Les explications de Baphomet plongent Chhaya dans un mutisme gonflé de gêne. Elle écarquille ses yeux de biche bordés de cils sombres à mesure qu'il lui déroule ses activités par le menu et ses joues gagnent quelques teintes chaleureuses sous le hâle de son teint. Intellectuellement, elle saisit le concept du plaisir dans la douleur et les rapports de contrôle entre dominant et dominé. Cela n'empêche pas la chose de l'embarrasser comme une pucelle. Elle sait désormais ce qu'éprouve Björn quand Morten étale son exaltante vie amoureuse avec Sorin dans les détails les plus intimes.

- Oui, une fille. Ouais, elle est avec nous, fort heureusement. Mais c'est tout frais. Et tu as raison, ça n'importe peu. D'ailleurs, tu as parlé d'elle tout à l'heure. C'est une infinie qui ne s'ignore pas.
- Une... Chhaya fronce les sourcils. Une des Miraculeux... ? Il n'y en a que deux : Elie et....
-...Non... Pas vraiment. Désolé de te casser ton envie de romantisme. J'étais un amusement pour Levi, un défi intéressant, ou un coup de folie. Ou que sais-je ?

Cette fois la Gardienne des Fosses recrache brutalement sa gorgée de thé par le nez et manque de s'étouffer.

- T.. Tu as couché avec Leviathan ?!!!! s'exclame-t-elle en tâchant toutefois d'éponger son manque de dignité. Excuse-moi....C'est.. C'est surprenant, pour le moins... mais pas illogique : Mémoire copule avec Délire et engendre Imagination... c'est presque... poétique.
- Oui, je suis déjà tombé amoureux, mais......les gens me voient plus comme le bon pote, ou le bon coup d'un soir si j'ai de la chance, rapidement secondé par l'homme dont on a plutôt envie d'oublier l'existence. Je peux être assez... intense quand j'ai des sentiments pour quelqu'un. Comme je ne veux oublier personne, ça met parfois un peu de temps.
- Je vois... La psychopompe baisse le regard sur le fond de sa tasse. Je n'ai connu le dépit amoureux qu'une fois et il me cuit encore. En même temps, qu'elle idée stupide de s'enticher de Kaelig Taur ? La plupart des hommes me voient comme une femme de pouvoir, intelligente, inaccessible et froide -mon armure à moi- ceux qui me connaissent davantage ne voient que la mère ou l'amie. J'en suis arrivée à conclusion que je ne serais jamais autre chose que cela aux yeux de la gente masculine. J'ai fait mon deuil du reste.

Elle hausse les épaules, résignée.

- Ainsi vont les choses, j'imagine. Certains ont droit à tous les égards de Destin et d'autres à rien.
- Alors ça va te paraître étrange, mais je vais rester ici. Il y a des gens qui ont un peu besoin de moi. J'ai un rôle de père, d'oncle, et de bon pote à assurer... et de rafistoleur de mémoire aussi.
- Ce n'est pas étrange. La plupart des démons préfèrent le monde des vivants. Lorsque nous aurons fini notre travail de renouveau du Pandémonium, tu seras libre de choisir ta voie.
- Pour votre arrivée des Fosses, est-ce qu'un chien était avec vous ? Il s'appelle Alan, il est insupportable et arrogant.
- Je regrette, nous étions seuls... Enfin, si on exempt le makara volant tronçonné qui nous accompagnait.

Geste qu'elle ne s'explique pas vraiment, elle tend ses doigts par dessus la table et lui presse gentiment la main.

- Tu tenais à lui, je le vois. Tu as la même expression que Nelu quand Owen, son hellhound préféré, est parti...

Woooow ! Je le prends comme un reproche ! Hey, on était deux à faire ça... je crois ? Enfin, au moins deux.

"Alors je doute que le fait que quelque chose de surprenant soit aux antipodes de Levi... Et puis... qui te dis que je suis Mémoire ? Je te l'ai dit, je peux être aussi Désir, ou Libre Arbitre, ou..." J'suis Mémoire ? Sérieusement ?

J'ai un sourire tendre quand elle dit que notre union est poétique. Pour moi, ça n'avait rien de poétique, ça ressemblait plus à un méga trip sous acide mêlé à une petite dose de savoir-faire... et d'instinct pur. Cette fois, mon sourire tombe. Je repense à toutes ces femmes que j'aie aimées. Enfin, j'ai au moins la consolation d'avoir encore une chance avec l'une d'entre elles ! Oui, je tiens mon moral là-dessus pour le moment, et je saurai être patient.

"Je suis triste que tu aies eu à affronter cela alors que tu es toute neuve dans ce monde. C'est toujours très dur, je t'assure, mais on s'habitue avec le temps." ...du moins je le crois... "Je te souhaite sincèrement que tu ne connaisses plus le dépit amoureux, ou l'amour unilatéral. C'est horrible. Mais ce n'est pas en te protégeant que tu seras plus heureuse. En fait, ce sera même le contraire. Ce genre d'expérience, je l'ai connu... je la connais même actuellement. Mais garde espoir, et... profite !"

J'aimerais lui remettre une de ses mèches d'ébène derrière son oreille... alors je ne le fais qu'en pensée.

"Je ne vois pas en toi qu'une femme de pouvoir. Je ne vois pas en toi qu'une mère. Tu es intelligente, ce qui est une qualité que j'apprécie beaucoup plus que ta beauté -qui est déjà pas mal grande !-. J'ai très envie d'être ton ami, ton vrai ami, et si mon cœur n'était pas déjà pris, je t'assure que je t'envisagerai comme une amante, puis comme compagne de vie, corps et âme, puis comme femme... On adopterait des bébés chiens tout partout et on courrait nus sur la plage au soleil couchant."

Je change de position, ne croyant pas une seule seconde que je sois le seul à voir tout cela en elle. Impossible.

"En fait, je vais même te dire un truc : je suis certain que tu connaîtras l'amour réciproque avec le pack papillons dans le ventre et sourire niais au réveil biiiieeeeeen avant moi. Et si tu veux, je peux te le parier sur ce que tu veux !"

Choisir ma voie ? Moi ? Avoir le choix ? Ce serait... tellement merveilleux !

"J'irai là où on a besoin de moi !"

Hm... Cette fois, mes épaules se resserrent encore un peu. Le portail est resté ouvert, il peut encore débarquer ! Il ne faut pas non plus que je perde espoir là-dessus. De toute façon, s'il ne me rejoint pas, j'irai le trouver moi-même en enfer et...

"T'es adorable, mais j'en doute. Alan n'était pas mon Hellhound préféré, c'était... mon seul et unique ami pendant une période très compliquée de ma vie. Je n'en avais pas d'autres, et je n'en aurai jamais des comme ça. J'arrive pas à me résoudre à juste aller de l'avant, même si on me trouve ridicule pour cela."

BON, CHANGEMENT DE TOPIC !

"Tu veux parler de ton propre dépit amoureux ? Tu sais, tout ce qui n'est pas dedans à te ronger est dehors... Et puis je pourrais peut-être t'aider à en finir avec cette histoire, pas t'effacer la mémoire, mais te donner quelques conseils en la matière."

Je lève un doigt.

"Mais si tu ne veux pas en parler, il n'y a pas de souci. Est-ce que tu apprécies la musique ? C'est un truc que j'ai réellement apprécié en revenant à la surface, la musique !"

Ouais, ça me manque. C'est idiot comme quelque chose d'aussi abstrait que la musique peut nous manquer. Parfois, je refouille dans ma propre mémoire pour trouver mes morceaux préférés, mais ils perdent en saveur étrangement.

- Je suis triste que tu aies eu à affronter cela alors que tu es toute neuve dans ce monde. C'est toujours très dur, je t'assure, mais on s'habitue avec le temps.
- Je ne pense pas que l'on s'accoutume au rejet quel qu'il soit, déclare gravement Chhaya en fixant son interlocuteur de ses prunelles insondable.
- Je te souhaite sincèrement que tu ne connaisses plus le dépit amoureux, ou l'amour unilatéral. C'est horrible. Mais ce n'est pas en te protégeant que tu seras plus heureuse. En fait, ce sera même le contraire. Ce genre d'expérience, je l'ai connu... je la connais même actuellement. Mais garde espoir, et... profite !
- Profiter des miettes. Après tout ai-je le choix ? fait-elle avec un brin d'ironie. Elle lève sa tasse à cela.
- Je ne vois pas en toi qu'une femme de pouvoir. Je ne vois pas en toi qu'une mère. Tu es intelligente, ce qui est une qualité que j'apprécie beaucoup plus que ta beauté -qui est déjà pas mal grande ! J'ai très envie d'être ton ami, ton vrai ami, et si mon cœur n'était pas déjà pris, je t'assure que je t'envisagerai comme une amante, puis comme compagne de vie, corps et âme, puis comme femme... On adopterait des bébés chiens tout partout et on courrait nus sur la plage au soleil couchant.

Devant cette logorrhée lyrique peuplée de compliments, de clichés et de chiots, Chhaya est prise d'un gloussement qui explose en rire sonore, musicale et chaleureux.

- Garde-donc ces beaux projets pour cette femme dont tu es déjà épris, va ! finit-elle par souffler entre deux éclats d'hilarité.
- En fait, je vais même te dire un truc : je suis certain que tu connaîtras l'amour réciproque avec le pack papillons dans le ventre et sourire niais au réveil biiiieeeeeen avant moi. Et si tu veux, je peux te le paries sur ce que tu veux !
- Je ne parie jamais mon coeur et ses mois, Baphomet. C'est un principe sacré. Ceci étant, puisque cela semble t'exalter, donnons nous un gage en cas de réussite. Si tu es heureux en ménage bien avant moi, je danserais pour toi. Ce qui, quand on la connait est un cadeau aussi précieux que de l'or. Et toi, que me proposes-tu ?

La conversation dérive avec naturel vers d'autres sujets : l'arrivée haute en couleur de Chhaya et Kaelig, le hellhound perdu nommé Alan, et puis soudainement, Baphomet bifurque de façon inattendue.

- Tu veux parler de ton propre dépit amoureux ?
- Non ! fait-elle abruptement.
- Tu sais, tout ce qui n'est pas dedans à te ronger est dehors...
- C'est déjà dehors : accouché mort-né.
- Et puis je pourrais peut-être t'aider à en finir avec cette histoire...
- Je refuse que l'on m'éfface la mémoire...
- ...Pas t'effacer la mémoire, mais te donner quelques conseils en la matière.
- Ah oui, des conseils du spécialiste auto-proclamé des histoires d'amour avortées... raille-t-elle avant de se mordre la lèvre. Excuse-moi...C'est un homme que je convoitais pour de mauvaises raisons, de toute manière. Il est "marié" et fou-amoureux de son "épouse".

Un très léger abus de langage mais qui revient au même : Kaelig et Elehiel sont des âmes-soeurs au sens le plus romantique et fusionnel qui soit. C'est davantage la jalousie de Kali à l'encontre de la Rêveuse qui a suscité ces élans plus que déplacés. Entre autres...

- Mais si tu ne veux pas en parler, il n'y a pas de souci.
- Je ne préfère pas , non, ou auquel cas, j'exige que tu me racontes à qui appartient présentement ton coeur et pourquoi tu attends d'avoir ta chance plutôt que de la prendre...
-  Est-ce que tu apprécies la musique ? C'est un truc que j'ai réellement apprécié en revenant à la surface, la musique !

Le changement de sujet la fait sourire. C'est une réponse en soit.

- J'aime la musique. Je joue du sitar et du sârangî à mes heures perdues.

Elle a pas tort. On a beau connaître le chemin, il est toujours aussi douloureux à prendre. En tout cas, je me suis parfaitement remis de mon dernier abandon... Fichu clebs, je te déteste ! Je dis à Chhaya mes impressions concernant les gens qui se renferment et je ne suis pas tout à fait d'accord avec sa conclusion.

"Non, mais même quand il y a peu d'espoir, le maigre pourcentage de miette qui subsiste, il vaut le coup d'être vécu, et ensuite, on se dit qu'on a réellement eu raison de s'accrocher envers et contre tout."

Je lui fais une semi-déclaration et j'éclate de rire avec elle. Oui, je vois parfaitement la scène, du coup. Bon, on s'est déjà baignés nus dans la mer, et on a galéré à retrouver nos vêtements. Malheureusement, nous avons pu remettre la main dessus et elle ne s'est plus blottie contre moi pour avoir chaud de toute la soirée. Pff...

Un gage de réussite ! C'est encore mieux ! Soit !

"Une chèvre ! Quand tu trouveras un amour sincère, et qui te convient et te rend heureuse, je t'offre une chèvre."

Et ne croyez pas que je n'apprécie pas son propre gage de mérite. La voir danser doit être une sacrée expérience que je ne raterai pour rien au monde. Même si j'apprécie beaucoup danser, (héritage de Lexi, d'ailleurs, merci pour la conversion) je pense que Chhaya n'appréciera pas d'assister au spectacle de mon popotin se dandinant en rythme comme gage.

Ouch... Elle ne veut pas en parler. OK !

Et OUCH ! MAIS QUELLE CONNASSE !

Le spécialiste auto-proclamé de... Bon, j'ai éclaté de rire, manquant renverser mon thé. Après tout, j'étais le premier à verser dans l'auto-dérision, et quand j'irais mieux, je le ferai à nouveau. Mais je comprends son histoire, j'aimerais beaucoup en savoir plus, mais la conversation est manifestement close... encore que...

"J'aimerais beaucoup t'entendre jouer ! De vrai de vrai ! Tu as tes instruments ici ?"

Je devrais pas en parler, je devrais pas, je devrais pas, je devrais pas. Sa question me donne envie de me téléporter hors d'ici, de retrouver Lexi, de lui rouler le patin de sa vie, et de revenir avec un sourire idiot et la marque d'une baffe monumentale sur le visage.

"Pour te répondre, Lexi est une femme que je respecte énormément. C'est une amie sincère et que j'aime beaucoup, d'ailleurs, je le lui aie déjà dit. Je la connais depuis plusieurs années maintenant et à chaque fois, je me rapproche d'elle, je me sens de plus en plus attiré, et nous vivons des aventures complètement folles. Quand je l'ai retrouvée, elle a été ma raison d'avoir le goût d'être simplement heureux, elle m'a vraiment sorti d'un gouffre immense et sans fond. Ce n'était pas gagné. Aujourd'hui, elle est en couple avec un homme, mais cela ne marche pas entre eux, et je ne veux pas la brusquer, alors j'attends patiemment. Je ne veux pas être le gros lourd qui lui saute dessus à peine la séparation prononcée, elle m'a dit qu'elle aurait besoin de temps, alors j'attendrai qu'elle le quitte, et qu'elle aille mieux, je me contenterai d'être là dès qu'elle en aura besoin. J'ai ni envie d'être le pansement, ni d'être le prétexte de l'oubli, et encore moins qu'elle pense encore à lui pendant qu'elle est avec moi. Je veux faire ça bien. Elle le mérite." Je bois une gorgée de thé "Ensuite, à nous les bébés chiens, les courses nus sur la plage... et ta danse, si j'ai bien compris !"

Ce n'est pas tant que j'ai envie de répondre à sa question mais... il faut que ça sorte ! Je n'ai personne à qui parler sur mon bout de plage et j'ai envie de partager mon bonheur. Et puis je vais pouvoir enfin entendre l'histoire de Chhaya !

"À toi, très chère !"

- Une chèvre ! Quand tu trouveras un amour sincère, et qui te convient et te rend heureuse, je t'offre une chèvre.
- Va pour une bakaree ! entérine Chhaya avec un nouvel éclat de rire.

A l'évocation de musique, la Gardienne des Fosses précise qu'elle est elle-même musicienne.

- J'aimerais beaucoup t'entendre jouer ! De vrai de vrai ! Tu as tes instruments ici ?
- Non. Ils ne faisaient pas partie de mes bagages. Il faut dire que j'avais d'autres priorités en tête que de me produire en concert... qu'elle ajoute avec un brin de malice.

Alors qu'elle pense son stratagème pour détourner l'attention de Baphomet efficace, ce dernier lui déballe dans le moindre détail l'étendue de son amour pour une certaine Lexi. Le prénom ne lui est que très vaguement familier. Dans le babillage incessant d' Elie, lorsqu'elle évoque son travail sur les automates auprès d'un certain ingénieur militaire du nom de Gi-Ja, il est parfois fait mention d'une Lexi. Une soldate donc, en toute probabilité.

- Je ne veux pas être le gros lourd qui lui saute dessus à peine la séparation prononcée, elle m'a dit qu'elle aurait besoin de temps, alors j'attendrai qu'elle le quitte, et qu'elle aille mieux, je me contenterai d'être là dès qu'elle en aura besoin. J'ai ni envie d'être le pansement, ni d'être le prétexte de l'oubli, et encore moins qu'elle pense encore à lui pendant qu'elle est avec moi. Je veux faire ça bien. Elle le mérite. Ensuite, à nous les bébés chiens, les courses nus sur la plage... et ta danse, si j'ai bien compris !

Comme à l'accoutumée, Chhaya écoute sans émettre le moindre commentaire. Elle se garde de donner son sentiment sur la situation. A son humble avis, les êtres attentistes n'obtiennent jamais rien. "Faire ça bien" à la manière du corbeau, c'est aussi courir le risque de ne rien faire du tout en définitive. Comment cette Lexi saura-t-elle qu'il l'aime de cette façon, si jamais il ne le lui formule jamais intelligiblement ?
Mais après tout que connait-elle des choses de l'amour ?
Le psychopompe semble heureux et elle ne souhaite en rien lui gâcher cette félicité avec son aigreur de vieille fille.

- À toi, très chère !

Kali soupire.

- Je n'ai malheureusement qu'une parole.

Elle marque un temps, celui d'une gorgée de thé et d'un silence, pour trouver la manière de formuler sa déconvenue au plus succinct.

- Il s'agit du père biologique de mon fils adoptif, qui s'avère être également le compagnon de celle qui fût ma plus farouche opposante dans les Fosses, qui fomenta une révolution et tenta de renverser mes lois. Après un certain nombre d'affrontements, son compagnon, donc, a offert de s'échanger en tant que prisonnier "politique" contre tous leurs révolutionnaires dormant dans mes geôles et d'une trêve. J'ai accepté. Son âme d'humain maudit m'était, de toute manière, dévolue à terme. Durant cette période, notre fils l'a "métamorphosé" réglant ainsi ses comptes avec lui tandis que, moi, je pansais ses plaies et apprenait à mieux le connaitre. Je suis tombée sous son charme. Il est intelligent, drôle et étonnamment sensible. Il est également musicien, ce qui ne gâche rien. Malheureusement, son coeur a toujours appartenu à mon ennemie. Bien que sachant cela, je lui ai déclaré mon affection, qu'il a délicatement refusée. Et, comme promis, je l'ai ramené à la femme de sa vie. Fin d'une histoire sans réel commencement. Es-tu satisfait de l'avoir entendue ?

Pour sa part, il demeure un pincement au cœur à la narrer. Un peu moins douloureux cependant que la fois précédente, et sans doute plus que la fois qui suivra.

Une Bakaree ? J'en choisirai une très soigneusement alors. Une jeune, pleine de vie, cornue, et qui s'appellera Charly ! Après tout, cette bête sera le symbole du triomphe de l'amour sur la certitude de fer de Chhaya, ça se fête !

Awwwnooon… la musique me manque tellement. Dommage ! Je me demande si et comment je pourrais lui en procurer un. Je mets cette tâche à tourner en fond pour qu'elle continue à fonctionner toute seule. Parce que si elle est équipée d'un instrument, elle va charmer plus facilement, trouver l'amour ET gagner une chèvre. Tadaaa !

Finalement, je parle de mon aventure avec Lexi avec pour la toute première fois, un véritable enthousiasme dans la voix. J'aurais aimé que Chhaya me dise ce qu'elle en pense. Je ne sais pas si elle désapprouve, ou si elle m'encourage. Peut-être simplement qu'elle songe que je devrais davantage me concentrer sur la tâche à venir que sur mes sentiments...

... Mais mes sentiments sont tout ce que j'ai pour le moment ...

Quand elle commence son histoire, je me penche un peu vers elle, comme un enfant qui reçoit une leçon importante de vie. Ah, une révolution, ça se fait dans l'ombre, visage masqué, petit à petit, là où les gens sont le moins surveillés. Cependant, cette histoire est rapidement supplantée par une autre, plus mélancolique. Je regarde le visage de Chhaya s'adoucir quand elle prononce les mots "intelligent, drôle, et étonnamment sensible". Un homme dévolu à une autre et la miss pensait pouvoir défaire cette histoire. Malheureusement pour elle, certains hommes sont fidèles jusqu'à la mort, et bien après.

"Pourquoi cette question ? J'aime apprendre à te connaître, voilà tout. Je ne me satisfais pas de ton malheur, si c'est ta question, bien au contraire, je compatis sincèrement. C'était très courageux de ta part de lui dire ce que tu ressentais pour lui. Je suis passé par là, le cœur se met à battre très vite, ce qui est à la fois grisant et très dangereux si c'est une blessure qui nous attend."

Je savoure le thé, profondément détendu et avec un sentiment étrange de sécurité.

"Alors, est-elle mieux une fois dehors, cette histoire ?"

Je sais comment fonctionne la mémoire, sur le bout des doigts, et une technique la plus simple pour absorber une peine, quelle qu'elle soit, est de raconter cette histoire, encore et encore, à différentes personnes.

"En tout cas, cela a dû être une déchirure. Tomber amoureuse et ne pas voir cet amour rendu est toujours très délicat. En tout cas, tu as toujours ce fils adoptif qui a l'air de recevoir beaucoup d'amour de ta part."

ET BJÖRN !
Shhhht...

"...Et la femme, ce n'est plus ton ennemie, du coup. Ça... va à ce sujet ?"

Parce qu'un chagrin interne est très délicat à vivre, mais encore plus quand on vit perpétuellement avec son souvenir. J'espère que les deux ne lui en font pas trop baver.

"Mais... Merci de me l'avoir racontée."

Merci pour elle, mais aussi et surtout pour moi, parce que je me sens privilégié de le savoir.

"Du coup, comment peux-tu être certaine de ne pas attirer le regard ou l'affection en travaillant dans les Fosses ? Me semble qu'il y a bien mieux comme lieu de rencontre."

En réalité, je pense qu'elle a connu un amour si fort pour cet homme, que ça a dû simplement occulter le reste. Par la suite, elle a fait d'un cas une généralité. C'est une chose que je comprends totalement. Combien de fois ai-je fait la même ? Avec de la bouderie en plus. Hé oui, même moi, je peux être immature parfois ! Ne prenez pas cet air choqué !

- Pourquoi cette question ?
- Pour savoir si cela satisfait ta curiosité, déclare la Gardienne des Fosses, très factuellement.
- J'aime apprendre à te connaître, voilà tout.
- Je suppose que cela veut dire oui.
- Je ne me satisfais pas de ton malheur, si c'est ta question, bien au contraire.
- Une chance que ce ne soit pas le sens de ma question... remarque-t-elle avec une ombre de sourire.
- Je compatis sincèrement.
- Nul besoin d'avoir pitié de moi. Je vais très bien. Je t'assure.
- C'était très courageux de ta part de lui dire ce que tu ressentais pour lui. Je suis passé par là, le cœur se met à battre très vite, ce qui est à la fois grisant et très dangereux si c'est une blessure qui nous attend.
- Je ne recule jamais devant l'adversité, sache-le. Je vais toujours au bout des choses même si cela se réalise en dépit de mon propre bien être. Ainsi suis-je... souffle-t-elle doucement.
- Alors, est-elle mieux une fois dehors, cette histoire ?
- Dans la mesure où je l'ai déjà promenée à l'extérieur, oui, s'amuse-t-elle en observant son interlocuteur.
- En tout cas, cela a dû être une déchirure. Tomber amoureuse et ne pas voir cet amour rendu est toujours très délicat.
- Oui. J'imagine que tu sais de quoi tu parles. Oeillade malicieuse. Mais cet épilogue était logique et inévitable.
- En tout cas, tu as toujours ce fils adoptif qui a l'air de recevoir beaucoup d'amour de ta part.
- Effectivement, répond-elle alors que tout son être exsude la tendresse maternelle. Ses pensées vont vers ce grand garçon, ce bon fils, son cadeau.
- ...Et la femme, ce n'est plus ton ennemie, du coup. Ça... va à ce sujet ?
- Non, c'est même devenue une amie. Une précieuse amie. L'existence offre parfois certains retournement incongrus.
- Mais... Merci de me l'avoir racontée.
- Je t'en prie, Baphomet. Cela avait l'air de te faire grandement plaisir de jouer les confesseurs. Si j'ai pu t'apporter un peu d'autosatisfaction, tu m'en vois ravie, se moque-t-elle très subtilement.
- Du coup, comment peux-tu être certaine de ne pas attirer le regard ou l'affection en travaillant dans les Fosses ? Me semble qu'il y a bien mieux comme lieu de rencontre.
- Hé bien... Après confesseur, tu souhaites endosser l'habit d'entremetteur, mon cher ? Elle rit. Vaste travail auquel tu t'attèles là !

Chhaya se penche par dessus la table, avec une mine conspiratrice un tantinet surjouée.

- Je sais de source sûre que les hommes craignent les femmes de caractère, trop intelligentes et cultivées, qui privilégie leur poste à responsabilités et qui, par dessus le marché, on déjà un enfant à charge. Il parait que ce genre de profil est "peu sexy" sur les sites de rencontre...

Oui.
Elehiel lui a expliqué ce qu'était Tinder.

D'accord, pas de message sous-entendu. Je me détends un peu. Je n'aime pas les pièges, en particulier quand il s'agit d'un sujet aussi sensible.

“Je n'ai pas pitié de toi. Je compatis. Simplement.”

Une vraie compassion, avec échange de sentiment et tout et tout.

Elle ne recule jamais ? Le contraire m'aurait étonné. La plupart de tout le monde a l'air lâche à côté. Cependant, son regard change à mesure de notre conversation. Elle n'est plus simplement observatrice, elle essaie de me faire passer un message... et j'ai absolument pas le traducteur ! Halp !

Je réponds même on ne peut plus sérieusement à la dernière pique qu'elle me donne. Si elle s'amuse de voir en moi le type qui se prend râteau sur râteau, grand bien lui fasse, mais j'aimerais qu'elle évite de m'en faire la remarque comme j'ai arrêté de la charrier sur son dégainage de couteau.

"La dernière fois que ça m'est arrivé, j'espère toujours que c'est la dernière fois. Ce n'est pas très sympa de me le rappeler."

D'accord, je ne suis pas guéri. En fait, je sais que je ne guérirai jamais vraiment que quand je pourrai enfin faire pleinement confiance à quelqu'un, corps et âme.

Une amie ? Oui, effectivement, quel retournement étrange. Je suis ravi pour elle, je suis certain de ne pas avoir le même pragmatisme. Après, est-ce que cette amie est au courant qu'elle a voulu lui piquer son mec ? J'en sais rien, je suppose que dans leur monde d'amitié, c'est le cas. Vraiment, tant mieux pour elles. Si j'apprends que l'amour que je convoite est à quelqu'un d'autre, je sais pas ce que je ferai à ce quelqu'un d'autre. Ne voulant pas me faire charrier là-dessus, je garde cela pour moi.

"Tu vas me faire croire que tu as fait cela pour moi ? Pour satisfaire ma curiosité, et que tu n'en as tiré aucun bénéfice ni aucune sérénité ?"

Franchement ? Ça me ferait mal. Bon, OK, le terme de "confesseur" me fait avoir un sourire mélancolique.

"Ah non, j'entremets personne avec personne, moi ! Juste des accouplements torrides dans ma tête, rien de plus !"

Qu'est...ce...qu'elle...me...fait... ? Je me redresse tandis qu'elle se penche. Une fois ses conneries débitées, je ne peux qu'avoir un sourir amusé avant de coller ma main sur mon front, paume tournée vers le ciel.

"Touché ! Mais je ne suis pas d'accord... Une femme doit au moins avoir la culture de la séduction, de la cuisine et du ménage. Je trouve que notre monde se transforme un peu trop vite et que les bonnes vieilles valeurs guerrières bien virilistes se perdent. De plus, si elles ont déjà un enfant à charge, c'est qu'elles ne sont pas pures, or une femme se doit d'être pure, et un homme, expérimenté. Je te demanderais bien ton avis, mais... t'es une femme toi-même."

Tu veux jouer ? On va jouer !

- Tu vas me faire croire que tu as fait cela pour moi ? Pour satisfaire ma curiosité, et que tu n'en as tiré aucun bénéfice ni aucune sérénité ?

Chhaya le fixe de ses prunelles sombres, immenses lacs noirs dont il est difficile de percer le secret des eaux troubles.
Elle a déjà confié cette vérité, par deux fois, mais dans chacun des cas de figure, la personne a pris soins de ne jamais brusquer la confession : Björn a attendu qu'elle se sente suffisamment à l'aise pour venir à lui; Elehiel ne s'est pas appesantie sur ce qu'elle su deviner et lui a offert un autre point-de-vue sur la question qui lui a ouvert une perspective inédite.
Baphomet lui a forcé la main, comme il a spontanément forcé ses visions la première fois, avant qu'elle ne lui explique que le consentement était primordial. Et pourtant il abhorre le viol, il le vomit -littéralement. Drôle de contradiction. Il voulait qu'elle lui révèle un secret intime pour avoir l'impression de lui être utile, de lui apporter quelque chose, en accélérant artificiellement leur proximité, d'une certaine façon. Pour se rassurer lui-même de la place qu'il occupe présentement, peut-être.
Il y a une forme d'immaturité émotionnelle chez cet être, pourtant pluri centenaire, qui a quelque chose de triste et touchant à la fois.

- Cela te peinerait si je te l'affirmais ? demande-t-elle avec douceur. Baphomet, il n'y a nul besoin que cet échange personnel ait d'autre but que d'apprendre à se connaitre et se faire confiance.

Chhaya opte pour une approche plus joueuse, comme pour se mettre au diapason de son interlocuteur. Elle fait preuve d'un humour piquant quand elle le désire.

- Ah non, j'entremets personne avec personne, moi ! Juste des accouplements torrides dans ma tête, rien de plus !
- Tu "mets" seulement, de fait.

La Gardienne des Fosses se pince les lèvres afin d'éviter de trop sourire, avant de poursuivre.

- Je sais de source sûre que les hommes craignent les femmes de caractère, trop intelligentes et cultivées, qui privilégie leur poste à responsabilités et qui, par dessus le marché, on déjà un enfant à charge. Il parait que ce genre de profil est "peu sexy" sur les sites de rencontre...
- Touché ! Mais je ne suis pas d'accord... Une femme doit au moins avoir la culture de la séduction, de la cuisine et du ménage.
- Hum... Et, y a-t-il une de ces fonctions ayant priorité sur les autres dans cette sainte trinité ? ponctue-t-elle avec l'air assidu de l'élève qui boit les paroles d'un mentor.
- Je trouve que notre monde se transforme un peu trop vite et que les bonnes vieilles valeurs guerrières bien virilistes se perdent. De plus, si elles ont déjà un enfant à charge, c'est qu'elles ne sont pas pures, or une femme se doit d'être pure, et un homme, expérimenté.
- Ô grand professeur des relations hommes-femmes, j'aurais une question : si les femmes doivent rester pures, comment et avec qui les hommes s'expérimentent-il ?
- Je te demanderais bien ton avis, mais... t'es une femme toi-même.
- Oh pardon, c'est vrai. Je suis incapable de penser. Vous avez raison. Eclairez-moi de vos lumières, en ce cas ! Que dois-je faire pour devenir une femme entremise ? .. Ou juste "mise" ?

Son regard pétille d'amusement tout en guettant sa prochaine réponse absurde. Parfois, c'est juste de cette manière qu'on apprend à se rapprocher.

Pourquoi réponds-elle toujours à une question… par une question ? On dirait presque qu'elle regrette de s'être révélée, mais dans ce cas, pourquoi m'a-t-elle donné le moyen d'arriver à cette information en me demandant de parler de moi ? Ce n'est pas que ça me peine, c'est juste qu'elle nous impose une distance l'un avec l'autre à laquelle je n'ai pas l'habitude, pour la franchir facilement quand elle se moque “gentiment” et se cacher derrière à nouveau quand il s'agit d'elle. Je me sens si fatigué de toute cette complexité.

“Chaque échange a pour but le bien-être des deux protagonistes, dans mon monde étrange.”

Par la suite, je me mets à jouer le rôle de la personne que je déteste le plus : celle de la personne tellement irrespectueuse qu'elle en devient condescendante sans même écouter ce que les autres ont à dire. Cela semble l'amuser, et… je suppose que c'est pour le mieux.

“Oui, le fait d'être soumise et disponible est très important, si important qu'un homme accepterait presque de lui pardonner pour sa mauvaise cuisine.”

Ohmy…

“Et il y a des femmes spécialisées là dedans, bien sûr !”

Coucou les copines !

“Hé bien pour attirer le regard de ces messieurs, tu l'as deviné toute seule : être… que je me souviens de tes propres mots que tu as énoncé ‘de source sûre’ : avoir moins de caractère, être moins intelligente, refuser d'être plus prestigieuse que l'homme que tu convoite, être disponible pour lui, et faire passer ton enfant au second plan.”

Je me condamnerai plusieurs fois à l'enfer pour de tels propos. Pour moi, le fait d'être sexy ou non n'a pas grand-chose à voir avec le physique, ou même le vécu. C'est une attitude, rien de plus.

“Et si tu veux être juste ‘mise’, je suis certain que beaucoup d'hommes se feraient une joie de te rendre ce service !”

À moins qu'elle ne veuille être juste mise dans ma tête, mais ça, c'est déjà fait depuis longtemps !

“Mais bon, déjà que les femmes aient le droit de travailler sans l'aval de leurs hommes est une aberration. Disons que t'as de la chance d'être sexy.”

- Chaque échange a pour but le bien-être des deux protagonistes, dans mon monde étrange.
- Ce que tu dis n'a aucun sens, objecte-t-elle. Les échanges entre deux personnes n'ont pas forcément vocation utilitaire.

Et de fait, Chhaya le lui prouve par une conversation absconse, sans queue ni tête, une parodie de leurs genres respectifs. Elle finit cependant par ne plus tenir et éclater de rire.

- Je vois que les choses n'ont pas beaucoup évolué en quatre millénaires ! Le patriarcat, quelle conception étrange, tout de même... Pourquoi les hommes ont-ils si peur des femmes ? demande-t-elle avec sincérité.

La Grande Inquisitrice marque un temps de réflexion, celui de finir sa tasse. Lorsqu'elle la pose sur le bois de la table rustique c'est pour poser son regard pénétrant sur son interlocuteur.

- Je trouve paradoxal que tu ais entretenu un établissement de plaisirs visant à mettre les gens en confiance, à se révéler par le truchement d'artifices subtiles alors que tu es, semble-t-il, d'une personnalité entière, frontale et impatiente...

Elle n'évoque pas ces qualificatifs avec jugement, mais avec une certaine tendresse tranquille, comme de simples observations.

- Tu me fais penser à mon garçon, qui posait milles questions intempestives sans prendre le temps de réellement observer les choses pour les comprendre. Il était pressé par je ne sais quel impératif, celui de m'être indispensable au plus vite, je pense...

La démone tend la main vers son homologue.

Ou bien à l'Infini Mémoire, qui sait ?
Quelle bizarrerie qu'elle sache si bien s'entendre avec cette engeance...

- Je ne vais pas m'envoler, Baphomet. Tu as sauvé ma vie, j'ai sauvé la tienne. C'est une fondation puissante pour le lien solide que nous allons tisser. A présent, il faut le temps du tissage. Tranquillise-toi, je ne reviens jamais sur la parole donnée : je ne t'abandonnerais pas. Tu auras un rôle à jouer dans nos plans de révolution du Pandémonium et tu t'inscris désormais dans le cercle très fermé des hommes qui m'importent.

Elle lui sourit avec chaleur.

- Je sais déjà que je peux compter sur toi.

Pour ma part, je ne suis pas d'accord. Tous les échanges ont un but. Qu'il soit évident, ou non, remplits ou manqués, ils ont tous au moins un petit quelque chose... Maaais je sais que je suis très étrange à ce propos. Je vais donc me contenter de n'avoir aucun sens à ses yeux. Ce ne sera pas la première fois, et certainement pas la dernière.

"Parce qu'ils sont nuls et faibles ?" J'éclate de rire "Nah, j'en sais rien, vraiment."

Ce qu'elle me dit me laisse un tantinet perplexe.

"Peut-être parce que j'ai toujours joué un rôle que je ne pensais pas avoir à prendre avec toi. Tu n'es pas une cliente, tu ne m'as pas demandé de sonder ce qui te ferait prendre du plaisir ou au contraire de jouer à la perfection la pièce que tu me demandes... Mais si tu le souhaites, je peux."

Entière et impatiente, je signe. Frontale ? Un peu moins. Ou alors, elle dit ça parce que je dis les choses sans détours ? Oui, dans ce cas, je signe aussi. J'en ai ma claque des non-dits, des coups dans le dos, des manigances. J'en ai trop mangé au petit déjeuner, merci.

Ah... Cool... Je lui fais penser à son enfant. Je souris, parce que je perçois en lui ce qu'elle ne comprend pas elle-même. Encore que je ne connaisse pas ce garçon. Pour ma part, je ne cherche pas à lui être indispensable "au plus vite", en fait, je n'ai pas réellement cette prétention. En fait, je suis juste curieux, voilà tout.

Je prends la main qu'elle me tend, ne sachant pas précisément que faire à partir de cet instant. Ce qu'elle me dit me tranquillise vraisemblablement. Je sais que je me suis laissé avoir par des mots, très souvent, par le passé... Mais j'ai toujours envie d'y croire. Et j'ai très envie de rétorquer quelque chose sur "le cercle très fermé", mais je me dis qu'on va arrêter là et finir sur du positif.

Finalement, je pose ma main par-dessus la sienne qui se retrouve entre mes deux paumes, une main si petite, pour tellement d'expertise...

"Cela me fait plaisir que tu saches cela de moi. Et je sais que je peux compter sur toi aussi..."

Me voilà dans la cour des grands maintenant. Il va falloir que j'apprenne à me comporter comme tel.