ! Ou alors c’est que vous êtes parfaitement conscient d’à quel point c’est … ignoble !

Plus elle parle et plus le son de sa voix gagne en force. Elle arpente le sol comme une lionne en cage pour se calmer les nerfs et l’eau.

- Ce que je comprends, c’est que mon fils est venu chercher des réponses auprès de vous et que non seulement vous n’avez pas pu l’aider à maitriser sa nature mais qu’en plus vous vous êtes permis de profiter de son trouble pour …
Elle n’arrive même pas à finir tellement tout cela la répugne et l’eau gronde encore. Son impassibilité et son calme ne font qu'attiser sa propre fureur.
- Et ne me dites pas que l’attirance était mutuelle ou une autre connerie de ce genre ! Pitié ! Nathan a vingt-deux ans, était sans doute totalement perdu, à la recherche d’un ancrage et vous vous êtes permis, avec vos millénaires de contrôle et de sagesse, de ne penser qu'égoïstement avec votre queue !
La vulgarité dont elle fait preuve traduit son tourment émotionnel.    
- Mais je tiens à lui. Sincèrement. Tout comme vous l’aimez à votre manière.
- Mais c’est exactement ça qui est immonde ! Nom de Dieu !* Ouvrez les yeux ! Votre « affection », aussi sincère soit-elle, ne fait que le relier plus étroitement et à vie à son paternel, à son plan et à tout votre passif ! Nathan mérite d’être libre de toute ça, d’écrire sa propre histoire loin de la vôtre… de la nôtre.

Comment ne peut-il pas le voir ? Ce constat lui coupe les jambes et elle s’écroule soudain sur un siège. Oui… elle fait partie de ce schéma trop complexe. Tout ce qu’elle peut faire à présent, c’est couper un à un les liens qui la rattachent au rôle que cette ordure lui avait prévu, reprendre un minimum les rênes de son existence.

- Nous sommes sont passés… en aucun cas son avenir ! Cela…Il devra le trouver par ses propres moyens…
Avec tout son soutien.
Mais pas avec lui… pas avec lui…

- … Où étiez-vous, Thalie ? Que vous est-il arrivé ?
Elle passe une main lasse dans sa longue chevelure blonde.
- Après mon accouchement, on…on m’a arraché mon fils sans que je puisse le prendre dans mes bras ou l’embrasser. Et … il a profité de ma faiblesse pour me contraindre. Je suis devenue très ironiquement une bouteille à la mer. J’ai erré dans les fonds marins… longtemps… sans avoir la moindre notion du temps qui passait. Mais chaque seconde a été une longue éternité. Son regard se fait vague, comme si elle était revenue dans cette bouteille, au milieu d’une vie foisonnante mais très loin de la sienne. Tout ce que j’avais c’était le prénom qu’il avait choisi pour mon fils et la certitude qu’il était là, quelque part, qu’il allait m’oublier. J’ai prié pour qu’il ne devienne jamais comme son père, que le lien que nous avions tissé pendant neuf mois, eau à eau, le guide vers l’être que j’espérais qu’il deviendrait. Elle se secoue et reprend d'une voix plus ferme et déterminée. Et puis on m’a libérée et… je veux juste voir mon bébé, apprendre à le connaitre, essayer de retrouver ma place à ses côtés… c’est tout…

*en français
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Amon El-Hadji
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L’onde fracasse, frappe, rencontre. L’Eau souveraine répond à la colère, mur de vague qui s’érige en défense, face à l’acidité de celle salée de Thalie Busset. Amon a consenti, jusqu’ici, à encaisser sa fureur légitime. Mais l’impact est si vif, si prenant, les mots si violents et si porteurs malgré eux du passé traumatique, que le djinn ne peut plus se contenir.
Il ressent par bribes les sensations de ses propres abus. Des moments fracturés, entrecoupés de souffles et de pleurs enfouis, comme s’il cherchait à respirer.

Sa voix tonne, pour la première fois depuis longtemps.

« Je n’ai profité de RIEN !! »

Ses tatouages ressortent sur l’impulsion, l’eau de la Source, vasque de pierre ancestrale dans le fond de la pièce, s’agite comme sous le fracas d’une tempête.

« Jamais je n’aurais pu forcer son consentement ! Abuser de lui, comme vous l’insinuer ! Jamais je n’aurais pu faire une chose pareille !! Ne vous avisez plus de dire une chose pareille !! »

Ce sont ses propres larmes qui rompent, glissant sur ses joues nouvelles, criblées de fatigue. Tout ceci devient difficile à supporter. Se confronter à tout ça, aussi à vif, était une erreur.
Pourtant il a le sentiment qu’il se serait défendu de la même manière, autrefois. Peut-être avec une opinion différente sur la question.

Le silence retombe. Le calme aussi. Cela dit, le djinn ne semble pas s’adoucir pour autant. Ses émotions tourbillonnent encore, alors qu’il essaie de les cadenasser.

«... Vous ne me connaissez pas. Vous n’avez absolument aucune idée de qui je suis, Thalie. De ce que j’ai moi-même traversé, avant, et ensuite à cause de Nadim. Tout ce que vous avez, c’est une image de moi déformée par son propre esprit, alimentée par votre souffrance. Rien d’autre. »

Il la regarde s’asseoir, observe cette mère et sa détresse, laisse sa propre colère retourner dans ses entrailles pour s’y loger, bien à sa place. Il n’est plus habitué aux éclats de genre, et c’est tout aussi étrange que la métamorphose qu’il subit. Elle semble agir sur tout les aspects de son être…

« Nathan et moi nous sommes rapprochés, nous l’avons fait, en notre âme et conscience. Mais nous savions aussi d’où nous partions. Et je sais à quel point c’est terrible, à quel point... » et le constater lui fait d’autant plus mal, mais s’accorde étrangement avec son ressenti nouveau. Son Eau lui dicte autre chose, depuis son éveil. « … nous avons été dupé par nos propres sentiments, pour tenter d’oublier ce fait. Nous voulions... outrepasser ce que Nadim attendait de nous. »

Il se souvient des promesses silencieuses, des serments pour le vaincre, pour le contrecarrer. Leur bulle. Une tentative de bonheur sincère au milieu du chaos et des fils de marionnettes.

« Au final, il s’est joué de nous comme il le souhaitait. Il a usé de nos faiblesses, de nos énergies et même de nos forces pour les retourner contre nous. Nous avons été ses jouets, et il persiste à nous hanter. Et nous sommes tous les trois ses victimes. »

Nouveau silence. Ses propres pleurs finissent par se tarir. Son Eau précieuse retourne à son origine, glisse en perle dans l’air ambiant pour finir se fondre dans sa peau.
Il finit par reprendre, d’un ton plus conciliant :

« … Mais je suis d’accord avec vous. Nathan doit s’affranchir de tout ça. Il porte ce fardeau depuis bien trop longtemps, et j’ai bien cru qu’il parviendrait à s’en extirper en... »

Un instant, avant l’aveu.

« … en le tuant. »

Son regard voilé vient s’ancrer dans ceux de sa vis-à-vis assise. Le dire, à haute voix.

Pour la toute première fois.

« Nadim est mort, Thalie. » Une inspiration, comme pour s’en remettre. « Nathan a choisi son propre destin, pour lui-même, pour se libérer de celui qui lui a été imposé. »

Un frisson le parcoure, face à la vérité inéluctable. Face à toute la douleur que la perte, même si toxique, implique. Et face à l’inconnu que réserve le futur.

« Son avenir est déjà entre ses mains. Pas dans celles de son père, ni des vôtres… et encore moins des miennes. »

Les fragments de Frigg viennent consteller son esprit.
Et ses yeux flous se dérobent, viennent fixer la fenêtre.

Ne vous inquiétez plus, Thalie, votre fils sera certainement bien plus heureux sans moi...
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Thalie Busset
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Au nom de l'eau, au nom du sang // Amon & Thalie Empty
Son coup d’éclat ne l’impressionne que peu. A vrai dire, elle préfère même. Ces airs compassés, lointains et son air de chien battu lui donnait de violentes envies de lui mettre son poing en plein milieu de ce nouveau visage.
Il tente de justifier l’injustifiable et ses larmes ne l’attendrissent pas.  Elle lève les yeux au ciel, plus agacé qu’autre chose.

- Enfin Amon ! Ne soyez pas ridicule ! Vous avez, vous aussi, goûté aux méthodes de ce… de ce dégénéré qui était obsédé par vous ! Vous savez comme moi qu’on peut abuser des gens tout en leur faisant croire qu’ils sont consentants et même que l’idée vient d’eux !  

Mais il ne l’écoute qu’à moitié et repart dans la défense de … quoi d’ailleurs ? D’une relation qu’il sait lui aussi malsaine ? De son propre aveu. Thalie se frotte les tempes et respire à fond. Elle ne doit pas oublier pour quoi elle fait tout ça. Pour le bien de Nathan…
Elle se laisse aller à quelques confessions à son tour après tout, il a été honnête avec elle.

- Au final, il s’est joué de nous comme il le souhaitait.
- C’est certain. Je m’étonne que vous l’ayez laissé faire aussi longtemps.

- Il a usé de nos faiblesses, de nos énergies et même de nos forces pour les retourner contre nous. Nous avons été ses jouets, et il persiste à nous hanter. Et nous sommes tous les trois ses victimes.
- Était. Je refuse catégoriquement de l’être à nouveau et qu’il me hante encore. Et vous devriez faire de même. Le seul qui m’intéresse à présent, c’est Nathan.

Un long silence pèse sur eux, lourd de réflexion et de fantômes que Thalie refoulent obstinément. Elle en a fini avec l’efrit, bel et bien fini.
Amon reprend la parole, plus las que jamais, il lui semble.

- … Mais je suis d’accord avec vous. Nathan doit s’affranchir de tout ça. Il porte ce fardeau depuis bien trop longtemps, et j’ai bien cru qu’il parviendrait à s’en extirper en … en le tuant.
Ses yeux s’écarquillent sous la stupeur de ce qu’il vient de lui avouer. Et le raz de marée revient à pleine puissance
- Nadim est mort, Thalie.
Elle se redresse d’un coup et le rejoint avec une fluidité surnaturelle, agrippant le devant de son vêtement en deux poings rageurs.
- Quel foutu lâche ! lui crache-t-elle au visage. Vous avez osé le laisser faire à votre place ! Vous avez osé laisser mon bébé se salir les mains pour garder les vôtres sans tâche du sang de votre amant !
- Nathan a choisi son propre destin, pour lui-même, pour se libérer de celui qui lui a été imposé.
- Conneries ! Il vous a libéré de votre fardeau, et il n’y a que vous qui lui avez été imposé ! Et vous prétendez tenir à lui… ? Vous me dégoûtez ! Elle recule, sonnée, passe ses doigts sur son cuir chevelu, ayant du mal à assimiler ce qu’il vient de lui apprendre, son eau, agitée par des remous puissants, tourbillonne inlassablement, cherchant à s'écraser contre l'homme responsable de toute cette colère bouillonnante. Mais Thalie refuse de se laisser aller à ce genre de violence et les dompte avec fermeté. Je suis curieuse… c’est ça que vous lui avez fait croire ? demande-t-elle, la voix brisée mais pourtant pleine d’une ironie grinçante. Qu’il a repris son destin en main en tuant son père ? Rien de tel qu’un petit parricide pour un nouveau départ, n’est-ce pas ? Comment allait-il après cela ? Dites-moi tout ! Libéré et plus léger ? Ou anéanti ?

Le regard qu’elle lui jette va au-delà de la colère. Il s’agit d’un mépris certain accompagné d’une profonde pitié. Il était grand temps qu’elle revienne. Personne n’a veillé ni pris en considération le bien-être de Nathan, le laissant assumer seul les conséquences d’un meurtre qui changera sans doute sa vie à jamais. Et il est seul, dans ces foutus bunkers.
Elle en pleure de rage et de tristesse, une main posée contre son ventre, comme elle le faisait pour le protéger du regard de Nadim. Aujourd'hui, elle n'en est plus capable. Si elle pouvait, elle sortirait d’ici et irait le rejoindre à cet instant même pour le serrer contre elle.

- Son avenir est déjà entre ses mains. Pas dans celles de son père, ni des vôtres… et encore moins des miennes.
- Je l’espère Amon. Si votre lâcheté à causer la destruction de mon fils, je vous jure que je vous le ferai payer. D’une façon ou d’une autre.

Elle éclate soudain d’un rire amer.
- J’étais venue dans l’intention de parler avec vous pas de vous menacez… de comprendre… je savais déjà que vous étiez ensemble…avec Nathan mais je voulais vous l’entendre dire… mais…

Elle se fait soudain la réflexion que tout cela aurait pu être un calcul de l’efrit mais elle rejette cette idée en bloc. Elle ne passera pas le reste de sa vie à se demander « et si c’était ce qui était prévu dans son plan ».
- Mais ça… je ne le comprends pas. Sans même l’avoir rencontré, elle sait d’instinct qu’elle serait capable de tout pour son fils. Comment…comment avez-vous pu laisser faire ça ? Fermer les yeux sur le sacrifice qu’il faisait pour vous ?
Cette fois, c’est le désespoir qui sonne dans sa voix.
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Amon El-Hadji
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Peut-être est-ce l’épuisement, peut-être est-ce le caprice de son Eau qui désarçonne à ce point Amon. Mais un clapotis résonne en écho aux mots de Thalie, amers et cruels. Il ressent tout son mal et sa colère en synchrose avec les vrombissements aqueux qui les compose, en créatures ondines qu’ils sont tout les deux.
Les traumatismes se heurtent, instigués par le même terrible marionnettiste.
Amon encaisse cette douleur, tente de calmer la sienne, mais elle est puissante, vive, mordante. Un torrent déchaîné, qui lui renvoie ses fautes en ras-de-marée.
Cramponné à son bureau pour ne pas chavirer davantage, le djinn peine à se défendre, ne sait plus quoi répondre. Que pourrait-il dire, de toutes façons ?

L’on lui chuchote, dans le murmure des vagues à l’âme, que Thalie Busset a raison.
Et c’est tout ce qui l’effraie. Un cauchemar similaire à ceux de son enfance.
A-t-il, à son tour, été l’abuseur ?
A-t-il reproduit ce qui l’avait conditionné dans ses toutes premières années ?


L’idée lui donne la nausée, violente et percutante.
Des tremblements viennent à parcourir ses mains, ses bras, ses épaules, comme secoués de l’intérieur.  Une onde de choc à chaque coup porté par Thalie, dont la voix semble de plus en plus lointaine à mesure qu’elle l’attaque.
Les tremblements persistent alors que l’eau s’agite, tout autour d’eux. La vasque de pureté, dans le recoin, calque son rythme sur la peur de son maître. Le coeur vrombit sous les aléas.
Rien ne va.
La tempête est sur le point d’éclater.


« Je n’ai jamais… Je n’ai jamais voulu ça ! » La voix brisée, les yeux murés de larmes claires, qui roulent sans contrôle, Amon n’arrive plus à regarder la mère furieuse. Il entend sa propre litanie, tout en la ressentant tout à l’intérieur de lui-même, comme une voix sourde, interne. Il se sent hurler, pourtant.
« Je ne pourrais pas lui faire de mal sciemment, je… ne pourrais jamais… !! »

Ses mains sans retenue agrippe ses nouveaux cheveux. Sa tête est sur le point d’exploser. Même le liquide céphalo-rachidien, tout nouvellement constitué, crépite de vrombissements terribles. La souffrance est insoutenable.

« Je… Je suis… Je suis tellement désolé… Je voulais simplement qu’il soit… heureux, dans tout ça, dans toute cette... »

Horreur ?
Machination ?
Culpabilité ?


Il l’ignore. Plus rien n’a de sens, depuis lors. Plus depuis précisément le jour où sa cage a frôlé celle de l’enfant près de lui.
Le jour où ils se sont parlés, dans toute leur infortune.

L’eau de la vasque s’élève. Acérée comme une pointe d’épée, elle s’étire et transperce une vitre, un meuble, la chaise sur laquelle la mère de Nathan était assise. C’est ensuite le tour de l’eau du thé, servi un peu plus tôt, de bouillir jusqu’à ce que la vapeur envahisse la pièce. Les tremblements du corps humain ne faiblissent pas, au contraire. Mais dans un élan, au contraire de colère, c’est une plainte pleine de lamentation qui passe la gorge d’Amon, dont le visage alterne entre phase liquide et masque humain.

« … Sortez de mon bureau, Thalie, sortez, je vous en prie… !! »

Sortez, partez, loin, si loin que je vous oublierais, vous et vos vérités !
Sortez de ma vie et de ma tête !!


Tu as tort. Tellement, tellement tort, mon chéri.
Elle couvrait ma voix, jusqu'ici.
Je suis là.
Et je ne te quitterai jamais.


« NON !! Va-t-en, toi aussi !! »

De là, il ne se souvient pas. Si ce n’est la sensation du sol durement molletonné du sol de la pièce. Des présences familières qui font irruption, probablement alertées par l’agitation.

« Que se passe-t-il ?! Amon ?!! 
- Faites quelque chose !! Appelez Jarvis !!! »


Amon, dans sa demi-conscience avant de sombre, y reconnaît Maâti, Orlov, peut-être Oeilvif et son jappement inquiet. Il ne sait pas. Tout ce qu’il sait, c’est qu’il a besoin de repos. Ses yeux livides se ferment, sans comprendre ce qu’il adviendra de Thalie.

Seule demeure la force de dormir.
Et rêver des dunes, six siècles en arrière.
De son père, et de sa mère.
De leurs sourires rassurants.
Pour la première fois depuis longtemps.
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