Don't let those demons in again
I fill the void up with polished doubt, fake sentiment
Surrender yourself
And I wonder why I tear myself down
To be built back up again
Oh I hope somehow, I'll wake up young again
All that's left of myself
Holes in my false confidence

Douze,
Treize,
Quatorze,
Quinze,...

Hier, je sortais du Brouillard en me rappelant à peine mon nom. Aujourd'hui, je sue en faisant des pompes le cul dans un treillis. Si ma team d'urbex pouvait me voir, elle se foutrait de ma gueule. Elliott Osawa, le rebelle, l'anti-système, celui qui conchie les uniformes et contourne les règles... aspirant bidasse. Une blague. J'entends presque Jonas me traiter d'hypocrite de sa planque douillette.
Pourtant, je pourrais leur rétorquer qu'il règne ici une camaraderie plus franche et moins toxique que celle qui fût la nôtre. Avant le Monolithe. Avant la mort de Simon. Avant qu'Ivy ne soit rongée par les papillons d'Unseelie...

Vingt-huit
Vingt-neuf
Trente,
Trente-et-un...

Suivre cette formation militaire, c'est le seul moyen que j'ai trouvé pour reprendre la main. En tant qu'humain.
Je risque un regard vers la donzelle qui me sert d'instructeur, du genre jolie, sexy, à poigne. Le genre de nana à être le rêve de tous les mecs qui l'entourent. Dire qu'elle n'y est pas pour quelque chose serait mentir. C'est le premier visage amicale que j'ai vue en sortant de la brume et, depuis lors, chaque matin au réveil. Elle m'a tendu une barre de céréales (que je n'ai même pas été foutu de garder dans l'estomac) motif suffisant à mes yeux pour la suivre comme un phare dans la nuit. Les miennes sont peuplées de cauchemars, de regrets, de violence et de souvenirs. Puisque ma mémoire a foutu le camp, mon subconscient investit les trous et tout ça suinte dès que je ferme les yeux.
Mais le Caporal Lexi Hailey veille.
Elle me lorgne avec un sourire en coin qui -prouesse !- parvient à la rendre plus désirable encore qu'elle ne l'est déjà. Et intraitable. Surtout intraitable.

- Je vais....

Cinquante-six.
Cinquante-sept.

-... Vraiment finir par croire...

Soixante.
Soixante-et-un

-... Que tu kiffes me coller des gages en plus...

Soixante-cinq.
Soixante-six.
Soixante-sept.

- ... Exprès pour m'voir me déshydrater en direct !

Surtout si je le fais torse-nu comme maintenant.
Soixante-neuf...

- SOIXANTE-DIX !

Délivrance!
Je m'écroule sur les tatamis et me retourne comme une grosse crêpe dégoulinante de sueur. Je redresse le menton pour mieux capter Lexi et son délicieux sourire. Merde, c'est pas fair-play d'être aussi irrésistible.

- Adorable sadique... que je roucoule amoureusement.

Assise en tailleur devant Elliott, Lexi décompte les pompes par une tape sur le tatami comme elle battrait la mesure d’un rythme. D’ailleurs c’est exactement l’effet recherché. Un rythme ça guide, ça se suit.

Grâce à lui, sa vie aussi à trouver un nouveau rythme qu’elle s’approprie petit à petit. Et tout a commencé par sa guérison, celle qui lui faisait tant peur. Maintenant, la voilà obligée de vivre à nouveau. C’est aussi effrayant qu’exaltant.
Et elle a parfaitement conscience que celui qui sue pour ses beaux yeux présentement l’y aide beaucoup.

Lui qui la fait rire et sourire.
Lui qui prend des initiatives qui la déconcertent ou la troublent.
Lui qui tient sa main autant qu’elle tient la sienne.

- Je vais....

Est-ce qu’elle admire le jeu des muscles de sa victime favorite et qu’ils ont patiemment sculpté pendant des heures et des heures d’entrainement en même temps ? C’est une possibilité qui ne s’exclut pas.

-... Vraiment finir par croire...
- Mais même maintenant tu trouves le moyen de jacasser ? T’es terrible, tu le sais ça ?
-... Que tu kiffes me coller des gages en plus...
- Garde ta salive pour des choses plus importante que de râler ! Si tu en as autant à dépenser je vais considérer que la prochaine fois, je vais pouvoir monter à cent.
- ... Exprès pour m'voir me déshydrater en direct !
- Je te préviens… si tu lâches maintenant, je te fais recommencer ! le gronde-t-elle, à moitié convaincante. Le ton est là mais le large sourire vient gâcher tous ses effets.
- SOIXANTE-DIX !

Lexi le toise en riant et se penche vers lui, secouant une bouteille d’eau comme un appât irrésistible.

- Hydratation ou bisou du vainqueur ?
- Adorable sadique...
- Quoi ? Proteste-t-elle. Je te laisse le choix au moins… mon charmant sdf.

Qu’elle a trouvé alors qu’il venait de sortir de l’enfer.
Qu’elle a décidé d’aider pour oublier les plaies de son cœur.
Qu’elle trouve plus beau chaque jour à lutter contre ses traumatismes et les tournements horribles qu’ont pris sa vie.

- Mais t'as raison. J'adoooore te voir souffrir !... Tu t’en es bien sorti aujourd’hui, concède-t-elle. Je durcirais l’entrainement demain. Elle caresse doucement sa joue. Je veux que tu te sentes prêt et sûr de toi le jour où tu en auras besoin.

Elle ne peut pas effacer ses cauchemars mais elle peut lui donner toutes les armes dont il aura besoin pour se battre contre ses monstres.

- Quoi ? Je te laisse le choix au moins… mon charmant sdf.
- Tant que tu me trouves charmant...

Je tends les bras vers elle avec un large sourire.

- Je choisis le bisou ! Tant pis si je décède juste après. Au moins, ce sera heureux !
- Mais t'as raison. J'adoooore te voir souffrir !...
- Je le savais ! Tortionnaire !

Je l'attire à moi pour boire à sa bouche plutôt qu'à la gourde. Chacun ses priorités ! Malgré mes muscles fourbus je parviens à la faire basculer contre mon torse. Bon, entre nous, je la soupçonne de s'être un peu laissée faire. Quand elle veut, elle me met la misère ma jolie ballerine tout-terrain !
Du coup, j'en profite un maximum, multipliant les bécots sur son visage de poupée tout en lui chatouillant les côtes, tandis qu'elle dérape sur mon torse trempé.

- Alors ? Qu'est-ce que ça fait de pédaler par temps humide ? Hein ? Tout de suite, on fait moins la maligne, pas vrai ?

On se gondole comme des couillons, tout enchevêtrés et gesticulants. Lorsqu'on se calme enfin, elle me confie :

- Tu t’en es bien sorti aujourd’hui.
- Merci Caporal. J'ai un excellent entraineur ! que je flagorne.
- Je durcirais l’entrainement demain.
- Damn it ! La flatterie n'a eu aucun effet ! que je balance avec un timbre de toon.

Je me gave du moindre geste de tendresse, comme cette main baladeuse que je rattrape tout contre ma joue, pour en embrasser la paume.

- Je veux que tu te sentes prêt et sûr de toi le jour où tu en auras besoin.
- Je me sens déjà en meilleure condition physique. J'ai fait des progrès en tir ! Et Gi-Ja m'a même proposé de me montrer comment on utilise des grenades cette semaine. Bon, par contre, je suis toujours une tanche au corps à corps. J'ai beau piger la théorie du muay-thaï et du krav maga, je me fais toujours torcher la gueule par Smithen lors des exercices communs.

Parce que oui, depuis peu, j'ai le droit de rejoindre les entrainements en troupe des forces militaires. Toujours pas autorisé à batifoler avec les sorciers de Poudlard, par contre. Peut-être que si je continue à montrer ma motivation et faire des progrès...

- Ô toi, ma Valkyrie-jolie, ma Xéna en tutu, qui tatane des culs aussi surement que tu appliques ton smockey,... Que je commence avec un ton de prédicateur en prière.... T'as pas des tuyaux à me donner, des fois ?

- Alors ? Qu'est-ce que ça fait de pédaler par temps humide ? Hein ? Tout de suite, on fait moins la maligne, pas vrai ?
- Arrête !! C’est dégoûtant ! proteste Lexi avec une grimace théâtrale à souhait tout en évitant de rire à ses chatouilles parfaitement déloyales. Je préférais les bisous !

Elle pourrait aussi le maitriser rapidement. Mais de un, cela mettrait fin au jeu et ça serait franchement dommage et de deux, elle préfère éviter de… lui faire perdre la maitrise de ses mouvements. Ca a déjà déclenché quelques crises qu’il a admirablement camouflées. Mais Lexi a bien vu…

- Tu t’en es bien sorti aujourd’hui.
- Merci Caporal. J'ai un excellent entraineur !
Elle se hisse sur un coude et se tourne vers lui. Le premier venu qui passerait sa tête par la porte constaterait combien l’entrainement de la recrue Osawa est… particulier.
- Je durcirais l’entrainement demain.
- Damn it ! La flatterie n'a eu aucun effet !
- Pas aujourd’hui. Tu pourras retenter demain !... elle marque une pause. Je veux que tu te sentes prêt et sûr de toi le jour où tu en auras besoin.
- Je me sens déjà en meilleure condition physique.
Elle se pince les lèvres pour ne pas rire.
- J’espère bien ! Sinon je serais l’instructrice la plus naze de l’univers.
- J'ai fait des progrès en tir !
- C’est vrai… susurre-t-elle en lui embrassant la joue.
- Et Gi-Ja m'a même proposé de me montrer comment on utilise des grenades cette semaine.

Elle se redresse vivement, apparemment peu enthousiasmée par le projet vu son air inquiet. Elle ira sans doute dire deux mots à Gi-Ja… lui et son obsession des grenades…

- Quoi ? C’est pas un peu tôt pour les engins qui font boom ?
- Bon, par contre, je suis toujours une tanche au corps à corps. J'ai beau piger la théorie du muay-thaï et du krav maga, je me fais toujours torcher la gueule par Smithen lors des exercices communs.
- Sois patient… tu as commencé il y a à peine quelques semaines ! Nous on fait ça depuis des années. Certains depuis qu’ils sont petits… moi aussi j’en ai chié pour le close combat. Et je suis toujours loin d’être la meilleure. Mais je m’entraine !
Elle voit immédiatement dans son regard qu’il va dire une connerie ou cabotiner… voire les deux !
- Ô toi, ma Valkyrie-jolie, ma Xéna en tutu, qui tatane des culs aussi surement que tu appliques ton smockey,...
- Wow… tu la prépares depuis combien de temps celle-là ? Malgré elle, elle chuchote pour ne pas totalement pourrir son effet dramatique.
- T'as pas des tuyaux à me donner, des fois ?

Souplement, Lexi se redresse, prend une posture très digne et tend les deux mains.
- Je t’ai entendu, mortel ! Debout ! Allez ! On bouge son petit cul presque musclé ! l’encourage-t-elle lorsqu’il rechigne. Le tir c’est plus facile. Tu as moins d’information à traiter. Là il faut à la fois que tu lises ton adversaire, garde le rythme pour frapper au bon moment et que tu anticipes ton prochain coup. Certaines choses vont s’inscrire dans ton corps à force. Notamment le rythme, c’est ça qui te manque un peu. Je sais que ça n’est pas la méthode de Smithen mais personnellement j’aime bien travailler par enchainement. Comme de la danse.

Elle lui en montre un simple. Coup droit, uppercut, coup de pied relevé.

- Enchaine avec moi. Elle le laisse faire pendant quelques minutes avant de se mettre en face de lui. Maintenant tu essaies de me toucher et je te bloque. Mais tu continues, ok ? Tu t’arrêtes pas. L’idée c’est que ça devienne fluide et que tu n’aies même pas à réfléchir au mouvement.  

- Quoi ? C’est pas un peu tôt pour les engins qui font boom ?
- Pourquoi ? Je tiens déjà une bombe sexuelle entre mes bras, là non ?

Elle va me taper.
Embrayons sur un autre sujet pour éviter le retour de bâton, plus sérieux : mes progrès.
Je sais que je pars de quasi zéro, mais j'ai l'habitude d'apprendre avec facilité, de m'imprégner plus vite. Je me trouve effroyablement lent. Lexi tempère. Elle est trop mignonne à essayer de m'encourager et me rassurer. J'ai envie de lui croquer le nez. Il faut que j'arrête de la câliner comme un morfale, on est dans l'enceinte de la caserne : n'importe qui pourrait nous voir...

Et je sais qu'elle n'a pas envie d'afficher notre relation
devant ses comparses en treillis.

La pensée est chagrine et je fais aussitôt le con pour la chasser. Reflexe de survie. L'esquive fonctionne ! La voir me répondre avec la même emphase me fait marrer. Je saisis ses mains secourables et me redresse avec beaucoup moins de grâce qu'elle.

- Je t’ai entendu, mortel ! Debout ! Allez !
- Quoi ! c'est déjà fini la pause bisou ?
- On bouge son petit cul presque musclé !
- Comment ça "presque" ? que je m'insurge avec une grimace cabotine.
- Le tir c’est plus facile. Tu as moins d’information à traiter. Là il faut à la fois que tu lises ton adversaire, garde le rythme pour frapper au bon moment et que tu anticipes ton prochain coup.
- Trop d'action à gérer ! En bon gros mâle stupide, je suis mono-tâche, moi ! Et d'une mauvaise foi absolue, au passage.
- Certaines choses vont s’inscrire dans ton corps à force. Notamment le rythme, c’est ça qui te manque un peu. Je sais que ça n’est pas la méthode de Smithen mais personnellement j’aime bien travailler par enchainement. Comme de la danse.
- Aaaaattends voir ! Tu craches sur les Dormeurs qui font du flash-mob de combat mais tu danses pour te battre toi aussi ! AHA !

Je la montre du doigt avec un rire sardonique emprunté au Nelson des Simpson. Là je me fait frapper pour de vrai, mais je ne l'ai pas complétement volé.

- Enchaine avec moi.

Je m'exécute, mollement et sans beaucoup de panache. Franchement ? J'ai l'impression d'être un singe à côté de l'aisance souple de ses mouvements.

- Maintenant tu essaies de me toucher et je te bloque.
- Euh.. T'es sûre ? Non parce qu'avec la différence de taille, je vais juste... Sa tronche me dissuade de poursuivre sur cette voie et de terminer ma phrase. Ok ! ok ! J'ai rien dit !
- Mais tu continues, ok ? Tu t’arrêtes pas. L’idée c’est que ça devienne fluide et que tu n’aies même pas à réfléchir au mouvement.

Dubitatif, je tente quand même l'exercice.
Au départ, j'ai l'impression d'être gauche, pataud et de naviguer dans la mélasse. Je réfléchis trop, ça m'entrave. Une part de moi - mon éducation japonaise surement- répugne à frapper une fille. Une fille qui, je le rappelle, est capable de me fumer la tronche avec son simple petit doigt si elle le désire. Il n'empêche que le conditionnement social est là.
Pourtant, je me prends au jeu.
Reconsidérer la tatane comme une forme de danse m'aide à mieux saisir cette idée de rythme évoquée par Lexi.

Coup de pied.
Esquive.
Coup de poing.
On change d'appui.
Esquive. Esquive.
Coup de genou...
On pare !

J'ai l'impression de retrouver des réflexes de breakdance, tel que je le pratiquais ado dans les rues londoniennes ; Ou les préceptes du badminton qui nécessite d'être toujours souple sur ses appuis et en perpétuel mouvement. C'est marrant !

- Aaaaattends voir ! Tu craches sur les Dormeurs qui font du flash-mob de combat mais tu danses pour te battre toi aussi ! AHA !

Lexi lève les yeux au ciel et tord juste ce qu’il faut ce vilain le bras au doigts accusateur. Elle claque sa langue contre son palais.
- Ca n’a rien à voir ! Je ne danse pas au combat. Et je ne combats pas quand je danse. Ce sont deux choses différentes. Ce qui ne veut pas dire que la technique derrière est incompatible. Je m’inspire juste de ce que je connais pour m’aider. Mais si tu ne veux pas de mes conseils, je les remballe, hein ! Maintenant enchaine avec moi.

Il y met autant de bonne volonté que pour son tour de vaisselle mais Lexi fait mine de ne pas le voir.

- Maintenant tu essaies de me toucher et je te bloque.
- Euh.. T'es sûre ? Non parce qu'avec la différence de taille, je vais juste... Le regard assassin de Lexi l’empêche d’aller plus loin. Ok ! ok ! J'ai rien dit !
- Beau réflexe de survie. Mais tu continues, ok ? Tu t’arrêtes pas. L’idée c’est que ça devienne fluide et que tu n’aies même pas à réfléchir au mouvement.

Comme il semble faire tout son possible pour ne pas la toucher, elle ne s’en prive pas, cognant juste ce qu’il faut là où ça fait mal.
- Bah alors ! Elle est où ta différence de taille là, chéri ? Fait-elle en battant des cils.

S’il ne veut pas s’y mettre, elle va l’y pousser. Le provoquant volontairement, soit en le touchant à des endroits douloureux ou par des regards de défis, le malmenant suffisamment pour faire sursauter sa fierté et sa hargne sans aller trop loin.  
Finalement, il accélère. Et encore.
Tout bas, elle se met à compter en marquant les enchainements.
Et oui c’est une sorte de danse. Pas celle des Dormeurs, pas celle qu’on trouve sur un dancefloor. La leur. Lentement, elle commence à lui tourner autour et les mouvements d’Elliott gagnent en fluidité, en instinct.
La chorégraphie prend forme et elle recule soudain avec un petit saut de chat en riant.

- Tu vois ! Ça marche ! Tu es agile et précis. Tu as tout pour devenir un sacré combattant. Mais il faut que tu apprennes à t’approprier les coups et les mouvements d’un fight. Moi c'est avec la dance. Toi ça serait peut-être autre chose. Ca n’a rien d’un exercice figé. Smithens pour te montrer comment et où frapper. Mais la cadence, le chaloupé, la puissance… tout ça c’est à toi de le trouver. Certains ont l’instinct, comme Ciulin. D’autres travaillent. Tu as saisi ce que je voulais te montrer ?

Elle ramasse la bouteille d'eau laissée à l'abandon et la lui tend avec le sourire.

- Je sais que tu voudrais que ça aille plus vite. Mais tu ne te rends pas compte à quel point tes progrès sont fulgurants. Surtout si on prend en compte... l'état physique dans lequel tu étais.

- Aïe !
- Bah alors ! Elle est où ta différence de taille là, chéri ?
- J'étais pas prêt ! que je proteste avec ma mauvaise foi proverbiale.

Finalement, je me prête au jeu, je prends la confiance, je commence même à m'amuser. Au moment où il se passe quelque chose de presque organique entre nous, une fluidité évidente, aussi évidente que notre alchimie tranquille, elle se dérobe et met fin à l'échange.

Impression de déjà-vu.

- Tu vois ! Ça marche ! Tu es agile et précis.
- Et j'ai eu l'occasion de te prouver ma souplesse à maintes reprises, fais-je avec une voix suave et un frétillement de sourcils exagéré.

Jouer les couillons ça blinde contre l'adversité, et l'adversité ayant pris un abonnement fidélité, j'endosse le rôle de clown souvent. Si mon bagout se fait la malle, il ne restera que mes ruines à contempler. Personne n'a envie de ça.

- Tu as tout pour devenir un sacré combattant. Mais il faut que tu apprennes à t’approprier les coups et les mouvements d’un fight. Moi c'est avec la dance. Toi ça serait peut-être autre chose.
- Ah, je peux pas m'aider de la danse alors, c'est chasse gardée. T'es pas très partageuse... Petite moue.
- Ca n’a rien d’un exercice figé. Smithens pour te montrer comment et où frapper. Mais la cadence, le chaloupé, la puissance… tout ça c’est à toi de le trouver. Certains ont l’instinct, comme Ciulin. D’autres travaillent.
- Ah ouais la sempiternelle classification entre les talentueux et les besogneux. Je cite la fameuse tirade du "Bon, la Brute et le Truand." : "Tu vois, le monde se divise en deux catégories, ceux qui ont un pistolet chargé et ceux qui creusent. Toi, tu creuses."
- Tu as saisi ce que je voulais te montrer ?
- Ouais, j'ai pigé.

Lexi me tend la bouteille d'eau et je me souviens que je suis déshydraté. Je bois à gros goulots. J'éprouve une certaine frustration à trainer la patte quand d'autres en sont déjà à tutoyer le paranormal. Ma valkyrie-jolie semble deviner mes pensées.

- Je sais que tu voudrais que ça aille plus vite. Mais tu ne te rends pas compte à quel point tes progrès sont fulgurants. Surtout si on prend en compte... l'état physique dans lequel tu étais.
- C'est gentil de vouloir me rassurer, dis-je avec un sérieux peu coutumier, mais ce putain de monde ne s'est pas mis en pause pour m'attendre. Il faut que je redouble d'efforts pour être au niveau de la team et pas être un boulet pour l'unité et même le reste des soldats quand on passera à l'offensive. Je la fixe avec gravité. Je veux pouvoir être capable de protéger tes arrières sur le terrain, ou, au mieux, ne pas être un sujet d'angoisse permanent pendant que tu défonces du vilain-pas-beau.... Tu comprends ?

Je veux être utile Lexi.
Je veux t'être utile.
Je veux pouvoir être considéré comme un homme digne d'être assumé par toi, à défaut d'être aimé. Parce que ça, malheureusement, il y a de forte chance que je meurs avant que ça n'arrive.

Comme pour conjurer cette tristesse qui m'habite en permanence, j'enroule un bras autour de sa taille et vient quémander un peu d'affection.

- Tu viens prendre une douche avec moi... ?

Je singe super bien le regard du chaton mignon.

- Ah ouais la sempiternelle classification entre les talentueux et les besogneux. "Tu vois, le monde se divise en deux catégories, ceux qui ont un pistolet chargé et ceux qui creusent. Toi, tu creuses."
Lexi hausse un sourcil.
- Tant que tu creuses pour t’échapper du trou…  Tu as saisi ce que je voulais te montrer ? Et si, Mister Drama King, je te laisse utiliser le truc de la danse si ça t’aide.
- Ouais, j'ai pigé.

Elle le laisse se déshydrater tout son saoul mais commence à bien connaitre cette mimique butée. Son visage s’adoucit et elle laisse un instant de côté son rôle d’instructrice pour laisser … l’amie ? Petite-amie ? prendre sa place.
- Je sais que tu voudrais que ça aille plus vite. Mais tu ne te rends pas compte à quel point tes progrès sont fulgurants. Surtout si on prend en compte... l'état physique dans lequel tu étais.
- C'est gentil de vouloir me rassurer mais ce putain de monde ne s'est pas mis en pause pour m'attendre.
- C'est vrai. Mais te mettre une pression inutile ne te fera pas aller plus vite. Chacun a ses limites.
- Il faut que je redouble d'efforts pour être au niveau de la team et pas être un boulet pour l'unité et même le reste des soldats quand on passera à l'offensive.
Lexi secoue la tête.
- Tu sais bien que ça n’est pas comme ça qu’on fonctionne… Si tu fais partie de l’équipe, il n’y a pas de boulet. Juste des compétences différentes. On se couvre tous les uns les autres.
- Je veux pouvoir être capable de protéger tes arrières sur le terrain, ou, au mieux, ne pas être un sujet d'angoisse permanent pendant que tu défonces du vilain-pas-beau... Tu comprends ?
Lexi garde le silence quelques secondes, la gorge grignotée par une émotion profonde.
- Je comprends, finit-elle par dire. Elle s’approche jusqu’à être en face de lui sans le quitter du regard. Mais tu sais… je vois tes progrès et je sais ce que tu vaux Elliott Osawa. Sans doute mieux que toi. Quand tu devras te battre, je sais que tu seras prêt et que tu feras ce qui doit être fait. Délicatement, elle lui caresse à nouveau la joue en souriant. Tu pourrais avoir tous les pouvoirs les plus pétés de l’univers, je m’inquiéterais toujours pour toi. Parce que je tiens à toi. Enormément. Alors on va continuer à te préparer, d’accord ?

Son sourire s’élargit et elle passe son bras autour des épaules agréablement plus musclées et moites d’Elliott.
- Tu viens prendre une douche avec moi... ?
Elle lève le menton pour venir frotter son nez contre le sien puis tente d’imiter sa petite moue adorable.
- C’est pas juste… tu sais que je résiste mal à cette bouille. Et puis, c’est si gentiment demandé…

Lexi attrape sa main et l’entraine jusqu’au baraquement où elle a enfin pu récupérer sa chambre. La porte fermée. Avec un petit sourire malicieux, voire coquin, elle l’accule contre le lavabo. Ses mains vagabondent tranquillement sur son torse nu, resculptant chaque muscle nouvellement formé, s’attardant sur son ventre.
- Petite inspection surprise, soldat… tu m’en voudras pas ?
Ses doigts commencent ensuite à défaire le bouton de son treillis avec une extrême lenteur, le regard braqué sur le sien.

- Est-ce qu’il va falloir que je te frotte le dos aussi ou tu vas t’en sortir ?

- Je comprends.
- Merci...Fais-je dans un souffle alors qu'elle me dévore de ses beaux yeux bleus.
- Mais tu sais… je vois tes progrès et je sais ce que tu vaux Elliott Osawa. Sans doute mieux que toi. Quand tu devras te battre, je sais que tu seras prêt et que tu feras ce qui doit être fait.

Un faible sourire ourle mes lèvres. J'aimerais avoir sa conviction. Je ne me fais pas beaucoup confiance, en ce qui me concerne. Si j'étais aussi méritant qu'elle l'affirme, je n'éprouverais pas cette culpabilité rance envers Ivy et Simon. Ils seraient vivants, en bonne santé et loin de cette ville infernale, pour commencer.

Et ma mère m'aurait gardé auprès d'elle.

- Tu pourrais avoir tous les pouvoirs les plus pétés de l’univers, je m’inquiéterais toujours pour toi.
- Un peu moins quand même ! que je tente avec dérision.
- Parce que je tiens à toi. Enormément.

L'émotion me noue la gorge, bloque mes poumons et fait exploser mon cœur en silence. Lexi, ma merveilleuse Valkyrie, quand tu m'adresses ce genre de déclaration, mon taux de dopamine crève le plafond. C'est taré !

- Alors on va continuer à te préparer, d’accord ?

J'hoche la tête doucement, frottant mon pif busqué contre le sien, absolument parfait.

- Tu viens prendre une douche avec moi... ?
- C’est pas juste… tu sais que je résiste mal à cette bouille. Et puis, c’est si gentiment demandé…

Un gloussement creuse mes fossettes alors que je me fais littéralement Elliottnappé par ma jolie valkyrie. On se barricade dans sa chambre et je me fais serrer contre le lavabo de la minuscule salle de bain avec un large sourire. J'adore la lumière qui s'allume dans son regard et fait pétiller ses prunelles limpides.

- Petite inspection surprise, soldat… tu m’en voudras pas ?
- Non, mon caporal... Mais je note que vous êtes une sacrée chipie...

Je me mordille la lippe, mes doigts agrippant la faïence de la vasque. Je suis hameçonné à sa frimousse, son sourire inconsciemment gourmand et ses paumes inquisitrices. Un frisson grêle mon derme encore humide. Merde, je suis vraiment dingue de cette fille...

- Est-ce qu’il va falloir que je te frotte le dos aussi ou tu vas t’en sortir ?

Est-ce que ce serait d'un gout douteux si je balançais que je suis "au garde-à-vous" pour cette inspection ?

- C'est que j'ai aussi des muscles dans le dos et... tu es une gradée consciencieuse... Oeillade suave.

Jugeant que j'ai suffisamment éprouvé ma résistance, je m'autorise à lui offrir un renversant baiser sensé appuyé la motion "frottage de dos obligatoire".

- Petite inspection surprise, soldat… tu m’en voudras pas ?
- Non, mon caporal...
- Tant mieux.
- Mais je note que vous êtes une sacrée chipie...
- Se serait pas un début d’insubordination Osawa ?

Lexi observe avec beaucoup d’attention les expressions qui se succèdent sur le visage d’Elliott. Inconsciemment, elle cherche toujours le moindre indice qu’elle n’a pas su voir chez Lounis. La moindre tension désagréable, la moindre lueur dans son regard dans chacun de leurs moments d’intimité…
Elle aimerait sincèrement arrêter de faire ça pour simplement profiter de l’instant. Et plus les minutes passent plus elle y parvient. Parce qu’Elliott sait ce qu’il veut et ce qu’il ne veut pas. Parce qu’il est honnête et ose lui parler.

- Est-ce qu’il va falloir que je te frotte le dos aussi ou tu vas t’en sortir ? tente-t-elle de plaisanter.
- C'est que j'ai aussi des muscles dans le dos et... tu es une gradée consciencieuse...
- Tu fais bien de me le dire soldat. On s’occupera de ça aussi.

Lexi l’embrasse en retour sans retenu, s’accrochant à lui avec une certaine fébrilité qui se retrouve dans le goût de ses baisers. Elle voudrait qu’ils soient capables d’effacer toutes leurs blessures et leurs angoisses à tous les deux.    
Malheureusement les choses ne sont jamais aussi simples. Elle recule et soupire vaporeusement. Finalement, Lexi le débarrasse de ses vêtements puis recule en lui montrant la cabine du menton.

- Je te rejoins dans deux secondes.

Plutôt que de se déshabiller à son tour, elle l’observe avec gourmandise en se mordant la lèvre. Pas de doute, il s’est étoffé. Non pas que ça ait la moindre importance pour elle mais… ses yeux ont des plaisirs coupables que sa cervelle ignore.

Elle relève ses cheveux sur sa tête et ôte rapidement ses affaires de sport.

- Comment tu te sens dans ce corps là ? Je veux dire… par rapport à celui d’avant le Brouillard ? demande-t-elle en le rejoignant. Les bras autour de sa taille, elle « inspecte » le dos d’Elliott à coup de petits bisous qui ont la saveur du sel de sa peau.

Quand Lexi m'embrasse comme ça, sans retenue, sans pensée parasite, avec toute sa fougue spontanée, j'ai l'impression qu'il n'y a que moi qui existe à ses yeux, et moi, pauvre damné, je ne veux exister que pour elle. Cependant, nous savons tous deux que la réalité est plus complexe et n'autorise aucune facilité. Ivy hurle dans ma tête et Lounis dans la sienne.

Elle me dépouille avec art, mais comme elle le dit si bien, je suis son SDF du Brouillard ! J'ai déboulé dans sa vie avec rien dans les poches -plus de poches du tout d'ailleurs- et encore moins sur les os. Je la laisse donc contempler cette carcasse quelle a contribué à soigner, sculpter et rendre infiniment accroc à elle.
Je luis souris comme un couillon énamouré, parce que dans le fond, c'est exactement ce que je suis.

- Je te rejoins dans deux secondes.
- Chef, oui chef ! J'entre dans la cabine avec une oeillade provocatrice jetée par dessus mon épaule. Tout ça pour me mater le derrière, Caporal. Je réitère : vous êtes une petite coquine !

Lexi se glisse dans mon dos et je la sens se presser contre moi. Je l'accueille avec un soupir d'aise. La pulpe de ses lèvres me chatouille agréablement la peau.

- Comment tu te sens dans ce corps là ? Je veux dire… par rapport à celui d’avant le Brouillard ?
- Avant... Avant mon arrivée à Tir Na Nog, tu veux dire ? J'ai retrouvé mon tonus et mon agilité, mais j'ai pris de la masse. Je suis plus musclé, et parfois ça me fait bizarre quand je tombe sur un miroir... Fais-je songeur, en allumant l'eau tiède. Je me tourne vers elle. Ce qui est certain, c'est qu'il ne reste pas grand chose de la loque qui a vomi ta délicieuse barre de céréales sur tes chaussures...

Ricanement idiot.
Je lui caresse la joue tendrement.

- Et toi, tu l'aimes ce corps ? A défaut d'aimer pleinement le mec dedans... Non, parce que telle une sculptrice méticuleuse, tu l'as taillé à ta convenance... Ce qui explique que tu apprécies le peloter à ce point, du coup !

Mes doigts libres dévalent la courbe de ses reins avec lenteur. Je me noie dans le bleu de ses iris.

- T'es canon, valkyrie-jolie... On ne te l'a jamais dit ?

- Comment tu te sens dans ce corps là ? Je veux dire… par rapport à celui d’avant le Brouillard ?
- Avant... Avant mon arrivée à Tir Na Nog, tu veux dire ? Elle hoche doucement la tête. J'ai retrouvé mon tonus et mon agilité, mais j'ai pris de la masse.
- C’est le moins qu’on puisse dire ! Ses doigts dévalent ses côtés. Avant elles étaient presque apparentes tellement il était malnutri. Aujourd’hui, elles sont recouvertes par une fine couche musculeuse  
- Je suis plus musclé, et parfois ça me fait bizarre quand je tombe sur un miroir...
- Je peux le comprendre. Quand j’ai commencé à perdre un peu de ma silhouette de danseuse… j’ai eu peur aussi. Comme si j’assistais à une transformation étrange. Il faut dire qu’avant, mon poids et mon corps étaient un vrai sujet qui ne m’appartenait pas. Tu t’y sens à l’aise toi ? Dans ce nouveau toi ? Ou il t’apparait comme un étranger ?
- Ce qui est certain, c'est qu'il ne reste pas grand chose de la loque qui a vomi ta délicieuse barre de céréales sur tes chaussures...

Elle rit avec lui et embrasse le creux de sa main, nouant ses doigts aux siens.
- Pauvre barre de céréale… cela dit, je n’ai jamais regretté de te l’avoir donnée. Tu avais l’air si mal… Rien que d’y penser, elle en a le cœur serré.
- Et toi, tu l'aimes ce corps ?
C’est avec le sourire que la main libre de Lexi descend du creux de son dos jusque l’une de ses fesses qu’elle agrippe sans hésiter.
- A ton avis ?
- Non, parce que telle une sculptrice méticuleuse, tu l'as taillé à ta convenance...
- Et j’ai fait de l’excellent travail ! Sans me jeter des fleurs…
- Ce qui explique que tu apprécies le peloter à ce point, du coup !
- Oui je l’aime beaucoup. Mais je l’aimais aussi avant. C’est juste que je préfère l’histoire que celui-ci me raconte aujourd’hui. Elle dépose un baiser sur son pectoral qui commence à bien se dessiner. L’histoire d’un survivant qui se bat pour reprendre sa vie et son corps en main. Elle relève la tête pour lui sourire. C’est en ça qu’il est très beau ce corps.

- T'es canon, valkyrie-jolie... On ne te l'a jamais dit ?
Son sourire se fait un peu plus mélancolique.
- Si c’est possible…

Dans les yeux de Lounis, elle brillait comme une sorte d’être éthérée et magnifique.
Dans ceux d’Elliott, elle brille comme une femme. Désirable. Vivante.

- Je n’ai jamais vraiment réussi à trouver que c’était un compliment… Ma mère le répétait souvent, que j’étais « jolie ». Une jolie poupée. Mais ça n’était pas vraiment l’admiration d’une maman pour sa petite fille. C’était plus comme… un propriétaire qui évaluait son bien. Tu vois ? Elle attrape le savon solide et commence à frictionner doucement la peau d’Elliott. Elle lâche un petit rire tordu. C’est sans doute pour ça qu’elle s’est permise de … elle pince les lèvres, le regard fixé sur le torse d’Elliott. D’en faire l’objet de transaction. Pour la danse je veux dire, tente-t-elle de se rattraper. C’est elle qui choisissait mes rôles. Le seul que j’ai choisi moi, c’est la Fée Draguée.

Elle relève enfin le regard et lui fait oublier ses derniers mots par un autre baiser profond qui se finit dans un sourire bouche contre bouche.
- Mais j’aime que tu me le dises malgré tout. Même que tes yeux me le disent très souvent.

- Si c’est possible… Je n’ai jamais vraiment réussi à trouver que c’était un compliment…
- Pourquoi ? C'est pas une tare d'être belle, tu sais...
- Ma mère le répétait souvent, que j’étais « jolie ». Une jolie poupée. Mais ça n’était pas vraiment l’admiration d’une maman pour sa petite fille. C’était plus comme… un propriétaire qui évaluait son bien. Tu vois ?
- Je vois. Je grimace, puis je l'observe, alors qu'elle s'occupe les doigts à faire mousser le pain de savon sur ma peau.
- C’est sans doute pour ça qu’elle s’est permise de …
- De... ? Fais-je en fronçant les sourcils. Je n'aime pas cette tournure de phrase. Je n'aime pas ce qu'elle pourrait impliquer...
- D’en faire l’objet de transaction.
- Elle a fait quoi ?!
- Pour la danse je veux dire. C’est elle qui choisissait mes rôles.
- Hum... Je suis assez dubitatif. Elle ne l'aurait pas formulé de cette manière si ça n'avait été que du despotisme parental sur l'orientation de sa carrière.
- Le seul que j’ai choisi moi, c’est la Fée Draguée.
- Ta mère était donc aussi nase que la mienne. Je veux dire... Les enfants ne sont pas des objets qu'on peut échanger ou ramener au magasin quand on en a plus envie. Ceci étant, tu devais être une incroyable Fée Dragée ! Je te l'ai déjà dit, je crois, mais casse-noisette a bercé mon enfance et la Fée Dragée a toujours été un de mes personnages préféré ! Tu crois qu'elle existe vraiment ? En Faërie ?

Je fredonne le thème de la demoiselle, si particulier dans la partition de Tchaikovski avant de me faire clore le bec par un baiser.

- Mais j’aime que tu me le dises malgré tout. Même que tes yeux me le disent très souvent.
- Que tu es canon ? Caramba ! Je me suis auto-eu ! Je me marre manquant de me faire savonner la bouche. C'est pas de ma faute, ok ? J'ai toujours envie de te dévorer des yeux, mais pas que des yeux... de la bouche aussi... Preuve à l'appui, je lui décoche un baiser gourmand. Et de plein d'autres endroits aussi... que je lui souffle en lui croquant le creux du cou.

Je lui chipe le savon des mains et le fait buller sur son derme rosie par la vapeur de l'eau.

- Fais-toi une raison Caporal Canon ! Même quand tu baves sur mes T-shirt, je ne peux pas m'empêcher de te trouver charmante... Avec une haleine de phoque, mais charmante !

J'éclate d'un rire franc, parce que pour une fois, je ne donne dans aucune surenchère : j'aime la vraie Lexi dans toute la complexité de son spectre, sans faux-semblant, sans projection. Juste elle.

Cette fille trop bien pour moi.

- Ta mère était donc aussi nase que la mienne.
- Il y a des chances oui... répond-elle vaguement.

Même si elle aurait finalement préféré être abandonné que vendue. Mais il n'est pas question de jouer avec Elliott au jeu de "Qui était la maman la plus horrible."

- Je veux dire... Les enfants ne sont pas des objets qu'on peut échanger ou ramener au magasin quand on en a plus envie.
- Ma mère ne voulait pas m'échanger mais me contrôler. Ce qui n'est pas franchement plus acceptable.
- Ceci étant, tu devais être une incroyable Fée Dragée !
- Sans doute pas la meilleure. J'avais seize ans, c'était mon premier rôle et j'ai tout donné. Mais j'ai dû faire un millard d'erreurs techniques.
- Je te l'ai déjà dit, je crois, mais casse-noisette a bercé mon enfance et la Fée Dragée a toujours été un de mes personnages préféré !
- Tu l'as déjà dit oui. Elle a un petit sourire. Drôle de coïncidence.
- Tu crois qu'elle existe vraiment ? En Faërie ?
- Sincèrement j'espère que non ! Je veux croire qu'il y a encore des choses qui sont sorties de notre imagination ! Ca serait trop triste sinon... mais pour revenir au sujet principal,  j’aime que tu me le dises malgré tout. Même que tes yeux me le disent très souvent.
- Que tu es canon ? Caramba ! Je me suis auto-eu !
Lexi lève les yeux au ciel et tente de lui faire avaler le savon pour oser débiter tant de bêtises à la minute.
- C'est pas de ma faute, ok ? J'ai toujours envie de te dévorer des yeux, mais pas que des yeux... de la bouche aussi...et il y est plutôt doué pour ça. Et de plein d'autres endroits aussi...

Elle couine en se faisant mordre le cou et ferme les yeux lorsqu'il commence à la savonner.

- Fais-toi une raison Caporal Canon ! Même quand tu baves sur mes T-shirt, je ne peux pas m'empêcher de te trouver charmante... Avec une haleine de phoque, mais charmante !

Elle soupire en levant à nouveau les yeux au ciel. Elliott et sa propension à tout prendre à la déconne... c'est aussi charmant que frustrant parfois. Mais elle a bien compris que c'est de cette façon qu'il fonctionne.

- Tu as l'art et la manière de faire de drôles de compliments toi...
Elle se tourne et lui présente son dos.
- Voilà...moi et mon haleine de phoque on te laisse souffler un peu. Si tu veux bien te donner la peine de frotter.

Elle laisse filer un silence puis demande.

- Tu ne parle pas souvent de ton père... il vit où ? Tu as encore des contacts avec lui ?

- Tu as l'art et la manière de faire de drôles de compliments toi...
- Mais ça reste des compliments, nan ?
- Voilà...moi et mon haleine de phoque on te laisse souffler un peu.

Elle s'est retournée, la mine pincée. Même quand elle fait sa tête de cochon, je la trouve adorable. Je suis vraiment indécrottable...

- Tu boudes ? bécot tout doux sur l'épaule. Diiiis... ? Bécot dans le creux du cou. Est-ce que tu bouuuudes ? Je lui couvre le tendre la peau de baisers, juste à l'arrière de son lobe, là où il y a cette mystérieuse plume tatouée.

- Si tu veux bien te donner la peine de frotter.
- Bien, Caporal ! À vos ordres, Caporal !

J'étale la savonnette avec une langueur calculée sur ses épaules, mes paumes dévalent avec lenteur la courbure de ses reins, mes doigts s'aventurent ensuite sur son ventre, le caressent savamment et remontent jusqu'au galbe ferme et charnu de ses seins. Je m'y attarde, dessinant des ronds de mousse autour de ses mamelons charmants...

- Tu ne parle pas souvent de ton père... il vit où ? Tu as encore des contacts avec lui ?

Je lui pince brusquement les tétons.

- Tu veux vraiment qu'on parle de ça maintenant ? je glisse d'une voix suave dans le creux de son tympan.

Je soupire.
Evidemment, qu'elle veut.
Je referme mes bras autour de son corps gracile, poisseux de savon, et je pose mon menton sur son épaule.

- Il s'est établi à Birmingham mais il voyage beaucoup, enfin il voyageait. Il est dans l'immobilier et le bâtiment écoresponsable, son entreprise gère plusieurs chantiers prestigieux à travers le monde....Mon dernier contact avec lui remonte à quand je l'ai traité de connard hypocrite surfant sur le greenwashing et que je ne voulais pas me salir les poches avec son argent puant. C'était au téléphone, un peu avant que la quarantaine soit déployée. Il voulait que je rentre à la maison...

Lourd silence.

- Il était inquiet... Mais pas assez pour venir lui même me chercher. Je crois que c'est plus ça qui m'a fait vriller qu'autre chose. Puéril, pas vrai ? Surtout que j'ai jamais démontré beaucoup d'amour à ce pauvre homme. C'est pourtant le seul qui a vraiment essayé....

Si je ne parle pas de lui, c'est parce que j'ai honte d'être un fils aussi ingrat et indigne.

- Tu boudes ? Elle a déjà recommencé à sourire, mais ça il ne le voit pas. Diiiis... ?
- Quoiii ? fait-elle comme si elle était agacée.
- Est-ce que tu bouuuudes ?
- Evidemment que je boude ! Elle lui offre malgré tout son cou en pâture. Je suis une parfaite et jolie poupée qui ne sent pas le phoque de la bouche.
Elle frissonne de partout à présent. Comme l’a souligné Gaff, ils aiment se chamailler autant que de se câliner.  

- Si tu veux bien te donner la peine de frotter.
- Bien, Caporal ! À vos ordres, Caporal !

Il s’applique d’ailleurs, et elle se laisse aller contre lui avec un soupir. Elle a un petit gémissement lorsqu’il referme ses mains sur ses seins.
- Tu essaies de te faire pardonner ? souffle-t-elle.  
Il a beau savoir parfaitement s’y faire pour lui faire tout oublier, Lexi arrive malgré tout à se souvenir qu’ils parlaient de leurs parents. S’il a vite amené le sujet de sa mère et de son abandon, il est bien plus discret sur son paternel.

- Tu ne parles pas souvent de ton père... il vit où ? Tu as encore des contacts avec lui ?
Elle a une brusque inspiration et se tend, passant un bras vers l’arrière pour l’arrimer à sa nuque.

- Tu veux vraiment qu'on parle de ça maintenant ?
- Hum hum… c’est exactement ce que je veux…

Il la serre contre lui et Lexi patiente, gratouillant doucement la naissance de ses cheveux avant d’y glisser les doigts.
- Il s'est établi à Birmingham mais il voyage beaucoup, enfin il voyageait. Il est dans l'immobilier et le bâtiment écoresponsable, son entreprise gère plusieurs chantiers prestigieux à travers le monde...
- Il ne s’est pas remarié, lui ?
- Mon dernier contact avec lui remonte à quand je l'ai traité de connard hypocrite surfant sur le greenwashing et que je ne voulais pas me salir les poches avec son argent puant.
- Oh Elliott… Ca la peine terriblement qu’il s’est échiné de cette façon à faire fuir les gens qui l'aimait.
- C'était au téléphone, un peu avant que la quarantaine soit déployée. Il voulait que je rentre à la maison...
- Tu l’aurais fait ? Si… quand Ivy…
- Il était inquiet... Mais pas assez pour venir lui-même me chercher. Je crois que c'est plus ça qui m'a fait vriller qu'autre chose. Puéril, pas vrai ?
- Oui ça l’est… fait-elle comprenant qu’il a usé du même paterne avec lui qu’avec ses amis… et même sa petite amie.

Quelque part en elle, une sonnette d’alarme se déclenche. Elle n’est pas certaine d’avoir plus de patiente que tous ces gens-là, pas certaine de pouvoir se laisser malmener à nouveau. Lentement elle se tourne vers lui, un pli léger entre ses sourcils froncés.
« Il n’est plus comme ça. Il a changé. »
Elle veut le croire, elle veut le croire si fort. Mais à quel point elle s’illusionne encore ?

- Surtout que j'ai jamais démontré beaucoup d'amour à ce pauvre homme. C'est pourtant le seul qui a vraiment essayé....
Ses paumes s’invitent sur les joues d’Elliott, ses pouces caressent ses pommettes doucement.
- Elliott ? Tu veux bien me promettre d’essayer de le recontacter ? Après tout ça… si… si on s’en sort ? Même si ça ne débouche sur rien… je pense que ça te ferait du bien. Et à lui aussi. De réparer quelque chose qui peut l’être. Promets-le…

- Il ne s’est pas remarié, lui ?
- Non... Il a eu quelques aventures, il a même été en couple avec un homme je crois. Mais bon, après tout, il est anglais. Il est aussi réversible que ses vestes en tweed....

J'explique ensuite, avec un mélange de honte, de peine et de profonds regrets, mon attitude désastreuse de sale petit con. Si ma mère m'a abandonné, c'est à mon père que j'ai fait payer cette blessure intime. Propulsé père d'un garçon de dix ans ne parlant pas un mot de sa langue, il na pourtant pas reculé devant l'ampleur de la tâche. J'ai reçu une éducation, de l'affection, de l'intérêt. Mais ça n'était pas le sien que je voulais. Il a essayé, ne s'est jamais découragé, a retenté sa chance après chaque rebuffade de ma part. Parfois, il y a eu des accalmies heureuses, mais ma colère n'a jamais connue de trêve et il était le seul à ma portée que je pouvais blesser à loisir. J'ai fini par le dégouter d'avoir un fils aussi ingrat, irrespectueux et insubordonné.

Je me dégoute de moi-même à vrai dire.

- Surtout que j'ai jamais démontré beaucoup d'amour à ce pauvre homme. C'est pourtant le seul qui a vraiment essayé....

Les larmes me montent aux yeux. Il me manque.
J'aurais voulu que ce ne soit pas mes derniers mots.
Je me mure dans le silence pour éviter de révéler mon chagrin.

- Elliott ? Tu veux bien me promettre d’essayer de le recontacter ? Après tout ça… si… si on s’en sort ?
- Et.. Et si il était mort... C'est niqué pour la dissimulation. Mon timbre s'est brisé à mi-parcourt. Je chiale. Merveilleux. Et s'il a survécu, tu crois qu'il aurait envie de voir un fils aussi odieux ?
- Même si ça ne débouche sur rien… je pense que ça te ferait du bien. Et à lui aussi. De réparer quelque chose qui peut l’être. Promets-le…
- J... Je... P...Promets.

Quel misérable déchet je fais...
Je ne te mérite pas Lexi.
Demande à mon père... Ou à Ivy.